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Titre : Le Ménestrel : journal de musique

Éditeur : Heugel (Paris)

Date d'édition : 1875-04-25

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 44462

Description : 25 avril 1875

Description : 1875/04/25 (A41,N21)-1875/05/01.

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k56152088

Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 01/12/2010

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2336, — 41 e'AT«NÉE. — N«2i. PARAIT TOUS LES DIMANCHES Dimanche2S Avril 1875.

(Les Bureaux, 2 bis, rue Vivienne) (Les manuscrits doivent être adressés franco au journal, et, publiés ou non, ils ne sont pas rendus aux auteurs.)

MUSIQUE ET THEATRES

J.-L. HEUGEL, Directeur

COLLABORATEURS DU JOURNAL

MM. H. BARBEDETTE, GUSTAVE BERTRAND, PAUL BERNARD, FELIX CLEMENT, OSCAR COMETTANT

G. CHOUQUET, E. DAVID, A. DE FORGES, G. DUPREZ, ED. FOURNIER, L. GATAYES, E. GAUTIER GEVAERT, HERZOG, B. JOUVIN, AD. JULLIEN, P. LACOME, A. DE LAUZIÈRES, E. LEGOUVÉ, MARMONTEL H. MORENO, CH. POISOT, A. DE PONTMARTIN, ARTHUR POUGIN, ALPH. ROYER DE RETZ, G, DE SAINT-VALRY, J.-B. WEKERLIN, VICTOR WILDER & XAVIER AUBRYET.

Adresser FRANCO à M. J.-L. HEUGEL, directeur du MÉNESTREL, 2 bis, rue Vivienne, les Manuscrits, Lettres et Bons-poste d'abonnement.

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SOMMAIRE-TEXTE

I. Histoire et Théorie de la musique de l'antiquité par F.-A. GEVAERT (2e article). — II. Semaine théâtrale, H. MORENO.— III. Saison de Londres, 3e correspondance, DE RETZ. — IV. BOCCHEBINI et la musique en Espagne (2e article), MAURICE CRISTAL. — Y. Audition d'un grand orgue chez M. CAVAILLÉ-COLL. — VI. Nouvelles et nécrologie.

MUSIQUE DE PIANO

'Nos abonnés à la musique de PIANO recevront avec le numéro de ce jour : •le quadrille QU'OLIVIER MÉTRA sur les chansons composées par J. OFFENBACH pour MUe Thérésa dans sa partition supplémentaire de

GENEVÈVE DE BRABANT — Suivra immédiatement : le Fou du roi (Lust'ger Rath), polka de JOHANN STRAUSS, sur les motifs de son opérette : la Reine Indigo.

CHANT

Nous publierons dimanche prochain pour nos abonnés à la musique de CHANT : Vers toi, nouvelle mélodie de F. GUMBERT. — Suivra immédiatement la valseBrindisi chantée parMUe Zulma Bouffai- dans l'opéra bouffe de JOHANN STRAUSS, la Reine Indigo.

HISTOIRE ET THEORIE

DE »

La ]VETXsiq(iie <^e l'antiquité (1)

LIVRE I. Notions générales.

CHAPITRE III.

COUP D'OEIL SUR LES DIVERSES PÉRIODES DE LHISTOIRE DE LA MUSIQUE ANCIENNE.

5 *■ '

Il serait difficile de démêler la part de vérité que peuvent ■contenir les premiers paragraphes de l'écrit de Plutarque, où l'auteur expose les traditions qui, au temps d'Alexandre, avaient cours en Grèce, sur les périodes les plus anciennes de l'art

''■ (1) Extrait du premier volume publié par la typographie C. Annoot-Braeckmann de Gand.

musical (1). Parmi les noms qui figurent dans ce récit, quelquesuns sont de simples personnifications mythiques (Amphion, Linus, Philammon) ; d'autres semblent avoir été créés d'après des dénominations géographiques (Anthès d'Anthédon, Piérus de Piérie). Le plus célèbre des musiciens fabuleux, Orphée, n'est pas mentionné dans cette énumération, mais nous y lisons le nom d'un autre chantre originaire de la Thrace (Thamyris). Cette contrée, dont les limites étaient très-indécises dans l'imagination populaire, apparaît dans les plus anciens souvenirs de la Grèce comme la patrie du beau chant (2), de même que la Phrygiey est représentée comme le centre de culture de la musique instrumentale (3). La dernière partie du récit d'Héraclide nous transporte dans le cycle légendaire qui a fourni à Homère le sujet de VOdyssée : Démodocus et Phémius sont des chantres épiques, des aèdes, dont la physionomie rappelle celle d'Homère lui-même (4). Terpandre, Clouas, Archiloque, Olympe ; tels sont les plus anciens noms dont l'histoire de la musique ait à s'occuper. Ils représentent la période archaïque de l'art grec. Ce ne sont plus là des personnages absolument légendaires, comme Orphée et Linus; nous nous trouvons en présence d'individualités nettement accusées. La réalité historique d'Olympe pourrait seule être

(-1) « Héraclide, dans son écrit sur la musique, dit qu'Àmphion, fils de » Zeus et d'Antiope, instruit par son père, inventa la cilharodie (c'est-à-dire » l'art de chanter en s'accompagnant d'un instrument à cordes) et la compo» sition citharodique ; ce qu'il démontre par la chronique conservée à Sicyone, » d'après laquelle il énumère les prêtresses d'Argos, les compositeurs et les » musiciens-virtuoses. Vers le même temps, dit-il, Linus d'Eubée composa » des thrènes (chants plaintifs); Anthès d'Anthédon, en Béotie, fit des hymnes; » Piérus de Piérie, des compositions sur les Muses ; Philammon, de Delphes » mit en musique la naissance de Léto, d'Artemis et d'Apollon ; le premier, » il établit des choeurs autour du sanctuaire de Delphes.

» Mais Thamyris, Thrace de nation, eut la voix plus sonore et plus rnélo» dieuse que tous ses contemporains, en sorte que, selon les poètes, il osa » entrer en lutte avec les Muses elles-mêmes. On rapporte qu'il mit en mu» sique la guerre des Titans contre les Dieux.

» Démodocus de Corcyre, autre musicien très-ancien, en fit autant de la » chute d'Ilion, ainsi que des noces d'Aphrodite et d'Hephaïsfos.- Phémius » d'ïihaque chanta le retour de ceux qui avec Agamemnon revinrent de Troie. » » PLUT., de Mus. (éd. de Westph., g IV.)

(2) Cf. 0. MULLER, Hist. de la lilt. grecque (trad. de K. Hillebrand), 'I, 50.

(3) « Alexandre Polychistor (écrivain du 1er siècle avant Jésus-Christ), dans » son ouvrage sur la Phrygie, dit qu'Hyagnis fut le plus ancien joueur de » flûte, que son fils Marsyas lui succéda et à celui-ci Olympe (l'ancien). » PLUT., de Mus. (Westph., g -V).

(i) ODYSSÉE, VIII, 266, 499; I, \U; XVII, 263; XXII, 331.


462

LE MÉNESTREL

mise en question ; toutefois les innovations de l'aulète phrygien laissèrent une trace si profonde et si durable dans la mémoire des Hellènes, qu'il est bien difficile de ne voir en lui qu'une création mythique (1). Cette phase primitive de l'art musical tombe au siècle de la fondation de Rome ; elle est donc contemporaine des plus anciens événements de l'histoire grecque dont les dates nous aient été conservées : l'institution des jeux olympiques, la première guère messénienne. Eu ce qui concerne l'époque précise où fleurirent Terpandre, Clonas et Olympe, les renseignements sont vagues et contradictoires. Toutefois, nous avons, pour fixer la chronologie de cette période, deux points de repère : 1° l'âge où vécut Archiloque : on s'accorde à le placer vers la XXe Olympiade (2) ; 2° l'ordre de succession des trois premiers musiciens, d'après les notices de Glaucus de Rhégium. Celui-ci affirme que Terpandre est antérieur à Archiloque (3) et que Clonas vécut peu de temps après Terpandre (4). Quant à Olympe, le contexte du récit de Glaucus nous oblige à le placer entre Archiloque et Thalétas, de Crète, le plus ancien représentant de la période suivante (5). D'après ces données, acceptées par les écrivains les plus récents (6), la chronologie des quatre musiciens pourrait être à peu près déterminée ainsi : Terpandre vers la fin de la première guerre messénienne; — Clonas une dizaine d'années plus tard ; — Archiloque vers 700 ; Olympe vers 688 avant Jésus-Christ.

Terpandre le Lesbien nous apparaît comme le premier fondateur d'un art régulier chez les Hellènes. « C'est à lui, » dit Glaucus, » que l'on doit le premier établissement de la musique à Sparte (7). » Il fixa les formes essentielles du nome eitharodique, chant en l'honneur des dieux, exécuté par une voix seule et accompagné d'un instrument à cordes (8). Clonas introduisit des règles analogues pour les compositions accompagnées de la flûte : élégies, thrènes, chants de procession (9). Archiloque fut avant tout un créateur de rhythmes ; le premier parmi les poëtes-musiciens il employa la mesure à trois temps (40), abandonnée jusque-là à l'art populaire, pour les danses et chants rustiques, dont les cultes de Déméter et de Dionysos avaient consacré l'usage. En général, ses poésies (dont il nous reste des fragments) accusent par leur ton et par lés sujets traités une tendance profane, étrangère aux compositions de ses prédécesseurs. Il éleva la chanson à la hauteur d'un genre littéraire, et donna à l'accompagnement instrumental une certaine indépendance, au lieu d'en faire, comme ses devanciers, un simple redoublement de la mélodie (11). Olympe enfin fit connaître aux Grecs la musique instrumentale des Phrygiens, et mit en usage une forme simplifiée de l'échelle des sons : le genre enharmonique primitif (12); il introduisit aussi la mesure à cinq temps.

