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Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir

Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)

Date d'édition : 1912-01-20

Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 20 janvier 1912

Description : 1912/01/20 (Numéro 12866).

Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale

Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse

Description : Collection numérique : BIPFPIG15

Description : Collection numérique : BIPFPIG33

Description : Collection numérique : BIPFPIG35

Description : Collection numérique : BIPFPIG37

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5642217

Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 18/06/2008

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ÉDITION DE PARIS La mort du billet de banque Henri Murger disait un jour, au temps où les billets de banque étaient bleus « II paraît qu'il y a de nouveaux billets de banque. On assure qu'ils sont bleus Les billets de banque, en effet, ont changé, dans ces dernières années, de forme et de couleur. Ils sont maintenant d'une variété de tons et d'une complication de dessin qui n'ont pas été partout bien accueillis. Vous les connaissez une dame qui porte une assiette à fruits un homme en chapeau de feutre qui tient un marteau sur une enclume, tandis qu'au bas, deux petits garçons se présentent, l'un de face, l'autre autrement, avec des regards étonnés.

C'est que les billets de banque, comme tous les êtres humains, ont leur destin et qu'une heure arrive où ils disparaissent. La mort du billet de banque, c'est, pour chacun de nous, le moment où il sort de notre porte-monnaie pour entrer dans un autre. Pour la Banque de France, responsable de l'émission, ces mots ont un tout autre sens. Et c'est de quoi pouvaient s'aviser ceux qui, la semaine dernière, avaient été. par rare privilège, conviés à assister aux convôî^service et enterrement de quelques séries de billets de banque condamnés à mort par l'administration de notre grand établissement national.

Quand je parle d'enterrement, je me trompe, car c'est l'incinération qui est aujourd'hui le mode adopté pour la suppression des billets de banque, cérémonie qui se reproduit à dates à peu près fixes et avec une régularité qui résulte d'une loi générale.

Les billets de banque, en effet, ne sont pas éternels. Fragiles par essence, ils sont exposés, en passant de mains en mains, à toutes les maladresses et à toutes les brutalités. Plus un billet de banque circule, plus il s'use, de même qu'une existence de fatigue use plus un homme qu'une existence de loisirs. Quand les billets reviennent à la Banque, on commence toujours par examiner s'ils sont en état de repartir pour un nouveau voyage circulaire. S'ils paraissent trop fatigués, on les admet à faire valoir leurs droits à la retraite, et cette retraite elle-même n'est que la préface de la mort.

Le billet réformé est d'abord marqué d'un cachet, ensuite, perforé d'un trou de forme particulière qui le rend impropre à l'usage. On le classe suivant sa série et son numéro. Peu à peu, ses contemporains viennent le rejoindre. Quand la série est complète, ou à peu près, on procède à l'exécution capitale. Cette exécution capitale a varié sensiblement. Depuis 1870, on effeuillait, on éparpillait les billets dans de grandes corbeilles dont on versait le contenu dans une lessiveuse rotative, c'est-à-dire dans un cylindre de deux mètres de diamètre et de quatre mètres de long contenant environ six mille litres d'une solution d'eau et de soude, qui opérait la réduction en pâte des billets précipités.

Comme tout change, même le mode applicable aux funérailles des billets de banque, on a inaugure cette année un système nouveau. Au lieu qu'il soit nécessaire, comme autrefois, ce qui, à la rigueur, pouvait tenter les consciences, d'éparpiller les billets dans des corbeilles, on les met, tels qu'ils ont été scellés et cachetés, par paquets de séries, dans une cornue qu'on porte à une très haute température.

Au bout de quelques heures, le tout est transformé en coke porté au rouge. Quand l'appareil se refroidit, au bout de quarante-huit heures, il ne reste plus ,que des cendres. Comme il est cadenassé et cacheté à ses deux extrémités, il suffit que le régent de la Banque assiste à son chargement et à son déchargement pour être assuré que tout s'est passé régulièrement.

