Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 64 sur 64

Nombre de pages: 64

Notice complète:

Titre : Bulletin de la Société académique du Centre : archéologie, littérature, science, histoire et beaux-arts

Auteur : Académie du Centre. Auteur du texte

Éditeur : Champion (Paris)

Éditeur : P. Langlois (Châteauroux)

Date d'édition : 1902-04-01

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34422153c

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34422153c/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 3911

Description : 01 avril 1902

Description : 1902/04/01 (A8,T8,N2)-1902/06/30.

Description : Collection numérique : Fonds régional : Centre-Val de Loire

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5675961q

Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-266725

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/01/2011

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 100%.


8me Année N° 2. Avril-Juin 1905

BULLETIN

DE LA

SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

ARCHIPRÊTRÉ DU BLANC

(Suite et fin)

RUFFEC-LE-FRANC

SUR la rive gauche de la Creuse, en

face de la paroisse de Ruffec-le-Château, sur la rive droite; et entre le Blanc à l'ouest, Ciron et Oulches à l'est.— Ruffecle-Château

Ruffecle-Château à l'archiprêtré d'Argenton. — Isembertus prior de Roffec, 1 169. — Ruffec, XIVe siècle. — Rouffec-le-Chastel. 1454. — Ruffec, 1461. —de Ruffiaco Castro, Ruffec-le-Château, 1648.

1° Le prieuré de Saint Alpinien de Ruffec reconnaît pour son fondateur le comte Raymond de Limoges. il y fit transporter, en 845, le corps de saint Alpinien, disciple et compagnon de saint Martial, qui jusqu'alors avait été conservé dans la capitale du Limousin. A cette époque, Dodon était en même temps abbé de Saint-Savin et de Saint-Genou, et il prêta son concours à la fondation en envoyant des religieux occuper le nouveau couvent

6


70 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

auquel il accorda aussi une portion des reliques de saint Savin.

Saint Alpinien avait été, avec saint Austriclinien, disciple et compagnon de saint Martial lorsque, vers l'an 43, celui-ci fut envoyé par saint Pierre avec mission d'évangiliser le centre de la Gaule. Les reliques de Saint Alpinien furent conservées dans ce prieuré, renfermées dans un grand et précieux reliquaire d'argent, jusqu'à la fin du XIIIe siècle, époque où elles furent de nouveau transportées à Castel-Sarrasin. Plusieurs évêques de Montauban et deux archevêques de Toulouse en firent la récognition. Enfin le pape Clément VIII reconnut aussi leur authenticité par une bulle adressée à l'église de SaintSauveur où elles reposaient. La ville d'Aixe, à deux lieues de Limoges, reconnaît aussi saint Alpinien pour son patron et les habitants l'invoquent ordinairement dans toutes leurs nécessités, avec une confiance extraordinaire.

Dans l'origine, ce prieuré relevait de l'abbaye de SaintMartial de Limoges, puis il passa en la possession de celle de Vézelay en Bourgogne.

L'église prieurale qui se distingue par son grand air de fierté et de noblesse, remonte à la fin du XIIe siècle ou au commencement du XIIIe. Cet édifice a été cons truit aux frais d'un fils du seigneur de Romefort, dans la paroisse de Ciron, qui, de moine de Ruffec, en devint prieur, puis abbé de Saint-Martial de Limoges. Son chevet est rectangulaire, les chapelles semi-circulaires s'ouvrent sur les bras du transept. Ses proportions sont nobles et élégantes par la disposition de sa nef principale et par l'élévation de ses voûtes. Les bas-côtés sont très étroits comme à la Celle-Bruère et comme dans l'ancienne abbatiale de Déols. Ce qui semble singulier à quelques-uns, c'est que les colonnes qui soutiennent la


ARCHIPRETRÉ DU BLANC 71

voûte centrale sont alternées avec des piliers carrés assez légers et que les fenêtres des deux nefs latérales sont disposées de telle sorte que les fenêtres du côté gauche ne sont jamais en face de celles du côté droit.

Les bâtiments du prieuré attenant à l'église sont à peu près conservés.

L'église fut pillée en 1569, comme les églises voisines, par les reîtres de Volfgang, duc des Deux-Ponts.

Ce beau monument fut vendu nationalement en 1791 et l'acte de vente du district du Blanc porte qu'il sera réservé pour les besoins du culte. Comment ne s'est-il trouvé personne pour réclamer en temps utile?

Quoiqu'il en soit, il sert actuellement de magasin à fourrages, et les bâtiments du prieuré servent d'habitation particulière.

Dans cette paroisse, se trouvent un tumulus galloromain et des tronçons bien conservés de la voie romaine de Poitiers à Argenton, Bourges, etc.

SAULNAY

Aux sources de l'Ozance, à huit kilomètres au nordouest de Mézières et à trois kilomètres au sud d'Arpheuilles ; 546 hab. — C'est peut-être Solonacus qui se lit sur des monnaies mérovingiennes qui ont pu y être frappées. — Ce nom peut venir aussi de Saulnaium, Satinaium, Saunaium, saulnaie ou plantation de saules — de Saunaio, Saunay, 1648.

1° La paroisse et le prieuré, sous le vocable de « saint Martin » relevaient de Saint-Cyran, puis de l'archevêque au XVIIIe siècle.


72 BULLETIN DE LA SOCIETE ACADEMIQUE DU CENTRE

2° Chapelle et vicairie de Sainte-Anne, près de l'ancien château féodal de Notz-Maraffin, remplacé aujourd'hui par un joli château moderne. En 1782, Moreau, curé d'Arpheuilles était en même temps chapelain de Nau-Maraffin.

3° Chapelle de la Tremblaie, village au nord-ouest.

De cette paroisse on a une vue très étendue sur la vallée de l'Indre, les bords de la Creuse et toute la Brenne.

SAUZELLES

Sur la rive gauche de la Creuse au sud-est de Fontgombault et au nord-ouest de Saint-Aigny et du Blanc, 312 hab. — de Sauzellis, 1648.

1° La paroisse, sous le vocable de saint Sulpice le Pieux, relevait de l'abbaye de Vézelay en Bourgogne. — Pèlerinage de saint Antoine contre les épizooties. — Cloche de 1593.

L'église fut probablement construite pendant que le château de Rochefort appartenait à la famille de La Trémouille (milieu du XIIIe siècle). En 1634, date inscrite sur le porche, les d'Allogny durent y faire des réparations : ce qui les autorisa à faire placer leur écusson, de gueules à trois fleurs de lys d'argent, sur les clefs de voûte de l'édifice. Il renferme en outre plusieurs tombeaux des seigneurs de Rochefort.

2° Chapellle et prieuré au village de Thilloux: relevant de Fontgombauld.

SUr la face d'un rocher qui baigne la Creuse, et dans


ARCHIPRÈTRÉ DU BLANC 73

le voisinage du château, est sculpté un cénotaphe galloromain du IIe siècle. Trois personnages y sont représentés sous trois arcades, Plusieurs membres très distingués de la Société française d'archéologie prétendent que ce cénotaphe nous offre la plus envieuse et la plus intéressante sculpture de tout le centre de la France, par sa grandeur et sa disposition, c'est aussi un monument unique et infiniment précieux. De l'inscription qui est fruste et détruite en certaines parties, on peut établir que le monument a été « dédié à la mémoire de sa femme, Monime, fille de Cestus et à ses deux filles, toutes deux nommées Julies, la dernière avec un surnom qui la distinguait de sa soeur, par un personnage dont l'identité n'est pas encore découverte ».

Si l'histoire est muette touchant l'origine que nous recherchons, la légende, cette fleur poétique qui fleurit toujours à l'ombre des vieilles ruines, est plus explicite. Tous les paysans des environs vous feront ce récit: Dans les anciens temps, un voyageur, un artiste peut-être, suivait avec sa femme, sa fille et un petit chien, le chemin qui mène au Blanc. Le soleil était brûlant, la route difficile et raboteuse. Auprès du grand rocher qui domine la Creuse, les voyageurs s'arrêtèrent accablés de fatigue. La femme, plus éprouvée sans doute, tomba de faiblesse, en proie à d'horribles douleurs. Pour la soulager, la jeune fille, munie d'un vase de terre, se mit en devoir de puiser de l'eau à la rivière. La rive était escarpée, l'abord dangereux. Imprudente peut-être dans sa hâte, l'enfant perdit pied et disparut dans le goufre profond..! Le voyageur inconsolable ne put se décider à quitter ce lieu témoin de ses malheurs. Pour éterniser ce douloureux souvenir, îl sculpta sur la face du rocher, la figure de sa femme et de sa fille ; il représenta cette dernière avec le vase dans lequel elle s'apprêtait à puiser


74 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

de l'eau destinée à sa mère et disposa près d'elle le chien qu'elle aimait. Enfin, il plaça sa propre image entre celles que la mort venait de lui ravir, pressant dans ses bras le petit animal dèsormais seul compagnon de ses douleurs.

Le malheur emporte toujours après lui quelque chose de sacré et une sorte d'affinité mystérieuse nous entraîne vers ceux qu'il a frappés. Peu soucieux de chercher ce qu'il peut y avoir de faux ou de vrai dans ces traditions naïves, nos paysans ne considèrent jamais sans un sentiment de respect ému ce monument d'un autre âge et il n'est pas rare de les voir, écartant la ronce et le lierre, s'agenouiller pieusement sur la marche grossière au pied du monument. Hommage inconscient, sans doute, mais touchant de respect à la souffrance et à la peine dont leur enfance a entendu le récit (extrait des monuments gallo-romains de l'Indre, par l'abbé Voisin, curé de Douadic).

Vis-à-à-vis de la chapelle de Bénévent, mais sur la rive gauche de la Creuse, les ruines, naguère imposantes du château de Rochefort se dressent, tapissées de lierre sur le haut d'un autre rocher, à pic que baigne la rivière. Bâti au XIIIe siècle par un La Trémouille, Rochefort passa par une alliance aux d'Alloigny qui en prirent le nom et le possédèrent pendant près de quatre cents ans. Ces derniers seigneurs devinrent plus célèbres par les usages effrontés qu'ils firent des biens de l'abbaye de Fontgombauld et les portraits sanglants que trace d'eux le satirique Saint-Simon, que par les hauts faits des lieutenants généraux et du maréchal qu'ils fournissent à la France. Henry IV séjourna au château en 1589. Enfin, en 1796, Rochefort acquit un triste renom par les violences odieuses que commit une bande de brigands, appelés les chauffeurs, qui ravageaient le pays.


ARCHIPRÈTRÉ DU BLANC 75

LE SUBTRAY OU LE SUBTRAY-MÉZIÈRES

Sur la Claise, à une demi-lieue au nord-est et non loin de l'abbaye de Saint-Cyran et de Saint-Michel. — De Strata, de Substrata Stradensis. — Subtray, en 1339. — Subtrayum, 1648. — Le nom de cette localité vient de sa situation sur la voie romaine de Chabris, passant à Villentrois, Cloué, l'Estrée Saint-Genou, Martizay, la Roche-Pozay et Poitiers. — Du Subtray partait aussi un embranchement qui passait à Brives, Bauché, Vendoeuvres, Méobecq, Nuret-le-Ferron et s'amorçait avant Argenton, à la voie de Bourges à cette ville. L'ancienne paroisse du Subtray possédait sur son territoire la ville et le Chapitre de Mézières. Elle a été supprimée en 1801 et remplacée par la commune de Mézières dont elle forme actuellement un village.

MÉZIÈRES-EN-BRENNE

Sur la Claise, sur le territoire de la paroisse du Subtray, qui est à une demi-lieue au nord-est, et dont elle avait une église succursale, et à une lieue de l'abbaye de Saint-Cyran au sud-ouest; 1818 habitants. —Domina Lucia de Maceriis, 1096, dans l'acte de donation fait à Fontgombauld de la terre de Loos, Lous, Laodus. — Capellanus de Mazeriis. XIe siècle. —De Matheiis, 1229. — Parrochia Sancti Martini de Mazeriis, 1257. — Sanctus Martinus de Maceriis, 1260. — Ville de Mazeres, 1339. — Alias Macerioe in Brionia, Macheriae.

On décorait autrefois cette ville du titre de Capitale de la Brenne. A cette occasion, dit M. de Maussabré, il ne sera pas inutile de dépeindre en quelques lignes cette


76 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

contrée si deshéritée avant que les travaux, entrepris par le second Empire eussent changé toutes les conditions de son existence. La Brenne était, au sortir de la Révolution, un pays marécageux, rempli d'étangs, couvert de bois et de petits arbrisseaux appelés dans la contrée brumales, Bremasles, et ailleurs brandes (bruyères communes, bruyères à balais). Il y avait d'ailleurs très peu de terres labourables en comparaison de l'étendue. L'air y était fort épais et rempli de vapeurs malsaines provenant des étangs et des marais qui les entouraient, surtout pendant l'hiver et les saisons pluvieuses. Les chemins étaient tous presque impraticables, de sorte que dans les pays voisins, quand on voulait désigner un mauvais chemin on disait : cest un chemin de Brenne.

La raison de cet état de choses, c'est que la contrée a très peu de pente, que les cours d'eau étaient remplis de roseaux et de plantes aquatiques et que le sous-sol, composé de grês compacte, est absolument imperméable. Le poisson des petites rivières était assez estimé et bien meilleur que celui des étangs. Le peu de grains qu'on récoltait était de bonne qualité. Autrefois la Brenne possédait une certaine étendue de vignes et le nom de vigneaux donné à des pièces de terre en est la preuve. Mais cette culture fut abandonnée, dit-on, parce que le vin ne se conservait pas. — Les paturages et les bestiaux constituaient la principale richesse du pays.

