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Titre : Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon

Auteur : Académie des sciences, arts et belles-lettres (Dijon). Auteur du texte

Éditeur : Imprimerie de Frantin (Dijon)

Éditeur : Académie de DijonAcadémie de Dijon (Dijon)

Date d'édition : 1934

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34387411j

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34387411j/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 1934

Description : 1934.

Description : Collection numérique : Fonds régional : Bourgogne

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5613916m

Source : Académie des Sciences Arts et Lettres de Dijon

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 01/12/2010

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MÉMOIRES

DE

L'ACADÉMIE

DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES DE DIJON

ANNÉE 1934

DIJON

IMPRIMERIE BERNIGAUD & PRIVÂT

15, Rue Bossuet, 15

1935





MEMOIRES

DE

L'ACADÉMIE

-DES SCIENCES, AKTS ET BELLES-LETTRES DE DIJON



MÉMOIRES

DE

L'ACADÉMIE

DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES ■ DE DiJON

ANNEE 1934

DIJ O N

IMPRIMERIE BERNIGAUD & PRIVÂT

15, Rue Bossuet, 15

1935



I

Extrait des Procès-Verbaux des Séances

Liste Académique

Liste des Sociétés et Instituts Scientifiques correspondant avec l'Académie

Notes Météorologiques et Astronomiques



EXTRAIT

DES

PROCES-VERBAUX

DES SÉANCES

Séance du 7 janvier 1934

PRÉSIDENCE DE M. OURSEL, premier vice-président.

La séance, ouverte à 17 heures, débute par la lecture du procèsverbal de la précédente réunion qui est adopté sans observation.

Le président adresse les félicitations de l'Académie à MM. Aubry, Michaux, Durand, Fautz, associés, inscrits au tableau d'avancement de la magistrature ; à M. l'abbé Paquelin, associé, nommé président de la P.A.C. en Côte-d'Or, en remplacement de M. l'abbé Galmiche, également associé, décédé ; à Me Collot, trésorier, élu président de l'Association des officiers de réserve du service de l'Intendance de la 8e région ; au commandant Robillot, associé, promu officier de la Légion d'honneur.

Il lit le résumé des observations météorologiques faites à l'observatoire de la Guette, à Tlsle-sur-Serein, par M. Bidault de l'Isle, membre non résidant, pour l'automne 1933 et pour l'année novembre 1932 à octobre 19331.

Il annonce que le XIe congrès de l'Association bourguignonne des sociétés savantes se tiendra les 13, 14 et 15 mai prochain, à Chalon-sur-Saône, et invite les membres de la Compagnie, qui seraient désireux d'y présenter des communications, à en faire connaître le titre à M. Raoul Violot, président de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône, chargé de l'organisation du Congrès.

Il signale que M. Peyre, professeur au lycée de Dijon, vient de

1. Ces observations ont été insérées au volume des Mémoires de 1933.


X EXTRAIT

publier une série de cartes murales qui seront d'une grande utilité pour les écoles et pour l'enseignement. Fruit d'un long travail, et correspondant à une formule toute nouvelle, elles sont au nombre de trois : carte du vignoble bourguignon, carte économique de la Côte d'Or, carte économique du canal de Bourgogne.

Le commandant Charrier fait connaître que M. Joseph "Wôrsching, maître de chapelle à Neubourg sur le Danube, prépare une biographie allemande du facteur d'orgues, Charles Riepp, qui appartenait à la famille de dom Trouvé, le dernier abbé de Cîteaux au xvme siècle

Le président donne la parole à Mme Guignard, libraire à Autun, associée, qui lit, avec un art consommé et beaucoup de sentiment, les passages principaux de la Chanson de Roland, dans une transcription du texte original en vers rythmés et assonances, dont elle est l'auteur. M. Oursel remercie Mme Guignard, dont le grand mérite a consisté à substituer à des traductions infidèles ou difficilement accessibles, un texte compréhensible et cependant suffisamment archaïque pour que l'oeuvre ne perde rien de sa saveur originale et de son caractère populaire.

M. de Vernisy est élu membre non résidant.

La séance est levée à 18 h. 50.

Séance du 31 janvier 1934

PRÉSIDENCE DE M. OURSEL, premier vice-président.

La séance est ouverte à 17 heures.

Le président donne immédiatement la parole à M. "le bâtonnier Debrand, reçu membre résidant, pour son remerciement.

Celui-ci parle de « Ernest Petit, historien et archéologue de la Bourgogne » 1.

La réponse lui est donnée par M. Pierre Huguenin, membre résidant, spécialement délégué à cet effet.

La séance est levée à 18 h. 50.

Séance du 14 février 1934

PRÉSIDENCE DE M. OURSEL, premier vice-président.

La séance est ouverte à 17 heures.

Après lecture du procès-verbal des deux dernières séances, le président adresse à M. André Lory, conseiller honoraire à la Cour.

1. Mémoires.


DES PROCES-VERBAUX DE SEANCES XI

associé, les condoléances émues de la Compagnie, à l'occasion du décès de son frère, M. Ernest Lory, avoué à la Cour, également associé, évoquant à cette occasion le souvenir de M. Lory, père, qui donna jadis, à la Commission des antiquités, l'exemple d'une louable assiduité.

M. le premier président honoraire Rémy, associé, entretient l'assemblée de M. le chanoine Thomas et de sa contribution à l'histoire de la Bourgogne K

M. le vicomte du Jeu, membre résidant, traite ensuite des effectifs en présence aux rencontres de Granson et de Morat, où vint sombrer la puissance fastueuse du Téméraire *.

Le lieutenant-colonel Andrieu, membre résidant, parle de l'épée du musée de Dijon, dite du temps de Charles VII.

Sur la proposition de M. Edouard Drouot, associé, il est décidé de transmettre à la municipalité de Dijon un voeu tendant à la remise en état, au cimetière Montparnasse, de la tombe du poète bourguignon Aloysius Bertrand.

MM. Huguenin, professeur à la Faculté de droit, Berger, conseiller de préfecture interdépartemental, et Fabre, ingénieur, sont élus associés.

La séance est levée à 18 h. 45. ,

* * *

ANNEXE

' L'ÉPËE DU MUSÉE DE DIJON DITE DU TEMPS DE CHARLES VII (par le lieutenant-colonel Andrieu, membre résidant)

«Le 20 décembre 1933, à la séance de la Société nationale des antiquaires de France, M. Samaran a lu une étude de M. de la Martinière relative à l'épée, dite « du temps de Charles VII ■>, qui est conservée au musée de Dijon. Cette question intéressant au plus haut point notre Compagnie, j'ai pu obtenir de mes confrères de Paris la communication du manuscrit de l'auteur.

« Pour permettre de mieux saisir l'importance dé la découverte que celui-ci a faite dans des archives oubliées, il a présenté comme exorde de sa dissertation, l'histoire résumée de la Ligue et de ses prodromes à Orléans. C'est dans cette ville que le culte de Jeanne d'Arc a commencé au xve siècle et s'est traduit, en 1458, par l'érection d'un monument sur le pont de la Loire, comme mémorial de la délivrance de la cité. On y voyait, alors, Charles VII et Jeanne d'Arc

1. Mémoires.

2. Mémoires.


XII EXTRAIT

agenouillés devant la croix dans la similitude montrée par les gravures tracées sur la fameuse épée du musée de Dijon. Le monument, détruit par les protestants en 1562, a été relevé en 1570 avec l'adjonction d'une Vierge de pitié.

« La confrérie fondée par le cordelier Hylaret pour lutter contre le protestantisme adopta un pennon donnant une réplique du monument du pont. Charles VII y figure barbu, en costume du xvie siècle. Le sujet est allégorique, la date de 1419 ne semble mise que pour rappeler que ce fut en cette année que la mort du duc d'Orléans a été vengée. N'est-ce pas aussi une allusion à l'assassinat de François de Guise, en 1563, quand il allait sauver Orléans de la domination protestante ?

« En 1576, la ville ordonnait l'impression du Journal de siège de 1429 en instituant la procession annuelle. Dans la suite, il est fait mention de l'acte de vandalisme commis par quelques soldats insolents qui se ruèrent sur la statue honorable de cette chaste amazone, Jeanne, native de Vaucouleurs en Bar de Lorraine (c'était la croyance à l'époque), appelée vulgairement : la Pucelle d'Orléans.

« M. de La Martinière fait ensuite l'analyse archéologique de l'arme d'après l'article de M. Metman, dans la Revue de Bourqoqne de 1911 : le roi barbu en costume du xvie siècle, la forme du chiffre quatre, c«lle des inscriptions ne conservant aucune trace de l'écriture gothique, la couronne fermée sur la marque de l'armurier, le chef de France donné aux armes de la ville d'Orléans, la forme des écus, tout dénote le xvie siècle. C'est une manifestation du culte des ligueurs pour Jeanne.

« M. J. Soyer se souvenait avoir entendu parler à la Société historique d'Orléans d'une épée de Jeanne d'Arc, il fit des recherches et retrouva le texte extrait d'un inventaire donné à l'hôtel de Guise, entre 1441 et 1444, après le décès de Charles de Guise et prince de Joyeuse, publié par Jules Guifîrey, en 1896, dans la Revue de l'art français, il le montra à M. de La Martinière, pour lequel ce fut une révélation :

«item... deux grans espadons à combattre à la barrière, deux vieilles espées à l'antique dont l'une dorée où est gravée : Jehanne de Vaucouleurs, Pucelle d'Orléans, »

» Les mêmes termes qu'au Journal de siège de Vaillant de Guellis. Des traces de dorure se retrouvent encore sur la marque de l'armurier.

» En septembre 1591, Charles de Guise, retenu par Henri III après l'assassinat de son père, Henri le Balafré, s'échappe de sa prison de Tours, arrive à Orléans où on lui fait une réception enthousiaste, il est logé avec toute sa suite, on lui offre 20.000 écus et des armes parmi lesquelles cette épée aux inscriptions spécifiquement orléanaises, où la date de 1419 est évocatrice de vengeance, avec l'allégorie de la compétition au trône. On peut donc la définir : «Épée offerte en 1491 au duc de Guise par la ville d'Orléans ».


DES PROCÈS-VERBAUX DE SÉANCES XIII

» Je me suis toujours intéressé à ce problème. L'an dernier encore, j'ai engagé une correspondance avec le général Mariaux, directeur du musée de l'Armée. Il m'a confirmé que la garde en forme d'S date du commencement du xvie siècle et a apparu d'abord en Bohême. Pour moi, elle est inspirée de la poignée du yatagan turc. Eût-elle été antérieure, il n'est pas probable que Jeanne eût accepté une épée dont la forme ne rappelât pas la croix.

» Nous avons un exemple historique intéressant de cette forme de garde en S dans le portrait de Gaston de Foix par Philippe de Champaigne au musée de Versailles. Ici, toute discussion concernant la poignée devient inutile, il ne s'agit que de la décoration de la lame : les personnages agenouillés sont ceux du pont d'Orléans répétés sur le pennon des ligueurs, le journal de l'évêque et le texte de l'inventaire concordent pour compléter l'inscription aux trois quarts effacée, placée sur deux lignes derrière Jeanne. L'étude du poinçon de l'armurier surmonté d'une couronne fermée pourrait apporter de nouvelles précisions, l'attribution à Lupus Aguado n'a pas été établie ; quoiqu'il en soit, nous sommes suffisamment fixés grâce aux patientes et laborieuses recherches de M. de La Martinière sur l'identité de cette remarquable pièce de notre musée.

» C'est Saint-Mémin qui a lancé en 1831, la légende de l'appellation : « épée du temps de Charles VII », simplement parce que le nom était gravé et que cela dispensait de toute autre preuve ».

Séance du 28 février 1934

PRÉSIDENCE DE M. L'ABBÉ CHAUME, deuxième vice-président.

La séance, ouverte à 17 heures, débute par la lecture, qui ne provoque aucune remarque, du procès-verbal de la précédente réunion.

Le président félicite : M. le premier président Gauguier, membre résidant, Momu officier de l'Instruction publique ; le commandant Charrier, secrétaire, et Mme Durand, associée, nommés officiers d'académie ; M. Boutaric, professeur à la Faculté des Sciences, membre résidant, auquel l'Académie d'agriculture vient d'attribuer le prix Vermorel de mille francs.

M. Genty, directeur du Jardin botanique de Dijon, membre résidant, fait la description d'un curieux monolithe des environs de Dijon.

M. Topsent, ancien professeur à la Faculté des sciences, membre résidant, entretient la Compagnie des éponges de Lamarck, conservées au Muséum national d'histoire naturelle, dont il a fait


XIV EXTRAIT

l'objet d'une étude approfondie dans un ouvrage publié quand il était professeur à la Faculté des sciences de Strasbourg, et qui est illustré de cent dix neuf clichés en treize planches ; M. Topsent donne de très intéressants détails sur le matériel desséché que Lamarck a traité, sur l'ignorance dont il a fait preuve quanta sa véritable nature, sur l'absence de données scientifiques dans ses descriptions et dans son classement, sur le silence, pour le moins singulier, dans lequel il a laissé la plupart des naturalistes qui, avant lui, s'étaient occupés d'épongés, et particulièrement Guettard, savant connu, membre de l'Académie royale des sciences. Il rend hommage, toutefois, à sa riche documentation zoologique et à la clarté de ses descriptions. Au passage, M. Topsent fait pénétrer ses auditeurs dans les cabinets d'histoire naturelle du xvme siècle : celui de Turgot, frère du ministre, celui de l'abbé Nollin, ceux de Mesdames de Bandeville et de Boisjourdain et du duc d'Orléans...

M. l'abbé Chaume donne connaissance à la Compagnie des conclusions d'un important travail de M. F. Lot sur l'Origine et la signification historique et linquistigue des noms de lieux en -ville et en -court. Cet auteur rejette la théorie suivant laquelle ces noms de lieux en ville et en court se trouveraient en relations étroites avec les invasions germaniques, et plus précisément avec l'expansion des Francs au début du vie siècle. « Impuissante à nous renseigner véritablement sur le peuplement ethnique de la Gaule, cette théorie, écrit M. Lot, a le tort, au point de vue linguistique, de nous lancer sur une fausse piste. La substitution au procédé de la suffixation (par -iacus), de celui de la composition (en -curtis et en -villa), pour la formation des noms de lieu nouveaux, résulte moins d'un accident historique (les invasions barbares) que d'une évolution naturelle, à la fois phonétique et sémantique, du latin de la Gaule ».

Notre confrère, après avoir analysé les arguments de M. Lot, se rallie pleinement au second point de cette conclusion. Pour le premier, il fait observer que, de l'aveu même de M. Lot, la situation des noms de lieu en ville et en court, est susceptible de fournir d'intéressantes indications, non pas sur une colonisation germanique, mais sur un transfert de la propriété entre les mains de personnages de race germanique.

En ce qui regarde plus particulièrement la Bourgogne, il est remarquable que plusieurs de ces noms apparaissent groupés au voisinage de Chalon, résidence du roi Gontran, et à proximité grandes forêts où il était facile de se livrer au plaisir dé la chasse. Peut-être aussi, y aurait-il lieu de rapprocher la carte de ces toponymes de celle des fiscs royaux connus dans notre région. Peut-être encore existe-t-il des rapports entre ces établissements et certaines voies stratégiques, certains noeuds de routes. — De toute manière, ces propriétaires germaniques ne sont pas arrivés seuls, et si minime


DES PROCÈS-VERBAUX DE SÉANCES XV

qu'ait été leur entourage, il arrive parfois que la langue francique a laissé des traces en plein pays roman : tel Bergesserin, tels encore les deux Angoin de la région mâconnaise.

Le travail critique élaboré par M. F. Lot laisse donc la place à de nouvelles recherches, qui, grâce à lui, pourront être plus précises et plus fécondes.

Le président dépose sur le bureau, en hommage de l'auteur, un opuscule de M. Genty sur Les Lichens de la Côte-d'Or.

Le commandant de génie en retraite, Auduc, est élu associé.

La séance est levée à 18 h. 40.

ANNEXE

UN CURIEUX MONOLITHE DES ENVIRONS DE DIJON i (par M. Genty, membre résidant)

« On a signalé çà et là, en France et dans d'autres pays principalement calcaires, des rochers plus ou moins isolés aux formes étranges, rappelant volontiers celles d'un gros champignon. Je ne sache pas qu'on en ait indiqué jusqu'ici aux environs de Dijon, et celui dont je vais parler ne me semble pas encore connu des touristes toujours avides de voir les excentricités de la nature. S'il en est ainsi, c'est que ce rocher est situé dans une des combes les plus arides et dépourvues d'intérêt de notre région. C'est la combe dite de Bechaille, près de Fleurey-surOuche ; elle est orientée approximativement du nord au sud et débouche perpendiculairement dans la riante vallée de l'Ouche, à environ un kilomètre de Fleurey ; très longue, elle vient mourir au pied du village de Lantenay. Presque complètement dépourvue d'arbres 2, de maigres cultures en occupent le fond, et les pentes qui la dominent à droite comme à gauche sont rocheuses et buissonneuses, d'une grande aridité- Flexueuse dans son parcours de près' de trois kilomètres, elle est accostée de plusieurs petites combettes latérales, également arides. On comprend qu'un tel site ne soit guère fréquenté que par les indigènes, chasseurs ou cultivateurs, et que les touristes l'ignorent.

1. Il résulte d'une communication verbale faite à l'Académie, le 28 fév. 1934, par M. Gabriel Grémaud, que le monolithe de la combe de Bechaille a été déjà signalé par M. Raoul Bouillerot, en 1923, dans un article consacré au mont Afrique, inséré dans la revue Sciences et Voyages, n° du lor février 1923, qui en donne une petite, mais bonne figure, d'après un cliché de M. Socley : mais l'auteur ne fait que mentionner ce curieux rocher, qu'il qualifie de « champignon >, et ne le décrit pas.

2. A part quelques plantations de résineux, çà et là.


XVI EXTRAIT

« C'est en remontant cette combe de Bechaille, depuis la vallée de l'Ouche qu'on rencontre à droite, au pied de la falaise bathonienne qui la borde et la domine, le curieux monolithe en question. Il affecte la forme d'un gros champignon ; c'est-à-dire qu'il présente une 1 base stipiforme ou columnaire, surmontée d'une table débordante en forme de pileus ou de chapeau ; il a 3 m. 20 de hauteur totale et se trouve distant environ 5 mètres du banc de roches auquel il correspond, qui forme falaise à la combe, et dont il est complètement isolé. L'étage géologique auquel il appartient, ainsi que la falaise correspondante, est le bathonien supérieur' de la grande oolithe.

» Une question se pose naturellement à l'examen de semblables phénomènes géologiques : comment se sont-ils formés ? Les monolithes isolés dans le genre de celui de Bechaille ont tous évidemment une origine fort ancienne ; on les observe toujours en dépendances des falaises anciennes des vallées parcourues par des cours d'eau, ou qui l'ont été dans les temps géologiques, et c'est manifestement à l'action millénaire des eaux qu'ils doivent leur origine. Par suite d'une zone de moindre résistance dans la roche, l'eau fluviale a pu pénétrer dans la falaise, elle a peu à peu agrandi son passage et s'est créé un chenal isolant ainsi une partie extérieure de la berge, d'où première ébauche d'un monolithe qui, par suite de la continuité de cette action des eaux, a été rendu de plus en plus distant de la falaise dont il faisait primitivement partie intégrante. Mais ces phénomènes n'expliquent pas la forme arrondie de ces monolithes, qui n'ont pu l'acquérir que par suite de remous dans le cours de la rivière, occasionnés par des circonstances inconnues, et que l'état actuel des lieux ne permet plus d'apprécier 1. Si ces monolithes sont relativement rares dans la nature, avec des formes aussi régulières, c'est précisément parce que leur configuration, leur modelage a dû exiger un concours de circonstances mécaniques et chimiques rarement réalisé dans les temps géologiques ».

