Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 103 à 103 sur 414

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Le Capitaine Fracasse, par Théophile Gautier. Illustrations par Gustave Doré

Auteur : Gautier, Théophile (1811-1872). Auteur du texte

Éditeur : (Paris)

Date d'édition : 1877

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30490185d

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : In-4° , 396 p.

Format : Nombre total de vues : 414

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5626657q

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Y2-323

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 30/11/2009

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 97%.


92 LE CAPITAINE FRACASSE.

défense hyrcanienne et sauvage contre mes charmes qui, comme on sait, n'ont point de rivaux en ce globe terraqué ni même en l'Olympe habité des dieux ?

— Je me l'explique fort naturellement. Un certain Léandre, moins beau que vous, sans doute, mais tout le monde n'a pas le goût bon, s'est ménagé des intelligences dans la place ; votre valeur s'attaque à une forteresse prise. Vous avez séduit le père, Léandre a séduit la fille. Voilà tout.

— Léandre ! as-tu dit ? Oh ! ne répète pas ce nom exécrable et exécré, ou je vais, de maie rage, décrocher le soleil, éborgner la lune, et, prenant la terré par les bouts de son essieu, la secouer de façon à produire un cataclysme diluvial comme celui de Noé ou d'Ogygès. Paire à ma barbe la cour à Isabelle, la dame de mes.pensées ! damnable godelureau, ruffian patibulaire, galantin de sac et de corde, où es-tu, que je te fende les naseaux, que je t'écrive des croix sur la figure, que je t'embroche, que je te larde, que je te crible, que je t'effondre, que je te désentraille, que je te piétine, que je te jette au bûcher et disperse tes cendres? Si tu paraissais pendant le paroxysme de ma fureur, le tonnerre de mes narines suffirait à t'envoyer au delà des mondes parmi les feux élémentaires ; je te lancerais si haut que tu ne retomberais pas. Marcher sur mes brisées, je frémis moi-même à l'idée de ce qu'une pareille audace peut amener de maux et de désastres sur la pauvre humanité. Je .ne saurais punir dignement un tel crime sans fracasser du coup la planète. Léandre rival de Matamore! Par Mahom et Tervagant! Les mots épouvantés reculent et se refusent à venir exprimer unepareille énormité. On ne peut les joindre ensemble ; ils hurlent quand on les prend au collet.pour les rapprocher, car ils savent qu'ils auraient affaire à mtoi s'ils se permettaient cette licence. D'ores et en avant Léandre, ô ma langue! pardon de te faire prononcer ce nom infâme, peut se considérer comme défunt et aller luimême commander son monument au tailleur de pierre, si toutefois j'ai la magnanimité de lui accorder les honneurs de la sépulture.

— Par le sang de Diane ! dit le valet, voilà qui tombe comme de cire, le seigneur Léandre traverse précisément la place à pas comptés. Vous allez bellement lui dire son fait, et ce sera un magnifique spectacle que la rencontre de deux si fiers courages; car jeue vous cacherai pas que, parmi les maîtres d'armes et prévôts de la ville, ce gentilhomme a la renommée d'être assez bon gladiateur. Dégainez; pour moi, je ferai le guet, quand vous en serez aux mains, de peur que les sergents ne vous dérangent.

— Les étincelles de nos épées leur feront prendre le large, et ils n'oseraient, les bélîtres, entrer dans ce cercle de flammes et de sang. Eeste tout près de moi, mon bon Scapin; si, d'aventure, j'étais fâcheusement navré de quelque estafilade, tu me recevrais en tes bras, répondit Matamore, qui aimait beaucoup à être interrompu dans ses duels.

— Plantez-vous bravement devant lui, dit le valet en poussant son maître, et barrez-lui le passage. »

Voyant qu'il n'y avait pas moyen de faire une reculade, Matamore s'enfonça son feutre jusque sur les yeux, retroussa sa moustache, mit la main à la poignée de son immense rapière et s'avança vers Léandre, qu'il toisa des pieds à la tête, le plus