Mézières était donc la principale localité de cette malheureuse contrée; c'est pourquoi on l'appelait la capitale de la Brenne. Quelques-uns font remonter au septième siècle l'origine de cette ville et pensent que la villa de Flaocate, maire du palais des rois Clotaire II et Dagobert, était établie en ce lieu, sur les bords de la Claise et non loin loin du monastère de Lonrey ou Lonroy dont il fut le fondateur temporel. Il est donc le plus ancien


ARCHIPRETRÉ DU BLANC 77

seigneur que nous puissions attribuer à Mézières ou plutôt à la Brenne. Il était d'origine franque et vivait au milieu du VIIe siècle. La chronique de Frédégaire nous apprend aussi qu'il fut maire du palais du fils de Dagobert, Clovis II, roi de Bourgogne dont la domination s'étendait alors sur le Berry. Flaocate étant ainsi possesseur de vastes domaines dans la Brenne, abandonna d'abord à saint Cyran, auquel il portait une vive affection, un lieu appelé Méobec. locum compendiosum qui Millepeccus dicitur, intra saltus Brionioe... Quelque temps aprés il lui donna un lieu encore plus rapproché de sa villa de Macerioe appelé Lonrey... alium commodum reperit locum.. in Flaucadi praedio, cujus Longoretus noscitur esse vocabulum... in jam dicto saltu Brionioe situs, habens à regione fluvium decurrentem Clasia vocitatum... quia amoenum valde locum retinere dignoscitur et est affabilis ad habitandum et habilis ad piscandum... Idem Flaucadus in loco eodem, videlicet super jam dicto fluvio propinquain habet domum (Vie de saint Cyran, d'après une légende de l'abbaye de ce nom).

Telle fut l'origine des abbayes de Méobecq et de Saint Cyran, fondées sur les terres de Flaocate et distantes l'une de l'autre d'environ cinq lieues. Il n'est peut-être pas téméraire de supposer que la villa de ce seigneur, située sur les bords de la Claise et au voisinage de Lonrey (propinquam habet domum) fut elle-même l'origine de Mézières, qui se trouve précisément, par rapport au monastère de Saint-Cyran dans les mêmes conditions topographiques.

En effet, il paraît indubitable, indépendamment du silence absolu des chartes à son sujet, que Mézières n'existait point avant cette époque, du moins comme agglomération de quelque importance, au temps de la propagation du Christianisme dans la contrée et de l'organisation


78 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ CADÉMIQUE DU CENTRE

des paroisses, puisque cette ville se trouvait comprise dans la circonscription de la paroisse du Subtray. La même remarque est applicable à la plupart des villes du voisinage et à celles qui se sont formées autour des nouvelles fondations religieuses comme les Chapitres et les abbayes. Ainsi Châteauroux, Buzançais (ville actuelle), Saint-Genou, Palluau, Châtillon, Montrésor, se sont formés en dehors et à une distance plus ou moins longue de l'ancien centre paroissial et doivent leur origine à la féodalité. Ces villes ont été construites du VIIe au Xe siècle, sur le territoire des paroisses auxquelles Saint-Denis, Saint-Etienne, Estrées, Onzay, Toiselay et Chemillé ont donné leurs noms.

Il faut franchir un intervalle de quatre siècles et demi pour trouver un successeur au maire du Palais Flaocate, dans la seigneurie de Brenne, et c'est Gerbert de Brenne, Girbertus de Brenia, qui se présente le premier en l'an 1012, où il est cité comme témoin dans l'acte de fondation du Chapitre de Levroux. Il dut avoir pour descendant et successeur Pierre de Brenne, Petrus de Saltu Brioniae, nommé à la fin du XIe siècle. On voit aussi dans l'acte de donation du prieuré de Laodus, Loos ou Lous, le nom de Robert de Buzançais et de Lucie de Mézières, Domina Lucia de Maceriis, son épouse, bienfaiteurs de l'abbaye de Fontgombauld, en 1095.

Selon l'opinion de M. de Maussabré, on est fondé à croire que cette famille se termina sans postérité masculine, puisque peu de temps après, la seigneurie de Brenne se trouvait en la possession de Robert Ier des Roches, dit de Brenne, membre de la famille des Roches, l'une des plus anciennes de la Touraine. Ses descendants et successeurs furent Robert IIe du nom, Robertus de Brenia, de 1108 à 1179; Geoffroy de Brenne, de Breenna et de Brehenna, nommé en 1188 et 1190; Robert de


ARCHIPRETRE DU BLANC 79

Brenne, IIIe du nom, en 1200; Geoffroy II de Brenne, marié dès 1212 avec Radégonde de Cors, qualifié pour la première fois en 1224, miles dominus de Maceriis. Ce dernier mourut sans doute sans postérité, puisque Guillaume de Brenne, son frère puîné, lui avait succédé dans ses possessions dès l'année 1248. Après lui, vint Jeanne de Brenne, sa fille, qui est dite nièce de Geoffroy, dame de Maziéres, de Rochecorbon et d'Onzain ; 1250-1260. Elle était mariée à Hervé, IIIe du nom, seigneur de Vierzon, Lury, etc. qui mourut en 1270, au siège de Tunis. Ce seigneur avait concouru à la construction, dans la ville de Bourges, de l'église et du couvent des frères mineurs ou cordeliers, qui furent terminés après son décès, grâce aux libéralités de sa veuve, ainsi que l'atteste le testament de cette dernière, confirmé par cette inscription, gravée sur le pignon des cuisines du couvent :

Johanne, dame de Vierzon, De Maziéres et de Rochecorbon, Cy fist l'une et l'autre maison, Dieix li face a lame pardon.

L'on peut voir encore dans une vigne, la statue en pierre de Jeanne de Brenne, arrachée de son tombeau lors de la dévastation de l'église de Mézières, en 1793 ; elle est désignée dans le pays, sous le nom de SaintDormant.

Cependant, il semble indubitable, d'après le testament de cette princesse, fait en 1296, qu'elle fut inhumée dans l'église des Cordeliers de Bourges, auprès de son mari Hervé III, seigneur de Vierzon, Lury, Mennetou-sur-Cher, etc. Rien n'empêche d'admettre ou que son voeu n'a pu être réalisé à cause de quelque empêchement, ou que, selon une coutume dont les témoi-


80 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

gnages sont fréquents, la dépouille mortelle de la défunte aurait été divisée. Son corps a pu être déposé dans cette église, tandis que son coeur ou ses entrailles auront été inhumés dans le mausolée érigé à sa mémoire dans le chef-lieu de sa principale terre patrimoniale.

Après elle succédèrent Jean de Brabant, son petit fils, en 1302; puis Alix de Brabant, dame de Mézières et d'Arscott, etc., qui épousa en 1302, Jean III sire d'Harcourt, vicomte de Châtellerault, etc. Enfin, en 1442, la famille d'Harcourt vendit le comté de Mézières à la maison d'Anjou qui le fit ériger en marquisat en 15 56.

Les ducs d'Anjou affectionnaient singulièrement cette résidence qui faisait anciennement partie de la HauteTouraine. La seigneurie de Brenne était donc située sur les confins du Berry, de la Touraine et du Poitou, faisant partie à la fois du diocèse et de la généralité de Bourges et de la province de Touraine. Elle est connue sous le nom de Seigneurie de Mézières depuis le commencement du XIIIe siêcle, époque où les chartes font plus souvent mention de la petite ville. Elle s'étendait sur les paroisses de Subtray, Sainte-Gemme, Saulnay. Paulnay, Arpheuilles, Villiers, Saint-Michel, Vendoeuvres, Martizay en partie et autres voisines, relevait du roi à cause de son château de Tours et comptait soixante et onze fiefs sous sa mouvance.

1° La paroisse de Subtray était sous le vocable de « Saint Pierre aux liens » et relevait de l'abbaye de SaintCyran, puis de l'archevêque dès les premières années du XVIIIe siècle. Elle était à peu près à trois quarts de lieue au nord-est de Mézières. — C'est dans cette église ou dans la suivante que devait se trouver le tombeau et la statue de Jeanne de Mézières, cités plus haut.


ARCHIPRÊTRÉ DU BLANC 81

2° Église de Saint-Martin. — Elle était sur la rive droite de la Claise en face de l'ancienne église paroissiale située sur la rive gauche. L'existence de cette église semble remonter au XIe siècle si l'on se rapporte à la citation d'un chapelain de Mézières à cette époque, Capellanus de Mazeriis, rapprochée des autres Parrochia sancti Martini de Mazeriis, en 1257, et Sanctus Martinus de Marceriis, en 1260. Il y aurait donc eu un chapelain de Mézières bien distinct du chapelain du Subtray, ou encore le chapelain du Subtray aurait été quelquefois désigné avec le titre de Mézières. Quoiqu'il en soit, la chronique de Mézières attribue à Jeanne de Mézières, en 1290, la construction de l'église de Saint-Martin. Mais à cause des dates de 1257 et de 1260 qui constatent l'existence de cette église, il faudrait en conclure qu'il s'agirait d'une reconstruction ou qu'il faut avancer la date au moins à l'année 1257. Cette même église de Saint-Martin fut encore reconstruite en 1334, par Alix de Brabant, sa petite fille, en même temps qu'elle s'occupait de la fondation de la collégiale de Mézières. Enfin la vieille église paroissiale étant tombée plus tard en ruine elle fu t remplacée pour le service des paroissiens, par l'église de Saint-Martin qui, à cette occasion, perdit son vocable et prit celui de Saint Pierre aux liens. — Confrérie de Notre-Dame du Subtray.

2° Dans la ville de Mézières une église annexe ou succursale du Subtray, sous le vocable de la Visitation ou de Sainte Elisabeth, mère de saint jean-Baptiste. — Dans cette succursale s'accomplissaient toutes les fonctions curiales pour la partie de la population groupée dans la ville et trop éloignée du bourg du Subtray.

Il y a encore à Mézières, la rue de l' Ancienne Succursale.


82 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

3° Chapitre et Église collégiale, dédiée à la três Sainte Trinité et au Saint-Sacrement de l'autel sous l'invocation de la Sainte Vierge, de saint Michel, des saints apôtres Pierre et Paul, de toute la cour céleste et enfin de sainte Marie-Madeleine. Tel est le titre de la fondation qui fut commencée en 1334, par Alix de Brabant, AElips de Brebant, dame d'Arscott et de Mazeres. Elle s'adressa à cet effet, au pape Benoît XII, alors résidant à Avignon. C'est le pontife lui-même qui indiqua à la pieuse dame, les différents vocables qu'il fallait imposer à l'établissement nouveau et qui attribua à elle et à ses successeurs dans la seigneurie de Mézières, le privilège de nommer les chanoines et les chapelains et, pour la première fois seulement, le trésorier qui était le premier dignitaire du Chapitre. Ensuite la nomination appartiendrait aux chanoines.

Le Chapître, dès l'origine, se composa donc du trésorier, de six chanoines prébendés et de quatre vicaires, et la fondatrice attribua pour leur entretien, la métairie de la Gabille, les vignes Galien, le droit de pêche dans l'Indre, les dîmes de vin de Mazerolles, dans la paroisse du Tranger, et le bois de Moulin-Neuf.

En 1339, l'église étant terminée, Mgr Foucault de Rochechouart, archevêque de Bourges, en fit la consécration le vingt-deux juillet, jour de sainte Madeleine. Le prélat profita de sa présence pour régler les rapports et les droits du Chapître et du curé du Subtray (1).

En 1425, Jean VI d'Harcourt abandonna au trésorier et à ses collègues le droit de nommer aux vicairies et aux chapellenies de la collégiale. Lorsque Louis d'Anjou,

(1) Le chroniqueur Barbin, chanoine de Mézières, contredit cette date. Il affirme que la dédicace de la collégiale eut lieu le 17 mars 1339, dissnt qu'on en faisait la fête sous le titre de translation de sainte Madeleine. Manuscrit du Grand Séminaire, V Mézières,


ARCHIPRÊTRÉ DU BLANC 83

Bâtard du Maine, fit construire la chapelle qui est du côté de l'Evangile (1488), il fonda en même temps une messe à perpétuité qui devait être chantée par les quatre enfants de choeur et le maître de psalette qu'il institua et pourvut d'une rente par les dispositions de son testament. Mais ses désirs ne furent réalisés que bien plus tard, vers 1574, par Renée, fille de Nicolas d'Anjou.

A cette dernière époque, le Chapitre se composait du trésorier et de six chanoines, de quatre vicaires ou chapelains, de novices et de quatre enfants de choeur. Le trésorier était nommé par l'Assemblée des chanoines qui, eux-mêmes, étaient nommés par l'archevêque sur la présentation du seigneur local. Il y avait les vicairies de Longuraye, de l'Ormeau-Gatent, de Touchain et de la Touche-Vignière, noms de métairies sur lesquelles étaient établis les revenus afférents à ces offices.

Blason du Chapître: d'azur à une Notre-Dame d'argent.

3° Chapelle et vicairie de Saint-Léonard, située à l'extrémité de la terrasse du château. — C'est encore Jeanne de Mézières qui eut le mérite de cette fondation. Elle déclare que sa volonté, en consacrant une partie de ses biens patrimoniaux à cette oeuvre (1287), est de pourvoir au salut de son âme, à celles de son oncle Geoffroy de Brenne et de ses autres prédécesseurs, seigneurs de Mézières. Pour accomplir son voeu, elle eut recours au cardinal Simon de Beaulieu, archevêque de Bourges, et à l'abbé de Saint-Cyran, parce que le droit de nommer à la vicairie du château de Mézières, leur appartenait antérieurement. La vicairie fut plus tard unie à un canonicat du Chapitre qui faisait dire trois messes par semaine dans la chapelle de saint Léonard. Elle passa ensuite aux religieux de Saint-Cyran, puis à ceux de Fontgombauld et


84 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

enfin à ceux de Saint-Savin à partir de 1747, les deux autres abbayes étant supprimées à cette époque.

