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Titre : Le Ménestrel : journal de musique

Éditeur : Heugel (Paris)

Date d'édition : 1863-11-08

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 44462

Description : 08 novembre 1863

Description : 1863/11/08 (A30,N49)-1863/11/14.

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5615739j

Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 01/12/2010

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LE MÉNESTREL

pable, aux embrassements, au désespoir de la reine. Il met à la voile... Didon en apprenant cette terrible nouvelle, monte, comme dans Virgile,

. sur le bûcher.

Tel est, en substance, le poëme de Berlioz. Dans un prochain article, je parlerai de la nîusique, et je dirai quel trésor de beautés supérieures renferme cette splendide partition. Aujourd'hui, je veux, seulement rendre hommage aux artistes, à Mme Charton-Demeur d'abord, qui, dans le rôle de Didon, ne s'est pas élevée moins haut comme comédienne que comme cantatrice. Il est impossible d'être plus vraie, plus émue, plus passionnée. Ce rôle de Didon sera une des grandes créations, une des gloires de Mm 0 Charton-Demeur. Montjauze n'est peut-être pas l'Énée que nous avions rêvé, mais il a apporté à ce beau rôle une fougue, une jeunesse, une conviction que nous ne nous attendions pas à trouver en lui : une belle part

, du succès lui appartient. Mm 0 Dubois a su se faire remarquer, dans le rôle d'Anna, à côté de Mmo Charton. Je ne saurais faire un plus bel éloge de cette jeune chanteuse, dont la voix étrange s'assouplira par l'étude. Mlle Estagel a fait du personnage d'Ascagne une fine et poétique création. Petit, Péront et Mlle Estagel, dans des rôles plus modestes, ont été chaudement applaudis. L'orchestre a été magistralement conduit par M. Deloffre. Tous ont voulu concourir au succès, tous ont compris que les destinées d'une grande oeuvre étaient dans leurs mains.

A. DE GASPERINI.

THÉÂTRE-ITALIEN

M. Bagier et son administration.—Eeprises de Poliuto et de la Norma, —FRASCHINI. MmC! JULIENNE DEJEAN, ANNA DE LA GRANGE et VANDER-BEEK.

L'administration du Théâtre-Italien est aujourd'hui en pleine activité; ce qu'elle a accompli devant la rampe depuis trois semaines, chacun a pu l'apprécier aux représentations ; mais qui sait, au juste, ce qui se passe derrière le rideau ? Les indispositions, les projets renversés, les vides à remplir, les rôles à distribuer et à redistribuer chaque jour, les répétitions, les nouveaux engagements, les résiliations, les mouvements d'aller et retour sur Madrid, les travaux de la salle, les détails administratifs, les succès, les désillusions, voilà ce qui pourrait remplir les colonnes d'un journal quotidien, voilà le terrain mouvant sur lequel marche M. Bagier depuis son entrée en campagne.

C'est ainsi que, pendant près de huit jours, il s'est agi de savoir si Mlle Patti, engagée depuis le 1er novembre, serait dirigée sur Madrid ou donnerait d'abord quelques représentations à Paris. Définitivement, l'Espagne l'emporte sur la France, et Mlle Patti nous est réservée pour l'arrièresaison.

D'un autre côté, Nicolini, après avoir réussi auprès des Parisiens, devait se faire regretter d'eux et aller dans le Sud soutenir l'honneur des ténors. Le passage à Paris de Naudin, revenant de Berlin en compagnie de Mlle Patti, a tout changé. On a repris l'idée première de son engagement, et il a été signé à la fois pour Ventadour et l'Oriente. Naudin va donc être l'heureux compagnon de voyage^de MUe Patti, et il nous reviendra en même temps qu'elle. Par contre, Nicolini nous reste, et a créé, au pied levé, le Polione de Norma, rôle ingrat et dangereux, qui avait tué sous lui trois ténors dans la semaine des répétitions.

Sur cette route, en ce moment si suivie, de Paris à Madrid, Mlle Patti et le ténor Naudin seront croisés par Mme Borghi-Mamo, qui doit chanter la semaine prochaine sur la scène Ventadour.

J'ai toujours regretté, pour plusieurs raisons faciles à apprécier, de n'être pas administrateur des chemins de fer. Si je l'étais, j'eusse proposé d'offrir à M. Bagier un fil télégraphique d'honneur et un wagon spécial sur toute ligne pour lui et ses illustres pensionnaires.

Avant d'en finir avec tous ces faits accomplis ou à réaliser, disons que le Trovatore se prépare pour les débuts de Mmo de Méric-Lablache et du baryton Giraldoni, et que les Puritains les suivront de près pour la réapparition deMm 0 Castellan. Disons encore que M. Bagier, fort coquet de sa salle, a rêvé de créer un jardin d'hiver dans son théâtre. La galerie d'attente du rez-de-chaussée, les escaliers, le foyer, les couloirs même, vont être remplis de plantes exotiques et ornés de délicieux vases. Ce rêve des mille et une fleurs a déjà même son commencement d'exécution.

Et maintenant, abordons les séances publiques qui ont eu lieu dans la salle des Italiens depuis notre dernier compte rendu. D'abord, Poliuto, avec les débuts de Mme Julienne Dejean et le ténor Fraschini ; puis Norma, avec les débuts de M 110 Vander-Beek et la prise de possession de ce beau rôle par Mmc de La Grange.

