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Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir

Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)

Date d'édition : 1912-02-07

Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 126844

Description : 07 février 1912

Description : 1912/02/07 (Numéro 12884).

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k564239m

Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 18/06/2008

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ÉDITION DE PUBIS_ isurii On & raison d'entretenir,dans le cœur «Fnne nation îe cttite des grands' hommes mais encore faut-il que cette adnii'ration s'attache à ce qui est vraiment sublime en eux. Ces temps derniers, une polémique s'est engagée autour d'Alfred de Musset, pour savoir s'il composait ses poèmes en état d'ivresse, et ce fut pour certains critiques l'occasion de dénombrer les tares qu'on peut rencontrer chez un écrivain de génie. Il y a là une curiosité malsaine, qui ne sert qu'à diminuer les bons sentiments qu'on veut faire naître ce qu'il faut exalter chez les grands hommes, c'est ce qui les distingue de la foule, ce qui les élève audessus de leurs contemporains, et, si .l'on parle de leur vie, il est nécessaire d'en citer les heures belles et pures. On vient justement de publier des lettres, restées inédites jusqu'à ce jour, adressées par Victor Hugo à. sa fiancée, Adèle Foucher. On ne peut rien imaginer dé plus frais, de plus suave, que ces'épîtres. enflammées et graves tout à la fois, d'un jeune homme qui sera le plus grand poète de son siècle.

C'est en 1818 que Victor Hugo déclara pour la première fois son amour à Adèle Foucher. La mère du poète avait déménagé de la rue des EfeuilJan tir.es parce que le loyer était trop cher, le général touchant demi-solde c'était, d'ailleurs, un mari déplorable à tous les points de vue. Mme Hugo avait une exclusive influence sur ses deux fils, Eugène et Victor. Elle leur laissait une grande liberté intellectuelle, mais elle les surveillait de près et faisait preuve, au besoin, d'autorité. La famille Hugo habitait à cette époque rue des PetitsAugustins et, chaque soir, l'on se rendait à quelques pas de là, à l'hôtel Toulouse, qui est aujourd'hui l'hôtel du conseil de guerre, rue du Cherche-Midi. Là demeurait un vieil ami, M. Foucher, ancien greffier, avec sa femme et ses enfants sa fille, Adèle, était une compagne de jeux de Victor Hugo. Ils se tutoyaient depuis qu'ils se connaissaient, mais l'amour n'était pas encore né ou plutôt ne s'était pas déclaré. C'est au cours de ces soirées innocentes que le jeune Victor Hugo sentit fleurir dans son coeur le premier amour. Tandis que les femmes restaient penchées sur leur ouvrage, lui regardait en dessous les yeux de la jeune fille.

