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Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir

Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)

Date d'édition : 1912-02-05

Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 126844

Description : 05 février 1912

Description : 1912/02/05 (Numéro 12882).

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k564237v

Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 18/06/2008

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EDITION DE PARIS

SEMAINE PARISIENNE Paris crimrnel. Un aulre toast ci la petite itfi/e. Le geste du propriétaire. En ro6e de chambre. Avanf le syndicat. Un Iccataire redoufable. Le salpêlre.

C'était jadis un jeu littéraire fort goûté que de faire la critique des mœurs en imaginant les impressions d'un sauvage, jeté tout à coup au milieu de notre civilisation. Sur ce thème, d'illustres satires ont été écrites, si d'autres n'ont eu qu'une vogue éphémère, comme cette suite un peu audacieusement donnée à Atala, dont on pourrait se souvenir un instant, tandis que M. Jules Lemaitre parle de Chateaubriand. Si l'on songeait à reprendre une méthode, qui était commode pour mettre en relief tous les vices d'une organisation sociale, le sauvage qu'il serait opportun d'introduire sur la scène ne devrait plus être un bon sauvage naïf, mais le plus féroce Peau-Rouge de la légende, le Thug le plus redoutable, le barbare le plus barbare. Et il pourrait trouver, tout au moins, que nous exagérons beaucoup quand nous nous flattons de notre état policé. A l'encontre des autres voyageurs supposés, il n'aurait guère à s'étonner de ce qu'il verrait autour de lui peut-être même s'estimerait-il relativement assez doux, à en juger par les crimes incessants dont il serait, le témoin, par cette odeur de sang qui monte de partout, par ces continuelles détonations de revolvers, par ces audacieux attentats de toute sorte qu'il pourrait admirer en connaisseur. Que faire contre cet abominable épanouissement du crime ? C'est un des problèmes les plus graves qui se posent aujourd'hui. Et ce n'est pas le crime sournois, hypocrite c'est l'aventureuse partie de jeu, le hasard tenté avec une incroyable décision dans l'attaque le malfaiteur, on calculant ses chances, n'ayant pas oublié ses risques et étant prêt, s'il échoue, à ne pas faire plus de cas de sa vie que de celle des autres. Il y a là une assez effrayante mentalité. Ce n'est pas qu'elle soit nouvelle en ellemême elle se révèle seulement en des conditions presque nouvelles. De tout temps, il y a eu de ces révoltés, ayant fait la part du danger dans la conquête violente de la proie convoitée, mais d'autres circonstances les poussaient d'autre entreprises ils èlaieïit flibustiers, corsaires, boucaniers ils prenaient part à des expéditions qui donnaient l'espoir du pillage et ils étaient quelquefois des héros. Ces périodes de rudes épopées sont finies, et chez d'autres hommes les mêmes instincts indomptables subsistent, s'exerçant d'une façon plus ignoble.

Un seul remède apparaît, mais si malaisé Une telle vigilance, un châtiment si immédiat, une riposte si prompte, que ces crimes ne vaillent plus guère la peine d'être tentés. Il faut convenir, cependant, qu'il est plus simple d'indiquer ce moyen que de le réaliser. Mais la plupart de ces misérables ont déjà été condamnés ceux-là, il faudrait pouvoir les surveiller, ne pas les perdre de vue, les. empêcher de changer d identité à leur gré. Pr2sque tous ceux qui tombent vivants au morts entre les mains de la justice, ont jonglé avec les états civils. Un simple secrétaire de commissaire de police de la Charente, M. V. Gautier, a émis à ce sujet des idées très justes sur la nécessité d'imposer un livret d'identité, avec photographie, seu'le pièce dont il serait tenu compte, aux condamnées de certaines catégories ce livret n'aurait, en lui-même, rien d'infamant, mais les occasions où il devrait être produit pouvairt être fréquentes, il permettrait de 6uivre l'homme, de savoir ce qu'il est devenu.