(1) « Olympe, joueur de flûte et Phrygien' d'origine,... porta en Grèce les » nomes enharmoniques dont se servent encore les Hellènes aux fêtes des » dieux. » PLUT., de Mus. ("Westph., § VI).

(2) WESTPHAL, Gcsehichte der alten und mittelalterlichen Musik, I, 114, ligne 32 (où il faut lire 700 au lieu de 720).

(3) « 11 (Terpandre) appartient aux temps les plus reculés. Glaucus d'Italie, » dans son écrit sur les anciens compositeurs et virtuoses, démontre qu'il est antérieur à Archiloque. » PLUT., de Mus. (Westph., § V).

(4) « Clonas... qui vécut peu de temps après Terpandre, était de Tégée » d'après les Arcadiens, de Thèbes selon les Béotiens. » Ib.

(5) « Glaucus, après avoir dit que Thalétas est postérieur à Archiloque, » ajoute qu'il imita lés chants de celui-ci, mais en leur donnant plus de dé» veloppement, et qu'il introduisit dans ses compositions des rhythmes dont » ni Archiloque ni Terpandre ne s'étaient servis. Ces rhythmes il les avait, » dit-on, empruntés à l'aulétique d'Olympe. » Ib. (W. § Vil).

(6) Cf. WESTPHAL, Gcsehichte, I, 64-70. — BERNHARDY, Grundriss der Griecldschen Littcratur (2° éd.), II, -M8.

(7) PLUT., de Mus. (Westph., § VII):

(8) « Terpandre, compositeur de nomes citharodiques, adapta à ses hexamè» très, ainsi qu'à ceux d'Homère, des mélodies qu'il chanta aux Àgones. » Ib. (W. § V). ;

(9) « Clonas, qui introduisit le premier les nomes aulodiqués et les prospdies, 5> composa aussi des élégies et des hexamètres. » /&. — Cf. WESTPHAL, Gèschichte, I, 96-100.

(10) Ib. (W. § VIL— Id., Gcsehichte, I, 114-137).

(11) « On croit qu'il fit entendre le premier un accompagnement instru» mental distinct du chant; auparavant cet accompagnement se faisait entièrement à l'unisson. » PLUT., de Mus. Westph., § XVII).

(12) » Olympe, ainsi que le dit Aristoxène, est regardé parmi les musiciens s comme l'inventeur du genre enharmonique. » Ib. (W. § VIII). — Id.* Gèschichte, 139-142.

Il n'existe aucune trace de théorie ou de notation musical pendant toute cette période. L'art se borne à la simple pratimip et se transmet par l'enseignement oral. Les instruments sont à l'état rudimentaire ; la lyre n'a que sept cordes, la flûte trois ou quatre trous, la cithare né reçoit sa forme définitive qu'après Terpandre (1). Malgré l'extrême simplicité que suppose une telle musique, il est certain que les mélodies de cet âge primitif laissèrent une trace ineffaçable dans les souvenirs du peuple grec. Au temps d'Aristoxène les nomes d'Olympe faisaient encore l'admiration des connaisseurs ; les mélodies d'Archiloque semblent s'être maintenues jusqu'au siècle d'Auguste.

A la période archaïque succède celle que nous appellerons période de l'ancien art classique. Elle commence une vingtaine d'années avant la seconde guerre messénienne (2) et s'étend jusqu'à la chute de la tyrannie à Athènes. A aucun moment de son histoire la race grecque ne manifesta une activité aussi prodigieuse. Des colonies ioniennes et coriennes se fondent sur tous les rivages connus et portent les germes de la civilisation jusqu'aux coins les plus reculés de l'ancien monde. Les commencements de cette époque de l'art sont désignés par Glaucus comme « second établissement (catastase) de la musique. » Écoutons-le parler lui-même : « lé premier établissement des règles » musicales se fit à Sparte par Terpandre; le second fut l'oeuvre » des maîtres suivants : Thalétas de Gortyne, Xénodame de » Cytère, Xénacrite de Locres, Polymnaste de Colophon et » Sacadas d'Argos (3). » Le berceau de cette Renaissance musicale fut encore Sparte, le centre politique de la race doriënne, comme Delphes en était le centre religieux. Lacédémone avait fait de la musique une de ses institutions nationales, et bien que peu productive elle-même en artistes,—l'État Spartiate n'a donné naissance à aucun poëte-musicien de quelque renom — elle était considérée dans toute la Grèce comme l'arbritre du goût, le dispensateur de la gloire. Tous les grands musiciens de ce temps-là, Thalétas, Tyrtée, Polymnaste, AIcman, allèrent lui demander la consécration de leur talent. Sous son influence s'établirent deux institutions dont l'action sur les progrès de la musique fut des plus considérables : YAgone d'Apollon Carnéen, à Sparte, pour la citharodie; YAgone mythique de Delphes, pour l'aulétique. Les. colonies de l'Italie- méridionale et de la Sicile, Locres, Tarente, Rhégium, Syracuse, Agrigente, suivirent l'impulsion de la métropole doriënne et.devinrent dès lors, ce qu'elles sont restées jusqu'à la fin de l'antiquité, des centres de science et de haute culture musicales.

La création la plus importante de la seconde catastase fut le chant choral accompagné de danse. Limitée jusque-là à la monodie et au solo instrumental, la musique grecque s'enrichit ainsi d'un genre nouveau. C'est à Thalétas, le fondateur légendaire des Gymnopédies,et à ses successeurs immédiats, Xénodame et Xénocrite, que l'on fait remonter les plus anciennes compositions régulières dans le genre chorique. La période de leur activité se place entre 670 et 640 avant J. C. Pendant la seconde guerre messénienne, Tyrtée compose pour la jeunesse Spartiate ses chants patriotiques en rhythme de marche. Vers la fin de cette guerre, le lydien AIcman enseigne à des choeurs de jeunes filles ses gracieuses et naïves Parthénies. Un quart de siècle plus tard, Stési- . chore de Sicile introduit l'élément épique dans la composition chorale ; il fixe les formes définitives de la lyrique doriënne et prélude aux créations grandioses de Pindare.

A côté de l'art austère et grave, consacré au culte d'Apollon, apparaît un second genre choral, de tendantes !'tôùt opposées : le dithyrambe, ^père du drame antique. A son origine, ce n'était qu'un refrain enthousiaste, entonné par le choeur sur une danse en rond ; il faisait partie, selon toute probabilité, des rites orgiastiques du culte de Dionysos. Ce fut à Corinthe, la ville riche et fastueuse où régnait Périandre, qu'un citharède lesbien, Arion,

(1) « La forme de la cithare fut découverte en premier lieu par Képion, disciple de Terpandre. » Ib. (W. § V).

(2) Je me règle ici sur les dates adoptées par CURTIUS, Grieehische G&- schichte (3" éd.), T. I, p. 615-616.

(3) PLUT., de Mus. (Westph,, § VII).


LE MÉNESTREL

163

I disciple d'Alcman, fit exécuter pour la première fois une pareille | coruposition par un choeur régulier (1). A cette phase primitive I de son existence, le dithyrambe est dominé presque exclusive1 ment par l'élément lyrique; toutefois une ancienne tradition nous l apprend qu'Arion y introduisit déjà « le style tragique (2). » De î Corinthe, le dithyrambe passa à Sicyone, où il fut cultivé, dit-on, f au temps de Clystène, par un musicien peu connu, du nom l d'Epigèrre (3). En Attique, où il s'implanta ensuite, nousletrou\ yons déjà transformé. Les péripéties des destinées humaines y l ont fait irruption ; un personnage chargé de les raconter est adjoint au choeur ; c'est la tragédie primitive. Celui qui opéra cette transition fut Thespis d'Icarie, aux temps de Pisistrate.

Une nouvelle variété de la musique instrumentale, la citha■ ristique, apparaît aussi au cours de cette période. Ses premiers progrès se rattachent à un nom assez obscur, celui de Lysandre de Sicyone (4). La citharistique avait déjà atteint un certain degré de perfection vers le milieu du vie siècle, puisque nous la voyons figurer en 558 aux concours pythiques de Delphes (5).

Parmi les genres de musique cultivés dès la période archaïque, les uns se maintiennent dans leur simplicité originaire, d'autres reçoivent un développement plus savant. Le nome citharodique, resté en la possession exclusive des disciples de Terpandre, ne s'écarte pas des traditions du maître. Jusqu'au milieu du vie siècle l'école des Terpandrides n'a point de rivale ; à partir de là, sa décadence devient manifeste (6), et pendant plus d'un demi-siècle les historiens ne mentionnent aucun citharède lesbien. L'aulodie est représentée par Polymnaste, contemporain de Tyrtée (7); l'aulétique par Sacadas (8), le réformateur du nome instrumental, ou, pour nous servir d'une expression moderne, le créateur de la sonate antique. Ces deux personnages sont comptes parmi les maîtres les plus éminents de la musique grecque ; Sacadas se distingua aussi comme aulode et compositeur chorique (9) ; Polymnaste paraît avoir fait de nombreuses découvertes dans le domaine de la technique (10). La chanson profane créée un siècle auparavant par Archiloque, s'élève aux plus hauts sommets de la poésie chez les Éoliens de Lesbos. Cette école, dont la manière originale et individuelle contraste si vivement avec la physionomie impersonnelle de l'art dorien, est immortalisée dans l'histoire par les deux noms contemporains d'Alcée et de Sappho. Ses traditions sont continuées, bien qu'avec infiniment moins de profondeur et de passion, par l'ionien Anacréon. A ne l'envisager qu'au point de vue musical, la chanson éolienne est caractérisée par des rhythmes simples, gracieux et faciles; par l'usage, dans l'accompagnement, d'instruments étrangers plus riches que ceux de l'Hellade. De tous les genres cultivés dans l'antiquité, aucun n'est aussi apparenté à l'esprit et au goût modernes.

