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Titre : Le Ménestrel : journal de musique

Éditeur : Heugel (Paris)

Date d'édition : 1880-11-07

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 44462

Description : 07 novembre 1880

Description : 1880/11/07 (A46,N49)-1880/11/13.

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5616992x

Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 01/12/2010

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LE MÉNESTREL

réussi à rassembler quelques économies pour s'acheter une petite maison dans un des faubourgs de 'Vienne, lorsque la conduite de la femme vint malheureusement jeter le trouble dans le ménage. Les détails peu édifiants que nous pourrions donner à ce propos importent peu au fond de cette histoire et nous croyons inutile d'y insister. Il suffira de le constater : l'éloignement que Beethoven éprouvait pour sa belle-soeur était pleinement justifié.

Peu d'années après son mariage, Charles Van Beethoven ressentit les premières atteintes du mal qui devaitl'emporter. Sa santé s'altéra gravement, l'exercice de ses fonctions lui devint extrêmement pénible — il était caissier à la banque nationale d'Autriche — et la misère ne tarda pas à montrer sa face hâve et décharnée dans le logis de l'infortuné. Vers le début de 1813, la phtisie qui le minait prit un caractère tout à fait alarmant et Beethoven dut pourvoir, non seulement à ses besoins, mais à ses caprices de malade. « Pour le soulager, écrit-il à Ries,, j'ai dépensé dans ces dernières années de grosses sommes que je ne crains pas d'évaluer à 10,000 florins ! »

Enfin, le dénouement fatal arriva. Il fut précipité avec une telle rapidité que Beethoven s'imagina, fort sottement du reste, que son frère avait été empoisonné. La veille de sa mort, Charles avait eu le temps d'écrire ses dernières volontés. « Je désigne comme tuteur de mon fils, disait-il, nlon frère Louis van Beethoven. Il m"a donné les marques de la plus profonde affection fraternelle, il m'a soutenu et secouru de la manière la plus noble et la plus généreuse, il reportera, j'en ai la pleine confiance, l'intérêt qu'il m'a toujours témoigné, sur mon enfant, sur mon Charles; il mettra tout en oeuvre, j'en suis persuadé, pour assurer l'avenir de mon fils et pourvoir à son éducation intellectuelle. »

Cette disposition si nette et si précise était malheureusement tempérée, ou pour mieux dire, absolument annulée par un codicille. Dans cette pièce additionnelle, datée du 14 novembre, comme le testament lui-même, et écrite évidemment sous la pression de son entourage, Charles van Beethoven disait ceci :

« Comme j'ai cru m'apercevoir que mon frère, Louis Van Beethoven, a l'intention de prendre mon fils Charles avec lui pour le soustraire aux soins de sa mère, comme d'ailleurs mon frère et ma femme ne vivent pas en bonne intelligence, j'ai cru nécessaire d'ajouter une clause à mon testament pour déclarer que je ne veux pas qu'on éloigne mon fils de la maison maternelle. Je désire au contraire le laisser sous la garde de sa mère aussi longtemps que les soins do son éducation le permettront. En conséquence ma femme sera appelée à exercer la tutelle sur Charles conjointement avec mon frère. Le but que je me suis proposé en instituant mon frère le tuteur de mon fils, ne peut être atteint que par leur entente commune. Dans l'intérêt de mon enfant je recommande donc à ma femme une soumission plus complète et à mon frère la plus grande modération. »

Il est clair que ces deux dispositions contradictoires prêtaient à la chicane et ouvraient la porte aux conflits. Si Beethoven pouvait se prévaloir du testament de son frère pour réclamer l'autorité suprême sur son neveu, la mère du jeune Charles, armée du codicille, avait le droit de garder son fils et de contrôler toutes les mesures qu'on prendrait pour diriger son éducation.

Pour Beethoven, fort indifférent aux subtilités du droit, l'appel que son frère avait fait à son coeur dominait toute la question. Il ne comprenait qu'une chose, c'est que la volonté expresse du mourant lui avait imposé le devoir de veiller sur l'orphelin et que rien au monde ne pouvait le dispenser de s'acquitter de cette tâche sacrée.

