Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 1 sur 6

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir

Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)

Date d'édition : 1909-08-13

Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 126844

Description : 13 août 1909

Description : 1909/08/13 (Numéro 11976).

Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale

Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse

Description : Collection numérique : BIPFPIG15

Description : Collection numérique : BIPFPIG33

Description : Collection numérique : BIPFPIG35

Description : Collection numérique : BIPFPIG37

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5633320

Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 08/04/2008

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 100%.


ÉDITION DE PARIS Il pouvait sembler difficile, jusqu'à ces dernières années, de considérer avec impartialité les hommes et les choses du second Empire. Le temps passant, la République ayant obtenu la consécration de la durée et celle du succès, cette période relativement récente a fini par entrer dans l'histoire et c'est avec un sentiment de curiosité affranchie qu'on peut aujourd'hui en entr'ouvrir les archives. C'est ce que vient de faire pour une des physionomies les plus discutées et les plus attrayantes de cette époque, M. Frédéric Loliée. Le duc de Morny, dont l'élégante silhouette était restée jusqu'ici mystérieuse, a été placé par ses soins dans la pleine lumière de documents authentiques et c'est avec intérêt qu'on suit après lui la carrière d'un homme qui, libre de tout scrupule, connut plus de succès et retint plus de sympathies qu'aucun de ses contemporains.

La naissance seule de Morny est déjà un roman.

M. de Talleyrand, que sa qualité d evèque n'avait jamais empêché d'aimer les femmes et de leur plaire, avait eu.en 1785 un fils d'une liaison avec Mme de Flahaut, qui devait devenir plus tard la fameuse Mme de Souza. Ce tils de Talleyrand, qui s'appelait Flahaut, comme son père supposé, eut lui-même des succès flatteurs et fixa notamment l'attention de la reine Hortense. C'est de cette rencontre que naquit, en 1811, CharlesAuguste-Louis-Joseph de Morny. Arrivé l'âge d'homme, au temps de la monarchie de Juillet, le jeune homme lut à vingt ans promu sous-lieutenant de lanciers, au titre curieux de « vainqueur de Juillet •< et sans avoir pris d'ailleurs aucune part à la révolution qui renversa Charles X. Il resta officier quelques années, fit avec courage les campagnes d'Algérie mais d'une complexion délicate, il donna sa démission et rentra à F'aris, oà se partagea entre le monde et la politique.

Il ne sembie pas qu'il fût à ce moment en relations intimes avec l'autre fils de la reine Hortense, qui devait être un jour Napoléon III. Il se contentait d'être un des lions de l'époque, de courir les clubs et les salons.

C'est en 1849 qu'on le voit se rapprocher soudain du prince président, et presque aussitôt leur amitié va jusqu'à la complicité qui s'affirmera le 2 Décembre. Morny est le véritable metteur en scène du coup d'Etat. C'est lui qui a le plus de sang-froid, et, comme on dirait aujourd'hui, le plus « d'estomac ». Le 1" décembre au soir, il se montre à une première représentation, et à une dame, qui lui demandait des billets pour la Chambre, il répond imperturbablement

Vous les recevrez demain matin, et je puis vous garantir une séance intéressante.

A J'Elysée, il donne ses dernières instructions et va prendre possession du ministère de l'Intérieur. Le préfet de police, Maupas, perd la tête et s'affole. A ses télégrammes alarmistes, Morny, qui ne l'aime pas, répond avec une ironie cinglante. Quand le préfet télégraphie a La foule déborde la troupe le ministre lui réplique « Allez-vous coucher Sous sa direction, toutes ies .mesures prévues son? exécutées avec une rigoureuse précision. Le coup de force réussit. Tous les conspirateurs, pendant ces trois premières journées, ont douté de la victoire, Morny seul a affiché dès le premier moment une invariable confiance.

Les services rendus le désignent naturellement pour les plus hautes charges de l'Etat.

Il ne reste cependant que peu d'années au ministère de l'Intérieur. Il semble qu'il ait à ce moment irrité i'empereur par sa prétention de faire reconnaître sa filiation et authentiquer ses origines. Cette disgràce cependant, si c'en est une, ne dure pas !ongtemps. Il devient président du Corps législatif, puis ambassadeur extraordinaire en Russie au couronnement d'Alexandre II.