Hôtel-Dieu. — Cet établissement, sans doute fort ancien, était situé au sud du Subtray, prés de la voie romaine et à une demi-lieue de la ville, dans un site nommé Beauregard. Mais en 1429, Jean VI d'Harcourt, seigneur de Mézières, déclara par lettres données à Châtellerault, qu'ayant fait fortifier et clore la ville, il pouvait arriver que différentes personnes pauvres et abandonnées se retireraient dans ses murs. En conséquence, il donna pour les héberger, une maison et une maison proche le pont de Malientras. Pour l'administration de cet HôtelDieu, il nomma le trésorier du chapitre, le capitaine de son château et dix ou douze notables parmi les habitants

Il y a encore aujourd'hui un village où se trouvent les dénominations de Chapelle de Beauregard, Beauregard et Maison-Neuve de Beauregard.

Chapelle de Saint-Jean-Baptiste et Commanderie des Salles, alias (Maison de la Chapelle des Salles. — Elle dépendait de la Commanderie de Lureuil (H, 643,644). Ce village a conservé le nom de Chapelle des Halles.

Chapelle du Territeau, village au sud-ouest. (Arch. H. 643-790).

— L'église collégiale, aujourd'hui paroissiale, est un admirable monument historique du XIVe siècle. Il possède un porche remarquable surmonté de trois clochers, dont le central est terminé par une légère aiguille en charpente. Sous le porche, la grande baie qui donne entrée dans la collégiale est divisée en deux travées ou vantaux par un pilier de pierre, comme aux porches de la cathédrale de Bourges. Sur le tympan qui règne au-dessus de cette baie étaient sculptées, en haut relief d'une admi-


ARCHIPRETRE DU BLANC 85

rable exécution, le jugement dernier et plusieurs scènes de la vie de sainte Madeleine. Malheureusement ces sculptures ont été mutilées pendant les guerres de religion et peut-être en 1569, pendant l'invasion des reîtres allemands, conduits par Volfong, duc des Deux-Ponts ; et les révolutionnaires ont ensuite achevé l'oeuvre de vandalisme. Il n'en reste plus aujourd'hui que des traces informes.

A l'intérieur de l'édifice, les voûtes sont soutenues par des aiguilles et des traverses ou tirants en bois, peints et ornés d'écussons ou d'autres sujets intéressants.

La chapelle d'Anjou mérite surtout une mention particulière. C'est un monument de la Renaissance d'une três grande valeur artistique, un chef-d'oeuvre de finesse et d'élégance, une merveille de grâce et d'exécution. La construction en fut projetée en 1522, par René d'Anjou, mais elle ne fut exécutée que vingt ans plus tard par son fils Nicolas. Le fondateur avait expressément voulu qu'elle fut semblable en tout à la chapelle dite de Chaumont dans l'église des Cordeliers d'Amboise. Il la dédia en l'honneur de la Sainte Vierge, de saint Hippolyte et de saint Sébastien.

Les voûtes des deux travées de cette chapelle conservent la forme ogivale, mais elles sont surbaissées. Leurs arceaux se ramifient et se terminent pas de grands pendentifs ornés de ciselures. Les fenêtres sont en plein cintre sans meneaux. — Une claire-voie d'un beau travail en pierres ornementées sépare cette chapelle, qui est au midi, de la nef de l'église. - Les verrières furent fabriquées à Saint-Fargeau, près d'Orléans, par deux artistes de grand mérite, Boissec et Chambenoît. Elles sont de la même époque que les verrières de la cathédrale d'Auch, admirées surtout pour les tons chauds de leurs couleurs.


86 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

Les verrières de la Sainte Chapelle de Champigny sont regardées comme l'une des oeuvres les plus parfaites que nous ait léguées l'art de la Renaissance. Ce qui les distingue surtout, c'est la disposition des groupes, la richesse des costumes, le brillant et l'effet des coloris. Or, d'après l'opinion de l'abbé Damourette, si les connaisseurs veulent bien examiner avec attention les verrières de Mézières, ils reconnaîtront que les artistes de saint Fargeau étaient les dignes émules des artistes qui ont peint les riches tableaux sur verre d'Auch et de Champigny.

La chapelle d'Anjou fut consacrée le 13 mars 1552 par Mgr Hilaire Chenu, évêque d'Hébron, grand vicaire in pontificalibus de l'archevêque de Bourges. Il mit sous l'autel des reliques de sainte Ozebelle, une des compagnes martyres de sainte Ursule. On faisait la fête de chantre de sainte Ozebelle, le 21 octobre, jour de sainte Ursule. — La chapelle était aussi dotée d'une fondation d'une messe pour tous les jours de l'année.

Dans la baronnie de Mézières on était obligé de tirer la Quintaine une fois par an, sur la rivière la plus proche du château. Ceux qui manquaient au jour indiqué, ou faisaient semblant de rompre leurs lances, payaient une amende de soixante sous au seigneur.

THOISELAY

Antique paroisse sur le territoire de laquelle se fonda au IXe siècle, le Chapitre de Châtillon qui donna naissance à la ville. Elle a été supprimée en 1801 et remplacée par la commune de Châtillon dont elle forme un des villages.— Tausiriacum, Ve siècle. — Tausiliacum, Xe siècle. — Tisselaïum, Tesseliacum — Parrochia sancti Tiburcii, Baptismatis Ecclesia Thoisiliacensis, 1156. — Ecclesia de Thoisiliaco, 1212. —alias Toisillé.


ARCHIPRÊTRÉ DU BLANC 87

1° La paroisse, sous le vocable de Notre-Dame et de Saint Tiburce, 11 août, avec la vicairie ou aumôneric de saint Antoine, relevait de Déols.

2° Monastère puis prieuré royal de Saint Tiburce. — Au cinquième siècle, saint Ours, abbé dans la ville de Cahors, vint s'établir dans le Berry où il fonda successivement les monastères de Tausiriacum, Toiselay, d'Ognia, (Heugnes) et de Pontiniacum que l'on croit être Villedieusur-Indre.

Il fonda ensuite les monastères de Loches et de Sennevières dans la Touraine. Tausiriacum était évidemment une cité d'origine celtique. En s'y établissant provisoirement, le saint étranger évangélisa le pays d'alentour et y établit profondément la dévotion à la Sainte Vierge qui devint première patronne de l'église. Les reliques de saint Tiburce furent apportées de l'abbaye de Saint-Denys. Les seigneurs de Sorbiers étaient les patrons fondateurs du prieuré.

Tausiriacum désigne certainement Toiselay, et c'est l'opinion du bénédictin dom Ruinart. On ne peut pas admettre l'opinion indécise du bibliophile Jacob qui attribue cette dénomination à la paroisse de Trouy, à deux lieues de Bourges.

3° Chapelle de Saint Langouret, ou saint Lazare.

4° Confrérie de Charité, fondée en 1695, par le chanoine Hélie.

Parmi les conditions d'un bail à ferme des revenus du prieuré de Toiselay consenti en 1614, les articles suivants sont curieux ; 6° pour chacun des treize pauvres auxquels les hommes d'église lavent les pieds le jeudi saint, en l'absence du prieur, le fermier devra fournir :


88 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

un pain blanc de douze deniers, un hareng, un échaudé de six deniers et douze deniers en espéces ; 7° l'aumône générale du même jour qui est de trois septiers de blé de seigle convertis en pains ; 9° donner à dîner les cinq fêtes annuelles qui sont Pâques, la Pentecôte, l'Assomption, la Toussaint et Noël, et aussi le jour de Saint-Tiburce, au prieur, s'il est présent, à son vicaire perpétuel, à l'homme d'église qui dessert le prieuré et au secretain (sacristain) de l'église, à l'hôtel seigneurial de Toiselay et non ailleurs ; 10° fourniture de treize fagots de paille pour répandre dans l'église, à la messe de minuit, et d'une charrette de gros bois pour chauffer, en un lieu commode, à l'issue de ladite messe, les paroissiens qui y assistent (Arch. de l'Indre, H. 815, 816, 643, 644).

TOURNON- SAINT-MARTIN

Sur la Creuse, au sud de Tournon Saint-Pierre qui était de la Touraine sur la rive droite, et au nord de Lurais ; 1622 hab. — Vicus Tornomagensis, au IVe siècle. — Tornon, 1569. — Sanctus Martinus de Turnone, 1648. —Aliàs Tournon-sur-Creuse.

1° Le prieuré-cure, sous le vocable de Saint-Martin relevait de l'abbaye de Villeloin, puis de celle d'Angles.

Grégoire de Tours nous apprend que l'évêque de Tours, saint Martin, vint prêcher l'Evangile dans le pays de Tournon. Il y détruisit un temple païen à la place duquel il éleva une église et fonda une chrétienté comme il avait fait à Amboise, à Candes et en maints autres endroits : In vicis quoque Ambiacensi, Tornomagensi, Condatensi destructis delubris oedificavit ecclesias. Il est probable aussi que pendaut son séjour à Tournon, il


ARCHIPRÊTRÉ DU BLANC 89

aura été faire ses dévotions au tombeau de Sainte-Farcinte à Lurais, car, en toutes circonstances, il se montrait très zélé et empressé d'honorer les sépultures des saints. Il est vraisemblable que l'église actuelle de Tournon est bâtie à la même place que celle qui fut édifiée par saint Martin (1).

2° Prieuré et chapelle de Sainte-Colombe de Coudon-leMonial. — de Caudiaco. — de Colonio aliàs Cosdon, Caudon et Coudon. — Il était habité par des religieuses dépendantes du Monastère de la Règle, à Limoges.

Chapelle de Fonterland, unie à Fontgombauld. —Elle fut pillée en 1569, par les protestants. On voit encore les ruines du prieuré et de son cloître dans un site charmant sur la rive droite du Suin.

4° Chapelle de l'Audetterie, hameau au sud de Caudon.

5° Chapelle rurale de Notre-Dame, à l'ouest.

6° Chapelle rurale au Chiron, hameau.

LE TRANGER

Sur l'Indre, au sud de Châtillon et au nord de Clion ; 488 hab.— Traugiacum, 1180.— Le Trangier, 1339.— de Trangeio, XIVe siècle. — Alias Trangeia.

1° La paroisse, sous le vocable de Notre-Dame, avec une vicairie de Saint-Pierre attachée à une chapelle de l'église, relevait du Chapitre de Châtillon.

(1) Greg. Turon. lib. 10, n° 528. — Sulpice Sév. Vita s. Martini, n° 12.


90 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

L'église paroissiale, du XIe siècle, présente des chapiteaux à sculptures bizarres. - Aliénée après la révolution, elle fut rendue au culte en 1830.

2° Chapelle et vicairie de Notre-Dame de Pitié au château de la Mardelle, dans l'une des tours et Vicairie de Saint-Antoine de Padoue, second patron de la chapelle (1) Pélerinage local à ce sanctuaire. — Le beau château de la Mardelle, situé dans une vallée, est accompagné de fortes tours à machicoulis, dont l'une est isolée. Autrefois il était entouré d'une enceinte fortifiée et de trois ponts-levis. Il s'y trouve une cheminée aux armes de France avec les initiales gothiques L. A.

A l'occasion de certains mariages, le seigneur de la Mardelle avait droit à une redevance d'un roitelet ou roy-lry qu'on lui amenait attaché à des cordes neuves sur un chariot conduit par des boeufs.

LE PUY. — Ancien manoir bien conservé dont il reste un bâtiment carré avec un écusson sur la porte.

VENDOEUVRES-EN-BRENNE

Sur une colline dominant la Claise, au sud-est de Mézières, au sud de Sainte-Gemme et au nord-ouest de Méobecq ; 2.174 hab. On pense que l'origine du nom imposé à cette très ancienne paroisse, vient de Vendit a opéra, parce qu'elle était à l'époque gallo-romaine un centre actif de fabrication d'instruments agricoles. —

(1) Manuscrit du chanoine Barbier.

(2) Notre collègue, M. le chanoine Boileau, ancien doyen de Vatan, qui fut curé de Vendoeuvres, n'était pas éloigné de croire, et il en fournit des raisons, que ce mot venait de Veneris opéra.

(N. d. 1. R.)


ARCHIPRÊTRE DU BLANC 91

Ecclesia Sancti Stephani de Vindopera cum capella Sancte Marie de Clasia, dans le dénombrement des bénéfices de l'abbaye de Méobecq en 1194. Paroisse de Vendouvre, 1277. — Alias Vindovera.

Cette paroisse est certainement d'origine gauloise puis Gallo-romaine et les découvertes qu'on y a faites ne laissent aucun doute sur cet ancien centre de population. Dabord elle était placée comme Brèves (Briva) sur une voie romaine qui se détachait, au Subtray-Mézières, de la grande voie d'Orléans à Poitiers, passant à Villentrois, Cloué, Estrée, le Subtray, Saint-Cyran-du-Jambot, Bossay dans l'Indre et Loire, La Roche-Pozay et Poitiers. Cette seconde branche se détachait de la principale au Subtray, infléchissant légèrement au sud-est, remontait la Claise sur sa rive droite et se dirigeait vers Brèves. Là, il traversait la Claise près de Bauché et aboutissait à Vendoeuvres, facilitant ainsi les relations commerciales indiquées par le nom de cette localité Vendita opéra et continuait par Méobecq, Nuret-le-Ferron, etc. Vendoeuvres était donc un point important de réunion ; on y faisait un commerce considérable, c'était l' emporium de la Brenne et on ne s'étonnera pas qu'on ait pu trouver dans cette bourgade, deux très curieux et très précieux autels, l'un gaulois et l'autre gallo-romain.

L'autel gaulois n'a que deux analogues en France.

L'autre autel fut découvert dans la région absidale de la vieille église du XIIe, en arrachant les fondations, lorsqu'elle fut démolie en 1856. — Cet autel, tout couvert de sculptures, présente sur sa face principale une inscription qu'on a rétablie ainsi : « Numini, Angusti, E.

