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Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir

Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)

Date d'édition : 1908-04-12

Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 12 avril 1908

Description : 1908/04/12 (Numéro 11488).

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k562844c

Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 09/04/2008

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ÉDITION DE PARIS

RAMEAU L'Opéra doit remettre ces jours-ci à la scène une œuvre qui a fait quelque bruit dans son temps, et qui est un peu oubliée maintenant, Hippolyte et Aride, de Rameau. C'est peut-être l'occasion de dire ce que fut son auteur un des plus grands musiciens de la France et de tous les pays, et que nous nous devons à nousmêmes de replacer à son véritable rarig. En musique, comme en toutes choses, nous avons toujours une certaine propension et fort injustifiée à glorifier les étrangers, et à négliger ceux qui frayèrent parfois les voies dans notre propre patrie. Il a fallu que Wagner triomphât dans le monde pour qu'on songeât à restituer à Berlioz l'admiration à laquelle il a droit.

Rameau est, à vrai dire, aujourd'hui te héros d'une exhumation. On l'avait laissé tomber dans la poussière des âges, si bien que seuls les professionnels de la musique connaissaient encore son nom, et que le grand publie ne se souvenait même plus du titre de ses œuvres. Tout récemment, une manifestation organisée en son honneur para ville de Dijon où il était né rappela l'attention sur sa mémoire. On ne va plus parler que de lui. Peut-être est-il bon de répéter qui il était.

Je n'ai pas l'intention de signaler à mes lecteurs les progrès qu'il fit faire à l'harmonie, ni même d'évoquer les titres des trente-deux opéras dont la représentation eut lieu coup sur coup, avec une précipitation plutôt singulière. C'est le personnage qui est intéressant ici.

Il nous semble toujours que les artistes doivent avoir une existence particulière, très mouvementée, orageuse, pleine de passions, d'aventures, d'épisodes extraordinaires. Il nous apparaît aussi qu'ils doivent être bizarres, fantasques dans leurs goûts, et porter l'équivalent du gilet rouge écarlate de Théophile Gautier. L'histoire anecdotique nous conte une foule de menus détails sur certains d'entre eux. On n ignore pas que Wagner se jetait en des colères effroyables, qu'il aimait à se vêtir d'étoffes luxueuses, et que souvent même il se costumait en femme. Les amours de Berlioz, amours si malheureuses et si fécondes en péripéties dramatiques, ne sont point un mystère. Les ennuis conjugaux de Greuze, le grand peintre du temps de Louis XV, l'auteur de la Cruche cassée, ont 'abondamment défrayé la chronique. Nul' n oublie que Flaubert allait se heurter la tête aux murs quand le mot qu'il cherchait ne venait pas. Les embarras d'argent de Balzac touchaient an tragique. Rameau n'a pas été épargné davantage par les nouvellistes et il faut avouer qu'il prêtait à leurs indiscrètes investigations.

Il avait une parfaite santé, et ce qui le prouve, cest qu'il mourut plus qu octogénaire. Il était né dans une famille aisée, et où la musique était traditionnellement en honneur. Il n'eut jamais de drame dans sa vie, et, au contraire, son existence se déroula très simplement, depuis le moment où, enfant prodige, il stupéfiait tout le monde par sa virtuosité, jusqu'à celui où le roi Louis XV lui offrit des lettres de noblesse et où Paris l'acclamait. La. seule aventure qui le troubla, se plaça dans son adolescence, quand, à dix-sept ans, il s'éprit d'une veuve beaucoup plus âgée que lui, et qui pour user du langage du temps ne répondit pas à ses feux. Cette veuve lui infligea pourtant une leçon de grammaire. Elle lui imposa l'obli- gation d'apprendre à écrire plus claire- ment et plus correctement qu'il ne faisait, et le jeune homme lui donna cette grande preuve d'amour d'étudier la syntaxe.

