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Titre : Le Capitaine Fracasse, par Théophile Gautier. Illustrations par Gustave Doré

Auteur : Gautier, Théophile (1811-1872). Auteur du texte

Éditeur : (Paris)

Date d'édition : 1877

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30490185d

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : In-4° , 396 p.

Format : Nombre total de vues : 414

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5626657q

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Y2-323

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 30/11/2009

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LE CAPITAINE FEACASSE.

ment au bord de la nappe et avait déterminé une cascade de vaisselle dont les flots rebondissaient sur lui. Ce fracas éveilla en sursaut toute la compagnie. Le Tyran, après s'être étiré les bras et frotté les yeux, tendit une main secourable au vieux comique et le remit en pied.

— Un pareil accident n'arriverait pas au Matamore, dit l'Hérode avec une sorte de grognement caverneux qui lui servait de rire ; il tomberait dans une toile d'araignée sans la rompre.

— C'est vrai, répliqua l'acteur ainsi interpellé en dépliant ses longs membres articulés comme des pattes de faucheux, tout le monde n'a pas l'avantage d'être un Polyphème, un Cacus, une montagne de chair et d'os comme toi, ni un sac à vin, un tonneau à deux pieds comme Blazius.

Ce vacarme avait fait apparaître sur le seuil de la porte l'Isabelle, la Sérafina et la duègne. Ces deux jeunes femmes, quoiqu'un peu fatiguées et pâlies, étaient charmantes encore à la lumière du jour. Elles semblèrent à Sigognac les plus rayonnantes du monde, bien qu'un observateur méticuleux eût pu trouver à reprendre à leur élégance un peu fripée et défraîchie ; mais que signifient quelques rubans fanés, quelques lés d'étoffes éraillés et miroités, quelques misères et quelques incongruités de toilette, lorsque celles qui les portent sont jeunes et jolies? D'ailleurs, les yeux du Baron, accoutumés au spectacle des choses vieillies, poussiéreuses,passées de ton et délabrées, n'étaient pas capables de discerner de pareilles vétilles. La Sérafina et l'Isa* belle lui paraissaient attifées superbement au milieu de ce château sinistre, où tout tombait de vétusté. Ces gracieuses figures lui donnaient la sensation d'un rêve.

Quant à la duègne, elle jouissait, .grâce à son âge, du privilège d'une immuable laideur ; rien ne pouvait altérer cette physionomie de buis sculpté, où luisaient des yeux de chouette. Le soleil ou les bougies lui étaient indifférents.

En ce moment, Pierre entra pour remettre la salle en ordre, jeter du bois dans la cheminée, où quelques' tisons consumés blanchissaient sous une robe de peluche, et faire disparaître les restes du festin, si répugnants la faim satisfaite.

La flamme qui brilla dans l'âtre, léchant une plaque de fonte aux armes de Sigognac peu habituée à de pareilles caresses, réunit en un cercle toute la bande comique, qu'elle illuminait de ses lueurs vives. Un feu clair et flambant est toujours agréable après une nuit-sinon blanche, du moins grise, et le malaise, qui se lisait sur toutes les figures en grimaces et en meurtrissures plus ou moins visibles, s'évanouit complètement, grâce à cette influence bienfaisante. Isabelle tendait vers la cheminée les paumes de ses petites mains, teintes de reflets roses, et, vermillonnée de ce léger fard, sa.pâleur ne se voyait pas. Donna Sérafina, plus grande et plus robuste, se tenait debout derrière elle, comme une soeur aînée qui, moins fatiguée, laisse s'asseoir sa jeune soeur. Quant au Tranche-montagne, perché sur une de ses jambes héronnières, il rêvait à demi éveillé comme un oiseau aquatique au bord d'un marais, le bec dans son jabot, le jnwl replié sous le ventre. Blazius, le pédant, passant sa langue sur ses lèvres, soulevait les bouteilles les unes après les autres pouf voir s'il y restait quelque nerle de liqueur.

Le jeune Baron avait pris à part Pierre pour savoir s'il n'y aurait pas moyen