Il est arrivé à des billets de banque d'être plus solennellement détruits que ceux dont je viens de raconter la fin. Je veux parler des assignats qui, le 23 décembre furent supprimés par une loi du Directoire, à raison de la dépré dation croissante dont ils étaient l'objet. C'est en conséquence de cette dépréciation que la destruction de la planche aux assignats fut ordonnée.

La délibération du Conseil des Cinq Cents y relatée mérite d'être citée « Article premier. Les formes, planches et matrices, ies poinçons, signes caractéristiques et ustensiles qui ont servi ou dû servir à la fabrication des assignats seront brisés, en execution dela loi du 2, nivôse dernier, solennelle ment et publiquement, le 30 du présent mois de pluviôse (19 février en préseuce des commissaires de la Trésorerip nationale et de ceux nommés par le Directoire exécutif.

C'est le 29, par un message solennel, que le Directoire annonça au Conseil des Cinq-Cents que l'opération aura;t lieu le lendemam. Tout se passa comme il avait été annoncé. Les assignats étaient si fort discrédités que personne, ni dans l'opinicn ni dans la presse, ne commenta cettp solennelle destruction.

Fort heureusement, les destructions de billets de banque auxquelles procède la Banque de France n'ont rien de commun avec la solennité historique qui entoura la destruction des assignats, il y a plus d'un siècle. La circulation fiduciaire Pst aujourd'hui pleinement normale et le billet de banque est entouré d'une juste estime, de l'estime de ceux qui en possèdent beaucoup, comme de l'estime de ceux qui ont le regret d'en manquer. .IBftM FKiLLt

SECOND INCIDENT FRANCO.ITALIEN Le paquebot "Manouba" arrêté par le croiseur "Agordat" Le capitaine est contraint à débarquer à Cagliari vingt» neuf infirmiers turcs qui se trouvaient à bord. LA PROTESTATION DE LA FRANCE

L'incident du Carthage n'était pas encore réglé à Rome qu'un second incident était provoqué par la flottille italienne de Sardaigne.

Le croiseur Agordat a, en effet, abordé en pleine mer le vapeur français Manouba, qui se rendait de Marseille il Tunis, l'a saisi et amené à Cagliari, et le capitaine a été forcé de débarquer 29 infirmiers turcs qu'il avait pris à son bord et qui appartenaient au Croissant-Rouge, institution ottomane analogue à notre Croix-Rouge. Après quoi, d'après une dépêche de Rome, le Manouba a été .autorisé à reprendre sa route. On lira ci-dessous les détails de cette affaire, qui, connue dans les milieux officiels à la fin de la matinée d'hier, y a provoqué une vive émotion. M. Raymond Poincaré conféra immédiatement, au quai d'Orsay, avec M. Barrère, notre ambassadeur à Rome, et M Louis Renault. Puis il invita télégraphiquement notre chargé d'affaires, M. Legrand. qui devait être reçu dans raprès-trudi par NI. di San Giuliano pour discuter la mise en liberté, impatiemment attendue, du Carthage, à protester avec véhémence contre la saisie du Manouba. Cette protestation s'appuyait à la fois sur ta convention Il'de la Haye. qui protège la correspondance postale, et sur l'article 10 de la convention 10, qui déclare les services hospitaliers inviolables.

Nous croyons savoir qu'à Paris, on est fermement décidé à assurer la liberté des communications entre les deux rives françaises de la Méditerranée, comme à faire valoir tous les droits de nos nationaux lésés à des dommages-intèrêt=

L'attitude des officiers italiens de Cagliari demeure inexplicable, car elle est absolument contraire à la lettre même des traités, et l'on s'étonne qo'après avoir prolongé l'incident du Carthage, ils aient suscité celui du Manouba.

