Mars 1914
Une plantation de cotonniers
au pays de Djibouti
Taiîd\§«quéf nos autos filent le long de la roule d'Ambouli, où nous devons aller visiter la plantation de M. de Sinéty, ce n'est d'abord que la brousse Somalie ; c'est le désert avec sa désolation morne de sables jaunes, qui s'étendent aussi loin que la vue peut porter. Ça et là, quelques buissons sauvages isolés ponctuent seuls la monotonie effrayante de sol. Nous suivons les bords du littoral, et la baie de Tadjoura se développe sur notre droite dans son ampleur superbe, étincelant aux rayons du soleil des tropiques, comme un miroir ardent. Dans la rade se profilent au mouillage la silhouette élancée du grand paquebot des lignes de Chine avec ses trois mâts et ses deux longues cheminées noires, et le petit vapeur du courrier d'Aden, le Tadjoura, avec les étages blancs des superstructures de son château. Un peu plus loin la coque étrange et fantastique comme un mirage de la vieille canonnière désarmée le Pingouin, encastrée dans les récifs. De l'autre côté, sur la rive opposée de la baie, la ligne bleue des montagnes de Tadjoura s'estompe dans le lointain, aux confins de l'horizon du nord.
Derrière nous, Djibouti la blanche se déploie avec ses blancs monuments au style ' algérien. Ici la mosquée avec son minaret, là les grands édifices blancs delà Compagnie de l'Afrique Orienlale. Et au bord de la mer, à l'entrée de la jetée, dans les palmiers, le castel blanc du Palais du Gouverneur. Pêle-mêle, devant la ville européenne, les huttes et les paillottes misérables des indigènes somalis, construites de toutes pièces en bric, à brac.
Nous continuons notre chemin : du sable, toujours du sa-