Séance du 14 mars 1934

PRÉSIDENCE DE M. OURSEL, premier vice-président.

La séance est ouverte à 17 heures.

Le procès-verbal de la dernière séance, lu par le secrétaire, est adopté sans observation.

Le président fait l'éloge, en quelques mots émus, de M. Paul

1 Le ruissellement périphérique des eaux pluviales, chargées d'acide carbonique, n'est pas sans avoir exercé également sur ces roches calcaires une action dissolvante.


DES PROCÈS-VERBAUX DE SÉANCES xvii

Deveaux, membre résidant, qui vient de mourir, collectionneur d'art très averti et auteur d'un ouvrage faisant autorité sur les faïences d'Aprey.

Il est heureux de signaler l'élection, en qualité de membre libre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, faveur enviée et non prodiguée, de M. Joseph Calmette, professeur à la Faculté des lettres de Toulouse, membre non résidant.

Il annonce également que l'Association pour la conservation des édifices religieux anciens de la Côte-d'Or, jeune parente de la Commission des antiquités, grâce aux démarches de son actif secrétaire, M. André Guillaume, membre résidant, vient d'obtenir pour l'église de Premières, de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, une somme de huit mille francs — la plus considérable qui ait été allouée — sur la fondation Pellechet.

Autre bonne nouvelle qui peut être considérée, pour partie, comme un succès remporté par l'intervention de notre Compagnie, la conservation, par arrêté du Conseil d'État, du site de l'abreuvoir Bretenières, au « Creux de cheval », à Beaune.

Le commandant Charrier fait part de l'agréable surprise qui a été la sienne, le dimanche 11 mars, en face du magnifique talent de statuaire de Mlle Dominica Leverve, demeurant à la Chaume-aux-Pertuisots, près de Semur ; campagnarde octogénaire, à laquelle une irrésistible vocation et une foi profonde, suppléant à toute notion d'art et de dessin acquise, ont inspiré des oeuvres qui rappellent, dans les circonstances de leur conception et de leur réalisation et suivant les sujets, celles de certains artistes du moyen âge ou celles d'un Pompon : un calvaire de bois de deux mètres de hauteur et un coffret qui ont respectivement coûté à leur auteur 20 ans et 10 ans de travail ; des terres cuites ; une Cène, une Descente de croix, une Mort de saint Joseph et une collection d'animaux...

Tout cela supporte victorieusement l'examen le plus minutieux, tant y sont scrupuleusement appliauées les lois de l'expression, de l'anatomie, des proportions, de l'harmonie. Et cette création de vie et de beauté, est réalisée avec les moyens les plus rudimentaires : un canif et des aiguilles à tricoter, dans la solitude mal éclairée d'un misérable grenier...

Le président donne la parole à M. le comte de Simony, associé, qui présente à l'assistance une bien curieuse figure d'artiste : Girault de Prangey, né en 1804, mort en 1892 1.

La séance prend fin à 18 h. 40.

1. Mémoires.


XVIII EXTRAIT

Séance du 18 avril 1934

PRÉSIDENCE DE M. OURSEI, premier vice-président.

La séance est ouverte à 17 heures.

Sont présents, avec M. Edouard Estaunié, Mgr Moissenet, Mlle Marie-Noël, un grand nombre de membres et un groupe important d'enfants de la Maîtrise de la cathédrale.

Le maître Widor, de l'Académie des beaux-arts, empêché de venir au dernier moment par son état de santé, s'est excusé.

M. Oursel, prenant la parole, précise l'objet principal de la réunion, qui est de rendre hommage, dans l'intimité d'une assemblée ordinaire, à Mgr Moissenet, à l'occasion de ses noces d'or sacerdotales.

Des projets plus vastes et plus solennels avaient été envisagés ; ils ont été abandonnés pour rester dans la note d'intimité familiale, estimée plus opportune.

L'orateur s'arrête d'abord à l'unanimité et à l'universalité de l'éloge à l'égard de la Maîtrise de la cathédrale, manière de miracle permanent, dû à la vertu des préceptes et de la méthode du Maître, de la conservation de la qualité de l'instrument vocal si délicat et si fragile qu'il a créé, alors que le choeur des enfants se renouvelle sans cesse.

Le secret de la formule réside dans le caractère sacerdotal de Mgr Moissenet, qui ne peut être célébré complètement et même être compris en dehors de l'église et de la liturgie, qui sont la raison d'être de son activité et de sa vie.

Ce caractère sacerdotal est aussi à la base de l'aliment intime de la Maîtrise, la prière que récitent les enfants avant la classe de chant. M. Oursel lit le texte intégral de cette page magnifique, composée par Mgr Moissenet, et qui traduit excellement les dispositions dans lesquelles doivent se maintenir ceux qui la récitent, pour être dignes de leur vocation, pour la comprendre et l'assurer pleinement.

Le discours aborde ensuite les méthodes en vigueur à la Maîtrise et qui découlent de sa constitution même : « Pas de morne pédagogie en sévérités imbéciles et en formules enchaînées, mais une action permanente et vigilante, collective et individuelle, parce qu'on ne voit pas un artiste négliger d'accorder les cordes de son violon, toutes et chacune à la fois. Ces enfants qui chantent, sont l'instrument précieux et délicat que le Maître fait vibrer et résonner ; ils sont donc pour lui l'interpète de sa pensée, de son art et de sa foi ; il les aime comme un artiste aime son instrument. Voilà donc une intime collaboration qui s'établit, faite de respect et de soumission, la communion dans une oeuvre unique de beauté.




DES PROCÈS-VERBÀÙX DE SÉANCES XIX

Et M. Oursel de conclure : « qu'après cela, Monseigneur, parce que vous avez du sens musical et vocal une intelligence exceptionnelle, vous réalisez des choeurs d'une perfection presque immatérielle, que la polyphonie des maîtres trouve en vous un interprète comme il n'en fut guère de nos jours, qui en serait surpris ? Le dessin en est ferme et net; non pas austère comme on l'a dit, mais exact et pur, pour donner confiance et sécurité. Les critiques ont loué à l'envi ces.messes dont nous avons le• privilège, et qui nous semblent Si habituelles, tant vous nous en prodiguez la coutume. Et peut-être ne comprenons-nous pas assez dans ce commerce si fréquent, tout ce qu'a de rare le chant qui élève nos âmes sans que nous y prenions garde. Vous nous faites vivre dans la beauté, et c'est à peine si nous songeons à nous en étonner. Notre ville a réputation d'art. Aucun art n'a surpassé celui que vous nous avez procuré. Mais l'oeuvre que vous avez entreprise et réussie dépasse les limites mêmes de l'art le plus noble, pour élever vos enfants et les nôtres dans la voie de la perfection que la morale chrétienne nous propose. C'est une rare bénéfice pour la cité. Soyez-en remercié ici au nom de tous ».

On applaudit chaleureusement, et Mgr Moissenet, très ému, mais très souriant, fait le charmant récit que voilà : « J'ai eu le bonheur de naître en 1850, en ce beau pays de Nuits-Saint-Georges, qui n'est surpassé par aucun autre, pour la qualité des vins, et où j'ai rencontré un maître de musique, remarquable et modeste, malheureusement peu connu : Georges Kreuger.

» Je l'ai entendu jouer du violon, j'ai voulu faire comme lui. Je me suis rempli l'oreille de ce beau son musical qui m'avait attiré, et je me suis mis en tête de l'apporter à là cathédrale de Dijon.

» Un de mes frères, Symphorien (un nom qui sent le bon vin), mort hélas ! victime d'une mauvaise période, était mon compagnon de travail. Il réussit si bien, qu'un jour, Georges Kreuger lui dit : «Mon petit, je n'ai plus rien à t'apprendre. Tu iras à Paris huit jours, pour y apprendre la technique ». Ainsi fut fait, et mon frère est revenu avec un coup d'archet que je ne lui connaissais pas.

» J'ai tâché de faire comme lui et, comme on dit en terme de métier, de « lâcher à la corde », surtout quand il s'agissait de VAndante de Mozart. Dimanche, on chantera, à la cathédrale, le Jubilate de Mozart, et j'entendrai le Père Kreuger.

» J'aurais voulu faire, sur lui, une notice qui lui donne la notoriété qu'il mérite, tant comme homme privé que comme musicien. Pendant les quarante années qu'il a exercé à Nuits son professorat, de 1837 à 1877, il a été regardé comme un musicien hors ligne, mais il méritait mieux que cela encore.

» Il venait deux fois par jour à la maison, donner, durant deux heures à mes nombreux frères et soeurs et à moi-même, des leçons de piano, de violon, de clarinette (car c'était aussi un excellent clarinettiste),


XX EXTRAIT

et, à la fin de l'année, la note remise à mon père s'élevait à la somme de 150 francs.

» J'ai fait mes études au Petit Séminaire d'Autun, où j'ai eu des professeurs de musique consciencieux certes, mais qu'ils étaient donc loin du Père Kreuger !

» Notre père nous avait autorisés à choisir notre instrument, mais à la condition que, par la suite, nous ne le quitterions pas. Durant les vacances, chacun de nous travaillait durant deux heures, ce dont les voisins ne se félicitaient pas toujours. A ce régime, on put, en peu dç temps, former un quatuor de famille, qui jouait une heure ou deux tous les jours et qui était remarquable par la sonorité comme par la mesure et la justesse, tant la formation reçue avait été vive et efficace.

» Un jour, un orgue de Barbarie parcourt les rues de Nuits. Les amis du Père Kreuger appellent le propriétaire, lui donnant cinq francs, avec la consigne de se rendre place du Bailliage, de s'installer en face de telle maison et de jouer sans arrêt, sans souci de protestations que ne manquera pas d'élever l'occupant de l'immeuble. Ce fut une scène très jolie. Comme il était prévu, le Père Kreuger se précipite comme un fou vers l'abominable écorcheur d'oreilles et l'adjure de se retirer. Celui-ci, voulant gagner son argent honnêtement, s'y refuse. Les badauds se rassemblent, et le succès escompté est réalisé. Mais le vieux musicien finit par apercevoir ses élèves dans la foule. Il comprend et s'apaise comme par enchantement.

» C'était, en effet, un coeur d'or, bien plus capable d'amour que de colère.

» Dans la notice qui lui a été consacrée, Emile Bergeret l'a bien dépeint. Toutefois, il n'a pas pénétré foncièrement le musicien.

» Georges Kreuger aimait le beau son. C'est auprès de lui et par lui que j'ai appris ce que c'était que la musique, non pas le son, mais le beau son, et c'est cela que j'ai voulu faire goûter aux auditeurs de la cathédrale.

» Un ménestrel était venu jouer le bal. Kreuger, qui l'entend, perçoit un son extraordinaire. Il l'interpelle aussitôt : Où avez-vous eu ce violon? — Je n'en sais rien... La boîte sonore défoncée, en partie, portait encore les armoiries de Charles IX. Sans savoir exactement ce qu'il représente, le vieux musicien l'achète au ménestrel pour un autre violon avec une somme en supplément, puis le confie pour remise en état à un luthier de Strasbourg. Celui-ci, après examen, déclare qu'il n'est pas possible de conserver le violon si on garde les armoiries du fond. Kreuger accepte une substitution. Mais dix ou douze ans après, il se rend compte, par une lecture, que le violon était un Antoine Amati et qu'il avait fait partie des 48 violons de la Chapelle de Charles IX. L'artiste fut naturellement au désespoir. L'instrument, bien que dépourvu de ses insignes, n'en avait pas


DES PROCÈS-VERBAUX DE SÉANCES XXI

moins été admirablement réparé et Georges Kreuger s'en servait aux grandes fêtes.

» Lorsqu'il mourut, Nuits, où il était adoré, lui fit des obsèques magnifiques. Je n'ai jamais manqué, chaque fois que je suis allé dans ma ville natale, de me rendre sur sa tombe que décora Emile Bergeret.

» Voilà celui qui a formé la Maîtrise...

» Georges Kreuger avait une fille, admirable pianiste, qui eut elle-même trois fils. L'un est professeur au lycée Lakanal à Paris. Un autre, Gabriel Marinet, fut hospitalisé à l'ambulance SainteMarthe, à Dijon, en 1914. Il m'envoya à son arrivée ce simple billet : « Je suis ici blessé ». J'accourus. II avait vingt neuf blessures, dont une où on aurait enfoncé le poing. On lui remit la Légion d'honneur dans son lit, en ma présence. Guéri, il repartit au front. Il mourut sur le champ de bataille ».

Le président remercie cordialement Mgr Moissenet d'avoir évoqué, avec tant de bonheur, la figure de son vieux maître, qu'il a fait connaître et aimer rétrospectivement par l'auditoire.

Il est ensuite procédé à l'examen du courrier.

M. Oursel fait part du décès de M. Camille Matignon, professeur au Collège de France, membre non résidant, beau-frère de M. Antony Besson, associé, qui prit une part active à tous les congrès de l'Association bourguignonne des sociétés savantes, et dont la disparition doit être considérée comme une très grande perte pour la science française, pour la cause nationale et pour l'Académie de Dijon.

Le président a également la triste obligation d'annoncer la mort de Mme René Durand, femme du professeur à la Faculté des lettres, membre résidant, auquel le secrétaire est chargé de transmettre les sentiments de vives condoléances de la Compagnie.

Par lettre en date du 17 mars, M. le Maire de Dijon a bien voulu faire connaître qu'à la suite du voeu émis par l'Académie, la municipalité avait décidé de participer, pour la somme de mille francs, à la remise en état de la tombe du poète bourguignon Aloysius Bertrand, à Paris, au cimetière Montparnasse.

M. Edouard Estaunié lit deux charmantes pièces de vers, dédiées par l'auteur, MUe Marie Noël, à Mgr Moissenet.

Admirablement mis en valeur par un débit plein de sensibilité et de nuances, ces vers d'exquise venue tombent en odorant bouquet sur les assistants, qui se séparent à 18 h. 20.


XXII

EXTRAIT

Séance du 25 avril 1934

PRÉSIDENCE DE M. OURSEL, premier vice-président.

La séance est ouverte, à 17 heures, par la lecture de procès-verbaux des deux dernières séances.

Le président annonce <pie, dans sa séance du 20 avril, l'Académie des inscriptions et belles-lettres a attribué une part du prix Louis Fould à M- Henri David, docteur es lettres, membre résidant, pour son ouvrage De Sluter à Sambin — et aussi, que la Société des fouilles archéologiques a alloué une somme de 2.500 francs à M. Henry Corot, pour sa nouvelle campagne de fouilles-aux sources de la Seine.

Il adresse les félicitations de l'Académie à M. Chabot, professeur de géographie à la Faculté des lettres, nommé doyen de cette Faculté.

Il résume, en quelques mots, les fêtes jubilaires de Mgr Moïssenet du dimanche 22 avril : messe à la cathédrale, discours de Mgr Petit de Julleville et banquet à l'hôtel du Chapeau-Rouge, auquel le commandant Charrier, secrétaire général, représentait l'Académie.

Il donne lecture des observations météorologiques de M. Bidault de l'Isle, pour l'hiver 1933-19341.

Il donne la parole à M. Voisin, professeur honoraire de lycée, associé, pour une communication sur la vie dijonnaisë au xve siècle.

Le commandant Charrier donne ensuite lecture du discours prononcé à Riom, le 11 mars, en la basilique Saint-Amable, devant Mgr Piguet, nouvel évêque de Clermont-Ferrand et auparavant vicaire-général d'Autun, par M. le bâtonnier Everat, dans lequel furent heureusement rappelés les liens qui, par saint Bénigne, unissent la vieille cité judiciaire d'Auvergne à la Bourgogne, ainsi qu'en témoigne l'extrait que voici :

« Vous nous êtes envoyé de Bourgogne, Monseigneur, et spécialement d'Autun. Or, admirons ensemble les vues de la Providence ! Il se trouve, au rapport de Grégoire de Tours, que depuis le vie siècle, saint Bénigne, l'apôtre de la Bourgogne, qui compta à Autun même parmi ses néophytes préférés votre cher saint Symphorien, est entouré dans notre bonne ville d'un culte particulier. A cette époque reculée, des reliques du saint sont apportées à Riom, et déposées dans l'église qu'avait bâtie, au siècle précédent, Amable, le curé d'alors. Ces reliques y sont l'objet d'une telle vénération, que le nom de Bénigne est imposé au sanctuaire. Mais, en hôte aussi humble que courtois, l'évêque tient à céder le pas au modeste curé, au grand

1. Voir plus loin : Notes météorologiques.


DES PROCÈS-VERBAUX DE SÉANCES XXIII

thaumaturge Amable, patron des Riomois • l'église Saint-Bénigne sera dorénavant l'église Saint-Amable.

« De ce geste généreux, les habitants de Riom savent le meilleur gré à saint Bénigne ; ils le proclament leur patron secondaire ; et désormais ils ne sépareront plus le culte de Bénigne de celui d'Amable.

» Veut-on quelques témoignages ? Dans notre basilique, les deux vitraux du milieu du choeur, que domine le Christ bénissant de la clef de voûte, représenteront : l'un, l'évêque Bénigne, mitre et crosse comme il convient ; l'autre, le curé Amable, qu'on ne pourra moins faire que de décorer de la crosse, pour qu'il rende honneur à son voisin. Dans ses archives, l'inventaire général des titres de la Marguillerie s'ouvrira sur une splendide enluminure, qui offrira aux regards la douce Vierge Marie, ayant à ses côtés saint Amable et saint Bénigne. S'agira-t-il de dénommer les divers quartiers de la ville ? l'un deviendra le quartier Saint-Amable, l'autre, le quartier Saint-Bénigne. Baptisera-t-on les quatre grosses cloches, orgueil de la cité ? celle-ci s'appellera Amable, celle-là, Bénigne ; et M. l'Archiprêtre vient de vous dire, Excellence, avec quel accord, plus harmonieux que jamais ces deux cloches chantent votre élection à l'Épiscopat.

» Ainsi, de par la volonté constante des aïeux, Amable et Bénigne sont étroitement unis dans la piété riomoise. Quelle rencontre, Monseigneur ! Et quoi de surprenant, que les fils spirituels d'Amable tressaillent d'une indicible émotion en recevant un évêque marqué du signe de Bénigne ? »

M. le comte de Simony, associé, est élu membre résidant.

La séance prend fin à 18 h. 50.

