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Titre : Le Ménestrel : journal de musique

Éditeur : Heugel (Paris)

Date d'édition : 1880-11-28

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 44462

Description : 28 novembre 1880

Description : 1880/11/28 (A46,N52)-1880/12/04.

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k56169955

Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 01/12/2010

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LE MENESTREL

dont l'autographe appartenait à l'éditeur Artaria de Vienne, Thayer a relevé cette note caractéristique:

« Voilà comme on ne doit pas avoir peur pour l'expression des tons les plus étrangers dans une mélodie puisqu'on trouvera sûrement une harmonie naturelle pour cela (1). »

Une circonstance qui ne paraît pas avoir été sans influence sur l'esprit du maître et sur la nouvelle direction de ses pensées, c'est l'isolement dans lequel il s'est trouvé à cette époque de sa carrière, en raison du départ ou de la mort de ses plus vieux et plus fidèles amis.

À la suite de l'incendie du palais de Rassumowski, le quatuor du prince, à la tête duquel se trouvait Schuppanzigh, avait été licencié et le célèbre violoniste était allé chercher fortune en Russie. Il avait fait ses adieux à Vienne, dans une dernière séance, donnée le 11 février 1816, avec un programme exclusivement composé d'oeuvres de Beethoven. Le départ de milord Falstaff, comme Beethoven appelait Schuppanzigh, à cause de son embonpoint excessif, fut une perte sérieuse, aussi préjudiciable au compositeur que sensible à l'homme.

Sou ami de coeur, le comte de Brunswick, dont il avait un instant rêvé de devenir le beau-frère, ne quittait plus ses terres de Hongrie. Un autre de ses intimes, le baron Gleichenstein, s'était marié et avait définitivement abandonné Vienne. Breuning, son camarade d'enfance, était séparé de lui par suite d'un dissentiment douloureux. Ries résidait depuis longtemps à Londres. Le prince Lichnowski, qui l'avait pris sous son patronage, à l'époque où tout jeune il arrivait de Bonn, était mort récemment et Lobkowitz l'avait promptement suivi dans la tombe. Enfin, la comtesse Erdoedy, la confidente de ses peines et de ses rêves, celle qu'il appelait en riant « son confesseur », s'était confinée dans son domaine de Jedlersée d'où elle expédiait lettre sur lettre à son « Apollon » pour l'engager à venir partager sa solitude. Zmeskall seul lui était resté fidèle, mais c'était un factotum plutôt qu'un ami véritable et Beethoven pouvait le dire non sans raison : « Tous ceux à qui j'avais donné mon affection sont loin de moi et je vis triste et abandonné dans cette affreuse ville de Vienne ».

Cependant quelques nouveaux camarades étaient venus remplacer les anciens compagnons. De ce nombre était Antoine Schindler, qui devait plus tard écrire la biographie de son maître.

Né à Mode près de Neustadt, dans le gouvernement d'Olmutz, et fils d'un cantor, dont il avait reçu une bonne instruction, il était venu à Vienne vers 1814 pour y suivre les études de l'école de droit et se livrer à son goût pour la musique, qu'il avait déjà cultivée avec prédilection dans son village.

Là il se trouva impliqué je ne sais trop comment dans une conspiration d'étudiants. Arrêté comme carbonaro, incarcéré à Brïinn, il fut relâché quelques jours plus tard, faute de preuves suffisantes.

Cette aventure toutefois avait excité la curiosité de Beethoven, grand frondeur de sa nature et toujours heureux de prendre en défaut la police, dont il ne se gênait guère pour critiquer, tout haut, les faits et gestes, dans les réunions de cabaret.

Schindler, présenté à Beethoven dans l'auberge du Rameau fleuri, fut admis à lui conter par le menu toute son odyssée. Cette première entrevue très cordiale et pleine d'abandon engagea Schindler à revenir et peu à peu il se trouva l'un des hôtes les plus assidus "du cabaret, où le maître venait se délasser parfois de ses travaux. C'est ainsi que par une pente naturelle il passa littéralement au service de Beethoven et devint le famulus de cet autre Faust.

(I) Cette remarque s'applique à la fin de la chanson n° 8 de la série 24, édition de Breilkopf, intitulée : Nom Creina.

