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Titre : Le Ménestrel : journal de musique

Éditeur : Heugel (Paris)

Date d'édition : 1875-04-18

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 44462

Description : 18 avril 1875

Description : 1875/04/18 (A41,N20)-1875/04/24.

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5615207v

Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 01/12/2010

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LE MÉNESTREL

tous, attendait de tous avec confiance la justice due à ses qualités personnelles comme à ses actes.

,; Cette justice, nous la lui rendrons; cette place qu'il s'est faite si petite à lui-même, c'est à nous, Messieurs, de la lui restituer, dans celte douloureuse circonstance, telle qu'elle doit être, c'est-à-dire large et belle.

Oui, de juillet 1SS6 à décembre 1862, le passage d'Alphonse Royer à l'Opéra fut une période brillante. r C'est alors, en effet, que furent successivement montés les ouvrages suivants :

Le Trouvère, Marco Spada, le Cheval de Bronze, la Magicienne, Sacountala, Herculanum, Pierre de Médicis, le Papillon, Tannhoeuser, et la Beine de Saba. ■

Ces partitions, vous le savez,.Messieurs, malgré leur mérite réel, eurent des fortunes diverses ; mais qu'elles aient obtenu les unes ou les autres plus ou moins de succès, il n'en reste pas moins acquis qu'Alphonse Royer eut le talent d'attirer à lui, comme créateurs et comme interprètes, les individualités artistiques les plus élevées de son temps. Que peut-on demander de plus?.

Alphonse Royer, avant d'arriver à la direction de l'Opéra, avait brillamment prouvé, comme auteur de livrets, ses aptitudes spéciales. Il avait écrit les poëmes de Lucie, la Favorite, Othello, Jérusalem, Bobert Bruce, et comme dans toute chose dans laquelle il s'est essayé, il avait rencontré le succès, grâce à l'étendue de ses connaissances qui doublait la valeur de son esprit facile, allègre, à la hauteur de toutes les tâches.

Son administration a laissé à l'Opéra les meilleurs souvenirs; son honorabilité parfaite n'avait d'égale que son exquise bonté.

Yoilà pourquoi sa mémoire vivra parmi nous, voilà pourquoi son souvenir sera toujours cher à l'Opéra, pourquoi enfin, Messieurs, vous tous qui m'entourez, vous vous associez.à mes paroles, à mes regrets, à mes larmes !

Après ce dernier adieu à l'ancien directeur de l'Opéra par le titulaire actuel, M. Halanzier, suivi de son personnel, a quitté le PèreLachaise pour reprendre immédiatement le chemin du nouvel Opéra où se poursuivent quotidiennement les études des Huguenots. Dans la vie théâtrale, pas un jour, pas une heure de répit. Il faut toujours songer non-seulement à l'heure présente, mais surtout à celle du lendemain. La- moindre grippe peut priver ffamlet de Mme Carvalho, de Faure, — donc il faut répéter les Huguenots tout comme on ferait à la veille même de la reprise du chef-d'oeuvre de Meyerbeer.

Et à propos de cette reprise, en voici la belle distribution :

Valentine, Mme Krauss;— Marguerite, Mme Carvalho; — Urbain, M»°Daram;— Raoul, M. Villaret; —Marcel, M. Belval ; — SaintBris, M. Gailhard; — Comte de Nevers, M... J. Faure.

Comme on le voit, notre grand Opéra se remet de son provisoire. Voilà un définitif qui ne manque d'éclat ni de grandeur sans compter la splendide mise en scène réservée aux Huguenots.

Les recettes d'Hamlet dépassent toutes les prévisions. On touche 19,000 francs, quand on ne dépasse pas ce chiffre les jours d'abonne■ïnent. Hier samedi, représentation extraordinaire, la location annonçait 21,000 francs et plus.

■ L'interprétation de cette grande oeuvre suit l'échelle toujours croissante des recettes. Mrae Carvalho s'y montre de,plus.en plus remarquable et Faure y atteint les sommets les plus élevés de l'art dramatique! M,no Gueymard a pu ressaisir son rôle de la Reine Gertrude, mais Gailhard est toujours empêché. M. Ponsard, qui lui avait succédé, a dû lui-même abdiquer le sceptre du roi Glau.dius, -et c'est Belval, le créateur du rôle, qui a dû le reprendre à l'improviste, pour tirer d'embarras l'administration. Après l'épidémie vocale des ténors est venue celle des basses.

Mais à propos de basse, disons quelques mots du nouveau cardinal de la Juive, M. Boudouresque de Marseille, un nom peu harmonieux,, qu'il faudra italianiser. Donc, M. Boudouri nous, paraît être vdoué d'une bonne voix de basse malheureusement peu profonde. Beaucoup d'éclat dans le médium et une bonne qualité de son. On ■s'est montré bien disposé pour le débutant, qui va puiser dans ce bienveillant accueil une grande ardeur du travail, n'en doutons pas.