Et puis, surtout, dès l'enfance, ce qui importe, c'est la discipline morale donnée par l'école. C'est la grande tâche pour détruire les mauvais germes, par l'enseignement vivifiant du respect de la loi. Il est de vieilles vérités élémentaires qu'il faut plus que jamais répéter pour qu'elles entrent profondément dans toutes les consciences. Comment Ce pas croire que cette notion primordiale que la vie humaine est sacrée s'est affaiblie quand on voit, comme cette semaine, une toute jeune fille ne pas hésiter à venger ses griefs à coups de revolver, presque comme une chose toute simple, comme si elle n'avait eu aucune autre ressource de se soustraire à une situation pénible? Que d'aberrations

Il y eut, autrefois, en des temps d'âpres luttes politiques, le toast fameux « à la petite balle ». Ce serait le moment de le reprendre, mais dans un sens tout contraire. Petite balle, ne sois plus ni folle, ni aveugle, ni si prompte Petite balle, délivre-nous de foi

Mais, au milieu de ces tragédies, il y a eu, par contraste, le beau geste », le geste souriant et apaisant, le geste accueillant du propriétaire répudiant le surnom classique de « M. Vautour » et offrant une hospitalité désintéressée au locataire, un peu bruyant sans doute, pour lequel semblait être rétablie la vieille peine de l'ostracisme. Les pessi- mistes prévoient que la lune de miel entre l'hôte et l'hospitalisé durera peu, et; que l'obligeant possesseur de l'immeuble ne tardera pas à regretter sa généreuse inspiration. Mais ce sont des pes- simistes, faisant profession de se défier', du premier mouvement, qui est le bon, quoi qu'ils disent. Pourquoi le fondateur du syndicat des locataires, évidemment porté par son tempérament à'

des démonstrations excessives, bien que 1 gardant quelque bonne humeur, et qui, après tout, jette des vérités dans sa fan- taisié, ne tiendrait-il pas à honneur de répondre galamment à de galants procédés ? Le Mécène de la rue Mademoiselle, en tout cas, n'a guère à craindre, pour le moment, <fue l'exagération de la reconnaissance.

Au temps où on écrivait bravement des physiologies de tous les métiers et de toutes les situations sociales, sans s'effrayer de la diversité des physionomies, pour les réduire, coûte que coûte, à un type, ie romancier Amédée Achard avait donné celle du propriétaire. Il ne s'était pas mis en grands frais d'observation il avait dessiné la figure consacrée, et, à cette époque, on ne concevait guère le propriétaire littérairement et théâtralement, que vêtu d'une confortable robe de chambe et coiffé d'une calotte à gland, préparant avec soin ses quittances et rebelle aux réparations. Il n'avait pas prévu le propriétaire unique, il est vrai, qui donne des leçons d'humanité à ses confrères et appelle à lui les bannis. Cependant, si superficielles que soient ces pages, très peu documentaires, il avait esquissé la silhouette, à qui d'affligeants incidents ont rendu quelque actualité, du propriétaire ennemi des familles nombreuses « Les frais sourires et les blondes chevelures, disait-il, ne peuvent rien sur un cœur qui appartient tout entier aux moellons et aux briques. » On a vu, malheureusement, ces. jours derniers encore, que des locataires, nullement subversifs, ceux-là, traînant seulement avec eux un cortège d'enfants, risquaient d'éprouver le même sort c'est-à-dire de rester dehors que le fougueux champion dont le nom pittoresque est devenu célèbre.

Il est vrai que, alors, certains humoristes se donnaient la mission de venger les locataires trop résignés. Le corniste Vivier, qui poussait loin l'art de la mystification, fut, bien avant M. Cochon, un redoutable contempteur de l'autorité des propriétaires. C'est lui qui, dans son appartement, au quatrième étage d'une maison de la place de la Bourse, avait installé un veau, qui trouvait sur le balcon une prairie extrêmement artificielle. Vivier reçut son congé, mais médita des représailles. Son appartement étant à louer, il devait le laisser visiter. Il en faisait même les honneurs aux visiteurs avec empressement et il en louait complaisamment les avantages bonne exposition, des voisins aimables, une tran- quillité parfaite. Tout à coup, d'épouvantables détonations retentissaient il avait insidieusement mis le feu à des pièces d'artifice préparées. Aux exclamations de terreur provo- quées par cette explosion. Vivier répon- dait avec flegme Ce n'est rien. Cela arrive souvent. Vous savez qu'il y a toujours un peu de salpêtre dans les murs. mais l'apparte- ment est si commode qu'on peut passer sur ce petit inconvénient.

