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Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir

Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)

Date d'édition : 1908-05-23

Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 126844

Description : 23 mai 1908

Description : 1908/05/23 (Numéro 11529).

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5628854

Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 09/04/2008

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A LA RAFFINERIE SAY

Une terrible Explosion fait quarante et une Victimes Deux d'entre elles sont mortes C'est dans la bluterie que l'accident s'est produit par suite, croit-on, de la brusque inflammation de poussières de sucre. Il se pourrait que l'accident fût dû à l'imprudence d'un fumeur.

La raffinerie et sucrerie Say, établie 123, boulevard de ta Gare, a été le théâtre, hier matin,, d'un terrible accident. A quoi est-il du ? On ne te sait encore exactement Malheureusement, les victimes sont nombreuses et, a l'heure où nous écrivons, deux d entre elles ont succombé à leurs affreuses blessures.

Tout un corps de bâtiment a été intérieurement ravagé. Sous ses décombres, de nombreuses ouvrières ont été ensevelies. Projetés au loin, des matérieux sont allés meurtrir des ouvriers qui travaillaient dans un autre atelier.

LE LIEU DU 'SiNISTRE

La raffinerie Say a été, à diverses reprises, le théâtre d'accidents semblables. Celui d'hier est le troisième que ion ait eu à dépiurer depuis quatre années.

Cette raitinerie occupe environ 2,000 personne. Elle est bordée par le boulevard de la Gare, les rues Jeanne-d Arc, Uunois et Clisson. e

L entrée principale est située boulevard de .a Gare. On pénètre dans la raffinerie par une porte cochère. A droite sont située les bureaux de la direction, la caisse et la comptabilité à gauche, se trouve un grand atelier ou sont installées, au rez-de-chausCe. les bluteries, où travaillent des hommes au premier et au second étage, les causeries et les étuves qui n'occupent que des femmes.

SPECTACLE TRAGIQUE

II était huit heures et demie quand une formidable détonation/ ébranla tous les immeubles du quartier/. Un vit aussitôt les portes de la raffinerie s'ouvrir et des ouvriers et ouvrières se précipiter au dehors en poussant. des cris déchirants. Plusieurs dintre eux avaient le visage, les bras, les niLLins ensanglantés leurs vêtement étaient déchiquetés.

Une explosion venait de détruire comptétement la bluterie, et ses néfastes effets tj étaient fait ressentir dans toute l'usine. Les vitres avaient volé en éclats des cloisons, des plafonds s'étaient effondrés et enilummés, brûlant et blessant ouvriers et Le spectacle était d'un tragique intense. Punni les dëcombres fumants, des maiheugisaient inanimés d'autres, rassemblant leurs forces, leutaient d écarter les dé.bris de ter 'et de bois sous lesquels ils étaient emprisonnés.

Durant quelques minutes l'affolement fut gênerai. Cependant le directeur da la raffinerie, M. Pelissier, entoure de ses chefs de service, organisait les premiers secours.

Bientôt arrivèrent MM. Maillot, officier de paix Uourdel, inspecteur principal; Simard, commissaire de pouce, qui etaoluent un important service d'ordre à 1 intérieur mëme de la sucrerie et sur le boulevard de la Gare, '^u se pressaient de pauvres gens appeiant qui un mari, qui un frère, qui un Sis. LE SAUVEiAGE

Avec l'aide des ouvriers valides et des gardiens de la paix, les pompiers des caserues de ta Nativité et Jeanne-d Arc procédèrent au sauvetage des victimes.

(_*Ue délicate opération dura jusquà du iieuies et demie. La plupart des ouvriers ensevelis avaient reçu des éclats de verre ou ae dois; l'état de. certains d entre eux était grave, mais aucun n avait succombé.

Ce tut avec une joie bien comprenensible que Ha toule, massée devant la raliinerie, apprit que personne n avait été tué sur le coup. Hélas quelques heures plus tard. le martyrologe du travail allait s augmenter, comme on le satt, de deux nouveaux noms.