Des débuts autrement importants seront ceux de MIle de Reschi, une cantatrice polonaise italianisée, dont on pense le plus grand bien au-delà des Alpes. C'est en courant après un ténor insaisissable, que M. Halanzier a mis la main sur cette fauvette de haut style et de fort belle voix, dit-on. Arrivée à Paris depuis quelques jours seulement, M 110 de Reschi se prépare à la scène française. ,

Par contre, Mlle Belval quitte l'Opéra pour franchir les Alpes, se sentant absolument portée vers la carrière italienne. C'est une irrésistible vocation, parait-il. Bonne chance à l'infidèle. .

', A l'Opéra-Comique, hier samedi, répétition générale dû Requieni de Verdi, en présence de la Presse et du monde artiste. ~ ' -' -

Regain de succès pour [cette belle oeuvre ; chaleureuse réception ^

faite al'auteur et à ses interprètes, révélation d'un ténor qui a charnu 1

tous les assistants. L'oiseau rare en question, qui répond au nom de 1

Masini, sera célèbre demain à Paris, tout inconnu qu'il fût hier I

M. Masini était, engagé au théâtre Apollo avec Mmes -Stoltz et "Waed- 1

mann, l'hiver dernier. Souhaitons que M. Strakosch nous offre ce 1

remarquable trio salle Ventadour l'hiver prochain ; nous le souhaitons •

d'autant plus que le Requiem de Verdi nous serait ainsi rendu pen- :

dant la semainesainte de l'année 1876. |

ù

Demain lundi après-midi, première audition solennelle de l'oeuvre *

de Verdi, et sous sa direction. La seconde audition serait fixée à ;

mercredi, dans le jour aussi. Puis viendront les soirées réservées an i

Requiem. Le bureau de location, salle Favart, est envahi tout comme 1

au nouvel Opéra. g

Le Requiem de Verdi n'empêche pas de pousser très-activement les ^

deux actes de M. Paladilhe et celui de M. Boulanger. Au premier ^

jour, éclosion printanière de ces deux nouveautés. j.

La: semaine dans laquelle nous entrons doit saluer aussi la Rein Indigo, personnifiée par Alphonsine, devenue l'Alboni de la RENAISSANCE. C'est MUe Zulma Bouffar qui sera la Patti delà partition de Johann Strauss; Puget en est le Capoul, Daniel le Faure et l'Eunuque Vauthier, la basse profonde! Comme on le voit, on peut s'at-' tendre à une surprise musicale.

Les BOUFFES-PARISIENS annoncent aussi l'apparition des Hannetons pour cette semaine, — avec force surprises et musique endiablée d'Offenbach.

Dans la sphère littéraire, I'ODÉON et le. GYMNASE nous ont donné leurs deux nouveautés.

Au Gymnase, la première représentation du Comte Kostia, pièce tirée par M. Raymond Deslandes du roman si connu de Victor Cherbuliez, a été bien accueillie. Et cependant mettre à la scène ce roman,.qui vaut plus par l'étude approfondie de caractères étranges que par son action même, était une besogne délicate. Il a fallu ne s'en tenir qu'aux grandes lignes et négliger tous ces petits détails, ces développements intéressants, cette gradation dans les sentiments et les passions qui, en somme, expliquaient l'oeuvre de M. Cherbuliez et en faisaient le charme presque exclusif.

Nous ne savons quel sort attend au théâtre le Comte Kostia; en tous cas, c'est une tentative honorable qui aura eu du moins l'avantage de ramener l'attention sur un beau roman et sur un auteur d'une solide valeur.

Le personnage de Stéphane convenait on ne peut mieux au talent heurté de Mlle Tallandiera, elle en a tiré un bon parti, surtout dans la première moitié du rôle ; la sauvagerie et la hautaine fierté du jeune garçon vont mieux à l'artiste que la tendresse et l'amour de la jeune fille.

L'excellent Pradeau, Pujol, toujours un peu raide, Landrol et Villeray complètent un ensemble comme on est habitué à en trouver au Gymnase, sous la haute direction de M. Montigny. La pièce est bien mise en scène et les costumes sont fort riches et fort exacts.

A I'ODÉON, le Drame sous Philippe II a été fastueusement monté, et s'il est vrai que l'auteur, M. de Porto-Riche, soit fils de millionnaire et millionnaire lui-même, il aura prouvé à nouveau que la fortune ne nuit pas toujours au talent et qu'il n'est aucun besoin de mourir de faim pour faire de beaux vers et trouver des situations empoignantes. Ce drame se fait, en effet, moins remarquer par la nouveauté du sujet que par la facilité et la puissance poétique et surtout par l'énergie et l'imprévu des péripéties- terribles qui se succèdent, notamment au quatrième acte.

La direction de l'Odéon a confié les principaux rôles de son Drame sous Philippe II à ses meilleurs artistes, à M^e Rousseil, à MM. GilNaza, Masset, Talien; de plus enfin, elle a fait composer par M. Mas« senet l'air de danse et le chant de mort, qui se font entendre dans le lointain durant le premier et le dernier acte.

Le musicien a simplement pris pour motif de la sarabande jouée au premier acte un vieux motif espagnol du seizième siècle, et il a bâti le miserere final sur le chant funèbre même que les moines espagnols chantaient aux lugubres solennités du saint-office: l'effet de.ces deux morceaux est saisissant, surtout celui du premier, en raison du contraste qu'offre cet air de danse avec les sentiments violents qui agitent les personnages en scène.

■ H, MORENO.