L'amour commença par des soupirs, des silences aussi, mats ne s'en tint pas là. L'été, la famille Foucher s'en allait campeur à Issy. Victor Hugo y entraînait sa mère et, comme il lui était difficile de dire tout ce qu'il pensait, il échangea secrètement des lettres avec la jeûna fille. C'est cette correspondance délicieuse qu'on a publiée et rien n'est plus ravissant. Seulement, il fallait être prudent, car les parents surveillaient nos amoureux. Le furent-ils ? Il est permis d'en douter, puisqu'une explication orageuse eut lieu entre les parents des futurs fiancés. Mme Hugo fut tout d'abord stupéfaite quand elle apprit la passion de son fils puis elle devint furieuse et, sans ménagements, elle dit à ses veux amis qu'un tel mariage était imposable et que jamais, elle vivante, il ne se ferait. On s'imagine la douleur que ressentit le jeune poète il entourait sa mère d'un amour aussi sincèru que respectueux il s'inclina, mais son chagrin fut si fort qu'il pensa en mourir. La robuste constitution d'Hugo devait résister à un chagrin d'amour une fois son violent désespoir apaisé, il se mit au travail, comme il l'écrivit, avec un courage de lion. Il dirigeait alors une revue bimensuelle, le Conservateur littéraire, qui dura quinze mois, et Ie jeune homme s'épuisait dans un travail exténuant; il écrivait, sous dix signatures différentes, presque tous les articles et publiait des poèmes qui tous étaient des complaintes d'amour à l'adresse de sa chère Adèle. Il pensait à elie sans cesse et, gràce à sa revue, il trouva le moyen de se rapprocher de la famille Foucher. Ce n'était pas facile mais l'amour sait être ingénieux. M. Foucher, ancien chef de bureau à la Guerre, avait publié un volume intitulé Manuel du recrutement Victor Hugo s'empressa de faire un compte rendu élogieux de cet ouvrage technique, auquel il n'entendait rien. L'article plut à l'ancien greffier, il vint à la revue remercier le poète, et celui-ci, qui profite de tout, recommence à écrire secrètement à Adèle jusqu'en avril 1821, date de la mort de Mme Hugo. Le poète a, dans des vers mémorables, dit le chagrin que lui causa la mort de sa mère il fut immense. Mais, cette fois encore, son travail et son amour le sauvèrent. M. Foucher était venu faire une visite de condoléances au poète celui-ci la lui rendit, mais ne put voir Adèle. A quelque temps de là, la famille Foucher louait pour l'été une maison à Dreux Hugo se rend à pied dans cette ville et, naturellement, y rencontre Adèle au bras de son père. Le poète feint l'étonnement, raconte une histoire invraisemblable et se met a écrire une lettre fort comique à M. Foucher pour expliquer le plus bizarre de tous les hasards. Le père est enfin touché par ce grand amour il fait venir le jeune homme, qui peint sous des couleurs riantes une situation ,terriblement précaire. II est agréé il pourra faire sa cour mais les fiançailles ne sont pas officielles on décida que les jeunes gens se verraient toutes les semaines --mais pas seuls au jardin du Luxembourg. Pour obtenir la main d'Adèle Follchel, Victor Hugo avait promis deux choses i" qu'il allait bientôt avoir une place

lucrative, pension sur la cassette royale Z'sSn était certain dé gagner son père à sa cause. Il faut bien l'avouer, ces deux promesses étaient un peu hà-,tives mais c'est le rôle de l'amour d'aller un peu vite en besogne et de ne pas \pir les obstacles. En. tout cas, la situattï%i du jeune poète ne s'améliorait guère'et le général n'avait pas donné son corMhtCment. Les affaires trainaient etles amis de la famille Foucher essayaient encore d'envenimer tout. On finissait par rendre perplexe la jeune fille, par l'inquiéter dans son amour. Ses parents étaient accusés de légèreté, d'imprévoyance. Il fallait une solution urgente. Elle vint d'abord sous la forme du consentement envoyé par le général il avait à se faire pardonner. Trois semàines après la mort de sa femme, il s'était remarié' sans prévenir ses enfants. Voilà une première victoire gagnée il en reste une autre: celle qui doit assurer au ménage la vie matérielle.

Il faut suivre dans ses lettres adorables les démarches de Victor Hugo dans les ministères..Il court les bureaux à la recherche de la pension promise. Ceuxci restent sourds à la requête des amoureux mais le poète travaille, sa situation s'améliore il espère. Alors les fiançailles deviennent officielles: Victor Hugo vient loger à Gentilly il s'installe dans un vieux colombier n'y a-t-il pas là un symbole de l'amour? Le fiancé n'apercevait sa future qu'aux repas, par ordonnance des parents. Enfin les martyres les plus délicieux ne peuvent éternellement durer. Victor Hugo épouoctobre, ±S22, Adèle Foucher depuis le premier aveu d'amour, il s'était écoulé trois ans et demi. Le bonheur, comme la gloire, appartient à ceux Qui sont enthousiastes et forts. JEAN FROLLO

Lg GUERRE Les Italiens démentent qu'ils aient subi une défaite Rome, 6 février.

La Tribuna dément une dépêche reçue par la Xcue Frrie Presse d'aine source officieuse de Constantinople, suivait laquelle 7,000 soldats italiens, qui auraient essayé, vendredi, àe s'avancer sur Tarhuna, auraient élé repousses et anraient eu quatre cents .hommes tués ou blessés; un aéroplane, monté par quatre officiers, aurait été capturé.

