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Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir

Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)

Date d'édition : 1912-04-16

Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 126844

Description : 16 avril 1912

Description : 1912/04/16 (Numéro 12953).

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k564308h

Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 18/06/2008

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ÉDITION DE PARIS

Les poètes sont des individus singutiers que les gens sages dédaignent, parce qu'ils ne voient pas très bien à quoi ils peuvent servir.

C'est ce que demande, non sans une nuance de mépris, la filleule du roi Louis XI au Gringoire de Thé0dore de Banville, et l'on sait comment le gueux parvient à éviter la potence en se faisant aimer de cettc jeune fille, à laquelle il arrache des larmes, en lui expliquant, en. vers superbes, le rôle magnifique de ces assembleurs de mots, épris de rêve et d'idéal, sensibles à toutes les beautés, et capables de braver les puissants et de venger les pauvres avec quelques strophes immortelles.

Tout de même, depuis Villon, les poètes n'ont souvent été que de malheureux incompris. Les uns sont morts, victimes de leurs longues miseres, quand un rayon de gloire tombait enfin sur leur front. Les autres n'ont pas eu cette consolation suprême, et c'est au milieu de l'indifférence générale qu'ils sont partis, laissant à des amis fidèles le soin de recueillir leurs œuvres éparses et d'en appeler à la postérité, qui se plait à réparer tes erreurs et les iniquités.

Parmi les premiers, parmi ceux qui, de leur vivant, eurent la joie de voir apparaître la célébrité, Murger figure à la meilleure place, le pauvre Murger, inoffensif, doux et bon, qui portait en lui une flamme divine d'amour et de jeunesse, et nous montra la bohème, dans toute sa folie et son honnêteté. Lorsque Murger. déjà connu et aimé, tomba malade, il lui fallut, cependant, aller à l'hôpital, et ce fut là qu'il mourut, jeune encore, mais usé par les priva.tions, par la détresse de ses vingt ans, où il n'avait pour vivre que les quarante francs mensuels obtenus de la « générosité » paternelle Depuis, on lui a élevé une statue, honneur trop attendu, précédé de l'affection de la foule. On n'admire pas Murger. en effet, et c'est mieux. Il a conquis les cœurs, avant d'avoir gagné les esprits.

Mais. pour d'autres, les témoignages d'estime, de sympathie ou d'enthousiasme, ne furent pas, malheureusement, précédés d'une sorte d'aurore de gloire, venant rendre moins pénibles les approches d'une tombe déjà ouverte. Ils moururent ignores, avec le cruel sentiment, (le leur isolement, semblable a ces in- j lenteurs de génie qui disparaissent sans avoir pu vaincre 1 hostilité ou la méfiance de leurs contemporains, et sa- chant qu'ils emportent avec eux un de ces secrets qui valent pArfois a leurs possesseurs le titre de oienfaiteurs de la Camille humaine.

A ces poètes de désespoir et de malédiction jE pensais ces jours derniers, en apprenant qu'un comité d'artistes et de (littérateurs venait de se constituer, à !Paris, sous la présidence d'honneur de jM. Richepin, pour élever un double mojnument au poète Tristan Corbière et à (son pere, Edouard Corbière, qui fut, en [France, le vrai créateur du roman maritime, du roman documenté, exact, sorte !de protestation contre les fantaisies pré- •cédentes. au nombre desquelles on peut irsentionner la Salamandre d'Eugène Sue.

Autour de M. Richepin, des hommes tels que MM. Le Braz, Le Goffic, Ch. Morice, Léon Durocher, Armand Dayot, Ajalbert, etc., se sont groupés pour cette œuvre de justice, et, grâce à eux, le nom du pauvre Tristan Corbière viendra jusqu'au grand public, qui l'ignore, qui n'a rien lu de cet écrivain, dont les Amours faunes, les Gens de naer, les Ronde/s, la Sérénade des Sérénades, etc., ont été, il y a peu de temps, réunis en un volume en tête duquel M. Le Goffic, fidèle à la Bretagne etaux Bretons, a placé une étude où il nous dit ce que fut ce rêveur maladif, cet enfant perdu du songe, à qui Verlaine a consacré des pages merveilleuses au début de ses Poètes mdudits, et dont la courte vie doit nous inspirer une profonde pitié.

