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Titre : Le Capitaine Fracasse, par Théophile Gautier. Illustrations par Gustave Doré

Auteur : Gautier, Théophile (1811-1872). Auteur du texte

Éditeur : (Paris)

Date d'édition : 1877

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30490185d

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : In-4° , 396 p.

Format : Nombre total de vues : 414

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5626657q

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Y2-323

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 30/11/2009

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VALLOMBREUSE. 317

breuse pendant qu'il prononçait ces paroles. L'expression gracieuse en avait disparu. On n'y lisait plus qu'une méchanceté froide et une résolution implacable. Par un mouvement instinctif, Isabelle recula son fauteuil et porta la main à son corsage pour y sentir le couteau de Chiquita, Vallombreuse rapprocha son siège sans affectation. Maîtrisant sa colère, il avait déjà fait reprendre à sa figure cet air charmant, enjoué et tendre, qui jusque-là avait été irrésistible.

— Faites un effort sur vous-même; ne vous retournez pas vers une vie qui doit être désormais comme un songe oublié. Abandonnez ces obstinations de fidélité chimérique à un languissant amour indigne de vous, et songez qu'aux yeux du monde vous m'appartenez dès à présent. Songez surtout que je vous adore avec un emportement, une frénésie, un délire qu'aucune femme ne m'a jamais inspirés. N'essayez pas d'échapper à cette flamme qui vous enveloppe, à cette volonté inéluctable que rien ne peut faire dévier. Comme un métal froid jeté dans un creuset où bout déjà du métal en fusion, votre indifférencs jetée dans ma passion y fondra en s"amalgamant avec elle. Quoi que vous fassiez, vous m'aimerez de gré ou de force, parce que je le veux, parce que vous êtes jeune et belle et que je suis jeune et beau. Vous avez beau vous roidir et vous débattre, vous n'ouvrirez pas les bras fermés sur vous. Donc, toute résistance aurait mauvaise grâce, puisqu'elle serait inutile. Résignez-vous en souriant; est-ce donc un si grand malheur, après tout, que d'être éperdument aimée du duc de Vallombreuse ! Ce malheur ferait la félicité de plus d'une.

Pendant qu'il parlait avec cet entraînement chaleureux qui enivre la raison des femmes et fait céder leurs pudeurs, mais qui n'avait cette fois aucune action, Isabelle, attentive à la moindre rumeur du dehors, d'où lui devait venir la délivrance, croyait entendre un petit bruit imperceptible arrivant de l'autre bord du fossé. Il était eourd et rhythmique comme le froissement d'un travail régulier dirigé avec précaution contre quelque obstacle. Craignant que Vallombreuse ne le remarquât, la jeune femme répondit de manière à blesser la fatuité orgueilleuse du jeune duc. Elle l'aimait mieux irrité qu'amoureux, et préférait ses éclats à ses tendresses. Elle espérait, d'ailleurs, en le querellant, l'empêcher d'entendre.

— Cette félicité serait une honte à laquelle j'échapperais par la mort si je n'avais pas d'autre moyen. Vous m'étiez indifférent; je vous hais pour votre conduite outrageuse, infâme et violente. Oui, j'aime Sigognac que vous avez essayé à plusieurs reprises de faire assassiner.

Le petit bruit continuait toujours, et Isabelle ne ménageant plus rien, haussait la voix pour le couvrir. •

A ces mots audacieux, Vallombreuse pâlit de rage, ses yeux lancèrent des regards vipérins; une légère écume moussa au coin de ses lèvres; il porta convulsivement la main à la garde de son épée. L'idée de tuer Isabelle lui avait traversé le cerveau comme un éclair; mais, par un prodigieux effort de volonté, il se contint et se mit à rire d'un rire strident et nerveux en s'avançant vers la jeune comédienne.

— De par tous les diables, s'écria-t-il, tu me plais ainsi ; quand tu m'injuries, tes yeux prennent un lumineux particulier, ton teint un éclat surnaturel; tu redoubles de beauté. Tpas bien fait de parler franc. Ces contraintes m'ennuyaient. Ah ! tu