Placées sur des brancards, les blessés turent portés dans la salle de visite, où les docteurs Auvergnat, Devize et fianteau, me decins habituels de la raïlinerie, secondés par M. Martigneau, pharmacien, et par des internes de la Pitié, de Coctnn et de l hôpita Saint-Louis, venus avec les voitures d ambulance, leur donnèrent des soins. On constata qu'une vingtaine de victimes portaienl, sur diverses parties du corps, de profondes brillures.

Pendant que les médecins et leurs auxiliaires allaient de l'un à l'autre, pansant les plaies et prodiguant des paroles d encouragement et de consolation, arrivèrent MM. Viviani, ministre du Travail: Lépiné, préfet de police; Laurent, secrétaire général; Touny, directeur de la police municipale, et Leboucq, député de l'arrondissement

Après s'être entretenu avec quelques-unes des victimes, le ministre du Travail interrogea longuement le directeur de la raffiuerie. qu'il invita à lui faire parvenir, dans le plus bref délai possible, la liste des ouvriers blessés, afin qu'il pot leur taire distrtbuer de^secours.

Parmi ceux-ci, au nombre de quarante et un, il en état de gravement atteints. On les transporta soit à l'hôpital Cochin, soit à la Pitié les autres furent ramenés à leurs domiciles respectifs.

LES VICTIMES

Voici la liste complète des. victimes de l'explosion

Mme Olive Sautereaud, trente-neuf ans, 5, rue Jeanne-d'Arc MM. Achille Degaz, vingt-six ans, 109, rue de Turenne Jean Avet trente ans, 47, rue Jeanne-d Are; Kfcller, 4, rue La Hire.

Ces quatre personnes ont dû être conduites à l'hôpital de la Pitié.

Cécile Choulier, 76, rue Clisson Mme Ducrocq, 77, rue Maître-Albert Jean Rion, 10, rue de Vitry, à Ivry Jeanne Michel, dixneuf ans, 68, rue de Tolbiac; Yves Bracon, passage Crouin René Costel 122, rue Nationale Georges Leclerc, 86, rue Baudricourt Burgund, rue de 'fotbiac Louise Tlrinet, 10, passage Touzet, à Saint-Ouen. Ces neuf autres yictimes ont été transportées à l'hôpital Cochin.

L'état de M. Georges Leclerc et de Mmes Thinet et Michel était des plus alarmant. Tous trois portaient de profondes brûlures sur différentes parties du corps., Un a bon espoir de sauver tous les autres blessés.

Ceux dont les noms suivent ont été reconduits à leurs domiciles respectifs

Henri Damont, l'y, rue de la Heine-Blanche Henri Saret, 34, rue du Nord, Â Ivry Marie Lave. l'Sà, rue Nationale Amélie Da\cina, si, place Pinel Jeaans borstsr, i6, rue Clisson Colin, il; rue Jea^ut-o Arc l juchai, lft, fuf des Ctnq-Diarnants tiattarm, la;, rueJdu.Chevaieret Bener, piace Jeaime-dArc Augros, rue Coypei Mme caiemy. 15, rue Godefrcy M. Hubert. 125, rue Clisson Mmes Charnai, rue du Chàteau-des-Kentiers; DU, rue ueTard Le Baich, <o'à, boulevard de 4a Gare Perdu, rue Nationfcue Uenergue, Il; rue .Nationale M. Lenoir, 6, rue Scipion Jacquet, 33. route de Fontainebleau, au Ivtemiin Mrnes Maiaquin, lis, rue La-Hire Célestine Dutter, vingt-quatre ans, 33, rue Barraltlt Gibrat, Soubrillé, Vigouroux, Baillv, Bagnaud, 09, rue de Tolbiac; Le Gall, Tilly.

.DEUX DÉCÈS

Dès jeur arrivée à l'hôpitai, Mmes Louise ttunet et Jeanne Miche* entraient dans le coma. Les pauvres teutmes avaient le corps couvert de orûlures et de contusions. Nlalnré tes soins qu uu leur donna, elles expirèrent dans la soirée, sans avoir repris connaissance.

