C'est par l'amour que l'être résoud l'antinomie crucifiante entre son moi individuel et son essence universelle,- entre sa personnalité transitoire et son devenir éternel, entre sa forme et son essence ; c'est pourquoi la rose est devenue la fleur mystique et le signe de l'initiation. Elle n'est autre que cette quintessence dé la vie, l'Eros platonicien qui, après avoir .rapproché les corps dans l'incarnation, guide l'évolution ultérieure vers d'autres formes et vers l'absorption finale dans la conscience cosmique. Car la vie est tout entière évolution ; elle est un perpétuel devenir.
Au Livre des Figures de Nicolas Flamel, la rose figure l'accomplissement du grand-oeuvre, le mouvement dialectique complet par lequel toutes les antinomies se résolvent finalement en l'unité. Dans le Roman de la Rose, elle désigne toutes les transformations de la nature, expressions de la vie et leur, marche vers l'unité. La rose cache donc le suprême secret de l'Alchimie moniste et évolutionniste opposée au dualisme statique d'Aristote et à toutes les philosophies impérialistes. Jean de Meung n'était-il pas un disciple d'Hermès ?
Et dans le symbole de la Rose-Croix, la fleur de l'amour se place au centre de la machine statique qu'est le double axe des éléments pour résoudre, grâce aux mouvements évolutifs de la vie, les antagonismes fermés de la croix, image de domination, d'asservissement et d'esclavage sans issue.
La rose quinaire, c'est l'étoile à cinq branches des Maîtres, mais animée, parfumée et colorée, réalisant en elle-même l'accouplement et la fécondité, enfermant, pour tout dire, le grand arcane de la vie.
Docteur René ALLENDY.