ANNEXE

LA VIE DIJONNAISE AU XVe SIÈCLE

(faits divers et traits de moeurs)

(par M. Voisin, associé)

« Dans le dernier fascicule des Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon (année 1932), M. H. Drouot, membre résidant, a signalé l'intérêt et l'importance de la masse énorme de « papiers de justice » (584 liasses), émanant de la juridiction municipale de Dijon et conservés aux Archives départementales de la Côte-d'Or (B 2 360). On pourrait se contenter de renvoyer à cet article, si M. Drouot, tout en indiquant que ces papiers « dévoilent des aperçus directs... sur la vie quotidienne des ruraux et des citadins » aux xve et xvie siècles, ne s'était préoccupé surtout


XXIV . EXTRAIT

de ceux de ces documents qui, à diverses dates, révèlent l'état de l'opinion et «certaines réactions» de l'âme populaire sous le choc des événements publics.

» Mais, à ne considérer que l'histoire des moeurs, ces papiers de justice sont un trésor de renseignements curieux, intéressants, d'une indiscutable authenticité — sur la vie d'autrefois — une chronique animée, pittoresque, infiniment variée, des moeurs d'alors, surtout des moeurs populaires. Mille usages y revivent, mille détails d'institutions y sont consignés. Ces «faits-divers», ces scènes de la vie quotidienne, directement et minutieusement évoqués, où se reflètent les sentiments et l'opinion populaires, donnent au lecteur l'impression de la vie même, de la vie courante, de l'humble vie, dont aucun artifice, aucun scrupule ne voile et ne déforme l'image fidèlement retracée, les réalités souvent brutales et grossières. La variété de ces scènes en renouvelle sans cesse l'intérêt. A côté des délits courants (« batures », larcins, débauches, querelles au jeu, exploits d'aventuriers et de vagabonds, etc.), ces .enquêtes évoquent des actes de rébellion contre l'autorité, des propos séditieux, des infractions aux obligations professionnelles, aux règlements des diverses corporations ou confréries d'artisans, des protestations et des luttes contre les empiétements du pouvoir civil ou religieux et pour la défense des droits et des privilèges anciennement concédés et traditionnellement maintenus — des manoeuvres concertées de marchands pour provoquer la hausse des denrées ou maintenir les hauts prix — des conflits de juridiction, des appels ou menaces d'appel « au Parlement en France », et mille autres faits dont il est impossible, même en se limitant à une courte période, de fournir une énumération complète.

« Autre élément d'intérêt : dans cette ample collection de faits divers s'agitent et grouillent une foule de personnages, échantillons de toute une population, depuis le « mayeur » jusqu'au plus humble de ses administrés : « officiers » de tout ordre attachés à la cour ducale, échevins, procureurs, notaires publics — prêtres séculiers, religieux de toute obédience — bourgeois et menu peuple — vignerons, artisans de tout métier, maîtres et « compagnons » dans leur « ouvroir » — mendiants, lépreux, vagabonds, malfaiteurs de profession, faisant partie de bandes organisées, tricheurs aux dés, ribauds et ribaudes, etc.

» Bien vivants aussi, et parfois bien amusants, tous ces témoins qui défilent et déposent devant les magistrats enquêteurs. Si leurs dépositions ne concordent pas toujours, s'ils ont des réticences, des hésitations, des lacunes de mémoire ; si après avoir déclaré qu'ils ne savent rien ou ne savent plus rien, ils se reprennent, se ravisent, corrigent ou complètent leurs dires, ces dépositions, recueillies avec une exactitude minutieuse, font revivre 1, en même temps que le formalisme du style judiciaire, le langage populaire d'alors, les tours, les mots du cru.


DES PROCES-VERBAUX DE SÉANCES XXV

» Enfin ces faits divers promènent le lecteur dans les divers quartiers du Dijon d'autrefois, enfermé et muré dans son enceinte de remparts et de tours que débordaient des « feurbourgz » populeux. Tous ces quartiers, ces rues, ces faubourgs, cette banlieue, ces églises, ces « hostels » font un cadre pittoresque aux incidents qui s'y déroulent

«Après avoir donné un aperçu d'ensemble de ces documents, M. Voisin cite deux exemples. L'un, simple «fait-divers», insignifiant en soi, met en scène un prétendant éconduit, un « ouvrier de draps » qui, pour se venger, compose et chante, à l'adresse de la belle qui a éludé sa promesse et de la tante de la jeune fille, des chansons diffamatoires, dont le texte est rapporté fragmentairement : c'est un échantillon assez curieux de la Muse et de la langue populaires L'autre scène a plus d'importance et d'intérêt : il s'agit de propos malveillants et hostiles tenus par un religieux de Saint-Bénigne contre le duc de Bourgogne. Les auditeurs, deux vignerons, un jeune clerc, « estudiant es escoles de Dijon », sont peines et choqués dans leur loyalisme par ces propos d'un religieux que d'ailleurs ils respectent. Si les deux vignerons ne savent que répondre, le clerc, plus cultivé, fait entendre une fière et vigoureuse protestation. Il existait donc, dans ces âmes encore frustes, une manière de patriotisme • Bourguignons, ils étaient attachés à leur patrie, dévoués à leur duc qui la représentait. Les attaques dirigées contre ce dernier leur sont une offense dont ils souffrent ; mais avec quel élan, par la voix de l'un d'eux, ils se redressent, quand on a l'air de mettre en doute la puissance de „« Monseigneur et très redoubté prince, Monseigneur le. duc de Bourgogne ! » Le religieux, il est vrai, n'était pas bourguignon, mais « de la langue d'Auvergne », ce qui expliquerait qu'il n'a pas à l'égard du duc les sentiments d'un Bourguignon. C'était un « Français ! », comme le fait remarquer le clerc. Bourguignons et Français ne s'entendaient pas toujours ».

Séance du 9 mai 1934

PRÉSIDENCE DE M. OURSEL, premier vice-président.

La séance, ouverte à 17 heures, est consacrée à l'éloge funèbre de M. Auguste Baudot, président défunt de l'Académie, prononcé par M. Jean Guicherd, inspecteur général honoraire de l'agriculture, membre non résidant. M. Edouard Estaunié, de l'Académie française, président d'honneur de la Compagnie, y ajoute le sien *.

1. Ces deux discours ont été insérés au volume des Mémoires de 1933.


XXVI EXTRAIT

Séance du 23 mai 1934

PRÉSIDENCE DE M. OURSEI,, premier vice-président.

La séance est ouverte à 17 heures.

Après lecture du procès-verbal précédent, par le secrétaire, le président adresse les félicitations de l'Académie à MM. Collot, trésorier, Durand et Huguenin, associés, inscrits tous les trois, au titre des réserves, au tableau de la Légion d'honneur pour le grade d'officier, ainsi qu'au lieutenant-colonel Andrieu, membre" résidant, nommé commandeur de l'ordre de la Couronne de Belgique.

Il donne la physionomie du Congrès de Chalon-sur-Saône de l'Association bourguignonne des Sociétés Savantes, des 13, 14 et 15 mai, qui fut particulièrement réussi, et annonce que celui cle\ 1935 sera organisé par les soins de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon.

Il signale la généreuse donation faite à la ville de Dijon par M. Perrin de Puycousin, conservateur du musée de Tournus, membre non résidant, de ses magnifiques collections de costumes locaux qui seront logées dans la maison du Présidial.

Il fait connaître que le commandant Charrier, secrétaire général, a représenté la Compagnie aux diverses cérémonies du Centenaire de la Caisse d'épargne de Dijon.

Il fait part de la naissance de la « Société pour l'histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comtois et ro mands ».

Le commandant Charrier lit quelques extraits de la Relation des fêtes données par la ville de Dijon, les 23 et 24 août 1860, pour la réception de Napoléon III et de V Impératrice. Fêtes auxquelles participèrent officiellement l'Académie de Dijon et son président, ainsi que la Commission des antiquités. Le président de l'Académie figura même au nombre des personnalités qui eurent le privilège de prononcer un discours devant l'Empereur. Ce souvenir est évoqué à l'occasion de la visite de M. Albert Lebrun, Président de la République, dans la capitale bourguignonne.

Le secrétaire analyse rapidement ensuite le dernier ouvrage de M. le chanoine Bordet, membre résidant, Les quatre évanqiles en un seul, et signale trois nouvelles études de M. Lagorgette, bibliothécaire de Châtillon-sur Seine, associé, ayant respectivement pour titre : Une station du premier âge du fer dans le Châtillonnais, Cartes et cadastres géologiques et Louis XIII et Louis XIV à Châtillon en 1629 et 1650.

M Grémaud, membre résidant, rend compte des dernières dé-


DES PROCES-VERBAUX DE SEANCES XXVII

couvertes de M. Henry Corot, aux sources de la Seine : les deux marches d'accès de la piscine au temple lui-même, une statuette d'hermaphrodite en bronze de dix centimètres et une statue en pierre dé facture grossière, vraisemblablement de style gaulois.

Le président dépose sur le bureau, en hommage de l'auteur, les travaux de M. l'abbé Dumas, curé de Villeneuve-sur-AUier, associé, relatifs aux Microzoaires ou infusoirs proprement dits, et aux Protozoaires et Protophytes.

Puis il donne la parole à M. Jacques Laurent, conservateur adjoint de la bibliothèque de Dijon, membre résidant, qui traite de la question des origines de la réforme cistercienne devant la critique du xxe siècle }.

M. Oursel ajoute que le sujet est de toute première importance pour l'histoire des origines monastiques et pour celle de Cîteaux. il est, en outre, d'actualité, puisqu'il a suscité des controverses animées et que, d'autre part, il va faire l'objet d'une thèse à l'École des chartes.

La séance est levée à 18 h. 30.

Assemblée générale du 6 juin 1934

PRÉSIDENCE DE M. OURSEL, premier vice-président.

La séance est ouverte à 17 heures.

Le président donne successivement la parole au commandant Charrier, secrétaire général, et à M. Collot, trésorier, pour la lecture des rapports moral et financier, qui sont approuvés.

Il annonce que le prix Thomas a été attribué à M. Gabriel Rousseau, de Seigny.

Il met l'assemblée au courant des démarches faites et des résultats acquis dans la question de l'aménagement du nouveau Musée archéologique.

Il est enfin procédé à l'élection des membres du bureau et du conseil d'administration de l'Académie, les pouvoirs de ceux en fonctions arrivant à expiration le 9 juillet.

Les différents scrutins donnent les résultats suivants : Bureau. — Président : M. OURSEL,

Premier vice-président : M LENOBLE, Deuxième vice-président : M. P. HUGUENIN, Secrétaire général : commandant CHARRIER,

— adjoint : M. LEBEL, Trésorier : M. COLLOT.

1. Cette étude est parue dans les Annales de Bourgogne (t. VI, 213).


XXVIII EXTRAIT

Conseil d'administration (en sus du bureau) : MM. LAURENT, ROUPNEL, Mgr MOISSENET, PERRENET, CLAUDON, lieutenant colonel ANDRIEU.

Commission de publication (en sus du président et du secrétaire) • MM. FYOT, LAURENT, TOPSENT, abbé CHAUME.

La séance est levée à 18 h. 15.

Séance du 20 juin 1934

PRÉSIDENCE DE M. OURSEL, président.

Au début de la séance, ouverte à 17 heures, M. Oursel, nouveau président de l'Académie, prononce l'allocution suivante :

« MES CHERS CONFRÈRES,

» Je ne peux ouvrir cette séance sans vous remercier du vote par lequel vous m'avez confié la présidence de votre Compagnie C'est un très grand honneur qui s'adre'sse à votre doyen, et c'est aussi une grande charge Je voudrais n'être pas inférieur à votre espoir ni aux obligations qu'il comporte.

- Lourde charge puisqu'il faut succéder à M. Baudot N'eût on aucune ambition de le remplacer, que la comparaison s'institue cependant tout naturellement, et votre nouveau président vous doit à vous-mêmes que cette comparaison ne marque pas une distance scandaleuse Lourde charge aussi parce que l'Académie tient d'origine et a reconquis, ces dernières années, une grande place dans notre ville et même dans notre province. Son activité et son rôle ont été divers, et jamais de pure forme. D'importantes publications, des Mémoires copieux ont marqué d'abord son renouveau. Puis, avec son concours, une impulsion décisive a été donnée à divers travaux, l'Université de Dijon a été efficacement soutenue dans un débat critique, un congrès tel que le Congrès de saint Bernard, a manifesté au dehors avec éclat le renom intellectuel de Dijon et de la Bourgogne.

» Notre premier devoir est de maintenir ce renom. Malgré quelques apparences contraires, malgré certaines décisions publiques qui semblent contredire notre optimisme, j'ai, pour ma part, l'impression très nette que les valeurs spirituelles, qui avaient paru céder le pas à des préoccupations dénuées de tout idéal, reprennent leur place dans le monde, qui est la première. Si l'intelligence désintéressée et le souci constant d'une vie morale ne gouvernent pas notre conduite, il est vain d'espérer de bons fruits de notre labeur.


DÈS PROCÈS-VERBAUX DE SÉANCES XXIX

» Intelligence et culte des tâches de l'esprit, de la recherche scientifique, désintéressement, moralité, ce sont bien là les moteurs, ou mieux le moteur, un et complexe, de toute notre oeuvre.

» Gardons ce souci supérieur. Et pour le surplus des difficultés que nous rencontrerons, votre collaboration confiante nous aidera à les résoudre pour le bien commun »

Puis, après lecture, par le secrétaire, du procès verbal de l'assemblée générale du 6 juin, le président précise que l'année 1935, marquant le cinquième centenaire des traités d'Arras, qui ont terminé la lutte de Charles VIT et de Philippe le Bon et préparé la fin de la guerre de Cent ans. le thème principal du Congrès de mai de l'A.B.S.S. sera «la Bourgogne du xve siècle et son rôle dans l'histoire politique et dans la civilisation occidentale sous les grandes ducs valois ».

L'Académie accorde son patronage et sa participation financière au Comité d'érection du monument François Pompon.

Des félicitations sont adressées à M. le procureur général Couchepin, associé, à l'occasion de sa nomination de premier président honoraire, et des condoléances à M. Bernigaud, imprimeur de l'Académie, pour le deuil cruel qui vient de l'atteindre en la personne de Mme Bernigaud, sa femme.

Le commandant Charrier fait remarquer que la Bourgogne a quelque raison de se réjouir de l'élection à l'Académie française du duc de Broglie, la duchesse de Broglie étant, depuis la mort de sa mère, la baronne de Rochetaillée, la propriétaire de Cîteaux.

M. l'abbé Chaume signale quelques faits susceptibles de jalonner l'histoire des « relations anciennes de Dijon avec Soissons » :

1° En 901, a lieu la translation des reliques de saint Médard de

Soissons à Dijon : ces reliques sont déposées à Saint-Ëtienne de Dijon.

2° Gui, comte de Soissons sous les derniers Carolingiens (c. a. 970990)

970990) un proche parent (consobrinus). de Brun de Roucy, évêque

de Langres (980-1016) et suzerain féodal de Dijon.

3° Au début du xie siècle (c. a. 1007-1020), Saint-Ëtienne de Dijon est gouverné par l'abbé Béraud le Vieux (Beraldus Veteranus), archidiacre de Langres. — Ce Béraud, homonyme et descendant probable d'un Béraud, comte de Soissons au xe siècle, est l'oncle d'Humbert Hézelin, seigneur de Vergy, mort évêque de Paris, en 1061 ; en outre, il touche de près à Foulques, évêque de Soissons en 995, et frère de Nocher Ier de Bar-sur-Aube. — Un fils de Nocher Ier est Béraud, archidiacre de Langres en 1015 et évêque de Soissons de 1019 à 1052 ; Nocher II, fils de Nocher Ief et de Béraud, est comte de Bar-sur-Aube et de Soissons.

4° Le successeur de Béraud le Vieux à Saint-Ëtienne de Dijon est son neveu Garnier de Mailly (1020-1050), fils d'Humbert, seigneur de Mailly, et frère de Thierry, seigneur de Fauverney. C'est de 1050


XXX EXTRAIT

environ que date le rouleau mortuaire, conservé à Saint-Ëtienne de Dijon, et dans lequel les religieux de Saint-Crépin-le-Grand de Soissons recommandent aux religieux de Dijon .leurs abbés récemment décédés (Fyot, preuve n° 103).

5° En 1057, le comte Renaud de Soissons meurt, laissant son comté à son fils Gui II, qui disparaît bientôt après, empoisonné, dit-on, par sa soeurAélis. — Celle-ci transmet le titre comtal à son époux, Guillaume Busac, mort en 1098. — Parmi les enfants issus du mariage de Guillaume avec Aélis, on signale deux filles qui donnent naissance, l'une, à Geofîroi III de Donzy, et l'autre à Gauthier II de Brienne : Geofîroi et Gauthier figurent au nombre des collatéraux convoqués en 1141 par le comte Renaud III de Soissons, en vue de régler sa succession.

Or Geofîroi cousine avec les Vergy : l'un de ses parents (Hervé de Fauverney) est abbé de Saint-Ëtienne de Dijon. — Mahaut, femme de son fils Hervé est la propre nièce de la duchesse Marie de Champagne, femme du duc Eudes II de Bourgogne.

Tous ces faits — de valeur et de portée fort inégales — aident à comprendre (mieux peut-être que la présence fortuite du duc Hugues III à Soissons en 1183) que la charte communale de Dijon ait été accordée ad formam communie Suessionis.

Le président lit ensuite une communication de M. Henri Drouot, professeur au lycée, membre résidant, sur « Les gens de la Monnaie de Dijon en 1594 » 1, qui constitue une suite à celles déjà parues, du même auteur, sur « La Ligue et le règne d'Henri IV en Bourgogne ».

M. Oursel attire l'attention sur un bref article, paru dans le numéro du 19 juin de Beaux-Arts, relatif à deux oeuvres de Corot qui, peintes par l'artiste sur les murs d'un petit kiosque en pierre appartenant à M. Fournier à Savigny-les-Beaune, ont été relevées en 1899, entoilées et finalement mises en vente publique récemment. Corot était lié d'amitié avec M. Fournier et fut son hôte à Savigny.

La séance est levée à 18 h. 25.

Séance du 4 juillet 1934

PRÉSIDENCE DE M. OURSEL, président.

La séance est ouverte à 17 heures.

La lecture du procès-verbal de la dernière réunion ne donne lieu à aucune observation.

1. Mémoires.


«DES PROCÈS-VERBAUX DE SÉANCES XXXI

Le président donne lecture des observations météorologiques faites à l'observatoire de la Guette pour le printemps de 1934 1.

Le lieutenant-colonel Andrieu entretient la Compagnie de l'oeuvre géographique du prince Youssouf Kamal.

Prenant prétexte de la commémoration récente du deuxième Centenaire de la découverte de la houille, M- Fyot signale que l'exploitation du charbon de terre en Bourgogne, d'après un document du 2 février 1507, remonte au moins au début du xvie siècle, précédant de longue main les prospections de la région du Nord.

M. Dumont, professeur à la Faculté de droit, est élu associé.

La séance prend fin à 18 h. 30.

ANNEXE

L'OEUVRE DU PRINCE YOUSSOUF KAMAL

Les origines de la scénographie, transformation et développement

(par le lieutenant-colonel Andrieu, membre résidant)

« Le prince Youssouf Kamal, frère du roi d'Egypte, a entrepris, depuis plusieurs années, sous le titre de Monumenta cartographica Africae et Egyptae, la publication de toutes les cartes, documents, textes 2 les plus rares, épars dans les musées, les bibliothèques et les collections célèbres depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours. Cet ouvrage est tiré à un nombre très restreint d'exemplaires réservés à 55 grandes bibliothèques des deux mondes.