Le logis resta longtemps à louer. Paul GINISTY.

NO TRE *BUDGET

ET CEUX DES A UTRES -JwLe Sénat interrompra aujourd'hui le *X^ rlé bat budgétaire pour aborder l'examen de l'accord franco-allemand. Il n'en est pas moins vraisemblable que la loi de finances sera bouclée aux approches du 20, car la haute assemblée est résolue à procéder ra- pidêment pour nous éviter un troisième dou- Plusieurs orateurs ont pris la parole cette semaine pour analyser ou critiquer le méca- nisme du budget de 1912. Quoi qu'on puisse dire de l'élévation inévitable des dépenseselle s'affirme chez nous comme partout ail- leurs et peut-être moins qu'ailleurs nous avons jusqu'ici évité l'emprunt: Notre dette publique, suffisamment lourde, ne s'est pas accrue, et le développement même de l'ac- tivité et de la richesse a permis de tnain- tenir l'équilibre financier.

Nos voisins se heurtent à de plus grandes difficultés, ou bien leur prospérité générale ne s'augmente pas en une égale mesure, car ils sont obligés de recourir à des emprunts en quelque sorte continus. Coup sur coup. on a appris, au lendemain des élections gé- j nérales du Reichstag, que l'empire allemand et les différents Etats qui le composent Prusse, Bavière, Saxe, etc., étaient contraints de s'adresser aux prêteurs, peu em- pressés d'ailleurs à porter leurs souscrip- jtions aux guichets impériaux ou royaux. Rt il s'agit, au total, de près d'un milliard or, en 1910 déjà, il avait fallu procéder à de larges émissions, qui n'avaient guère rendu. Nous méconnaissons un peu trop, la valeur de notre puissance financière, qui demeure pourtant un indubitable élément de (orce nationale.

Un vapeur français échoué dans la baie de Tanger Tanger, 4 février.

Hier soir, à huit heures, le vapeur français Artois, de la Compagnie de navigation Mazella, venant, de Casablanca, a été jeté à la côte, dans la baie de Tanger, par la violence des courants.

Sa situation est des plus critiques. On considère le vapeur comme perdu. Toute la' nuit, des remorqueurs, éclairés par le croiseur Du Chayla, qui dirigeait ses pro- jecteurs sur le lieu du sinistre, ont essayé d.e le renflouer.

Le navire est placé perpendiculairement à la côte, ce qui lui a évité, jusqu'à mainte- nant, d'être trop endommagé. L'equipage a été recueilli par le Du Chayla.

On contre-torpilleur

gravement avarié au Havre Le Havre, 4 février.

Le contre-torpilleur Sabre, venant de Cherbourg, en entrant dans le bassin de !a Citadelle, s'est heurté contre le musoir il a eu ,son étrave complètement tordue et ses tOles d'avant défoncées.

L'inventeur d'un parachute se tance due La tour Eiffel et s'écrase sur le sol

Un instantané de la chute, montrant que l'appareil ne s'est pas ouvert

Le malheureux inventeur Le premier vêlement-para revêtu de son appareil M. FRANTZ REICHELT chute inventé par M. (Photographie prise hier Frantz Reichelt et qu'il matin avant la tragique C39 .r* n'avait expérimenté qu'avec expérience) des mannequins

Au cours d'une expérience qu'il tentait pour la troisième fois à la tour Eiffel, un jeune inventeur a trouvé hier matin la mort dans des circonstances particulièrement tragiques.

