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Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir

Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)

Date d'édition : 1912-04-18

Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 126844

Description : 18 avril 1912

Description : 1912/04/18 (Numéro 12955).

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k564310t

Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 18/06/2008

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LA CATASTROPHE DE TERRE-NEUVE On ignore toujours le chiffre exact des rescapés du « Titanic » Est-il vrai que le « Baltic » aurait recueilli des survivants ?

Londres, 17 avril.

In oàblogramnie expédié «le Halifax à i'Exchauge Telegrapb laisse entendre t4uç tous les passagers sauvés du Titanic na seraient p«» abord du Carpalhia. Il y en au- ruit d'autres, plusieurs centaines d'autres, qui -auraient été recueillis par le paquebot Baltic. Est-ce vrai'' Tant de fausses nouvel'les nous sont, depuis quarante-huit heures, arrivées d'Amérique que seuls y croient ceux qui, contre toute espérance, persistent frçwre. à- espér-iT. Voiji néanmoins ce télégramme

Le tapeur -parle-câbles Minia, qui est arrivé ce malin à Halifax, déclare avoir intercepté un marcoiiig ranime annonçant que. le, paquebot Balti-e, de la Whita Star Line, nurait recuc'Ui 25V passayers du Titanic, ce qui, avec les à boni du Carpathia-, porterait le total des naufragés sauvés à I0IO. Mais la dépêche ajoute, •̃̃ nication directe Le capitane du Minia atoute de plus que ses appareils de télcyraphle sans fil ont enregistré tant (•<̃̃ pas garant de l'exactitude de celui qui signale les sauvetages effectués par le Ualtic.

LES FÂÛXJRÉCITS

De quoi, d'ailleurs, pourrait-on se porter garant e,n ce moment, bien que depuis hier matin neuf heures (heure de New-Yorks, jusqu'à ce matin à la même heure, un n'eût pu entrer en communient ion ni avec Yolyinl'il', ni avec le Carpalhia, un journal américain n'eu a pas moins cru devoir publier un récit aussi délailJé qu'émouvant de la catastrophe du Titanic. Ce récit qui avait, disaïl-on, été écrit d'après tes messages de télégraphie sans fil échangés entre les paquebots accourus sur les ).eux du sinistre et interceptés par le navire l>r>h;e, fut, cela va de soi, immédiatement câblé à Londres par tous ies correspondants de lournaux et d'agences.

Il n'avait qu'un défaut et capital celui d'avoir été inventé de toutes. pièces. Au début de l'après-midi, un cùblogrcmune de Sain't-Jean-de-Terre-Neuve te démentait formellement. L'opérateux-maredni du vapeur Bruce, en débarquant a Saint-Jean, déclarait, .en effet, que ce vapeur ne s'était, à aucun moment, 'trouvé," en communication par télégraphie sans iil avec Titan il', ou avec l'un des paquebots accourus il son secours. Tout ce qu'il avait reçu, u sujet du sinistre, c'était une simple note qui lui fut transmise par l'opérateur de la station du Cap Race pour le prévenir du désastre, et cela quatre heures seulement avant son arrivée à SaintJean. Au moment où le Titanic sombra, le Bruce était à milles ne distance et ne recueillit même pas le signal de détresse. A la vérité, on ne sait pas encore de façon précise le nombre des passagers sauvés par le Carpalhia. Hier soir, on disait qu'ils étaient an nombre de 868. Un rnarconigranv me expédié par le Carpathia et retransmis à Halifax par le Franconia, réduit ce soir ce nombre à 703 seulement, soit t63 de moins. Le message de télégraphie sans fil disanl 705 passagers, on il voulu en conclure que le capitaine du Carpathia ne comprenait pa.s dans ce nombre loffi hommes d'équipage. Il est peu vraisemblable toutefois, que 163 de ces derniers aient pu prendre place, pour les manœuvrer, daM les vingt canots de sauvetage du bord. Alors'? Alors, c'est le doute toujours, a,ussi bien quant au chiffre des survivants qu'à celui des disparus. "LE "CARPATHIA" SERA CE SOIR A NEW-YORK

Le s&ul message officiel reçu ce soir à. six heure* du Carpathia et communiqué par la White Star Line, disait que le navire se trouvait au moment où il expédiait ce télégramme à 596 milles à l'est du bateau-phare d'Ambrose, situé à l'entrée de la baie de New-York et que tout le monde à bord allait bien.

