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qu'à écrire, ils considèrent toujours l'expression verbale comme un travail plus facile quo l'écriture. Il y a des personnes qui parlent plusieurs langues et sont incapables de s'exprimer par écrit dans une seule, il y en a d'autres qui ont le stylo tris personnel et parlent médiocrement. Enfin, dans un grand nombre de cas d'aphasie les malades conservent la faculté d'écriro. De même, certains agrophiques et paragraphiques possèdent la faculté de copier, môme d'écrire sous la dictée, mais sont dépourvus de la faculté d'écrire eux-mêmes spontanément.
Charcot avait observé un officier parlant le russe, le français et l'allemand ; il avait été affecté do parêsie du côté droit, et quelques mois après, d'une aphasie motrice transitoire pour le français et l'allemand. L'aphasie s'était dissipée, la parésie persistait à un degré léger, mais un phénomène nouveau s'était manifesté : l'agraphie. L'intelligence de l'officier était bien conservée, il pouvait lire à haute voix, mais il était incapable d'écrire dans aucune des langues qu'il connaissait, tout en possédant la force suffisante pour diriger la plume. Quand il fut affecté de paralysie des doigts de la main droite, il pouvait écrire des phrases correctes, quoique mal calligraphiées. La paralysie dissipée, il lui devint impossible d'écrire un mot (1).
Le sujet atteint de cécité verbale pure perd le souvenir de la signification et de la valeur conventionnelles des signes graphiques. Il voit nettement le texte imprimé ou écrit, il le comprend peut-être, mais il ne peut pas l'exprimer verbalement. Il peut même exprimer couramment ses pensées par l'écriture, mais il est incapable de lire ce qu'il a pu écrire.
Trousseau raconte l'histoire d'un malade qui avait' eu une légère attaque apoplectique suivie d'un peu
(1) Cité par Gilbert Ballet, Le langage intérieur et le» diverses formes de l'aphasie, p. 132.