Cette existence pourrait tenir dans les lignes suivantes, par lesquelles commence l'étude en question « Le l°r mars dans la trentième année de son âge. s'éteignait à Morlaix un pauvre être falot, rongé de phtisie, perclus de rhumatismes, et si long, et si maigre, et si jaune que les marins bretons, ses amis, l'avaient baptisé dra Ankuu (la Mort). » Il faudrait y ajouter le passage ou M. Le Goffic raconte comment Corbière, ayant pris le prénom de Tristan, qui lui convenait à merveille, baptisa son chien de mème. Cet animal était, parait-il, le plus crotte des barbets de toute la Bretagne. D'une exemplaire fidélité, il ne quittait jamais son maitre, et tous deux, lorsque la famille Corbière, l'été fini, abandonnait la vieille maison de Rosco.ff où elle aimait à passer les beaux jours, se logeaient dans l'ancienne demeure. « Tristan Corbière prenait possession du salon et y remisait son canot, dont il faisait son lit; Tristan le chien couchait à l'avant, dans une manne à poissons. »

Naturellement, au pays de Corbière, :ette manière dé vivre ne valait pas au poète une grosse considération. A Paris, ouil venait parfois, elle ne frappa point le public, qui ne fit aucune attention à l'apparition d'un petit recueil de vers, les Amours jaunes, où l'on rencontre à chaque page la marque de la plus etrange originalité. L'auteur mourut deux ans après. apprécié des cénacles, ignoré de la foule, et ayant écrit sur les gens et les choses de la mer quelques brefs poèmes d'une sombre beauté. Avant sa mort, il avait eu le temps de préparer un second volume, qui ne fut nas oublié et où s'affirmait son grand

talent, une sorte de génie bizarre et tourmenté, qui laisse la pensée en suspens, comme si elle sombrait brusquement dans un océan tumultueux. Ces œuvres, qui prendront peu à peu la place qu'elles méritent donnent l'idée d'un miroir. Elles réfléchissent la vie de cet infortuné, transformé brusquement, par la maladie, du bel enfant qu'il était en un personnage chétif, malingre, ridicule et laid, charge vivante. portrait caricatural, pourvu avec cela d'une âme ardente, dont l'ironie et le sarcasme du vers dissimulent imparfaitement la profonde sensibilité.

Les Corbière, le père et le fils, auront donc leur médaillon, œuvre du sculpteur Bourdelle. Ainsi, dans leur petite patrie, tous deux seront honorés. Excellent hommage, en ce qui touche le père réparation, en ce qui concerne le fils, et qu'on voudrait voir s'étendre à tous les descendants de Villon qui. de nos jours, 1 poursuivent leur rêve, sans chercher un renom de mauvaise qualité dans des oeuvres faciles et vulgaires.

En somme, ces poètes, qui vivent auprès de nous d'une manière si différente de la nôtre, rendent matérielles et palpables nos secrètes pensées, nos colères, nos indignations. Ils expriment tout haut les sentiments qui se cachent au fond de nos coeurs, en .les embellissant de la magie des mots. Les uns célèbrent nos vingt ans, et les autres l'activité des villes, la puissance des maçhiaes, la for- jmidable poussée des masses vers un avenir meilleur. Il en est qui racontent la misère des humbles, les hontes quel nous souffrons au sein de notre société la fureur des vaincus tt l'insolence des vainqueurs.

Ils suivent des yeux et révèlent toutes les manifestations de l'âme humaine, et sont comme la voix de notre conscience. Nous leur devons bien le remerciement du marbre ou du bronze, qu'ils se nom- ment Murger ou Corbière, l'un chantant l'amour et l'autre la tristesse. Nous faisons halte pour les écouter, et nous n'en reprenons qu'avec plus de courage le combat quotidien, un moment inter- rompu.