Letrs corps vont être transportés' à la morgue ou 1 autupsie sera pratiquée par le docteur Socquet, et ou ils resteront jusqu à c- que l'enquête soit terminée.

Mlle Louise l'inuet était tort estimée à Sauit-Ùuen, où elle occupait 10, passage iouzet une simple ehamurette d'un loyer quotidien de 2 francs.

LUe vivait là 'avec sa mère, une sexagénaire impotente, qui, ces dernières années, avait péniblement gagné sa vie en vendant du mouron. Depuis quelque temps la pauvre vieille ne pouvait plus travailler du tout et c'était sa tille qui la faisait vivre. Louise Thinet, qui avait auparavant exercé sa profession à la raffinerie Parisienne de Saint-Uuen, était occupée depuis sept ans il l'usine ou elle gagnait un salaire quotidien de 5 frarics.

Très ponctuelle, d'ip zèle remarqué par ses patrons, c'était une des meilleures cuvrières de la raffinerie où chacun l'appréciait et l'aimait, de même quà Saint-Ouen, où ses voisins ne tarissaient pas d'éloges sur son compte.

Il y a quelque temps, au cours de son travail, Louise Thinet avait été légèrement blessée à la main, mais elle n en avait pas moins continué à 'fréquenter assidûment l usine.

Quand sa mère eut appris qu'elle était blessée, d'obligeants voisins s'offrirent immédiatement à raccompagner à l'usine du boulevard de la Gare. Mais la malheureuse femme n'y est arrivée qu'au moment où sa fille reod»it le dernier soucie.

Il 'reste à Mme Thinet deux autres filles, mariées l'une et l'autre. La première habite Paris, l'autre Gennevilliers. M. FALLIÈRES ET LES VICTIMES' Dès qu'il a eu connaissance de l'explosion, M. Fal.ières a envoyé un lieutenant-colonel prendre des nouvelles des victimes cette visite a fait une très bonne impression sur l'état moral des blessés.

De son côté, le mmistre du Travail chargé un de ses collaborateurs M: Gizolme, de visiter à la Charité et à Cocnin, les victimes en traitement dans ces établissements, et de les assurer de toute la sollicitude du gouvernement.

MM. Armand Bernard, secrétaire général de la préfecture de la Seine, remplaçant M. de Selves, absent de Paris, et Mesureur, directeur de l'Assistance publique, ont agi de même.

L'ENQUETE AU PARQUET

M. André, juge d'instruction, a été chargé par le parquet de rechercher les responsabilités de l'explosion. Durant toute la journée, il est resté sur les lieux, posant au directeur et aux contremaîtres de multiples questions.

M. Bertillon, chef du service anthropométrique, accompagnait le. magistrat. Il a pris de nombreuses vues photographiques des bâtiments. Un expert, M. Lecornu, professeur à l'école polytechnique, a été également commis pour examiner les Mutoirs.

Ces appareils sont de grands tamis cylindriques d'une longueur de six à sept mètres divisés en compartiments.

Ils sont actionnés par de puissantes dj^- namos. Les ouvriers employés dans cet atelier travaillent au milieu d'ipaisses pous* sières de sucre. Ce sont ces poussières qu\ au contact d'une étincelle produite, supposet-0n, par un court-circuit, se seraient enflam[nées et auraient fait explosion.

Il est possible également que l'accident ait. été causé par un fumeur imprudent. C'est ce que l'enquête devra établir. Ce qui est certain, c'est qu'à la suite de l'inflammation des poussières ce sucre, les tuyaux qui, ies étages supérieurs descendent aux bluteries ont fait l'office de cheminées d'appel. Les flammes s'y engouffrant ont provoqué un énorme déplacement d'air qui a tout renversé, tout brisé.

LE RÉCIT D'UNE RESCAPÉE

Parmi les personnes qui n'ont cessé, de toute la journée, de stationner aux abords de la raffinerie, nous avons rencontré uie ouvrière, Mme Martin, qui travaillait dans lu casserie, au troisième étage.