J,a '(ribunu déclare que

Il Vendredi, les italiens n'ont ni opéré. ni tonte une marche en avant

~w Les Italiens n'ont jamais eu l'intention de s'avancer vers Tarhima

Aucun combat, et. encore moins aucune retraite n'a eu lieu-de ce cûté

4° Aucun aéroplane, italien ne peut ét.re ntoïfîé piir quatre o/fleiers.

Ces nouvelles sont donc fuusses, conclut la Tribuna.

Une nule officieuse dément encore, par ailleurs, que les Italiens aient subi des pertes impartantes à Benghazi.

[On avait évalué ces pertes jusqu'à hommes.]

OBUS ALLEMANDS EN TRANSIT

Une dépêche annonçait hier que le gouvernement, suisse avait interdit l'entrée en Italie, par le Simplon, d'obus vendus par l'industrie allemande au ministre de la Guerre italien. A Berne, on a contesté cette information.

Quoi qu'il en .soit. ie» mêmes wagons d'obus sont arrivés hier matin il la frontière française. Ils de-aient transiter de Bellegarde à ltodane et pénétrer en Italie par le mont Cents.

L'1 gouvernement français ne pouvait empêcher leur passage, l'article 7 de la convention 5 de la Have ne lui assignant aucune •Mifin lion il cet égard.

D'ailleurs, d'après une note communiquée dans la soirée, des commandes de matériel de guerre sont en cours d'exécution dans différentes établissements français aussi bien pour la Turquie que pour l'Italie.

Un violent incendie au palais de justice d'Aleop LA COUR D'ASSISES N'A EU QUE LE TEMPS D'ÉVACUER LA SALLE OU ELLE SIÉGEAIT §

Aleii'/on, février.

Il étai.t trois heures et. demie, cet après midi, lorsque le concierge du palais de justice, en toute hâte, donnait l'alarme le feu venait de se déclarer dans l'immeuble. La cour d'assises siégeait à ce moment et jugeait une affraire de mis qualifiés- La. séance fut aussitôt levée. Il était temps Le feu avait été mis dans la salle du tribunal correctionnel, située au deuxième étage, par le calorifère, allumé ce matin pour la première fois.

i LE PALAIS DE JUSTICE D'ALENÇON

Audacieux attentat passage des Panoramas Dcu? Hjuuttin *itttfoduis«nt chez uu i».«uchand de dentelles, le revolver et le couteau la main.

Depuis de nombreuses années, M. Dubois, marchand de dentelles, occupe, au premier étage, 5, galerie de la Bourse, dans le passage des Panoramas, un appartement dont les fenêtres s'ouvrent sur la rue Feydeau et dans lequel il a installé son magasin et ses bureaux.

.En plus de son comptable, le négociant emploie deux autres personnes Mlle Marie Bertrand, âgée de trente-deux ans, qui est à son service depuis 1900, et un petit commis, M. Bertin Rafti.

Vers midi, NI. Dubois 'quitte son bureau pour n'y revenir que vers deux heures. Nille Bertrand, qui demeure à Vaugirard, ainsi que le jeune Raffi, prennent alors leur repas dans une pièce voisine du magasin. Hier après-midi, un peu avant une heure. 1 jeune femme et son compagnon achevaient de déjeuner, lorsque la porte du magasin s'ouvrit brusquement.

L'emplovée se leva et se trouva en présence de deux jeunes gens de mine équivoque, le haut du visage dissimulé par la visière de leur casquette.

Que voulez-vous ? leur demanda bilie Bertrand, très mquièle.

Sans répondre, le plus grand des deux hommes s'élança sur elle, la renversa sur le parquet et, lui appuyant le canon d'un revolver sur la tempe, la tint étendue. Si tu cries, tui dit-il si tu dis un. mot, Pendant ce temps son acolyte s'était placé devant la porte U tenait un long coutelas à la main.

Mais il n'y a rien à prendre ici, déclara Mlle Bertrand. Vous pouver chercher, vous ne trouverez ni argent, ni marchandises de prix. D'ailleurs, prenez ce que vous voudrez, mais laissez-moi.