(T ?) Mis, Martia, Fausti, filia, Votum, Solvit, Libens

Merito, à la divinité d'Auguste, et à celle de ? Marcia,

fille de Faustus (a consacré cet autel) en accomplissant de bon coeur son juste voeu ». Le trophée formé au-dessous


92 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

de l'inscription est formé d'un casque très simple posé sur un bouclier, des traces d'un arc avec un carquois. Le bas du panneau à gauche est occupé par un trépied dans les supports duquel s'enroule un serpent qui repose sa tête sur la cuvette. Dans le faisceau d'armes on reconnaîtra les attributs de Mars et au-dessous le trépied pythien d'Apollon.

Au deuxième panneau se présente une femme assise allaitant un enfant et à côté d'elle un personnage plus petit debout. C'est peut-être la représentation de Junon pronuba qui présidait aux mariages et protégeait la mère de famille. Le jeune homme peut être le genius qui naissait avec chaque mortel et mourait avec lui après avoir dirigé ses actions et travaillé à son bien-être.

Le troisième côté représente deux mains enlacées qui symbolisent la Concorda augusta, divinité qui présidait à la bonne entente de la famille impériale, ou bien la bonne foi qui préside aux transactions commerciales.

Enfin la quatrième face représente deux hiboux audessus d'une guirlande de roses, symboles de la prudente Minerve. On peut conclure que l'autel était consacré à la divinité d'Auguste et à la concorde impériale, en même temps qu'à Mars, Apollon, Junon et Minerve.

Le dessin de ces sculptures est pur et élégant : le travail de l'ouvrier net et soigné. Les lettres de l'inscription sont d'une belle forme et chaque mot est séparé par un point. Tout se réunit pour indiquer que ce monument précieux remonte au deuxième siècle de notre ère. — Cet autel a été scellé bien en évidence dans un des contreforts de la nouvelle église.

1° La paroisse et le prieuré, sous le vocable de saint Etienne relevaient de Méobecq dès avant 1174, puis du Chapitre de Québec dès 1673 . Nous avons remarqué que


ARCHIPRÊTRE DU BLANC 93

le vocable de saint Etienne se trouve dans toutes les importantes églises des centres gallo-romains.

L'église moderne bâtie sur l'emplacement de l'ancienne dont on a conservé la tour du clocher, reproduit très heureusement et trait pour trait l'abside de la collégiale de Levroux.

2° Chapelle de Sainte-Marie de la Claise. — Ecclesia Sancti stephani de Vendepora cum Capella sanctoe Mariae de Clasia, 1174. Dans un acte de désistement de Guillaume Ier de Chauvigny de 1226. en faveur des religieux du Landais, elle est appelée Chapelle de Claise. Elle s'élevait sur la rive gauche, de Claso, sur le territoire de Neuillay et qui possédait aussi une chapelle de saint Maxime. Il n'existe plus d'autre vestige de cette chapelle que le nom de Chapelle-Blanche donné à un hameau qui occupe l'emplacement de cet ancien sanctuaire. En 1232, intervint un accord entre André, seigneur de Levroux et le Chapitre de Saint-Sylvain, au sujet d'une dîme que ledit Chapitre avait acquise d'Agnès de Claise et de Guillaume son fils. Cette dîme relevait en partie du domaine de Milon de Bauché (titres du duché de Châteauroux, tome IV; — 11,765 etcartulaire de Levroux).

3° Chapelle et vicairie de Saint-Jean l'évangéliste, de saint Georges et de sainte Barbe, dans la cour du château de Lancosme et près du village de ce nom sur la Claise. — de Langonio, 1279. — Philippe Savary sires de Lonc Oume, Loncoume, Longhomme, XVe siècle. — Cette ancienne châtellenie, relevant du château de Loches en Touraine, fut érigée en baronnie en 1751, en faveur de Antoine Savary; puis en marquisat en 1733. Ce beau château féodal est flanqué de tours à machicoulis ( 1 ).

(1) Merle de la Brugière se contredit en citant la vicairie de SaintGeorges au château de Lancosme, ailleurs Saint-Hugues ou SaintGeorges, ou enfin Saint-Georges à Vendoeuvres.


94 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

La chapelle actuelle fut bâtie en 1481, par Jean Savary, seigneur de Lancosme et bénite par Jean Coeur, archevêque de Bourges et fils du célèbre argentier de Charles VII, le 27 décembre de la même année. Les Savary, étaient seigneurs de Lancosme et de MoulinRobert, aujourd'hui Château-Robert, dont nous parlons ci-après (Arch. de l'Indre, H, 765, manuscrit de Barbier. Coutumes de la Touraine, tome III, p. 977).

4° Chapelle, fontaine et pélerinage de Saint-Sulpice-lePieux. — Ce centre de dévotion se trouve au milieu d'une belle prairie qu'environne le bois Thibaut, sur la lisière de la paroisse de Méobecq, à laquelle appartenait autrefois ce sanctuaire (1). Voici quelle en fut l'origine.

Avant d'arriver à l'épiscopat, saint Sulpice suivait la cour du roi Dagobert en qualité d'abbé du camp (abbas castrensis) ; c'était en quelque sorte une grande aumônerie qu'il exerçait. On peut facilement admettre qu'à raison de ses fonctions il a dû accompagner le roi franc dans ses résidences de la Brenne, à Méobecq, à Lonrey. Le souvenir des vertus et de la bonté d'un saint, si populaire partout où il passait aura laissé des traces profondes dans la mémoire des habitants du pays et leur reconnaissance, aidée par le concours des religieux de Méobecq et peutêtre même de saint Cyran, ami du pieux archevêque, s'est affirmée par la construction d'une chapelle en son honneur, peu de temps aprés sa mort. Nous voyons bien à cette époque saint Rémacle élever des églises en l'honneur du saint prélat, dont il avait été le disciple, tant la réputation de sa sainteté avait été éclatante.

La tradition du pays et l'examen des substructions qui entourent la chapelle de Saint-Sulpice ne permettent pas

(1) Pouillé de la Brugière, 1772.


ARCHIPRETRÉ DU BLANC 95

de douter que deux constructions ont précédé l'édifice d'aujourd'hui.

C'était pendant la guerre de cent ans, Jeanne d'Arc commençait à refouler les anglais vers le nord. Un jour, un chef de bande à la solde de l'étranger, traversant le Bois Thibault, arrive avec sa troupe à la chapelle de Saint-Sulpice et, sans respect pour ce lieu saint, il la met au pillage et l'incendie. Le seigneur de Lancosme, Jean Savary, avec quelques hommes rassemblés à la hâte, atteint la bande sacrilège au moment où le feu achevait son oeuvre de destruction. Aussitôt un combat sanglant s'engage; les deux chefs sont aux prises. Après une lutte acharnée, ils tombent mortellement frappés. L'anglais expira sur le champ ; quant à Jean Savary il survécut encore quelque jours. Mais avant de mourir il ordonna de rebâtir la chapelle de Saint-Sulpice et demanda à y être enterré. Quant au capitaine anglais, il fut inhumé devant la porte du chateau de Lancosme, afin que chacun pût fouler aux pieds le profanateur des choses saintes.

La chapelle fut en effet relevée en 1430. Ravagée de nouveau par les protestants, elle fut restaurée et mise en l'état où nous la voyons, en 1552. Le concours des pélerins qui venaient de vingt lieues à la ronde, du Berry, du Limousin, du Poitou et de la Touraine était si considérable à cette époque, qu'il fallut construire un hôpital à Méobecq pour recevoir les malades et les pélerins. Cet hospice eut pour dotation un domaine dont le revenu était consacré à l'entretien de la chapelle du bois de Saint-Sulpice et le reste au soin des malades. L'acte qui contient cette pieuse fondation a été fait à Paris en 1552(1).

(1) Arch. de l'Indre, série H, n° 288, registre, titre de fondation de l'hôpital du bourg de Méobecq.


96 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

La Révolution respecta la chapelle et le pélerinage continua aussi nombreux qu'auparavant, même pendant la Terreur ; le prêtre seul y manquait.

Cet oratoire rustique, élevé dans le silence des bois, cette réunion bruyante et nombreuse un jour d'été sous l'ombre des grands chênes, ces prières naïves sur le bord de la source pour obtenir la guérison des douleurs aiguës, des gouttes et des rhumatismes, justifient bien cette indication du chanoine de Mézières : « Cette chapelle était un lieu de très grande dévotion pour tout le canton », surtout le 27 août où l'on célèbre la translation des reliques de saint Sulpice qui eut lieu au VIIe siècle.

Pont-de-Saint-Sulpice, près du pré du prieuré de Méobecq.

Chapelle et prieuré de Saint-Anastase, dans les bois entre Château-Robert et Vendoeuvres, dépendant de Méobecq. Il serait intéressant de savoir quel saint Anastase était titulaire de ce prieuré. Serait-ce le compagnon d'apostolat et de martyre de saint Marcel d'Argenton, Argentomagus?

Chapelle de Vendoeuvres (Merle de la Brugière).

Chapelle de Saint-Julien, dans le Bois Thibaut, relevant de Méobecq.

Chapelle du château de Brèves. — Le nom de ce lieu est celtique et vient de Briva qui signifie un pont, sans doute à cause du pont jeté sur la Claise à cet endroit.

Château-Robert autrefois Moulin-Robert, sur l'Yoson. C'est un beau manoir composé d'un corps de bâtiment avec tours, précédé d'une vaste terrasse et entouré de magnifiques ombrages. C'est au bas de l'escalier de l'une de ces tours que se trouvait la statue si grossière de


ARCHIPRETRE DU BLANC 97

saint Christophe qui a été donnée à l'église de Méobecq pour se délivrer des visites indiscrètes des pèlerins. C'est pour cela qu'on l'appelait Saint-Robert, pour exprimer le saint du château Robert.

VILLEBERNIN

Ancienne paroisse très rapprochée de Palluau qui a été supprimée en 1819 et réunie à la commune de Palluau.— Villebruayn, 1340. — Villa Brunain, XIVe siècle.

1° La paroisse, sous le vocable de Saint-Michel relevait du Chapitre de Châtillon. — Vicairie de SaintPicault ?

Chapelle et ermitage de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, à mi-chemin entre Villebernin et le château de Paray. L'origine de ce sanctuaire et du pélerinage dont il est le but, car c'est un lieu de grande dévotion, dans une situation agréable et de bel air, dit le chanoine Barbier (1), paraît devoir être attribuée aux seigneurs de Paray. Ils en avaient d'ailleurs le droit de patronage.

De tout temps, ce sanctuaire fut desservi par des ermites, ainsi qu'en font foi les actes d'inhumation de l'ermite Noël, en 1613, de l'ermite Jacques Vinette, en 1690, et un testament fait en 1676 (1) en faveur de deux ermites de Bonne-Nouvelle. Il fut détruit vers l'année 1356 par les Anglais qui occupaient la ville de Buzançais, après le désastre de Poitiers.

En 1436, la race masculine des seigneurs de Paray

(1) Manuscrit de Barbier, page 600.

(1) Pierre Barateau, ancien curé d'Hapilly, donna cent livres aux ermites pour la célébration de deux messes par an. (Arch. de l'Indre, série G n° 187.)


98 BULLETIN DE LA SOCIETE ACADEMIQUE DU CENTRE

étant éteinte, leur château passa en la possession de la famille de La Châtre, en la personne de Jacques qui épousa Jeanne dernière héritière des Paray. Enfin la chapelle et l'ermitage arrivèrent entre les mains des de Wissel, par le mariage de Bénigne de La Châtre avec Charles-Honoré de Wissel qui mourut à Paray, vers l'année 1793.

Quand éclata la tourmente révolutionnaire, l'épouse du défunt racheta la chapelle, l'ermitage et les dépendances qui avaient été mis en vente et les rendit au culte après la paix rendue. M. le baron Charles de Wissel, fils de la précédente, fit reconstruire en 1882, la vieille chapelle tombant en ruines et, en 1886, Mme de Trémiolles, née de Wissel, enrichit la chapelle d'un bel autel de marbre blanc autour duquel sont rangées les anciennes statues de la Vierge-Mère, de Notre-Dame de Pitié et de Saint-Antoine, patron des ermites, anciens desservants du sanctuaire. La principale fête s'est toujours célébrée le huit septembre, fête de la Nativité de Marie.

La chapelle renferme un tableau peint par Lefort en 1765. Il représente un fait qui se rapporte à la dévotion de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle. Marie de La Châtre, soeur de Bénigne dont nous avons parlé, avait un frère, chevalier de Malte, qu'elle aimait tendrement. Ayant appris qu'il revenait en France, elle se rendit sans doute au-devant de lui, sur le port auquel il devait aborder. Le tableau nous la représente à genoux sur le rivage ; le vaisseau qui porte son frère est assailli par une violente tempête. Mais la pieuse fille lève vers le ciel ses mains suppliantes et un regard plein de tendresse et de larmes ; elle prie, et sa foi est si ardente qu'elle croit apercevoir sur les nues Notre-Dame de Bonne-Nouvelle qui vient au secours de son frère tenant en mains les clefs avec


ARCHIPRETRE DU BLANC 99

lesquelles elle ferme à volonté les puits de l'abîme. La prière de la jeune fille fut sans doute exaucée et le souvenir de cette miraculeuse protection fut consacré par cet ex-voto qui est suspendu dans la chapelle (1).

PARAY. — Ce château consistait, en 1790, en un corps de bâtiment, flanqué d'une tour carrée avec meurtrières, entouré de fossés. — Vieille porte ogivale avec machicoulis.

3° Chapelle et maladrerie de Saint-Lazare vulgairement Saint-Langouret, unis au Chapître de Châtillon. — Chapelle en ruine en 1750.

4° Chapelle de Sainte-Marguerite, dépendante du bénéfice de Saint-Lazare ou Langouret. Elle fut bâtie en 1554 par Jean de La Châtre.

VILLIERS

Sur les plateaux dont les eaux se déversent dans la Claise ou dans l'Indre, au nord-ouest de Mézières et au sud-ouest de Murs ; 583 hab. — de Villeriis, 1648.

1° La paroisse, sous le vocable de Saint-Maurice, relevait de Déols.

2° Chapelle de Burlande, ancien château au sud-ouest. Château de Fromenteau ; en ruines.