Les historiens récents de Rameau nous ont conté le détail de sa carrière. Ils nous le montrent gagnant d abord quelque trois cents livres par an, comme organiste à Clermont, puis obtenant, à Pa- ris, l'amitié du riche financier La Pope- linière qui l'encouragea à composer, et fit jouer ses premières œuvres. Le premier grand opéra qu'il produisit fut justement cet Hippolyte et Aricie qu'on nous va redonner, et qui émerveilla jusqu'à.ses adversaires.

Rameau eut du génie, mais aussi, diton, un caractère exécrable. D'abord sa violence dépassait celle de tous les chefs d'orchestre et compositeurs de tous les temps, et Ion sait si ces messieurs sont irritables. Il était terrible pour ceux qui exécutaient ses partitions et les invectivait en termes véhéments, n'épargnant même pas les cantatrices. Son impatience égalait d'ailleurs sa mauvaise humeur. Bien souvent, même^déjà âgé, si une danseuse ne lui semblait point comprendre ses intentions,, il se mettait à mimer le pas.

Hypocondriaque, toujours pressé, toujours rêveur, il sava.it défendre à mer- veille ses intérêts, et .les écrivains de son temps, Diderot entre autres, qui ne l'aimait pas ne ménagèrent point son avarice. Sa femme et sa fille lui étaient indifférentes et il fallut que cette dernière attendît sa mort pour se marier, car le grand musicien avait arrêté qu'elle ne prendrait point époux de son vivant. Par contre, il avait toujours l'esprit préoccupé, de ses placements, ne négligeant rien pour faire rendre gorge aux directeurs de théâtre, s'il

se croyait lésé du moindre denier. On conçoit que s'il comptait de nombreux admirateurs, il n'avait pas beaucoup d'amis, et les faiseurs de livrets surtout se gardaient de lui comme du pire des maux, car le bruit courait qu'on ne pouait travailler deux fois avec lui.

Il aimait passionnément les honneurs, mais ne voulait pas les payer, et il refusa les lettres de noblesse qu'on lui offrait, pour éviter d'acquitter les droits de chancellerie. Enfin sa fierté était extrême. Un jour, un chef d'orchestre, las de ses observations, jette son bâton sur la scène. « Vous oubliez, monsieur, lui dit-il, que je suis l'architecte et que vous n'êtes que le maçon ». Il presse une chanteuse d accélérer un rythme. « On n'entendra plus les paroles observa-t-elle. « Qu'importe, riposte-t-il, si l'on entend la musique y On le raille sans méchanceté sur son ignorance de l'histoire. Alors, il se met au clavecin et joue un de ses airs. « J'ignore en quelle année vécut Mérovée, mais qui donc pourrait trouver cette mélodie 1 Ces anecdotes sont innombrables.

Peut-être lui en a-t-oh trop prêté. Mais il reste là pour attester que la musique n'adoucit pas toujours les moeurs. chez les musiciens. Ce qui n'empêche point Rameau d'être l'un des plus grands artistes que la France ait produits. JE A* FROLLO

LES

Vacances parlementaires Jl». La session parlementaire est inter^P rompue pour quelques semaines; sénateurs et députés vont, pendant ces vacances de Pâques, prendre avec leurs électeurs un contact toujours utile.

Ils assisteront à la nomination des conseils municipaux et des maires, ce qui donnera une indication générale sur les sentiments du pays. Sans doute, ces scrutins communaux sont inspirés, la plupart du temps, par des considérations locales et les questions de personnes y jouent un grand rôle; cependant, la politique n'y demeure pas étrangère et l'ensemble des résultats fournira une impression intéressante.' Les deux Chambres ont, pendant les mois qui viennent de s'écouler, accompli une œuvre qu'il ne serait pas équitable de méconnaître. Elles ont réglé la durée des périodes d'instruction militaire, conformément aux vœux de la nation, à la suite de l'affirmation formelle, du gouvernement sur la possibilité de réaliser cette réforme, sans affaiblir notre puissance.

Le vote de l'amnistie a été une mesure d'apaisement et la loi sur la dévolution des biens ecciésiastiques doit faire cesser une agitation. entretenue par des procès, engagés souvent par manoeuvre poütiqae ses nouvelles dispositions témoignent d'un respect certain pour les consciences catholiques, et il dépend maintenant de l'Eglise de faire dire les messes réclamées par les morts.