J'étais occupée, nous a-t-elle dit, à ranger'plusieurs boitep, qui encombraient ma place, quand tout à coup je perçus un bruit formidable avant d'avoir pu me rendre compte de ce qui se passait, je fus renversée par une force extraordinaire et presque ensevelie sous les débris de la cloison, près de laquelle je travaillais.

Je me neleva' cependant sanas aucune blessure et, comme une folle, je courus à l'escalier et le descendis-la tête couverte de mon tablier, pour ne pas entendre les plaintes déchirantes de mes compagnes qui appelaient au secours. J'ai eu de la chance d'en sortir à si bon compte. »

DANS LE VOISINAGE

Ajoutons que, dans toutes les rues avoisinant la raffinerie Say, les vitres des maisons ont été brisées. Au bar Gaillard, 129, boulevard de la Gare, d'immenses glaces ont été pulvérisées il en a été de même dans les restaurants portant les numéros 104, 106 du même boulevard.

TROIS VOYAGES Le voyage, de M- Fallières à Londres Ojp précédera de peu celui d'Edouard VII en Russie, lequel sera suivi d'une visite du Président de la République au tsar. Voici trois faits, tendant évidemment au même but et dont la coïncidence constituera un événement historique.

Ce but, nul ne l'ignore, est le maintien de la paix, basée sur le respect du droit et de la justice, sur la reconnaissance des intérêts de tous.

Lorsque, avec le concours actif de la diplomatie française, la Russie, notre alliée et 1 Angleterre, notre amie, se sont rapprochées, l'équilibre européen s est trouvé castitué d'une façon plus torte et plus stable. Comme la Hépublique, le gouvernement anglais a des vues pacifiques, dont le roi se fait l'interprète constant depuis son avènement. De son côté, la Russie a besoin de recueillement, après la guerre de Mandchourie, surtout pour poursuivre son évolution intérieure.

Les trois chefs d'Etat, qui vont se rencontrer successivement pendant l'année 190S, échangeront donc certainement des idées et des vœux tendant à assurer la paix. Ces entrevues n affecteront pas un simple caractère de courtoisie, s'il est vrai, comme on l'annonce, que M. Isvolsky, ministre des Affatres étrangères, doit accompagner Nicolas Il, lors de la visite du roi Edouard, et que le monarque anglais aura à ses côtés sir Charles Hardmge, son sous-secrétaire d'Etat

Naguère, au jubilé de Frapçois-Joseph, on a semblé étaler la puissance allemande sans en prendre ombrage, sans songer à y porter atteinte, le tsar, le roi d'Angleterre et te Président de la République vont se donner la main, sous les yeux du monde attentif, et affirmer l'union de trois grands peupIes pacifiques et solidaires.

LE6 LËCTrEUR»

du

Parisien auront prochainement la primeur d'un

GRAND KOMAN INÉDIT par Georges MALDAGUE

Le célèhje romancier populaire ne fut jamais mieux inspiré que dans

Celle qui tue œuvre puissante où sont décrits avec un égal bonheur les aveugles violences des passions ardentes et le charme délicat des tendres.

Drame mystérieux dans une loge

L'immeuble situé 44, boulevard de Lorraine, à CJichy-la-Garenne, a été, l'avant, dernière nuit, le théàtre d'un drame quelque peu obscur.

La concierge de la maison est Mme Apolline Juenne, veuve de cinquante-trois ans, qui a marié sa fille Marie-Anna à un cordonnier, Eugène Dubois, jeune homme de vingtsept ans, travaillant dans une échoppe située boulevard Victor-Hugo.

Depuis sixtœois le jeune ménage habitait avec Mme Juenne, mais les époux n'étaient point heureux. Des discussions fréquentes éclataient entre eux et jeudi, à l'issue d'une scène violente au moment du déjeuner, Dubois s'en était allé.

Ne le voyant pas rentrer pour dîner, sa femme et sa belle-mère étaient allées le chercher chez un marchand de vins du boulevard Victor-Hugo, où d'ailleurs le cordonnier ne se trouvait pas.

