LE ROMAN D'UNE MOUCHE. 75
la justice ; mais je ne suis plus de son tribunal, et je me dois entièrement à un ami qui me saura gré des révélations que je suis à même de lui faire.
Apprends donc que la famille Ricard, à laquelle tu portes intérêt, n'est autre qu'une société de mendiants par état et non par nécessité. Elle sait se grimer, se couvrir de haillons et se noircir les mains pour attirer sur elle les regards de la pitié publique.
En un mot, c'est une réunion de hideux cloportes se traînant à tous les angles des murs, qui rouleraient sous le pied sans se plaindre si on les heurtait dans le jour, mais qui se dégourdissent le soir en faisant bonne chère dans l'un dos greniers de cette maison.
Leur nid n'a jamais été une ruche ; c'est un guêpier où se laisse prendre le moucheron philanthrope.
Ces gens-là mendient pour n'avoir point la peine de travailler ; ils savent cependant voler au besoin quand l'aumône ne suffit pas à la bombance.
Venir à leur secours, ce serait soutenir la propagation d'une vermine qu'il faudrait plutôt exterminer... Je n'ai plus rien à dire sur la famille Ricard.
— Cher ami, tu m'effrayes ! Je n'ose plus, en vérité, te demander des nouvelles des voisins. Ils ont pourtant l'appui d'un général.
— Les voisins dont tu me parles, je ne les connais qu'imparfaitement. Mon jugement sur eux ne peut