Avant de se séparer, les deux Assemblées ont marqué qu'elles entendaient se mettre activement au travail à la reprise de leurs séances. Elles ont fixé la. besogne qu'elles entreprendraient et affirmé ainsi leur volonté de ne pas perdre de temps. On ne peut que les en louer. en songeant à l'importance des sujets à discuter et des résolutions à prendre.

Il faut espérer que rien ne troublera la tranquillité des vacances et qu'en' revenant les membres du Parlement pourront se féliciter de la paisible consultation du suffrage universel.

SUR UN PAQUEBOT UN MÉCANICIEN TUE SA MAITRESSE ET SE SUICIDE Alger, 11 avril.

Au moment où le paquebot Duc-de-Bragance, qui fait le service entre Alger et Marseille, allait lever l'ancre ce matin, un drame s'ist produit à bord; Lemarc Léonec, chef électricien du navire, avait pour maîtresse depuis quelques années Marceline Pleineca.ssagne. Les rapports du jeune ménage étant devenus assez tendus, Marceline signifia à son amant qu'elle ne voulait pas continuer à vivre avec lui.

L'électricien, fou de douleur, lui écrivit de venir le voir une dernière fois avant son départ Marceline vint à bord, ce matin avec son bébé, et les deux amants s'enfermèrent dans la cabine, tandis que l'enfant jouait sur le pont.

Quelques instants après, deux violentes détonations retentirent-* Les passagers accoururent, enfoncèrent la porte de la cabine et se trouvèrent en présence de deux cadavres Lemarc avait tué sa maltresse et s'était tiré ensuite un coup de revolver dans, la tète.

On a trouvé sur lui deux lettres, l'une adressée à ses parents habitant Alger, et l'autre à sa sœur, place des Moulins, à Marseille, qui ne laissent aucun doute sur les intentions qu'avait Léonec Lemarc en faisant venir sa maltresse à bord.

EXPLOSION DANS UNE TEINTUfiERJE

Une Chaudière éclate

Un ouvrier tué, dix blessés Elbeuf, 11 avril.

Une formidable explosion a mis en émoi, ce matin, à huit heures et demie, tout un quartier à Elbeuf.

La chaudière tubulaire à haute pression de la teinturerie Théophile Bourgeois, rue Grenont, venait de sauter. *On vit sortir aifolés les ouvriers couverts de plâtras et le visage en sang. La vapeur en s'échappant en brûla malheureusement onze.

La police vint, au milieu de l'émotion gé| nérale, organiser les secours. Quatre ou1 vriers, Mary Play, chauffeur Gaston Dautresme, aide-chauffeur Adolphe Boulen et i Henri Mauger, ouvriers lamineurs, très grièvement brülés, ont été transportés d'urgence à l'hôpital.

Le malheureux Play n'a pas tardé à expirer et l'état de ses trois camarades est déi sespéré.

Les sept autres, moins atteints, ont été reconduits à leurs domiciles. 1

NOTRE ACTIOH AU Klfi&OC Acharnement singulier des bandes Mflistes

Le gouvernement a reçu un télégramme complémentaire au sujet de l'attaque, immédiatement brisée, que les Handistes ont dirigée, Je 8, contre notre camp de bottas Settaty 8 avril.

Les colonnes sont rentrées après avoir repoussé une attaque d'une partie de la metialla de Mouley liafid, qui a attaqué tes bivouacs, celte nuit, à trois heures du matin. Les bivouacs étaient instatlés, depuis hier d un kilomètre envirort au deld de Settat, celui de la colonne du Tirs sur une crête' à gatsche de la vallée, cedui de la colonne du littoral sur une pente à droite.

Des zenseignements parvenus hier siqnataient à proximité de Settat à environ 15 kilamètres, une rnehaUa hafidienne, venue de Mechra-el-Chair et composée d'une partie de la mehallu de Mouley Hafid et de contingents de plusieurs tractions de tribus des Rehamma et des Doukhala, situées sur la rive gauche de l'oued Oum-er-Rebia.