JEAN FROLLO

POLITIQUE NATIONALE Jk Le discours, que M. Poincaré a pronon- ^BT '• Mer, au conseil général de la Meuse, formule en terrnes aussi précis qu'éloquents un programme de gouvernement auquel tous les républicains peuvent et doivent souscrire

Sur notre attitude à l'extérieur, sur notre souci de la dignité nationale et notre amour de'la paix européenne, sur notre fidélité à !-n3t.rf Alliance et il imUe Entente cordiale, le président du Conseil a trouve des mots heureux ci. qui complètent à nier\eille le large et puissant tableau qu'ii avait tracé ir Cannes. Mais c'est surtout la politique intérieur que NI. Poincaré a envisagée. Il s'est efforcé dé dégager les idées maîtresses sur lesquel- les tous les serviteurs de la démocratie peuvent s'accorder, celles qui dominent toute la vie publique de ce pays. Il s'est élevé au-dessus des classements théoriques et des dé- marcations arbitraires, pour énumérer !*>.̃? mesures et les réformes qui découlent en quelque sorte du principe même du régime. et qui continueront l'évolution commencée de longue date.

Le programme qu'il a exposé, avec l'art convaincant qui caractérise sa manière oratoire, est tel que nul républicain ne le saurait contester. Si au cours des quelque mois de la session ordinaire et de la session extraordinaire de 1912, le Parlement venait à réaliser ce plan de travail, il aurait M en mérité de la France. Car c'est une véritable politique nat.ionale, soustraite aux influences de coteries et de sous-groupes, conforme aux désires de la masse du corps électoral, que préconise et que délimite à la fois le discours de Bar-le-Due.

en pleinjcéai

Qf EST DIVIM L'JBIIOMITt ou LE «OMJIT? Bordeaux, lo avril.

Le capitaine du vapeur norvégien Skraasiad, venant de Xewport, est arrive aujourd'hui à' Bordeaux, ramenanl un balloti sptlérique de 1,600 mètres cubes qu'il avait recueilli hier, à 10 heures du malin, à environ 1ï milles au large des Sables-d'Olonne. Ce ballon, qui battait, pavillon de l'AéroClub de France et portant une flamme jaune et bleue, u été reconnu pour être le Zodiac. que montait NI. Jules Leioup, l'un des concurrents qui partirent, santedi, des coteaux de Samt-Cloud, pour disputer la coupe Emile-Uubonnet.

L'aérostat était légèrement endommagé, le cerceau était brisé un endroit. Smmm mouvollms de leloup

\1 Juks f.eloup. qui montait le Zodiac, est V seul concurrent de la Coupe Dubonnet -dont on était encore sans nouvellés hier soirà l'Aéro-Club de France.

M Georges Besancon, secrétaire du club, avec qul nous pûmes nous entretenir quetques instants à ce sujet, nous déclara M..Iules Lelotiji était parti l'un des derniers, et il n'était pas loin de six heures lorsqu'il quitta le: Coteaux de Sant.Cloud. Pilote expérimenté, et prudent, il avait grand espoir de réussir une belle perforavons été, profondément impressionnés cn apprenant que son ballon avait été retrouvé en mer. Dans quelles circonstances Leloup quitté ? Nous en sommes réduits aux hypothèses

Peut-être l'aéronaute n'a-i-tl pas pu allerrir comme il l'aurait désiré et son ballon ,s'est-il en fil comme le fit le F'antasqw, de M. Jourdan Peut-être encore, M. Leloup s'est-il aperçu trop tard qu'il était au-dessus. de l'Océan Et alors

Alors. nous voulons espérer que M. LeIoul aura pu être recueilli par un des bateaux de p^che qui, nombreux, opèrent dans la région des Sables-d Olonne. Ce qui donnerait assez de vraisemblance à cette hypothèse, c'est que le ballon a été retrouvé encore suffisamment gonllé et que, s'il n'avait été secouru, l'aéronaute fût resté sans doute à bord. »

t

M. Poincaré rle jour, la pensée gouvernementale ,A ses collègues du conseil général de la Meuse. 'M.- Raymond Poincaré,' président du Conseil, a fait hier, un admirabte exposé de la situation politiquc. Tant au point (Te vue extérieur qu'au point de vue intérieur, il;a voulu s'expliquer en toute franchise, t*n toute clarté. Il a parlé, d'abard, des difficultés si graves de septembre dernier, ajoutant

Depuis que le ministère est constitué, les problèmes de politique étrangère n'ont pas cessé de solliciter son attention; il les a tous examinés avec la conscience très nette de ce que doit être, en ces graves matières, la solidarité gouverne1 mentale: il a voulu, par-dessus tout, assurer, j dans notre action diplomatique. l'unité de direci tion, l'esprit de suite et la clar'té il Il tenu à ce 1 que personne en Europe ne pût se méprendre sur nos intentions pacifiques, ni sur notre ^volonté de I détendre les intéréts et-la dignité de la France, ni sur notre ferme dessein de maintenir et de cultiver notre alliance avec la Russre et notre cordiale entente avec l'Angleterre.