Ce titre à'ami de Beethoven, dont Schindler se montra si fier qu'il le fit imprimer sur ses cartes de visite, lorsqu'il ^int vers 1840, s'informer à Paris de l'impression qu'y faisait la musique de son maître, n'était pas toujours commode à porter et, pour se maintenir dans cette dignité, le pauvre diable eut à essuyer plus d'une rebuffade dont il nous a laissé la narration. Une des plus ru'des est celle qu'il eut à support à la suite du dernier concert de Beethoven. Schindler, Umlauf et Schuppanzigh s'étaient employés à faire réussir cette ■ séance, avec un tel empressement que le maître se crut ! obligé de leur offrir un déjeuner pour les remercier de leur bienveillant concours. Le petit régal avait été préparé à l'hôtel de l'Homme sauvage sur le Prater et, à l'heure dite, les convives s'y trouvaient rassemblés, lorsque Beethoven, suivi ; de son jeune neveu, fit son entrée dans la salle du festin avec la figure la plus maussade du monde.

On ne sait quels soupçons lui avaient été suggérés, mais on avait à peine goûté au potage qu'il se mit à déblatérer contre l'administration du théâtre où le concert avait été donné, faisant clairement comprendre qu'il avait été pris pour dupe et que Schindler n'était pas étranger aux tripotages qui l'avaient privé d'une partie de sa recette.

L'accusation était grave, on le voit, et Schuppanzigh, ainsi . que Umlauf, ayant pris parti pour Schindler, tous les trois se levèrent de table et jugèrent à propos de se retirer pour aller achever leur repas si malencontreusement interrompu à l'hôtel de l'Agneau d'or. Beethoven et son neveu restèrent seuls pour faire honneur au menu commandé d'avance.

De pareilles incartades n'étaient pas rares, et si Schindler resta fidèle à son irascible compagnon jusqu'à son dérider jour, c'est qu'il était évidemment doué d'une âme patiente et d'un coeur débonnaire, car bien d'autres à sa place eussent faussé compagnie à un hôte de relations aussi peu séduisantes.

Quelques autres amis encore vinrent remplacer, dans le coeur de Beethoven la place laissée vacante par ses anciennes affections. Nous avons déjà parlé de Mme Streïekr, qui mettait un peu d'ordre et de régularité dans son ménage de garçon, mais nous n'avons rien dit encore de la ta- ■ ronne d'Ertmann, la femme d'un officier supérieur autrichien, qui jouait du piano en véritable virtuose et que BeethoTei appelait volontiers sa Sainte-Cécile.

Cette musicienne de race exécutait ses oeuvres avec une intelligence et une fidélité d'interprétation, qui la rendaient digne à tous lis égards du titre que son admiration M avait décerné.

Mm 0 d'Ertmann a raconté à Mendelssohn une anecdote touchante, qui montre à quel point elle avait pénétré dans le coeur de ce Beethoven, dont elle comprenait si bien le taleffi et le génie.

Elle venait de perdre un enfant qu'elle adorait et SUT lequel elle avait fondé ses dernières espérances; après quelques jours d'absence, Beethoven vint lui faire sa visite de ccmd'Oléance. Il voulut parler, mais les paroles expirèrent sur lèvres.

D'un pas lent et grave il se dirigea vers le piano, prisse mit à improviser un adagio d'un caractère triste et des* Ce qu'il était impuissant à rendre de vive voix, son CES l'exprima magnifiquement au moyen de cet art sublime às& il connaissait toutes les resources. Ce fut une plainte à 101 pathétique merveilleux. Lorsqu'il eut terminé, il se leva,-te yeux baignés de larmes, embrassa silencieusement sonffln'e et se retira sans ajouter un mot.

Mais ces amitiés, si précieuses qu'elles fussent, ne I* vaient lui faire oublier ses vieilles relations qu'il avau. T briser l'une après l'autre. Son infirmité, s'aggravant s** cesse, lui rendait les nouvelles liaisons moins chères et-W faisaient sentir durement le prix de celles qu'il avait peroBf

Son isolement le rendait de plus en plus sombre ei plongeait de jour en jour dans une mélancolie profond