Le service des petits postes avait été renforcé et assurait aux deus bivouacs une ceinture de prote.etion efficace.

Tout à coup, vers trois heures du matin, une fusillade nourrie, venant de la valdée, était dirigée sur te camp du littoral. On cria aux armes, et dans la nuit noire, sans un cri, sans ta moindre panique; en un instant tout te monde iut dans tes traneues.

Les Marocams, ne nous vuyant pas riposter, continuèrent à avancer. Ils arrivèrent à quelques mètres seulement des petits postes qui volontairement n'avaient pas répondu et qui les accueillirent par des feux de salve, abattant d'un seul coup une vingtaine d'assaillants.

Voyant leur attaque échouer, lets llarocains gravirent les crétes et tombérent encore sur les petits postes de la colonne du Tirs, qui leur réservèrent le même sort. Ils firent alors un grand détour derrière Settat et vinrent du côté opposé attaquer ld colonne du littoral, qui les repoussa de nouveau par le tir des tranchées. A ce moment le jour arrivait Tout autour des bivouacs

DIX KILOMÈTRES EN AÉROPLANE M. Delagrange a accompli hier cet exploit au champ de manoeuvres d'Issy-les-Moulineaux battant ainsi tous les records du monde

« M. Delagrange, disions-nous hier, devient pour Farman un dangereux concurrent. »

Et M. Delagrange l'a prouvé sans tarder en battant de loin les records du monde qu'avait établis Farman le 13 janvier dernier, avec un vol de 2,004 mètres, effectué en 3 minutes 31 secondes.

Cet événement, qui marquera dans les annales de l'aviation, eut lieu hier après midi, vers cinq heures et demie, sur le terrain de manœuvres d'Issy-les-Moulineaux. Déjà, dans la matinée, M. Delà grange avait effectué, avqc une aisance extraordinavire, quelques vos de 500 à 600 mètres; irais c'était simplement afin de mettre au point son appareil; il se réservait pour l'épreuve officielle, qui devait avoir lieu quelques heures plus tard.

A cinq heures, les commissaires délégués par l'Aéro-Club de France, MM. Kapferer, Esnault-Pedterie et Peyrey, arrivaient sur le terrain, et,par trois fanions, distants l'un de l'autre de 500 mètres environ, délimitaient un vaste triangle à l'extérieur duquel devait évoluer l'aviateur.

L'aéroplane était sorti de son hangar, le moteur mis en marche et, sur un signe, démarrait. A peine une quarantaine de mètres étaient-ils franchis, que l'appareil, obéissant admirablement à son équilibreur, quittait le sol, s'élevant à- quatre où cinq mètres et attaquait son premier tour, puis un second qu'il bouclait aussi facilement. A ce moment, l'émotion des spectateurs était à son comble.

Pas un mot, pas un bruit dans la foule qui, étreinte d'une indicible émotion, semblait muette de stupeur. Seul, sur la vaste plaine, se faisait entendre le ronflement régulier du moteur et de l'hélice.

Six tours furent ainsi accomplis. Le septième allait s'achever, lorsque, soudain, le moteur se tut, et très doucement, comme un immense oiseau qui se pose, l'aéroplane revint à terre, sans le moindre heurt. Il était resté neuf minutes et demie dans les airs et avait certainement accompli, un vol de plus de 10 kilomètres.

Les spectateurs se précipitèrent vers M. D,elagrange; mille mains se tendirent à lui, au milieu d'acclamations frénétiques. Cette manifestation d'un enthousiasme débordant prit cependant bientôt fin. M. Delagrange,

'des Marocains, ptus or moins dissimulés derrière des abris que leur offrait le terrain ou des maisons en ruines, continuèrent à tirer sur te camp.

