280 I.IVIIB II. — CAUSES ET CONDITIONS.
nos jouissances et de la régularité dans nos plaisirs. En même temps que nous aimonsfà changer, nous nous attachons à ce que nous aimons et nous ne pouvons pas nous en séparer sans peine. Il est d'ailleurs nécessaire qu'il en soit ainsi pour que la vie puisse se maintenir; car, si elle n'est pas possible sans changement, si même elle est d'autant plus flexible qu'elle est plus complexe, cependant elle est avant tout un système de fonctions stables et régulières. Il y a, il est vrai, des individus chez qui lo besoin du nouveau atteint une intensité exceptionnelle, llien de ce qui existe ne les satisfait; ils ont soif de choses impossibles; ils voudraient mettre une autre réalité à la place do celle qui leur est imposée. Mais ces mécontents incorrigibles sont des malades, et le caractère pathologique de leur cas ne fait quo confirmer co quo nous venons de dire.
Enfin, il ne faut p^s perdre de vue que ce besoin est de sa nature 1res indéterminé. Il ne nous attache à rien de précis, puisque c'est un besoin de quelque chose qui n'est pas. Il n'est donc qu'à demi constitué; car un besoin complet comprend deux termes : une tension de la volonté et un objet certain. Comme l'objet n'est pas donné au dehors, il ne peut avoir d'autre réalité que celle que lui prèle l'imagination. Ce processus est à demi représentatif. Il consiste plutôt dans des combinaisons d'images, dans une sorte de poésie intime que dans un mouvement effectif de la volonté. Il ne nous fait pas sortir de nous-même; ce n'est guère qu'une agitation interne qui cherche une voie vers le dehors, mais ne l'a pas encore trouvée. Nous rêvons de sensations nouvelles, mais c'est une aspiration indécise qui se disperse sans prendre corps. Par conséquent, là môme où elle est le plus énergique, elle no peut avoir la force de besoins fermes et définis qui, dirigeant toujours la volonté dans lo même sens et par des voies loules frayées, la stimulent d'autant pi"*? impérieusement qu'ils ne laissent de place ni aux tâtonnements ni aux délibérations.
j En un motj on ne peut admettre que le progrès no soit qu'un \