Le bandit, lâchant prise. laissa sa victime sous la garde de son complice et pénétra dans l'autre pièce, où se trouvait le jeune Raffl. Il le menaça de son revolver et le commis fut terrifié.

Le malfaiteur après avoir inspecté les locaux, où d'ailleurs il ne put rien voler, Rejoignit son camarade et tous deux s'enltairent.

Dès qu'ils eurent disparu, Mlle Bertrand et Radfi donnèrent l'alarme, mais il était trop tard. Les malfaiteurs ne purent être retrouvées.

NI. Dubois rentra peu après à son magasin. Mis au courant de ce qui s'était passé, il se rendit aussitôt chez M. Labat, commissaire du quartier Vivienne, entre les mains duquel î! déposa une plainte. Entendue par le magistrat. Mlle Bertrand fournit' un signalement détaillé de l'individu qui l'avait menacée de son revolver. C'est un jeune homme de vingt ans environ, aux cheveux chAtauis, d'une taille de 1 m. 65 à peu Il était vêtu d'un pardessus foncé et coiffé rfcane casquette genre jockey. Quant' à son compagnon, il avait comme signe dis- tinctif une tache brune, assez grosse, sur la joue gauche.

Différentes commerçants du. passage des Panoramas avaient reçu, depuis quelques jours, la visite de jeunes gens suspects quai s'introduisaient chez eux sous le prétexte de demander du travajl, mais qui, certainement, étaient à la recherche d'un coup à faire.

La service de la sûreté a. été prévenu. DÉTENTE AUSTRO-RUSSE Vienne. 6 février.

Pour la première fois depuis la crise balkanique de. 1908, un membre de la famille impériale russe vient de rendre visite ,'t François-Joseph. On voit, dans cet acte. la fin de la période de tension qui a suivi l'annexion de la Bosnie.

Le grand-duc André Vladimiruvitch est arrivé, hier, dans la capitale autrichienne, faisant un détour pour rentrer de Sofia CI. Saint-Pétersbourg.

11 a été reçu, dans l'après-midi, à Schœnbrunn, par l'empereur qui a offert, en son honneur, un diner auquel assistaient l'archiduc héritier et plusieurs autres archiducs, l'ambassadeur de Russie, et de hauts fonctionnaires -des Affaires étrangères.

L'audience venait il peine d'être levée que le plafond de la salle du deuxième étage s'effondrait, entraînant dans sa chute Te plafond de Ira sallé des assises, où le feu se communiquait rapidement.

Grâce à la promptitude des secours, le palais a pu être préservé. Néanmoins, le.3 dégâts, purement matériels, seront élevés. Les archives ont été pour la plupart sauvées. La troupe s'y employa avec ardeur et le soir le sinistre était circonscrit.

La session des assises continuera demain mais les audiences se tiendront à l'hôtel de ville dans la salle des séances du conseil munic'ipal.

L'BiÉseir Gony-PÊer est en contradiction

le juge d'instruction Bourgueil a fait procéder, hier, à un^ sorte de reconstitution de l'agression dont fut victime NI. GouyPailler, le comptable-encaisseur de la société l'Oyonnithe.

Le magistrat avait demandé à la Société Géuérale une liasse de billets de banque composée de façon identique à celle qui avait été remise a M. Gouy-Pailler, le 31 janvier. Cette liasse fut placée dans la poche du pardessus de l'encaisseur et l'inspecteur de la sûreté Pouce fut invité à jouer le rôle de l'agresseur.

M. Pouce n'est pas un cambrioleur expérimenté. 11 a dû s'y prendre à quatre fois pour arracher convenablement La liasse de M. Gouy-Pailler. Au premier essai, il y eut une telle résistance de la liasse contre la poche que les bhlets se déplièrent et que cinq tombèrent par terre.