A l'heure actuelle, grâce a un marconi.gramme du Franconian, on sait de plus let ce renseignement est confirmé ofrtcielkv,ment par M. Franklin, vioe-président de la JWbiteStar Line, que le Carpathia arrivera i<tenEBn-soir jeudi, huit heures, à New-York.

Mme Ninettc Aubart

la seule pQsSagcre française du « Tiianic n ( authentiques de la catastrophe nous par- j viendront, dans la nuit de jeudi a vendredi. c Si l'on n'a reçu aujourd'hui du Carpathia f ni des détails sur le sinistre, ni même une c

yiouvclle liste de survivants, on sait qu'il manquerait 'encore plus de cinq cents noms. Plusieurs marconigrnmmes expédiés de l'Olympic par le ef des informations de VUnited Pre&s .tWociatian, V. Roy Howard, qui se trouve à bord de ce navire, nous tut renseignés un peu sur le résultat des recherches opérées dans le voisinage do l'endroit où s'est produit le naufrage du Titanic. C'est ainsi qu'ils annoncent qu'un certain nombre de cadavres ont déjà été retrouvés et seront transportés vraisemblablement à Boston par

qai a échappé la catastrophe

le paquebot Californian, de la compagnie Leyland.

Ù Oluniptc poursuit sa route. A bord de ce paquebot, où une profonde tristesse règne, une souscription a été ouverte en faveur des veuves et des orphelins des marins du Titanic. Durant presque tdtate la journée d'hier, VOlympic est resté sur place pour assurer la transmission des noms des survivants, noms qui lui ont été envoyés par le Carpathia. Ce n'est que lorsquc le capitaine Haddock eut reçu t'ordre de reprendre sa route que cette transmission fifl interrompue et que les passagers furent autorisés à envoyer h lueur tour des marconigramm.es. DEUX MESSAGES DE M. FALLIÈRES Le Président de la. République a adressé au roi d'Angleterre et au président de la République des Etats-Unis les télégrammes cidessous

Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande et des territoires b'ritanniqtws au delà des mers, empereur des Indes. Londres J'ai à cœur d'exprimer personnellement, à Votre Majesté la profonde tristesse avec laquelle j-'ai appris l'horrible catastrophe du Titqnic et je la prie d'agréer mes plus vives 'et sincères condoléances. « Signé A. Faluères. »

A Son Excellence monsieur Ta{t, président des Etals-Unis d'Amérique, Washington C'est avec une profonde affliction que j'ai appris la terrible catastrophe du Titanic, qui met en deuil tant de familles américaines, et j'ai à cour dé vous adresser mes très sincères condoléances.

Je tiens à. dire à Votre Excellence que je prends part à ses angoisses au sujet du sort de son aide de camp et ami le major Butt. Signé A. FALLIÈRES. »

UNE NOUVEL^ ALARMANTE Fez serait révoltée? Tanger, 17 avril.

Une nouvelle alarmante circule en ville. ¡ On assure que Fez se serait révoltée les troupes chérifiennes se seraient mutinées, les sous-officiers auraient été attaqués aucun détail n'est parvenu. Une attaque des tribus est attendue sur JaMoulouya Oudjda, 17 avril.

Une grande effervescence règne parmi les tribus de la rive gauche de la Moulouya. On redoute la formation d'une nouvelle 1 harka. En prévision d'une attaque des rebelles t contre les troupes françaises de la Moulouya, le général Alix est parti pour Taourirt, afin de prendre toutes les dispositions nécessaires.

Quatre légionnaires, blessés au combat de Mahiridja, ont succombé.