C'est là, que, non sans certains incidents, il épouse la princesse Sophie Troubetskoï, qui devient une des beau- tés de la cour impériale, qu'elle traite, d'ailleurs, avec dédain, se mêlant fort peu à la vie politique de son mari. Elle n'acceptait pas, dit M. Loliée, de recevoir les députés. Pendant que le président fa;sait les honneurs de ses salons, elle restait dans sa chambre somptueuse, fumant des cigarette, accueillant ses fidèles, ses compatriotes et ses a.mis, battani les cartes ou composant des patiences. »

Son mari cependant était de plus en plus le héros des salons et des boudoirs. Il se mêlait, en même temps, de toutes sortes d'affaires financières, il excel- lait à se tailler la part du lion. C'est ainsi que son intervention discutable apparait à l'origine de l'expédition du Mexique.

Ce sceptique amer et ironique avait d'ailleurs sa faiblesse c'était la vanité littéraire. Sous le pseudonyme de M. de Saint-Rémy, il se plaisait a composer des vaudevilles M. Choufleury restera chez lui la Succession Bonnet les Finesses du mari la Corde sensible. La critique traitait d'ordinaire ses productions d'amateur avec une juste sévérité.

C'est d'une d'entre elles que Rochefort écrivait un jour « Si l'un de nous osait apporter à un directeur une ineptie de ce calibre, il le ferait immédiatement saisir et précipiter dans la fosse aux ouvreuses, avac ordre à celles-ci de l'exterminer à coups de petits bancs. Quand sa vanité d'auteur n'était pas en jeu, Morny était d'ailleurs un lettré éclairé et c'est à sa protection que Dumas fils dut de pouvoir faire jouer, malgré la censure, ses premières pièces. En 1862, Morny, toujours en pleine faveur, fut créé duc. Il était dès ce moment, frappé à mort, car la vie intense de plaisir et de travail qu'il avait menée sans relâcbe avait usé les forces d'un tempérament qui ne se soutenait que par les nerfs. Sentant croître sa faiblesse, il essaya d'y remédier par des remèdes aventureux qui précipitèrent sa fin. Alphonse Daudet nous a laissé dans le Nabab un tableau poignant de cette agonie et tout le monde connaît l'inoubliable scène où le duc, voulant être fixé, questionne un de ses vieux familiers qui lui répond ce simple mot

Fichu, mon pauvre Augrasie Le 10 mai 1865, Morny succombait, assez tôt pour qu'il ne pût voir l'effondrement du régime qu'il avait créé, pour ne pas participer aux erreurs qui conduisirent la France à la guerre et au démembrement trop tard cependant pour que l'histoire impartiale ne lui garde pas sa part de responsabilité dans les catastrophes, dont les fautes de l'Empire furent pour la France l'origine.

JEAN FROLLO

VIEUX NAVIRES Jw Les réformes ont commencé dans la ~g* marine, et le nouveau ministre, l'amirat Boue de Lapeyrère, met à profit les indications qu'il a pu tirer, et de son expérience personnelle, et des derniers débats parlementaires.

Il y a dans notre flotte un certain nombre de vieux navires démodés qui ne correspondent plus du tout aux besoins de la technique moderne, qui font piètre figure à côté des grands cuirassés, et qui pourtant coûtent cher et immobilisent du personnel. On les inscrivait toujours sur les états, car ils venaient grossir le chiffre des unités et arrondissaient agréablement les listes des escadres. Mais leur vateur était plus fictive que réelle. Le nouveau ministre a décidé que ces forces illusoires seraient placées dans une catégorie spéciale. Excellente résolution et qu'on ne saurait trop approuver, car il est ridicule de se leurrer soi-même en majorant indûment les contingents Les ordres qu'a dorenés l'amiral Boué de Lapeyrère comportent deux avantages distincts, mais de valeur égale. D'abord, on n'affectera pins à réparer des navires qui ne rendraient aucun service, des crédits assignés plus judicieusement à la construction d'unités nouvelles, et de la sorte seront abolies des dépenses improductives et purement somptuaires.

En second lieu, les officiers et les équipages seront répartis à bord des navires capables de oombattre, en temps de guerre, et les n embusqués involontaires n des vieux garde-côtes retrouveront des postes où leur présence sera utile.

Il faut saluer cette première rupture avec une routine, de longue date condamnée par les commissions techniques.