Pendant la période dont nous venons d'énumérer les principales classes de productions ainsi que les représentants les plus illustres, l'art antique se développe et s'enrichit de ses procédés ca(1)

ca(1) I, 23.

(2) SUIDAS, au mot AIUON.

(3) 0. MÙLLER, Hist. delà litt.'grecque (trad. de Hillebrand), II, 162.

(4) ATHÉNÉE, XIV, 42.

(5) « Lors de la huitième pythiade il fut décidé que ceux qui joueraient de » la cithare sans accompagner la voix pourraient également prendre part aux » agones. » PAUSANIAS, X, 7.

(6) « On assure que Périclite fut, le dernier citharède d'origine lesbienne " qui remporta le prix aux fêtes carnéennes à Lacédémone. A sa mort finit » chez les Lesbiens la succession non interrompue des citharèdes. Périclite » paraît avoir vécu avant Hipponax » (poëte satirique vers 548 av. J. C). PLUT., de Mus., (Westph., § V).

(7) Une combinaison de deux notices anciennes nous permet de placer Polymnaste entre Thalétas et Alcmàn." D'une part nous lisons dans PAUSANIAS, I, 14": « Polymnaste de Colophon a fait pour les Lacédémoniens des compo» sitions en l'honneur do Thalétas; » d'autre part d'après, PLUTARQUE, de -""s. CWestph., § V) : « Il (Polymnaste) est mentionné par Pindare et par » AIcman. »

(8) Sacadas d'Argos excellent aulôde, fut trois fois vainqueur aux jeux

Pythiques » (en 586, 582, 578 av. J. C). Ib. (W. § VII).

(9) « Sacadas et ses successeurs étaient compositeurs d'élégies. A l'origine, 11 en effet, les aulodes exécutaient des élégies mises en musique. » Ib. Dans une de ses compositions choriques il employa les trois modes principaux (do"en, phrygien, lydien). Ib.

(10) Voir plus bas.

ractéristiques. Le genre chromatique apparaît, dans la citharistique selon toute probabilité (1) ; l'enharmonique reçoit sa forme définitive (2); déjà même il est question de ces délicatesses d'intonation qui joueront plus tard un rôle si considérable dans la technique ancienne (3) Des nouveautés analogues se produisent pour la partie instrumentale. La cithare heptacorde continue à être seule employée dans la musique chorale des Doriens, où règne l'esprit conservateur de Sparte ; mais les artistes ioniens, comme ceux de l'Eolide, plus mobiles, plus ouverts aux influences étrangères, adoptent les instruments poiycordes et polyphones de l'Asie : la pectis, la magadis, etc. A ces diverses innovations se rattachent, sans aucun doute, l'invention de la notation instrumentale, attribuée avec beaucoup de vraisemblance à Polymnaste (4), et les premiers'essais d'une théorie et d'une nomenclature musicales. Enfin, vers la fin de cette période, Pythagore découvre les lois fondamentales de l'acoustique, science qui, entre les mains de ses disciples, fut trop souvent le point de départ d'une foule de rêveries mystiques, et dont l'action à la longue devint fatale aux progrès de l'art.

F.-A. GEVAERTO {A suivre.)

SEMAINE THEATRALE

ET MUSICALE

Deux deuils bien douloureux, — à deux cents lieues de distance, — sont venus profondément affecter le monde 'des théâtres cette semaine.

Pendant qu'une foule d'artistes et d'hommes de lettres conduisait . au Père-Lachaise le si regretté Couderc, toute la colonie parisienne de Pau s'unissait à la population indigène de la ville pour assister aux obsèques de Caroline Duprez-Vandenheuvel. La pauvre jeune grande artiste, absolument condamnée par la Faculté de Paris, était allée demander quelques années de grâce an ciel clément des Pyrénées, et elle y avait trouvé, en effet, un calme relatif. Mais ce mieux ne pouvait-durer, longtemps, hélas! et la maladie de poitrine, dont Caroline Duprez souffrait depuis si longtemps, a emporté la jeune malade au moment où son mari, M. Amédée Vandenheuvel, espérait plus que jamais son complet rétablissement.

Née à Florence en 1832, Caroline Duprez n'avait que cinq ans, dit l'Entracte, quand son père rentra en France pour débuter à l'Opéra. Ce fut l'illustre artiste qui lui donna des leçons et qui fit d'elle la grande cantatrice que nous avons connue et qui devint l'émule de Caroline Miolan. A partir de 1848, elle parcourut avec lui la province et débuta aux Italiens en 1850.

Elle alla ensuite à Londres, puis à Bruxelles, où elle créa l'opéra de Joanita, dont son père avait écrit la musique et son oncle, Edouard Duprez, le poëme. Elle vint au Théâtre-Lyrique se faire entendre dans cet ouvrage et fut bientôt engagée par M. Perrin à l'Opéra-Comique, où elle créa Marco Spada, l'Étoile du Nord, ValenUne d'Aubigny, Jenny Bell. Elle quitta la salle Favart pour entrer à l'Opéra; elle revint au Théâtre-Lyrique en 1858 chanter le rôle de la comtesse dans les Noces de Figaro. Plus tard, elle rentra à l'OpéraComique pour créer le principal rôle dans Fior d'Aliza, opéra de M. Victor Massé.

Caroline Duprez ne possédait pas une grande voix, mais quel accent, quel style et quelle verve ! Elle avait ce feu sacré qui consume en peu d'années les trop frôles organisations. Son nom restera dans l'histoire du chant à côté de celui de son illustre père.

Ne quittons pas la chère regrettée sans reproduire la légende de

(1) « Le genre chromatique a été en usage dans la citharistique dès

» l'origine de celle-ci. » PLUT., de Mus. (Westph., § XIV.)

(2) * Dans le Nomos Orthios, Polymnaste s'est servi de la mélopée en har» moniqùe. » (Ib. W. § VU.)

(3) « On attribue à Polymnaste la découverte de YEclysis et de VEcbole » (intervalles de trois quarts et de cinq quarts de ton). (Ib. W. § XVII.)

(4) WESTPHAL, Metrik, 1, 454.


m

LE MÉiNESTREL

sa naissance, telle que la raconte M. Gustave Lafargue dans le Figaro :

La naissance de Caroline Duprez, dit-il, fut un véritable conte de fées, si charmant par ses détails que nous allons le dire à nos lecteurs.

Une joyeuse et nombreuse société se trouvait réunie une après-midi d'été, sur une de ces terrasses parfumées qui sont un des charmes de la jolie ville de Florence. On venait d'enlever la table sur laquelle on avait dîné et, à sa place, un petit berceau, tout mignon, tout entouré de fleurs, retenait autour de lui les convives.

— Allons, mes amis, dit un homme jeune encore, à la figure expressive et intelligente, et dont les traits respiraient le bonheur, à présent il s'agit de douer ma fille : les arts ne sont-ils pas les enchanteurs du dix-neuvième siècle? Et je vous ai conviés à cet effet.

En entendant ces paroles, une jeune femme se prit à sourire, et, comme la fée Gracieuse, détachant une rose qui ornait son corsage et l'effeuillant sur le berceau :

— Gentille enfant qui entres dans la vie, dit-elle, je te donne la bonté, c'est la première de toutes les vertus, et je prie Dieu de t'accorder de longs jours!... ajouta-t-elle en laissant s'échapper un soupir de son coeur, comme si un pressentiment funeste fût venu lui faire connaître que les siens étaient comptés, hélas !

Cette enchanteresse était Malibran.

— Je veux qu'elle soit jolie comme un ange, fit Mercadante en déposant à son tour une branche de jasmin sur son berceau.

— Et moi je lui commande d'être aimable comme sa mère, dit Bériot en saluant une jeune femme, pâle et souffreteuse qui, couchée sur une chaise longue, assistait à la cérémonie.

— Vous êtes un vrai chevalier français, Bériot, fit l'amphitryon en remerciant l'artiste par un amical regard du compliment qui était adressé à sa jeune compagne. Et vous, Festa, de quoi douez-vous donc ma petite Caroline? ajouta-t-il en s'adressant à un des assistants, qui semblait plongé dans une méditation.

Celui à qui il s'adressait parut chasser sa rêverie avec peine.

— Je veux que la bambine ait de l'esprit et qu'elle en ait beaucoup.

— Et moi, sa marraine, interrompit une jeuue et jolie femme, une véritaMe fée du chant, Caroline Hunger, en élevant une petite baguette de saule sur la tête de l'enfant, et moi je la doue du talent et de la voix mélodieuse de son père.

— Retirez cette parole cruelle, Caroline; reprenez votre prophétie, je vous en conjure! s'écria le jeune père avec un soupir douloureux, car jamais, non jamais, au moins durant ma vie, ma fille, mon enfant aimée, ne sera une arliste, nous payons trop cher les succès qui nous sont octroyés.