Les bonnes relations des deux pays pourraient être compromises par la répétition de semblables abus de force. Le devoir de la diplomatie italienne consiste avant tout à apprécier à sa juste valeur le courant d'irritation qui se manifeste à Marseille, à Tunis, est, nous rajouterons, à Paris.

Hier après midi, on annonçait comme im- minente la mise en liberté du f'arthage, après une dernière négociation relative à l'aéro- plane de Duval, entre M. di San Giuliano et .Ni. Legrand.

Le cas du Manouba est loin d'être réglé; puisque les officiers italiens, à l'encontre de tout droit, ont forcé à prendre terre les infirmiers turcs que ce vapeur transportait. Ces infirmiers, aux termes des conventions internationales, étaient en sécurité à bord d'un bâtiment neutre. C'est un grave attentat à leur liberté qui a été commis.

LE RÉCIT DE LA CAPTURE Marseille, 19 janvier.

On a appris ici avec stupeur, cet aprèsmidi, que le Manouba, paquebot-poste de la Compagnie mixte, commandant Coste, qui se rendait zi Tunis avec 99 passagers, dont Turcs, médecins et infirmier. a été capturé par la flottille italienne de Sardaigne. Voici tes laits

Mercredi, à trois heures de L'après-midi, à S milles environ de Saint -Pierre-de-Sardaigne. le navire fut toul à coup entouré par un croiseur et plusieurs torpilleurs italiens qui lui coupèrent le chemin.

Sur un coup de canon tiré blanc par le croiseur, le Manouba stoppa et le commandont du navire de guerre monta à bord, où le reçut à la coupée le commandant Coste. vous are: à bord, lui dit l'officier ita-,lien, di'-s sujets ottomans il faut que vous lote tes livriez.

Ces passaf/frs, lui répandit avec calme le commaiulanï Coste, sont placés sous ma sauvegarde. Le pavillon français les prntège, je ne vous les livrerai lamais, dussiezvous employer la force.

En présence de celle attitude énergiqm, le capitaine de vaisseau itatiart se mantra moins impérieux, mais il somma néanmoins le commandant Geste de le suivre à Cagliari et il quitta le Manouba.

Le commandant Coste ne pouvait qu'obtempérer il cet oidre. Il le fit et, à cinq heures, le Manouba mouillait dans le petit port de aux côtés du Carthage. A sa' vue. les pas.sagers de ce paquebot poiissèrent plusieurs fois les eris de « Vive 'a France », Jris nue répétèrent ceux du Manouba, y compris les médecins ottomans. Les formalités accomplies, ir commandant Caste, entouré de tnus scs officiers, se rendil auprès dn consul de France et lui raconta les faits rlui précédent. Notre représentant pn informa son tour fe ministre des Allaires étrangères.

Ce soir, .11. Poincaré, nrésident du Conseil des ministres, a fait savoir à la Compagnie mixte qu'il télégraphié notre ambassade à Rome, pour hdter la solution de cet incident.

Un autre navire de la Compagnie mixte, le Tafna, parti également mercredi pour Bizerte et Tunis, a élé aussi arrêté, presque au méme endroit et au cours de la même journée, par la flottille des torpilleurs italiens. Aprés la vérification de ses papiers, il a pu contirruer sa route.

A Marseille, la nouvelle des derniers incidents a proroqué une effervescence très grande. Les quai, ainsi que les usines, sont gardés par la potice et par la gendarmerie, car l'on craint des rixes.

[NI. Leca, notre représentant consulaire à Cagliari, contrairement à ce qui a été dit par certains journaux, était à son poste quand l'incident du Carthage s'est produit, et ne l'a pas quitté.]

La mission ottomane

Marseille, 19 janvier.

La mission ottomane qui se trouve à bord du Manouba se compose de 27 infirmiers du Croissant-Rouge, sous la direction des docteurs Eymin bey et Rifki effendi.

Au point de vue postal, le Manouba transportait sacs de dépêches pour Tunis et un sac pour Tripoli.