Mes chers collègues, une nation qui', est sihcéI rement attachée à la paix et qui a, en même temps, le respect d elleanéme, doit, avant tout, etre forte la faiblesse offre une proie 'facile aux ambitions provocatrices et aux entreprises belliqueuses. Le gouvernement a donc considéré -coinme une obligation sacrée la conservation et te développement de notre puissance militaire et navale, et,dans le. budget. même que nous venons de déposer, nous1 rr**bns' rien négligé pour doter aussi largement que,possible, notre inarine- et notre armée.

L'imp6t sur te revenu

Le budget sera présenté en temps vojÏjW* La grosse discussion qui s'offre au Sénat est celle de l'impôt du revenu.

Le Sénat, mes chers collègues, sera également en mesure d'aborder dans peu de temps j'exa.men du projet d'impôt sw le revenu. Le consciencieux travail auquel s'est livrée la commission sénatoriale, et que M. le ministre des Finances a tout fait pour raciliter, aboutira, je n'en doute pas. à un système qui introduira ptus dé justice dans l'impôt. sans assujettir les citoyens, et particuliérement les agriculteurs et les commerçants. à des investigations et à des formalités incompatibles avec leurs habitudes et avec la liberté du foyer domestique.

Le gouvernement prendra ses responsabilités dans cette discussion. comme il' les prendra dans toutes celles qui doivent s'ouvrir ou se continuer devant les Chambres; dans celles, par exemple, où il s'agira de défendre, tout ensemble, la liber'é d'enseignement à laquelle le gouvernement tout entier demeure attaché, la neutralité scolaire. qu'il n'est pas moins résolu A maintenir. et l'enseignement taïque. qui est A ses yeux une des institutions essentielles de la RépuMique. Le gouvernement a, du resttî, nettement exprimé sa pensée dans les projets de lof qu'il a déposés et dont il demandera le vote à la majorité républicaine.

La réforme électorale

La réforme électorale ? En raison des complications présentes, du défaut de clarté des textes votés,, une intervention gouvernementale s'impose. En présence des difficultés d application que soulèveraient certaines dispositions du texte, voté, éri présence aussi de ta vivr opposition qu'elles rencontrent, chez un grand nombre de républicains, le gouvernement a naturellement sefforcer de mettre. lui-même au point une réforme qui puisse être aisémerit comprime du suffrage universel et qui soit de nature à étm consacrée, dans les deux Chambres, par la majorité gouvernementale.

Vous savez, mes chers colJégues, que. personnellement, et il 111. différence de plusieurs d'entre vous, j'ai vu, depuis longtemps, dans la représentation proportionnelle. une idée de Justice et de sincérité électorale. Je ne crois pas m'être trompé. Je suis convaincu que, tôt ou tard, les hommes de bonne foi reconnaîtront tous la'supériorité morale et' politique de cette doctrine sur le régime majoritaire. Mais, au lieu d'établir un projet de représeatation proportionnelle, on est arrivé à un système composite, qui, mis en oeuvre, ne satisferait sans doute perfonno et du moment où. si l'on veut aboul.ir. les transactions sont inévitables, enci»-e est-il bon de chercher des solutions claires et conformes au génie français. \ous nous y emploierons de notre mieux. Le président du Conseil refuse, en tous les cas, de considérer comrne une majorité pouvernonmentale la majorité systématique du projet de réforme, de tous les projets de réforme. il déplore le caractère pris par la campagne réformiste,:

Que la loi électorale sc>il devenue une loi politique, c'est ce que personne ne saurait sérieuse- ment nier. Ne voyons-nous pas. dans l'Est, avec quelle fureur sont attaqués, sur leur droite. ceux des républicains les plus modérés qui passent, à tert ou à raison, pour défavorables la réforme f en cours de discussion?