Il faut le dire, du reste, cette charge imprévue, dont il ne connaissait pas_le poids, lui donnait de tendres soucis qui répondaient aux voeux secrets de son âme. Après tant d'aspirations vaines vers les joies de la famille, cette paternité

imprévue semblait la réalisation de la meilleure part de ses espérances.

Peu de jours avant la mort de son frère, le 12 avril 1815 il écrivait encore à son vieil ami, Amenda, pasteur dans un' humble village de la Courlande : « Tu es heureux ! tu as des enfants, c'est une joie qui ne m'est sans doute plus réservée Ton existence patriarcale me fait envie, et mille fois l'image de ton bonheur me flotte devant les yeux. Que ne puis-jo du moins être entouré d'affections comme la tienne. Hélas ma destinée ne me permet pas de goûter ce bonheur. Je vis triste et solitaire dans cette grande ville de Vienne, loin de tous ceux que j'aime et qui pourraient m'aimer ! »

Et un peu plus tard, lorsqu'il croit enfin tenir son fils \\ écrit à son vieux camarade Wegeler avec une nuance de fatuité paternelle : « Tu es époux, tu es père ! moi je n'ai pas de compagne, mais je suis père aussi ! »

« Je suis père! » De ce rêve il voulait faire une réalité, Son intention formelle était d'adopter l'enfant que son frère lui avait légué, mais il fallait avant tout l'arracher aux mains indignes qui cherchaient à le retenir.

Hâtons-nous de le dire, tout en s'écartant de la lettre du testament, Beethoven était d'accord avec la morale et la raison. Les déportements d'une femme, incapable de résistera ses passions, étaient un spectacle qu'il fallait à tout prix écarter des yeux d'un innocent. Le maître voulait à bon droit préserver son Tamino de ces souillures et le soustraire définitivement à l'influence de la Reine de la Nuit, comme il appelait sa belle-soeur (1).

Mais la mégère tenait à ses droits. Il fallut plaider.

Devant la haute Cour, le conseil de Jeanne Van Beethoven, le docteur Schoenauer, un avocat chicanier, « un intrigant avéré » dit Schindler, souleva une exception d'incompétence. Ce tribunal, en effet, n'admettait à sa barre que les nobles et les gens d'église. Or Beethoven, malgré sa particule,, n'était qu'un simple roturier. On le mit au défi de prouver son origine aristocratique. « Ma noblesse, répondit-il fièrement, en.mettant la main sur son coeur et sur son fronl, elle est ici et là! » Comme on le pense, l'argument ne parut pas décisif. La cause fut renvoyée devant la juridiction bourgeoise (2).

Ce nouvel aréopage judiciaire fit traîner l'affaire pendant quatre ans. Durant le cours de ces interminables débats, la tutelle provisoire fut tour à tour confiée à Beethoven et à la mère. L'enfant passait de l'un à l'autre, suivant l'humeur, des juges et les incidents du procès. On peut penser à quel point ce changement de direction fut nuisible à son éducation, quel trouble ces allées et venues devaient jeter dans son jeune esprit, déjà mal préparé au respect de ses parents, par les scènes auxquelles il avait assisté dans la maison maternelle.

Enfin devant la cour d'appel, Beethoven obtint gain* cause. La tutelle définitivement confirmée lui fut attribue* à l'exclusion de la mère.

Cette fois le maître crut toucher à la fin de ses tribulations. Il se trompait, hélas ! les tracas de ce triste procès n'était qu'un prélude aux soucis autrement cruels qu'allait lui p parer ce fils, dont il était si fier, et pour la possession fi 1' quel il avait si courageusement lutté.

VICTOR WILDER(.4

WILDER(.4

(1) Rien ne serait plus facile que de justifier cette aversion et nu considération de convenance n'aurait le droit de retenir notre plume; e Yan Beethoven est morte à l'âge de 82 ans, en 1868, et l'on doit peu réserve à son petit-fils Louis Van Beethoven, son unique descende en 1872 s'est fait condamner à Munich pour escroquerie. NéanuK" s détails dans lesquels je serais obligé d'entrer sont d'une nature te je ne puis les mettre sous les yeux de mes lecteurs. Je les prie vouloir bien me croire sur parole. •

(2) En ce qui touche la valeur nobiliaire du mot néerlandais «"'> la Jeunesse de Beethoven.