Et l'homme qui parlait ainsi était Duprez, notre grand et célèbre artiste qui brillait alors dans toute sa gloire.

Si Couderc n'a pas de légende baptismale, combien, néanmoins, serait intéressante à écrire la biographie artistique de cet artiste si étincolant, si aimé pour ne pas dire adoré du public Favart. Toutes ses créations dans le répertoire de l'Opéra-Comique, ont laissé leur trace lumineuse. Citons celles du Chalet, de l'Éclair, de l'Ambassadrice, du Domino noir, des Diamants de la Couronne, du Songe d'une nuit d'Eté, des Noces de Jeannette, de Quentin Durward, Maître Pathelin, du Voyage autour de ma Chambre, du Docteur Mirobolan, de Lady Melvil, du Mariage extravagant, du capitaine Henriot, du Château-Trompette, du Voyage en Chine, et en dernier lieu, je crois, du rôle de Laërte, de Mignon, rôle dans lequel le chanteur s'effaçait si complètement sous le parfait comédien, et pour cause: Couderc qui n'a jamais eu grande voix dans sa première jeunesse, ne pouvait guère compter sur un succès vocal à la fin de sa carrière, aussi se prit-il de bonne heure à devenir un vrai comédien et à chanter les paroles avec autant d'esprit que de goût. Du goût, il en avait à ce point de.faire croire à une voix qu'il ne possédait pas.

La distinction de Couderc et son caractère si honorable le firent aimer et estimer de tous, au salon comme sur la scène ; au Conservatoire môme sympathie pour l'excellent professeur de déclamation lyrique. Bref, partout il sut se faire des amis; aussi nombreux étaient ceux qui l'ont accompagné à sa dernière demeure.

En tôte du cortège étaient MM. Ambroise Thomas, Emile Perrin, Du Locle et Ritt.

Parmi les assistants, on remarquait MM. Taylor, Camille Doucet, de Saint-Georges, Victor Massé, Arthur de Beauplan, Faure, Carvalho, etc., etc.

Pendant la messe à Sainl-Etienne-du-Mont, Faure, devant lequel s'est spontanémentetmodestement effacé Bouhy, a chanté le Pie Jesu de Niedermeyer ; Thierry, de l'Opéra-Comique, a dit un Miserere composé par M. Steenman, et Nicot YAgnus Dei de Stradella. L'orgue était tenu par M. Auguste Bazille.

Au cimetière du Père-Lachaise, M. Du Locle a prononcé un discours au nom de l'Opéra-Comique. M. Eugène Moreau s'est fait l'organe de l'Association des artistes dramatiques.

M. Altroff, architecte, ex-commandant de la compagnie des raob' lises de la Seine, dans laquelle a servi Couderc pendant le sié»e rappelé en quelques mots le dévouement patriotique du si regretté défunt qui était aussi bon citoyen que grand artiste.

LE REQUIEM DE VERDI.

Le maestro Verdi nous pardonnera de donner place à son Requiem dans notre semaine théâtrale, mais d'une part les obsèques de Caroline Duprez et de Couderc y conduisaient tout naturellement, et de l'autre, ce Requiem est si saisissant, si dramatique.que le théâtre nous paraît devoir être aussi bien son cadre d'origine que l'église même. En effet, à peine né, le Requiem de Verdi est passé de l'église au théâtre, et personne ne s'en est plaint. Le Stabat de Rossini et même sa petite messe solennelle, n'ont-ils fait de même, sinon le contraire. Bref, il est de ces oeuvres sacrées de nature essentiellement dramatique qui parlent aux mondains tout comme aux âmes religieuses, et c'est surtout le cas du Requiem de Verdi. On en peut juger à la foule de fidèles et d'infidèles qui se presse salle Favart à chaque nouvelle audition de ce drame religieux. On'y va chercher des émotions et les interprètes de Verdi vous les prodiguent à pleines voix. L'auteur est là qui les inspire et ce seul contact suffirait à leur assurer la victoire si l'oeuvre. n'était par elle-même hors ligne.

Nous n'avons pas à y revenir, chacun la connaît aujourd'hui aussi bien que nous. Rien à dire de nouveau, non plus, de Mmes Stollz et Waldmann, qui ont dans le gosier l'étincelle électrique du génie de Verdi. Elles y trouvent des contrastes de lumière et d'ombre, des effets de couleur, qui justifient bien le surnom donné à Verdi de «Delacroix de la musique. »

Le succès, que nous avions prédit dimanche dernier au ténor Masini, ne fait que croître et embellir. On en parle tout autant que de Mario autrefois. La basse Medini tient honorablement sa place dans ce quatuor italien de primo cartello.

*

* *

Un beau quatuor d'opéra qui ne le cédera en rien à celui du Requiem de Verdi, c'est celui que nous offrira demain lundi M. Halanzier, dans les Huguenots, le chef-d'oeuvre, des chefs-d'oeuvre lyriques, après Guillaume Tell; d'autres disent même avant.

Ce quatuor, — qui sera un quintette pendant les quelques représentations où il nous est donné de revoir Faure dans le comte de Nevers, — se composera de Mmes Carvalho, Krauss, Villaret, Gailhard, et Faure déjà nommé. Et n'oublions pas Belval dans Marcel, l'un de ses meilleurs rôles. Bref- une distribution digne du nouvel Opéra.

Mais, sans plus de façon, passons de la grande musique à l'opérette, pour parler des deux nouveautés de la semaine aux BouffesParisiens et aux Folies-Dramatiques.

Les BOUFFES-PARISIENS ont donné jeudi dernier leur revue de printemps : les Hannetons. C'est le défilé amusant des principaux événements de l'année, revue leste et pimpante, qui court et qui effleure sans appuyer nulle part. Citons parmi les tableaux les plus réussis: l'Allée des Tuileries, représentée par la gentille Théo, qui chante à cette occasion de très-gracieux couplets écrits pour elle par Offenbach; L'eau de jeunesse Laferrière; Manon Lescaut (toujours Théo), où Dumas fils est légèrement égratigné; la Cage à Didel avec de jolies femmes pour pensionnaires à la place des bêtes féroces (allusion à Mlle Ghinassi) ; une désopilante scène de Verglas; le Nouvel Opéra; la Fille de Roland jouée par des acteurs assis, tant ils sont fatigués des représentations diurnes et supplémentaires dont on les accable, suivant la nouvelle mode; la Dame Blanche à l'Opéra-Comique, c'est-à-dire k Dame Blanche parlée,, sans musique; les Tsiganes avec leurs harmonies sauvages, et par-dessus tout le duo des deux hommes d'armes de Geneviève de Brabant chanté en costume par Peschard et Théo; cela seul suffira à faire courir tout Paris. j

Saupoudrez toutes ces scènes de l'esprit d'Albert Millaud, et de j la musique d'Offenbach, et vous verrez qu'on a passé jeudi dernier ; une soirée agréable aux BOUFFES-PARISIENS.

La valse du Mari à la porte a été pour Mnie Peschard l'occasion d'un : véritable triomphe; quelle artiste et quelle voix pleine et incisive. Théo la blonde, Théo l'amour, n'a qu'à sourire pour conquérir son : public. Daubray fait un excellent compère de revue, bien franc et bien : rond; citons encore Edouard Georges en Mounet-Sully, et Fugère, i dont la bonne voix est un régal pour les oreilles. Quant à Hamburger : il a failli compromettre par un manque de mémoire deux scènes des


LE MÉNESTREL

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lus amusantes. Un mauvais point à ce vétéran du théâtre. En tête

du bataillon de jolies femmes qui forment comme le fond.de toile de

toute cette revue, il faut mettre hors pair la piquante Blanche Méry.

Pour nous résumer, les Hannetons tiendront longtemps l'affiche,

si les grandes chaleurs ne les viennent pas étouffer avant l'heure.

Le même soir, aux FOLIES-DRAMATIQUES, on donnait VAlice de Nevers i'Hervé. N'ayant pu assister à la première représentation, pour cause de Hannetons, nous rendons compte de nos impressions de la seconde

soirée.

Il y a dajis la partition bien des morceaux à citer; c'est peut-être même la plus fournie et la plus riche du compositeur. Signalons au premier acte le choeur d'entrée des courtisans : Charles est malade; un délicieux madrigal, paroles et musique, que la voix d'Hervé fait malheureusement peu valoir, un duo très-scéniquement coupé entre Henri de Navarre et son page, le rondeau de Courbaril, un autre petit duetto et enfin un final très-mouvementé et très-enlevé; au 2eacte la valse-entr'acte qui deviendra populaire ; un trio dans la grande manière, sorte de pastiche de grand opéra, absolument réussi, et une villanelle tout à fait charmante; au troisième acte les couplets désopilants de La Belle Cousine, avec accompagnement de giffl.es, qu'on a fait trisser à M,le Desclauzas, et le duo qui suit entre Mlle Desclauzas, déjà citée, et Mlle Marie Périer,

Comment se fait-il donc qu'avec de pareils éléments le succès ne se soit pas déclaré aussi franc qu'on l'eût désiré ? Le livret luimême, incohérent et• excentrique, mais pas plus que ceux de l'OEil crevé et de Chilpéric, d'illustre mémoire, le livret contient des scènes amusantes et des mots épiques. Mais tout cela nous apparaît comme enveloppé d'un brouillard. Hervé vient de faire un long séjour en Angleterre et nous gagerions volontiers qu'il a composé Alice de Nevers au milieu des brumes dé la Tamise. Il en est resté comme un voile sur l'oeuvre entière. Et malheureusement dans l'opérette tout doit se produire en pleine lumière; on n'entend pas prendre la peine de soulever des voiles. Le maestro lui-même, qui s'est fait le principal interprète de son opéra, n'y apporte-t-il pas un peu trop de flegme britannique ?