Les deux femmes rentrèrent alors chez elles, et s'exaltant en s'exagérant mutuellement leurs malheurs, déciderent de se donner la mort. Elles s'enfermèrent dans la loge et se couchèrent après que Mme Juenne eut ouvert le robinet du gaz.

Vers minuit, le cordonnier revint, et trouva les deux femmes étendues sans mouvement. Bien vite il aéra la pièce et réussit à ranimer sa femme et sa belle-mère.. Il songea alors à aller fermer le compteur. Comme il arrivait près de la porte«oeb-we, une détonation retentit, qui le fit 'revenir sur ses pas. Il trouva sa femme expirante entre les bras de Mme Juenne. Mme Dubois s'était tiré un coup de revolver dans la tempe.

Cette ersion du drame donnée par Eugène Dubois sembla tout d'abord suspecte à M. Souliard, commissaire de police. Toutefois, Mme Juenne a reconnu qu'elle et sa fille avaient voulu se suicider. Elle a ajouté qu'après l'intervention de son gendre, elle s'était péniblement traînés dans une pièce voisine et n'avait pu voir si Mme Dubois s'était levée pour aller prendre dans une commode le revolver avec lequel elle s'était donné la mort..

Dans la soirée d'hier, le magistrat a fait transporter le cadavre à la morgue, car, dire du docteur Guilly qui a procédé aux constatations, seule l'autopsie, en déterminant le trajet de la balle, permettra d'établir si la version fournie par le mari est bien exacte. Un vapeur belge assailli

et renversé par une tornade Tous les passagers européens, sauf le mécanicien, ont péri.

Bruxelles, 22 mai.

L'administration de l'Etat indépendant du Congo à Bruxelles vient de recevoir la nouvelle que le vapeur belge Ville-de-Bruges a été assailli par une tornade d'une violence exceptionnelle près d'Umangi, sur le Haut-Congo. Le bâtiment a été littéralement renversé.

lA CATASTROPHE DE C0NT1CH 39 Morts ;J50 Blessés L'aiguilleur responsable est retrouvé. II attribue l'accident au mauvais fonctionnement des appareils.

(DE NOIRE ENVOYÉ SPÉCIAL)

Anvers, 22 mai.

Dans mon dernier télégramme d'hier, je vous, indiquais comme à peu près définitif le chiffre de 3S morts et l00 blessés dans la terrible catastrophe de Contich. Le bilan officiel publié aujourd'hui est venu contirmer plemement,cette information. La compagne annonce, en effet, ce soir, qu'une femme étant décédée ce matin, le nombre des tués s'élève actuellement à 39, celui des personnes légèrement atteintes à 80 et celui des voyageurs grièvement blessés à 70. Bon nombre de ces derniers ont été opérés ce matin. Malheureusement, une quinzaine d'entre eux sont dans un état à peu près désespéré.

Visites et condoléances aux blessés Je vous ai annoncé la visite faite aUx victimes par le prince royal.

A son tour, la princesse Albert de Belgique, femme du prince héritier, accompagnée de la comtesse d'Oultremont, dame d'honneur, et du baron de Woelmont, chevalier d'honneur, a quitté Bruxelles ce matm pour Anvers, où elle est allée visiter les blessés aux hôpitaux du Stuyvenberg et Sainte-Elisabeth. Dans le ,premier, il y a 24 blessés et, dans le second, 19.

Des scènes déclarantes se sont produites dans tes salles où sont, couchées les victi mes. Dans lune délies, la princesse a assiste à i agonie d'un blessé. C'ét^* navrant et la princesse, ainsi que tous ceux qui l'enlouraient, ne purent retenir leurs larmes. La tuture reine des Belges a eu des paroles de réconfort pour tous et elle n'a pas nrénagé ses compliments au personnel des hôpitaux. Ell« est rentrée cet après-midi à Bruxelles, en proie à une émotion compréhensible.

