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Titre : Le Capitaine Fracasse, par Théophile Gautier. Illustrations par Gustave Doré

Auteur : Gautier, Théophile (1811-1872). Auteur du texte

Éditeur : (Paris)

Date d'édition : 1877

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30490185d

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : In-4° , 396 p.

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Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5626657q

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Y2-323

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 30/11/2009

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18 LE CAPITAINE PEACASSE.

en villes sur le chariot de Thespis, lequel chariot, traîné par des boeufs à la manière antique, est maintenant embourbé à quelques pas de votre château.

— Si je .comprends bien pe que yons dites, vous êtes des comédiens de province en tournée et vous avez dévié du droit chemin ?

— On ne saurait mieux élucider mes paroles, répondit l'acteur, et vous parlez de cire. Puisse espérer que Votre Seigneurie m'accorde ma requête ?

— Quoique ma demeure soit assez délabrée et que je n'aie pas grand'chose à vous offrir, vous y serez toujours un peumpins mal qu'en plein air par une pljiie battante.

Le Pédant, car tel paraissait être spn emploi dans la troupe, s'inclina en signe d'assentiment,

Pendant ce colloque, pierre, .éveillé par Les abois de Miraut, s'était levé et avait rejoint son maître sous Je porche, .Mis au fait de ce qui se passait,, il alluma une lanterne, et tous trpis se dirigèrent yers la charrette embourbée.

Le Léandre et le Matamore poussaient à la roue, et le Roi piquait les boeufs de -son poignard tragique, Les femrQ.es, enveloppées de. leurs manteaux, se désespéraient, geignaient et poussaient de petits crjg, Oe renfort inattendu, et surtout l'expérience de Pierre, eurgnt bientôt fait franchir le mauvais pas au lourd chariot, qui, dirigé sur un terrain, plus ferme, atteignit le château, passa sous la voûte ogivale et fut rangé dans la cpnr..

Les boeufs dételés allèrent prendre place à l'écurie à côté du bidet blanc; les comédiennes sautèrent à bas de la charrette, faisant bouffer leurs jupes fripées, et •montèrent, gujdéeg par Sigognac, dans la salle a manger, la pièce la plus habitable de la mais,pn. Pierre trouva au fond du bûcher un fagot et quelques brassées debronssailles qu?iï jeta dans la cheminée et qui se mirent à, flamber joyeusement. Quoiqu'on ne fût encore qu'au début de l'automne, un peu» de feu était nécessaire pour sécher les vêtements humides de ces dames ; d'ailleurs la nuit était fraîche et l'air sifflait par les boiseries disjointes de cette pièce inhabitée,

Les comédiens, bien qu'habitués par leur yie errante au? gîtes les plus divers, regardaient avec étonnement cet étrange logis, que les hommes semblaient avoir abandonné depuis longtemps ans espritg, et qui faisait naître inyolontairenient des idées d'histoires tragiques ; pourtant ils n'en témoignaient, en personnes bien élevées, ni terreur ni surprise,

— Je ne puis vous donner que le couvert, dit le jeune baron, mon garde-manger ne renferme PRB de quoi faire souper une souris, Je vis seul en ce manoir, ne recevant jamais personne, et vous voyea, sans que je TOUS le dise, que la fortune n'habite pas céans.

■— Qu'à cela ne tienne, répliqua le Pédant} si, an théâtre, l'on nous sert des poulets de carton et des bouteilles de bois tourné, nous nous précautionnons, pour la vie ordinaire, de mets plus substantiels. Ces viandes creuses et ces boisons imaginaires iraient mal à nos estomacs, et, en qualité de rounitiomiaire de la troupe, je tiens toujours en réserve quelque jambon de Bayonne, quelque pâté de venaison, quelque longe de veau de Rivière, avec une douzaine de flacons de vin do Cahors et de Bordeaux.