(1) Abbé Damourette, Revue du Centre, Oct. 1887.


100 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

RECAPITULATION

Abbayes : Saint-Cyran ou Lonrey, dans la paroisse de Saint-Michel ; Fontgombauld ; Saint-Genou, dans la paroisse de l'Estrée ; Méobecq ; Toiselay.

Chapitres : Châtillon, dans la paroisse de Thoiselay; Mézières, dans la paroisse du Subtray; Palluau, dans celle d'Onzay.

Monastères : Ermites de Saint-Augustin, au Blanc et à Châtillon ; Franciscains, au Blanc.

Prieurés : Saint-Anastase, à Vendoeuvres ; Arpheuilles ; Bauché ; Bénavent, à Pouligny ; Le Blizon, commanderie, à Saint-Michel ; La Chaise, à Clion ; La Châtre, commanderie, à Fléré-la-Riviére ; Coudon, à Tournon ; Clion ; Saint-Cyran-du-Jambot ; Decené, à Pouligny ; l'Estrée ; La Frenaie, à Sainte-Gemme ; Saint-Génitour, du Blanc ; Saint-Laurent, à OnzayPalluau : Loos ou Lous, à Saint-Michel ; Mébouchet, à Méobecq ; Saint-Martin de-Verton ; Mont-la-Chapelle, à Pouligny ; Notz, à Martizay ; Plaincourault et PuyChevrier, à Mérigny ; Saînt-Romain, à Martizay : PuyJoubert, à Douadic : Mazerolles, à Cléré : Ruffec-leFranc ; Saulnay ; Toiselay et Vendoeuvres.

Vicairies : Bauché, 2 ; Châtillon, 13 ; Cléré-du-Bois. 1 ; Saint-Cyran-du-Jambot, 1 ; Saint Cyran-Abbaye, 1 ; Saint-Génitour du-Blanc, 1 ; Mézières, 5 ; Saint-Martinde-Verton, 1 ; Onzay, 1 ; Palluau, 7 ; Rosnay, 1 ; Saulnay, 1 ; Toiselay, 1 ; le Tranger, 1 ; Vendoeuvres, 3 : Villebernin, 1.


ARCHIPRETRE DU BLANC

101

CHAPELLES VICARIALES, DOMESTIQUES ET RURALES

Chapelles Paroisses

Saint-Anastase. Vendoeuvres.

Avignon. Douadic.

L'Aigue-Joignant. Saint-Hilaire.

Sainte-Anne. Saulnay.

Saint-Antoine. Toiselay-Châtillon,

L'Audetterie. Tournon.

Le Bac. Ingrandes.

Saint-Blaise. Onzay-Palluau.

Le Bouchet. Rosnay.

Bouigevert. Pouligny.

Brives. Vendoeuvres.

Burlande. Villiers.

Céré. Saint-Hilaire.

La Chaise. Ingrandes

Châtillon. Châtillon.

Le Chiron. Tournon.

Le Cimetière. Le Blanc.

Le Claveau. Paulnay.

Claise. Neuillay.

Cremille. Clion.

Croix-Blanche. Ingrandes.

Les Effes. Cléré-du-Bois.

L'Ermitage. Douadic.

Saint-Eutrope. Toiselay-Châtillon.

Fonterland. Tournon.

La Forêt. Ingrandes.

Fretaignes. Rosnay.

Fins. Toiselay-Châtillon. Gâtevine. Pouligny.


102 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

Chapelles Paroisses

La Girouardière. Obterre.

La Grand'Maison. Ingrandes.

Le Gratin. Clion.

La Hire. Douadic.

Issoudun. Néons.

Ile-Savary. Clion.

Saint-Jean l'Evangéliste. Vendoeuvres.

Saint-Jean-Baptiste. Le Subtray-Mézières.

Saint-Julien. Clion.

Saint-Julien. Fontgombauld.

Saint-Julien. Vendoeuvres.

Saint-Julien. Azay-le-Ferron.

Saint-Joseph. Le Blanc.

Launay. Sainte-Gemme.

Saint-Lazare. Le Blanc.

Saint-Lazare. Onzay-Palluau.

Saint-Lazare. Toiselay-Châtillon.

Saint-Lazare. Villebernin.

Saint-Léonard. Subtray-Mézîères.

Saint-Marc. Douadic.

Saint-Marc. Linge.

Marans. Linge.

La Mardelle. Le Tranger.

Sainte-Marguerite. Clion.

Marteau. Clion.

Maupas. Toizelay-Châtillon.

Mazerolles. Cléré-du-Bois.

La Ménardière. Martizay.

La Madeleine. Néons.

La Madeleine. Onzay-Palluau.

La Madeleine. Saint-Cyran-du-Jambot.

Migny. Saint-Cyran-du-Jambot.


ARCHIPRETRE DU BLANC

103

Chapelles Paroisses

Mons. Ingrandes.

Nervault. Le Blanc.

Saint-Nicolas. Saint-Cyran-du-Jambot.

Notre-Dame, Mer Rouge Rosnay.

Notre-Dame. Le Blanc.

Notre-Dame, au château. Toiselay-Châtillon.

Notre-Dame de la Claise. Vendoeuvres.

Notre-Dame de Pitié. Bauché.

Notre-Dame de Pitié. Onzay-Palluau.

Notre-Dame de Pitié. Le Tranger.

Notre-Dame des Ermites. Fontgombault.

Notre-Dame de Bon. Nouv. Villebernin.

Notre-Dame de Manson. Clion.

Notre-Dame de Roches. Concrémiers.

Plaincourault. Mérigny.

Plessis Garnier (le). Toizelay-Châtillon.

Plessis (le). L'Estrée-Saint-Genou.

Préhaut. Saint-Médard.

Pruneaux. Saint-Martin-de-Verdun.

Sainte-Radégonde. Arpheuilles.

Roches. Concrémiers.

Saint-Sacrement. Azay-le-Ferron.

Saint- Saturnin. Cléré-du-Bois.

Saint-Sébastien. Toizelay-Châtillon.

Saint-Sulpice. Vendoeuvres.

Le Territeau. Le Subtray-Mézières.

Le Tertre. Linge.

Saint-Théodore. Clion.

Tilloux. Sauzelles.

La Tremblaie. Saulnay.

Vendoeuvres. Vendoeuvres.

(Fin). L'ABBÉ LAMY


ESTREES-SAINT-GENOU

LES États de Louis le Débonnaire avaient été partagés entre ses trois enfants : Lothaire, Pépin et Louis.

Pépin avait été couronné roi d'Aquitaine

d'Aquitaine la ville de Bourges se trouvait sous sa dépendance : le comte Wifredus en était le gouverneur.

Le comte Wifredus était marié à une femme de la plus haute noblesse nommée Oda.

Les deux nobles époux possédaient une villa nommée Strada (Estrées), entourée de champs fertiles et parfaitement bien cultivés.

Wifredus, du consentement d'Oda, son épouse, y fonda une église qu'il dota largement, pour l'entretien du culte, des ministres. Cette fondation fut faite la 15e année du règne de Louis-Auguste (le Débonnaire) et la 14e du règne de son fils Pépin sur l'Aquitaine (828).

L'église fut dédiée à la Sainte Vierge Marie et fut enrichie de précieuses reliques. Le jour de sa consécration (7e jour des Calendes de Juillet), le comte donna à l'église plusieurs domaines voisins, avec les nombreux serfs qui les cultivaient. Wifredus soumit ensuite cette donation à l'approbation du roi Pépin. Celui-ci accueillit avec bienveillance la demande du comte, et en présence des


ESTREES-SAINT GENOU 105

grands et des nobles du palais, il rendit un édit par lequel il déclarait que le lieu appelé Strada n'aurait d'autre juge que son propre recteur et ne paierait les impôts qu'à lui seul (830).

Après avoir reçu cette charité, Wifredus et Oda commencèrent à faire de longs séjours à Strada. Dès lors, la dévotion des fidèles commença à croître sous l'impulsion du bon exemple donné par les saints époux. La pompe des cérémonies, les prédications, les chants religieux attirèrent la population d'alentour; les villas voisines ne tardèrent pas à former un vicus. L'église de Strada et son territoire furent constitués en paroisse.

L'archevêque de Bourges, saint Aguilphus, d'accord avec Wifredus, l'entoura d'une nouvelle auréole en la plaçant sous la Métropole. Le curé d'Estrées était nommé immédiatement par l'archevêque de Bourges.

CHAPITRE II

FONDATION DE L'ABBAYE DE SAINT-SAUVEUR D'ESTRÉES

Un jour, un des serviteurs de Wifredus gardait, selon son habitude, les chevaux de la maison dans les prés qui bordent la rivière de l'Indre; l'aurore commençait à poindre et un léger brouillard recouvrait d'un voile de vapeurs tous les objets environnants. A mesure que le jour grandissait et que ces nuées du matin tombaient en rosée sur les prairies voisines, une singulière et fort intéressante vision s'offrit aux regards étonnés du berger. Au milieu de la plaine arrosée par la rivière, il voyait se dresser un édifice aux grandes proportions, qui la veille encore n'existait pas. Ce spectacle dura plusieurs heures et ne commença à disparaître que sous l'éclat de la


106 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

lumière du grand jour. Le berger, étonné de ce prodige, se hâta d'aller trouver sa maîtresse et lui raconta ce qu'il avait vu. A cette nouvelle, la comtesse Oda se mit en prières et supplia Dieu de vouloir bien renouveler ce prodige en sa faveur. Le lendemain, elle partit de bonne heure avec le berger ; sa foi et sa piété avaient sans doute touché le coeur de Dieu, car elle aperçut le bâtiment tel que le berger le lui avait dépeint. Elle alla aussitôt porter cette nouvelle à la connaissance de son mari. Wifredus commença par rendre grâce à Dieu ; puis, quelques jours après, étant parti avec le berger et Oda, il fut, lui aussi, témoin de la vision.

Les vénérables époux crùrent voir dans cet événement, une dispositon toute particulière de la divine Providence qui les invitait à bâtir un monastère à la même place où ils avaient vu l'église.

A la première occasion, les deux époux vont trouver Pépin, ils lui font connaître leur intention et remettent entre ses mains une donation du pays, afin que désormais il fut directement placé sous son autorité et sous celle du roi de France.

A peine de retour, les pieux époux se mettent à l'oeuvre ; en peu de temps, le monastère est achevé et consacré en l'honneur du saint Sauveur, de la bienheureuse Vierge Marie, sa mère, des saints Apôtres et de tous les saints.

Enfin, lorsque les bâtiments d'habitation furent terminés, Wifredus donna à perpétuité le monastère aux religieux de Saint-Benoît. Quelque temps après, les nobles époux donnèrent également à l'abbaye de SaintSauveur, l'église nommée Cildracus ; d'après l'acte de donation, cette propriété semble se trouver aux environs de la ville de Bourges. — En l'an 25e du règne de Louis le Débonnaire (838).


ESTREES-SAINT-GENOU 107

CHAPITRE III

LES HUIT PREMIERS ABBÉS DE L'ABBAYE DE SAINT-SAUVEUR TRANSLATION DES RELIQUES DE SAINT-GENOU

I. Dodon. Ier abbé. — Après que Wifredus et Oda eurent comblé l'abbaye de toutes sortes de bienfaits. Dieu les retira de leur habitation terrestre et les plaça dans ces demeures célestes qui n'ont point été bâties par la main des hommes. Leurs corps, selon leurs dernières volontés, furent placés à l'entrée de l'église dédiée â la Bienheureuse Vierge Marie, du côté droit, mais ensuite les religieux, voulant leur donner une place plus honorable, les ensevelirent de chaque côté de l'autel et, chaque année, ils célébraient l'anniversaire de leur sépulture le 10 des Calendes de Septembre.

Le vénérable Dodon, constitué abbé du monastère, veillait avec soin sur l'abbaye dont les intérêts lui étaient confiés. Il alla donc trouver Charles le Chauve : il lui montra la donation de Wifredus confirmée par l'édit du roi Pépin, son père, et le pria de vouloir bien lui-même la contresigner.

Charles le Chauve y consentit volontiers ; il fit même insérer cette clause : que, désormais, les religieux de l'abbaye choisiraient un des leurs pour la gouverner, et que ce choix serait fait par les suffrages des frères. Le roi apposa son sceau à ce décret, la quatrième année de son règne. Le vénérable abbé Dodon revint plein de joie à Estrées, où il mourut.

II. Mainard. — L'abbé Dodon eut pour successeur Mainard, qui apporta aux affaires de l'abbaye une pieuse sollicitude ; les faits que nous allons citer le prouvent abondamment.


108 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

Mainard, lui aussi, partit un jour pour la cour du Roi Charles le Chauve afin de traiter certaines questions qui concernaient le monastère. Il venait d'arriver quelques religieux du monastère de Saint-Pierre (1) qui se rencontrèrent avec Mainard dans le palais du Roi. Leur Père Abbé étant mort, les frères venaient trouver le roi afin que celui-ci leur donnât un successeur. Après avoir entendu leur requête, Charles fait appeler Mainard et lui déclare qu'il veut mettre le monastère de Saint-Pierre sous sa direction. Mainard se déclare, malgré la distance prêt à obéir à la volonté du roi ; celui-ci lui remet des lettres munies de son propre sceau par lesquelles il déclare que le monastère de Saint-Pierre appartiendra à l'abbé Mainard et à ses successeurs, les abbés de SaintSauveur d'Estrées, qui seront chargés de sa direction à perpétuité.

Non loin de l'abbaye de Saint-Sauveur d'Estrées se trouvait le lieu autrefois appelé « la Celle des Démons » où reposaient les corps des saints Genou et Génit. De nombreux miracles avaient rendu cet endroit si célèbre qu'on ne l'appelait autrement que " la Celle de SaintGenou (2) ». La France, alors était cruellement éprouvée par les incursions des barbares. En beaucoup d'endroits, les reliques des saints avaient été détruites, ailleurs, elles restaient sans honneur.