» Quelques temps après la clôture du Congrès international de Géographie historique tenu à Bruxelles, en 1930, le docteur F.-C. Wieder, conservateur de la bibliothèque de l'Université royale de Leyde, a adressé au lieutenant-colonel Andrieu, une notice personnelle concernant l'oeuvre de Youssouf Kamal dans la pensée que celle ci pourrait se rattacher à la communication que notre confrère avait présentée, au Congrès précédent, sous le titre « La Scénographie des primitifs ■>. Il lui a semblé, en effet, pouvoir démêler de la multiplicité des documents géographiques publiés jusqu'à présent et dont il a pu prendre connaissance récemment à la Bibliothèque nationale, trois grandes périodes iconographiques principales, où le trait évolue suivant la valeur et la nature des connaissances humaines :

■■> 1° Représentation ésotérique et symbolique dans l'Antiquité et ensuite d'après la Bible conformément aux idées pythagoriciennes admises en fait et traduites au vie siècle par Cosmas. En principe, ce dessin théorique procède de figure sgéométriques ayant un sens caché.

» 2° Représentation à vue des paysages géographiques. C'est

1. Notes météorologiques.

2. géographiques.


XXXIÎ EXTRAIT »s

l'ère visuelle des dessins enfantins où l'on cherche la réalité à travers la nature altérée par l'imagination ou les récits de voyaceurs.

» 3° Représentation scientifique au moyen d'appareils de mesure qui iront en se perfectionnant de siècle en siècle et traduiront la réalité par des projections géométriques d'ordre divers, de plus en plus appropriées

« Il est bien évident que ces représentations ne se suivent pas régulièrement dans le temps, ni dans l'espace, elles sont subordonnées à la civilisation et au développement local des connaissances humaines.

» En résumé, l'étude des « Monumenta » doit permettre ce classement d'après les méthodes dont le trait révélera l'emploi. Les analogies ressortiront ainsi et conduiront à des groupements synoptiques qui constitueront les étapes et les divisions de l'histoire de la géographie.

» A l'appui de sa thèse, le lieutenant-colonel Andrieu discute quelques exemples qui rentrent dans cette classification ; en particulier, la carte, dite de Christophe'Colomb, que Y Illustration a publiée, le 12 avril 1924, et sur laquelle est tracé un réseau complexe de lignes composé : 1° des rayons issus des quatre roses des vents placées aux angles, et 2° d'un quadrillage quadrangulaire s'appuyant sur certains des rayons précédents. Cet ensemble constitue, d'une part, l'orientation géographique de la carte, et, d'autre part, la direction de la Tramontane ou étoile polaire. L'écart mesuré entre les deux correspond à la déclinaison orientale de l'époque calculée théoriquement par extrapolation ».

Séance du 7 novembre 1934

PRÉSIDENCE DE M. OURSEL, président.

- La séance est ouverte à 17 h. 45. Une séance des membres titulaires a eu lieu auparavant, au cours de laquelle il a été décidé que : 1° MM. Oursel et Collot, en ce qui concerne l'Académie et la Commission des antiquités, le docteur Simon, en ce qui concerne la Société des sciences historiques et naturelles de Semur, M. de Chevannes, pour la Société d'histoire et d'archéologie de Beaune, seraient proposés à la Préfecture en qualité de membres de la Commission départementale pour la protection des monuments naturels et des sites ; 2° l'Académie serait représentée officiellement par son président auprès du Comité de « La Demeure historique » ; 3° l'inauguration de la salle lapidaire du nouveau musée archéologique aurait lieu le 15 novembre, et cette cérémonie comporterait : un déjeuner


DÈS PROCÈS-VERBAUX DE SÉANCES XXXIÎI

offert aux principaux souscripteurs et une visite de la salle (dénommée salle Auguste-Baudot), avec présentation des objets par M. Xavier Aubert, conservateur, en présence des principales autorités de la ville.

Le président salue la mémoire des membres qui sont décédés au cours des vacances : M. le premier président honoraire Rémy, M. Dussy, professeur honoraire au lycée Carnot, M. Drioton, libraire à Troyes, associés ; M. Bonvalot, instituteur à Saint-Germain-SourceSeine, correspondant ; M. Chapuis, qui fut il y a quelques années le dessinateur de la Commission des antiquités.

Il fait part ensuite :

de la nomination, dans l'ordre de la Légion d'honneur, de M. Gaston Gérard, maire de Dijon, ancien ministre, membre résidant, en qualité de commandeur ; de M. P. Huguenin, deuxième vice-président, et de M. le docteur Mallard, associé, comme chevalier ;

de l'attribution d'un prix Montyon de 1.000 francs, par l'Académie française, à M. Paul Cazin, membre non résidant, pour la traduction des oeuvres de Micklewicz, ainsi que de sa désignation, par le ministre de l'Éducation nationale, de délégué au Congrès international du slavisme en Pologne ;

de la nomination de M. l'abbé Chaume, membre résidant, comme directeur du grand Séminaire de Dijon ;

de l'octroi, par l'Académie des sciences morales et politiques, du prix Fréville de 1.500 francs, à M. Huguenin, professeur à la Faculté de droit, associé, pour son Traité théorique et pratique de droit pénal militaire ;

de la réélection, comme conseiller général, de M. Bidault de l'Isle, membre non résidant.

M. de Vernisy, membre non résidant, a attiré l'attention de l'Académie sur la convenance qu'il y aurait à ce que la tombe du savant bénédictin, Dom Martène, originaire de Saint-Jean-de-Losne, inhumé à Saint-Germain-des-Prés, le 21 juin 1779, reçoive la tardive, mais juste réparation d'une inscription. Il est décidé qu'un voeu dans ce sens sera transmis à l'Académie des inscriptions et belles-lettres.

Le volume des Mémoires de VAcadémie et celui des Mémoires de la Commission des antiquités, portant l'un et l'autre le millésime de 1933, ont été distribués aux parties prenantes intéressées.

Le président donne la parole au commandant Charrier, qui lit une notice biographique et nécrologique sur le R.P. Dom Fabien Dutter, abbé du Verger et abbé auxiliaire de Cîteaux, procureur général de l'Ordre des Cisterciens S.O., membre non résidant, décédé tragiquement le 7 août 1933, dans un accident d'automobile 1.

La séance est levée à 19 heures.

1. Mémoires.


XXXIV

EXTRAIT

Séance du 21 novembre 1934

PRÉSIDENCE DE M. OURSEL, président.

La séance est ouverte à 17 heures. Le procès-verbal de la dernière réunion est adopté sans observation.

Le président fait part, en quelques mots, des excellentes conditions dans lesquelles a été inaugurée, le 15 novembre, sous la présidence de M. Verrier, délégué des beaux-arts, la section lapidaire du Musée archéologique. Il rend hommage, à cette occasion, au beau travail accompli par le conservateur, M. Xavier Aubert, membre résidant.

Il signale le succès obtenu par M. Louis Dumas, directeur du Conservatoire de Dijon, membre résidant, à l'occasion de l'audition de ses oeuvres, donnée à Paris, le 15 novembre, en exprimant le regret que cette heure de propagande musicale n'ait pas été transmise par la T.S.F.

Il donne lecture :

d'une lettre de M. Perrault-Dabot, inspecteur général honoraire des monuments historiques, membre non résidant, relative aux bas-reliefs gallo-romains et, principalement, à une stèle funéraire, réemployée comme indication de sépulture, à l'époque carolingienne, dans la chapelle du transept nord de l'église de Molinot, Côte-d'Or ;

d'un article récent de M. Clément-Janin, membre non résidant, consacré au président défunt de l'Académie, M. Auguste Baudot, intitulé « Un historien-pharmacien dijonnais » ;

du résumé des observations météorologiques faites à l'Isle-surSerein, pour l'été 1931- 1.

Le commandant Charrier détache du discours prononcé à la séance publique annuelle des cinq Académies, l'extrait se rapportant à la carrière universitaire et scientifique de M. Camille Matignon, professeur au Collège de France, membre non résidant, décédé.

Il dépose sur le bureau un exemplaire de la conférence faite, le 19 juin dernier, au plateau de Chaux, par le colonel Desmazes commandant le 134e R.I., sur Le combat de Nuits du 18 décembre 1870, et qui fait, en quelque manière, figure de travail définitif. Il complète la présentation de cet opuscule, par la lecture' des impressions personnelles de Mgr Moissenet et du chanoine Glantenay, témoins oculaires des douloureux événements de cette époque dans la cité nuitonne.

Le président donne la parole à M. l'abbé Laboureau, curé de

1 Voir plus loin : Notes météorologiques.


DES PROCÈS-VERBAUX DE SÉANCES XXXV

Pluvault, associé, qui entretient l'assistance « des Dugied, ascendants du Père Lacordaire » *.

M. l'abbé Dumas, curé de Villeneuve-sur-Allier, correspondant, est élu membre non résidant. Le général Charet, le colonel Maillet, le chef de musique Martenot, MM. Voiriot, Parry et Max Cappe, Mlle Mortier sont élus associés.

La séance prend fin à 18 h. 40.

Séance du 5 décembre 1934

PRÉSIDENCE DE M. FYOT, président de la Commission des Antiquités

La séance est ouverte à 17 heures.

Le procès-verbal de la dernière séance est adopté.

Le président fait connaître que l'Académie des sciences a accordé le prix de 4.000 francs de la fondation Octave Mirbeau à M. l'abbé Dumas, curé de Villeneuve-sur-Allier, membre non résidant, pour ses travaux sur « les Unicellulaires ».

Le secrétaire donne lecture d'une communication de M. Edouard Drouot, associé, sur « L'abbé Landel, curé-maire de Baulme-la-Roche de 1789 à 1791 » 2.

Prenant prétexte d'une conférence sur la crypte de Saint-Bénigne, faite à Dijon, quelques jours auparavant, M. Fyot combat l'idée émise à cette occasion, que les cryptes auraient été des rotondes construites, à usage de baptistère, à côté d'un cours d'eau ou d'un étang. Leur origine, moins poétique, remonte aux âges héroïques de l'Église, où, pour soustraire les tombes des chrétiens de marque aux profanations des païens, on songea à les abriter dans des chapelles souterraines invisibles de l'extérieur.

La séance est levée à 18 heures.

Séance du 19 décembre 1934

PRÉSIDENCE DE M. OURSEL, président.

La séance est ouverte à 17 heures.

Le procès-verbal de la dernière réunion est lu et adopté.

Le président fait part :

de l'attribution du prix Buignet, de 1 600 francs, par l'Académie

1. Mémoires.

2. Mémoires.


xxxvi EXTRAIT

de médecine, à M Boutaric, professeur de physique générale à la Faculté des sciences de Dijon, membre résidant, pour l'ensemble de ses travaux physico-chimiques appliqués aux sciences biologiques et à la médecine ;

de l'octroi de la médaille d'argent de la même Académie, à M. le docteur Mallard, inspecteur départemental de l'hygiène en Côte-d'Or, associé :

de la délivrance à Mlle Rabut, associée, de la grande médaille d'or de l'Académie florimontaine de Chambéry, pour ses travaux littéraires et pédagogiques.

II signale la reprise de l'activité, dans le cadre exclusif de l'Académie, de la section d'astronomie et de météorologie, dont la première manifestation doit être une conférence donnée, le 22 décembre, dans la salle ordinaire des séances, par M. Bidault de l'Isle, directeur de l'observatoire de la Guette, membre non résidant, président de la section.

Il dépose sur le bureau en hommages des auteurs :

Commentaires sur le Mail, de M. Gaston-Gérard, maire de Dijon, ancien sous-secrétaire d'État, membre résidant ;

Familles de Bourgogne, les Potot, seigneur d'Avosnes, de Seigny et autres lieux, de M. Jacques Meurgey, archiviste aux Archives nationales,, et héraldiste, membre non résidant.

Le commandant Charrier donne lecture de la lettre, datée du 3 juillet 1834, par laquelle Gabriel Peignot, alors président de l'Académie de Dijon, demandait à la municipalité l'autorisation de placer sur la maison portant le n° 10 de la place Bossuet, une plaque de marbre rappelant que c'est dans cet immeuble que naquit l'Aigle de Meaux — de l'autorisation accordée, sous la signature de l'adjoint Victor Dumay — de la mention d'enregistrement au bureau de police — de l'acquiescement de la propriétaire du lieu, Mme veuve Bouaùlt. Le président souligne l'opportunité de commémorer discrètement ce centenaire, tout à l'honneur.de la Compagnie dijonnaise.

La parole est donnée successivement au lieutenant-colonel Andrieu. membre résidant, qui parle d'un cryptogramme chrétien du me siècle, et à M. Voisin, associé, qui entretient l'assistance d'une affaire de propos séditieux, à Dijon, en 1450.

Le lieutenant-colonel Ricklin et. M. Bernard Talfumière sont élus associés.

La séance se termine à 18 h. 45.


DES PROCES-VERBAUX DE SEANCES

XXXVII

ANNEXE

UN CRYPTOGRAMME CHRÉTIEN DU IIIe SIÈCLE (par le lieutenant-colonel Andrieu, membre résidant)

Il existe à la bibliothèque de Dijon, sous le n° 448 (269), un manuscrit constitué par un recueil de traités d'astronomie, d'Isidore de Séville, de Bède le Vénérable, d'Helpéric et de Pérëgrin, copié par un moine du nom de Wicfridus, dans la deuxième moitié du Xe siècle. Ce manuscrit vient de Saint-Evre de Toul et, en dernier lieu, de Saint-Bénigne de Dijon.

» Il a été étudié, en partie, par feu le commandant Mowat, membre de la Société nationale des antiquaires de France, en 1905 (v. Bulletins et Mémoires, t. LXV, 1906), sous le titre : « Découverte d'une strophe cruciforme inédite de Fortunat dans un manuscrit du xe siècle». Il s'agit d'une croix pattée tenant toute une page de l'in-folio. Elle est composée de lettres majuscules juxtaposées et superposées, placées dans un certain ordre à déchiffrer, qui a conduit Mowat à conclure que cette figure est la reproduction du diagramme qui a pour auteur Fortunat, évêque de Poitiers, et que le R.P. Christophorus Brower a édité, pour la première fois, en 1603, avec les autres poèmes en acrostiches du même poète sur la Sainte Croix, d'après le manuscrit 196 de Saint-Gall au ixe siècle. Lé calligraphe a ajouté au pied un appendice, comme une sorte de broche destinée à s'emmancher dans la douille d'une hampe, composé de lettres formant verticalement le mot ADORO, et aux bras, il a suspendu l'alpha et l'oméga symboliques. Mowat suppose que c'est la représentation d'une croix processionnelle, il ajoute que les dessins cosmographiques sont entrecoupés de hors-d'oeuvres littéraires et religieux.

» Je m'occuperai de l'un de ceux-ci que Mowat avait déjà signalé, deux ans auparavant, l'ayant rencontré ailleurs (S. A. F., t. LXIV, p. 41). C'est ce qu'on appelle improprement un mot carré, au lieu de carré de mots. C'est le premier connu.

S A T O R AR E P O

TENET

OPERA

* ROTAS

» Il présente cette particularité qu'il est réversible de cette manière qu'on appelait : versus récurrentes ou, en grec : carkinoi, par analogie avec la marche de côté pratiquée par le crabe. Ce diagramme est répété deux fois dans le manuscrit, au milieu d'un cercle :


. xxxviii ■•■ .-•"-■•• EXTRAIT ..

» 1° au verso du folio 74, il est accompagné d'un autre cercle où est inscrite une croix grecque portant sur ses branches les quatre lettres P, E, A, M, et une cinquième R, au centre. A eux deux, ils semblent constituer une médaille, avers et revers.

» Lé recto du folio présente précisément la strophe cruciforme de Fortunat.

» Mowat considère les inscriptions des deux cercles comme du remplissage calligraphique accompagnant une note sur les vents de mistral et d'autan dans le midi de la Gaule. En réalité, il y a là un dessin cosmographique complet, schématisant la conception du Monde à cette époque. C'est une sorte de comput présentant une rose des vents à larges secteurs, la division de l'année en douze mois, sur le pourtour de la circonférence, avec, au centre, un autre cercle présentant, en trois segments mixtilignes, la division du Monde en ses trois parties alors connues : Asie, Europe, Afrique, et, tout

• autour, dans une couronne ces mots :

» Mundus quatuor angulos habet et partes très divisas (v. ma com•

com• au Congrès de Varsovie).

»r2° Le folio 93 présente, en son verso, une croix dont les contours sont > tracés au trait et contiennent aussi un cryptogramme du même genre que le précédent, avec ornements circulaires, dont le carré de mots, en bas, à droite.

» Or, dernièrement, il a été question, à la Société nationale des antiquaires de France, de cette formule magique connue sous le nom de : «rébus Sator», et M. Carcopino, auteur de la communication, a montré qu'il s'agit, à l'origine, d'une formule chrétienne gauloise du me siècle. L'éminent professeur a eu l'obligeance de me donner quelques renseignements en attendant la publication de son étude. La mission franco-américaine qui poursuit, actuellement, des fouilles à Doura-Europos, ville détruite en .256 de notre ère, vient de retrouver la plus ancienne chapelle chrétienne connue, avec l'inscription suivante qui donne la clef du carré de mots :


DES PROCÈS-VERBAUX DE SÉANCES XXXIX

«PATER NOSTER en croix, en ajoutant au commencement et à la fin de chaque branche les initiales des noms des lettres alpha et oméga, on a toutes les lettres qui composent la formule Sator.

» Le commandant Mowat a présenté cette traduction : « Le semeur est à la charrue, le travail (du labour) occupe les roues». J'y vois un autre sens, le carré de mots est un cryptogramme ; ou écriture secrète caractérisant le Pater qu'évoque, sur le dessin cosmographique, la croix grecque unissant les quatre points cardinaux. Dès lors, on peut interpréter les cinq lettres du revers par analogie avec ce vers de l'évêque de Poitiers : Crux mihi refugium, au moyen de ces mots : Pater est sanice mihi refugium. Quant à la signification du terme ROTA, elle est comprise dans les vers : de universi mundi rota que le tome III de Youssouf Kamal a reproduits dans la Cosmographie franque ».

LA VIE DIJONNAISE AU XVe SIÈCLE

UNE AFFAIRE DE PROPOS SÉDITIEUX (1450)

(par M. Voisin, associé)

« Le 22 juin 1450, trois cents personnes environ étaient assemblées au chapitre des Frères Prêcheurs. Il y avait là des échevins, des bourgeois, des marchands, des gens de métier : il s'agissait de préparer l'élection du mayeur, qui devait se faire au cimetière de SaintBénigne, le jour de la Nativité de saint Jean-Baptiste (24 juin), et d'examiner les candidatures. Chacun à tour de rôle donnait son opinion.

» Parmi les assistants se trouvait un nommé Phelippot Martin, originaire de Picardie, contrôleur du droit de « six gros par queue », prélevé sur la circulation des vins au profit du duc de Bourgogne. Écervelé, hâbleur, c'était un «homme séditieux, noiseux (= querelleur)... coustumier de parler contre gens de justice,... un malvaiz hoingnart » (= grincheux), qui, en 1438, avait eu déjà maille à partie avec la justice, au sujet de propos injurieux et diffamatoires tenus par lui contre le chancelier Nicolas Rolin et autres officiers du duc de Bourgogne.