Ces décès portent à vingt-huit le nombre de nos morts dans ce combat. Les blessés ont été transportés à Taou- r rirt. c Leur état est aussi satislaisant que possi- ble. Un seul d'entre eux est encore en der- 1 ger. n tes négociation» de Madrid c Londres, 17 avril. jl

On assure, dans les milieux ordinaire- d ment bien, informés, que le gouvernement 1 britannique aurait renouvelé à Madrid ses conseils de modération et de sagesse. ia On espère, dans ces conditions, que le ca- d binet espagnol modifiera de lui-même les dernières propositions faites à la France, de ti façon à en faire une base sérieuse de négo- n

l'aviateur Verrept fait une chute mortelle S'EST-IL SUICIDÉ PAR DÉSESPOIR D'AMOUR ? L'aviateur John Verrept, un hardi pilote de l'air, s'est tué hier, au cours d'un vol qu'il accomplissait à Châteaufort, près de Versailles. Accident ? Suicide ? On ne saiL Pour les uns, Verrept aurait été pris d'une congestion et aurait abandonné ses leviers pour certains, il se serait laissé tomber sur Il,, sol par désespnjr d'amour pour d'autres enfin, il ne s'agirait que d'une de ces chutes toujours possibles et dont la liste est, hélas trop lungue.

Hier matin, vers six heures, comme de couturne, Verrept se rendit à Châte ufort, près de Versailles.

11 flt sortir son appareil, et, sans avofr dit un mot d'amitié à ses mécaniciens, comme il le faisait d'habitude, il prit son vol et moula aussitôt à une très grande hauteur. Il évoluait depuis trois quarts d'heure environ, quand on le vit commencer sa dcscente de Vès de 1.Q00 mètres, le. moteur tournant toujours.

Arrivé vers deux cents mètres du sol, la descente se transforma en chute, et l'appareil tomba verticalement.

A une trentaine de mètres de terre, John Verrept fut précipité hors du fuselage de son appareil et vint s'écraser sur le sol à côté des débris de son monoplan.

De toutes parts on ce précipita pour relever l'aviateur, qui respirait encore. On le transporta avec beaucoup de précautions dans un hang&i d'abord, 'pitis à^'hôpitat dfc'< Versailles, mais il expira presque aussitôt arrivé.

Suicide ?

Il ne nous appartient pas de rechercher les causes de ce déplorable accident. Voici, à titre de renseignement, la version que les amis de Verrept en :lonnent, et qui semble confirmée par une scène émouvuntc, dont l'hôpital de Versailles a été le théâtre. L'aviateur, disent-ils, un grand garçon très doux, aux grands yeux bleus, s'était mis à aimer follement.

Ce fut, dès les débuts, un enchantement continuel, mais comme dans toutes les unions, quelques querelles vinrent troubler la bonne entente et Verrept, très aiment et très sentimental, s'en était vivement affecté. Dernièrement, Verrept avait demandé à celle qu'il aimait une photographie avec une dédicace mais, sans doute par taquinerie, sa maitresse lui avait Tefusé cette joie. La mélancolie ,du brave garçon s'était accentuée il revint maintes et maintes !ois à la charge et devarlt le 'refus obstiné de la jeune femme, qui semblait se détacher de lui, il avait dit

Si tu ne reviens pas avec moi, je me tue. Un de ces jours, en plein vol, je me laisserai tomber de 300 mètres de haut. Son amie avait ri de ces propros qui, croyait-elle, n'étaient pas sérieux. On ̃sai.t ce qu'il advint. En tout cas, aussitôt prévenue de la' mort] du malheureux, sa maîtresse accourut affo-

lée à l'hôpital, où l'infortuné pilote reposait dans une salle spéciale.

Ce fut alors une scène poignante la jeune femme se jeta sur le corps de celui qu'elle aimait, malgré tout, en lui prodiguant les paroles et les caresses les plus affectueuses Pourquoi t'es-tu tué, mon John? 'Je croyais que tu riais quand tu me disais que tu te tuerais 0 pardon pardon

On dut l'écarter du lit funèbre,

La carrière de John Verrept John Verrept était un excellent pilote. Né en 1878, en Belgique, il avait fait son apprentissage de pilote sur monoplan et avait obtenu facilement son brevet.

Engagé dans la course Paris-Madrid, il avait cédé son appareil à Védrines, qui avait endommagé le sien en capotant au départ, et permis ainsi à ce dernier de gagner la grande épreuve. II Ht de nombreuses excursions, devint chef-pilote d'une importante maison et battit, le 20 janvier dernier, le record de la hauteur, avec deux passagers, par 1,075 mètres.

A Chàteaufort, il évoluait chaque jour, se faisant remarquer par, ses vols pleins d'une rardiesse effrayant.

Verrept, qui jouissait de l'estime de tous ses camarades, sera profondément regretté. De nombreux amis sont venus hier à' l'hôpital de Versailles saluer sa dépouille mortelle.