L'abbé Mainard, craignant un pareil sort pour les corps des saints Genou et Génit, assembla ses religieux et leur demanda s'ils ne trouvaient pas qu'il fût opportun de transporter dans l'église de leur monastère, les reliques de saint Genou.

(1) Saint-Pierre-le-Moustier, situé sur le territoire de Nevers. (1) Selles-sur-Nahon, petite commune annexée à la paroisse de Jeu-Maloches, doyenné d'Ecueillé.


ESTREES-SAINT-GENOU 109

Tous furent de cet avis, et il fut décidé qu'on irait en demander l'autorisation au roi Charles le Chauve.

L'abbé Mainard vint donc trouver le roi avec quelques uns de ses frères et exposa l'objet de son voyage. Le roi voulut connaître la vie et les miracles des deux saints. Alors l'abbé raconta au roi " que sous le règne de l'em— « pereur Dèce, vivait à Rome un chrétien nommé Geni» tus (Génit) qui eut un fis nommé Genulphus (Genou), » modèle d'innocence et de sainteté.

« Génit confia son fils au bienheureux Sixte, qui de» vait plus tard monter sur le trône pontifical et consom» mer son martyr en compagnie de son célèbre diacre » saint-Laurent.

» Les études de Genou n'étaient pas encore terminées » quand Oclia, sa mère bien-aimée, mourut.

» Saint Sixte, devenu Pape, admirant la réserve, la « sainteté et la mortification de son élève, comprit quels » services il pouvait rendre à l'Eglise, et l'éleva par de" grés, aux honneurs de l'Episcopat,

« Cependant le bienheureux Sixte, voyant la terrible » persécution qui menaçait l'Eglise, ordonna à Génit et » à son fils Genou de partir pour la Gaule, où déjà la se » mence de la divine parole avait porté de grands fruits.

» Ces deux saints partirent donc de Rome pour les » Gaules en même temps que Marcel et Athanase d'Ar» genton. Génit et Genou séjournèrent quelques années » à Cahors, où ils eurent à souffrir mille tourments pour » l'amour de Jésus-Christ, Genou fit à Cahors de nom" breux miracles, prêcha courageusement la foi chré« tienne et eut le bonheur de s'attacher de nombreux » disciples (1).

(1) Lorsqu'un évêché fut érigé à Cahors, les habitants, se souvenant d'avoir eu saint Genou au milieu d'eux comme Evêque, l'inscrivirent à la tête de leur catalogue.


1 10 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

» Il ne paraît point que saint Genou soit venu en » Gaule pour exercer l'apostolat proprement dit, mais » plutôt avec le désir d'y mener la vie solitaire. Voilà » pourquoi ce saint évêque, après sa mission à Cahors, » accompagné de son père saint Génit, avec lui reprit le » bâton de pélerin et ensemble ils se dirigèrent vers " l'Aquitaine. »

Le roi fut touché de ce récit et accorda l'autorisation demandée.

L'abbé Mainard revint aussitôt à son abbaye, heureux d'annoncer à ses religieux le succès de sa mission.

Les Frères, remplis de joie et munis de l'autorisation royale, s'en vont en grande pompe à l'église où reposaient les corps des saints. Ils désiraient d'autant plus posséder le corps de saint Genou, qu'à cette époque l'église qui le renfermait, n'était pas entretenue d'une manière convenable. Etant donc entrés dans l'oratoire de Saint-Pierre, ils se mettent à la recherche du saint trésor. La divine Providence, prévoyant cette translation, n'avait pas voulu qu'il put exister, quelque incertitude au sujet de la distinction des deux corps ; car, dans la vie du saint Evêque, on lisait que ses reliques avaient été placées à droite en entrant, et celles de saint Génit à gauche.

Le Frères emportent donc le corps de Genou avec un grand respect, ils reviennent à leur monastère en chantant les louanges de Dieu et y déposent leur saint fardeau, le XII des Calendes de juillet: puis, afin de conserver le souvenir de ce grand événement, ils instituent une fête solennelle qui se célèbre chaque année à cette date.

Depuis ce temps, Jésus-Christ a daigné opérer en cet endroit un grand nombre de guérisons pour la gloire du nom de son serviteur.


ESTREES-SAINT-GENOU III

A cette époque, Charles le Chauve disparut et avec lui l'éclat du royaume. A la faveur des luttes intestines qui désolèrent le pays, les Normands pénétrèrent par le côté occidental, se mirent à ravager la Neustrie et l'Aquitaine, parvinrent ainsi dans le Berry. Mainard, abbé du monastère de Saint-Sévère-d'Estrées, prévenu de l'approche de l'ennemi, s'enfuit avec ses religieux au monastère de Saint-Pierre-le-Moustier, em portant avec lui les reliques du saint évêque Genou.

Les Normands, en arrivant à Estrées, livrèrent aux flammes tout ce qui leur tomba sous la main, mais le monastère fut protégé et échappa aux flammes d'une façon si miraculeuse qu'on n'y put apercevoir la moindre trace d'incendie.

Après avoir pillé la Neustrie et l'Aquitaine pendant sept ans, les Normands pénétrèrent en Auvergne ; c'est alors que Raoul, roi de Bourgogne, appelé par les Aquitains, vint leur barrer le passage. Une bataille eut lieu à Destrictios : Dieu favorisa les chrétiens, et les païens furent entièrement défaits: ce qui échappa à la mort se retira sur les bords de l'Océan et forma la Normandie.

III. Amalric. — Pendant cette invasion, l'abbé Mainard mourut, Amalric lui succéda : homme actif et travailleur c'est à lui et à ses successeurs que Laetarus, seigneur d'une haute noblesse, donna à perpétuité le monastère qu'il avait construit à Vatan, en l'honneur de saint JeanBaptiste et de saint Genou.

IV. Aimon...

V. AEric. — Cet abbé fit rapporter à l'abbaye de Saint-Sauveur les reliques de saint Genou. Le danger des Normands passé, les religieux rapportèrent à leur monastère d'Estrées le corps de saint Genou, en laissant


112 BULLETIN DE LA SOCIETE ACADEMIQUE DU CENTRE

pourtant quelques-unes de ses reliques à l'église de Saint-Pierre-le-Moustier. A Nevers, les prêtres et les religieux de la ville supplièrent les moines de leur donner une partie de leur trésor ; ils consentirent à leur laisser une des côtes du saint. Les prêtres et les religieux ayant voulu la partager en deux morceaux égaux, le sang en sortit aussitôt ; ce prodige fut pour les assistants une nouvelle occasion d'exalter la gloire de saiut Genou.

Sur la route que parcoururent les religieux, quelques malades obtinrent leur guérison par l'intercession du saint, ils arrivèrent enfin à leur abbaye, où les reliques furent déposées dans l'église.

VI. Elie. — Les Hongrois (1) vinrent faire des incursions dans l'Aquitaine vers 951 et 953. A leur approche, les religieux, épouvantés, prirent leurs précautions et s'enfuirent à Loches, avec le corps de saint Genou, qui y fut conservé pendant tout le temps que dura l'invasion. Après le départ de l'ennemi, l'abbé Elie fit placer les saintes reliques sur un brancard et les religieux se mirent en route pour les rapporter à leur monastère. Pendant le trajet, il s'éleva tout à coup un violent orage, accompagné d'une pluie torrentielle ; la terre fut bientôt couverte d'une véritable inondation ; mais la bonté de Dieu voulut faire éclater de nouveau les mérites du saint confesseur, car ses reliques et ceux qui les portaient furent tellement préservés de la pluie qu'il n'en tomba pas sur eux une seule goutte.

Un jour, dans la crainte d'une nouvelle invasion, on transportait à Palluau les reliques du saint, sur la rivière... L'heure du déjeuner était arrivée et le frère qui conduisait le bateau se mit à se plaindre en ces termes : « Tu vois, saint Genou, l'heure du déjeuner est arrivée

(1) D'autres disent les Normands.


ESTREES-SAINT-GENOU 113

" et ceux qui te conduisent sont encore à jeun ; si tu » voulais, tu leur enverrais bien de la nourriture ». Aussitôt un énorme poisson saute de la rivière dans le bateau, près des reliques du saint. Les frères remercièrent le saint d'avoir exaucé leurs prières aussi rapidement.

VII. Robert. — Ce fut cet abbé qui fit abattre la première abbaye et jeta les fondements d'un nouveau monastère beaucoup plus vaste, en l'an 990 de N. S. On commença la reconstruction du monastère par le côté qui regarde le levant. Aussitôt qu'il fut terminé, le père abbé Robert, après avoir pris le conseil des religieux, décida que les reliques de saint Genou y seraient transportées. Au jour fixé, une innombrable multitude de pélerins se rend à l'abbaye. Parmi eux se trouvait un aveugle. Pros. terne devant les reliques, il suppliait Dieu de manifester la gloire de son serviteur en lui rendant la vue. Cependant les frères retirent le corps de l'endroit qu'il occupait pour le transporter à la nouvelle place qui avait été préparée. Un des porteurs prend alors un des ossements et l'approche des yeux de l'aveugle ; puis, avec la pompe la plus solennelle et au milieu des choeurs de musique, les religieux portent les reliques en dehors du bourg à un endroit désigné où, depuis, l'on construisit une église à saint André. Là, les moines montrent à tous les fidèles réunis les ossements du Saint Confesseur. Pendant que les religieux retournaient le saint corps à l'abbaye, au milieu des cantiques d'action de grâce, l'aveugle ouvrit ses paupières et la vue lui fut subitement rendue.


1 14 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

CHAPITRE IV

LES ABBÉS DU MONASTÈRE DE SAINT-SAUVEUR-D'ESTRÉES

DEPUIS L'AN 1007 JUSQU'EN 1773

VIII. Odon. — On lit dans les actes des comtes d'Angers (t. X) que le comte Foulques, fondateur de Beaulieu, lui confia ce nouveau monastère. Choisissant donc des religieux très estimables, Odon érigea une nouvelle église et, pendant toute sa vie, il gouverna en bon pasteur les deux églises d'Estrées et de Loches.

IX. Hugues. — Cet abbé vécut sous le roi Henri.

X. Pierre Ier (1066).— A cette époque, l'église fut consacrée par Aymon, archevêque de Bourges, et Barthélémy, archevêque de Tours ( 1 ).

XI. Aimeric. — Vivait vers l'an 1112.

XII. Antoine. — Vers 1118.

XIII. Bertrand, qui vivait en 1773, vendit à Jean, abbé de Baugy (abbati Baugerii) la terre de Dosac (Dosacum).

XIV. Pierre II. — Elu en 1178, vivait encore en 1184.

XV. Geoffroy (Gaufredus). — On trouve plusieurs fois son nom dans différents papiers venant du Landais (1220-1226).

XVI. Michel. — L'abbé de Saint-Sauveur d'Estrées fut l'arbitre du différend de Raoul, seigneur de Buzançais (1226).

(1) La famille Tranchelyon devint propriétaire de Palluau, à la fin du XVe siècle.


ESTRÉES-SAINT-GENOU 115.

XVII. Pierre III. — Gouverna l'abbaye vers 1240.

XVIII. Pierre IV.

XIX. Jean (1391), Jean Duchier.

XX. Hervet de Savary (Herocus Savari), mort en 141 5. — A sa mort, le prieur et les religieux demandèrent à l'archevêque de Tours la permission d'élire un abbé, parce que l'abbé de Saint-Genou était chanoine de l'église de Tours.

XXI.— Mathurin de Bauregard (1434-1467). — Cet abbé traita avec Pierre de Brillac, seigneur d'Argy. Après avoir prèté serment et rendu hommage lige à l'église de Tours, en raison de son monastère, il est reconnu comme chanoine de Tours.

XXII. Antoine Tranchelyon (1). — Cet abbé était aussi abbé de la Vernusse (paroisse de Bagneux, doyenné de Poulaines), maison de l'ordre des Augustins, appelée aussi abbaye de Grosbois. Antoine Tranchelyon était également vicaire général de René, cardinal de Pria, abbé du Bourg-Dieu. Bien des méfaits sont mis au compte de cet abbé ; il fut accusé d'avoir dissipé et aliéné les biens du monastère. On dit encore, qu'étant sur le point de mourir, il fit brûler, en sa présence, tous les papiers de l'abbaye de Saint-Genou. Rabelais, parlant de l'abbé Tranchelyon, le cite comme un bon buveur; ce qui, du reste, s'accorde assez bien avec la réputation qu'il avait acquise dans son temps.

Il est hors de doute que Rabelais habita l'abbaye de Saint-Genou, où il était pensionnaire forcé. M. Nisard, dans son histoire de la littérature française, dit formellement : que Rabelais habita deux ans un monastère

(1) Archives de Preuilly.


116 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

de la Basse-Touraine. Ce qui confirme ce fait, c'est que Rabelais, en homme qui connaît parfaitement les lieux, cite les noms des villages voisins : Qnzay, Villebernin, Villegongis, Francillon, etc., et il fait sortir de Brisepaille, près Saint-Genou, la sage-femme qui assista à la naissance de Gargantua. On montre, au musée de Châteauroux, un fauteuil en bois, sur le dos duquel est sculpté un arbre de Jessé. Il fut, dit-on, à l'usage de Rabelais, pendant son séjour à l'abbaye de Saint-Sauveurd'Estrées. Quoi qu'il en soit de cette allégation, il est certain que ce fauteuil a été enlevé à l'église de SaintGenou d'une façon regrettable. Pendant une vacance de la paroisse, M. l'abbé Malleron, curé de Palluau, crut pouvoir le transporter dans son église. Un jour dans une de ses visites, M. le Préfet de l'Indre aperçut ce fauteuil et montra qu'il y attachait quelque intérêt ; M. Malleron, croyant lui faire plaisir, le lui offrit, et celui-ci en fit don au musée de Châteauroux.