A côté de lui, M1Ie Desclauzas s'est taillé un joli succès avec les couplets de « la giffle », qu'elle détaille merveilleusement. Citons encore le ténor Emmanuel, Milher, assez mal partagé, une gentille cantatrice, MUe Marie Périer, et la belle Mlle Raphaël, un page ravissant dont les jambes seules mériteraient cent représentations.

La pièce, est mise en scène avec beaucoup de goût et même de luxe. C'est pour M. Cantin une revanche du Clair de Lune.

H. MORENO.

P. S. Demain lundi, à I'OPÉRA, reprise des Huguenots de Meyerbeer, et à la RENAISSANCE, première de la Reine Indigo, de Johann Strauss. Tout Paris musical sur pied. Le même soir, salle Ventadour, dernière représentation d'une Voce russe au xvr 2 siècle, avec chants et airs de danse nationaux russes. Au premier jour, les deux nouveautés de l'Opéra-Comique : Mojana, de MM. Lègouvé et Paladiihe, Don Mucarade, de MM. Barbier et Boulanger.

SAISON DE LONDRES

3« CORRESPONDANCE

22 Avril.

DÉBUTS DÉ MUe VARESI A DRURY-LANE. RENTRÉE DE L'ALBANI A COVENT-GARDEN.

Pardon ! c'est encore moi. Mais que voulez-vous? Au risque de devenir importun il faut bien que j'écoule ma marchandise. J'ai devant moi un tel stock de débuts, de rentrées, de reprises, que si je ne me mets pas au courant, je vais être débordé. Il pleut des étoiles ici. Il neige des Prime-donne. Oh s'abriter? Liquidons, mes frères, liquidons.

Après la Thalberg de Covent-Garden, ça a été la Varesi de Drury-Lane. Encore un nom illustre celui-là. Vous savez que c'est Pour le fameux baryton Varesi que Verdi a composé le rôle de Rii/oMtto; il n'est pas étonnant que sa fille ait débuté par le rôle de GiUa. Grande voix, non. Jolie femme, non plus ; mais ce que la pure méthode italienne peut produire de plus parfait, de plus sympathique,

sympathique, plus passionné, en dehors des dons naturels, la nouvelle prima dona le possède. En sonime joli suces.

Covent-Garden avait allaqué par Thalberg, Drury-lane a riposté par Varesi ; marquons la première manche.

Au tour de l'Albani maintenant. C'est dans la Sonnambula qu'elle a fait sa rentrée, mardi dernier, et l'on ne parle plus d'autre chose. Arrivée la veille de Venise, il semblait avec un peu d'imagination qu'une brise parfumée de l'Adriatique agitait les flots de cette foule élégante, qui n'attendait que l'apparition de la jeune Amina pour donner cours à son enthousiasme. Le public anglais a une adoration pour l'Albani. L'a-t-on assez acclamée, fêtée, couverte de fleurs ! C'était bien elle, c'était toujours sa voix eh.; mante, sa sûreté de méthode et d'exécution, c'était toujours l'Albani. Aux fatigues d'une tournée en Amérique, la jeune fée du chant n'a rien perdu de ses avantages physiques, au contraire ! Mais comment dire cela au pays du can'il Vous vous souvenez combien la voix d'Albani était fine, délicate, à ses débuts à Paris ; aujourd'hui cette voix est devenue plus puissante. Sans rien perdre de sa grâce ni de sa distinction, elle a acquis des tons plus vigoureux, en un mot elle a pris du corps. Eh bien, l'Albani a fait comme sa voix. Drury-Lane nous annonce M1Ie de Belloca pour samedi prochain, Covent-Garden la Patti pour le 12 de mai. Poveri noi ! Il faudra prendre son parti de tant de richesses.

Savez-vous que vous avez commis une bonne bévue à Paris, je dis vous, c'est-à-dire bon nombre de journaux de là-bas. Et le Ménestrel en est, ma foi! Vous avez pris au sérieux un entrefilet du Figaro anglais annonçant un nouvel opéra à Covent-Garden : Gli Invisibili, chanté par MM. Bettini, Bollis, Tamagno, Cotogni et Mme Sinico, musi ,ue du maestro Fumo. Cela voulait dire que ces artistes ont été engagés, mais que des procès ou des maladies les empêcheront de remplir leurs engagements. D'où les Invisibles. Quant au maestro Fumo, je n'ai pas bien compris. Cela veut dire sans doute qu'il n'y a pas de feu sans fumée. Une autre fois, gardez-vous de la plaisanterie anglaise; rien n'a l'air plus sérieux.

DE RETZ.

P. S. L'arrivée de Christine Nilsson est annoncée pour dimanche, jour, de repos absolument consacré à Londres. Mais dès le lendemain, lundi, au théâtre-royal Drury-Lane, entrée en répétition de la célèbre cantatrice suédoise, qui doit reparaître devant son grand public anglais le 1er mai, par le Talisman, de Balfe.

BOCCHERINI ET LA MUSIQUE EN ESPAGNE ll)

m.

Mozart avait alors quatorze ans ; il voyageait avec son père, et ce voyage était pour lui un incessant triomphe. Cet enfant que l'on voyait exceller à la fois sur le clavecin, l'orgue, le violon, improviser tout ce qu'il jouait, chanter sur toutes paroles proposées impromptu, produire du jour au lendemain pour fournir à des concerts entièrement composés de sa musique, des symphonies, des concertos, des sonates, et mêler à tout cela uu inattendu d'habileté incomparable, cet enfant paraissait aux yeux de tous un prodige. Il avait même à cette époque composé son premier opéra qui avait été porté aux nues; on savait d'ailleurs que pendant la semaine sainte, à Rome, ce compositeur si jeune, un vrai bambin, avait transcrit de mémoire le fameux Miserere d'Aliegri, qu'il était défendu de communiquer, et qu'il avait été nommé membre de l'Académie philharmonique de Bologne, et chevalier de l'ordre de l'Eperon d'Or qui venait d'être conféré à Gluck. Tout cela faisait une légende merveilleuse au jeune Mozart lorsque Mysliwecsek devint son ami.

Mozart fut peu ébloui des avantages qui pouvaient résulter pour lui de ses succès s'il les mesura sur ce qui était arrivé à Mysliwecsek. Ce compositeur qui était le plus généreux des hommes était payé cinquante ou soixante sequins (environ quatre cents frans) par partition. Il en composainnombrablementet eût pu ne pas être pauvre; mais il était généreux, prodigue et malgré sa renommée, son infati(1)

infati(1) reproduction est interdite en dehors des journaux ayant traité avec la Société des gens de lettres.


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LK MENESTREL

gable production, il se traînait de ville en ville, misérable et désespéré, songeant à son moulin déserté où l'on faisait si large chère et où la vie était si plaisamment diversifiée de sport et de travail. Il pouvait y retourner, son frère l'appelait, mais la rage du théâtre tenait notre compositeur. Vers cette époque il fut attiré à Munich mais son opéra n'y fut pas applaudi. Mysliwecsek avouait lui-môme qu'il ne s'était point senti en verve lorsqu'il l'écrivait et qu'il n'était inspiré que sous le ciel d'Italie. Plusieurs artistes ont subi la même impression. "Winkelmann, Thorwaldsen après de longs séjours à Rome n'ont pu s'acclimater de nouveau sous le climat du Nord qui les avait vu naître. Mysliwecsek quitta donc Munich, il revint, après une station à Pavie, à Naples, où un opéra qu'il écrivit sous ce chaud soleil napolitain qu'il adorait, ressuscita pour lui dans toute l'Italie les anciens transports d'admiration. Cet opéra est intitulé : l'Olympiade, l'air Se cerca se dice est un chef d'oeuvre; il eut un succès de vogue qui s'est perpétué dans toute l'Europe méridionale. La cantatrice Gabrielli aimait à le chanter ainsi que tous les airs du compositeur bohème et disait qu'aucun compositeur n'écrivait aussi bien pour sa voix.

Mysliwecsek mourut jeune. Ses dernières années avaient été adoucies par la piété presque filliale d'un dilettante anglais, le jeune anglais Barry qui s'éprit d'admiration pour sa musique et d'affection pour lui; il reçut de lui tout ce qui peut être nécessaire à un homme généreux, serviable et qui ne peut voir aucune souffrance autour de lui ; Barry accompagna le musicien bohème dans tous ses voyages, lui donnant l'amical profit de son opulent tourisme et après sa mort prématurée, il lui fit élever un tombeau en marbre qu'on peut visiter encore aujourd'hui dans l'église. Saint-Laurent in Lucina à Rome. Deux des dix symphonies périodiques que Mysliwecsek a composées ont été gravées à Prague ; on a publié également de lui des concertos, des quatuors.

Tel est le Mysliwecsek qui s'inquiétait des secrets du style de Haydn comme en prenaient souci du reste tous les compositeurs trèsnombreux de musique concertante à cette époque. On conçoit, en effet que préoccupé de la gloire grandissante de Haydn d'ans un genre qui avait si fort éveillé les aspirations musicales de sa jeunesse, Mysliwecsek ait voulu entendre les oeuvres écrites à la même époque ou qui avaient immédiatement suivi ses compositions. C'est ainsi qu'il fut amené à entendre les symphonies de Sammarlini et que d'accord avec Mozart il put dire :

— Le style des premières symphonies d'Haydn a pour origine l'oeuvre concertante de Sammarlini, et, dans l'astre naissant de Haydn, nous pouvons admirer'le reflet du soleil couchant du symphoniste milanais.