» Sans attendre qu'on lui demandât son avis, il « murmuroit moult fort » ; et quand son tour fut venu, il se répandit en propos agressifs, en menaces de rébellion, disant que « si sire Philippe Machefoing n'estoit maire », il y aurait « du débat », « des têtes rouges » ( = du sang versé). En vain le procureur de la ville et commune de Dijon, Jehan Rabustel, lui reprochait-il l'intempérance de son langage ; en vain ses voisins essayaient-ils de le faire taire. Notre homme continuait à déblatérer, et la violence de ses propos pouvait faire craindre qu'il « eust avec aultres folz et gens de petit estât entreprins


XL EXTRAIT

de faire mûtemaque (émeute) et rébellion... le jour de la Saint Jehan a heure que l'on a accoustumé de mettre et eslire le maire ».

» Le soir du même jour, Phelippot Martin était à « Gevrey-enMorttagne » et tenait, devant des buveurs assemblés, le même langage sédicieux, heureux de parader, de jouer un rôle, de piquer la curiosité de ses auditeurs qui, le connaissant, attachent peu d'importance à ses paroles, l'excitent et se moquent de lui.

» Une information est ouverte, par ordonnance du mayeur, Guillaume Chambellan, et des témoignages sont recueillis, tant à Dijon qu'à Gevrey. A la suite de l'enquête, Phelippot Martin est incarcéré « pour certaines paroles sentans sédition et monopole ». Le premier mouvement du prisonnier est de protester et de faire le brave : il en appelle « à la court du Parlement du Roy nostre sire à Paris ». Maire et échevins prennent peur, décident de différer le procès. Mais Phelippot, comprenant sans doute que son cas est mauvais, renonce à son appel et déclare qu'il se soumet « à l'ordonnance et jugement du mayeur et des eschevins ».

» Ceux-ci toutefois sont embarrassés, perplexes : ils craignent que le prisonnier ne revienne sur sa renonciation, ne prétende qu'elle lui a été arrachée. Dans leur embarras, ils consultent trois légistes, leurs conseillers ordinaires. Les réponses des légistes sont ambiguës, louvoyantes. Ils dosent le pour et le contre, flottent entre la rigueur qu'ils jugent légitime, la nécessité de faire un exemple, et une mesure de clémence que peut-être commande la sagesse.

» Finalement, le 3 juillet, la Chambre de ville décide de poursuivre le procès et de faire interroger l'inculpé dans sa prison. Celui-ci, qui a renoncé à son arrogance, reconnaît en partie les faits, ou dit « qu'il en est bien petitement recordz » ; qu'il n'a pas eu l'intention de «faire commotion ne esmouvoir le peuple » ; que, s'il a eu des torts, «il en crye mercy a la ville » ; qu'au reste, le jour où les faits se sont passés, il avait « beu moult fort sans manger senon (sinon) ung lopin de pain».

» Mais les magistrats municipaux sont toujours inquiets, indécis sur la marche à suivre. Ils se demandent s'ils ne pourraient « obtenir lettres royaulx pour pugnir ledit Phelippot »; ou, à défaut de ces lettres, « ung mandement de la court du Parlement de France » les autorisant à faire le procès.

» L'affaire va se dénouer d'une façon inattendue. Le 10 juillet (1450), Ja duChesse d'Orléans (Marie de Clèves, fille de Philippe le Bon) arrive à Dijon. A la requête de la femme et des amis de Phelippot Martin, elle demande à « Messeigneurs de la ville » l'élargissement du prisonnier. Les magistrats municipaux, qui n'ignoraient pas que «incontinent que ilz (le duc et la duchesse) arrivent en aucunes des viles du royalme de France pour la première fois, ilz ont auctorité de mettre hors des prisons tous prisonniers detenuz pour cas crymi-


DES PROCES-VERBAUX DE SEANCES XLI

nelz », avaient pris la précaution de faire transporter à Rouvres, « ses prisons d'ilec », Phelippot Martin, dont ils ne voulaient pas se dessaisir. Vaine précaution. La duchesse, avertie du subterfuge, fait sommer les magistrats de livrer le prisonnier. Sur le conseil du chancelier Rolin, maire et échevins se soumettent, d'assez mauvaise grâce d'ailleurs, et parce que la résistance est impossible. La duchesse ordonne que des lettres de grâce soient délivrées au prisonnier, et, dans une audience solennelle (23 juillet), Phelippot Martin comparaît devant la Chambre de ville, « tenant en ses mains les lettres de grâce à lui faite par Madame d'Orléans » : il les présente au mayeur qui les reçoit « en grant révérence », les fait lire à haute voix, et après les avoir « veriftiees et entérinées de point en point..., par vertu d'icelles a délivré et mis la personne dudit Phelippot... à pleine délivrance, et a monditseigneur le maieur impose silence », au procureur de la ville, à la requête de qui la poursuite s'était faite, avec défense audit procureur de revenir sur la question ».



ACADÉMIE

DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES DE DIJON

Fondée le 1er octobre 1725

confirmée par Lettres patentes de juin 1740

reconnue d'utilité publique par Ordonnance du 22 octobre 1833

et Décret du 13 mars 1922

LISTE ACADÉMIQUE AU 1er FÉVRIER 1935

Présidents d'honneur : M.Estaunié (Edouard), de l'Académie française, 9 juillet 1930. Mgr Moissenet (René), directeur de la Maîtrise de Dijon, 9 juillet 1930.

Bureau 1

Président : M. Oursel, 26, rue de Tivoli. Vice-présidents : M. Huguenin, 22, rue de la Préfecture.

M. Lenoble, 80, rue Devosge. Secrétaire : M. le Cd' Charrier, 8, rue de la Toison-d'Or. Secrétaire-adjoint : M. Lebel, 12, rue Pelletier-de-Chambure. Trésorier : M. Collot, 17, place Bossuet.

1. Élu pour quatre ans, à partir du 19 juillet 1934.


XLIV LISTE ACADEMIQUE

Conseil d'administration

Les membres du Bureau et

MM. Laurent, 8, rue Babeuf, bibliothécaire. Roupnel, 4, place Auguste-Dubois. Moissenet (Mgr), 4, rue Crébillon. Perrenet, 5, rue du Palais.

Claudon, 1, avenue Junot (Palais des Archives). Andrieu (L'-colonel), 27, boulevard Thiers.

Commission des Publications

Le Président, le Secrétaire, MM. abbé Chaume, Lenoble, Topsent, Fyot, Laurent.

LISTE DES MEMBRES:

Membre d'honneur

M. Lacroix (Alfred), secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, 23, rue Humboldt, Paris.

Membres donateurs

MM. Bonnet (Docteur), décédé. Jacot, décédé. Jeandet (Docteur Abel), membre non résidant (7 janvier 1863),

décédé. Epery (Docteur René), membre résidant, décédé.

Membres résidants

MM. *Oursel (Charles), archiviste-paléographe, conservateur de la Bibliothèque de la Ville, bibliothécaire en chef de l'Université, rue de Tivoli, 26 ; 6 février 1901.

1. Les noms des membres résidants, des associés et des correspondants qui appartiennent à la Commission des antiquités, sont précédés d'un astérisque.


LISTÉ ACADÉMIQUE XLV

MM. ♦Huguenin (Pierre), avoué à la Cour d'appel, rue de la Préfecture, 22 ;

26 juin 1901. ♦Perrenet (Pierre), avocat, 5, rue du Palais et à Marcilly-sur-Tille ;

7 février 1906.

*Fyot (Eugène), rue Turgot, 4 ; 15 mai 1907.

♦Claudon (Ferdinand), archiviste honoraire, 1, avenue Junot; 10

février 1908. ♦Laurent (Jacques), archiviste-paléographe, conservateur-adjoint de

la Bibliothèque de la Ville, auxiliaire de l'Institut, rue Babeuf,

8 ; 17 avril 1912.

Estaunié (Edouard), de l'Académie française, 72, cours du Parc ;

1er novembre 1917. Pionchon (Joseph), professeur honoraire à la Faculté des sciences,

16, rue Berlier ; 4 décembre 1918. Deslandres (Maurice), doyen honoraire de la Faculté de droit,

boulevard Carnot, 2 ; 4 décembre 1918. Vignes. (Maurice), doyen honoraire de la Faculté de droit, rue des

Princes-de-Condé, 2 ; 4 décembre 1918. Topsent (Emile), professeur honoraire à la Faculté des sciences,

rue de Longvic, 13 ; 4 décembre 1918. Domec (Théophile), docteur en médecine, boulevard Sévigné, 8 ;

16 janvier 1920. Paris (Paul), directeur du Muséum d'histoire naturelle, rue de la

Colombière, 32 ; 4 février 1920. *Andrieu (Ernest), L'-colonel d'artillerie en retraite, bout Thiers,

27 ; 3 mars 1920. Brunhes (Joseph), avocat à la Cour d'appel, ancien bâtonnier,

rue Turgot, 16 ; 31 mars 1920. ♦Gaston-Gérard, ancien sous-secrétaire d'Etat, maire de Dijon,

avocat à la Cour d'appel, 25, rue du Petit-Potet ; 31 mars 1920. Moissenet (Mgr René), directeur de la Maîtrise de la Cathédrale,

4, rue Crébillon ; 19 mai 1920. Dumas (Louis), directeur du Conservatoire, 40, rue Berlier ; 7 juin 1920. Chaput (Ernest), professeur à la Faculté des sciences, 9, rue du

Château ; 23 mars 1921. Boutaric (Auguste), professeur à la Faculté des sciences, 2, boulevard Thiers ; 23 mai 1921. ♦Chaume (abbé Maurice), directeur au Grand Séminaire, 9, boulevard Voltaire ; 23 novembre 1921. ♦Aubert (Xavier), industriel, 7, rue du Havre ; 3 mai 1922. ♦Forey (Abel), architecte des Monuments historiques, 19, rue de

Tivoli ; 3 mai 1922. ♦David (Henri), docteur ès-lettres, critique d'art, Cessey-sur-Tille ; 3 mai 1922.


XLVI LISTE ACADÉMIQUE

MM. Genty (Paul), directeur du Jardin botanique, 17, avenue Garibaldi ;

3 mai 1922. Rougé (André), ancien bâtonnier de l'Ordre des avocats, 5, rue Vaillant ; 3 mai 1922. ♦Collot (Auguste), notaire, 34, boul. de Brosses ; 20 décembre 1922. ♦Roupnel (Gaston), professeur à la Faculté des lettres, 4, place

Auguste-Dubois ; 10 janvier 1923. Legras (Jules), doyen honoraire de la Faculté des lettres, professeur à la Sorbonne, 6, place Grangier ; 2 décembre 1925. Lenoble (Félix), inspecteur divisionnaire honoraire du travail, 80,

rue Devosge ; 27 janvier 1926. ♦Drouot (Henri), professeur au lycée Carnot, 24, cours du Parc ;

27 janvier 1926. ♦Lebel (J.), professeur honoraire au lycée Carnot, 12, rue Pelletierde-Chambure ; 6 février 1929. Deberre (chanoine Emile), chanoine titulaire de la cathédrale, 20, rue Crébillon ; 6 mars 1929. ♦Bourée (André), avocat à la Cour d'appel, 62, rue Chabot-Charny ; 20 mars 1929. Guillois (André), doyen de la Faculté de droit, 25, place EdgarQuinet ; 12 juin 1929. ♦Bordet (chanoine Louis), sous-directeur de l'Ecole Saint-François

de Sales, 39, rue Vannerie ; 4 décembre 1929. ♦Charrier (commandant Henri), 8, rue delà Toison-d'Or ; 4 déc. 1929. ♦Courtois (Célestin), ingénieur, 43, rue Jeannin. Gauguier (Jules), premier président de la Cour d'appel, 2, boulevard de la Trémouille ; 23 décembre 1931. Durand (René), professeur à la Faculté des lettres, 5, rue de Mirande ;

23 décembre 1931. Chabot (Georges), doyen de la Faculté des lettres, 6, boulevard Eugène-Spuller ; 23 décembre 1931. ♦Pocquet du Haut-Jussé (Barthélémy), maître de conférences à la

Faculté des lettres, 22, rue d'Assas ; 23 décembre 1931. Du Jeu (vicomte Emmanuel), château de Larrey-les-Dijon ; 23 décembre 1931. ♦Grémaud (Gabriel), 6, rue Auguste-Comte; 20 avril 1932. Bardy (chanoine Gustave), 9, boulevard Voltaire : 18 mai 1932. ♦Guillaume (André), avocat conseil, docteur en droit, 3 bis, rue de

Montchapet ; 18 mai 1932. ♦Debrand (Florentin), ancien bâtonnier de l'Ordre des avocats, 22,

rue de la Préfecture ; 28 juin 1933. ♦Simony (comte de), 28,. rue Pasteur ; 25 avril 1934. ♦Tainturier (Docteur), président de la Commission départementale de 1g Côte-d'Or, 1, avenue Junot ; 30 janvier 1935.


LISTE ACADÉMIQUE XLVII

Membres non résidants

MM. Barbey (Frédéric), ministre plénipotentiaire, 8, avenue Cortambert,

Bruxelles ; 8 décembre 1926. Bidault de l'Isle, docteur en droit, avoué près la Cour d'appel

de Paris, 3, boulevard du Palais, Paris-IVe ; 23 mars 1922. Billioud (Joseph), conservateur de la Bibliothèque de Marseille ;

16 juin 1920. Blonay (comte Godefroy de), président de la Société d'histoire de la

Suisse romande, château de Grandson (Suisse) ; 25 nov. 1925. Bouchard (Henri), sculpteur, membre de l'Académie des beauxarts, 25, rue de l'Yvette, Paris-XVP ; 1er juillet 1925. Bouillerot (Raoul), 43, rue d'Hérinnes, Enghien (Belgique) ; 3 mai

1922. Calmette (Joseph), professeur à la Faculté des lettres de Toulouse ;

9 mars 1910. Garnot (L*-colonel Sàdi), au château de la Rochepot (Côte-d'Or),

et 27, rue Jean-Goujon, Paris-VIIIe ; 4 janvier 1922. Cazin (Paul), homme de lettres, Autun ; 1er février 1933. Champeaux (Ernest), professeur à la Faculté de droit de Strasbourg ; 1er mars 1905. Ghauveau (docteur), sénateur, ancien ministre, président du Conseil général, 225, boul. Saint-Germain, Paris-VIIe ; 1er mai 1912. Clément-Janin, 70, rue La Fontaine, Paris-XVIe ; 19 mars 1924. Cinquetti (Giuseppe), secrétaire général de la Société Mastino de

la Scala, Vérone (Italie) ; 12 novembre 1923. Conant (Kenneth John), professeur à l'Université Harvard, Robinson

Robinson à Cambridge, Mass. (Etats-Unis). Corot (Henry), archéologue à Savoisy (Côte-d'Or) ; 31 mai 1922. Davy (Georges), recteur de l'Académie de Rennes ; 28 novembre 1923. Des Ombiaux (Maurice), 160, boulevard Montparnasse, à Paris,

XIVe ; 12 décembre 1928. Dorveaux (docteur Paul), 58, avenue d'Orléans, à Paris-XIVe

19 mai 1920. Droux (Georges), ancien secrétaire des Facultés, à Ancey, par

Mâlain (Côte-d'Or) ; 29 février 1928. Dubois (A.), ancien maire, président de la Société d'archéologie de

Beaune, boulevard Saint-Martin, à Beaune ; 23 janvier 1924. Dubois (Fréd.-Th.), président de la Société vaudoise de généalogie,

4, avenue d'Evian, à Lausanne (Suisse) ; 8 décembre 1926. Dumas (chanoine E.), curé de Villeneuve-sur-Allier (Allier) ; 21 novembre 1934. Duméril, professeur honoraire à la Faculté des lettres de Toulouse,

80, rue Alfred-Duméril, à Toulouse ; 1er mars 1922.


XLVIIt LISTE ACADÉMIQUE

MM. Duréault (Armand), secrétaire perpétuel de l'Académie de Mâcon '.

19 mars 1924. Emmanuel (Maurice), professeur au Conservatoire national, 42,

rue de Grenelle, à Paris-VIIe ; 18 mai 1921. Febvre (Lucien), professeur à la Faculté des lettres de Strasbourg ;

24 avril 1923.

Flammarion (Mme Camille), observatoire de Juvisy (Seine) ;

25 novembre 1925.

Dumas (E.), chanoine, curé de Villeneuve-sur-Allier (Allier) ; 21 novembre 1934. Fournier (Eugène), professeur à la Faculté des sciences de Besançon ; 7 décembre 1921. Gasq (Paul), directeur du musée de Dijon ; 6 février 1901. Gazier (Georges), conservateur de la Bibliothèque de Besançon :

7 décembre 1921. Grorichard, pharmacien, à Besançon ; 28 novembre 1928. Guicherd (Jean), inspecteur général honoraire de l'Agriculture,

correspondant de l'Académie d'agriculture, La Jeannette, à

Reyrieux (Ain) ; 9 février 1921. Guyot (E.), inspecteur général des ponts et chaussées, 6, rue Huysmans,

Huysmans, Paris-VP ; 31 mars 1926. Humpîner (R. P. Tiburce), O. C, abbaye de Zirc, Veszprin, Hongrie,

ou 3, via Giacomo Médici, Rome (29), Italie ; 17 mai 1933. Jeanton (Gabriel), président du tribunal de Mâcon ; 10 décembre 1924. Langeron (docteur Maurice), 15, rue Ravon, à Bourg-la-Reine'

(Seine); 9 juillet 1920. Liégeard (Gaston), au château de Brochon, par Gevrey-Chambertin

(Côte-d'Or) ; 16 juin 1920. Lorimy, président de la Société archéologique du Châtillonnais,

à Châtillon-sur-Seine ; 23 janvier 1924. Magnin (Mlle Jeanne), 89, avenue Victor-Hugo, à Paris-XVIe ;

4 avril 1928. Mary (André), 1, rue Bourbon-le-Château, à Paris-VIe ; 29 mars

1922. Mercier (Fernand), conservateur du Musée de Besançon ; 12 avril

1922. Mettrier (Henri), à Lahgres ; 30 avril 1924. Meurgey (Jacques), archiviste aux Archives nationales. 113, rue

de Courcelles, à Paris-XVIIe ; 24 novembre 1926. Oulmont (Charles), publiciste et littérateur, 16, rue de Béarn,

Saint-Cloud (Seine) ; 21 novembre 1934. Perrault-Dabot (A.), inspecteur général honoraire des monuments

historiques, 87, boulevard Saint-Michel, à Paris-Ve ; 31 mai

1922.