XXIII. René de l'Hôpital (1553-1557)- — Protonotaire apostolique et aumônier de la Reine. Ce fut le premier connu. Les abbés du monastère de Saint-Sauveur ne résidèrent à Saint-Genou.

XXIV. Agidius Quinaut (1570). — Etait doyen de l'église de Bourges.

XXV. Jacques Quinaut. — Par crainte des Calvinistes, cet abbé fit transporter à Bourges et déposer chez les Franciscains les reliques de saint Genou. La Gallia Chrisliana commet une erreur regrettable en ajoutant : " qui adhuc possident ».

Les Religieux de l'abbaye de Saint-Sauveur-d'Estrées, qui avaient toujours montré tant de zéle pour soustraire les précieuses reliques de saint Genou à la profanation


ESTRÉES-SAINT-GENOU 117

des idolâtres ou des hérétiques, ne sont certainement pas rentrés dans leur monastère sans y rapporter leur trésor, dont ils s'étaient toujours montrés si jaloux. La preuve irréfutable que ces reliques n'étaient plus chez les Franciscains de Bourges est que, sur la liste (1) des reliques brûlées pendant la Révolution, en 1793, il n'est pas fait mention des reliques de saint Genou ; elles furent donc rapportées à l'église de l'abbaye et conservées sous le maître-autel.

En 1886, quand il fallut enlever l'ancien autel pour en placer un autre plus en harmonie avec le style de l'église, la démolition mit à découvert une pierre tombale de 1 m. 66 de long sur 0 m. 95 de large. Cette pierre est formée d'un cadre de 0 m. 08 qui sert de contour à une dalle découpée par des bandes sur lesquelles est gravée l'inscription suivante :

Hic pausat presul pias eximuisque

Genulphus : Quem peperit numerus sibi pontificum duoden ! Ecclesioe matris romane fomite. Sancti Imbutus Xisti (Systi) Cui parebat chorus omnis Quo monitore sui sacer hic virtute beavit Hos fines nostros presenti corpore sacro.

Ces précieuses reliques ont été déposées dans une boite dont le couvercle fut scellé par M. le vicaire général Blanchet.

Mgr Marchal fut humblement prié de former une commission d'enquête, mais il ne voulut remettre à personne le soin religieux de procéder à la reconnaissance de ces précieux ossements, et la mort l'emporta avant qu'il eut donné à son projet un commencement d'exécution. Lorsque Mgr Boyer lui succéda, Sa Grandeur fut mise

(1) Cette liste est conservée aux archives de la préfecture du Cher.


1 1 8 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

au courant des démarches faites auprès de son Vénérable prédécesseur, et fut suppliée de vouloir bien examiner les deux fascicules envoyés à l'Archevêché et contenant les dessins de la tombe, l'historique de son invention et les dépositions des témoins. On chercha en vain ces mémoires, ils avaient disparu.

A l'aide de quelques notes qui nous ont été laissées, nous espérons que l'autorité diocésaine reconnaîtra ces précieuses et importantes reliques et qu'un jour viendra où il sera permis de les exposer à la vénération des fidèles.

C'est sous l'administration de cet abbé Quinaut que les calvinistes de l'armée de Condé s'emparèrent de l'abbaye de Saint-Genou. Ces hérétiques pillèrent le monastère où demeurait alors Guy-Lallement, gardien du couvent des Cordeliers de Châteauroux.

Les protestants s'étant emparés de ce pieux religieux, lui firent subir des outrages et des supplices inouis, et mirent fin à ses souffrances en l'égorgeant ( 1 ) ( 10 juillet 1570).

XXVI. — Agidius de Souvé. Cet abbé résigna son bénéfice en 1612.

XXVII. — François Chotelain, était abbé en 1662, d'après les archives de Fontgombaud.

XXVIII. — Louis Fumée des Roches St-Quentin.

XXIX. — De Marcilly toucha les revenus pendant cinq ans et céda au suivant.

XXX. — Jean-Armand de Fumée des Roches St-Quentin. Cet abbé commandataire posséda l'abbaye de SaintGenou pendant 60 ans. Outre ce bénéfice, il avait obtenu

(1) Bollandistes T, II, pages 2).


ESTREES-SAINT-GENOU 119

ceux de Figeac et de Conques : cet abbé demeurait habituellement à Paris, rue Richelieu, paroisse de St-Roch. Par acte daté du 28 avril 1687, il afferma à Pierre Loquin, marchand de Lye, en Berry, pour cinq ans, le revenu temporel de l'abbaye consistant en cens, rentes, profits des fiefs, rivières, prés, vignes, terrages, moulins, bois taillis avec le logis abbatial, etc., moyennant le prix de 2385 livres par an.

Ce fut en 1763, après une visite faite à l'abbaye, qu'il fut décidé que la nef de cette magnifique église serait démolie et que deux cloches seraient vendues. Les abbés Commendataires étaient très soigneux de tirer profit de leurs titres, mais peu soucieux d'entretenir les monuments religieux et de réparer les désastres causés par l'impiété des hérétiques.

XXXI. — Joseph-Gabriel de la Sayette, abbé-baron de l'abbaye royale de Saint-Genou, était également supérieur des Prêtres de Saint-Sulpice de Paris. Cette nomination est du 26 mai 1712.

La Commende exerça à Saint-Genou sa malfaisante influence. L'abbé Commendataire vivait à la ville, considérant les revenus de son titre comme une munificence royale, négligeant presque toujours l'accomplissement des charges spirituelles et temporelles qui y étaient attachés. Les moines, coufinés dans leur monastère, célébraient les Saints Offices dans des églises délabrées. Il faut attribuer à ce désordre, le relâchement de la discipline religieuse et les nombreux abus qui s'introduisirent dans les communautés à cette triste époque.

XXXII. — Claude de Bonnat fut le dernier abbé du monastère de Saint-Sauveur d'Estrées, appelé alors le monastère de Saint-Genou.

En 1773, Mgr Louis de Phelipeaux d'Herbaut, arche-


120 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADEMIQUE DU CENTRE

vêque de Bourges, lança un décret portant extinction de la mense monacale de l'abbaye, des offices claustraux et bénéfices simples et réguliers; union des biens, fruits, revenus d'iceux au séminaire des pauvres prêtres et curés infirmes du diocèse, établi à Bourges.

Un administrateur laïque demeurait près de l'abbaye, percevait les revenus qu'il devait remettre à l'économe du séminaire de Bourges. Ce séminaire, actuellement servant de caserne au 95e d'infanterie, venait d'être construit non loin de l'église métropolitaine.

L'administrateur laïque, nommé Louis Franquelin, recevait un traitement fixe de 1360 livres.

Après la suppression de l'abbaye, quelques religieux ne voulant pas s'éloigner de leur cher monastère, s'établirent dans le bourg de Saint-Genou, et venaient souvent dans leur splendide église, prier et pleurer les anciennes splendeurs de leur antique couvent, nouveaux Jéremie pleurant sur les ruines de Sion que l'ennemi avait dépouillée et détruite.

CHAPITRE V

LES CURÉS DE LA PAROISSE, DEPUIS LE XVIe SIÈCLE JUSQU'A LA RÉVOLUTION DE 1792

Les documents parvenus jusqu'à nous ne nous permettent pas de faire remonter la liste des curés de la paroisse au delà de la fin du XVIe siècle.

1597-1600, — M. Daillet.

1600-1602. — M. Mailliet.

1602 -163 9. — M. Devillefranoy.


ESTREES-SAINT-GENOU 121

Pendant la longue administration de M. Devillefranoy, M. Simon Lelong fut vicaire, de 1617 à 1622, puis M. Daguin en 1627. Quelques baptêmes furent faits par Dom Demansabie, prieur de l'abbaye. En 1637, messire Abbé-Baron de Saint-Genou tient un enfant sur les fonts du baptême.

« Le 10 décembre 1606, veille de la fête de Saint » Thomas, a été faite et fondue en l'église de St-Genoulx » (sic) une cloche qui est de la paroisse d'Estrées, et a » été emmenée dudit Estrées à Saint-Genoulx pour faire » refondre par Gollineau. » Le curé la fit mettre en place avec Mathurin Guirault procureur-fabricien, le 27 du mois, jour de la fête de Saint-Jean l'Evangéliste.

Ce bon curé décrit également la solennité de la première messe chantée dans l'église collégiale de Palluau, par Sulpice Martinot, son cousin. Il donne également le prix des agapes sacerdotales qui suivirent la cérémonie : « Le dîner coûta 15 sols par tête et le souper 10 sols. » On trouve encore dans les mêmes actes le récit d'une visite que fit Mgr Fremiot, archevêque de Bourges, à l'abbaye de Saint-Genou. « Le lendemain, escorté d'une foule considérable, le Prélat se mit en procession avec le clergé du lieu et des environs, et se rendit à Notre-Dame d'Estrées, il reconcilia le cimetière, donna le sacrement de confirmation à un grand nombre d'hommes, de femmes et d'enfants, puis donna la tonsure et les ordres mineurs à une vingtaine d'ordinands. «

M. de Chouy François (juin 1639, février 1663). Voici l'acte de décès de M. de Chouy : « Le 21 février 1663 fut » inhumé dans cette église, devant l'autel du rosaire, le » corps de François de Chouy, curé de cette paroisse » d'Estrées, par les soussignés : R. Saliquide, prieur » d'Argy, Demanée, frère Chartier, P. Pocquet et Poc» quet, curé d'Orezay. »


122 BULLETIN DE LA SOCIETE ACADEMIQUE DU CENTRE

M. Aubry Michel (mars 1663, février 1664). — Le seul fait mémorable qui se passa sous son administration est l'abjuration de M. Job de Beaupoil ; en voici les actes :

« Nous avons donné pouvoir et commission à Messire » Michel Aubry, curé d'Estrées, de recevoir le nommé » Job de Beaupoil à abjuration de l'hérésie, sur l'assu» rance qu'il nous donne de son instruction aux mystères » de notre religion et de lui donner l'absolution, et ce au » temps qu'il jugera le plus convenable. Fait à Bourges, » le dix-septième may, mille six cent soixante-trois. » La signature est illisible ; le siège de Bourges était vacant à cette époque.

" Le dimanche, treizième jour de may 1663, fête de la » Pentecôte, pendant la messe de paroisse, Job de Beau» poil, advocat, à fait l'abjuration de l'hérésie qu'il avait » professé jusqu'à l'âge d'environ 45 ans, et aux céré» monies de son baptême, lesquelles nous avons sup» plées, il a été nommé Michel, après avoir reçu nos » instructions pendant six semaines ».

Le 7 septembre 1663 apparaît la signature de JosephHector Clément, écuyer, seigneur du Plessis.

M. Chevet (mars 1664-décembre 1688). Pendant son administration, nous voyons le curé remplacé à plusieurs reprises par « frère Choüy (1664-1672), par frère Quartier, prêtre, religieux en l'abbaye de St-Genou (1674). Enfin, le 6 septembre 1688, le baptême de Anne, fille de Pierre Loquin, fermier de l'abbaye, fut fait par Claude Pocquet, curé d'Onzé-Palluau, en absence du curé, au lit malade.

M. Claude Pocquet, bachelier en théologie, archiprêtre du Blanc (janvier 1689-1710).

M. Claude Pocquet était né le 24 juin 1661, à Estrées, dont il fut plus tard le Pasteur. Pendant son administration, nous voyons sur les registres les signatures sui-


ESTREES-SAINT-GENOU 123

vantes : Ridon, chanoine de Palluau, remplace M. le Curé le 27 avril, parce qu'il est allé au Synode, et le 3 mai parce qu'il est occupé aux affaires de son archiprêtré ; 2° frère Michel, religieux aumônier de Saint-Genou (1700 à 1740); 3° Claude Bastide, prêtre, licencié ès-lois, archidiacre de Buzançais, en l'absence de M. Claude Pocquet.

Voici deux notés que nous a laissées ce respectable curé : «Dans cette présente année 1693, le bled valut 3 livres 10 sol le boisseau, le vin fut vendu 200 livres la pipe, dans cette paroisse, et davantage ailleurs, jusqu'à 80 et 100 écus vaillants (300 francs) ; la peinte d'huile, 40 sols. On ne cueillit aucun fruits ; la guerre était allumée de toutes parts. Mais Louis XIV, qui gouvernail alors, était un si sage et si grand prince, qu'il pourvut à la nécessité pressante de tout ; car il ordonna qu'un chacun, selon son pouvoir, nourrirait les pauvres et qu'on ferait une taxe à Bled ou à argent dans chaque paroisse. On leva, pour secourir 200 pauvres qui se trouvaient dans cette paroisse, près de deux milles boisseaux de Bled, qui furent distribués par charité, en 15 jours, à chaque famille, ce qui fait qu'il n'en mourut icy aucun de faim. ))

« L'an 1707, au mois de février, a été fait par moi, prieur curé d'Estrées, archiprêtre du Blanc, soussigné, le plafond de l'église de cette paroisse, autrefois voûtée, et la voûte tombée de temps immémorial ; et tout ce que j'ai pu apprendre de feu Maître Claude Pocquet et autres anciens de la fin du Ciècle (sic) 1500 et 1600, dont était mon grand-père, né en 1604 et mort en 1690, c'est que la dite voûte tomba, le peuple sortant de l'église, sans faire de mal à personne. Etant tous hors de l'église. Ai pareillement fait réparer l'Arceau et les Coutières (sic), fort endommagées en plusieurs endroits. Le dit plafond m'a coûté 250 livres pour servir de mémoire à mes succès-


124 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

seurs. Signé : Pocquet, curé d'Estrées, archiprètre du Blanc. »

M. Claude Pocquet, qui était devenu prieur du Chapitre de Palluau, mourut clans la nuit du 20 au 21 septembre 1727.

M. Dousset (mai 1710-février 1731). Ce curé nous fait savoir qu'il était parent au 3e degré de M. Pocquet.

M. Marc Guérin (1759). Au commencement de novembre 1759, arrive M. Gaulin, avec le titre de vicaire, mais le 22 du même mois, meurt M. Marc Guérin.