MAURICE CRISTAL. (A suivre.)

AUDITION D'UN GBÂID ORGUE CHEZ M. CAVAILLË-COLL.

M. Cavaillé-Goll vient de terminer un grand orgue de concert pour le Palais de l'Industrie d'Amsterdam. C'est là une conquête nouvelle de l'art français. Elle présente, cette fois, d'autant plus d'intérêt que la Hollande, célèbre jadis par les grands instruments de Christian Muller et de ses autres organiers du xvn 0 siècle, était jusqu'à ce jour restée à peu près fermée aux progrès réalisés dans la facture instrumentale depuis bientôt un -demi-siècle. M. Cavaillé-Coll, à qui ces progrès sont dus jiour la plus grande part, va les affirmer à Amsterdam par un instrument d'une remarquable perfection. Si cet orgue n'atteint pas aux dimensions colossales de plusieurs de ceux dont il a doté Paris, ni même à celles du magnifique instrument de Sheffield, il peut sans désavantage paraître à côté d'eux, tant sous le rapport de sa puissance relative que sous celui de la richesse des effets. 11 se distingue surtout par une pureté de timbre, par une délicatesse de sonorité qui lui créent une valeur exceptionnelle.

Ces qualités ont été mises en relief par les deux belles auditions que M. Widor a données ces jours derniers dans les ateliers de M. Cavaillé-Coll.

— La première a eu lieu le samedi 17 de ce mois devant un auditoire d'élite. Plusieurs virtuoses y prêtaient leur concours. M. de Vroye tenait la flûte, M. Marsick le violon, M. Delsart le violoncelle, M. Diémer le piano. Quant au basson, au hautbois, à la clarinette, au quatuor d'instruments à cordes, à la contrebasse, aux trompettes brillantes et fières, on les entendait, on les cherchait des yeux. Et pourtant l'orgue seul ou, pour mieux dire, M. Widor seid avec l'orgue évoquait tour à tour ces absents et semblait même par inst:uiW se complaire à porter un malin déli d'imitation aux voix des vrais instruments qui l'entouraient. Les voix humaines de M. Cavaillé-Coll ont même lutté de charme et de timbre avec celles de Mmo Trélat et de

M. Waldeck dans plusieurs remarquables mélodies de M. Widor, qui n'est pas seulement un grand organiste.

La seconde audition de l'orgue d'Amsterdam a eu lieu, mardi dernier en présence de Mer le comte et Mme la comtesse de Paris. Cette fois le m^-J pianiste Francis Planté, — de passage à Paris pour quelques heures, — sgeon dait M. Widor. Le flûtiste de Vroye prenait également part au .programme de cette seconde séance. Cette fois encore et les artistes et l'orgue ont conquis les suffrages les plus flatteurs et, à l'issue de la séance, les illustres visiteurs ont chaleureusement félicité M. Cavaillé-Coll sur les mérites de son nouveau chef-d'oeuvre Sous sa conduite, ils ont visité l'intérieur de l'orgue, et parcouru les ateliers

A leur arrivée M. Cavaillé-Coll avait eu l'honneur de leur présenter les personnes invitées à l'audition et, en particulier les membres .de la Commission envoyée d'Amsterdam pour la vérification de l'instrument.

NOUVELLES DIVERSES

UHAHlitK

Voici le répertoire du théâtre impérial de l'Opéra de Berlin dans le cou. rant du mois de mars : le Trouvère, Faust de Gounod, Lohengrin, la Dame Blanche, les Huguenots, le Barbier, l'Africaine, l'Enlèvement au Sérail, Don Pasquale, Joseph, le Mariage secret,le Lac des Fées, Robert le Diable, Jessonda de Spohr, A-ing-fo-i de Wuerst (ouvrage nouveau), la Flûte enchantée, Iphigénie en Tauride, Stradella, de Flotow, le Tannhoeuser, Don Juan, Aida et le Freischutz. Total: 22 opéras différents,, sans compter trois ballets: Satanella, Césario, Ellinor.

— Le grand succès des Macchabées, le nouvel opéra de Rubinstein, au théâtre de Berlin est confirmé par tous les journaux allemands. Après la chute du rideau, le compositeur a été salué par une triple fanfare de l'orchestre sassociant spontanément aux acclamations du public.

— L'Opéra impérial de Berlin fermera ses portes lo 13 juin pour les rouvrir le 7 août suivant.

— On s'es^t demandé quelquefois quel est l'auteur de la marche de Rakoczy, mise en oeuvre par Berlioz dans la Damnation de Faust D'après un auteur hongrois, Rakoczy, ce héros de la guerre de l'indépendance magyare, revenant avec ses troupes du champ de bataille de Szib, où il venait d'être vaincu, le 10 novembre 1705, entendit pour la première fois cet air joué par un Tsigane nommé Barna Miska (Michel Barna). Celui-ci donna à sa composition, en l'honneur du général, le nom de Marche de Rakoczy. Un descendant de Barna, surnommé le beau Zinka, la fit connaître en l'exécutant dans tout le pays. Un musicien, l'abbé Vauck, la lui fit jouer et la nota; puis un compositeur, Ruszicka, lui donna une forme tout à fait musicale. C'est alors que, suivant la coutume des musiciens magyares, on commença à y ajouter des variations; il en a été écrit beaucoup, improvisé plus encore, et il s'en improvise chaque jour à la fantaisie des exécutants.

— On lit dans le Gaulois, sous la signature de M. F. Oswald : « Nous avons déjà dit que l'Opéra-Comique se préparait à fermer ses portes le 13 juin prochain, pour ne les rouvrir qu'au 15 août; nous ajoutions qu'il ne serait pas impossible qu'une partie de la troupe de M. Du Locle allât donner pendant ce temps des représentations à Vienne. Nos renseignements se trouvent aujourd'hui confirmés: les journaux de cette ville annoncent la prochaine arrivée dans la capitale de l'Autriche des principaux artistes de l'Opéra-Comique de Paris, qui passeront en revue les pièces de leur répertoire. »

i

— A propos de la fermeture de l'Opéra-Comique et des congés d'été donnes

à ses artistes par M. Du Locle, confirmons la nouvelle, déjà publiée par h Ménestrel, de l'engagement de Mlle Marguerite Cbapuy au théâtre Royal DruryLane de Londres. La charmante prima dona de la salle Favart fera sa première apparition le 15 juin par la Traviata. MUe Chapuy doit ensuite chanter Rosina d'il Barbiere et intercaler dans sa leçon de chant YAragonaise qu'on lui bisse à l'Opéra-Comique dans le Domino Noir.

— M. Emile Mendel de Paris-Journal se joint à M. V. Joncières de la Liberté et à M. Oswald du Gaulois pour appeler une immédiate révision des droits d'auteurs français en Belgique, où tout notre répertoire défraie les théâtres absolument comme en France. Il est vraiment cruel pour les auteurs français de voir encaisser à Bruxelles plus de cent mille francs avec les seules représentations de MUe Nilsson dans des opéras français et de n'être admis à toucher que moins de cent francs de droit. Cela est tellement anormal que le gouvernement belge ne peut vraiment se refuser à réviser de concert avec le gouvernement français l'article de la convention internationale qui établit un pareil tarif. Les auteurs belges y sont d'ailleurs les premiers intéressés; car, ayant à faire valoir près des directeurs des droits infiniment plus élevés comme nationaux, il en résulte que les théâtres belges leur restent fermes. Aussi ont-ils des premiers demandé l'élévation des droits d'auteurs français.


LE MENESTREL

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^ Le théâtre Politeâma de Naples promet à ses habitués la primeur de iatre ouvrages nouveaux: la Fata de Miceli, Lida Candiano de Cristoforo, Téoira de Meola'et le Rivoli senzà amanti, bouffonnerie qui aura ceci de par"- ticulier qu'elle sera jouée par une troupe toute féminine.

_ Au théâtre del Circo de Barcelone, une nouvelle zarzuela (opérette ou opéra comique) a été reçue favorablement par nos belliqueux voisins. Titre : ilPossso délia verità, musique du maestro Manent.

- • PARIS ET DÉPARTEMENTS

Dans sa séance d'hier samedi, l'Académie des Beaux-Arts de France a nommé le grand compositeur russe Rubinstein membre correspondant.

_-Orphéon de la Ville de Paris. — Dimanche dernier a eu lieu, au cirque d'été sous la présidence de M. le Préfet de la Seine, la grande séance annuelle de l'Orphéon. La vaste enceinte du cirque était littéralement comble. Au nom-

nom- des personnes qui entouraient M. le Préfet, on remarquait M. Gréard, directeur de l'enseignement primaire, M. le marquis de Chennevières, directeur des Beaux-Arts et un grand nombre de conseillers municipaux et de fonctionnaires de toutes les administrations. M. François Bazin, directeur général de l'enseignement du chant dans les écoles communales, dirigeait l'exécution de "cette fête musicale. Onze^ents chanteurs, composés déjeunes filles, de jeunes garçons et d'adultes formaient une imposante masse vocale, qui, sans le secours d'aucun instrument, a rendu avec Une justesse parfaite et avec les nuances les plus

- délicates, des oeuvres de Beethoven, de Weber et de Mendelssohn. Le public a paru s'intéresser beaucoup à cette solennité scolaire. Il a vivement applaudi, particulièrement, une symphonie vocale de M. François Bazin et un choeur de Gille et Gillolin, de M. Amb.roise Thomas. La Rosée, choeur à trois voix égales, de M. Jules Minard, professeur de l'orphéon, et la ravissante composition de Rameau, les Fêtes d'Hébé, ont aussi obtenu beaucoup de succès. Les adultes se sont également fait applaudir dans le choeur d'Euryanthe et dans celui de Noble France. L'enseignement du" chant dans nos écoles communales est en grand progrès. La belle séance de dimanche dernier en est la preuve.