LE CRIME 0- A VRILLE

Qui a tué le petit Terrien ? Une nouvelle arrestation Angers, 12 août.

La gendarmerie a procédé à une nouvelle arrestation celle d'un individu nornmé Jean Olive, âgé de quarante-six ans, né à Avritz (Loire-Inférieure.

Il portait un vêtement taché de sang, avait dans sa poche un mouchoir ensanglanté, et, de plus, il a reconnu, lui aussi, avoir passé à Avrillé, mardi dernier.

Jean Otive et F'élix Chételain, dont r.ous avons déjà annoncF l'arrestation, vont être transférés sur le lieu du crime.

Le parquet n'abandonne pas cependant la piste du domestique incendiaire Barbin. Les gendarmes le recherchent toujours activement.

La contrée est dans un état de violente surexcitation. Partout les paysans chassent, comme des bêtes, les vagabonds de passage. Gendarmes et policiers continuent à battre les bois.

Ballon allemand arrêté à la frontière russe

Berlin, 12 août.

Ce matin, un télégramme de Breslau mettait en circulation un bruit sensationnel. Un ballon allemand ayant franchi la frontière russe, les soldats russes auraient tire sur lui, et plusieurs des passagers auraient été tués.

Peu après survenait un rapport du commissaire prussien de la frontière, qui rassurait l'opinion. Il était ainsi conçu Un ballon allemand faisant partie de la section des aérostiers militaires et ayant à bord trois officiers, a franchi ce matin la frontière russe près de Milowic*, vis-à-vis de Laurahuelte, et a atterri. Les officiers ont été arrêtés par le poste russe da la frontière. Leurs passeports ayant été examinés et trouvés en règle, ils ont eté remis en liberté. »

D'après l'enquête que j'ai faite, l'aérostat en question est le ballon Tschudi, qui était parti de Berlin hier soir. Ceux qui le montaient descendirent sur le territoire russe à 300 mètres de la frontière allemande les soldats russes du poste frontière tirèrent plusieurs coups en l'air pour alarmer le peste. Les aéronautes allemands furent conduits à la station douanière, où ils furent traités avec courtoisie, puis laissés libres. Les aéronautes n'étaient d'ailleurs point des officiers, mais des dvils_ le docteur Brinckman.n et M. Messter. IL étaient deux et non trois, comme le portait le rapport du

LE C11ME DU BOIS DE VINCENNES L'assassinée est reconnue C'ÉTAIT UNE PAUVRE COUTURIÈRE ELLE FUT TUÉE PUR DEUX SOUS! Si, à 1'heure où nous écrivons, la polioe ne possède encore aucun indice sur les euteurs du crime horrible découvert, avant-hier, dans le bois de Vincennes, près de la PorteJaune, par contre l'identité de la uialhfiureuse victime a pu être établie hier.

C'était une pauvre ouvrière, travaillant à la journée, Mme Marie-Louise Brosse, âgée de cinquante-deux ans, et habitant 3, rue Lardillière, à Nogent-sur-Marne.

La pauvre femme regagnait, i?ied. son domicile, quand elle fut attaquée par les bandits qui l'assassinèrent dans lés evreonstances que l'on connait.

La déclaration de Mme Jacques Hier matin, dès dix heures, M. Chesnay, juge d'instruction désigné par le parquet, &&. compagne du docteur Socquet, raédedln îégiste, et de M. Gaubert, commissaire de police de Vincennes, se rendait sur les lieux du crime. Les sous-brigadiêrs Gouàsot et Rodier, du service de la sûreté, les rejoignaient bientôt.

Tandis que des employés de M. Bertillon prenaient des vues photographiques de l'endroit où le cadavre avait été trouvé la veille, les fourrées voisins étaient à nouveau examinés. Ces recherches n'aboutirent qu'à la découverte du râtelier de la victime, qui avait échappé aux premières investigations. Le magistrat instructeur regagna Paris et M. Gaubert retourna à son commissariat. Peu après, une dame Jacques, couturière, habitant 52, rue de Plaisance, demandait à le voir et lui faisait cette importante déclaration

En lisant, ce matin, le Petit Parisien, j'ai vu qu'on avait assassiné une femme dans le bois de Vincennes. Le signalement qui en est donné, la description des vêtements qu'elle portait, tout me fait croire qu'il s'agit d'une de mes voisines, une ouvrière que j'occupais de temps à autre Mme Marie Brosse.

