104 AUTOUR DU MONDE EN POUSSE-POUSSE.
— Mais pas le moins du monde, cher Monsieur, et grâce à M 110 votre fille, j'ai appris bien des choses.
-- Tant mieux. Continuons notre promenade et allons voir
cette exposition des prisons dont on m'a beaucoup parlé Où
est donc Frédéric ?
— Encore parti ! Le petit malheureux ! s'écria Mmo Jousselin. Tu ne Tas pas vu, Ninie ?
— Non, maman ; il était là, en face, il n'y a qu'un instant.
— Ah ! maudit gamin ! si jamais je le conduis quelque part
grommelait M. Jousselin, tout en explorant les alentours d'un oeil inquiet.
Mmo Jousselin se désolait et poussait des soupirs à fendre l'âme.
— Il ne faut pas bouger d'ici, dit le médecin ; ce polisson est sans cloute allé faire un tour clans le voisinage ; il va revenir.
On attendit quelques instants ; puis M. Jousselin, craignant que l'absence cle l'enfant ne se prolongeât, se décida à monter la galerie, tandis que la mère et Eugénie resteraient sur le banc.
Tout en s'éloignant, M. Jousselin disait à cle Pontillac:
— Jetons un coup cl'oeil sur ce qui nous entoure ; cela ne nous empêchera pas cle chercher Frédéric, sur le compte duquel je ne suis pas fort inquiet, car je sais qu'il retrouvera bien l'endroit où il nous a laissés.
Puis, s'arrêtant soudain devant deux figures de cire :
— Tenez, mon cher, voici encore un grand progrès dont notre siècle peut être fier ; voyez cet homme en haillons, hâve, hirsute, ferré aux chevilles sur sa botte de paille ; c'est le prisonnier d'avant i 789 ; celui-ci, au contraire, bien vêtu, rasé de frais, appuyé sur sa pioche, c'est le prisonnier d'aujourd'hui. ,
— Le fait est qu'il est charmant, votre prisonnier d'aujourd'hui ; à voir sa mine réjouie, on le prendrait presque pour un