On mit alors en batterie une pièce d'artillerie de montagne qui délogea, d'une kasbah voisine de ta ville, tes Marocains qui l'occupaient, tandis que des sections d'infanterie gravissaient rapidement les crètes et les occupaient. Quatre soldats avaient été blessés, ainsi que le capitaine Loubet, du 2* tirailleurs, qui avait reçu une balle dans le ventre et qui mourut peu après.

La poursuite

Le calme se rétablit un moment. Les Marocains déçus s'étaient retirés.

IIs se ressaisirent bientôt et des groupes nombreux réapparurent sur toutes les crêtes environnantes, menaçant de répéter leur attaque sur le camp. Le général d'Amade prit alors ses dtspositions de combat. Les bivouacs furent laissés à la garde d'une compagnie d'infanterie, des éclopés et des autres indisponibles.

D'un autre côté une section d'artillerie de montagne et deux escadrons, qui venaient d'arriver de Ber-Rechid avec le général Lyautey, à la rencontre duquel ils avaient élé, joignaient les colonnes du Tirs et du lit- toral qui se mettaient en marche simultanément, en formation de conabat, dans la direction du Sud, éclairées et flanquées chacune par leur cavalerie, opérant à faible distance.

De nombreux cavaliers marocains s'opposèrent à notre marche en avant.

A de nombreu.ses reprises on dut mettre l'artillerie en batterie pour dégager le terrain.

Arrlvée au marabout de Si-Hameïda, la colonne du littoral lit un brusque crochet à gauche, çonvergeant avec la colonne du Tirs sur les douars importants, mais ceux-ci ayant arboré le drapeau blanc ne furent pas bombardés.

Toutefois, les abords furent déblayés pour mettre en fuite tes cavaliers hafidiens, qui s'y tenaient grouliés contre la volonté des gens des douars.

J* deux heures de Vapfès-midù la poursuite cessa. Les troupes regagnèrent leur bivouac, peu inquiétées.

Seule, la colonne du Tirs dut faire une ou deux nouvelles mises en batterie pour disperser tes groupes.

Les colonnes sont rentrées à quatre heures.

Nous avons eu quelques blessés.

rapidement, s'esquiva, et l'aéroplane fut remisé dans son hangar.

« A bout de forces »

Quelques instants après, nous félicitions le vaillant aviateur et lui demandions s'il était satisfait de ce résultat.

Si jé suis heureux ? nou« répondit-il. Vous le comprendrez aisément. Songez donc que voilà plus d'un an que je travaille sur cet appareil Et ce m'est infiniment agréable d'avoir réussi.

Mais n'auriez-vous pas pu, longtemps encore, continuer votre vol, faire 20, 30 kilomètres ?

Non car si je me suis arrêté, c'est que j'étais absolument à bout de forces. La* manœuvre de mon équilibreur et de mon gouvernail est extrêmement fatigante, et il me faudra acquérir des « biceps avant de songer à accomplir les exploits que vous prévoyez.

Pendant ce temps, les commissaires délibéraient.

Les commissaires et c'est leur rôlesont gens méticuleux. Or, ils avaient remarqué que, durant le vol, l'une des. roues de l'appareil de M. Delagrange avait, par deux fois, touché légèrement le soi à leurs yeux, c'était donc trois vols séparés qu'avait effectués l'aviateur, trois vols, dont le plus long avait été de mètres et avait duré 6 minutes 30 secondes.

Le record d'Henri Farman était néanmoins battu, doublé presque.

C'est là un résultat merveilleux, qui fait grand honneur à l'énergie et à la persévérance de M. Delagrange, et qui nous promet, pour un avenir prochain, d'extraordinaires performances.

UN ARTISTE DEVENU AVIATEUR M. Delagrange ne semblait pas prédestiné à la carrière d'aviateur.

Sculpteur de grand talent, n'est-il pas lauréat de la Société des Artistes français? il passait son existence à rêver de formes idéales, de beauté plastique, dans son coquet atelier de la rue Fontaine, lorsque, voici deux ans, il s'éprit du sport nouveau dans lequel Santos-Dumont venait de s'illustrer en établissant, le 12 .novembre 1906, un sensationnel record de vol plané de 220 mètres.

