A M. CABET,
PROPAGATEUR DU COMMUNISME.
MONSIEUR,
Dans le N° d'août de votre journal le Populaire, que le hasard a fait tomber sous mes yeux , je viens de lire ( à propos de l'Ode sur l'envie, faible opuscule consacré par moi, cet hiver, comme consolation et comme léger secours aux ouvriers sans travail ) un long et curieux article de voire façon, intitulé : M. Cabet à M. Fournier de Virginie , à Lyon.
Si c'est un gant que vous me jetez, je le ramasse : vous avez trouvé votre homme.
A vous en croire, Monsieur Cabet, je suis, sans le savoir et sans m'en douter, COMMUNISTE (c'est fort! ),..comme vousmême... ( c'est encore plus fort !). Evidemment vous êtes, par excellence, l'homme de l'utopie transcendante. N'importe , comme ce mot de communiste , sortant de votre bouche, est sans doute un éloge, je vous en remercie très humblement, mais ma modestie le repousse. Franchement, je ne me soucie pas du tout de me parer d'un vêtement qui n'est pas à ma taille; je ne puis consentir à vous laisser draper sur mes épaules l'excentrique manteau de votre école. Ce que j'ambitionne, ce que je désire, Monsieur Cabet, c'est ayant tout la manifestation et le triomphe des principes et de la vérité, que vous ne respectez pas assez. Or, comme c'est en quelque sorte une dette d'honneur que vous m'ayez fait contracter, envers vos lecteurs, égarés d'habitude sur tan t de choses, et auj o urd'hui sur mon comptepar cemalencontreux travestissement dont il vous a plu de m'affubler dans, vos colonnes, je prends la plume