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reau , qui marchait derrière elles, les tenait par une corde et portait sur le dos, à la façon d'une gibecière, un grand sac de vaeoua d'où l'on voyait sortir le manche du fatal instrument.
On avait, pour se rendre à l'endroit du supplice, environ quatre lieues à faire ; et, tout le long de la grande route de SaintDenïs à Sainte-Suzanne, était accourue une foule d'individus de tous sexes, de toutes conditions, de toutes couleurs, les uns par obligation, les autres par plaisir et curiosité : ceux-ci ricanaient au passage des fugitifs voués à la mort, et leur lançaient des quolibets plus ou moins impitoyables sur leur évasion manquéeainsi que sur l'horrible sort qui les attendait ; ceux-là. tout au .contraire, les regardaient avec commisération, les plaignaient, pleuraient au fond de leur âme; mais, quelles que fussent leur douleur et leur révolte intérieures, ils se gardaient de les témoigner et se taisaient; tandis que les trois infortunés, calmes, tranquilles, résignés, passaient sans s'occuper des regards