Il se St donc construire un aéroplane biplan dont les premiers estais eurent lieu^ en mars 1907, sur le polygone de Vincennes. Ces essais furent peu heureux. Régulièrement, à chaque sortie, son appareil se brisait.

Mais tenace comme tous les inventeurs, il ne se laissa pas décourager et, quelques semaines après, il réussissait un premier vol de. 15 mètres.

Tout n'allait donc pas à souhait. L'instrument de M. Delagrange, peu solide mal construit, devait avoir la fin fatale qu'il eut; il fut détruit complètement.

Un n° 2 fut établi. Celui-là avait une qualité sur le précédent il était beaucoup moins fragile. Par contre, il ne volait guère mieux.

Profitant de l'expérience acquise, M. Delagrange y apporta de nombreuses et successives modifications diminution de la cellule arrière, changement de divers organes, etc.

Les résultats devenaient meilleurs et, en janvier dernier, l'aviateur réussissait à volonté des vols de 200 à 300 mètres. De ce moment, les progrès furent rapides. M. Delagrange gagnait d'abord, le 16 mars dernier, l'un des prix de 200 mètres fondes par l'Aéro-Club de France.

Depuis, chaque fois que le temps le lui permit, il poursuivit son entraînement est le succès d'hier est l'heureux couronnement de ses énergiques efforts, de son inlassable persévérance.

DRAME EN SEINE

Le bateau parisien passa laissant un homme se noyer 'Un fait presque incroyable a été signalé à M. Lépine par M. Delpech, commissaire de police du quartier de Javel. Le pilote d'un bateau parisien a laissé se noyer, sans tenter de le sauver, un vieux gardien de ponton. Voici les émouvants détails de cette pénible affaire qui remonte à plusieurs jours Tous les Parisiens connaissent le quai de réparations que la Compagnie des bateaux parisiens possède sur la rive gauche de la Seine, à 60 mètres environ en aval du viaduc d'Auteuil.

Mercredi dernier, vers six heures, le gardien du ponton de cet atelier de réparations, M. Henri Huberlon, demeurant 13, rue de Billancourt, en voulant amarrer un bateau, tombait dans le fleuve.

A ce moment, un autre bateau venant de Paris, ayant une cinquantaine de passagers à bord, virait à très petite vitesse pour aborder le ponton terminus situé sur la rive droite du quai d'Auteuil.

Un homme à l'eau Sauvez-le Tels furent les cris qui sortirent de toutes les poitrines.

Mais le pilote ne donna aucun ordre de stopper et le bateau acheva son virage. Pendant ce temps, l'homme, à bout de forces, avait couplé à pic.

Le lendemain, un témoin de ce drame rapide, M. Ravenet, ingénieur, demeurant 120, boulevard Exelmans, se présentait au commissariat de M. Delpech. En termes indignés, il lui racontait la scène qui s'était déroulée sous ses yeux.

Le récit de M. Ravenet

Nous avops vu, hier soir, M. Ravenet, qui nous a fait le récit suivant

Ma femme, mes deux enfants et moi avions pris le bateau, au Chdtelet, à cinq heures et quart environ. Je me trouvais sur le pont, assis, lisant un journal. Tout à coup, au moment où notre bateau ayant sensiblement ralenti, virait de bord, retentit le cri sinistre Un homme à l'eau Il

Il J'aperçus, en effet, à quatre mètres au plus de nous, un homme qui se débattait. 'Le pilote et le receveur du bateau se bornèrent à faire des gestes d'appel aux spectateurs de la rive gauche, qui ne pouvaient du reste apercevoir le naufragé, masqué par les bateaux en réparation.

Comme notre bateau continuait toujours de virer, je m'indignai. Je criai au pilote de stopper de lancer une bouée, de tenter quelque chose enfin pour sauver le malheureux. Si vous croyez qu'on arrête comme cela, me dit le receveur

» Cependant, un homme, armé d'une gaffe, et juché sur l'avant d'une barque, sétait porté au secours du pauvre vieux. Il lui tendit cette perche de salut Mais l'homme ne put la saisir.