M. Frantz Reichelt se consacrait en effet, depuis plusieurs années, la recherche d'un appareil simple et pratique, destiné à servir de parachute aux aviateurs, lorsqu'un accident leur ayant enlevé ta direction de leur appareil, ils seraient précipités vers le sol. Exerçant le méfier de tailleur il était j installé 8, rue Gaillon il avait, non sans (̃ wm- •-̃ertaine apparence do raison, songé. ù Utiliser. les vêtements mêmes du pilote pour établir son pa-rachutu. Son invention compor- tait une large « combinaison » de toile caouti choutée des épaules au mollet, deux ailes comparables à celles des chauves-souris, soutenues par une légère armature métallique, se trouvaient en temps normal, pendantes au long du corps. Pour les étendre et se protéger, il suffisait d'allonger les bras en croix.

Plusieurs essais infructueux avaient déjà été faits, notamment au cours de 1911, par M. Reichelt qui, jusque-là, avait eu la sage précaution de figure- l'aviateur par un mannequin. A l'origine, son appareil comportait seulement six mètres carrés de surface portante pour un poids de 70 kilogr. alors que, rationnellement, il aurait fallu une surface beaucoup plus considérable.

Désirant concourir pour le prix Lalance, et se rendant compte qu'il était encore loin de la bonne voie, il avait modifié son instrument, lui donnant 12 mètres carrés de surface portante. Les résultats furent encore déplorables. Mannequin et appareils s'écraI serait lourdement et s'émiettèrent suit le sol.

M. Reichelt nj se découragea pas cependant. Avec cette aveugle ténacité qui caractérise les chercheurs dont l'éducation scientifique ne fut pts complète, il se persuada que son vêtement-parac! ute était un excellent système et que tous ses déboires passés venaient de ce qu'il ne 1 expérimentait pas personnellement.

Sa résolution '.lut cientôt prise. Il se lancerait lui-même dans l'espace et la fortune, alors, serait bien forcée de lui sourire. Il sollicita et obtint du préfet de police une nouvelle autorisation pour l'épreuve qu'il jugeait devoir être définitive et qui lui fut fatale.

Hier matin donc, à 7 heures, une quinzaine d'agents avaient organisé un service d'ordre, dans la partie du Champ-de-Mars, comprise entre les quatre piliers de la tour. M. Gassion, l'un des gardiens du monument, se trouvait seul aux bureaux de l'administratiom lorsque se présenta M. Reichelt, en compagnie de deux camarades.

Malgré l'autorisation de M. Lépine, le gart dien, qui avait assisté aux expériences précédentes du malheureux et prévoyait la catastrophe, refusa l'accès de la tour à l'inven- teur, avant d'avoir obtenu l'avis de ses chefs.

A huit heures, visiblement énervé par ce contre-temps, M. Reichelt pouvait enfin accéder à la première place-forme, à 100 mètres environ au-dessus du sol.

Il choisit, pour se lancer dans le vide, un emplacement sur la balustrade intérieure. Tournant le dos à l'Ecole militaire, devant la terrasse du restaurant, il monta, après s'être équipé, sur une table d'où il pouvait facilement s'élancer dans l'espace.

Huit heures un quart venaient de sonner. En bas, une trentaine de personnes, journalistes, photographes ou curieux matinaux j attendaient, en battant la semelle, la minute décisive. Et le drame, en quelques secondes, se déroula.

M. Reichelt apparut debout sur la table. J Fût-il pris de vertige, de congestion, ou la i peur paralysa-t-elle à la minute suprême ses mouvements ? Toujours est-il qu'au lieu d'étendre les bras pour ouvrir son parachute, il les croisa d'un geste brusque devant son visage, au moment où il tombait dans le vide.

Deux secondes plus tard, lamentable épave, il. gisait sur la pelouse glacée. Il était I tombé presque debout, légèrement incliné sur le côté droit et son corps avait marqué son empreinte à plus de trente centimètres de profondeur. Un mince filet de sang coulait par la bouche, le nez et les oreilles de l plus, le bras et la jambe droites du malheu1 l'eux étaient broyés, son, crâne et sa colonne vertébrale brisés. La mort avait été instanLes gardiens de la paix placèrent imméL diatement dans une. automobile le pitoyable cadavre qui fut conduit tout d'abord à l'hô-

pital Necker, où l'interne de service ne put que constater le décès puis au poste de la rue Amélie, et enfin rue Gaillon, au domicile du malheureux inventeur.

