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Titre : Le Capitaine Fracasse, par Théophile Gautier. Illustrations par Gustave Doré

Auteur : Gautier, Théophile (1811-1872). Auteur du texte

Éditeur : (Paris)

Date d'édition : 1877

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30490185d

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : In-4° , 396 p.

Format : Nombre total de vues : 414

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5626657q

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Y2-323

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 30/11/2009

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1?.Ô LE CAPITAINE FRACASSE.

animal dont lefe épaules semblaient se disjoindre à chaque pas, et qui, d'un oeil douloureux, avait l'air d'invoquer comme Une grâce le coup d'assommoir de l'équarisseur. La température commençant à devenir froide, il marchait au milieu de la fumée qu'exhalaient ses flancs et ses naseaux.

Il n'y avait dans le chariot que les trois femmes. Les hommes allaient à pied pour ne pas Surcharger le triste animal, qu'il ne^leut était paB difficile de suivre et même de devancer. Tous, n'ayant à exprimer que des pensées désagréables, gardaient le silence et marchaient isolés, s'enveloppant de leur cape du mieux qu'ils pouvaient.

Sigognac, presque déoouragé, se demandait s'il n'eût pas mieux fait de rester au Castel délabré de ses pères, sauf à y mourir de faim à côté de son blason fruste dans. le silence et la solitude, que de courir ainsi les hasards des chemins avec des bohèmes.

Il songeait au brave Pierre, à Bayard, à Mirant et à Béelzébuth, les fidèles compagnons de son ennui. Son coeur se serrait quoi qu'il fît, et il lui montait de la poitrine à la gorge ce spasme nerveux qui d'ordinaire se résout en larmes : mais un regard jeté sur Isabelle, pelotonnée dans sa mante et assise sur le devant de la charrette, lui raffermissait le courage. La jeune femme lui souriait; elle ne paraissait pas se chagriner dé cette misère 5 sôù âme était Satisfaite, qu'importaient les souffrances et les fatigues du corps ?

Le paysage qu'on traversait n'était guère propre à dissiper la mélancolie. Au-premier plan se tordaient les squelettes convulsifs de quelques vieux ormes tourmentés, contournés, écimés, dont les branches noires aux filaments capricieux se détaillaient sur un ciel d'un gris jaune très-bas et gros de neige qui ne laissait filtrer qu'un jour livide; au second, s'étendaient des plaines dépouillées de culture, que bordaient près de l'horizon des collines pelées ou des ligneB de bois roussâtres. De loin en loin, comme une tache de craie, quelque chaumine dardant une légère spirale de fumée apparaissait entre les brindilles menues de ses clôtures. La ravine d'une rigole sillonnait la terre d'une longue cicatrice. Au printemps, cette campagne, habillée de verdure, eût pu sembler agréable ! mais, revêtue des grises livrées de l'hiver, elle ne présentait aux yeux que monotonie, pauvreté et tristesse. De temps en temps passait, hâve et déguenillé, un paysan ou quelque vieille courbée sous un fagot de bois mort, qui, loin d'animer ce désert, en faisait au contraire ressortir la solitude. Les pies, sautillant sur là terre brune avec leur queue plantée dans leur croupion comme un éventail fermé, en paraissaient les véritables habitantes. ElleS jacassaient à l'aspect du chariot Comme si elles se fussent communiqué leurs réflexions sur les comédiens et dansaient devant eux d'une façon dérisoire, en méchants oiseaux sans coeur qu'elles étaient, insensibles à la misère du pauvre monde.

Une bise aigre sifflait, collant leurs minces capes sur le corps des comédiens, et leur souffletant le visage de ses doigts rouges. Aux tourbillons du vent se mêlèrent bientôt des flocons de neige, montant, descendant, se croisant sans pouvoir toucher la terre ou s'accrocher quelque part, tant la rafale était forte. Ils devinrent si pressés, qu'ils formaient comme une obscurité blanche à quelques pas des piétons aveuglés. A