» Epuisé, il s'enfonçait de plus en plus, et lorsque riotre bateau fut enfin amarré au nton d'en face, l'eau avait repris son cours tranquille. I

» Le cadavre du malheureux Huberlon fut retrouvé deux heures après.

» Eh bien monsieur, td|| cela est simplement monstrueux. Il y a^p des bouées sur notre bateau, pourquoi- a-t-on pas jeté à ce pauvre homme qu' t débattu contre la mort pendant cinq es minutes. On aurait eu dix fois le te de le sauver. Un employé de la compagnie que nous avons interrogé, d'autre. nous a dit Les bateaux se toujours arrêtés lorsque des passagers baient à l'eau. Je comprends d'autant s l'acte dont il s'agit, que la vitesse était très atténuée. Nos bateaux, du reste, possèdent des machines et des gouvernails d'une docilité remarquable. M..Huberton habitait depuis dix-huit ans, au premier étage, 13, rue de Billancourt Tout le monde estimait ce vieillard encore alerte.

DEUX HOMMES* ÉLECTROCUTÉS fDe nolre eorrespondanl particulieri

Mauriac, 11 avril.

M. Gabriel Rongier, fermier à Lacombe, commune de Saint-Paul-de-Salers, revenait de la gare de Drignac, conduisant un chargement de foin, en compagnie de Gustave Coste. Les deux hommes, montés sur le camion, descendaient à une vive allure la côte de Lapierre lorsque, par suite de l'obscurité, le véhicule heiuta un poteau soutenant les câbles de l'usine électrique du Roc-des-Bans. Un des câbles se rompit et atteignit Hcngier, qui fut foudroyé,

qui s empressait auprès de lui, fut à son tour renversé par la décharge. On accourut au secours des malheureux. Rongier avait été tué sur le coup. Quant à Coste, moins grièvement atteint, il s'en tireFa avec quelques jours de repos, L'infortunée victime de ce terrible accident était mariée et père de neuf enfants.

cE im-m do mm

OFFRES NOUVELLES DES ENTREPRENEURS L'assemblée générale tenue hier rue de Lu«: tèce, a ratifié le projet de réorganisation du travail proposé par M. Villemin. Les ouvriers se préparent à prolonger la résistance.

Au cours de l'entretien qu'il eut avanthier avec le président du Conseil, M. Villemin, avait, nous l'avons dit, parlé des offres nouvelles que la chambre syndicale des entrepreneurs de maçonnerie se proposait de soumettre à bref délai aux ouvriers. Quelles étaient ces propositions ? Sur quelles bases estimait-on pouvoir conclure un accord susceptible de mettre fin au lock- out? On l'ignorait, NI. Clemenceau s'tétant refusé à prendre connaissance du document que M. Villemin voulait lui soumettre avant qu'en assemblée générale la chambre synCxtte assemblée générale a eu lieu nier après midi rue de Lutèoe près de quatre cents entrepreneurs y assistaient.

Nous croyons savoir que la discussion fut très vive. Ce qne nous sommes en mesure d'affirmer, par exemple, c'est qu'elle se prolongea pendant trois longues heures. M. ViHetmn, après avoir fait à ses coi- wffi' exposé général de la situation, rappela la démarche faite auprès de M. Cle- menceau et, suivant la rromesse donnée fit valoir les raisons invoquées par le nrési- dent du Conseil pour hdter la solutian du Un document pour l'histoire

du syndicalisme

La lecture du projet de réorganisation da travail sur les chantiers, actuellement fermés fut suivie d'une discussion à laquelle prirent part maints entrepreneurs. Enfin 1 assemblée se rallia, à l'unanimité, à il'ordre du jouer. suivant, que -nous publions ^mfnTn!sSu|rend l'importance d'un do.cales, 3, rue de Lutèce

Considérant, Que la fermeture générale.n'a été décidée quer lu Affirmer la réprobation unanime des pratiques de sabotage dont, depuis deux ans, les en- trepreneurs sont victimes;