Or. la rnajorilé qui s'est rencontrée sur plusieurs articles du projet ne pourrait offrir à aucun gouvernement un appui durable. Elle n'est, certain nombre de voix républicaines, jointes à des voix de droite et d'extrême droite et addilionnées aux suffrages de tous les socialistes unifiés

Est-ce là une majorité gouvernementale? Il n'existe. en réalité, de majorité gouvernementale que là où il y a communauté d'idées générales et unité de système politique. Les frontières politiques

Où doit être la majorité gouvernementale ? Où en sont les éléments A gauche, rien qu'à gauche. Libre à tous de prendre place à gauche, mais le gouvernement républicain ne saurait transiger sur certains points essentiels. Il ne saurait admettre ni alliés réactionnaires, ni auxiliaires d'extrême gauche révolutionnaire.

Vous me eoruiaiiSÉez depuis a.ssoz longtemps pour savoir que j'ai toujours été profondément, respectueux de* croyances religieuse* et de la liberté des cultes, et je n'ai jamais eu la sotte prétention d'exclure personne de la République \fais. comment former .une majorité stable et homogène avec de» hommes qui ont sur des points essentiels dés vues divergentes? Il y a des, partis qui professent sur les relations des Eglises et de TEtnt des opinions qui sont la dénégation de la doctrine républicaine. Qu'on le veuille ou non. voilà une premiére frontière Je n'assigne à personne de place à droite ou à gauche. Chacun est libre de se fixer où il veut; mais faut être d'un côte ou de l'autre et. quant à nous. nous sommes, bien entendu, avec ceux qui défendent la laïcité de l'Etat. Et puis, que voulez-vous. lorsgue je me tourne vers l'autre extrémité, j'aperçois, comme dirait mon éminent ami. M Clemenceau, une autre barricade. L»; groupe des socialistes uniiies. si remarquable. par sa discipline. abonde en orateurs de talént: mais il a ur. idéal social et national qui n'est pas le nôtr*. Il refuse a tout gouvernement les. moyens élémentaires de gouverneur. Dans des questions vitales, dans celles qui touchent à ¡'or.'dre public, aux devoirs des fonctionnaires, aux institutions militaires. il. la conception même du patriotisme, il met son point d'honneur à élever lut-rriSme la barricade entre lui et les républicains gouvernementaux Ici encore, nous entendons rester du côté où nous sommes car jamais pius qu'aujourd'hui le gouvernement n'a eu à remplir avec vigilance et autorité la 6éche primordiale qui lui incombe, celle d'appliquer les lois sans faiblesse et sans partialité, de maintenir l'ordre et d'assurer aux bons citoyens la liberté du travail. 'la paix et la sécurité.

Applaudi frénétiquement, le président du Conseil a prononcé ensuite le plus sincère, le plus'admirable éloge de M. Henri Bris- son*

L'ÉMOUVANT ACCIDENT DU «TITANIC» Le plus grand paquebot du monde heurte un icebefg devant Terre-Neuve Mais on a pu, heureusement, sauver les 2.358 personnes qui ne trouvaient à bord

''LE TITANIC"

Londres, 15 avril.

Une émotion considérable a été causée ce matin, à Londres, par la nouvelle télégraphiée de New-York que- le paquebot Titanic, de la White Star Line, le plus grand navire du monde, était, hier soir, entré en collision avec un iceberg et, gravement avarié, coulait peu à peu dans l'Atlantique, au large de Terre-Neuve.