A la deuxième tentative, la liasse sortit enlière de la poche, mais avec beaucoup de mal. Au troisième essai, même difficulté. Bref, ce ne fut qu'à la quatrième fois que l'inspecteur Pouce, « qui s'est fait la main put s'emparer élégamment de la liasse. Si l'on réfléchit que, dans la rue, en pleine marche, il eftt été encore plus difficile de dévaliser l'encaisseur, on ne comprend guère comment celui-ci ne s'est pas aperçu, tout de suite, du vol dont il venait d'être l'objet. Ce n'est que lorsqu'on le conduisit eftez 10 pharmacie» que M. Gauy-PaiHer, tâtâSït sa' poche, dit, en effet: « On m'a vold C'est ce qu'a déclaré, hier, le sous-brigadier Lepage, qui accompagna le comptable à la pharmacie.

M. Lepage constata, en outre, que l'encaisseur n'avait reçu que peu de poivra dans les yeux, car ils étaient peu rouges. Dix autres témoins, mis par le magistrat instructeur en présence de M. Gouy-Pailler, ont fait la même constatation et d'autres plus extraordinaires encore.

C'est ainsi qu'aucun n'a vu l'agresseur fouiljcr dans la poché du comptable nul n'a entendu celui-ci crier « Au voleur » Tous les témoins ont, enfin, l'impression que c'est plutôt le frottement du mouchoir, trempé dans l'eau sale du ruisseau, qui a rougi un peu les yeux de Ni. Gouy-Pailler, que le poivre qui lui fut jeté.

M. Gouy-Pailler a, d'ailleurs, déclaré que l'agresseur avait manqué son but: il le visait, a-t-il dit, aux yeux, et c'est sur les épaules principalement que vint s'éparpiller le poivre.

Ce que vit l'apprenti

C'est un apprenti qui a vo, de plus près, la scène de l'agression. Voici comment il l'a contée au juge

J'étais en course je venais des boulevards et, par le passage des Orgues, je me dirigeais vers la rue Meslay. J'étais encore à l'extrémité du passage, quand j'ai aperçu un individu brun, pardessus il l'anglaise, chapeau melon, qui semblait faire le guet. J'étais à deux mètres environ de la rue Meslay lorsque je vis cet individu s'élancer sur M. Gouy-Pailler, lui porter, do la main droite, un coup de poing en pleine poitrine, et, de la main gauche, esquisser un geste vers le visage.

L'agresseur prit aussitôt la fuite par le passage il me bouscula même légèrement. Avez-vous \u cet homme brun fouiller le comptable a demandé le magistrat à l'apprenti.

J'affirme, a répondu ce dernier, qu'il ne l'a pas fouillé.

Mais il a pu le faire sans que vous l'ayez vu ?

Í Non. S'il l'avait fouillé, je l'aurais remarqué.

Du reste, si l'agresseur avait pris une liasse de billets ou un paquet quelconque, il t'aurai °u à la main quand il a pris la fuite et est passé à côte de moi. Or, je déclare qu'il n'avait rien à la main.

Puisque vous étiez à deux mètres de la scène d'agression. vous avez dû entendre les cris « Au voleur au voleur » poussés par l'encaisseur '?

̃ Aucun cri n'a été poussé.

Autres témoignages

Lu autre témoin a confirmé en partie ces déclarations, ajoutant, que M. Gouy-Pailler ne s'était nullement préoccupé de son voleur et qu'il n'était pas du tout ému. La porteuse de pain, Mme Yvrande, dont nous avons publié l'interview, a été aussi «n tendue, mais sa déposition n'a pas été aussi précise que celle des témoins précédents.

même, deux aatres dépositions, recueillies par M. Bourgueil, n'ont pas grande valeur nn témoin Il prétendu qu'il n'y avait eu ni jet de poivre, ni coup de poing un autre a dit que l'attaque avait eu lieu par derrière.

Ces deux affirmations suut en contradiction avec toutes les autres. Il y a eu coup de poing fin pleine poitrine et jet de poivre; c'est établi mais ce qui -ne l'est pas, c'est le vol de la liasse de billets de banque. On me l'a cependant prise, dit le comptable.

Mais à quel moment ? a insisté le juge. .Te ne sais, je ne puis le dire, s'est borné à déclarer M. Gouy-Pailler.