M. Antoine Delaval (mars 1760-octobre 1789). Voici les principales signatures du registre paroissial :

1° Robert Tocques, religieux de l'abbaye royale de Saint-Genou (1761).

2° Etienne Devonnes, chanoine semi-prébendé du chapitre de Saint-Sylvain de Levroux.

3° Robert Bugy, seigneur du Plessis et autres lieux, conseiller du Roy, président, lieutenant général au baillage et siège présidial de Châtillon-sur-Indre (1781).

4° Paulier, vicaire, de janvier 1772 au mois d'août 1774.

5° M. Petitbois, vicaire (avril 1776-mars 1787).

Après son vicariat, M. Petitbois fut nommé curé de Villiers, il traversa la Révolution sans vouloir prêter le serment constitutionnel, fut condamné à mort et ne dut son salut qu'à la chute de Robespierre.

A la restauration du culte catholique, il fut nommé curé d'Argy, où il mourut presque aveugle, le 20 janvier 1832.

6° M. Héraudet, vicaire (juin 1787-mars 1788). Après la Révolution, M. Héraudet exerça les fonctions curiales à Saint-Pierre-les-Etieux (Cher), où il mourut en 1825.

M. le curé Delaval mourut le 7 octobre 1789.


ESTREES-SAINT-GENOU 125

M. Chaveau qui était vicaire, continua à desservir la paroisse d'Estrées pendant la vacance de la cure.

Avant de parler des événements survenus dans la paroisse de Saint-Genou pendant la révolution de 1793, nous voulons exposer à nos lecteurs l'objet d'un litige entre les habitants du bourg et ceux de la campagne de Saint-Genou.

Trente ans environ avant la révolution, Monseigneur l'Archevêque de Bourges obtint du Roi l'autorisation de supprimer l'abbaye de Saint-Genou et d'employer les revenus temporels de cette communauté à l'entretien de son séminaire, établi à Bourges. Le Parlement de Paris avait néanmoins spécifié que l'Archevêque de Bourges devait pourvoir à l'acquit des fondations pieuses établies, à la conservation et à l'entretien de l'église de l'abbaye.

D'autre part, l'église d'Estrées réclamait beaucoup de réparations urgentes.

Les habitants du bourg de Saint-Genou, pour ne rien débourser et avoir les avantages que procure à toute agglomération la célébration des Saints Offices, proposèrent la destruction de l'église d'Estrées, et demandèrent que l'église de l'abbaye soit à l'avenir église paroissiale.

Les habitants de la campagne s'opposèrent à ce désir intéressé, ils étaient les plus nombreux, leurs raisons sans doute meilleures, mais leurs intentions certainement plus généreuses.

(A Suivre). Abbé Pierre BOUYONNET.


UNE LETTRE

DU

COMTE DE BRUNET DE NEUILLY

Les Chasses présidentielles de Compiègne

AU moment ou le Czar a reçu l'hospitalité française à Compiègne, nous avons pensé qu'une évocation des fêtes et chasses de

l'ancienne monarchie française, en

cette résidence royale et impériale, serait assez intéressante. La lettre suivante de Monsieur le Comte de Brunet de Neuilly qui fut Ecuyer-Cavalcadour des rois Louis XVIII et Charles X, nous en est une peinture fidèle, et la réception grandiose faite au président de la République française, nous la remet en mémoire. Cette lettre, adressée à Monsieur Gilbert du Deffaut, maire de Chef-Boutonne et conseiller général des Deux-Sêvres, date des premiers temps du règne de Charles X. Nous la citons in-extenso.

Paris, 9 janvier (1) J'ai attendu que je fusse à Paris pour vous écrire, mon cher ami, et vous faire mon compliment de nouvelle

(1) Le millésime n'existe pas sur l'original de cette lettre, mais la mort de Louis XVIII datant du 16 septembre 1823 ; on peut sans crainte affirmer, pensons-nous, qu'elle fut écrite en 1824 ou 1825. L'allusion au ministère fait pencher pour 1825.


UNE LETTRE DU Cte DE BRUNET 127

année; j'étais bien aise aussi de vous dire quelques mots sur mon service, près de mon nouveau maître.

J'ai certainement été bien traité par l'ancien Roi, et j'ose dire que je le suis encore mieux par celui-ci :

Aussitôt arrivé, j'ai pris la semaine de service, et j'ai été du voyage de Compiègne. Le Roi avait eu la bonté d'ordonner que je fusse en voiture jusqu'à Verbery où il devait déjeuner : je l'y ai précédé. J'ai mangé à sa table pendant tout le voyage, c'est-à-dire que j'ai eu l'honneur de faire deux déjeuners et deux diners avec lui.

Le premier jour il n'y a eu que des battues par deux cents hommes. Le Roi, Monseigneur le Dauphin, les Ducs de Duras, de Fitz-James, étaient postés et tiraient tout ce qui se présentait. J'étais près du Roi, à sa gauche.

Le second jour, il y a eu tiré en marchant. Le Roi et les autres étaient à environ cent pas l'un de l'autre, dans des allées tracées au milieu de taillis coupés à la hauteur de la ceinture. Les batteurs remplissaient les intervalles dans la même ligne, et le feu était roulant. Dans ces deux jours, il y a eu de tuées plus de 1.200 pièces, chevreuils, faisans, lièvres, bécasses, perdrix, lapins. J'ai toujours été près du Roi qui m'a parlé bien souvent. Il a daigné m'envoyer libéralement de son gibier dont j'ai fait des distributious à mes amis. J'ai envoyé deux faisans à Alexandrine et je vous en aurais envoyé s'il y eut eu une diligence qui allât directement à Chef-Boutonne. mais j'ai craint qu'il ne fût gâté en arrivant.

Le Roi est si bon, si gracieux, qu'il met à l'aise : Nous n'étions que huit, et à dîner, douze à sa table ; la conversation a été générale et le Roi nous parlait à tous. Il nous offrait des plats et des vins qui étaient devant lui, et nous demandait de ceux que nous servions. Je ne vous parle pas de la chère qui était royale, ni des vins qui étaient exquis. Je n'ai bu à l'ordinaire que du Champagne.


128 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU CENTRE

Jamais je ne m'étais trouvé à une partie aussi agréable. Après le dîner, le Roi a joué au billard avec Monseigneur le Dauphin, et nous jasions sur les coups. Nous avons tous été très gais et sommes revenus très contents du voyage.

A Compiègne, pendant que nous dinions, le Roi a permis qu'on laissât entrer le public, qui a circulé, autour de la table.

Demain nous allons entendre la messe à Sainte-Geneviève, et demain mon service cesse auprès du Roi et commence près du Dauphin ; mais ce prince nous dispense de le suivre, hormis quand il sort en cérémonie.

Quelle différence entre notre manière de servir sous le feu roi et celle de servir sous celui-ci ! Avec le premier, c'était une monotonie ennuyeuse; maintenant on varie. Les soirées chez les Princesses sont fort agréables ; on joue, on cause.

Le ministère me paraît plus solide que lorsque j'ai quitté Paris, malgré les attaques journalières des journaux. Les discussions des Chambres nous feront connaître à quoi nous devons nous en tenir.

Viendrez-vous à Paris cet hiver ? Joséphine (1) arrive le 14 au soir. Elle avait mal à la gorge quand je l'ai quittée, mais elle me marque qu'elle a été de mieux en mieux, et que rien ne s'oppose à son départ.

Adieu mon cher du Deffaut, j'ai bien pensé à vous à la chasse et j'aurais voulu que vous y fussiez présent, surtout pour voir descendre les faisans et culbuter les chevreuils. Je vous embrasse et Hélène (2), sans oublier les enfants. Rappelez-moi au souvenir de Madame de Potonier (3). Votre bon ami, Signé : LE COMTE DE NEUILLY.

(1) Madame la Comtesse de Brunet de Nenilly.

(2) Madame Gilbert du Deffaut.

(3) La belle-mèrede Monsieur Gilbert du Deffaut qui avait épousé,


UNE LETTRE DU Cte DE BRUNET 129

A propos, j'ai reçu un mot fort aimable du Préfet qui me témoigne le désir de me connaître, et qui a exprimé le même désir à Joseph que j'avais chargé d'une commission pour lui. — Il regrette que je n'aie pu aller à Niort pour une commission dont il m'a nommé membre. »

Ange-Achille-Charles de Brunet, Comte de Neuilly, naquit à Versailles, le 15 septembre 1777 ; il était fils d'un écuyer du Roi qui avait mis à cheval les trois derniers rois de France. Sa mère était Maria-CatherineRosalie de Beauchamps, lectrice de la reine Marie-Antoinette.

Rentré d'émigration en 1814, le Comte de Brunet de Neuilly fut écuyer de main du Roi Louis XVIII, puis écuyer cavalcadour, colonel de cavalerie. Il servit aussi sous Charles X, comme on vient de le voir.

Il avait épousé en 1810. Marie-Anne-Joséphine Le Blois,

fille d'un assesseur du sénéchal de Chef-Boutonne et de

Jeanne Desmarets. Il eut quatre filles qui toutes ont

laissé postérité : et un de ses petits-enfants a relevé le

nom des Comtes de Neuilly, mais il mourut, le dernier de

sa race, en son château de Laudairie (Deux-Sevres) le

19 mars 1863.

A. DE LAGUÉRENNE ( 1 ).

le 10 juin 1805, demoiselle Hélène-Rosalie Chabot de Potonnier, fille de Nicolas, Ecuyer, Seigneur de Potonnier (de la maison des Chabot de Peuchebrun) ; et de Marie-Hélène-Rosalie Renard (voir BeauchetFilleau : Dictionnaire historique et généalogique du Poitou).

(1) L'original de cette lettre appartient à Madame Alfred de Laguérenne, née Gilbert du Deffaut.


LA

LÉGENDE du MARTIN-PÊCHEUR

Avocat, passons au déluge

(Racine, Les Plaideurs, act. III, se. III.

Cette légende, enfants, nous reporte au déluge... Depuis des mois entiers dans l'arche, son refuge, Sans pilote, Noé naviguait sur les eaux : N'ayant toujours pas vu la terre reparaître, Il lâcha, de la nef entr'ouvrant la fenêtre, La colombe, choisie entre tous les oiseaux.

Pourtant les jours passaient sans que la messagère Rapportât quelque espoir sur son aile légère : Alors Noé lança notre martin-pêcheur; Mais, fou de liberté, d'espace et de lumière, Martin fit tant et tant l'école buissonnière Qu'il en oublia l'arche et le navigateur.

Il monta dans l'azur teindre ses plumes bleues ; Dès sa première étape, il avait fait des lieues Et son ventre gardait du jour l'éclat vermeil ; Emeraude et saphyr, sa tête éblouissante Se dressait, et la terre, à ses pieds renaissante, Déjà s'énamourait aux baisers du soleil.


LA LEGENDE DU MARTIN-PECHEUR 131

Cependant la colombe, enfin, était rentrée Portant de l'olivier une branche sacrée ; Puis, le grand patriarche, en un soir solennel, Aux flancs de l'Ararat, montagne d'Arménie, Avait fait consumer, l'épreuve étant finie, Son arche en holocauste aux yeux de l'Eternel.

Et quand, pris de remords, honteux de son audace, Martin-pêcheur voulut se remettre à la trace Du vaisseau qu'il avait sans nouvelles laissé, Il ne le trouva plus, et toujours marche, marche, Demandant aux cours d'eau de quel côté va l'arche Et si le vieux Noé sur leurs bords est passé.

Lucien JENY.

Extrait des Légendes de la Nature (inédites)


BIBLIOGRAPHIE

LES BACILLES DE LA DÉCADENCE

PAR JULES DE VORYS (I)

C'est une oeuvre et une oeuvre maîtresse que cette étude des moeurs politiques et mondaines de notre époque de décadence.

Malheureusement les pièces en sont liées par une intrigue, pour ne pas dire une double intrigue, car il y en a une première destinée à préparer la seconde et qui la fait trop attendre. Cette intrigue, double ou simple, est-elle donc sans intérêt, mal nouée, mal dénouée ?

Pas du tout. Elle est captivante, habilement et vivement menée et la fin donne satisfaction au coeur, à la raison peut-être, plus que n'avait fait le reste.

Mais elle roule entièrement sur l'adultère; elle l'explique, l'atténue, le justifie presque et même le récompense, après une expiation terrible, il est vrai, qui appelle le pardon et semble l'avoir purifié.

Elle est l'occasion de scènes scabreuses et répétées où l'imagination n'a rien à deviner. Le réalisme des choses ne passe point dans les mots, hâtons-nous de l'ajouter.

La langue ne descend pas jusqu'à la roture ; elle a de la tenue, de l'élégance, de la noblesse, une pureté classique, rajeunie par la hantise d'Alfred de Musset.

Le ton est varié, le dialogue vif et spirituel succède au récit, les épîtres et les discours aux descriptions et aux tableaux; l'action marche rapide et sans heurt. Les caractères sont nettement arrêtés, et les personnages divers, qu'ils s'agitent à Paris ou en province, à la ville ou à la •campagne, au salon, dans la forêt ou la rue, dans la vie intime ou dans la vie politique, sont vrais, actuels, fort ressemblants. On les connaît, on les a vus, entendus. Ils ont été, ils ont vécu, le plus souvent ils sont encore, ils vivent toujours ; ils ont un nom qui vient aux lèvres et qu'on est tenté de leur donner, malgré leur déguisement de parade.

Il est tout à fait dommage qu'en recommandant ce livre à mes collègues et à tous ceux qui lisent autre chose que les faits divers et le feuilleton de leur journal, je sois obligé de prier les maris et les parents de ne point l'oublier sur leur table. V. H.

(1) Victor Havard, 18, rue de l'Ancienne-Comédie, Paris, 3 fr. 50.

Le Gérant: P. LANGLOIS.

Châteauroux. — T'yp. et Lith. P. Langlois et C°