L'inquiétude provoquée par cette dépêche était d autant plus naturelle que le Titartie, qu.' effectuait son premier voyage avait à bord 2,358 passagers et hommes d'équipage. la deux heures, cet après-midi, cette inquiétude fut loin de se calmer. Quoique muigres, en effet, les détails reçus étaient des plus angoissants. C'est ainsi qu'on annonçait que l'accident s'était produit au large du cap Race, à l'extrémité sud-est de Le Titanic, qui avait eu son avant défoncé par le choc avec la montagne de glace, réglamait de l'aide en toute hôte par la télégraphie sans fil et indiquait sa position comme étant J6' de latitude nord par 50° H' de Ibngftude ouest. Ce message fut reçu par fe" paquebot Virçinian, ile l'Allan Line. et par VOlympic, qui forcèrient leur vitesse pour se porter au secours du navire en danger. Une demi-heure plus tard, un autre message du Titanic annonçait que le paquebot sombrait de l'avant, qu'on mettait- les canots de sauvetage à la mer et qu'on embarquait toutes les femmes qui .e trouvaient à bord. La situation apparaissait d'autant plus grave qu'au moment de l'accident le l'irginian se trouvait à 170 milles de distance du Titanic, et YOlympic à milles environ. Le Virginian ne pouvait être au plus tôt sur les lieux de la catastronhe avant neuf heures et demie du matin, heure américaine, c'est-à-dire deux heures et demie de l'aprèsmidi, heure d'Europe. Le seul détail qui donnait quelque espoir, c'est que le temps était beau et la mer calme,

Au début de t'après-midi. on apprenait que d'autres paquebots, le Ballic, le Mauretania et le Cincinnati, ainsi qué les paquebots allemands Prinz-Adalberl, Amerika et PTinz-Frederich-Wilhelin. avaient intercepté, eux aussi, les messages du Titanic et se rendaient également à son secours.

Quelques instants plus tard, une dépêche, plus alarmante encore, arrivait de NewYork et annonçait que .le dernier message du Titanic, reçu par le Virginian, était indéchiffrable s'et avait élé interrompu brusquement. OS en conclut aussitôt qué les machines du 'Titanic avaient été inondées et que" ié navire naufragé avait dû être abandonné.

Enfin, deug heures dix, les nouvelles tranquillisantes commencèrent à arriver. Un câblogramme de Nevv-York annonçait que le Virginian avait atteint le Titanic, auprès duquel il se tenait et qu'il n'y avait plus à craindre de catastrophe.

A deux 'heures quarante, an télégramme d'Halifax déclarait que tous les passagers Avaient quitté le Titanic ce matin, à trois heures trente, heure américaine.

D'autre part, la compagnie \hite Star Line, déclare de la* façon la plus nette que toutes les craintes concernant lo sécurité des passagers n'ont pas de raison d'être, le navire ne pouvant sombrer.

Un cûblogramme, reçu à trois heures et demie de Terre-Neuve, annonce que le Titanic lutte pour atteindre, par ses propres moyens, la côte de Terre-Neuve, vers Je cap Le Tilanir, qui jauge -ki,3S2 tonnes. a 290 mètres de longueur. 11 avait bord passagers de première classe, :kt5 de seconde. 800 d'entrepont et hommes d équipage. Parti de Southampton le 10, il avait fait.escff(e à Cherbourg pour y prendre les passagers venant de Paris. Parmi ceux-ci-se trouvent plusieurs multimillionnaires arnéricains et leurs familles, au nombre desquels Si Widener, le fils du milliardaire qui acheta, l'an dernier, le tableau le Moulin, .(le Renibrandt, pour francs, et M. RoebLng.

Au nombre des passagers embarquées à Southampton sont le colonel .1 -J. AstorSa.5. président du Grand-Trunk M. îsm.iy, président de la White SI nI' Line M. le jonkhe'-r von Reneîilin, directeur-adjoint de la Holland America Line; M. Tiiayw, .président du Pensylvama Railroad la comtesse Rothes, le publiciste Stead, MM. Gugenheim j et Strauss, banquiers.

A CHERBOURG Cherbourg, lô avril.

Le Titanic avait quitté Southampton mer- credi à nudi pour Cherbourg où il arriva à 7 heures du soir. Il était commandé par le capitaine Smith, qui passe pour maîehan- j ceux. car un accident était déjà arrivé à VOlympic alors qu'it le commandait. De plus, en quittant le Titanic avait fait des avaries au paquebot .\eu;Yrti'fc. dont il avait brisé les amarres. A Cherbourg, pendant son escale, il embarqua 523» passagers de- première -classe et 4M émigran,ls, dont 3 allemands, 70 améri-

cains, 118 anglais, 39 autrichiens, 6 danois, 65 russes, 87 suédois, 21 norvégiens. Au total, 3 Français seulement MM. Aubard, Pernod et Malachard étaient bord. Dans les agences maritimes à Cherbourg, où les paquebots de la White Star Line font escale chaque semaine, tout le monde était cet après midi affolé.