Poliuto, malgré sa réputation, est une partition assez ingrate de notre parfois trop facile Donizetti. Quoique considérablement diminuée, relativement aux Martyrs, elle reste encore trop longue, et n'offre en beautés vraiment supérieures que le final du second acte et le duo du Credo. C'est peu pour quatre actes; aussi Poliuto n'excite-t-il jamais qu'à moitié les sympathies du public de Ventadour. Cependant c'était le triomphe de Mme Penco et de Tamberlick. On pouvait donc craindre le parallèle pour les deux nouveaux interprètes. Fraschini était plus que de force aie supporter,: et, quoique moins bien placé que dans la Lucia, ily a trouvé de beaux effets, et a prouvé, une fois encore, toute sa valeur personnelle et l'étendue de son immense talent. Nous ne reviendrons pas sur tout ce que nous en avons dit dimanche dernier. A nôtre point de vue, la seconde épreuve aratifié la première. Fraschini est le ténor le plus complet que nous ayons entendu depuis longtemps. La critique n'a pas à y mordre, l'admiration n'a qu'à s'y livrer tout entière.

Le parallèle a été plus lourd pour Mme Julienne Dejean. Cette cantatrice, qui possède, nous assure-t-on, toutes les sympathies de Verdi, et pour laquelle il a écrit le Ballo in Maschera, n'a pas débuté avec tout l'éclat qu'on en attendait. Le public l'aurait même injustement jugée si l'on n'avait su qu'elle était toujours sous l'influence d'une longue et cruelle maladie, dont les suites ont singulièrement compromis tout le médium de la voix. M™ 0 Julienne Dejean, encore convalescente, aurait-elle dû s'exposer aux émotions de la scène Ventadour, où elle n'était pas connue? Toutefois , et à plusieurs reprises, elle a su retrouver de ces éclats dramatiques qui forment, je pense, le fond de son talent, et lui ont mérité une véritable célébrilé à l'étranger. Par malheur, et le plus souvent, sa voix lui • faisait défaut. Nous nous abstiendrons donc de la juger en dernier ressort. Mmo Julienne Dejean est armée d'une volonté qui exagère ses forces réelles. Qu'elle s'en défie à son point de vue, comme à celui du public.

Delle-Sedie, dans le personnage de Sévère, a trouvé, comme toujours, d'excellentes inspirations. Lé rôle, cependant, est loin de lui être favorable; il est parfois trop grave pour Delle-Sedie, qui s'est-vu obligé de hausser d'un demi-ton son grand air. Malgré cela, il n'a pu lui donner l'éclat que comporte le chant du triomphateur ; mais il a captivé et charmé son auditoire tout comme s'il se trouvait dans de meilleures conditions. C'est là le triomphe du vrai talent.

Un débutant, nommé Marchelti, voix de basse, a passé sans être aperçu dans le défilé de cette phalange romaine. Inscrivons-le,. en attendant mieux, au chapitre des utilités, qui, on peut le dire en passant, est trop souvent sacrifié dans un théâtre comme celui des Italiens, où tout devrait être sinon très-bien, du moins convenable.

Quatre jours plus lard, mercredi dernier, c'était le tour de Norma; •c'était le véritable début de M"'c de La Grange. On nous avait bien dit qu'elle brillait particulièrement dans le rôle principal. La célèbre cantatrice s'y est montrée, en effet, supérieure à elle-même. Dans cette tragédie antique, Mme de La Grange a su trouver des mouvements dramatiques du plus bel effet. Il y avait de la Ristori en elle. Aussi son succès a-t-il été complet. L'air de Casta diva, entre autres choses, lui a valu une ovation bien méritée. Pour notre part, nous étions heureux de rendre justice aux éminentes qualités de cette tragédienne lyrique. Pourquoi n'a-t-elle pas fait son premier début dans ce rôle, si bien fait pour sa personne et son talent?

Nicolini a su se faire écouter et applaudir par ceux qui, la veille, écoutaient et applaudissaient Fraschini. Bouché a eu de beaux moments dans le rôle d'Oroveso, et a tenu une note formidable de longueur. Pour la première fois, les choeurs ont quelque peu déraillé et l'orchestre a marché trop vite. La couleur druidique de la partition de Norma comporte une certaine dignité qui nous a semblé compromise. Toutefois, les ensembles ont été fort bien rendus, et le final du dernier acte a électrisé la salle, comme d'habitude.

Il nous reste à parler du début de Mlle Vander-Beek, qui jouait Adalgise. Cette jeune débutante ne manque pas d'avenir; elle se sert avec goût d'une jolie voix, encore insuffisante pour remplir une grande salle. Distinguée de sa personne, Mlle Vander-Beek s'est tirée avec honneur de.ee premier début, et s'est fait applaudir, à juste titre, plusieurs fois dans la soirée.

Nous croyons avoir réglé nos comptes avec tout le monde, et. ce nest pas peu dire. Pourtant il faut inscrire encore un début, déjà annonce, dans le rôle d'Asthon, de la Lucia. N'ayant pas entendu ce nouveau baryton, nous ne pouvons vous affirmer qu'une chose, c'est qu'il se nomme Sterbini, et qu'on le dit parent du célèbre révolutionnaire mort à Naples, il y a un mois. Un autre détail biographique, c'est que Marchelti, qui a debuté dans Poliuto, est beau-frère de la célèbre M'°c Frezzolini. Puisse, celle parenté lui porter bonheur! PAUL BERNARD.