LISTE ACADÉMIQUE XLlX

MM. Perrin de Puycousin, à Tournus (Saône-et-Loire) ; 15 mars 1922. Presse (Dom Alexis), abbé de Tamié, par Mercury-Gemilly (Savoie) ;

7 janvier 1931. Ratinet, inspecteur des Contributions indirectes en retraite, 11,

rue Joseph-Chanrion, Grenoble (Isère) ; 2 décembre 1925. Rosset, directeur de l'enseignement primaire au ministère de l'Éducation nationale ; 13 janvier 1926. Rouget (Mme Marie) (Marie Noël), 27, rue Milliaux, à Auxerre ;

30 avril 1924. Schnaebelé (docteur), médecin-colonel en retraite, 19. rue des

Roses, Dijon ; 4 juin 1924. Stoufî (Louis), professeur honoraire à la Faculté des lettres de Dijon,

à Meylan (Isère) ; 26 juin 1901. Tassin (docteur), chirurgien de l'Hôtel-Dieu de Beaune ; 7 février

1923. Thénard (baron Louis), à la Ferté-sur-Grosne (Saône-et-Loire) ;

18 mai 1921. Tillet (Jules), inspecteur général des monuments historiques, 12,

rue de Phalsbourg, à Paris-XVIP ; 21 avril 1926. Valdant (général de division du cadre de réserve), 17, avenue

Victor-Hugo, Aix-en-Provence ; 20 avril 1932. Vaulgrenant (général Peting de), 6, avenue du Pavillon-Sully,

Le Pecq (Seine-et-Oise). Vernisy (Edmond de), 31, rue Théodore-Roosevelt, Bruxelles (Belgique) ; 17 janvier 1934.

Associés

MM. Arbanère (général de division du cadre de réserve), 7, avenue

E.-Deschanel, Paris. Arbassier, avocat à la Cour d'Appel, 6, place Grangier ; 27 janvier

1932. Arbinet (Emile), propriétaire, 80, rue Devosge ; 6 décembre 1933. Aubry (G.), président de chambre honoraire, 10, rue Vauban. Auduc (Benoit), chef de bataillon en retraite, 7, rue Violet-le-Duc ;

28 février 1934. Aupècle (Marc), avoué à la Cour, 29, place Ed^ar-Quinet ; 16 juin

1926. Barbier (M.), ancien préparateur à la Faculté des sciences, 1, rue

des Génois ; 23 janvier 1924. Baré (Gabriel), ancien bâtonnier de l'Ordre des avocats, 9, place

Wilson : 16 juin 1926. *Baut (Henri), notaire, 29, rue Buffon ; 31 mars 1926. Bel (docteur V.), rue Amiral-Roussin ; 30 mars 1927.


L LISTÉ ACADEMIQUE

MM.

Berger (Maurice), conseiller de préfecture interdépartemental, 29,

rue de Talant ; 14 février 1934. Bernot (docteur J.), rue Chancelier-de-1'Hôpital ; 27 avril 1927. Bertholie (Paul), inspecteur principal de l'exploitation du P.-L.-M. ; 19, place Darcy ; 28 juin 1933. ♦Bertrand (René), directeur du Journal de Beaune, 8, rue de Lorraine, à Beaune ; 21 avril 1926. ♦Bertrand (Ernest), directeur d'assurances, 1, place François-Rude;

2 février 1922. Bertrand (E.), ancien pharmacien, 2 bis, rue Cazott.e ; 16 juin 1926. Besson (Antony), notaire honoraire, 43, rue de la Préfecture ; 29 mars 1922. *Bichot (chanoine), archiprêtre de la cathédrale de Dijon, 6, rue

Danton ; 18 décembre 1929. Bichot (colonel), 8, rue Pelletier-de-Chambure ; 1er février 1933. Bidault (docteur Alfred), les Rivières, par Saint-Just-en-Chevalet

(Loire). *Billardon (J.), ingénieur des poudres en retraite, 78, rue CharlesDumont

CharlesDumont 18 décembre 1929. ♦Blaudin-Valière, 42, boulevard Carnot ; 6 mars 1929. ♦Blondeaux (Joseph), ancien pharmacien, 21, rue Condorcet ; 24

janvier 1923. *Bocat (abbé L.), professeur à l'Ecole Saint-François de Sales, 39,

rue Vannerie ; 16 juin 1926. Bodin (Louis), professeur honoraire à la Faculté des lettres, 43, rue de Tivoli ; 27 janvier 1932. *Bottemer (docteur E.), 12, rue de la Liberté ; 16 juin 1926. Bouchacourt (Mlle), licenciée ès-lettres, 45, rue Verrerie; 24 juin 1925. ♦Bouchard (J.), ingénieur des arts et manufactures, 55, rue de

Longvic ; 1926. . Boudriot (docteur), médecin-major des troupes coloniales en retraite; 14, rue de l'Egalité ; 23 décembre 1931, Bourgeois (Joseph),ingénieur, 8, rue du Transvaal; 1erfévrier 1933. ♦Bretillot (commandant L.), 9, boulevard Carnot ; 21 avril 1926. ♦Breuil (J.), maître chocolatier, 88, rue de la Liberté ; 30 mars 1927. Broussolle (docteur E.). 109, rue Jean-Jacques-Rousseau ; 23 janvier 1924. ♦Broussolle (Emile), chef de gare principal en retraite, 3, rue de

la Liberté ; 29 juin 1927. *Broussol1e (docteur Jean), 109, rue Jean-Jacques-Rousseau ; 8

décembre 1926. ♦Brunerie (Georges), ingénieur chimiste aux usines Pernot, 39, boulevard de la Trémoille ; 10 mars 1926.


LlSTEf ACADÉMIQUE LI

MM.

Bugnon, doyen de la Faculté des sciences, 18, rue [Jean-sans-Peur ; 23 décembre 1931. ♦Burdet-Berthoux (abbé), professeur à l'Ecole Saint-François de Sales, 39, rue Vannerie ; 27 avril 1927. Cappe (Max), poète et homme de lettres, 29, rue Charles-Dumont ;

21 novembre 1934. ♦Cerles (A.), ingénieur, chef des travaux à l'Ecole pratique, directeur de l'Ecole d'apprentissage de l'Ecole de commerce; 17, rue du Creux-d'Enfer ; 8 février 1928. Geraon (baron Bernard de Pinteville de), 33, rue Jeannin ; 6 mars

1929. Charentenay (comte de), 31, cours du Parc ; 23 janvier 1923. Charpentier (docteur), directeur de l'Institut de bactériologie, 11, rue du Vieux-Collège ; 23 janvier 1929. ♦Charet (général de division du cadre de réserve), 5, rue du Palais ;

21 novembre 1934. ♦Chaudonneret (L.), architecte, 11, rue Babeuf; 14 avril 1926. ♦Chevrot (G.), 4, rue du Lycée ; 19 mars 1924. Chiavarini (colonel en retraite), Neuilly-les-Dijon ; 29 juin 1932. Ghobert, directeur de la Station météorologique de Larrey ; 10

février 1932. Ciry (Raymond), assistant de la chaire de géologie à la Faculté des

sciences, 17, rue du Château ; 16 mai 1928. Claudon (G.), ingénieur, directeur de la manufacture des Biscuits

Pernot, rue Courtépée ; 12 mai 1926. Glère (colonel eh retraite), à Fontaine-les-Dijon ; 12 avril 1933. ♦Collin (abbé Lazare), professeur à l'Ecole Saint-François de Sales, 39, rue Vannerie ; 12 mai 1926. Gouchepin (Léon), premier président honoraire, 36, rue de Montchapet: 15 avril 1931. ♦Court (Alain), négociant en vin, 12, rueBossuet; 22 janvier 1930. ♦Court (Henri), négociant en vins, 12, rue Bossuet ; 22 janvier 1930. ♦Defrance (Paul), maître verrier, 14, rue Faiclherbe ; 16 juin 1926. Degouve-Denuncques, avoué près le tribunal de première instance, 29, rue Amiral-Roussin ; 21 avril 1926. ♦Demolon (abbé), curé de Neuilly-les-Dijon ; 16 juin 1926. ♦Denizot (J.-B.), ateliers d'art, 20, rue Musette; 10 mars 1926. Denizot (abbé), professeur à l'Ecole Saint-François de Sales, 39, rue Vannerie ; 15 mars 1933. ♦Deranque (J.), intendant militaire, Besançon; 7 janvier 1931. Deroye (Fernand), conservateur honoraire des eaux et forêts, 1, place de la Banque ; 6 juin 1923. ♦Desbois (L.), architecte, 5, rue Legouz-Gerland ; 12 juin 1929. Desser teaux (Marc), professeur à la Faculté de droit, 18, rue de Metz. Douard (Alfred), 5, rue Serrigny ; 3 mai 1922.


LU LISTE ACADEMIQUE

MM. ♦Drouot (Auguste), architecte, 3, rue de la Préfecture ; 31 mars 1926. Drouot (Edouard), (Jean Dagey), professeur et homme de lettres,

82, rue Claude-Bernard, Paris-Ve ; 6 décembre 1933. Dumont (François), professeur à la Faculté de droit, .18, rue de

Fontaine ; 4 juillet 1934. Du Parc (comte M.), 35, rue Vannerie ; 29 février 1928. Du Parc (vicomtesse Guy). 89, rue du Cherche-Midi, à Paris-VP ;

21 mars 1923. Dupuis, professeur, 13, boulevard Sévigné ; 11 février 1931. ♦Dupuy, avoué honoraire à la Cour d'appel, 9, boulevard Carnot ;

21 avril 1926. Durand (Mme), femme de lettres, 12, rue Vauban ; 20 décembre 1933. Durand, avocat général près la Cour d'appel, 12, rue Vauban ;

20 décembre 1933. Ehringer (docteur Ch.), 15, rue Charles-Dumont ; 4 février 1925. Fabre, ingénieur E.C.P., 29, rue Berlier ; 14 février 1934. Fautz (L.), président du tribunal de Semur ; 22 novembre 1933. ♦Favre (J.,, architecte, 4, rue Docteur-Durande ; 21 avril 1928. Foulon (E.), inspecteur du travail, 16, rue Mathurin-Moreau ; 16 juin 1926. ♦Fournier (Hubert), architecte, 8. rue de Mirande:; 21 avril 1926. Fournier-Faucher, architecte, 12. place Darcy ; 31 mars 1926. François (Maurice), conseiller à la Cour d'appel, 26, rue de l'Egalité ;

7 janvier 1931. François (Mme), 26, rue de l'Egalité ; 15 mars 1933. ♦Fréjacques (G.), ancien pharmacien, 13, quai Nicolas-Rollin ;

24 novembre 1926. ♦Gaudemet (docteur Ch.), 21, place Bossuet ; 12 mai 1926. ♦Genevois (A), avocat à la Cour d'appel, 17, avenue du Parc ; 21

avril 1926. ♦Gérault (Robert), négociant, 53. avenue Victor-Hugo ; 27 février

1929. ♦Gérauvillier (capitaine André de); 6, rue Vercingétorix ; 6 décembre 1926. Gevrey, professeur à la Faculté- des sciences ; 16 juin 1926. ♦Girard (Emmanuel), pharmacien, 10. rue Siméon ; 7 janvier 1931. Gremeaux (Maurice), 1, rue du Docteur-Henri-Pingat ; 16 juin 1926. Guéneau (Louis), professeur au lycée Charlemagne, 1, quai d'Austerlitz,

d'Austerlitz, Paris-XIIP ; 21 mars 1928. Guerrier (P.), ancien bâtonnier de l'Ordre des avocats, 10, rue Paul-Cabet ; 18 mars 1931, ♦Guidot (Louis), 18. rue de Longvic ; 19 mars 1924. ♦Guignard (Mme), libraire, 17 bis. avenue de la Gare,, à Autun ; 19 mars 1924.


LISTE ACADEMIQUE LUI

MM.

♦Guillaume (A.), capitaine au 32e régiment d'aviation, 89, rue de Longvic ; 13 juin 1928. Guillaume (Paul), 40, rue de la Préfecture ; 18 mai 1932. ♦Guillot (docteur H.), 13, rue Devosges ; 16 juin 1926. Guyot (Emmanuel), directeur d'assurances, 1, place François-Rude ;

2 décembre 1925. Hugueney (Pierre), professeur à la Faculté de droit, 19, pla^e Darcy ;

14 février 1934. Igier (Maurice), ancien bâtonnier de l'Ordre des avocats, 9, place

d'Armes ; 18 mars 1931. Impériali (Mlle Marcelle), professeur au lycée de jeunes filles, 9,

rue Bordot ; 20 mars 1929. Javelle (Charles), architecte, 64, rue Jean-Jacques-Rousseau ; 3

mai 1922. Jeannin (docteur), 1, place François-Rude ; 7 janvier 1931. t ♦Jondeau (docteur). 9, boulevard Carnot; 7 janvier 1931.. ♦Joufîroy (Henri), notaire, 26, rue Chabot-Charny ; 7 février 1923. ♦Jouîîroy (Maurice), avoué à la Cour d'appel, 5, boulevard Carnot ; 16 juin 1926. Kauîîeisen (Léon), pharmacien, rue Bannelier ; 24 janvier 1923. Laboureau (abbé), curé de Pluvault ; 10 février 1932. Laboureau (chanoine), curé-doyen de Montbard ; 21 mars 1928. Lacroix (J.), professeur de philosophie au lycée Carnot, 1, place Ernest-Renan ; 24 février 1932. ♦Lafon (comte), avocat, 8, boulevard Sévigné ; 31 mars 1926. Lagorgette (Jean), bibliothécaire de la ville, 2, rue de Marigny,

à Châtillon sur-Seine ; 21 mars 1923. Langeroh (Mlle Geneviève), 79, rue Chabot-Charny ; 12 avril 1933. Laurain (Henri), avocat, premier adjoint au maire de Dijon, 57, boulevard Thiers ; 16 juin 1926. ♦Lebel (Paul), 12, rue Pelletier-de-Chambure ; 6 décembre 1933. ♦Leclerc (docteur Georges), chirurgien en chef de l'hôpital, 9, place

Saint-Bernard; 27 avril 1927. Leclère, pharmacien, 23, rue de Douai, à Lille ; 10 décembre 1924. ♦Lecot (chef de bataillon B.), 21, boulevard Thiers ; 16 juin 1926. Leiris (Paul de), directeur de l'enregistrement, 4, rue Charles-leTéméraire ; 1er mai 1929. ♦Loisy (Raoul de), au château d'Arceau (Côte-d'Or), 13 juin 1928. Loisy (Joseph de), 14, rue de l'Egalité ; 23 février 1927. ♦Longin (docteur Adéodat), 10. rue Sambin ; 16 juin 1926. ♦Lory (André), conseiller honoraire à la Cour d'appel, 34, rue du

Petit-Potet ; 2 mars 1922. ♦Lucien (docteur), 39, boulevard de la Trémouille ; 6 juin 1923. ♦Maillet (Lucien), colonel, 1, rue Piron ; 21 novembre 1934.


LIV LISTE ACADEMIQUE

( MM'.

Malard (docteur), directeur départemental des services d'hygiène ; 18 mars 1925. ♦Malval (André), ingénieur-chimiste à la manufacture des Biscuits

Pernot, 14, rue Ferdinarid-de-Lesseps ; 10 mars 1926. Marcel (chanoine Louis), curé-doyen de Prauthoy (Haute-Marne) ;

21 avril 1926. ♦Marion (François), conservateur-adjoint du Musée de Dijon, 12,

rue Vauban ; 10 décembre 1924. Martenot (Lucien), chef de musique au 27e R.I., 7, rue Diderot ;

21 novembre 1934. ♦Mégret (docteur), 19, boulevard de Brosses ; 21 avril 1926. ♦Mercier (Jules), 19, boulevard de Strasbourg ; 10 mars 1926. ♦Michaux (Paul), principal clerc de notaire, 1, rue Danton ; 4 février 1925. Michaux, conseiller à la Cour d'appel, 2, rue de Mirande ; 18 mars

1931. ♦Mongin (André), 91, rue Chabot-Charny; 7 d'cembre 1927. ♦Monjour (Paul de), notaire, 34, rue Chabot-Charny ; 7 février 1923. Montmey (Paul), président du Syndicat d'initiative, 3, place des

Cordeliers ; 24 janvier 1923. Moquet (docteur), à Arnay-le-Duc (Côte-d'Or) ; 4 février 1925. Mortier (Mlle Mathilde), 9, rue Bannelier ; 21 novembre 1934. Nourissat (Gilbert), ancien bâtonnier de l'Ordre des avocats, 9,

boulevard Carnot ; 24 février 1926. ♦OEschlin (Pierre), architecte, 20, boulevard Thiers ; 16 juin 1926. Paquelin (abbé J.), professeur à l'Ecole Saint-François de Sales,

39, rue Vannerie ; 30 mars 1927. ♦Parent (Gustave), ingénieur-voyer honoraire, Hôtel de ville ; 3

mai 1922. ♦Paris (Gaston), architecte, 43, rue des Godrans ; 31 mars 1926. Parisot (Georges), architecte de la ville ; 31 mars 1926. Parry, notaire, 14, rue Pasteur ; 21 novembre 1934. Patriarche (Jean), assurances générales,. 3, rue Vauban ; 1er février

1933. Patriarche (Paul), assurances générales, 3, rue Vauban ; 1er février

1933. ♦Pélissonnier (Marcel), ingénieur en chef des ponts et chaussées,

14. boulevard Voltaire; 9 décembre 1931. Petit (docteur Raymond), à Molesme (Côte-d'Or) ; 23 janvier 1924. ♦Pétrot (Lucien), employé au service municipal de l'architecture ;

6 février 1929. Piépape (général de division du cadre de réserve Philpin de) ;

23, rue Berbisey ; 15 mars 1933. Pingat (docteur), 32, rue de la Préfecture ; 21 avril 1926.


LISTE ACADEMIQUE LV

MM. '

Piquet (abbé), économe du Grand Séminaire, 9, boulevard Voltaire ; 24 mars 1926. ♦Pouffier (Emile), sculpteur, 120, rue d'Auxonne ; 14 avril 1926. ♦Porcherot (Ernest), peintre décorateur, 32, rue de Montchapet ;

16 juin 1926. Prost (Adolphe), architecte, rue Victor-Dumay ; 27 janvier 1926. Quenot (Mme la générale), 17, rue Chancelier-de-1'Hôpital ; 10 mars

1926. Rabut (Mlle Marie), 2, boulevard Voltaire ; 30 décembre 1925. Renard (Emile), receveur honoraire de l'enregistrement, 61, rue

de Fontaine ; 28 novembre 1928. Ricklin (lieutenant-colonel J. M. A.), 13, place des Carmes, Lunéville (Meurthe-et-Moselle) ; 19 décembre 1934. ♦Robert (Emile), architecte, 22, boulevard de Brosses; 3 mai 1922. Robillot, (C* Ernest), chef de bataillon au 27e R. L, 12, rue Kléber;

Kléber; 1928. Rodier (Camille), Nuits-Saint-Georges; 13 janvier 1932. . ♦Rousseau (J.), professeur à l'Ecole Saint-Joseph, 10, rue du Pointdu-Jour

Pointdu-Jour 2 décembre 1925. ♦Routier (commandant), 1, rue Ernest-Bailly ; 11 février 1931. Roy (Georges), maître de conférences honoraire à la Faculté des

sciences, 4, rue Pierre-Curie ; 6 juin 1923. Royer (abbé), curé doyen de Saint-Jean de Dijon ; 21 avril 1926. Saint-Germain (comte Pierre Le Febvre de), 14, rue de l'Egalité ;

24 juin 1931. Samson (J, ), directeur de la Maîtrise de la cathédrale Saint-Bénigne, 12, rue du Tillot ; 28 novembre 1928. ♦Santiard (docteur Pierre), 4, rue du Jardin-des-Plantes ; 15 décembre 1922. Sigault (M.), 20, rue Gambetta, Dijon ; 6 mars 1929. Simon, professeur à la Faculté des sciences, 148, rue d'Auxonne ; 13 janvier 1932. ♦Simony (vicomte de), 32, rue Jeannin ; 23 février 1927. ♦Socley (Emile). 17, quai Gauthey ; 15 décembre 1922. Spire (René), directeur de la Société dijonnaise d'électricité, 2, boulevard de la Trémouille ; 20 avril 1932. ♦Talîumière (Bernard), 11, rue Charrue; 19 décembre 1934. Talfumière<Jean), notaire, 22, rue du Petit-Potet ; 29 mars 1933. Thiblot (Roger), rédacteur en chef du Bien Public, 38, rue de la

Préfecture ; 25 mai 1927. Thomasset, bâtonnier de l'Ordre des avocats, 8, rue Buffon ;

27 janvier 1932. Tisserand (Roger), homme de lettres, Saint-Jean-de-Losne ; 7 écembre 1932.