Enfin, M. Halleputte, ministre des Che-

0n a à déplorer la mort de tous les passagers européens, ainsi que celle de nombreux noirs. L accident s'est produit au moment même où les passagers européens prenaient leur repas dans la salle à man- ger. Tous ont été noyés, y compris le capitaine. Seul, le mécanicien a pu se sauver. Sur 70 noirs; seulement ont pu gagner Les familles belges éprouvées par ce sinistre viennent d'être informées du deuil qui les frappe. Un télégramme arrivé ce soir confirme le naufrage et fait connaltre que les corps des victimes n'ont pu être encore retrouvés. Le vapeur est échoué la quille en l'air.

UN INCIDENT AU PALAIS

Un Plaideur débouté veut tuer un Avocat A la troisième chambre. M. Sourbet sortit son revolver, mais fut aussitôt désarmé. Il est au dépôt.

M. Théophile Sourbet, soixante-quinze ans, originaire du département du Gers, habitant en garni, cité Trévise avait intenté, devant la troisième chambre du tribunal civil de la Seine, un procès à la compagnie de Fives-Lill«, à laquelle il réclamait francs de dommages-intérêts. Pendant l'instance, M. Sourbet avait adressé des; lettres de menaces à M* Dacraigne, avocat de la compagnie, qui plaidait contre lui. Celui-ci avait prévenu la sûreté qui exerçait une surveillance autour du personnage.

A son audierKe d'hier, vers midi, la cour rendit un arrêt déboutant M. Sourbet de sa réclamation et le condamnant aux dépens. Le demandeur, furieux, se dressa brusquement, sortit de sa poche un revolver et, cherchant, dans l'assistance l'avocat de la compagnie, M* Dacraigne, se mit à crier « Où est-d ? Où est-il »

Un autre avocat M* Guillaumin, s'élança sur M. Sourbet et le désarma avec le concours de l'inspecteur de la sùreté Albrecht et de ,M. Conrad, 101, rue de Charenton. Le revolver était cnarge de six Dalles blindées.

Conduit d'abord devant M. Hamard, M. Sourbet fut interrogé ensuite par M. Flory, juge d'instruction.

Le magistrat l'a inculpé de violences, voies d.i fait et port d'arme prohibée. Ensuite, il lui a fait subir l'interrogatoire d'identité. M. Sourbet qui est viticulteur à Braquet .(Gers), a déclaré qu'il avait bien eu l'intention de tuer Me Dacraigne. Il repro.che à cet avocat d'avoir induit la cour en erreur et de lui avoir ainsi enlevé tout le bénéfice qu'il devait tirer d'un pèse-alcool dont il est l'inventeur.

M. Sourbet a été écroué à la Santé. Il a choisi MI Lecomte pour défenseur. Ajoutons que -le Dacraigne, ,au courant, comme nous le disons plus l)aut, des instentions hostiles à son égard de l'inventeur, avait prévenu le président de la troisième chambre, M. Bouttet. Celui-ci avait lu l'ar·. rêt à .voix basse de façon à ce que M. Sourbet ne comprit pas.

Le viticulteur avait dû, en effet, se faire expliquer la décision de la cour par un avoçat, mais pendant ce temps, M" Dacraigne avait pu s éloigner.

mins de fer, s'est rendu à Anvers et. tandis qu il visitait les blessés aux hôpitaux, on Jui a remis une dépêche de Léopold ̃ quf'se trouve actuellement à Wiesbaden.

Cette dépêche, qu'il a immédiatement communiquée aux intéresses, est ainsi conçue Je suis navre de l'épouvantable accident. Veuillez prendre en mon nom des nouvetles des bletses fil me les envoyer.

Exprimez-leur ma vtve sympathie et mes voeux les plus sincères pour leur rétablissement. Dites aux [amilles des victitrtts combien je prends part à leur deuil.

Signalons à ce propos que, dès qu'il a eu èonnaissance de la terrible catastrophe de Contich, M. Fallières, président de la République, a adressé au roides Belges un télégramme pour lui exprimer ses condoléances. L'aiguilleur est retrouvé

Vous vous rappelez qu'aussitôt après l'accident, l'aiguilleur Van Thuyn à qui il semblait devoir être imputé avait pris la fuite et n'avait pu être retrouvé.