Mme FALLInRES^ échappe à un accident Rambouillet, 17 avril.

Vers cinq heures et demie du soir, le Président de la Bépublique et Mnie Faîtières aisaienl, avant de renlrrr pour diner au ;hàleau, une promenade dans les jardins.' Ils épient parvenus à l'entrée des allées tes Quinconces, quand le bruit d'un craquement se lit soudiiin entendre, accompagné d'une avalanche de feuilles. Instinctivement. Mme l'aiiièrcs se recula uste au moment où une maîtresse branche l'un hêtre séculaire s'abattait sur le sol. à i 'endroit où elle se trouvait une seconde au- mravanl. Son mouvement instinctif lui i ivait perniis d'échapper à un grave acci- ̃ lent.. Cet incident a produit une vive émo- ion parmi le personnel du château, de mé- i ne que parmi les nombreux promeneurs lui circulaient dans le para.

Avez-vous vu l'éclipsé? SI MUS NE L'AVEZ PAS VUE, LA VOILA, EN RÉCITS ET EN IMAGE?

Entre du; heures et demie et une heure et demie de l'après-midi, la plus grande partie des citoyens français a passé son temps, hier, à regarder le soleil et la lune à travers des morceaux de vitre fumés, des plaques photographiques voilées, et autres instruments similaires qui donnaient à chacun l'illusion d'être, pour un instant, un astronome presque éminent. Car, conviée par les observatoires européens à passer entre te soleil et nous, à l'heure qu'on lui avait fixée, la lune a ou la coquetterie de ne point se dérober à cet exercice peu dangereux, et le soleil, bon diable, avait, à la joie des savants, pourchassé les nuages insolents qui auraient voulu gâter cette fête astronomique. L'éclipse a donc été observée de la meilleure façon, et par les professionnels, et par les amateurs, les premiers affairés et graves, les seconds amusés et gouailleurs. Bref, chacun a pu, dans son petit cadre, faire quelques remarques qu'il n'aura plus 1 occasion de répéter.

Le phénomène dont il s'agit ne se reproduira, en effet, que le 11 août 1998. A cette époque lointaine, combien d'entre nous seront-ils encore de ce monde ?.

Pendant l'observation du phénomène les rues de la capitale présentèrent l'aspect le plus pittoresque.

C'est très certainement à Paris que l'éclipse a obtenu le plus gros succès de curiosité. Sur quelque point de la ville que l'on se trouvât, ce n'était que gens regardant en l'air, un morceau de verre noirci devant les yeux. En certains endroits, une foule nombreuse s'était formée. Tout naturellement, ilaftluence s'était portée vers les grandes voies, les larges places, les quais, les ponts | même, là enlin où le champ visuel était le plus découvert

Place de la Concorde, les terre-pleins étaient envahis par les curieux. On remarquait beaucoup, en la déplorant, l'absence de l'astronome populaire qui, depuis une cinquantaine d'années, braquait vers le ciel une lunette grosse comme un canon.

Renseignements pris, le brave homme a disparu depuis plusieurs mois. Son télescope a été trouvé abandonné des cantonniers l'ont remisé avec leurs balais dans le soubassement d'une des statues de la place. Prévoyant une obscurité profonde, l'administration avait fait allumer tous les réverbères. La lueur jaune des becs de gaz apparaissant en plein jour contribuait à l'orii ginalité du tableau.

Dans les Champs-Elysées, autour de l'Arc -de Triomphe, avenue du Bois-de-Boulogne, le spectacle est le môme. Partout, les bãiauds sont assemblés, le nez levé vers le firmament.

Sur certains points, la foule a envahi la chaussée et rend très difficile la circulation des voitures.

Au Champ-de-Mars sont massés des étrangers en tenue de voyage, abondamment pourvus de jumelles fumées, de lorgnons et de lunettes d'approche.

A Grenelle, à l'Ecole-militaire, ouvriers sortant des usines ou soldats libres pour une heure contemplent eux aussi le phénomène. Chacun en donne l'explication et Dumanet, qui a lu les journaux, tient autour de lui un cercle ébahi.

