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Titre : Les crimes inconnus / Élie Berthet

Auteur : Berthet, Élie (1815-1891). Auteur du texte

Éditeur : (Paris)

Date d'édition : 1876

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30095395s

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. (paginé 305-374) ; in-4

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Description : Contient une table des matières

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5658371d

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Y2-33

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 22/06/2009

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<È0 CRIMES INCONNUS"

AYANT-PROPOS.

— Ah ça! — me disait mon vieil ami X'",—pourquoi les romanciers s'obstinent-ils à metlro sous les yeux do leurs lecteurs dos drames do cour d'assises, des scènes do bagne, des vaulrins lnsaissables qui bravent sans vergogne le juge d'instruction ?Croient-its vraiment quo le public ait un goût particulier pour ces horreurs?

— Hélas ! — répond is-je.

—On disait autrefois,—poursuivit X'",—que la littérature était l'expression do la société. Or savez-vous que, si l'on en jugeait par les romans actuels, notre société aurait une forte laide expression? Nous no valons pas grand'chose, je l'avoue. Jamais ks scandales n'ont été aussi insolents, jamais la pudeur publique n'a été mise à d'aussi rudes épreuves. La courtisane a ses journaux qui la divinisent chaque malin. Des gens soi-disant spirituels (comme si l'esprit pouvait subsister en dehors du bon sens) ont attaqué tous les principes qui font la base des sociétés régulières, l'honneur, le patriotisme, que sais-je? On a ridiculisé les vertus do famille, l'honnêteté bourgeoise ; puis les croyances de toute nature, puis l'histoire, la poésie st jusqu'à la mythologie, jusqu'à la légende. On a fait table rase do touî le passé, sans s'inquié'er de l'avenir ; on s'acharne à démolir, sans songer comment on reconstruira...Oui, notre époque, ne saurait m'inspirer aucune admiration; et cependant j'ai la certitude qu'on la calomnie. Par-dessous celte couche lurbulento et ricaneuse qui s'agite à la surface, se trouvent des couches profondes où les agitations se font à peine sentir. Là existe un mondo paisible et laborieux qui ne dédaigne,nullcmentcerlains avantages, maisqui no cher• chn à ies acquérir quo par la patience, le travail et la probité. Là on rencontre une rassurante quantité d'hounêles femmes, modestes jeunes filles ou bonnes mères do famille, qui sont importunées par lo vice triomphant, mais qui no l'envient pas: uno jeunesso sérieuse occupée do fortes études; uno active et intelligente population d'industriels, do commerçants, de fonctionnaires, qui donne do nombrmx exemples de vertus privks. Mais ce mondo tranquille, où chacun accomplit sa tache quotidienne, fait moins do bruit, malgré sa masse, que quelques centaines d'individualités tapageuses qui sont

LE SIECLE. — SXXXIII. (\

toujours en scène. Comme on no l'entend pas, on le croit inerte et insensible, quand au contraire il vit, il palpite, et il esta lui seul la force la plus réello de cetto nation gangrenée à l'épidémie... — J'ignore si mou ami X"* allait continuer longtemps surco ton-là, mais jo fis une telle mouo qu'il s'interrompit au milieu do sa boutade philosophique. — Revenonsau roman actuel,— roprit-il, — et aux crimes dont le goût public lui imposo le sempiternel récit. Les romanciers sont obligés de subir ces exigences, soit ; mais, bon Dieu ! est-il donc né-> cessaire d'aller sans cesso piller Phistoiro des causes célèbres ou d'imaginer des caractères révoltants, des scènes atroces jusqu'à l'absurdité, pour exciter un puissant intérêt? Aussi bien, le crime, dans notre société hypocrite et énervée, n'a pas toujours ces allures brutales, co caractère do révolte ouverte qui appello uno punition retentissante ; il est perfide, silencieux et lâche. On l'ignore trop souvent; mais, fût-il connu, la loi serait impuissante contre lui. *

— Jo comprends; vous voulez parler du crime dintentîon, qui au point de vue de la morale publique est en effet aussi condamnable que le crime avoué. C'est encore l'ancienne histoire du mandarin de la Chine, vieux, poussif, odieux et inutile, que l'on suppose pouvoir être tué, à mille lieues de dislance, par la seul» action de la volonté... Balzac nous a débité de fort jolies etioses sur les gens qui tuent leur mandarin.

— Non, non ; il ne s'agit pas do crimes A'inUntion.J Combien peu de personnes, au, milieu des luttes ar-* dentés que nous avons tous à soutenir, garderaient leur mandarin vivant! Il s'agit de crimes volontaires, ac-' complis « avec préméditation » comme dit lo code pénal. Ainsi, moi qui vous parle, j'ai eu l'occasion do rencon-' trer dans lo monde un fils qui a tué son père, uno mère qui a tué son enfant, une femme qui a tué son mari, et d'autres scélérats inconnus, mais à peine moins abominables.

—Morbleu ! mon cher, quesl braves gens vous fréquentiez là! Eh bien! ou donc étaient le commissaire et la gendarme?

— Encore uno fois lo commissaire et lo gendarme n'avaient rien à voir dans tout ceci. Les coupables, si oh ■ leur eût reproché leur mauvaise action, l'auraient niée victorieusement, peut-ôlro môme trouvaient-ils quel»

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