L'irritation à Tunis

On apprend ici que le vapeur français Manouba, de la Compagnie mixte, venant de llarseille, et qm devait arriver dans la matinée à Tunis, a été arrêté, hier soir, en pleine mer, par des torpilleurs italiens qui l'ont. saisi et emmené à Cagliari.

Ce paquebot naviguait avec le steamer allemand Schleswig, de la compagnie du Norddeutscher-Lloyd, qui fut égalemenl arrêté, visité, mais autorisé à continuer sa route sur Bizerte, où il est arrivé dans la matinée.

C'est par le Schlesu;ig que l'office postal fut téléphoniquement informé qu'il ne devait pas compter sur son courrier. La chambre de commerce de Bizerte vient de traduire le sentiment public par l'ordre du jour suivant, voté en séance extraordinaire

» La chambre de commerce de Bizerte, profondément indignée des actes antiamicaux et injustifiés de l'Italie, réclame l'intervention du gouvernement français contre l'atteinte portée à la dignité de la France. Il saura rappeler l'Italie à une pins juste appréciation de ses obligation,s à l'égard d'une nation qui ne cessa de garder une attitude de neutralité. »

lA VERSION ITALIENNE

Rome, 19 janvier.

On annonce que le vapeur hfanouba, qui asait été arrêté et conduit à Cagliari par le navire ayant, débarqué les officiers et soldats turcs qu'il avait à bord, a été mis en liberté.

On communique, d'autre part, la note officieuse suivante

Le gouvernement avait été informé, de source sûre, que de Marseille devaient parlir pour Tripoli, à bord du vapeur Manouba en passant par la Tunisie, 29 officiers et soldats turcs, dont on avait aussi indiqué les noms.

Ceux-ci étaient dirigés par deux organisateurs de contrebande de guerre, et portaient de très fortes sommes destinées à l'armée turque.

C'est à la suite de ces nouvelles que le hfanouba fut arrêté hier matin et conduit à Cagliari par le navire italien .4gordat, On a trouvé, en effet, à bord les personnes et les sommes indiquées. »

Protestation des armateurs

Le comité central des Armateurs de France a adressé au ministre des Affaires étrangères une lettre dans laquelle il proteste contre la saisie du Manouba succédant à celle du Carlhage.

Nous avons confiance, disent les signataires, que vous ne manquerez pas de protester avec énergie contre une violation continue des conventions qui assurent le tram¡port libre, sons pavillon neut.rt, entre deux ports neutres, de marchandises ne rentrait pas dans la catégorie de la contrebande de guerre absolue.

Il ne vous échappera pas, au surplus, que tes recours des armateurs contre le gouvernement capteur sont compromis par le fait que le tribunal des prises devant lequel ils seront portée est un tribunal purement national et tout naturellement incliné, par suite, à apprécier favorablement les actes du gouvernement de la nation à laquelle il appartient. »

Le comité demande en terminant â M. Poincaré de soumettre au Parlement la la convention de la Haye, du 18 octobre 1907, qui prévoit l'élai)lissi:ment d'une cour internationale des prises 2° la déclaration de Londres du 26 février 1909 3° le protocole additionnel de qui ont jeté les bases d'une nouvelle législation maritime. LE "MANOUBA" Le paquebot Manouba, de la Compagnie de navigation miXte, est un courrier postal à

marche rapide, affecté au service de Tunis, où il se trouve en correspondance avec des j navires desservant les différents ports tu1 nisiens, Sousse, Monastir, Mehdia, Sfax, Gabès et Djerbah.

Le Manouba, parti de Marseille mercredi il :nidi, devait arriver à Tunis dans la nuit de vendredi, à 3 h. 15 du matin*

;|, Dans les bureaux parisiens de la Compa"gnie de navigation mixte, 5, rue du Faubourg-Poissonnière, on fut très surpris par ¡la dépêche annonçant la capture du Manouba, et l'on ne parait pas ajouter grande créance aux bruits mis en circulation pour justifier l'intervention italienne.