» Mardi soir, elle partit, vers six heures, pour aller diner chez des amis, à Montreuilsous, Bois. Depuis lors. je ne l'ai pas revue. Tout à l'heure, je suis monté chez elle. J'ai vainement frappé à sa porte. 11 n'y avait personne et cela a confirmé mn. conviction que c'est elle qui a du 6tre assassinée dans le bois de Vincennes. »

Mme Jacques fournissait des détails d'une précision impressionnante. Elle se montrait sûre de ce qu'elle avançait.

Le commissaire de police 6t chercher M. et Mme Calam-Gerspach. demeurant 94, rue de Iagny, à Mon treuil, chez qui, d'après le témoin, Mme Brosse avait dtné l'autre soir. Puis, tous quatre se rendirent ensemble à la morgue.

Mis en présence du cadavre, Mme Jacquas et les époux Calam-Gerspach n'hésitèrent pas un instant, c'était bien celui de l'ouvriAre qu'ils connaissaient. Il n'y avait pas à en douter, bien que les blessures du vrsage aient déformé les traits de la pauvre femme. D'ailleurs, ils reconnaissaient également, les vêtements qu'elle portait d'habitude.

Une bonne:- ouvrière

De retour à Vincennes, Mme Jacques donna aux sous-brigadiers de la sûreté Goussot et Rodier des renseignements sur le passé de la victime.

Marie-Louise Brosse était née au Mans. Très jeune, elle avait épousé un officier ministériel, M. Charles Quelques années anrès 1e mariage, les époux s'étaient séparés, on ne sait pour quelles raisons, De cette union, trois enfants étaient nés. Depuis quatre ans environ, Marie-Louise Brosse vivait à Nogent, rue Lardillière. Elle avait occupé pendant deux "ans et demi, au rez-de-chaussée, un petit logement de 250 frrr.es de loyer. Il y a dix-huit mois, elle s'était réfugiée dans une petite mansarde d'un prix annuel de 80 francs.

Auparavant elle habitait au Perreux. S'occupant de couture, elle travaillait pour des maisons de confection en gros. Comme elle était bonne ouvrière, Mme Jacques ''avait employée et avait toujours été très satisfaite de ses services.

Estimée de tous, cette brave femme avait su organiser sa modeste existence avec le peu qu'elle gagnait. Sa réputation était au- dessus de tout soupçon.

La dernière soirée

C'est au mois de juin dernier que la mal.heureuse avait fait la connaissance de Mme Calam-Gerspach, qui xeprésentait une mai- son de machines coudre.

Depuis lors, par l'affabilité de son caracotère, elle lui avait plu.' Souvent, elle venait travailler comme ouvrière à la journée chez les époux Calam-Gerspach. Mardi dernier

plie était venue les voir et, comme nous le disons plus haut, on l'avait retenue à dîner. A onze heures, elle se retira, refusant de se laisser accompagner jusqu'au tramway, comme on le lui proposait.

Le tramway Hélas elle ne songeait guère à le prendre et il lui eût été pénible de le laisser voir. En effet, elle n'avait, sur elle, que deux sous. Elle en était réduite à regagner, à pied, Nogent et à marcher pendant sept kilomètres

Elle se mit donc en route, traversa Vineennes et s'aventura dans te bois, en suivant la route pavée qui conduit à Nogent.

On suppose que ce fut tme demi-heure plus tard environ, quand elle fut arrivée non loin de la Port*Jaune qu'elle fut attaquée et assassinée par des malfaiteurs qui voulaient la dévaliser et ne purent lui prendre oue ses dix centimes!

Pour dconomiser ses ressources, Mme Brosse, lorsqu'elle s'attardait, rentrait ainsi souvent à pied et quand on lui faisait remarquer que cela pouvait fttre dangereux, elle répondait qu'elle n'avait peur de personne.

Elle était, il est vrai, encore forte pour son âge. Un soir, n'avait-elle pas i>. almené un homme qui, comme elle rentrait chez elle, l'avait accostée et se montrait entreprenant.

Une perquisition a été opérée dans la petite mansarde occupée par Mme Brosse, par M. Gaubert, accompagné des sous-brigãdéers de la sûreté.

Comme on pouvait s'y attendre, ette n'a rien fait découvrir qui pût apporter un élément quelconqne à l'enquête.