LE DANGER DES ICEBERGS

Quand vient le dégel de la banquise, qui pendant les mois d'hiver a recouvert les parties nord des océans, il s'en détache des quantités de montagnes de glace qui, poussées par les vents et les courants, descendent vers les mers plus chaudes, où elles finissent par se fondre et disparaître. Dans cette saison, les navires qui circulent ont? New-York et l'Angleterre ou le continent sont exposés à rencontrer sur leur route un grand nombre de ces icebergs, vérilables îles flottantes, quj constituent pour eux un danger presque aussi grande que des paquebots dctuéls rendent le danger de ces abordages encore plus considérable. L'iceberg eat assez difficile à voir dans les nuits noires une vague lueur blanchâtre le décèle cependant, mais pas d'assez loin pour qu'un navire lancé à la vilesse de 23 otr 24 noeuds puisse s'arrêter avant de le toucher. De même le rayonnement de cette masse de glace produit autour d'elle un refroidissement sensible de la température, refroidissementque les thermomètres des navires peuvent également accuser. \tais là encore, l'avertissement vient souvent trop lard. En réalité, les accidents causés par les icebergs, et semblables à celui dont le puissant et majestueux Titanic vient d'être victime, ont été nombreux, et il est probable aue la. disparition de certains bâtiments, dont on n'a jamais retrouvé trace, doit leur être attribuée.

Voir la suitr, à la Dernière Ileure.)

DEMELA LUNE CACHERA LE SOLEIL

Le phénomène céleste de demain, qui sera visible à Paris et dans une partie de la Fiance, étant. l'un des plus curieux et des plus rares que l'on puisse observer, provoque, dans le public, une très vive et très compréhensible curiosité.

Le dix-huitième siècle ne vit que deux éclipses, I'une en 1706, l'autre en au dix-neuvième il il n'y en eut qu'une* de visible dans le midi de la Fran.ce, en 1842 le siècle actuel ne verra que celle de demain, 17 avril, ci un autre le 1l août C'est dire que beaucoup de ceux qui regarderont le spectacle qu'offrira le ciel demain vers midi n'auront pus l'occasion de voir une seconde fois la luna masquer le soleil. I,a rareté du fait, jointe k l'arrivée soudaine du crépuscule, provoque une impression qui, de nos jours, ne va plus, comme autrefois, jusqu'à la terreur, mais que les spectateurs apprécient à sa juste valeur, c'est-à-dire comme un des plus intéressants phénomènes du mécanisme céleste. L'éclipsé de 1912 se présentera dans d excellentes conditions, du moins quant à à la hauteur du soleil. car la plus grande plias. aura lieu tn Franc"! vers midi. Mais le diamètre apparent du so!ei1 sera presque égal à celui ,'e la lune sur la *ligne de 1 éclipse centrale, les deux astres se couvri-

LA NUIT SERA COMPLETE SUR TOUT LE TRACT DE LA LIGNE NOIRE .̃ '̃̃

UN DRAME A CHATILLON

Ayant assommé sa femme, hd mari danse sur elle La fête célébrée dimanche à Châtilion, fête dont nous avons donné, hier matin, le compte rendu, a eu pour épilogue inattendu un drame violent qui a fait deux victimes. Surexcité vraisemblablement pur les nombreuses libations de la journée, un cabaretier, au cours d'une querelle avec sa femme. a frappé cette dernière à coups de bouteille, et, la croyant morte, l'a piétinée dans un accès de sauvage démence.

