CHAPITRE I. — DIVISION DU TRAVAIL ET ROXJIKUR. 2b7
Cotte explication est classique en économie politique. Elle parait d'ailleurs si simple et si évidente qu'elle est admise inconsciemment par une foule de penseurs dont elle altère les conceptions. C'est pourquoi il est nécessaire do l'examiner tout d'abord.
I
Hien n'est moins démontré quo le prétendu axiome sur lequel elle repose.
On ne peut assigner aucuno borno rationnelle à la puissance productive du travail. Sans doute, ello dépend do l'état de la technique, des capitaux, etc. Mais ces obstacles no sont jamais (pie provisoires, commo lo prouve l'expérience, et chaque gênération recule la limite à laquelle s'était arrêtée la génération précédente. Quand mémo ello devrait parvenir un jour à un maximum qu'elle ne pourrait plus dépasser — ce qui est une conjecture toute gratuite, — du moins il est certain que, dès à présent, elle a derrière elle un champ de développement immense. Si donc, commo on le suppose, le bonheur s'accroissait régulièrement avec elle, il faudrait aussi qu'il put s'accroître indéfiniment ou quo, tout au moins, les accroissements dont il est susceptible fussent proportionnés aux précédents. S'il augmentait à mesure que les excitants agréables deviennent plus nombreux et plus intenses, il serait tout naturel quo riiommo cherchât à produire toujours davantage pour jouir encore davantage. Mais, en réalité, notro puissanco de bonheur est très restreinte.
En effet, c'est une vérité généralement reconnuo aujourd'hui que le plaisir n'accompagne ni les états do conscience qui sont irop intenses, ni ceux qui sont trop faibles. Il y a douleur quand l'activité fonctionnelle est Insuffisante; mais uno activité excessive produit les mômes effets (*). Certains physiologistes croient
0) Spencer, Psychologie, 1,283. — Wimdt, Psychotogie physiologique, I, cli.X,§l.
17