L'ancien mari de la victime C'est au numéro 8 de la rue des Sources qu'habite, depuis plusieurs années, dans un coquet pavillon entouré d'un verdoyant jardin, M. Charles Amonet.

L'ancien mari de la victime est actuellement établi marchand de cafés en gros, .boulevard de Strasbourg, à Paris

Quand nous nous sommes présenté hier soir, chez lui, à Gagny, nous nous sommes trouvé en présence d'un sexagénaire aux cheveux blancs, qui ignorait tout du crime du bois de Vincennes.

L'étonnement qu'il manifesta tout d'abord, quand nous lui en parlâmes, se transforma en une surprise atfligée, lorsque nous lui annonçâmes que la victime n'était autre que Mme Marie-Louise Brosse.

Mon émotion est grande, nous dit-il, mais je ne puis rien vous apprendre. Il y a plus de trente ans que je m'étais séparé de cette malheureuse. Notre divorce fut prononcé il y a quinze ans. Depuis lors, je me suis remarié et n'avais jamais plus eu de ses nouvelles.

seul, notre fils aîné, qui est employé à Paris, avait conservé quelques relations avec sa mère. Mon autre fils et notre fille sont tous deux mariés et établis en .,province. Comme moi, ils avaient cet.se de voir la femme que j'avais dû quitter.

Mais ce sont là dé. douloureux et lointains souvenirs. Que de choses ont passé en trente ans que j'ignore, que nous ignorons tous, dont je ne veux, dont je ne puis parler.

Sur ces mots se termina l'entretien.

LA FILLETTE MYSTERIEUSE

Autour de l'enfant trouvée l'imbroglio se complique

« Cette femme n'est pas ma mère, dit-elle de celle qui la réclame elle me vola à Jérusalem Il

L'aventure étrange de cette fillette trouvée le 6 août rue Gabriel-Lainé, près de la gare de la Rapée-Bercy, se complique a plaisir. Il apparaît mainienant que cette histoire pcurrait bien cacher un mystère qu'il ne sera peut-être pas très aisé de déchiffrer. Nous avons conté hier la scène assez pénible qui s'était déroulée à l'annexe du dépôt, quand on avait mis en présence la fillette et la personne qui prétendait Otre sa mère. Comme l'une, l'enfant, parlait t,n lan- gage auquel nul ne cmnprenait rien et que la femme s'exprimait dans un jargon moitié anglais, moitié français, il fut bien difficile de tirer au clair cette histoire et. i'on fut même un inslan! persuadé que l'étrangère, revenant sur ses premières déclarations, avait reconnu ne pas être la mère (te la fillette. La chose était inexacte, ainsi qu'on vu le voir.

Cette personne avait déclaré être de passage à Paris et habiter 10, impasse JeanBouton, dans le quartier des Quinze-Vingts. on la fit conduire à cette adresse, et hier malin elle était amenée devant M. Verdeau, commissaire du quartier, chargé de firor au clair, si possible, cette -.flaire, t( d'en dresser une procédure. En même temp,, la préfecture faisait diriger sur le même commissariat la petite fille, que le magistrat devait confronter définitivement avec sa pseudo-mère.

Dès que l'enfant vit entrer cette femme, elle eut un mouvement d'effroi, et courut se réfugier derrière le fauteuil de M. Verdeau, comme pour lui demander protection. Le magistrat et son secrétaire, M., Proollon, la rassurèrent de leur mieux, et sa convainquirent bien vite qu'elle ne parlait ni te français, ni l'anglais, ni l'allemand, ni aucune langue européenne. Ln interprèt? fut appelé qui ne réussit pas à se faire entendre un autre, qui parlait l'arménien, fut plus heureux, et la confrontation commença. Ce que dit la femme

-Cette enfant est bien ma fille, déclara la jeune personne. Je suis née à Marseille de parents français, mais, de bonne heure, j'ai été emmenée à New-York. A l'Age de quitorze ans, on m'y maria à un Italien établi là-bas, M. Confalone, et l'année suivante, le jour même où mon rrari était emporté par une courte maladie, je mettais au monde cette petite fille, qui reçut le nom d'Annette. Je la gardai un an, puis, comme j'étais sur le point de me remarier, j'envoyai mon enfant chez son grand-père, NI. Malheim Sfnii Azaef. qui habitait à Guina, près Jérusalem, J'épousai en effet peu après M. Dont'ils, gérant d'hôtel à New-York, avec lequel je vis toujours. U y a un an, j'eus une autre fille, celle que j'allaite actuellement, et le grand-père d'Annette étant mort, je décidai de reprendre avec moi ma fille aînée. On me la ramena à New-York.

