Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 4 à 4 sur 88

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Le réfractaire ; Le cadet de Normandie / Élie Berthet

Auteur : Berthet, Élie (1815-1891). Auteur du texte

Éditeur : (Paris)

Date d'édition : 1865

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb424806927

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. (paginé 581-664) ; gr. in-8

Format : Nombre total de vues : 88

Description : Collection : Nouvelles et romans choisis

Description : Collection : Nouvelles et romans choisis

Description : Collection numérique : Fonds régional : Basse-Normandie

Description : Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5628956z

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Y2-1287

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 16/11/2009

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 94%.


mie Uertljrt.

LE RÉFRACTAIRE

Il y avait: grand $iîip,Ytin^6ur de mai 183 — au village de Fleury-les-Botey^d+aé^aans la Nièvre, à quelaue distance de la Loire, sur les .confins d'une contrée montagneuse et boisée. C'était la veille du départ des conscrits de la commune. Avant, de dire adieu pour longtemps au pays natal, les futurs défenseurs de la patrie faisaient dans le village une promenade militaire. Alignés tant bien que mal, leurs chapeaux ornés de. rubans . versicolores et de leurs, numéros de .tirage, précédés : d'un tambour qui battait la marche à faux suv une méchante caisse de bois, d'un tambour-major maigre comme un échalas, d'une élégante vivandière qui cabriolait à hauteur de ceinture d'homme, les pauvres enl'ans s'efforçaient de prendre des airs crânes et joyeux, qu'ils croyaient de circonstance. Ils chantaient à tue-tête, ils lançaient aux passans de hardis quolibets, mais, en dépit de leurs stations fréquentes dans les cabarets qui se trouvaient sur la route,.cette gaieté était factice "et le diable ne perdait rien à celte affectation d'insouciance.

La manifestation guerrière avait donc mis tous le village en émoi. Les mères, les soeurs, les fiancées. accouraient sur le seuil des portes pour voir passer, dans l'appareil de leur nouvelle profession, les beaux garçons qui allaient partir ; elles saluaient de la main, le sourire sur les lèvres et les larmes aux yeux. Les hommes regardaient d'un air d'étonnement, mêlé de pitié ou de moquerie. Les enfans, ces acteurs inévitables des fêtes publiques, suivaient en gambadant pieds nus, avec des chapeaux de papier et des sabres de bois ; tandis qu'un petit bossu, évincé successivement par toutes les filles du village, se frottait les mains à l'écart et riait sournoisement en songeant au lendemain.

Vers la fin du jour, le lataillon, comme, disait le gringalet, d'officier postiche qui commandait la bande, vint stationner sur la place de Fleury; aussitôt les habitans du village s'y rassemblèrent et entourèrent les apprentis solROMANS

solROMANS

dats. Il était temps que cette longue promenade se terminât ; les triomphateurs étaient couverts de sueur et do poussière ; les libations, les chants patriotiques et autres leur avaient rendu la voix rauque. Le tambour-major, empêtré de ses bottes à talons, de sa canne et de son bonnet à poil, se soutenait à peine sur ses jambes de fuseau. L'officier jurait que son grand sabre de cavalerie pesait plus de vingt kilos, et, pour preuve.il le faisait manier aux spectateurs, qui semblaient craindre d'en être mordus- I-a vivandière, lasse de ses gambades, avait déposé à terre son tonnelet, et, relevant gauchement son jupon, elle s'était assise sur le tambour, en exhibant les splendeurs de son pantalon garance. Cependant la troupe ne rompait pas encore les rangs, car elle s'attendait à être passée. en revue par quelque haut fonctionnaire du village, par.monsieur le maire, par exemple, dont la maison, ou plutôt la ferme, se reconnaissait sur la place au beau peuplier vert qui décorait la porte. Mais monsieur le mairo était en ce moment occupé à donner la provende à ses vaches. Etonné de ce vacarme insolite, il avança sa tête, coiffée d'un bonnet de coton, à la lucarne du fenil, et jeta un regard serein et majestueux à ses administrés ; mais, après une minute d'examen et un sourire de satisfaction, la tête auguste et le bonnet de coton disparurent. L'autorité était retournée à ses occupations champêtres, laissant les jeunes soldats se passer en revue tous seuls, s'il en avaient la. fantaisie.

• Bien convaincu de l'indifférence du fonctionnaire civil, les conscrits se disposaient enfin à se séparer et à aller se livrer dans leurs familles aux tristes douceurs des derniers adieux, quand les regards se tournèrent tout à coup vers l'extrémité de la place opposée à celle où se trouvait l'habitation du maire. De ce côté s'élevait une maison assez vaste ; un drapeau tricolore flétri et une enseigne sur laquelle on lisait Gendarmerie royale, désignaient suffisamment sa destination. Or, la porte.de cette maison venait de s'ouvrir, et le brigadier de gendarmerie lui-même, sans armes, le bonnet de police sur l'oreille et les mains derrière le dos, s'approcha en sifflotant.

Sa vue fut pour les nouveaux soldats ce qu'est le roulement du tambour pour les anciens. Ils ne coururent pas aux armes, et pour cause, mais les plus éreintés se redressèrent et reprirent leurs rangs.

— Garde à vous 1 cria Foffieier ; c'est le père Morin..,

73