Et cette répons* fut loin de donner toute satisfaction au magistrat instructeur. L'homme brun

Quel est l'homme brun dont les témoins et le comptable ont donné le signalement? Le brigadier Pouce aurait pu établir que ce serait un Espagnol déjà deux fois coindamné pour vol en Italie, notamment à Turin, et qui, tout récemment encore, demeurait dans un hôtel du quartier de la Bourse sous le nom de Manoël Rodrigue*.

Cet individu quitta Tbôtei de i« rue d'Aboukir, où il logeait le jour même de l'agression. à huit heures du matin, laissant sa valise, et depuis n'y a pas reparu.

Une photographie de ce personnage a été présentée à M. Gouy-Pailler.

Le comptable, sans oser se montrer très affirmatif, a cru reconnaître son agresseur. Il a fait., toutefois, des réserves, notamment sur la longueur et l'épaisseur des moustaches de l'Espagnol mais il faut dire que la photographie qui lui a été présentée date de quatre ans.

Quoi qu'il en soit, cette piste est activement suivie, d'autant plus que la police a appris que. le matin, de l'attentat, l'individu suspect avait été aperçu boulevard Sébastopol, à proximité de la rue Meslay. Ajoutons que la société l'Oyonnithe vient de décider qu'une somme de francs serait versée à la personne dont les indications amèneraient l'arrestation du coupable. Le dénonciateur touchera, en outre, une commission de 5 0/0 sur les fonds trouvés en la possession du voleur.

Comment les assassins de Chalus ont pu échapper à la justice LESDEOX COIFFEURS ETAIEMT ABSENTE BÛRHEAUX PEÎMIT L A SUIT CRIME

UNE VUE DE CHALUS

La flèche indique la maison où furent assnssinés M. Uernengeon et sa servante.

Bordeaux, 6 février.

Le le' à à la suite des indications préliminaires recueillies au cours de son enquête, à Chalus, sur le double assassinat de k$L lie toangeou. ai de. sa viei^A- aecyawle, le jugé d'instruction de Saint-Yrieix adressa trois télégrammes à la sùrefé de Bordeaux, dans lesquels il demandait si Jouberthie et Clancier avaieat quitté cette- ville, du 29 au 30 janvier, et où ils étaient allés mais il ne disait pas pour qfcel motif.

C'est dans ces conditions qu'un agent se rendit d'abord chez le coiffeur Petit, rue Sainte-Catherine, où Jouberthie avait été garçon précédemment. Le patron, M. Petit, déclara à l'agent que Jouberthie ne se trouvait plus à son service depuis deux jours, qu'il venait d'acheter le magasin du coiffeur Laloge, 1, rve des Boucheries, et qu'il s'était abâenté du dimanche soir 28 au 30 janvier.

L'agent se rendit ensuite chez le coiffeur Laloge, où il trouva Jouberthie, qui lui dit être allé h Pailhet (Gironde), avec NI, Laloge, qui devait y acheter un magasin de coiffure.

Jouberthie est allé, effectivement, dans cette localité, mais le 31 janvier, lendemain du crime, et c'est à Pailhet qu'il a versé, entre les mains de M. Laloge, les 2,150 francs d'acompte destinés à payer le nouveau magasin acheté par ce dernier. De plus, Jouberthie déclara qu'il cvnnaissait très peu Clancier et qu'il ignorait où il était. Les oiseaux s'envolent

Il savait cependant très bien son adresse puisque, quelques heures après, il disparais- sait avec lui.

Entré temps, la sûreté avait envoyé, rue Fonfrède, où Clancier était censé demeurer il n'y logeait plus depuis un an. On apprit qu'il était garçon chez un coiffeur de la rue Rajoute. Interrogé à son sujet, ce coiffeur déclara que Clancier s'était absenté du di manche au mardi.

Jouberthie et Clancier seraient allés à Chalus par le train et sont revenus a Bordeaux il bicyclette le 30 dans la matinée (on sait que le crime a été commis dans la nuit du lundi au mardi'. Quand ils arrivèrent ils étaient fourbus et .exténues. Ils déclarèrent venir de Bergerac et ne travaillèrent pas le mardi.

