LE PAPILLON BLEU
Je feuilletais dernièrement un manuscrit latin datant du onzième ou douzième siècle, dans lequel un écrivain anonyme a réuni pêle-mêle toutes sortes de fragments historiques, ou prétendus historiques, qu'il a empruntés, dit-il, à de très anciens auteurs, dont il indique les noms, mais qu'on ne trouve guère cités autre part, et dont les écrits se seraient perdus.
Ce qui suit est attribué par le compilateur à un certain Fayorinus Sarpedo, qui aurait vécu à la (in du deuxième siècle de notre ère.
Je traduis :
Un jour, dit Favorinus, mon ami Marcus Pollio, qui, par sa mère, prétendait appartenir à l'illustre lignée des Fabius, me montra la copie d'une lettre écrite jadis par le grand Fabius, dit Cunctator (le Temporiseur), qui fut l'habile adversaire d'Annibal.
Cette lettre est adressée par le célèbre dictateur romain à l'une de ses arrière-petites-filles, Fabia Sulpitia.
Je l'ai transcrite, et la voici :
Je suis vieux, bien vieux 1. Avant de m'en aller rejoindre aux sombres rivages les anciens Fabius, mes aïeux, je veux, chère petite Sul1.
Sul1. Maxime, l'anecdotier latin, nous apprend, en effet, que Fabius Cunctator devint presque centenaire..