Ces temps derniers, je fus prise du désir de revoir la France. Je m'embarquai avtjc mes deux enfants sur un paquebot qui m'amena à Cherbourg. De là, je me rendis Marseille, où j'avais quelques relations et

ou je fis de nombreuses emplettes, puis je revins le 6 août dernier à Paris.

Ma fille atnée, qui est vicieuse et menteuse, me donna beaucoup de mal pendant ce voyage. Arrivée en gare de Lyon, je m'endormis un instant dans la salle d'attente en attendant de pouvoir dégager mes bagages. Il y avait auprès de moi trois femmes. Quand je m'éveillai, elles n'étaient ptns là « et mon porte-monnaie, qui contenait •i.OOO franceet mes bulletins de bagages, m'avait été enlevé dans man sac à main. C'était Annette qui l'avait pris et remis à ces personnes. Je corrigerai la fillette, puis je m'en ajlai, n'ayant plus de ressources, louer une modeste chambre impasse Bouton. Ma fillette profita d'un moment d'inattentian pour disparattre. Je ne l'ai retrouvée que grâce aux journaux.

L'enfant proteste

Au fur et à mesure que Mme Bondis faisait sa déclaration, l'interprète la traduisait à l'enfant qui, rrtalgré ses six ans et demi, parait fort précoce et délurée autant qu'intelligente.

A tout instant, la petite faisait des signes de dénégation et d'indignation. Enfin, avec une grande volubilité, elle prit à son tour la parole, en son idiome arménien Tout ce que dit cette femme est- faux. Elle n'est pas ma mère, je ne la connaissais pas. il y a trois semaines, un mois elle m'a volée à mes parents, je la déteste. Elle dit que j'ai été à New- York, e*est taux je ne connais pas cetta ville, je ify ai jamais vécu.

Elle dit que mon grand'père de Jerusatem est mort, ce n'est pas vrai elle m'a volée à lui. Ma véritable mère je la connais, elle habitait avec nous, elle est tKittie- Tannée dernière "pour aller se rerharfaf dans une ville peu éloignée de Jérusalem. car mon -père est mort depuis longtemps.

Quant à cette femme, je l'ai vue pour la première fois il y a quelques semaines, dans Pa maison de mon grand-père.

J'étais seule elle est venue me dire que ce dernier m'attendait dans le train, à la gare. J'y suis montée sans détiance grandpapa n'était Zas là, et le train est parti. J'ai pleuré, crié je voulais qu'on me ramenât cette femme m'a battue pour me faire taire. Le train a roulé, roulé. Puis on m'a conduite à Beyrouth. Un peu plus tard on m'a.embarquée sur un grand bateau et nous sommes allées à Port-Said, puis à Alexandrie, enfin à Marseille. Toujours cette femme me battait, me rouait de coups. C'est pour cela qu'arrivée à Paris, à la première occasion, je me suie enfuie. Je ne veux pas retourner avec elle, eile m'a trop fait souffrir. Je veux qu'on me renvoie Chez grand-papa. Elle dit que je m'appelle Annette mon nom est Marianne.

Vous voyez bien qu'elle ment, puisqu'elle parle de New-York et de Cherbourg et que je n'y suis jamais, allée. Ces diverses explications ont été entremclées de crises de nerfs 4e là part de Mme Bonfils et de crises de larmes de la part de la fillette, dont la ressemblance physique avec Mme Bonftte, disons-le en passant, est assez frappante

Vers quatre heures de l'après-midi, après plusieurs heures d'une scène poignante et parfois pénible. M. Verdeau a mis tin à cette confrontation émouvante.

Mme Bcrnfils a alors été déçue. Elle croyait qu'on allait lui rendre l'enfant il n'en fut rien.

En même temps uu'il transmettait son dossier au parquet, lé magistrat fit ramener l'enfant à la préfecture. t II est probable qu'en admettant qu'elle 1 noit la mère de la petite fille, Mme Bonfils, jeune femme très élégante et couverte de bijoux, devra attendre assez longtemps afin d'obtenir satisfaction, car la vérification de ses allégations et de celles de l'enfant va inévitablement demander un certain temps.