2° Fair* la preuve de la volonté du maintien des conditions indispensables à l'existence de, d/ Auftrité du chef de l'entreprise pour la direction des chantiers

6;,Maintien de la journée normale de travail de 10 heures indispensable à notre industrie saisonci L'équivalence du travail et du salaire Considérant, d'autre part, que l'unanimité aveci laquelle les membres de la chambre syndicale on* respecté les décisions de l'assemblée a démontra leur parfaite union ct leur parfaite entente pour la défense de Jeurs intérêts; qu'ainsi le résiïltati cuerché a été obtenu;

Décide

1° Le prix de l'heure sera porté pour les garçons maçons, à 0 fr. 65 pour les garçons liinousinants, à 0 fr.

2o Les autres prix et conditions proposées se-.ront maintenues

3° Afin de remédier au chômage d'embauchage dont se plaigfrent les ouvriers, la chambre da maçonnerie décide la création d'une Union qui aura pour objet de garantir à nos employés, contremaîtres et ouvriers, un minimum de salaire basé sur un minimum d'heures de travail i° Cette Union, alimentée par des contributions patronales, sera ouverte à tous les ouvrilrs syndiqués ou non syndiqués

Cette Union s'appliquera à améliorer la si'tuation matérielle et morale des ouvriers de la maçonnerie en encourageant les idées d'épargne. Elle favorisera les idées de prévoyance en créant des organisations qu'elle subventionnera., et qui auront pour objet

a/ L'attribution de secours en cas de maladie bi Les retraites

cj Les secoura pour les veuves et les orphelins.. Les adhésions des ouvriers seront reçues à partir de mercredi. Aussitôt que les adhésions seront suffisantes pour pouvoir procéder à l'ouverture des chantiers, le travail sera repris.

Comme on le voit, les entrepreneurs df) maçonnerie ont consenti à porter de 60 à centimes le salaire des garçons briqueteurs ou maçons, et de 55 centimes le salaire des garçons limousinants.

Quelle attitude vont prendre les ouvriers ?i Cette concession donnera-t-elle toute satisfaction à la chambre syndicale ouvrière ? C'est douteux M. Victor et ses collègues affirmant que, sur la plupart des chantiers parisiens, les garçons briqueteurs ou maçons étaient depuis longtemps payés à raison de 70 centimes de l'heure.

Mais ce n'eot pas seulement cette question de. salaire qui a provoqué la rupture. Les organisations syndicales sont, avant tout et surtout, décidées à s'opposer aux modifications des us et coutumes de la corporation aussi là constitution d'un bureau de placement n'aura-t-elle pas très facilement leur agrément. Ils accusent les entrepreneurs de prépârer des coupes, sombres dans les rangs des militants qui, disent-ils, ne manqueront point d'être signalés à l'Union et trouveront difficilement à s'embaucher. Nous aurions voulu recueillir les impres·sions de M. Victor ou de M. Nicolet. Mais le secrétaire de la chambre, syndicale de la maçonnerie et de la pierre comme le secrétaire général de la fédération du bâtiment, demeurent toujours introuvables lorsqu'il s'agit de leur arracher une interview ou un renseignement précis.

Ni l'un ni l'autre n'ont paru hier soir au siège social de leurs organisations respectives et force est donc de remettre à plus tard l'impression produite par les nouvelles offres patronales.

1)ans les réunions de sections qui seront tenues ce matin, conseillera-t-on aux ouvriers de ne pas refuser leur signature, de souscrire aux conditions imposées pour la réouverture des chantiers ?

Ce n'est pas impossible, mais ce serait lA une trêve feinte qui n'est pas en césiccord avec la tactique adoptée par les organisations ouvrières de la maçonnerie et de ta pierre.

H se peut, au contraire, que celles-ci persévèrent dans leur politique d'attente. Que disent les ouvriers ?

Nous n'avons rien'demandé à nos patrons. Nous n'avons rien à leur demander.. Ils ont fermé les chantiers, nous ne discu-