CHEZ M. FRANTZ REICHELT

M. Frantz Reichelt était âgé de trente-trois ans et il demeurait depuis quatre ans au n° 8 de la rue Gaillon.

M. Franlz Reichelt, nous dit la concierge, était aimé de tous ceux qui le conjw^ssateijf. Citait un travailleur il était ,pourvu de toutes lés qualités et toujours prêt à re,n4re service à celui qui se trouvait dans le besoin. M. Reichelt nétait pas marié. Dans son atelier, situé au troisième étage, il occupait parfois un très grand nombre d'ouvriers et d'ouvrières. Il avait une très belle clientèle, car sa réputation de bon ouvrier était bien établie.

M. Reichelt, ajoute notre interlocutrice, était d'origine autrichienne. Venu en France il y a quatorze ans, il -y installa. Une de ses sœurs quitta également 1 Autriche pour venir à Paris, où elle se maria. En 1909, M. Reichelt se faisait naturaliser Français. L'année suivante en juillet 1910, pour être précis, il se mit à étudier un système de parachute dont l'idée 'e hantait depuis quelque temps déjà. Le tailleur, profondément ému du nombre d'a oidents mortels qui frappaient les aviateurs, espérait réaliser une invention qu'ils utiliseraient en cas de chute et leur permettrait d'arriver au sol sans le moindre .nal. Dès lors, il ne prit plus de repos qu'il n'eut exécuté son projet. Il fit, dans la cour de la maison, plusieurs expériences qui avaient paru fort bien marcher. Il lançait du cinquième étage un mannequin pourvu d'une paire d'ailes éployées. L'appareil tombait sur le sol tout doucement. M. Reichelt croyait avoir enfin trouvé. Il avait annoncé, hier à ses ouvriers qu'il ferait, une expérience publique, ce matin, à la tour Eiffel. Et, comme ceux-ci s'inquiétaient et lui représentaient le danger qui! y avait à tenter pareille épreuve, le tailleur les rassura en leur déclarant qu'il se bornerait à lancer un mannequin comme les autres fois.

On voit, qu'il eût bien mieux fait d'agir ainsi.

POURQUOI L'AUTORISATION FUT DONNÉE Beaucoup de personnes s'étonneront que M. Lépine, préfet' de police, ait accordé au malheureux' Frantz Reichelt l'autorisation de tenter une expérience qui devait se terminer de si tragique façon.

A la vérité, au cours des démarches faites par lui à la préfecture de police, Frantz Reichelt ne dévoila jamais ses intentions et l'on supposait qu'il s agissait comme en maintes circonstances précédentes de lancer un appareil dont le pilote était remplacé par un mannequin.

Le service d'ordre établi aux abords de la tour Eiffel avait pour but unique de protéger les curieux en les maintenant hors d'une zone dangereuse pendant les expériences. te capitaine lie JWaguet succombe àses blessures L'infortuné capitaine Le Muguet qui dt, samedi soir, au Bois-d'Arcy, l'épouvantable chute dont nous avons rapporté, hier, les ciréonstancest n'a pas survécu aux terribles blessures qu'il s'était faites..

Transporté à l'Institut aérotechnique, à Saint-Cyr, il y resta, entouré de quelques amis et de médecins militaires, jusqu'à quatre heures du matin.

A ce moment, son frère, le docteur Le Maguet, de Nogent-sur-Marne, étant arrivé, on décida de transporter le blessé, en auto, à l'hôpital militaire de Versailles,

Mais, pendant le trajet, l'infortuné officier rendit le dernier soupir.

Le capitaine Le Maguet était né le 8 octobre 1877, a Neuilly-sur-Marne (Seine-et- Oise) sous-lieutenant le 1er octobre 1899, il était nommé lieutenant en 1901 et capitaine le 9 mai 1906.

Sa carrière extrêmement rapide était la récompense de brillantes campagnes au Sénégal et en Cochiachine, d'où il était revenu il y a un an environ.