Il est impossible, nous a-t-on dit, d'accuser sérieusement le capitaine Coste d'avoir favorisé la contrebande de guerre. Le paquebot-poste qu'il commande ne touche aucun des ports de la côte et dessert directement Tunis, où la surveillance est très active, surtout en ce moment. L entreprise serait donc des plus téméraires, et, pour notre noue doutons que le capitaine Coste s y soit jamais prêté.

LE DROIT DE LA MER Les incidents du Carthage et du Afanouba, survenant d'ailleurs après quelques incidents du même ordre; démontrent combien imparfaite demeure la législation internationale en matière de droit maritime. Quelques conventions qui aient été signées jusqu'ici, les droits et obligations des neutres^ la nomenclature des contrebandes de guerre, les prérogatives qui résultent pour la puissance bloquante de la déclaration du blocus, d'autres données essentielles encore, restent plus ou moins incertaines. Du moment cp^en temps de guerre, les armateurs et les commerçants des pays non belligérants doivent s'en remettre à la mansuétude ou au doigté des belligérants, d'innombrables litiges peuvent surgir. Déjà le conflit armé de l'Italie et de la Turquie, qui n'engage qu'une seule puissance navale, a'eréé à la navigation, soit par l'abus du droit de visite, soit par l'extinction des phares, de multiples difficultés. Qu'adviendrait-il au cas d'un conflit armé entre deux puissances navales de premier rang, et dont les croiseurs sillonneraient toutes les mers à la recherche des paquebots à-capturer ou à visiter. Dans l'état actuel des échanges, le trafic universel subirait un énorme, préjudice.

La copférence de la Haye de 1907 s'était attachée à ces matières complexes du droit maritime, que la cenvention de 1856 n'avait envisagées qu'en gros. L'Amérique avait voulut faire prévaloir ce principe capital, que la propriété privée ne pourrait plus être confisquée sur mer le pillage est interdit dans la guerre terrestre pourquoi ce pillage même réglementé est-il toléré sur l'Océan ? Mais les délégués des Etats-Unis n'obtinrent qu'un tiers des voix.

Il serait vraiment:temps que le droit maritime fût internationalement établi dans toutes ses parties, et aussi qu'il s'adaptât mTèts aax besoin* de l'activité Sion'dlate. Un aviateur militaire le lieutenant Bœrner tombe de 300 mètres IL EST GRIEVEMENT BLESSE

Senlis, 19 janvier.

L'émotion produite par la mort de l'infortuné aviateur Huchonnet commence à peine à se calmer dans notre région et voici qu'un nouvel et tragique accident vient de se produire à l'aérodrome de la Vidamée.

Cest le lieutenant Bœrner, âgé de trente ans, breveté pilote depuis le 11 décembre dernier, qui en a été victime.

Cet officier évoluait, cet après-midi, trois cents mètres de hauteur, sur un mono- plan, lorsque, tout à coup, on vit son appareil se cabrer par deux fois, puis venir s'écraser sur le sol.

Le réservoir prit feu et, en un instant, le malheureux aviateur fut entouré de flammes. Présènt sur les lieux, M. Taxil, commissaire de police, aidé de deux garçons de ferme, MM. Antissier et Fismes, qui travaillaient non loin de là, se précipita à son se- cours et, l'enveloppant dans des couvertures, éteignit les flammes. PuK il réquisitionna mie voiture qui passait dans ces parages. Un quart d'heure après, l'officier arrivait à l'hôpital de Senlis. Pendant tout le trajet, le lieutenant Bœrner, bien qu'atrocement blessé, ne perdit pas connaissance.

Le colonel de Carbonnières, commandant le 20,hussards, dès qu'il eut connaissance de l'accident, envoya une délégation d'officiers de son régiment au chevet du blessé. Bientôt arrivèrent les lieutenants Gaubert et Mafjnin, de l'école d'aviation, ainsi que l'ordonnance du lieutenant Bœrner, que ce dernier avait fait demander.