Une» automobile

blesse 20 soldats Londres, 12 août.

Une véritable catastrophe s'est produite, ce matin dans le Weltshire, près du camp de Bollestone.

Heureusement encore est-elle moins grave qu'on ne l'avait cru d'abord, car on savait parlé de sept tués et de vingt blessés, puis de quatre tués et de vingt-sept blessés. A quatre heures, ce matin, le 106 bataillon d'artillerie territoriale était allé chercher à la gare des munitions. Quand il revint, le brouillard était épais.

88 hommes groupés en queue marchaient en chantant quand soudain ils entendirent le bruit d'un moteur. C'était un fourgon automobile qui arrivait. Ils se rangèrent, mais le centre de la colonne ne perçut Des le ronflement de La machine ,ui le 7aucha littéralement. Il y a 20 blessés dont 3 mortellement.

Le minisre de la Guerre, M. Haldanei, a prescrit une enquête.

Les chauffeurs de la Drôme voient leur pourvoirejeté La chambre criminelle de la cour de cassation a examiné hier le pourvoi formé par David, Liottard et Berniyer, les célébrea chauffeurs de la Drôme, contre l'arrêt de la cour d'assises qui, le 10 juillet dernier, les avait tous trois condamnés à la peine de mort.

MM de Ramel et Coche ont soutenu le pourvoi.

Mais sur les conclusions de M. le conseiller Laborde, rapporteur, et de M. l'avocat général Blondel, la cour a déclaré qu'il n'y avait pas lieu à cassation.

CE QU'ILS FONT EN PRISON

La nouvelle du rejet de leur pourvoi n'étonnera sans doute pas les trois bandits, car depuis leur condamnation ils ne se faisaient pas d'illlusion sur l'arrêt de la cour de cassation.

Seul, Bertmyer est vraiment déprimé. Il ne fait rien, ne s'intéresse à rien des heures entières il reste plongé en de profondes méditations, la tête enfoncée dans ses Liottard est moins abaitu il affirme qu'il sera courageux s'il reçoit la visite de Deibler.

Quant à David, après quelques jours de tristesse, pendant lesquels il refusa de manger, ses gardiens le retrouvent chaque jour aussi dispos qu'il affectait de l'être à i la cour d'assises. II cause avec eux volontiers il fait des croquis de quelques scènes de la cour d'as- sises et il prend surtout son plaasir à dessi- ner des guillotines. 1

US ESCROQUERIES ou CAPITAINE Mars condamné

à un an de prison Se» complices, Grenier et Sérès, se sont vtk infliger, le premier 18 mois de prison, le second, 6 mois de la même peine. La neuvième chambre a rendu son juge* ment dans l'affaire Marix. Le tribunal a écarté, comme insuffisamment établis, troîsi des faits reprochés aux accusés, les faifai Ftaunet, Calvo et Delpech. En conséquence" M. Léo Weil, qui n'était impliqué que dana le fait Delpech, est acquitté. Par contre, te tribunal a retenu les faits de Luna et Royer

comme constituant de: escroqueries ou de» tentatives d'escroqueries à la charge da' Marix, de Sérès et de Grenier, que le tribunal condamne Marix à un an de prison^ Grenier à dix-huit mois- et Sérès à six nioi$.i Le jugement e$t ainsi motivé

Attendu que. les prévenus sont poursuivis pour avoir conjointement escroqué ou tenté d'escroquer diverses sommes d'argent, savoir: 10 Sérés au préjudice de Kiauuet;

• 2" Seras et Manx.au préjudice de Gil Calvo; 3° Weil, Grenier et Murix, au préjudice de Marix. et Seras au préjudice des «peux Luna