Le capitaine Le Maguet était, depuis son retour en France, affecté au 2° régiment d'ar.tilterie coloniale à Cherbourg. Il était chevalder de la Légion d'honneur.

FRANCE ET ITALIE L'INCIDENT D'HODEIDA DEMEURE TRÈS OBSCUR L'AFFAIRE DE MILAN

Nous avons signalé, hier matin, les nouvelles de source privée qui étaient arrivées d'Hodeida sur la mer Rouge le bombardement de ce port turc, celm du port turc aussi de .Djebana, dont une compagnie française a assuré l'exécution en même temps, que la construction d'une voie fer-.rée, Djebane-Hodeida-Sana. Les dépêches ajoutaient qne les tronçons déjà aehevés de cette ligne avaient été détruits.

Hier après midi, le gouvernement francais restait encore sans confirmation de ces télégrammes. N'ayant reçu aucun avis de notre consul de Djeddah, il a demandé à Constantinopie et à Obock des informations précises. Il a, en outre, donné des instructions pour que le paquebot des Messageries maritimes, qui traverse actuellement la mer Rouge, s'arrête à Hodeida, afin d'y recueillir les Français.

Il y a lieu d'ajouter encore, d'après des informations puisées h bonne source, que le chemin de fer de. Djebana à ,Hodeida et Sana avait réellement un caractère stratégique, et que le cahier des charges de la Compagnie française prévoyait qu'au cas d'interruption des travaux ne provenant pas de son fait, elle pourrait se retourner contre le gouvernement ottoman les droits de cette compagnie sont ainsi nettement spécifies. M. Driant, député de Meurthe-et-Moselle, compte interpeller, aujourd'hui, le gouvernement sur l'affaire d'Hodeida.

Un autre incident se serait produit à Milan. Le docteur Maublanc, citoyen français, a été arrêté en cette ville. On a cm d'abord qu'il avait été appréhendé pour avoir emporté, parmi ses bagages, allant en Egypte, ûn revolver et une carabine. Ces armes anraient été tenues pour contrebande de guerre. Maintenant on ne l'accuse plus que d'avoir fait passer son revolver et sa carabine sans déclaration préalable en douane. Cette arrestation remonte au 26. Comment s'expliquer qu'elle ait été maintenue Y aurait-il eu abus de la part d'un agent subalterne ? ON NE SAIT RIEH A ROME

Rome, 4 février.

Aucune nouvelle n'est parvenue ici au sujet de l'incident d'Hodeida.

On sait seulement que Ies travaux du port et du chemin de fer, dont deux kilomètres ait total auraient été construits, sont contes à une société française,. Celle-ci les faisait diriger par un ingénieur ilalien, M. Viollini. Cet ingénieur fut expulsé par les Turcs il y deux mois. Il est vraisemblable, aMirme-t-on, que son expulsion ait entraîné l'interruption des travail il n'est pas impossible. non plus qu'à Ja suite de ta déclaration du blocus, quelque chargement destiné au chemins de fer ait éfé arrêté, mais le gouvernement italien restait sans dépêches encore ce soir.. Les milieux officiels ajoutent qu'Hodeida possède une citadelle et qu'elle est donc ville fortifiée, c'est-à-dire exposée au bombarde.ment.

La Tribuna comménte en termes cor- diaux les mesures prises par la France pour aut/menter la surveillance à la frontière tunisienne et l'ordre donné aux torpilleurs français d'empëcher la contrebande à la limite des eaux tunisiennes,

La Tribuna dit

n Ces mesures du /jouvernement français s'inspirent de ses sentiments d'amitié envers nous, de son désir de remplir le plus efficacement possible ses devotrs de neutraLité et de la volonté identique des deux gouvernements et des deux pays de cultiver une amitié réciprnque. »

Parlant d'Hodeida, la Tribuna dit « Sur ce prétendu ineident, la Consulta n'a rcçu absolument aucune information. Tout porte donc craire que l'exagération de certains journaux français n'aura aucune ellet sur la logique des choses et sur te 6on sens de l'opinion publique. »

LES TURCS DU c MANOUBA »

JRRIVENT A TUNIS

ILS REPARTENT POUR SFAX

Tunis, 4 février.