Le blessé, qui a conservé son sang-froid, a remercié les personnes présentes, et il a manifesté le désir de télégraphier lui-même à son pèrr, colonel à Pau, pour le rassurer sur son état.

Les médecins, après avoir visité le lieuterant Bœrner, ont constaté qu'il ne portait aucune fracture, mais que tout le côté droit du corps était brûlé.

Ils ont réservé leur diagnostic cependant, ils ont bon espoir de sauver le blessé. L'ATTENTAT DE LA RUE Arrestation de naimbaud "Les inspecteurs de la. sûreté, ont arrêté, I hier, Louis Raimbaud, le mécanicien de PavUlons-sous-Bois qui transporta, sur un camion automobile, de ïjaint-Thibault-desVignes à Bobigny, les meubles de Carouy, dit Leblanc, son ami.

On sait qu'une surveillance avait été organisée, sous la direction du brigadier Fleury, aux abords du domicile de Raimbaud, mais que celui-ci avait réussi à s'enfuir à la faveur de la nuit.

On est persuadé, au quai des Orfèvres, que Raimbaud en sait long sur l'agression de la rue Ordener. Mais. d autre part, le prisonnier, conduit sous bonne garde devant M. Jouin, a protesté, avec une extrême énergie, contre son arrestation, qu'il qualifie d'arbitraire.

Ce que l'on veut atteindre chez moi, s'est-il écrié, c'est le libertaire. Je suis anarchiste et je m'en wnte mnis je ne suis pas pour cela un malfaiteur. D'ailleurs, je vous mets au défi de prouver que j'ai joué un rôle quelconque dans l'affaire de la rue Ordener. Sur ce, il se renferma dans un mutisme absolu.

Raimbaud sera, aujourd'hui, mis à la disposition du magistrat instructeur.

UNE EXECUTION CAPITALE A PARIS Renard, qui tua l'agent Pelleter, sera guillotiné ce matin

Le toucheur de bestiaus Arthur Renard, qui, le 5 août 1910, dans un accès de colère que rien ne justifiait, tua, boulevard Sébastopol, l'agent Pelleter et blessa grièvement le gardien de la paix Richard, sera exécuté ce matin. Il avait été condamné à mort le 27 novembre de lannée dernière.

Rappelons le dr&me qui lui valut cette condamnation, car plus d une année nous en sépare et nos lecteurs l'ont peut-être oublié. Son forfait

Le 5 août 1910, vers quatre heures de l'après-midi, un fiacre dans lequel se tenait Arthur Renard, en compagnie d'un ami^ heurtait, sur le boulevard Sébastopol, à l'intersection de cette voie et de la rue Réaumur, une automobile.

Le chauffeur Foresta, qui la conduisait, ayant constaté que la carrosserie de sa voiture avait été détériorée, descendit de son siège pour adresser des observations au cocher, mais celui-ci, obéissant aux injonctions violentes de son client Renard, continua sa route-

Cependant, Foresta put rejoindre le fiacre et il allait sauter sur le march«p*d pour contraindre le cocher à arrêter son cheval, lorsqu'il reçut, du toucheur de bestiaux, d'a.bord un coup de poing au visage, puis, en pleine poitrine, un coup de pied qui le jeta a terre.

A cet instant, intervint le gardien de la paix. Richard. Il rétablit la circulation troubléo par cet incident, fit avancer le fiacre dans la rue Réaumur, et invita le cocher et Renard a faire connattre leur identité. Pendant ce temps, un autre agent, le gardien Le Tiec, s'occupait de l'auto et du chauffeur.

Foresta déclara qu'il portait plainte pour coups et blessures. Alors, le gardien Le Tiec se dirigea vers son collègue Richard pour lui dire qu'en raison de cette plainte il convenait de se rendre au commissariat de police.