Le juge d'instruction Vermeer, que j'ai rencontré aujourd'hui à la gare de Contich, m'a déclaré qu'on était enlin parvenu à te découvrir et que sa responsabilité ne faisait aucun doute.

Après la catastrophe, Van Thuyn, en proie à l'affolement, se réfugia dans les bois avoisinants et déposa sa casquette et son veston, insignes de son service, au pied d'une croix, puis inl regagna son domicile, ou les gendarmes le trouvèrent ce matin. L'aiguilleur, qui est marié et père de neuf enfants, était plongé dans une prostration complète et ne se rappelait rien.

Interrogé un peu plus tard par le procureur du roi et NI. Vermeer, il a attribué la cause du désastre au mauvais fonctionnement des appareils qui étaient en réparation et que le personnel était obligé de faire manœuvrer à la main. Le malheureux, qui est alité et dont l'état mental inspire, d'ailleurs, de vives inquietudes, répondait si difficilement aux questions qui lui étaient posées que son interrogatoire n'a pas été poussé plus' avant. Un mandat d amener étant lancé contre lui, il est gardé par les gendarmes. A la gare de Contich, les travaux de dé- blaiemeht sont terminés. Une équipe d'ouvriers active la démolition des wagons.

LE DRAME DE CHfiTEflU-CHINOU Angèle Garnier est acquittée

(DE NOTRE ENVOYÉ SPECIAL)

Nevera, 22 mai.

^Le courant de sympathie qui se dessinait hier en faveur d' Angèle Garnier n'a fait que s'accentuer aujourd hui.

Les lettres écrites par Parthiot à sea amis, comparées à celles qu'il faisait tenir à sa fiancée, les dépositions des témoins qui tous ont été favorables à la jeune fille, ont influencé favorablement le jury et c'est un verdict négatif qu'il rapporté.

Tendres missives

J'ai pu me procurer quelques-unes des lettres écrites par Henn Parthiot à Angéle Garnier. Leur style, les sentiments qu elles • exposent sont bien peu en rapport avec l'attituae que prit le jeune sous-officier de dragons par la suite, et on se demande s'il ne loua pas vis-â-vis de celle à laquelle il laislait espérer Je mariage un double jeu.

Combien le ton de ces envois est différent de celui de la correspondance qu'il échangeait avec ses anciens camarades de régiment, et notamment avec M. Métayer. A eux, il disait ce qu'il pensait d Angèle,' et il le taisait en termes peu Uatteura, pour Hfe fÈ» dire grcssiew. Il leur déclarait formellement qu elle ne serait jamais sa femme. Pourquot donc la tendresse qu'on va lire

Mignonne chérie,

Le bruit de men mariage a couru ici seulement depuis hier. J'ai déjà eu â répondre à une foule de questions plus indiscrètes les unes que les autres. Je réponds a celles que je veux. Par exempie. on m'a demande si ma future était d'un pbysique agréable et j'ai dit simplement qu'elle ma plaisait beaucoup, mais qu'il m'importait fort peu que les étrangers la trouvent jolie ou laide. Tu es bien de,Don avis. dis. mon aimée, et tu veux uieu aue ton petit le trouve wc.i loue, ,lieu neli* -an= t'inquieter Q" J'avis des imporJe t'embrasse comme ie t'aime, c'est-à-dire un peu mieux que le ne t'écris.

4 toi, Henri.

Et cette autre, plus passionnée, plus vit rante encore

Ma chérie.

Ta lettre m a tait tant de bien que je m'en*presse ae te répondre. Uu reste, quand larde un 'our, cest uu m est un possible de faire autrement.

