— ÎCM —
de broussailles en Espagne, en Vendée, les bivouacs, les marches, les contre-marches et le marronnage dans la neige de Russie, après avoir perdu mon régiment, tout cela n'a pas empêché que les premiers moments que j'ai passés ici ont été d'un dur à ne pas supporter. Le terrain ne m'était pas connu, et je ne savais où trouver à manger, où me cacher. Quand j'étais poursuivi par les détachements, je perdais la tête, je m'égarais dans les bois, dans les précipices, j'étais tout hébété, tout meurtri; et jour et nuit j'avais l'oeil ouvert, l'oreille au guet, ce qui, joint à la soif, à la faim qui me tourmentaient, me minait, me rendait à faire peur et m'aurait bientôt achevé, si par hasard je n'avais découvert le trou que vous allez voir tout à l'heure. Alors j'ai pu me reposer, dormir un peu le soir, ramasser quelques fruits, avoir en avance quelques petites provisions: et, peu à peu, j'ai sondé les lieux, je me suis fait au métier, j'ai gagné la ruse et l'expérience qu'il faut,... aujourd'hui je suis tranquille; je sais où prendre mon eau, ma nourriture, mes remèdes; je sens les chas-