Avril 1913
La fixité de la Côte landaise
DUNES et ÉTANGS
Pirogues.
Il sera difficile de tuer l'opinion admise par Brémonlier que les dunes avançaient vers l'intérieur des terres de 10 à 12 toises par an. Le mot n'est seulement pas de lui. C'était le vieux tarit, et il est bien étrange de le voir sans cesse reproduire et revivre. Masse dit textuellement à l'occasion de son voyage dans le Médoc en 1690 que «. les dunes avançaient communément de 10 à 12 toises par an dans les terres (1) ». A ce compte, les dunes dessinées par Masse sur trois laces des étangs et dans les intervalles de ceux-ci auraient dû se trouver en 1850, avant le boisement, trois ou quatre kilomètres plus à l'est. Elles n'ont pas montré pareille humeur voyageuse, à moins que tout cet appareil de dunes, d'étangs, de villages et de clochers ait remonté tout d'une pièce et d'un tenant « la pente du continent ». Le-pouvoir divin ou magique d'Eole était impuissant à accomplir cette, émouvante merveille, mais l'imagination populaire y suppléait en ce qui regarde le recul des villages. « J'ai vu plusieurs paysans — ajoute Masse à sa citation qui précède sur le Médoc — qui m'ont assuré avoir vu changer de place deux ou trois l'ois un môme village (2). » En même temps intervient une compa(1)
compa(1) n" 52, Ile d'Arvert : voyez aussi liull. Soc. geo<//'. Bord., 1898, p. 295. ' ' •
(2) Archives de M. Charroi pour la copie de Masse. — Ce passage est rapporté d'une manière plus accentuée par Bauroin, qui, au XV111" siècle, cite Masse dans les termes suivants : « J'ai parlé à un grand nombre do paysans qui m'ont assuré avoir vu les habitants de plusieurs villages changer de lieu et abandonner leurs demeures deux ou trois, l'ois. » (Var. bord., I, p, 328). Masse et Baurein recueillaient les traditions. Cela ne les engageait en rien personnellement, mais cela induit tout le monde en erreur, si l'on n'y prend garde.