Dans sa fuite, Jouberthie a emporté ses outils de travail. Quand il a remis à M. La-

Pour s'habiller chaudement LAINE, SOIE PLUTOT QUE COTON TISSUS TISSÉS PLUTOT QUE TRICOTÉS! L'Académie de médecine a été infirmée hier des expériences auxquelles a orocédé te docteur Guibert, en vue de déterminer la valeur protectrice de nos divers vêtements. En ce qui concerne ceux obtenus avec des tissus légers destinés à être mis directement, en contact avec la peau, voici les conclusions qu'ont données ses recherches

l^s vêtements -d'origine animale (laine ou soie) ont un coefficient, de protection supérieur il. celui des tissus d'origine végétale. La laine présente sur la soie l'avantage de se mouiller moins rapidement et de perdre moins brusquement, par suite, sa valeur protectrice. 3° L,es mélanges de matières textiles diminuent la valeur protectrice de l'élément principal dans des proportions qui ne. son1 point en rapport avec le pourcentage des matériaux employés.

4° La façon dont est présentée industrie!lement le tissu a ijne très grande influence sur son efficacité de- protection. Les tissus â chaîne (tissus tissés) sont supérieurs aux tissus à mailles (tissus t'ricotésV, dans tous les cas étudies.

Aux ménagères de faire leur profit <jf ces conclusions des recherches du docteur Guibert.

*+.

MACABRE rSCIDEXT HUE LE BCA

Un. corbillard en panne 11 s'est produit, dans l'uprcd-inifii d'hier, rue Le Bua, un incideut qui ;i douloureuse- ment émotionné ceux qui en furent les témoins.

Vers midi et SeiinV un convoi funèbre franchissait la porte de l'hôpital Tenon, !ravers'ait ta rue PeHenortet s'engageait dans la rue-Le Bua. Une foule nombreuse suivait patents et amis accompagnant, sa dernière demeure, la grand mère de M. Emile Géilin, un excellent homme qui habite rue Françoi.s-Piinon.

Soudain, les deux chevaux attelés au corbillard s'arrêtèrent net. Le cocher. M. P.oisth. de la voix et du fouet, les sollicita. Ce fut en vain:' Ils restèrent plantés, immobiles. Un passant les prit à la bride, voulut les faire avancer. Peine perdue. Les animaux, entêtés, tournèrent à droite, puis à gauche, puis reculèrent, mais refusèrent obstinément de faire un pas eri avant. On essaya de tous les moyens de la douceur. enfin de la violence. Rien n'y fit. Cela dura une heure. La foule s'était amassée. Il y avait là cinq à siv cents personnes qui déploraient, en termes pleins de Culère, ce fâcheux incident.

On avait téléphoné à la Compagnie des pompes funèbres. Elle envoya enfin deux autres chevaux, qui, plus dociles, furent attelés au char funèbre el le conduisirent sans autre à-coup au cimetière de Pantin.

loge les 2,150 francs d'acompte sur la somme qu'il lui doit pour l'achat de son .magasin, il lui a dit que cet argent provenait d un magasinier de Oergerac qui avait contracté jadis une dette envers lui.

Jouberthie aurait, d'ailleurs, donné à un camarade une explication sensiblement différente à ce sujet « L'argent que je possède actuellement m'a été donné nar une femme de Bergerac dont j- suis l'ami, et qui le tenait elle-même de son amant. C'est celui-ci qui, sous l'influence de la jalousie, a déposé une plainte contre moi et Clancier La septième brigade mobile, munie d'unt commission rogatoire du parquet de SaintYrieix, a procédé à des perquisitions au domicile des deux garçons coiffeurs.

Chez Jouberthie, rue des Boucheries, on a trouvé un veston gris taché de sang, une ,alliance; une bourse en argent et une chatne de montre en métai doublé or. Ces bijoux font partie de la nomenclature des objela volés à M. Demangecn. Chez Clancier, on a saisi des papiers sans importance, contenus dans une malle. Ces divers objets ont été envoyés à Sainl-Yrieix. Quant aux bicyclettes dont se sont servis les assassins pouf leur expédition, ils les avaient empruntées. Ajoutons que leurs patrons ont donné de bons renseignements sur Ifs deux inculpés et que le mandat d'arrêt n'est arrivé à Bordeux que quatre jours après les renseignements fournis par la sûreté de notre ville. Enfin, M. Pierre Demangean fils offre francs à la personne qui pourra provoquel l'arrestation des assassins.

