Vol. XVII. Juillet-Septembre 1915 N« 3.
UN ÉRUDIT ESPAGNOL AU XVIIIe SIÈCLE
D. GREGOR10 MAYANS Y SISCAR
C'est surtout à son très copieux commerce épistolaire que le Valencien D. Gregorio Mayans y Siscar doit la notoriété dont il jouit encore auprès des hispanisants : d'aucun érudit espagnol des xvi% xvn 0 et XVIIP siècles nous ne possédons un pareil nombre de lettres. Mayans, qui gardait volontiers les minutes de celles qu'il jugeait réussies pour la forme ou pour le fond 1, a expressément voulu qu'une partie au moins de sa correspondance portant sur des sujets d'érudition fût divulguée de son vivant. Un choix formé par lui-même, Epislolarum librl sex, parut à Valence en 1782 3. Ce recueil était destiné à faire connaître aux nations étrangères l'existence de l'érudit valencien et de plusieurs autres Espagnols, qui sortirent ainsi pour la première fois d'une complète obscurité, en même temps qu'il servait la gloriole du collecteur et le grandissait aux yeux de ses compatriotes, en étalant ses relations avec diverses notabilités du dehors. Mais le monument le plus pompeux, sinon le plus décent, que Mayans érigea à sa débordante personnalité, consiste dans les cinq volumes publiés à Valence, en 1770, sous le titre de Car tas morales, militares, civiles y lilerarias de varios autores espaûoles. A l'origine, celte collection ne contenait guère que des lettres d'Espagnols guerriers ou lettrés des xvie et xvn° siècles; en s'élargissant, et à partir de la troisième édition de 1767, elle devint une
1. «Este [Mayans] conservâba casi siempre miaulas de sus carias literarias 6 eriulilas» (.1. 1C. Serrano y Morales, Heseha hislurica... de las imprenlas que hanexislido en Valencia, Valence, 1S98-90, p. vu, noie).
■2. Réimprimé avec des additions à Lyon en 1735 et à Leipzig eu 1737 (P. Salvâ, Calalôno, n° 3322).
AFB., IV SÉiiiE. — Bull, hispan., XV11, iç)i5, 3. n