Dès cinq heures, ce matin, un service d'ordre, organisé à l'occasion de l'arrivée de la Ville-de-Tunis, ayant à bord les membres de la mission ottomane du Croissant-Rouge, occupait les quais.

A sept heures trente, l'aviateur Obre s'éleva sur son monoplan, et vint planer audessus de la VitLe-de-Tunis qui venait de s'engager dans le canal. Un certain nombre d'Européens et d'indigènes stationnaient sur les quais. Aucun madent ne s'est produits. A huit heures trente, la Ville-de-Tunis accostait elle avait été sensiblement retardée par le mauvais temps, qui avait contrarié la traversée de Marseille à Bizerte.

Les passagers descendirent à terre. Les membres de la mission restèrent sur le pa quebot, qu'ils ne devaient plus quitter jusqu'à Sfax. Dans le salon du bord, le docteur Emin bey, chef de la mission, reçut quelques personnes, notamment une délégation de souscripteurs qui apportaient trois montres en or aux médecins et des objets tunisiens aux infirmiers, en souvenir de leur séjour à Cagliari.

La Ville-de-Tunis a levé l'ancre cet aprèsmidi. De Sfax, les membres de la mission gagneront la frontière en automobile, puis, 91'aide des moyens dé transport du pays, ils rejoindront devant Homs le corps turc auquel ils sont affectés

Le passager retenu

Marseille, 4 février.

Le passager turc que la commission d'examen a considéré comme suspect a quitté le Frioul cet après-midi et a été, dans la soirée, reconduit à la frontière suisse, croit-on. En ce qui concerne le deuxième et dernier sujet ottoman, il est toujours au Frioul, mais sa santé s'améliore de jour en jour. Or français expédié a Rome

Dijon, 4 février.

Cette nuit, dans un train venant de Paris et passant en gare de Dijon iL destination de Rome, on remarquait deux wagons dûment scellés aux armes d'Italie et accompagnés d'une escouade d'agents italiens du service de la sûreté.

D'après les feuilles' de chargement qui accompagnaient le? deux véhicules, ceux-ci contenaient cinquante millions en or expé.diés au gouvernement italien par deux banques. Contrebande de guerre n, disaient plaisamment les employés au courant de ce transport

LA NOTÉE D1VRT

M1" Miliarà s'est ssicidèe, dit le médecin qui l'autopsia Le Petit Parisien disait hier que la mort de Mlle Geneviève Miliard, dont le corps avait été retrouvé dans la Seine, à Ivry, restait mystérieuse, mais que loin de partager les sentiments des parents de la malheureuse jeune flllp, qui supposaient un crime, las magistrats chargés de l'enquête inclinaient plutôt à croire qu'on se trouve eu présence -d'un suicide.

Sur quoi la farniUe base-t-elle sa conviction ? Sur des données d'ordre avant tout sentin\enAal, dont nous ne nous permettrons pas de discuter la valeur, mais qui, jusqu'à présent, n'apparaissent pas comme un appoint suffisaht dans .la discussion du proinlème. Certes,. l'enquête a, sans restriction, révélé la parfaite conduite de cette jeune filJe et personne ne lui connaissait de liaison. Entre l'amour des siens et son travail, il. n'y avait pas eri elle place pour d'autres soucis soit, mais en dépit de toute sa logique, à cause même de.sa logique, cet argument vient cependant tout à l'encontre de la thèse à soutenir

Comment, en effet, une jeune fille d'une si rigoureuse tenue dans sa vie, dans ses habitudes, une jeune fille qui suivait si droit son chemin, s'est-elle .laissé entraîner soudain, au hasard d'une aventuré que .son caractère devait lui fâire entrevoir tout de suite comi me dangereuse ? Ne connaissànt personne. elle n'aurait eu garde de suivre un inconnu. Il est plus naturel, semble-t-ii. de penser que si Geneviève Milîard n'a pas pris jeudi snir, comme de coutume, le chemin de la maison familiale, c'est qu'elle ne voulait pas le prendre, ne se laissant entralner par qui que ce soit, par quoi que ce soit, si ce n'est sa volonté.