— C'est aujourd'hui dimanche, à deux heures, qu'a lieu au Conservatoire, sous la présidence de M. Ambroise Thomas, l'intéressant exercice des élèves du Conservatoire dont nous avons donné le programme dimanche dernier. M. Delrlevez, rétabli de son indisposition, dirigera l'exécution.

— Les triomphes de Christine Nilsson à Bruxelles ne pouvaient manquer d'avoir leur écho à Lille. Aussi les Lillois ont-ils sollicité et obtenu, au passage une représentation de la célèbre cantatrice. Le Progrès du Nord consacre un long article des plus élogieux à cette représentation de gala, et termine aiesi-:-«foilà-plus qu'il n'en faut-pour justifier -les -manifestations, les bouquets, les ovations lilloises. On a rappelé Mme Nilsson après chaque acte,

- on l'a acclamée après la plupart des morceaux, et toujours et encore des bravos! Bref, nos concitoyens, d'ordinaire si réservés, étaient plus enthousiastes que les spectateurs les plus enthousiastes des théâtres du Midi. »

— Christine Nilsson, après 48 heures de séjour à Paris, s'est dirigée sur Londres où elle était attendue pour répéter au théâtre royal Drury-Lane, dès demain lundi.

C — Antoine Rubinstein est arrivé cette semaine à Paris pour présider aux

- répétitions de la Tour de Babel. Cette oeuvre importante sera exécutée deux , fois seulement sous la direction de M. J. Danbé et avec le concours de la " Société chorale Chevé. Les deux solistes sont M. Coppel et M. Ponsard de l'Opéra.

— La conférence des avocats, dit l'Entr'acte, a résolu dans sa séance de samedi dernier une question sur laquelle la Cour d'appel avait déjà statué l'année dernière. Il s'agissait de savoir si un librettiste a le droit de faire repré-

repré- un opéra dont il a écrit le poëme, sans l'aveu ou malgré la résistance du musicien qui en a composé la musique. On sait que cette question a été discutée à fond, à propos du procès intenté par M. Th. Sauvage à M. Ambroise Thomas, refusant d'autoriser la représentation de Gille et Gillotin. La Cour donna raison au librettiste. La conférence s'est prononcée dans le même sens.

; Ma un nouvel avertissement donné aux compositeurs qui vont se trouver dans l'obligation désormais de signer un traité préalable avec leurs librettistes, afin de ne pouvoir être contraints à laisser interpréter leurs .partitions dans de mauvaises conditions. Pour eux,-n'est-ce pas avant tout une question d'art?

—Un bon exemple à suivre,Messieurs les directeurs et architectes des théâtres!

- Le Figaro annonce que « parmi les heureux aménagements introduits dans l'élégante salle du Théâtre-Lyrique-Dramatique, il en est un surtout qui est dû à l'initiative de M. Davioud, architecte de la Ville de Paris et créateur de cette charmante scène : nous voulons parler de la coupole mobile qui permettra d'aérer à volonté la salle pendant les jours de chaleurs, et évitera ainsi au public la température désagréable dont il souffre l'été dans les autres théâtres. Cette coupole-là, ajoute M. Jules Prével, pourrait bien valoir cinquante repré-

repré- de plus à la Voleuse d'enfants.

— La musique militaire en plein air devient une des grandes attractions des étrangers à Paris; aussi M. le commandant de place, général Geslin, vient-il de signer l'ordre qui fixe les jours, heures et endroits de ces concerts militaires, chaque semaine.

Le Mardi. —Tuileries: garde républicaine. — Palais-Royal: infanterie. —

- Luxembourg: infanterie.

Le Mercredi. — Tuileries : infanterie. — Palais-Royal : infanterie.

Le Jeudi. — Tuileries : infanterie. — Palais-Royal : garde républicaine. — Luxembourg: infanterie. — Square Parmentier: infanterie. — Place des Vosges : infanterie. — Ranelagh : infanterie.

Le Samedi. — Tuileries: infanterie. — Palais-Royal: infanterie.

Le Dimanche. — Tuileries : infanterie. — Palais-Royal : infanterie. — Luxembourg: infanterie. — Square Parmentier : infanterie. — Place des Vosges : infanterie. — Ranelagh : infanterie.

Le lundi et le vendredi il n'y aura aucun concert.

Les musiques des régiments de ligne alterneront.

— M. et M™ Alfred Jaëll ont donné mercredi dernier un fort beau concert à la salle Érard, comme ils ont coutume de le faire chaque année. A part le trio en fa de Schumann, qui ouvrait la séance, et qui a été remarquablement rendu par MM. Armingaud, Jacquard et Jaëll, les deux bénéficiaires ont occupé à eux seuls toute la soirée avec les seules ressources du piano : la variété des morceaux choisis suppléait à tout. Mme Marie Jaëll qui joint à son remarquable talent une mémoire prodigieuse, a joué successivement avec une puissance et une expression peu communes la dernière sonate de Beethoven, dédiée à l'archiduc Rodolphe, un nocturne de Chopin, un charmant capriccio de Mendelssohn; enfin, elle a fait entendre pour la première fois à Paris la deuxième série des variations composées par Brahms, sur un thème de Paganini. M. Jaëll, qui s'était modestement effacé devant sa femme, au point de ne pas jouer de morceau solo, a exécuté avec elle deux brillantes compositions pour deux pianos: d'abord, les jolies variations de M. Saint-Saëns, sur un thème de Beethoven, puis un allegro vivace, de M. Rubinstein, qui assistait à cette séance et qui n'était pas des derniers à ap. plaudir.

— Le concert annuel du pianiste-compositeur Delahaye a eu lieu mardi 20 avril à la salle Érard. On sait que d'ordinaire le concert de Delahaye est un des plus brillants de la saison. Cette année encore, il n'a pas menti à sa réputation. M1Ies Ar. naud, de l'Opéra, Mme Céline Chaumont et la jolie Mme With, MM. Valdec, Delsart et Maton prêtaient leur concours au sympathique bénéficiaire. M. Valdeic s'est fait applaudir dans le Message, de Faure, et une mélodie de Schubert, qu'il a chantés avec un style très-pur et une très-expressive voix. M. Delsart a délicieusement interprété sur son violoncelle le Crépuscule, une ravissante mélodie de Delahaye. MUe Arnaud, dans la valse de Mireille et la romance de GuillaumeTell, a littéralement charmé la salle, et Mme With est parvenue dans une fantaisie d'Alard son professeur, à imposer son talent aux plus fanatiques admirateurs de sa beauté. Les honneurs de la soirée ont été peur Delahaye, qui a fait entendre avec l'autorité d'un maître deux pièces de Bach, et plusieurs autres de sa composition, parmi lesquelles sa Flirtation-valse, son succès de cet hiver. La soirée s'est terminée par une véritable ovation faite à Mme Céline Chaumont, qui a dit, comme seule elle sait dire : Pourquoi plus de chansons? une petite scène, une vraie perle de grâce d'esprit et de sentiment.

.— MUe Valentine Touron, jeune pianiste sur laquelle on peut fonder de sérieuses espérances, vient de faire son second début en public, dans un concert qu'elle a donné récemment à la salle Philippe Herz, avec le concours de MM. Hammer, Tolbecque, Dusautoy, Des Roseaux, etc. On a pu apprécier dans les morceaux de divers genres qu'elle a exécutés, dans ceux de Weber et de Chopin, notamment, mais aussi dans ceux destinés à faire valoir la virtuosité seule, de grandes qualités de mécanisme et une juste connaissance des ressources du piano : avantages précieux qui ne pourront que se développer avec l'âge, en même temps que le goût s'épurera et que le style encore indécis se formera. Prenons donc dès maintenant bonne note de cette jeune artiste, destinée à conquérir un rang honorable parmi ses "rivales sur le clavier.

— Le concert de charité qui a eu lieu samedi 18, à la salle Erard, a été un des plus brillants de la saison. Le programme avait réuni un grand nombre d'artistes aimés du public parisien, témoin MMmes L'héritier, Marie Tayau, Richault, MM. Coquelin, Archainbaud, Gary, Desroseaux, Une toute jeune fille, que nous entendions pour la première fois, Mlle Lavallois, a eu aussi sa part dans les bravos. Pour les artistes qui ont prêté si généreusement leur concours; c'est une bonne oeuvre de plus à enregistrer ainsi qu'un véritable succès.