Puis il revint vers l'automobile.

Soudain, Renard se dressa d'un seul bond dans le fiacre et tira trois coups de revolver sur l'agent Richard, qui fut atteint par les trois projectiles au côte gauche du cou, à la joue droite, et au sommet du crâne. Au bruit des détonations, le gardien Le Tiec se retourna et voulut se précipiter sur le toucheur de bestiaux; mais celui-ci, descendant de son siège, tira: un quatrième coup de son arme.

Le Tiec, heureusement, glissa sur les rails du tramwav et tomba. Il dut à cette circonstance de n'être point tué ou blessé.

Toujours, Renard brandissait son revolver devant la foule énouvantée.

ce moment, vint à passer un gardien de la paix en bourgeois, M. Pelleter. Il s'appro,^hâ du forcené et voulut le maitriser mais l'autre, dégageant son bras droit, réussit à

LES DOCUMENTS DE 1>HDJUD>NT-V!NCENOT» Secrétaire de consulat. ou simplement rat d'hôtel Toul, 19 janvier.

A l'arrivée des journaux de Paris, la population tQuloise fut vivement émue par t'annonce d'un vol commis dans un hôtel de Toul, et qui aurait eu pour objet des documents intéressant le. défense nationale, dépendant des services aéronautiques, et plus particulièrement du dirigeable AdjudantVincenot, attaché au cimp retranché. Voici les faits que nous avons puisés à une source très sûre

Dans la soirée de mercredi, un jeune homme portant beau se présentait au Grand-Hôtel du Commerce de Toul et demandait une chambre. Il se fit inscrire sur le registre de l'hôtel sous le nom de Halbertus, secrétaire du consulat d'Autriche au Luxembourg. Il avait comme bagages une petite malle en osier et deux valises en cuir noir. paraissant peu garnies. Le lendemain matin, à neuf heures, l'étranger quittait l'hôtel et, à la gare Peu après son départ, un officier aviateur attaché au parc aéronautique qui logeait provisoirement à l'hôtel, en rentrent chez lui, son service terminé, s'apercevait que son appartement avait été visité par un cambrioleur. La majeure partie des. effets d'hâbillement de l'officier avait disparu. Un garçon se souvint qu'une des valises qu'il avait par- tées la veille lui avait patu, le matin même, bien plus lourde.

On rechercha le noble étranger, on suivit sa piste. Ses bagages furent saisis à Dombasles, station proche de Nancy mais le voleur parvint à dépister tes poursuivants. L'offic'er est rentré en possession de tous ses effets, sauf un pardessus que le cambrioleur a endossé.,

Des plans ou des pièces intéressant la défense nationale point il n'était question en l'occurrence, l'officier victime d'un vulgaire rat d'hôtel ne conservant chez lui aucune pièce intéressant le service de l'aéronat dont il a le commandement.

Le seul point obscur est celui-ci pourquoi le voleur a-t il plus particulièrement attaqué le logement de l'officier ? C'est ce que la police spéciale tente d'établir en recherchant le malfaiteur.

diriger le canon de son arme vers le visage de Pelleter et fit feu.

Le malheureux fut tué sur le coup. La balle avait pénétré dans l'œil gauche et traversé le cerveau.

Ce furent le gardien de la paix Dadon, le maréchal des logis-chef de la garde républicaine Bicha, le soldat Leblanc et enfin plusieurs passants qui parvmrent à maîtriser le forcené et à le conduire au commissariat en le protégeant difficilement contre la foule qui voulait le lyncher.