50 Grenier et Marix au préjudice de Royer. Sur le fait Flaunet, attendu qu'il résulte de la. déposilion du témoin Flaunet. qu'il a verstf en deux fois à Sérès une somme de 500 Ir.: (juei cette somme devait être remise à un soldat quelconque du régiment d'arlilterie en garnison k\ Versailles, qui consentirait à permuter JXiiir aller en garnison il 'tout. attendu que Sér«i*! s'étant adressé à un maréchal des lo is de ta régiment, celui-ci trouva dans ^a batterie iih nommé Fiais, qui consentit à permuter dnns iéa conditions indiqués ci-dessus que l'autoris&tion nécessaire fut refusée par le colonel de llaunet; attendu que les faits ainsi présenU» ne Dourraient constituer que le délit a'atius dp confiance et non celui d'escroquerie, dans !e cas où Flaunet justifierait, d'une part, de la remisa des fonds par'Sérès, et réclamerait d'autre part leur restitution Mais attendu que, loin d'en être ainsi. Flannet, tout en persistant dans ses affirmations, déclare ne rien vouloir réclamer a Sérès; qt# le délit n'est donc pas établie

LE FAIT CALVO

Sur le fait Calvo T Attendu que, si vraisemblables que soient les allégations de Calvo, un doute cependant subsiste qui doit bénéficier aux prévenus atteildu. en effet, que s it parait certain que Calvo ait rencontré Sérès et Marix et qu'il ait eu un entretien avec eux. les témoins indiqués par lui, comme ayant entendu les propos compromettants pour les prévenus, déclarent non seulement ne pas les avoir entendus, mais affirment même qu'il est impossible qu'ils aient été tenus sans qu'ils les aient entendus que. dans ces conditions, le tribunal. en l'absence de tout au.tre élément, ne pouiTaJt basor. une condamnation sur te seul témoignage de Calvo

Sur le fait Del;>ech

Attendu que le tribunal ne saurait retenir les faits reprocltés aux prévenus de ce chef qu'en effet si la prévention pouvait pnraitre suffisamment établie à la suite des dépositions de De)¡.pech devant le commissaire de police, le tribu., nal ne peut plus en faire état actuellement, h seul témoin entendu à la barre étant venu affir» mer sous la foi du serment que les faits qu'elle rapportait lui avaient été racontés par Delpecti lui-même et qu'elle ne pouvait avoir aucune confiance en Ini, étant donné le défaut habituel de sincérité de ses déclarations

Sur le fait de Luna 1 Attendu qu'il résulte de l'instructicn et des détiats la preuve que Sérès. amené chez les époux Luna par liuinart, leur a déclaré qu'il se ferait fort d'obtenir la srâce de la dame de Lunn, condamnée à G mois de prison. ainsi que ce!l» d'autres personnes, moyennant des sommes variant entre trois mille 'et six mille francs. la, dite somme Lixée à 5.000 francs pour la dame de Luna; Attendu qu'il njoutait également ponvoir faire réformer des jeunes gens ne voulant pas faire leur service militaire. et tout cela, grâce aux relations qu'il entretenait avec le capitaine Marix ayant les plus hautes relations et la plus grande influencé

Attendu qu'à l'appui de ces dires, qui étaient confirmés par Ruinart, il présentait des lettres & en-tôle ou portant des signatures pouvant faire croire à son crédit;

Attendu que de Luna, n'ayant pas à ce moment la somme réclamée, Sérès déclara qu'il était inutile de voir le capitaine Marix, et les pourparlers en restèrent la

Attendu, toutefois, que, déjà, à cette époque, la tentative d'escroquerie était nettement établie, puisque l'on rencontre dans les faits ci-dessus rapportés la manœuvre frauduleuse camîtiM-isear par l'intermédiaire d'un tiers appuyant les allégations de Sérès, la présentation de lettres et papiers pouvant donner force et crédit à ses dires, le tout dans le but de persuader l'existence d un crédit imaginaire, celui d'obtenir une remise de peine à l'aide d'une somnit: d'argent: Attendu qu'à raison d-3 l'énormité de la somme demandée il ne saurait être question d'honoraires pour les démarches à faire, mais bien de l'obtention de la grâce elle-mîme

Attendu qu'une remise de peine ne peut être accordée que par le chef de l'Etat sur la proposition du ministre de la Justice responsable, qu'il est parfaitement licite d'appuyer ou de faire appuyer une telle demande par touleï: tes influences dont on peut disposer, mais que, te fait seul pour une personne de prétendre pouvoir accorder cette faveur en dehors du mi-, nistre compétent, ou du chef de l'Etat, constitué, l'allégation d'un crédit imaginaire

Attendu que la dame de Luna, ayant été ar«rètée dans les premiers mois de 10CO. de Luna, affirmant être muni d'argent, voulut reprendt*»' les pourparlers avec Sérès qu'il convoqua;