— Il n'y a pas que Paris, en France, qui ouvre des concours d'opéra. Nos villes départementales veulent aussi produire leurs compositeurs et l'on ne peut qu'applaudir à l'ensemble des efforts tentés en faveur de notre art lyrique national. Voici ce que nous lisons dans le Petit Marseillais, au sujet du concours d'opéra ouvert à Marseille :

« Avant-hier samedi, à trois heures, dans le local de notre conservatoire, s'est réunie la commission spéciale instituée par M. le maire pour procéder au choix de l'opéra inédit et composé par un autenr de notre région du Midi, qui devra être exécuté sur notre Grand-Théâtre en conformité du cahier des charges delà subvention théâtrale. Cette commission tenait sa troisième séance, sous la présidence de M. Camille Roussier, membre de la commission municipale et délégué par M. le maire ; elle a commencé l'audition des oeuvres présentées. M. Protti, auteur d'un opéra comique en un acte, le Trésor de Janot, a fait exécuter sa partition devant la commission par les mêmes interprètes qui l'avaient déjà fait entendre cet hiver dans les salons de M. le général Espivent delà Villeboisnet: M. Geydan, ténor léger, M. Pons, baryton, M. Mannarin, laruette, et MUe Trichon, remplissant un rôle de Dugazon. L'exécution a été très-satisfaisante, et le président a remercié ces aimables interprètes du concours qu'ils avaient si obligeamment prêté à l'auteur. Le jury a décidé de surseoir à toute décision et toute appréciation de cet ouvrage, jusqu'à ce que les deux autres opéras présentés aient été entendus, l'un en quatre actes, l'âu-


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LE MÉNESTREL

tre en deux actes. C'est une lourde besogne imposée à cette commission; mais les personnes qui la composent apporteront tout le dévouement et la patience nécessaires à l'accomplissement de ce mandat artistique. »

— Voici quelques détails publiés dans les journaux sur les fêtes qui se préparent à Rouen pour célébrer la mémoire de Boieldieu :

« Après avoir décidé qu'il y aurait trois jours de fêtes: 1° un concours de sociétés chorales, 2° unspectacle,3°ùn festival où ne seront exécutées que des oeuvres de. Boieldieu, la commission d'organisation s'est occupée de la composition du programme de chaque journée. Le spectacle qui doit avoir lieu le second jour se composera du' Nouveau Seigneur, du second acte de la Dame blanche, et d'un acte des Deux Nuits. On sera peut-être surpris de voir figurer sur le programme les Deux Nuits, ouvrage qui n'obtint à Paris qu'un demi-succès, mais l'étonnement cessera lorsqu'on saura que cet opéra, le dernier qu'il ait composé, a été dédié par Boieldieu à la ville de Rouen. Dans le Nouveau Seigneur c'est M. Barré, de l'Opéra-Comique, qui jouera le principal rôle. Le second acte de la Dame blanche sera chanté par M. Léon Achard et Mme Brunet-Lafleur. On assure que dans le festival du troisième jour on entendra M. Poultier, le chanteur tonnelier'dont la délicieuse voix obtint un si vif succès à Paris, il y a une trentaine d'années. »

— On nous écrit du Havre : « Le mouvement musical prend au Havre des proportions sérieuses, grâce au zèle des amateurs et des artistes. Après les concerts de la Société Sainte-Cécile et les concerts de la Lyre havraise où des

"morceaux de la plus grande valeur artistique ont été exécutés d'une façon remarquable, nous avons eu, mardi soir, un charmant concert, moitié musique religieuse, moitié musique dramatique et de chambre, dans la grande salle du patronage Saint-Thomas-d'Aquin, salle excellente pour la musique. L'exécution

-a été excellente. Les choeurs ont été très-habilement dirigés par M. F. Gaudibert, organisateur du concert.

— Nous lisons dans le Moniteur du Calvados :

« La quatrième soirée musicale de la Société des Beaux-Arts a offert un intérêt tout spécial, à cause de la présence au programme du quatuor couronné par la Société, et dont l'auteur est, comme nous l'avons annoncé, M. Alexandre Luigini, fils de l'excellent chef d'orchestre du Grand-Théâtre de Lyon. Placée entre le quatuor en fa de Beethoven et le quintette en si bémol de Weber, cette oeuvre n'a pas Souffert d'un voisinage aussi redoutable, et l'accueil que lui a fait l'auditoire ;a sanctionné la décision favorable prise à son égard par les juges du concours. »

Sous le titre de la Comédie à la Cour de Louis XVI, le théâtre de la reine à Trianon, M. Adolphe Jullien vient de faire paraître en brochure (chez Baur) un travail important, publié d'abord à la Revue de France et qui forme "pendant à son Histoire du théâtre de Mmo de Pompadour. Ce sujet, bien qu'exploré déjà, était encore tout nouveau; car, si l'on rencontrait nombre de légers aperçus, tous copiés l'un sur l'autre, du moins n'existait-il pas d'annales complètes et précises du théâtre de Trianon. Les écrivains mêmes que ce sujet aurait pu tenter, comme M. de Lescure ou les frères de Goncourt, n'avaient guère fait que l'esquisser d'un trait rapide. M. Ad. Jullien a donc entrepris de retracer l'histoire de ce théâtre avec tous les développements qu'elle mérite, de façon à restituer à ces spectacles intimes leur véritable physionomie politique et artistique, comme il avait déjà fait pour la troupe particulière de Mm 0 de Pompadour. Pour reconstituer de la façon la plus complète les annales du théâtre de la reine, qui était, comme celui de la favorite, organisé à l'exemple des grands spectacles de la capitale, l'auteur ne s'est pas contenté de dépouiller tous les mémoires et écrits du temps, il a aussi largement puisé dans la correspondance secrète du comte de Mercy-Argenteau avec Marie-Thérèse, publiée tout dernièrement par MM. d'Arneth et Geffroy, et aussi dans les papiers autographes des Menus-Plaisirs, conservés aux Archives de l'État, qui permettent de connaître la dépense de ces spectacles et leur organisation détaillée. C'est ainsi qu'on y voit la reine présidant elle-même à la confection d'un décor, faisant office de décorateur et de machiniste en chef, surveillant en personne toutes les parties de la représentation, gardant sur ses plaisirs un gouvernement absolu et se montrant très-jalouse de cette

autorité, qu'elle exerçait d'ailleurs avec une douceur affectueuse. La premf représentation eut lieu le 1er août 1780 avec la Gageure imprévue et le M »n Fermier, et la dernière, le 19 août 1785, avec la comédie le Barbier de Sévill La troupe royale ne comptait guère qu'une quinzaine d'artistes : la re; ' d'abord, puis. Mme Elisabeth, la comtesse Diane de. Polignac, la duchesse d Guiche, le comte d'Artois, le comte d'Adhémar, le comte de Vaudreuil le d de Guiche, M. de Crussol, le comte Esterhazy, etc., qui jouaient à volonté l'opéra comique et la comédie, en choisissant de préférence des pièces asse faciles —vingt-cinq au plus; — l'orchestre était très-restreint pour ne m couvrir la petite voix des chanteurs, et il n'y avait pas de choeurs. A ceux qui lui reprochaient son dédain .de l'étiquette et ses goûts dramatiques, la reine répondait en riant par cette parole dé Mme de Maintenon : Je suis sur un théâtre, il faut bien qu'on me siffle ou qu'on m'applaudisse. Et il paraît oue sans se permettre de la siffler, le public peu indulgent ne se gênait pas pour critiquer la femme et la reine sous la comédienne.

CONCERTS ET SOIRÉES

M. Jacques Franco-Mendès, violoncelle-solo du roi des Pays-Bas, donnera mardi 11 mai, une soirée de musique instrumentale dans les salons de M. et de Mme Comettant, à l'Institut musical, 64, rue Neuve-des-Petits-Champs Il y fera entendre plusieurs de ses compositions, entre autres un otetto pour quatre violons, deux altos et deux violoncelles. MMmes Massart et Richaut et MM. Taudou, Desjardins, Lefort et Rabaud lui prêteront leur concours.

— Mardi soir, 27 avril, salle Erard, concert de Mn° Alice Lorbe, pianiste qui fera entendre diverses compositions de Weber, Schumann, Mendelssohn' Chopin, Alkan, Saint-Heller, Delaborde et Saint-Saëns.

— Mardi 27 avril, salle Erard, à 3 heures précises, concert donné par M. A. Rendano.

— Le concert de M. Charles Dancla, qui devait avoir lieu à la salle Pleyel le 25 avril, est remis au dimanche 9 mai, à 2 heures. {

Dimanche prochain à l'issue des vêpres, un 0 Salutaris et un Ave Maria de Georges de Momigny seront chantés à l'Église de la Trinité. M. Garcin violoniste de l'Opéra, accompagnera ces deux morceaux dont on nous a dit d'avance le plus grand bien.

J.-L. HEUGEL, directeur-gérant.

En vente Au Ménestrel, 2 bis, rue Vivienne.

BALS ET CONCERTS DE LONDRES

RÉPERTOIRE POPULAIRE DE G, JERVIS RUBINI

1. Les Filles d'Albion (The Daugthers

of Albion), valse.

2. lima (Hungarian polka), polka hongroise.

hongroise.

3. Le Prestige (The Prestige), valse. k. Au: revoir (Farewell), polka.

5. Bonne nuit (Good night), valse.

6. Au clair de la lune (By moon light),

mazurka.

CHAQUE VALSE, 6 FR.

.7. Les Charmilles (Alley of roses), * valse. t

8. M'aimez-vous ? (Do you love me?), '"

polka. (A

9. Les Ombrages d'Hyde-Park (The 6

shadows), valse. \

10. Polka des Grelots (The Pells Polka), ;;

polka. |

11. Sorrente (Sorrente), valse. ,.

12. Au printemps (Spring), valse. ^

CHAQUE POLKA, 4 FR. 50 C j

IMPÏïnttfltlE CF.NTttWE »ES CHEHÏNS DE FKR. — ,Y. CHA.IX KT C'e, RUE BEBGKRE, 20, A PARfS.