Son procès

Renard, au cours de l'instruction, fut soumis à la demande de sa mère à un examen mental. Il fut reconnu sain d'esprit et, par conséquent, responsable de ses actes. En cour d'assises, ce grand garçon de vingt-quatre ans, taillé en hercule, aux épaules larges, aux bras puissant.s et dont les traits épais reflétaient la plus sauvage brutalité, se fit humble et repentant. Il ne put fournir des explications sur son acte et se contenta de répéter il tout instant « Je ne me souviens plus ». C'était machinalement et sans se leijdre compte de. ce qu'il faisait qu'il avait tué. J'avais bu, dit-il, j'étais ivre. je ne savais plus ce que je faisais.

Il se défendit surtout d'avoir jamais, ainsi qu'on le lui avait reproché, pousse les cris de « vive Liabeuf ». Et il manifesta lea regrets les plus amers, les plus sincères. Les jurés ne se laissèrent point toucher par son repentir ni ses larmes. Renard fut condamné à mort.

Aux abords do la Santé

La nouvelle de l'exécution de Renard, assez tard connue dans la soirée, n'avait encore attiré, vers minuit, que peu de monde aux abords de la prison de la Santé. A cette heure on pouvait circuler facilement. Peu d'agents, aucun service d'ordre.

Un peu plus tard, vers deux heures, tes curieux commencèrent à arriver. A petits pas, ils allaient et venaient.le long du boulevard Arago, ne quittant point du regard l'en, droit où, le long du mur de la prison, se dressa par deux fois séjà le 6 août lSBff* pour le parricide Duchemin, et le 1er juillet 1910, pour Liabeuf la guillotine.

Vers deux heures du matin, des compagnies de gardiens de la paix et de gardes municipaux, des agents de la brigade des recherches, des agents du service de la sûreté vinrent prendre position aux abords de

la prison de la Santé et s'apprêtèrent à barrer le boulevard Arago à partir du boulevard Saint-Jacques d'un côté et, de l'autre, à hauteur de la rue de la Glacière.

A trois heures, au moment où nous quittâmes le boulevard Arago, aucun incident ne s'était produit.

Une grève d'une heure à l'Opéra

La représentation de « Abonna Vanna n ne put réellement commencer qu'à dix heures. Ce n'est qu'aujourd'hui que le conflit sera résolu.

La tentative de grève que l'on redoutail s'est produite hier soir, au cours de la rçprésentation de Monna Vanna, et elle ne doit de n'avoir pas complètement.' abouti qu'au défaut d'entente qui divisait encore les membres du personne de l'Opéra.

Dans la derrière entrevue qu'ils eurent avec les délégués de la fédération, dont l'entremise avait échoué auprès des danseurs en grève, les directeurs, de l'Opéra avaient persisté dans leur refus de céder la mise en demeure qui leur avait été faite sur la question des engagements et avaient simplement pris acte de la rupture des pourparlers.

On connaissait, d'autre part, leur intention bien arrêté? dont ils avaient informé déjà NI. le sous-secrétaire d'Etat aux BeauxArts de faire fermer l'Opéra, en cns de grève générale, afin d'avoir le temps de résilier les engagements en. cours et d'en effectuer de nouveaux

De leur coté. les différentes- corporations qui composent le personnel de l'Opéra musiciens, choristes, électriciens, ncccssoiristes, machinistes. petit personnel, etc.. ont tenn, hier, des réunions préparatoires pour examiner l'opportunité d'une grève générale « de solidarité

L'impression générale qui ressortait de cra délibérations partielles était que les esprits n'étaient pas encore assez préparés à la nécessité d'une action commune. Ainsi les adhérents du syndicat du petit personne! 'tailleurs, couturières, habilleurs et ha,bitleuscs\ réclamaient des explications ploas complétes sur les causes de la* grève, anê réunion générale du personnel à la Bourse du trawil et un vote par referendum.

Celle incertitude s'est manifestée dans la réunion plênière qui s'est tenue dans l'aprèsmidi à la salle Lude. en la présence de tous les danseurs en grève et des membres de la fédération du spectacle, et dans laquelle, au cours de débats, à la vérité assez confus, qui ne durèrent pas moins de trois heures.