Soène de oarnage

Vers minuit, la nuit dernière, le brigadier Henry, chef du poste de police de Montrouge, était prévenu par la gendarmerie qu'un drame venait de se dérouler dans un débit de vins, 74, route de Versailles, à Châtillon. 11 s'y rendit aussitôt et se trouva en présence d'une femme agonisante et d'un homme à moitié aveuglé par une hnrriblo bicssure à l'oeil droit. Avec des moyens de fortune, il leur fit à tous les deux un premier pansement, cependant que M. Compagnon, commissaire de police, assisté de son secrétaire, NI. Dollorme, arrivait en automobile. Le magistrat, avant tout interrogatoire, put se faire une idée précise du drame terrible qui venait de se dérouler. Dans une pièce du cabaret, au milieu de débris de bouteilles et de carafes. sur le parquet la femme du caburttier, Mme 'Oudar', âgée .de cinquante et un ans, gisait. Sa- face tuméfiée, son t-rauo martelé par les coups ne faisaient pluaqu'un« bouillie rouge. La malheureuse vivait encore, mais pouvait à peine balbutier quelques incohérentes paroles. Quant à soit mari, Louis Oudart, la tigure rouge de sang, il tenta de donner une explication du drame. Il s'était, disait-il, pris de querelle avec su femmes celle-ci l'avait frappé à la tigure et lui avait crevé l'œil droit; alors il s'était défendu.

M. Compagnon n'eut pas de peine à se rendre compte de l'inanité d'une pareille version. Il n'en écouta pas moins avec complaisance le plaidoyer de l'homme. Mais le magistrat, une fois le récit terminé, remit les choses au point c'était lui, Oudart, vindicatif et ivrogne, qui avait porté les premiers coups à sa femme; qui l'avait frappée avec uue brutalité inconcevable, puisque la malheureuse avait au crâne plus de vingt blessures.

Oudart, devant la netteté de l'accusation, finit par perdre pied, et entra dans la voie des aveux.

Un forcené

Voici comment les choses s'étaient passées. La journée avait été très bonne en raison de la fête, les cabarets du plateau de Châtillon, parmi lesquels le débit des époux Oudart, à l'enseigne du Réveil Matin avaient été pris d'assaut par les visiteurs. Oudart escomptait donc une très forte recette, plus forte sans doute que celle qu'il avait en caisse, car, une fois compté, ce fut pour lui une rlésillusion. Assez violent de caractère, il s'en prit aussitôt à sa femme, lui reprochant d'ayoir vidé le tiroir à son profit. Une discussion violente éclata alors entre les époux. Furieux, Oudart se rua sur la malheureuse, la frappant à coups de bouteille. Blessée, Mme Oudart avait riposté, atteignant son mari à l'œil droit d'un coup de carafe.

Alors, le cabaretier. affolé de colére, s'était acharné sur sa victime, l'assommant littéralement à l'aide de tout ce qui lui tombait sous la main. Sur le parquet, la débitante s'était abattue.

Mais le forcené ne s'en était pas tenu là. Voyant sa femme par terre et la croyant mortellement blessée, il avait voulu l'achever. Et alors, dans une danse invraisemblable, il t'avait piétinée, lui écrasant à coups de talon la poitrine et le ventre

M. Compagnon, avait, entre temps. t'ait transporter Mme Ooudart à rhôpital'XeckeT. L'état de la malheureuse apparalt comme des plus graves.

ront donc presque exactement, de sorte que le soleil ne restera caché qu'un instant. Même, en d'autres poin!s, il ne le sera pas complètement; il débordera la lune tout autour et l'on aura là ce que l'on appelle une éclipse annulaire

Les éclipses sont surtout intéressante paroe qu'elles permettent, d'étudier l'asfre solaire dans des conditions spéciales et qu'il est impossibie de trouver en temps ordinaire, soit au moyen du télescope, soit de la photographie.

En fait, pendant l'obscurité des éclipses totales, on voit autour du soleil une auréole lumineuse appelée u couronne et il y a utililé à photographier Cette couronne, car de l'étude de son rayonnement dépend la détermination de la relation que présente sa variation de forme avec la période des taches solaires. L'éclipsé tombe au moment d'un minimum de ces taches. Ce que l'on verra

L'éclipsé commencera h 10 h. 49, elle sera totale à midi onze minutes, et prendra fin à une heure trente-trois minutes.

Si donc le temps est beau et le ciel clair, tous ceux qui se trouveront, ;iinsi que nous t'avons déjA indiqué, sur une ligne partant des Sobles-d'Olonne, pour aboutir il Liège,