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Titre : Le Robinson suisse, journal d'un père de famille naufragé avec ses enfants, par J. R. Wyss. Traduit par Mme de Montolieu, revu par l'abbé J*** [Jouhanneaud]

Auteur : Wyss, Johann Rudolf (1782-1830). Auteur du texte

Éditeur : (Limoges)

Date d'édition : 1878

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb31672593p

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : Gr. in-8° , VI-238 p.

Format : Nombre total de vues : 252

Format : application/epub+zip

Description : Collection numérique : Fonds régional : Limousin

Description : Contient une table des matières

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5624965p

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Y2-74658

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 19/04/2010

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LE ROBINSON SUISSE. 213

de grandes feuilles de palmier, ensuite un morceau de toile, sur lequel j'enfonçai deux demi-planches rondes bien jointes ; je les chargeai de pierres; j'attelai de nouveau à ce bateau notre buffle et notre âne, et je le menai dans notre cave, que la voûte de sel rendait très fraîche. Au bout de quelques jours, lorsque la masse fut abaissée, je les fermai mieux encore par le moyen d'une couche de terre glaise pétrie avec des étoupes de lin et posée sur la toile; ce qui fit une croûte que ni l'air ni l'humidité ne pouvaient pénétrer, et qui nous assura une excellente provision pour les mauvais temps.

Ce travail, qui nous occupa plusieurs jours, nous retint une semaine entière à Zeltheim. En travaillant du matin jusqu'au soir, nous ne pouvions préparer et saler que deux tonnes, et nous voulions, au moins en avoir huit. Pendant tout ce temps-là, le hareng frais fut à peu près notre seule nourriture, et nous nous en trouvâmes à merveille.

A peine eûmes-nous fini notre salaison, qu'il se présenta une autre occupation, qui en était la suite. Il arriva dans notre baie, et même dans le ruisseau, une quantité de chiens marins qui les avaient suivis jusque-là avec une extrême voracité, et qui s'amusaient dans l'eau et sur le rivage, sans paraître nous craindreCe poisson, dont la chair est très mauvaise, n'était nullement attrayant pour notre palais; mais, sous un autre rapport, c'était une capture très avantageuse; sa peau, tannée et préparée, fait un cuir excellent; j'en avais le plus grand besoin pour confectionner les courroies de l'attelage de nos bêtes, pour faire à Fritz et à Jack des espèces de selles lorsqu'ils montaient l'onagre ou le buffle, et enfin pour nos semelles de souliers, nos ceintures, nos pantalons, qui étaient complètement usés; je savais de plus que leur graisse donne une très bonne huile à brûler, qui pourrait suppléer à nos bougies, et dont je pourrais me servir aussi pour la tannerie, afin de donner de la souplesse à nos peaux.

J'ordonnai donc à mes. trois aînés de tuer une douzaine de ces gros poissons avec des bâtons et des pieux, voulant ménager ma poudre : ils allèrent d'abord, pleins de joie, à ce combat. Il est à remarquer que les jeunes garçons ont presque tous un goût de destruction qui peut facilement les rendre cruels envers les animaux. J'étais fâché de ce que notre position m'obligeait quelquefois à nourrir en eux ce penchant : aussi en cette occasion éprouvai-je un vrai plaisir quand, au bout de quelques moments, ils revinrent tous les trois me supplier de leur donner un peu de poudre et quelques balles pour tuer ces innocentes bêtes d'un seul coup et sans les faire souffrir, parce, qu'il était trop cruel pour eux de les mutiler avec leur massue. On pense bien que je me rendis à leur prière, en les louant de cette idée, qui prouvait leur humanité; je ne regrettai pas mes munitions en leur voyant ce sentiment de pitié. Sans doute il nous était impossible de nous laisser aller à cette sensibilité exagérée qui défend d'ôter un poil à un animal ; elle est d'autant plus ridicule que ceux qui l'affectent ne craignent pas de voir sur leur table un poulet, un poisson, des écrevisses et tant d'êtres qui ont autant de droits, à vivre que ceux que nous étions obligés de tuer ; mais je ne cessais de représenter à mes fils que la cruauté, la passion de détruire sans nécessité, dégradent l'homme et peuvent le conduire à tous les crimes.; Je fus charmé de voir que dans cette circonstance ils avaient été plus sages et plus humains que moi.. En très peu de temps le nombre des poissons que nous désirions avoir fut complet.

Pendant ces jours-là, je fis aussi une amélioration à notre claie, pour transporter plus facilement nos provisions de Falkenhorst dans notre demeure du rocher de Zeltheim. Je la posai sur deux poutres, à chaque bout desquelles j'attachai une des petites roues ôtées aux canons que j'avais fait sauter avec le vaisseau.