Au quartier Latin, les étudiants qui logent. sous les.toits sont à leurs fenêtres en joyeuse compagnie. Les autree, dont le logis a le défaut momentané d'être trop près du sol, sont sortis. Aux terrasses des cafés du boulevard Saint-Michel, dans le jardin du Luxembourg, ils se sont. choisi un poste d'observation commode.

Aux Halles, de braves gens ont installé de grands seaux d'eau en pleine rue. Le ciel s'y mire. Tout à l'heure, l'éclipse y sera visible à l'œil nu. Ce dispositif sommaire obtient le plus grand succès.

Dans les quartiers du centre, sur les boulevards, à la sortie des bureaux et des ateliers, c'est une ruée générale vers l'endroit où la vue n'est pas gênée par les maisons ou ies arbres.

Des groupes épais se forment. Les camelots vont de l'un à l'autre, vendant des carrés de verre noirci ils font de brillantes affaires et leur stock s'épuise rapidement. malgré l'attention de la maison Bernot, dont l'objectif, édité par elle et distribué gratuitement à un millon d'exemplaires, a été le succès de la journée sur les places et dans les rues, c'est par milliers que les petits disques Bernot sont tournés vers le ciel, Sur la place de la Bastille, ^un opticien a dressé un télescope. Pour quelques sous, les curieux peuvent profiter de t'appareil. L'uastronome » fait une recette merveilleuse. Au fur et à mesure que le phénomène arrive son complet développement, les curieux, dans las squares, remarquent l'ombre singulière projetée, sur le sol, par tes feuillcs elle affecte la forme de croissants. L'ombre des curieux eux-mêmes devient toute petite et est très noire.

A L OBSERVATOIRE

A l'Observatoire, des astronomes étaient montés, dès dix heures, sur leur tour. Et, pour n'être pas dérangés dans leur retraite, ils avaient consigné leur porte, qui ne s'ou- vrait à personne.

Sur la grande terrasse donnant sur le boulevard Arago, MM. Giacobini et Chatelier étaient aux équatoriaux, Mme Chandon au télescope.

A la coupole nord, MM. Hamy et Millochau photographiaient le spectre solaire. Dans les jardins, MINI. Le Morvan et Jules Baillaud phoiographiaient, eux, les diverses phases du p-liônoniène lui-même. Bref, tous .les astronomes officiels s'étaient partagé les postes.

M. Baillaud, le second directeur de la maison, a bien voulu, dans la, soirée, nous don- ner les renseignements suivant sur les ré- sultats obtenus

La plus grande phase de l'éclipse, qui était partielle, comme vous le savez, à Paris a élé observée par M. Giacobini, à K h. 10' 'o3". Deux autres observateurs, MM. de Demefrcseo et Crozes, au moyen de lunettes de dix mètres de long, ont aperçu les protubérances roses, En outre, le résultat le plus important consiste dans l'obtention de 250 cliehés qui permettront d'étudier plus tard, géométriquement, et au point de vue, de la spectroscopie, le phénomène qui s'est produit.

Le premier contact a été constaté par MM. Cirerar et Dougier à 10 h. 48 m. 35 s. 5.

Les deux contacts ont été observés s :multanérnent.à midi 9' 48". A ce moment, le diamètre de la lune et celui du soleil étaient apparemment identiques. L'éclipsé était légèrement annulaire. En quelque sorte, les deux' contacts intérieurs ont été confondues D'antre part, nos astronomes ont parfair tement constaté les « grains de Buily », dus aux montagnes de la lune. Eniin, on a très bien pu observer à l'ceil nu, à sud-ouest, la planète Vénus très brillante. La planète Mercure, trop près du soleil. n'a pu être vue. On a donné aux appareils enregistreurs magnifiques une vitesse' de développement six fois plus grande, de façon à enregistrer tous les détails. Les détails ne scront connus que demain. l'enregistrement ayant été tait photographie} uerneiit.

La chaleur était au premier contact, c'està-dire à 10 h. 48' 39' de 6 elle a monté jusqu'à 11 h. 20 et a atteint Puis elle est redescendue et a accusé un minimum de 110 à midi 17, c'est-à-dire huit minutes après le plein de l'éclipse,' Elle est remontée ensuite sensiblement avec des oscillations. La remonte a été plus r&.pide que la-descente.