Leur signalement

Voici, d'après le mandat d'arrêt lancé contre les deux assassins par le juge d'instruction de Saint-Yrieix, le signalement àé chacun d'eux

Jouberthie, né le 6 juin à Saint-Pierre.de-Frugie (Dordogne), est le fils de Mathurin et de Marguerite Bayer, Taille lK6fl à lm63, corpulence mince, brun, moustache brune relevée, yeux bleus.

Clancier, né à Chalus le 9 juin 1891. est le fils de Pierre et de Marie Buisson. Tailte lm60« corpulence moyenne, figure ronde, bouche grande, front large légèrement proéminent, yeux châtains moustache naissante, cheveux longs devant et courts derrière, menton large.

LA MORT DU PETIT HENRI MERCIER

L'interrogatoire des parents est assez troublant Toutefois il se pourrait que les époux Mer. cier fussent remis en liberté aucune preuve précise n'existe en effet contre eux.

Les épi.m.v Mercier, arrêtés connue ailleurs de la mort de leur petit Rareon Henri, àgè de sept ans, on! été confrontés, hier. par M. Pnidet-lîallaUe, juge d'instruction, avec plusieurs locataires de l'hôtel ou ils lo- geaient, avenue d'Epirtay, à Geimevilliers.

Les inculpés, qu'assistaient. M« Jacomel et Doublet, continuent à protester de lear) innocence.

Ils prétendent qu'ils se sont mis au lit. le. 2H janvier, à huit, heures et demie et qu'iisi ne se son! 'aperçus de Sa mort du petit Henri que le lendemain matin seulement.

Cependant, le père, pressé de questions par le magistrat, est contraint de reconnaître ijuty [inrl'ois. il corrigeait son enfant pour, lui faire passer les cauchemars qu'il avait la nuit.

Il dut avouer aussi-que quatre jours avant la mort du pel.il gardon, il l'avait » attrapé si bnita)<>riiPii! qu'il en .-ivfii! d*Vhj[V' la tai.- d'oreiller de l'enfant.

M. Bouss-in. qui; dans l'hùtel. occupe -une chambre contiguë à celle des époux Mercier, a déclaré que, la 2ti jaivvipr, il avait entendu des gémissement et des raies chez les iurtilpé.s.

Gémissements cl rùie> vuiiciit si for! s 'jue .témoin prévint le logeur. M. S-3.1is. remonta dans sa chambre avec ce dernier. Les nilys devinrent de il!: 1; en plus faibles, pour cesser complètement..

Comment, dit. le \u^e aux Mercier. pouvwc-ivous soutenir. "a près*. ce témoignage, que vous n'avez rien entendu au cours de'cette nuit Iragiqii"

.Je maintiens, répond .\I'>i.'i\ <me je ne me suis pris réveillé de la nuit.

Celte ntnr.ii.~e est contredite |>wr deux antres locataires, qui déclarent que. vers onze heures et demie. une heure après que les râles eurent cessé, ils entendirent \tercier pleurer et parler seul. Sa femme dut le faire cesser ̃< Tais-toi, je t'en prie lui diteiie.

Malgré ces témoignages, qui sont, on le voit, des plus graves, il se pourrait que les parents du petit Henri soient mis en liberté faute de preuves suffisantes et surtout parce que le docteur Socquet, qui a pratiqué l'autopsie du petit cadavre, a conclu à la mort par intoxication par l'oxyde de carbone. Coups, sévices el oxyde de carbone n'ont, en effet, rien de commun.

M. Kohn-Abrest. chef des travaux du laboratoire de toxicologie, chargé de l'examen des viscères dc t'enfant. remettra aujourd'hui ou demain son rapport au magistrat instructeur.