Mars 1013
L'angoisse de la Turquie 0
Un peu partout dans la presse et la libi*airie internationales, on voit disputer froidement sur la sauce à quoi sera mangée la Turquie'. Car la tragédie orientale confine aujourd'hui à son dénoùment : les troupes insurgées ont bouté le feu à Tchataldja, bombardé de plus belle l'héroïque Andrinoplc, Scutari, et Janina, bloqué Gallipoli. Or cette terrifiante jacquerie de vassaux en révolte contre leur ancien suzerain se poursuit, triomphante, sous les yeux impassibles des puissances, qui se sont concertées cette fois comme larrons en foire, sauf à tirer ensuite pied et aile de la belle proie que l'on assaillit. L' « homme malade » nous fait l'effet aujourd'hui de ces infortunés prisonniers de guerre que, chez certaines peuplades cannibales du Haut-Congo, l'on détaille tout vifs suivant les préférences des amateurs.
Ainsi l'on admet généralement que les Osmanlis doivent subir le sort des Polonais et des Boers, ou môme disparaître à peu près complètement, comme de simples Incas. Mais qui mettra-t-on à leur place, dans cette Thrace tant convoitée et dans cette fertile Anatolie?
La plupart des publicistes qui se sont occupés de la question d'Orient, concluent à l'alternative suivante : absorption de la péninsule par la Russie et l'Autriche; transformation des nationalités existantes en Etats indépendants.
On craint à juste titre la première de ces éventualités. La réalisation du rêve de Pierre I 01' n'irait pas, en effet, sans de
(1) Nous avons tenu à publier sans y ri on changer celte intéressante correspondance d'un collègue 1res informé. Nous rappelons seulement que les opinions exprimées ici par nos collaborateurs n'engagent, qu'eux mêmes.
X. D. L. i;.