D'autre part, dans l'entourage de la jeune fille, on semble accorder une grande importance rl une révélation laite par une amie d'atelier.

D'après rftle indication, Geneviève Mjliard' se serait, plusieurs fois, aperçue des assiduités d'un homme qui avait pris l'habitude de l'attendre à la station d'Avron. Comme la jeune fille évitait ce personnage, il faudrait supposer que ce dermer s'est livré à un véritable enlèvement.

Quelque romanesques et invraisemblables que deviennent chaque jour les attentats m'odern-style, il semble bien étrange qu'un pareil coup de force puisse être accompli à sept heures et demie du soir, dans une des rues les plus mouvementées, et cela sans attirer l'attention.

Par contre, comme nous l'avons dit hiér, les constatations, faites sur le cadavre, dès sa découverte, ont conduit tout de suite le magistrat à'conclure à un suicide.

Cette opinion est du reste partagée j>ar M. le docteur Vibert, médecin légiste. qui a pratiqué, hier, à la Morgue, l'autopsie de la malheureuse jeune fille.

Le praticien, après avoir çonjÇbi &. -une mort par'aspljyjne consécutive la submersion, .a, en effet, stipulé qu'il n'avait reksvé, au cours de ses recherches, aucune trace de violence, externe ou interne^ LE BIGAME Ce que disent son beau-frère et sa dernière femme.

Nous avons longuement raconté, nier, les aventures de ce professeur espagnol JoséAntonio-Sanchez Gonzalez, que vient de faire arrêter, à la Havane, M. le juge d'instruction Tortat, sous l'inculpation de bigamie. Après avoir épousé le 28 juin 1906. à Carthagène, Mlle Isabelle-SSanchez Inglès, qu'il délaissa bientôt pour une de ses compatriotes à peine âgée de seize ans, le professeur vint s'installer à Paris, et oubliant ses engagements passés, épousa, comme on sait, devant le maire du dixième arrondissement, Mlle Alice L. fille du propriétaire de l'hôtel où il était descendu, rue d'tlautxville. Il prit, il est vrai, pour cette formalité, le nom de Miguel-Moreno Villalobos.

Nous avons vu le père de la victime du pseudo-Villalobos.

Le professeur Moreno

Retiré des affaires depuis peu, M. L. occupe, avec sa femme et ses deux filles, un coquet appartement rue Ordener.

Bien que très ennuyé par le bruit fait au- tcur de l'aventure dont sa fille aînée fut l'héroïne, l'ancien hôtelier s'est fort aima blement prêté à l'interview.

Gonzalez Moreno

C'est au début de l'année 1910, nous at-il déclaré, que celui qui devait devenir mon gendre descendit à 1 hôtel que je tenais rue a Hauteville. Il me loua une chambre au premier étage d'un loyer mensuel de francs, et s'inscrivit sous le nom de Miguet V. Moreno, professeur, venant de Barcelone.

Ce jeune homme paraissait sérieux, actif. Il était d'une politesse excessive et recevait de nombreux plis cachetés d'Espagne. Tout d'abord, je ne fis pas plus attention à lui qu'à mes autres pensionnaires. Cependant, le m'aperçus bientôt qu'il profitait de tous les prétextes pour s'introduire chez moi, pour adresser la parole à ma fille Alice, alors âgée de dix-sept ans à peine.

Cette insistance commençait à m'ennuver, lorsque mon garçon se présenta un matin et me dit sans ambage }

K M. l'Espagnol m'a chargé d'une commission. 11 m'a prié de. vous demander votre opinion sur l'union libre. Au eus où vous n'auriez pas de préjugé, m'a-f-il ajouté, ei si vous n'y voyez pas d'inconvénient, il serait tout disposé à vivre avec Mlle Alice, qu'il trouve à son goût. »

Sur le moment, j'eus l'idée de prendre mon locataire par les épaules et de le jeter à la porte de chez moi. Puis, je réfléchis, mon garçon était étranger, il s'était peut-