LVI LISTE ACADEMIQUE •

MM. Vaulot (Amédée), ingénieur en chef des P.T.T., 2, rue-des Arbalétriers, Talant (Côte-d'Or) ; 24 février 1932. Vernier, professeur honoraire au lycée Carnot, 10, rue Vauban ;

20 avril 1932. Viard (Louis), peintre verrier, 8, rue Petitot ; 18 mai 1932. ♦Vielle (Emile), inspecteur honoraire du P.-L.-M., 30, rue JacquesCellerier

JacquesCellerier 20 avril 1921. Villemot (Henri), publiciste, 44, avenue du Drapeau ; 29 juin 1932. Vignon (Alfred), ministre plénipotentiaire, 7, rue de l'Université,

Paris-VIP ; 28 novembre 1923. ♦Viney (René), conservateur honoraire des eaux et forêts, 23, rue

Amiral -Roussin ; 3 mai 1922. ♦Vittenet (Alfred), directeur honoraire au ministère des P.T.T.,

5, rue Maublanc, Paris-XVe ; 22 avril 1931. Vogue (comte Georges de), 8, rue Babeuf et au château de Châteauneuf,

Châteauneuf, Pouîlly-en-Auxois (Côte d'Or) ; 21 février 1925. ♦Voiriot (Charles), inspecteur principal honoraire de Contributions

directes, 12, rue Pelletier-de-Chambure ; 21 novembre 1934. Voisin (A.), professeur honoraire au lycée Carnot. 12, rue Pelletierde-Chambure. Vuillaume (M.), professeur au lycée Carnot. 27, boulevard Thiers 7

28 juin 1922. Vurpillot (Alfred), industriel. 2, rue Bernard-Courtois ; 27 janvier

1932. Vurpillot (Jean), industriel. 18, rue Charles-Briffault ; 27 janvier

1932. ♦Yencesse (Ovide), directeur de l'Ecole nationale des beaux-arts.

Dijon ; 3 mai 1922.

Correspondants

MM. - Athané-Terrial (Mme), 6, rue des Bons-Enfants ; 4 février 1925. ♦Aubry (Henry), à C.orcelles-les-Monts. par Dijon ; 3 mai 1922. ♦Balatier-Lantage (Mme de), Bellevue-Chatenay, à Larrey-lesDijon

Larrey-lesDijon 14 janvier 1931. Baron (docteur), 26, rue Jeannin.

♦Bartet (Mlle Eugénie), à Longeault, par Pluvault ; 6 .mars 1925. Baujard (François), instituteur, à Cirey, par Pontailler ; 29 juin 1927. Beaupin, bibliothécaire à la Sorbonne, 62, rue Cardinal-Lemoine,

Paris-Ve. Boirin, Banque de France, à Remiremont (Vosges) ; 18 mars 1925. Brunet, professeur au Collège de Joigny (Yonne) ; 28 juin 1922. ♦Cazet (Isidore), instituteur en retraite, à Plombières-les-Dijon ; 1895.


LISTE ACADEMIQUE LVII

MM. ♦Champy (Abel), régisseur du château de Brognon, par Saint-Julien ;

8 février 1928. ♦Chantelot (Eugène), professeur en retraite, 24, rue du Petit-Potet ;

17 avril 1929. Château, botaniste, à Charrecey, par Saint-Léger-sur-Dheune

(Saône-et-Loire) ; 31 mai 1922. Coullon (Henri), pharmacien, 3, rue Sévigné, à Paris-IVe ; 12 juillet

1992. ♦Coutenet, instituteur, à Val-Suzon (Côte-d'Or) ; 27 juin 1928. Daclin (Léon), pharmacien, à Cluny (Saône-et-Loire) ; 1er mars 1922. Derone (Julien), pharmacien, à Nuits-Saint-Georges : 4 janvier 1922. Deslandes, publiciste, à Pompaples, canton de Vaud (Suisse) ;

8 décembre 1926. Duvivier (Clément), rue de Larrey, allée Saint-Antibe, Dijon ; 1926. Esterno (comte Louis d'), 3, boulevard des Arènes à Marseille ;

13 juillet 1921. Faitout (Charles), 99, rue Saint-Martin, à Vesoul ; 31 mai 1922. Fournier, pharmacien, à Bligny-sur-Ouche (Côte-d'Or) ; 18 mars

1925. Fournier (chanoine Paul), directeur du Monde des Plantes, aumônier, 7, allée des Belles-Vues, à Garches (Seine-et-Oise) ; 14

juin 1922. ♦Galmard (Charles), la Toison, à Talant (Côte-d'Or) ; 25 juin 1924. Gambert (J.), librairie universitaire, 7, rue Danton, Paris. Gelet (Mlle), professeur honoraire au lycée de jeunes filles, 25, rue

Charles-Dumont ; 13 juillet 1925. Genret, Fleurey-sur-Ouche(Côte d'or).

Guillemard (docteur), 16, rue du Château, à Dijon ; 14 avril 1926. Guillemard (François), notaire honoraire, 2, place Grangier, à

Dijon. Heyman (Henry), 4, place Auguste-Dubois, à Dijon ; 4 février 1925. Houdard, pharmacien, à Auxerre ; 14 juin 1922. Jourdin, à Pirey (Doubs) ; 21 mars 1923. ♦Lalin (abbé Michel), curé de Viëvigne, par Beire-le-Châtel ; 16 novembre 1922. ♦Lapérotte (J.), représentant de commerce, 28, boulevard de Brosses,

à Dijon : 10 juillet 1929. Lavoignat (R.), 27, rue du Transvaal, à Dijon ; 13 mai 1925. L'Huillier (J.), architecte, 2, place Darcy.

Liebreich (Mlle A.), 7, rue de l'Estrapade, Paris-Ve ; 17 mai 1933. Lobo (Augustin), via Alexandra Herculano, 17, R. C. Lisbonne

(Portugal) ; 4 janvier 1922. ♦Maitrejean, à Gamay, par Saint-Aubin (Côte-d'Or) ; 19 février 1928. Mathey (Mlle), 10, rue Monge.


LVIII LISTE ACADEMIQUE

MM. Messenet (Antoine), Verrey-sous-Salmaise ; 28 juin 1933. Miot (Henri), juge honoraire, 23, rue de Lorraine, à Beaune ; 2

janvier 1891. Nourissat (Emile), notaire, 25, rue Buffon. Nugue, rue Philibert-Guide, Chalon-sur-Saône. Oberreiner (Camille), professeur, 4, rue du Sept-Août, à Thann

(Haut-Rhin) ; 9 février 1921. ♦Oudin-Mathevet, sculpteur, à Vitteaux (Côte-d'Or) ; 16 mars 1922. ♦Péchinot (Aimé), commis principal à la mairie de Dijon ; 13 juin

1928. Perrot (J.), ingénieur civil des mines, Société des poudres de sûreté,

à Pontailler-sur-Saône (Côte-d'Or) ; 24 février 1926. Petitjean, 102, avenue Victor-Hugo. Pouhin (Benjamin), à la Rochotte, par Turcey (Côte-d'Or) : 27 juin

1928. Pouhin (Lucien), à Bordes-Bricard, par Saint-Seine-1'Abbaye. Rebourseau, libraire, 11, rue du Chapeau-Rouge. ♦Renard (Gabriel), architecte, 25, place Edgar-Quinet, à Dijon

17 mars 1926. Saint-Seine (comte Guillaume de), 15, rue de la Préfecture. ♦Saulgeot, architecte, 9, rue de la poste. ♦Sordet, propriétaire, à Saint-Romain, par Meursault ; 10 décembre

1924. Thomas, pharmacien, à Saint-Dizier (Haute-Marne) : 1er mars 1922. Thomasset (Paul), professeur, collège des Flandres, Hazebrouck

(Nord) ; 17 mars 1926. Thro, 62, rue de la Liberté. Toraude (Léon), pharmacien, 2, place de la Sorbonne, à Paris ;

4 avril 1920. Verdunoy (chanoine), curé de Saint-Michel de Dijon, 41, rue Saumaise.

Saumaise. directeur honoraire au ministère des finances, 28, rue

Barbey-de-Jouy, Paris-VIP. Vernet, à Agey (Côte-d'Or) ; 4 février 1925.


LISTE

SOCIÉTÉS ET INSTITUTS SCIMIFIQIIS

CORRESPONDANT AVEC L'ACADÉMIE

FRANGE

AIN. Le Bugey, société scientifique, historique et littéraire, Belley. AISNE. Société académique de Laon.

Société historique et archéologique de Château-Thierry. Société archéologique, historique et scientifique de Soissons. ALLIER. Société d'émulation du Bourbonnais, Moulins.

Société scientifique du Bourbonnais et du Centre de la France, Moulins. ALPES (BASSES-). Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes,

Digne. ALPES (HAUTES-). Société d'études historiques, scientifiques et littéraires des Hautes-Alpes, Gap. ALPES-MARITIMES. Acadèmia nissarda, Nice.

Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes, Nice. AUBE. Société académique d'agriculture, des sciences, arts et belleslettres du département de l'Aube, Troyes. AVEYRON. Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, Rodez. BOUCHES-DU-RHONE. Faculté des sciences de Marseille.

Société de géographie et d'études coloniales de Marseille. Société de statistique, d'histoire et d'archéologie de Marseille

et de Provence. Académie des sciences, agriculture, arts et belles-lettres d'Aix. CALVADOS. Académie des sciences, arts et belles-lettres de Caen. Société des antiquaires de Normandie, Caen. Société linnéenne de Normandie, Caen. CHARENTE. Société historique et archéologique de la Charente, Angoulême.


LX LISTE DES SOCIÉTÉS

CHARENTE-INFÉRIEURE. Académie de la Rochelle.

Commission des arts et monuments historiques de la CharenteInférieure, Saintes.

Société des archives historiques de la Saintonge et de TAunis, Saintes.

Société de géographie de Rochefort-sur-Mer. CHER. Société des antiquaires du Centre, Bourges.

Société historique, littéraire, artistique et scientifique du Cher, Bourges. CORRÈZE. Société scientifique, historique et archéologique de la

Corrèze, Tulle. CÔTE-D'OR. Archives départementales, Dijon.

Bibliothèque publique de Dijon.

Société bourguignonne d'histoire naturelle et de préhistoire, Dijon.

Université de Dijon.

Société d'archéologie de Beaune.

Société des sciences médicales de la Côte-d'Or, Beaune.

Société archéologique et historique du Châtillonnais, Chàtillonsur-Seine.

Société archéologique et biographique du canton de Montbard.

Société des sciences historiques et naturelles de Semur. CREUSE. Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse,

Guéret. DOUBS. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon.

Société d'émulation du Doubs, Besançon.

Société d'émulation de Montbéliard. DROME. Société d'archéologie et de statistique de la Drôme, Valence. EURE. Société libre d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres du

département de l'Eure, Evreux. EURE-ET-LOIR. Société dunoise, archéologie, histoire, sciences et

arts, Châteaudun. GARD. Académie de Nîmes. GARONNE (HAUTE-). Académie des jeux floraux, Toulouse.

Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse.

Société archéologique du Midi de la France, Toulouse.

Société de géographie de Toulouse.

Société d'histoire naturelle de Toulouse.

Université de Toulouse. GIRONDE. Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux.

Société archéologique de Bordeaux.

Société astronomique de Bordeaux, observatoire de Talence,

Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux.

Société linnéenne de Bordeaux.


LISTE DÉS SOCIÉTÉS LXI

HÉRAULT. Académie des sciences et lettres de Montpellier. Société archéologique de Montpellier. Société languedocienne de géographie, Montpellier. Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers. Société d'étude des sciences naturelles de Béziers. ILLE-ET-VILAINE. Société archéologique du département d'Ille-etVilaine, Rennes. Université de Rennes.

Société historique et archéologique de Saint-Malo. INDRE-ET-LOIRE. Société d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département d'Indre-et-Loire, Tours. Société archéologique de Touraine, Tours. ISÈRE. Académie delphinale, Grenoble.

Société scientifique du Dauphiné, Grenoble. JURA. Société d'émulation du Jura, Lons-le-Saunier. LANDES. Société de Borda, Dax.

LOIR-ET-CHER. Société des sciences et lettres de Loir-et-Cher, Blois. LOIR-ET-CHER. Le Flambeau du Centre, revue historique, archéologique, artistique et littéraire, Blois. Société des sciences et lettres de Loir-et-Cher, Blois. LOIRE. Société d'agriculture, industrie, sciences, arts et belles-lettres du département de la Loire, Saint-Étienne. La Diana, Montbrison. LOIRE (HAUTE-). Société d'agriculture, sciences, arts et commerce

de la Haute-Loire, le Puy. LOIRE-INFÉRIEURE. Société académique de Nantes et de la LoireInférieure, Nantes. Société des sciences naturelles de l'Ouest de la France, Nantes. LOIRET. Société archéologique et historique de l'Orléanais, Orléans.

Société d'agriculture, sciences, belles-lettres et arts d'Orléans. LOZÈRE. Société des sciences, lettres et arts du département de la

Lozère, Mende. MAINE-ET-LOIRE. Société nationale d'agriculture, sciences et arts d'Angers. Société d'études scientifiques d'Angers. MANCHE. Société académique de Cherbourg.

Société nationale des sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg. MARNE. Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne, Châlons-sur-Marne Académie nationale de Reims. Société des sciences et arts de Vitry-le-François. MARNE (HAUTE-). Société d'histoire et d'archéologie de Chaumont. Société historique et archéologique de Langres.


LXlI LISTE DÉS SOCIÉTÉS

Société des lettres, des sciences, des arts, de l'agriculture et de l'industrie de Saint-Dizier. MEURTHE-ET-MOSELLE. Académie de Stanislas, Nancy.

Société d'archéologie lorraine et du musée historique lorrain, Nancy. Société des sciences de Nancy. MEUSE. Société des lettres, sciences et arts de Bar-le-Duc.

Société des naturalistes et archéologues du Nord de la Meuse,

Montmédy. Société philomathique de Verdun. MORBIHAN. Société polymathique du Morbihan, Vannes.

Société bretonne de géographie, Lorient. MOSELLE. Académie nationale de Metz.

Société d'histoire naturelle de la Moselle, Metz. NIÈVRE. Société nivernaise des lettres, sciences et arts, Nevers.

Société scientifique et artistique de Clamecy. NORD. Commission historique du département du Nord, Lille. Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille. Pro Nervia, revue historique et archéologique des pays nerviens,

nerviens, Société d'émulation de Cambrai.

Société nationale d'agriculture, sciences et arts, centrale du département du Nord, Douai. Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des

lettres et des arts, Dunkerque. Société de géographie de Dunkerque. OISE. Société académique d'archéologie, sciences et arts du département de l'Oise, Beauvais. Société historique de Compiègne. PAS-DE-CALAIS. Académie des sciences, lettres et arts d'Arras.

Commission départementale des monuments historiques du Pasde-Calais, Arras. Société académique de l'arrondissement de Boulogne-sur-Mer. Société des antiquaires de la. Morinie, Saint-Omer. PUY-DE-DOME. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand. Revue d'Auvergne, publiée par la Société des amis de l'Université de Clermont. PYRÉNÉES (BASSES-). Société des lettres, sciences et arts de Pau. Société des sciences, lettres, arts et études régionales de Bayonne. PYRÉNÉES-ORIENTALES. Société agricole, scientifique, littéraire des

Pyrénées-Orientales, Perpignan. RHIN (BAS-). Bibliothèque nationale et universitaire, Strasbourg.

Société académique du Bas-Rhin pour le progrès des sciences, des lettres, des arts et de la vie économique, Strasbourg.


LISTE DES SOCIÉTÉS LXÎIl

RHIN (HAUT-). Société d'histoire naturelle de Colmar.

Société belfortaine d'émulation, Belfort.

Musée historique de Mulhouse. RHÔNE. Académie des sciences, belles-lettres-et arts de Lyon.

Société de géographie de Lyon et de la région lyonnaise.

Observatoire de Lyon.

Université de Lyon.

Société des sciences et arts du Beaujolais, Villefranche-sur-Saône. SAÔNE (HAUTE-). Société d'agriculture, lettres, sciences et arts du département de la Haute-Saône, Vesoul.

Société grayloise d'émulation, Gray. SAONE-ET-LOIRE. Académie de Mâcon.

Société éduenne des lettres, sciences et arts, Autun.

Société d'histoire naturelle, Autun.

Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône.

Société la Physiophile de Montceau-les-Mines.

Société des amis des arts et des sciences de Tournus. SARTHE. Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, Le Mans.

Société historique et archéologique du Maine, le Mans. SAVOIE. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, Chambéry.

Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, Chambéry. SAVOIE (HAUTE-). Société florimontane d'Annecy.

Académie chablaisienne, Thonon. SEINE. Académie d'agriculture de France, Paris.

Archives de médecine et pharmacie navales, Paris.

Association française pour l'avancement des sciences, Paris.

Bibliothèque d'art et d'archéologie de l'Université de Paris.

Bibliothèque de l'Institut de France, Paris.

Comité des travaux historiques et. scientifiques, ministère de l'éducation nationale, Paris.

École polytechnique, Paris.

Musée Guimet, Paris.

Muséum d'histoire naturelle, Paris.

Revue du Centre, 175, boulevard Malesherbes, Paris-VIIP.

Revue des études historiques, Paris.

Société astronomique de France, Paris.

Société bibliographique, Paris.

Société botanique de France, Paris.

Société d'anthropologie de Paris.

Société de géographie commerciale, Paris.

Société de l'École, des chartes, Paris.

Société de l'histoire de France, Paris.

Société des études coloniales et maritimes, Paris.

Société du folk-lore français, Paris.


