«MI,-46eANNÉE. — N° S9.
PARAIT TOUS LES DIMANCHES
Dimanche 29 Août 1880.
(lies Bureaux; 2 bis, rue Vivienne) (Les manuscrits doivent être adressés franco au journal, et, publiés ou non, ils ne sont pas rendus aux auteurs.»
LE
MUSIQUE ET THÉÂTRES
J.-L. HEUGEL, Directeur
COLLABORATEURS DU JOURNAL ;■ ^ - ..■•*.'
""""■&&." 11." 3ARBEDETTE, FÉLIX CLÉMENT, OSCAR COMETTANT, G. CHOUQUET, E. DAVID ,„,,, A. DE FORGES, G. DUPREZ, ED. FOURNIER, OCTAVE FOUQUE
A. GALLI, F. GEVAERT, E. GIGOUT, HERZOG, B. JOUVIN, TH. JOURET, P. LACOME ; TH. DE LAJARTE, DE LAUZIÈRES, E. LEGOUVÉ, MARMONTEL, A. MOREL, H. MORENO ,CH,- NUITTER, A, PENA Y GOKI, CH. POISOT, A. DE PONTMARTIN, ARTHUR POUGIN, DE RETZ M. RAPPAPORT, J.-B. WEKERLIN, VICTOR WILDER & XAVIER AUBRYET
Adresser FRANCO à M. J.-L. HEUGEL, directeur du MÉNESTREL, 2 bis, rue Vivienne, les Manuscrits, Lettre» et Bons-poste d'abonnement
Un an, Texte seul : 10 francs, Paris et Province.— Texte et Musique de Chant, 20 fr.; Texte et Musique de Piano, 20 fr., Paris et Province.
Abonnement complet d'un an, Texte, musique de Chant et de Piano, 30 fr., Paris et Province. — Pour l'Étranger, les frais de poste en ras.
SOMMAIRE-TEXTE
1. 'JSNNY LIND et le Carnet d'un ténor, G. ROGER. — II. Semaine théâtrale : H. MORENO. — III. Â propos de la partition de LULLT : Bellérophon, TH. de LAJARTE. — IV. Nouvelles.
MUSIQUE DE PIANO
.|.Nos; abonnés à la musique de PIANO recevront, avec le numéro de ce jour:. ,.,,.'
/:■!■.;.',■::.;■■: BOMBARDE-POLKA
feScmNDLER. — Suivra immédiatement: une: Csardas hongroise de JOHANN STRAUSS. 1
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Nous, publierons, dimanche prochain, pour nos abonnés à la musique de CHANT la mélodie d'ALEXIS ROSTAND : Viens I une flûte invisible, poésie de VICTOR"HDGO; —^'Suivra immédiatement:' une sicilienne de LEONARDO LÉO «traite delà collection les Gloires de l'Italie, transcrite par F.-A. GEVAERT, parMes françaises de 1 VICTOR WILDER.
JENNY LIND
ET
LE CARNET D'UN TÉNOR (»).
■;■ Puisque 'nombre de journaux puisent a pleines mains dans |e; carnet du si. .regretté Roger, pourquoi le Ménestrel ne lui iprait-il pas.aussi un léger emprunt? Embarrassé sur le choix <j;uu, sujet nouveau pour nos lecteurs, nous nous sommes r^é.pour la: relation du voyage avec Jenny Lind, dans les
tats d'Angleterre. ;— Il nous a paru 'd'autant plus intéressant de réproduire les impressions de Roger sur la grande VM?^!1^ 6 suédoise, qu'elle est restée inconnue des dilettantes Parisiens. .Elle craignait la malheureuse précipitation avec Quelle lesFrançais jugentet les oeuvres sérieuses et les artistes ^rieux. Roger lui-même, un artiste consciencieux s'il en fut, ^t laissé prendre à ce défaut essentiellement français. —
es les premières pages de son carnet, il exécute, sommaiW:Un.volume
sommaiW:Un.volume publié par la librairie Paul Ollendorff.
rement Jenny Lind. Sa première impression n'a pas été bonne, — c'est celle dont se défiait la grande cantatrice. Il écrivait en effet, le samedi 17 juillet 1837 :
Le soir, Mitchell a mis à notre disposition une loge pour voir Norma par Lind. Four! Lind assez bien dans Casta Diva; cette invocation à la lune est dans sa nature rêveuse allemande, mais les fureurs de la femme qui aime, de la mère abandonnée! Non, mille fois non ! C'est petit, grincheux. Et la voix usée ! Affreux échec pour une si grande réputation, et, chose extraordinaire, elle fera peutêtre de l'argent dans ce rôle, parce que les gens qui l'ont vue bonne ailleurs, voudront voir comme elle est mauvaise. »
A un mois de date, à peine, l'opinion de Roger se modifie singulièrement. Il écrit le mardi 11 juillet:
Nous sommes allés entendre Jenny Lind à Her Majesty's. Comme je suis engagé par Lumley pour faire avec elle une' tournée en Angleterre, en Ecosse et en Irlande, cela m'intéresse. On a donné Lucia. Je suis fixé, quoique ça ne soit pas son meilleur rôle. C'est une dés plus grandes artistes qu'il m'a été donné d'entendre. Sa voix, charmante dans le haut, a malheureusement un peu de faiblesse dans le médium; mais que d'intelligence et d'invention! Elle n'imite personne; elle fouille sans cesse et la situation scénique et la phrase musicale; elle a des traits et des points d'orgue d'une nouveauté et d'une distinction qui me raccommodent avec ce genre d'exercice. Je suis dans'la phase dramatique, je n'aime pas la roulade : ça me viendra peut-être plus tard.
Jenny Lind fait quelque chose de 1res bien a l'anathème : au lieu de se traîner après son amant, — comme les autres Lucie ne manquent pas de le faire jusqu'à la fm de l'acte, — dès qu'Edgard l'a repoussée, elle reste immobile. Une statue ! Un sourire livide vient glacer ses traits ; l'oeil se fixe, hagard, sur la table où le contrat fatal a été signé par elle, et, quand le rideau baisse, on voit que la folie commence. J'ai eu froid dans le dos.
Quinze jours après, le 27 juillet, c'est presque du fanatisme ! Sommes-nous assez loin des premières impressions de Roger!
Nous avons été revoir Lucia par Lind. Plus que jamais, c'est une grande et sublime artiste, qui a l'inspiration et le travail.
Les traits sont d'une hardiesse et d'une originalité toute sauvage. C'est grand et c'est, frais !
Il y a des choses qui sentent le bois et la mousse ; ça fait du bien, parole! au milieu de ce fatras de soi-disant talents qui n'ont