Merci, mignonne chérie, de tas bonnes -paroles d amour eiies me vont droit au coeur et en les lisant >e me semais tressa>!Ui doucement sous cette rosée vivifiante de caresses et de doua oaisers. Cest si Dan l'amour et moi j'ai tant besoin d'aimer

Oh jusque présent. chérie. nous n'avons rien enccre connu de *es mystères et de ses charmes, mais. comme l'ai Date maintetianl de voir sonner l'heure tant désirée où. sans taire de péché, nous pourrons nous enivrer de toutes les caresses et teresse de douces voluptés.

Comment Angéle eùt-elle pu douter de celui qui lui taisait parvenir des lettres ausst embrasées. Et le signataire poursuivait Queue vienne bientôt, dis. mon adorée, cette heure bienheureuse où tous Wt deux seulement, oh ou! bien seul* avec notre bonheur. nous pourrions nous endormu. tes lèvre, mues dan* un long baiseur

Et comment douter de ses intentions matrimoniales après des missives du genre de celle-ci, et quelle désillusion dut engendrer la rupture.

Mignonne chérie,

J'ai parlé à mes parents aussitôt mon retour, et cette démarche que je redoutais tant de faire s'est passée dans la meilleure condition Ma mère surtout a été conquise par la photographie que tu mas donnée et c'est elle la plus contente, Sr, du côté de'tes parents. en ne se montre pas trop intransigeant sur une question que je ue veux pas aborder, il se passera bleu peu de temps pour consacrer définitivement notre bonheur. Du reste, mon parti est bien pris maintenant. Je te veux, toi seule, et si quelque chose voulait me séparer de toi, aimerais mieux briser tout, abandonner tout, plutôt que de te perdre. Je t'aime comme un fou maintenant, et chaque jour davantage.

Pourtant, toutes ces belles promesses devaient un jour s'envoler en fumée

La partie civile

Dés le début de la deuxième audience, aussi suivie que la première, M. le président Cormier donne la parole a M* Hugou, 1 avocat de la partie civile.

Peut-on dire qu'il y a crime passionnel, quand la préméditation existe? Non! affir.rne Me Hugon. Il est convaincu d'ailleurs que l'accusée n aimait pas Henri Parthi'ot. On ne tue pas ceux que l'on chérit, ou bien on meurt avec eux. »

Angèle Garnier proteste contre cette allégation par des sanglots et des plaintes. fieuversée, elle tient son mouchoir sur son visage et pleure.

En admettant poursuit l'avocat de la partie civile, qu il y att eu drame passionnel, celle qui en fut I hérolne doit être punie. Il n y aurait plus, estime-t-it, de société possible si toujours le crime dit passionnel était excusé, pardonné.

Le Réquisitoire

Après une suspension de deux heures, [audience a été reprise a midi et demie et M. Saillard, procureur de ta République, a prononcé son réquisitoire, de même que 1 avocat de la partie civile.

L organe du ministère public a tait un portrait des plus flatteurs de la victime. Parthiot, d-t-n ait était un fils dévoue et soumis. Toute la population de Corancy laornait a cause de son caractère ouvert et de sa bonté. Est-ce parce qu se montra respectueux ae la volonté paternelle qu il mentait la mort St quetqu un avait droit à des circonstances atténuantes, e0 aauwtutci au eut oc* «or ic ceuui «usuremeot lui.

/Vcgeie liarnier les nu a oepecaam retusees. Elle fut tmpitjyabie dans l'exécution de sa venuo tel iortait. déclare M. Saiilard, ne saurait demeurer impuni. L accusée avait lait Ck Cnut CaJcub» Elle avait voulu capter ie coeur du jeune hemme dont la lamule est lortunee et se taire épouser par lut. Cate te Qarcela au point de se rendre insupportable et il considéra comme uu délivrance la rupture qui intervint.

En terminant, le procureur réclame une condamnation contre 1 accusée, tout en ne 1 8 opposant pas a 1 admission des circonstances atténuantes.

Après une très émouvante plaidoirie de M* André Hesse et cinq minutes a peine de délibération, le jury rendait un verdict negatif sur toutes les questions.

Angèle Garnier a donc été acquittée.

Après le verdict

A l'issue de l'audience, je me suis rendu à la prison, où peu après est arrivée An-