DU HAUT DE LA TOUR EIFFEL

De nombreux curieux avaient choisi lu- troisième plate-forme de la tour Eiffel pour observer le phénomène. Le .spcclaHr qu'ils eurent à cette hauteur fut l'un des nhjy impressionnants et des plus que l'on puisse imaginer.

Tout d'abord, ils virent les innombrables toits de la capitale scintiller sous t'éclatante et blonde lumière. A leurs pieds, la Seine étalait son ruban miroitant.

Mais voici que des crépitement-s refentissent. Ce sont les appels que le commandant Ferri> directeur du poste rndiotolégraphique. lance vers les stations de Montpellier et de Nancy dans le but d'étudier l'influence que les rayons solaires peuvent avoir sur les ondes hertziennes.

L'heure approche. La lune rommence à ronger le disque solaire qui s'échancre en un croissant sans cesse aminci. JJn dirigeable se montre du côté d'Issy-les-Moulineaux. Il traverse Paris et se perd dans la brnme vers Charenton. De toutes parts des ballons sphériques s'élèvent et se perdent dans le ciel.

Le canon de la tour annonce midi. Le moment solennel est^iroche. Tous- les spectataurs braquent, vers l'astre obscw-ci, leurs verres fumés. Un vent frais souffle à travers la charpente métallique. Des gens frileux endossent leurs pardess'US-

La ville immense semble se perdre dans le crépuscule.' Une lueur blafarde noie toutes choses, les eaux de la Seine sont noires. Là-bas, sur la place de la Concorde, des lumières s'allument. On croirait que Paris va s'ensevelir dans un sommeil dont il ne se réveillera plus.

Puis, peu peu, le soleil émerge de l'écran qui l'avait recouvert. Le phénomène se reproduit en sens inverse. Triomphante. la lumière réapparaît. Pari» reprend son aspect et sa vie.

1 SUR LA LIGNE DE TOTALITE

Trois missions avaient été envoyées dans la banlieue par l'Observatoire de Paris. La première, dirigée par M. Bocquet, observa la région entre Grignon et les Cluyes à l'aide d'une immense lunette. A ClorïnriUes-cii-Parisis s'étaient rendus pleins destines au\ cunon^ se dressaient lés pacifiques lunettes, prr> desquelles s'em- h Dès dix Ivui -'s 8t demie, ;'i. h-iirs pa->- rayonnement dans les diliérenles régions du spectre solaire. Pendant ce temps.* M. liigmirdan. eoilTô d'une casquette de velours, metlail au point son équaWinl.

'La troisième mission, installée k Liancourt, dans la propriété du général Bassot, J'astronome connu, étudia la position des astres.

LES POLYTECHNICIENS OBSERVENT Sur la route de Neauphle il Trappes, comme d'ailleurs dans toute la région où" J'éclipse était prévue totale, ce fut durant toute la matinée un va et vient ininterrompu d'automobiles et de véhicules de toutes sortes, amenant les observateurs du phénomène céleste.

Les élèves de l'Keole polytechnique, qui avaient reçu mission d'observer plus spécialement si l'éclipsé d'hier sérail annulaire ou totale, étaient venus >'n train spécial, «ms la direction de .\1. r.n-vuiho, l'un de leurs professeurs. Ils avaient déplacés, tous les cent mètres environ, en faction sur les bords du chemin.

Trois postes principaux avaient été établis l'un aux environs de Neauphle-leVieux, à proximité de la station de Villiers l'autre, au carrefour de la Grand'Croix le troisième, derrière la gare de Trappes, dans un parc où M. Teistjwene do Bort possède un petit observatoire de fortune.

Un peu partout, les opérateurs de cinématographe sont prêts à enregistrer les phases du phénomène, à l'aide d'appareils- spécialement aménagés eu construits et dont la plupart serviront.l'an prochain pour l'éclipse du Brésil, laquelle sera fort intéressante aussi, puisque la durée d'oblitération totale du soleil sera de plusieurs minutes. Vers dix heures et demie, au carrefour de la Grand'Croix, un automobiliste arrive en trombe, Il enroule autour d'un arbre une ficelle et au bout de celle-ci attache un cable électrique qu'il se met en devoir de dérouler. L'extrémité de ce câble. suspendue à la capote de la voiture, forme une antenne, In autre fil nxé à la tige du volant de l'automobile est relié ainsi que le prenjier 1:1 'un enregistreur. Nous allons être en relations