LXIV LISTE DES SOCIÉTÉS

Société française d'archéologie, Paris. Société française d'histoire de la médecine, Paris. Société nationale d'encouragement au bien, Paris. Société nationale des antiquaires de France, Paris. SEINE-ET-MARNE. Société historique et archéologique du Gâtinais, Fontainebleau. Association des naturalistes, de la vallée du Loing, Moret-surLoing. SEINE-ET-OISE. Département de Seine-et-Oise, Commission des antiquités et arts, Versailles. Société d'agriculture et des arts du département de Seine-et-Oise,

Versailles. Société des sciences morales, des lettres et des arts de Seine-etOise, Versailles. Société des sciences naturelles de Seine-et-Oise, Versailles. SEINE-INFÉRIEURE. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen. Commission des antiquités de la Seine-Inférieure, Rouen. Société lihre d'émulation, du commerce et de l'industrie de la

Seine-Inférieure, Rouen. Société industrielle d'Elbeuf. Société de géographie commerciale du Havre. Société havraise d'études diverses, le Havre. Société linnéenne de la Seine maritime, le Havre. SOMME. Académie des sciences, des lettres et des arts d'Amiens. Société des antiquaires de Picardie, Amiens. Société d'émulation d'Abbeville. TARN-ET-GARONNE. Académie des sciences, belles-lettres et arts de Tarn-et-Garonne, Montauban. Société archéologique de Tarn-et-Garonne, Montauban. VAR, Société d'études scientifiques et archéologiques de Draguignan.

Académie du Var, Toulon. VAUCLUSE. Académie de Vaucluse, Avignon.

VIENNE. Société académique d'agriculture, belles-lettres, sciences et arts de Poitiers. Société des antiquaires de l'Ouest, Poitiers. Revue Mabillon, Ligugé. VIENNE (HAUTE-). Société archéologique et historique du Limousin,

Limoges. VOSGES. Société d'émulation du département des Vosges, Ëpinal.

Société philomathique vosgienne, Saint-Dié. YONNE. Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, Auxerre. Société d'études d'Avallon. Société archéologique de Sens.


LISTE DÈS SOCIÉTÉS LXV

ALGÉRIE. Direction de Errihala (Le Périple), 8, rue Drouillet, Alger.

Académie d'Hippone, Bône.

Société archéologique, historique et géographique du département de Constantine. TUNISIE. Institut de Carthage, Tunis. INDOCHINE. Société des études indochinoises, Saigon.

PAYS ÉTRANGERS Allemagne

PRUSSE. Preussische Akademie der Wissenschaften, Berlin.

Physikalisch-ôkonomische Gesellschaft, Kônigsberg.

Verein der Altertumsfreunden im Rheinlande, Bonn, Rhénanie

Thûringisch-Sâchsische Zeitschrift fur Geschichte und Kunst, Halle, Saxe.

Wesfalicher provinzial Verein fur Wissenschaft und Kunst, Munster, Westphalie. BADE. Naturforschende Gesellschaft, Freiburg in Brisgau.

Universitât, Heidelberg. BAVIÈRE. Bayerische Akademie der "Wissenschaften, Munich.

Bayerische botanische Gesellschaft, Munich.

Naturwissenschaftlicher Verein, Landshut. BRÈME. Naturwissenschaftlicher Verein, Brème. BRUNSWICK. Verein fur Naturwissenschaft, Bràuschweig. FIANOVRE. Naturwissenschaftlicher Verein, Osnabrcùk. HESSE. Oberhessiche Gesellschaft fur Natur und Heilkunde, Giessen. SAXE. Naturvissenschaftliche Gesellschaft Isis, Dresde.

Naturforschende Gesellschaft, Gôrlitz. THURINGE. Thuringischer botanischer Verein, Weimar. SCHLESWIG. Naturwissenschaftlicher Verein fur Schleswig-Holstein,

Kiel. WURTEMBERG. Verein fur vaterlândische Naturkunde in "Wurtemberg, Stuttgard.

Argentine

Academia nacional de ciencias de Cordoba.

Australie

Australian and New Zealand Association for the advancement of

science, East Melbourne. The royal Society of New South Wales, Sydney. Royal geographical Society of Australasia, Brisbane, Queensland.


LXVI LISTE DÈS SOCIÉTÉS

Autriche

Akademie der Wissenschaften, Vienne. Geologische Bundesanstalt, Vienne. Zoologisch-botanische Gesellschaft in Wien, Vienne. Naturwissenschaftlicher Verein fur Steiermark, Graz, Styrie.

Belgique

Académie royale de Belgique, Bruxelles.

Musée royal d'histoire naturelle dé Belgique (Bruxelles).

Société royale de botanique de Belgique, Bruxelles.

Société royale zoologique de Belgique, Bruxelles.

OEuvre internationale de Louvain, Université, Louvain.

Académie royale d'archéologie de Belgique, Anvers.

Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut, Mons.

Institut archéologique liégeois, Liège.

Société royale des sciences de Liège.

Brésil

Museu nacional de. Rio-de-Janeiro.

Observatorio nacional de Rio-de-Janeiro.

Instituto de Ceara, Fortaleza.

Escola superior de agricultura e medicina veterinaria, Nictheroy.

Museu Paulista, Sao Paulo.

Canada

Ministère des mines, Ottawa. Royal Society of Canada, Ottawa. The Hamilton Association, Hamilton. The royal Canadian Institute, Toronto.

Chine

National Library of Peping, Pékin.

Cuba

Academia nacional de artes y letras, la Havane.

Danemark

Kongelige danske Videnskabernes Selskab, Copenhague. Société royale de antiquaires du Nord, à Copenhague.


LISTE DES SOCIÉTÉS LXVLt

Egypte

Institut d'Egypte, le Caire.

Espagne

Academia de ciencias exactas, fisicas y naturales de Madrid.

Academia de ciencias y artes de Barcelona.

Junta de ciencias naturales de Barcelona.

Universidad de Barcelona.

Analecta Montserratensia, abbaye de Monserraf.

Esthonie Ulikooli raamatukogu, Tartu (Dorpat).

Etats-Unis d'Amérique

CALIFORNIE. California Academy of sciences, San Francisco.

University of California, Berkeley. COLOMBIE. National Academy of sciences of U. S. A., Washington. United States Geological Survey, Department of interior, Washington. U. S. Naval Observatory, Washington.

Smithsonian Institution, United States national Muséum, Washington. Smithsonian Institution, Bureau of american ethnology, Washington. State Collège of Washington, Pullmann, Washington. CONNECTICUT. Connecticut Academy of arts and sciences, New-Haven. ILLINOIS. The Chicago Academy of sciences, Chicago.

University of Illinois, Urbana. KANSAS. University of Kansas, Lawrence. MAINE. University of Maine, Maine Agricultural experiment station,

Orono. MASSACHUSETTS. American Academy of arts and sciences, Boston. Boston Society of natural history, Boston.

Department of the fine arts at Harvard and Princeton universities, Cambridge. MICHIGAN. The University of Michigan, Ann Arbor.

The Michigan Academy of sciences, arts and letters, Lansing. MINNESOTA. The University of Minnesota, Agricultural experiment

station, Minneapolis. MISSOURI. Academy of science of Saint-Louis. Missouri botanical Garden, Saint-Louis. The University of Missouri, Columbia. Missouri Bureau of geology and mines, Jefîerson City.


LXVIII LISTE DES SOCIÉTÉS

MONTANA. The University of Montana, Missoula. NEBHASKA. The University of Nebraska, Lincoln. NEW YORK. The New York Academy of sciences, New York.

Rochester Academy of sciences, Rochester. OHIO. The Lloyd library, Cincinnati. PENSYLVANIE. Academy of natural sciences, Philadelphie.

American philosophical Society, Philadelphie. WISCONSIN. Academy of sciences, arts and letters, Madison.

Wisconsin Gèological and natural hisroty Survey, Madison.

Finlande

Societas geographica Fenniae, Helsingfors. Academia Aboensis, Abo.

Grande-Bretagne

Royal Society, Londres.

Royal Geographical Society, Londres.

Gèological Society, Londres.

Manchester geographical Society, Manchester.

The Manchester literary and philosophical Society, Manchester.

Royal Society of Edimbourg.

Grèce

Académie d'Athènes.

Observatoire astronomique de Corfou.

Hollande

Koninklijke Akademie van wetenschappen te Amsterdam. Hollandsche Maatschappij der wettenschappen, Haarlem. Bataafsch Genootschap der proefondervinderlijke wysbergeerte te

Rotterdam. Rijksuniversiteit, Utrecht.

Hongrie

Magyar tudomanyos Akademia, Budapest. Kir.magyar termëszettudomanyii Tarsulat, Budapest.


LISTE DES SOCIETES LXIX

Indes Anglaises

Gèological Survey of India, Calcutta.

The agricultural research Institute, Pusa, Bengale.

Indes Néerlandaises

Koninklijke natuurkundige Vereeniging in Nederlandsch-Indië, Batavia.

Irlande

The Royal irish Academy, Dublin.

Italie

Reale Accademia d'Italia, Rome.

Reale Accademia dei Lincei, Rome.

Reale Accademia di scienze, lettere ed arti degli zelanti, Acireale,

Sicile. Augusta Praetoria, Revue valdôtaine, Aoste. Biblioteca nazionale centrale di Fîrenze, Florence. R. Istituto di studi superiori, Florence. Istituto geografico militare, Florence. Reale Accademia di scienze, lettere ed arti in Modena. Società reale di Napoli, Naples. Società africana d'Italia ente morale, Naples. Regia Scuola superiore di agricoltura in Portici. Istituto fédérale délie casse di rispermio délie Venezie, Venise.

Lettonie

Denkmâlerverwaltung des lettândischen Bildungsministeriums,

Riga. Latvijas geografijas Biedriba, Riga.

Luxembourg

Institut grand-ducal de Luxembourg, Section historique, Luxembourg.

Institut grand-ducal de Luxembourg, Section des sciences naturelles et mathématiques, Luxembourg.

Société des naturalistes luxembourgeois, Luxembourg.


LXX LISTE DES SOCIÉTÉS

Mexique

Instituto geologico de Mexico.

Secretaria de agricultura y fomento, Seccion de publicationes, Mexico.

Secretaria de communicaciones y obras publicas, Mexico.

Sociedad cientifica Antonio Alzate, Mexico.

Sociedad mexicana de geografia y estadistica, Mexico.

Observatorio astronomico nacional de Tacubaya, Mexico.

Norvège

Det Kungelïge Norske Universitet, Oslo.

Det Kgl. Norske Videnskabers-Selskabs, Nidaros.

Tromsô Muséum, Tromsô.

Pérou

Asociacion Peruana para el progreso de la ciencia, Lima. Cuerpo de ingenieros de minas del Peru, Lima. Sociedad geografica de Lima.

Pologne

Institut d'architecture polonaise et d'histoire de l'art de l'École

polytechnique, Varsovie. Panstowe Muzeum zoologiczne, Varsovie. Wolna Wszechnica Polska, Varsovie. Société polonaise des naturalistes « Kopernik », Lwow.

Portugal

Institut français en Portugal, Lisbonne. Sociedad de geografia de Lisboa.

Roumanie

École polytechnique Roi Carol II, Bucarest. Seminarui de matematici, Universitates, Cluj.

Suède

Kunglika svenska Vetenskapsakademiens, Stockholm.

Kgl. Vitterhets Historié och Antikivitets Akademien, Stockholm.

Nordiska Museet, Stockholm.

Sveriges geologiska Undersokning, Stockholm.


LISTE DES SOCIETES LXXI

Kgl. Sjôkarteverket Skeppskolmen, Stockholm.

Statens meteroologisch-hydrographiska Anstalt, Stockholm.

Gôteborgs Hôgskolas, Gôteborg.

Lunds Universitet, Lund.

Regia Societas scientiarum Upsaliensis, Upsal.

Abisko naturwetenskaphiga Station, Upsal.

Kgl. Universitetets Bibliotek, Upsal.

Suisse

Historische und antiquarische Gesellschaft zu Basel.

Naturforschende Gesellschaft in Basel.

Naturforschende Gesellschaft in Bern.

Schweizerische Naturforschende Gesellschaft, Berne.

Schweizerische Gesellschaft fur Urgeschichte, Frauenfeld, ThurgovieMusée

ThurgovieMusée et d'histoire de Genève.

Société de géographie de Genève.

Société d'histoire et d'archéologie, Genève.

Société de physique et d'histoire naturelle de Genève.

Société d'histoire de la Suisse romande, Lausanne.

Société vaudoise des sciences naturelles, Lausanne.

Société neuchâteloise de géographie, Neuchâtel.

Société suisse de préhistoire, Soleure.

Naturwissenschaftliche Gesellschaft in Winterthur.

Antiquarische Gesellschaft, Zurich.

Geographisch-ethnographische Gesellschaft, Zurich.

Naturforschende Gesellschaft in Zurich.

Schweizerisches Landesmuseum in Zurich.

Syrie Académie de Damas.

Tchécoslovaquie

Redaktion der Naturwiss. Zeitschrift « Lotos », Prague.

Union des Républiques socialistes soviétiques

Revue zoologique russe, Moscou.

Université de Moscou.

Bibliothèque nationale d'Ukraine, Kiew.

The Ukrainian botanical Society, Kiew.

Académie des sciences de l'U.R.S.S., Leningrad.


NOTES METEOROLOGIQUES ET ASTRONOMIQUES

par M. BIDAULT DE L'ISLE

MEMBRE NON RÉSIDANT

Observatoire de la Guette, l'Isle-sur-Serein (Yonne) Long. 16'1"5 E. de Gr. — Lat. 47°35'16" N. — Alt 243 m.

Observations pour l'hiver 1933-1934.

PRESSION Température Humidité VENT PLUIE JOURNÉES de

Max. Min. Moy. Max. Min. Moy. Max. Mm, Moy. Tôt Fréquence, m/m Jours MGIi Orage Grél? Sflff

n (15) Dec. 770 0 734.4 753 8 8 8 -16.0 -3.98 92 46 79 4 616 s (6) 11.75 6 5 - - 31 1933 nw (3)

Janv 768.8 742.8 760 1 9.8 -10.2 0.46 92 38 81.9 2278 sw (7), s (7) 61.3 18 3 . - 24 1934' n (6)

Fév. 772 2 742 0 761.6 14.6 -12.0-0.33 92 30 73.6 542 w(13),sw(5) 23 2 6 3 1 - 28

nw(3)

total n.24,vi 19) total total tôt. tôt. tôt. tôt Moy. 770.3 739.7 758 5 11.1 -12.7-1.28 9? 38 78.3 3436 s(15, sW(15) 96.2 30 11 1 0 83nw(6),c8l.(1l)

83nw(6),c8l.(1l)

OBSERVATIONS. — Hiver de hautes pressions 758,5 contre normale 753,4. Froid, moyenne inférieure à la normale de près de 3°. Humidité atmosphérique supérieure de 6 % à la normale. Peu pluvieux (96 %2 au total au lieu de 156 %6). Peu de vent, 3.436 km au lieu de 8.000. En somme hiver froid, car en dehors des minima très marqués atteignant —16° le 12 décembre, sur les 92 jours de l'hiver, il y en eut 83 où le thermomètre s'abaissa au dessous de 0° centigrades, et 12 ou il dépassa —10° centigrades, dont 9 jours en décembre. Il y eut 11 jours de chutes de neige et un orage (sans grêle), le 25 février


NOTES MÉTÉOROLOGIQUES ET ASTRONOMIQUES

LXXIII

Observations pour le printemps 1934.

PRESSION Température I Humidité VENT Pluie Journées de

Max. Min Moy. Max. Min. Moy. Max Min. ,Moy. Tôt. i Fréquence, m/m Jour neig ora. Gril» Geltt

; sw(20) Mars. . 762 8 729.2 747.2 19 0 13.4 3 91 92 2* 72.0 3884 s (5) 95 8 18 1 2 1 20

n (2)

'•.■■'■ ; . s (15)

Avril.. 758.0 738.8 748.6 27.0—24 9.14 92 22 66.9 4552; sw (11) 68.9 19-6-8

w (2) n (2)

Mai.... 765.0 743.6 755.9 26.8-2.6 12.1 92 22 67.9 1136 w (19) 25.6 9-313

sw (8) nw (2)

total sw (30) tôt. total total total total lola

Moy... 761.9 737.2 750.5 24.2 -6.1 8.38 92 28.0 68 9 9572 s (21 100.3 46 1 11 2 31

Il w (21) I I

OBSERVATIONS. — Printemps régulier, assez beau, frais. Pressions égales à la moyenne (750,5 pour 749,9). Température sensiblement égale (8°3 pour 8°5), un peu plus humide (68,9 contre 64,3) moyennement pluvieux (190,3 pour 195,2). Un peu plus de vent (9.572 km contre 8.736). Fortes gelées en mars (20 jours de gelée avec minimum absolu —13°4). Journées chaudes en avril (max. absolu 27°). Dernière gelée le 18 mai (—2°6). Les arbres à fruits ont peu souffert, mais les vignes, que les belles et chaudes journées qui avaient précédé avaient fait fleurir, ont été affectées partiellement.

Observations pour l'été 1934.

PRESSION Température Humidité VENT PLUIE Jours de

. Max. Min. Moy. Max Min. Moy. Max Mm Moy. Tôt. Fréquence m/m Jour neig ora. grèl* gdeo

sw (16) Juin 759.2 748 8 754.6 33.0 1.0 15.35 92 14 57.6 1838 w ( 7) 28.85 10 - 5 - -

nw ( 7)

w(22) Juill. 7606 745 4 754.1 35 0 7.0 19.11 92 20 63.0 2029 n( 7) 53.05 10 - 7 - -

nw ( 2)

w (28) Août. 757 6 746 6 753.2 29 2 4.0 15.92 92 20 61.0 2158 n ( 2) 62.35 15 - 6 - -

nw( 1)

w-57 jours Mov.. 759.1746.9 753.9 32 4 4 0 16.79 92 18 60.5 6025 sw 16 - 144.2 35 - 18 - -

nw-10 - n- 9 -

OBSERVATIONS. — Été assez chaud, très sec. Pressions assez élevées. Saison sèche, très peu pluvieuse et de degré d'humidité peu élevé. Beaucoup de sources taries dans la région, et de rivières presque totalement asséchées (le Serein, l'Armançon, etc.). La température moyenne est égale à la normale, mai« il y a eu un certain nombre de journées chaudes (deux fois plus de 30° en juin et 10 fois en juillet, soit 12 fois au cours de l'été). Insolation élevée. En somme, bel été.


LXXIV

NOTES METEOROLOGIQUES ET ASTRONOMIQUES

Observations pour l'automne 1934.

PRESSION Température Humidité VENT PLUIE Journées de

Max. Min. Moy. Max. Min. Moy. «ai . Min Moy. Tôt. Fré'q. m/m Jours neige ora. grêle gel.

w (58) Sept... 761:2 747.2 755.8 32.0 1.4 16.12 92 34 71.0 157» nw (1) 42.3 12 - 5 - -

w (26) Octob. 766.4 743.2 753 7 23.0 0 2 9.18 92 36 73.0 2604 ne (1) 56.8 16 - 3 - -

w (18) Nov... 769.0 738.6 754.0 12.0 -7.4 2.51 92 36 78.4 10S0 n (0 62 45 12 - 1 - 16

w (72) Moy... 751.5 9.27 74.1 5254 n (4) 161 6 40 - 9 - 16

nw (V) ne (1)

OBSERVATIONS. — Automne à pressions élevées supérieures (754,5) à la moyenne (751,8). Température légèrement plus basse (9°27) que la moyenne 9°7. Humidité plus élevée (74,1) que la moyenne (69,1). Vents relativement calmes 5.254 km total inférieur à la moyenne 7.344, soufflant presque constamment de l'Ouest. Précipitations assez rares avec 40 jours et seulement 161 % de pluie totale au lieu de la moyenne 252,8. Première gelée le 2 novembre, avec —2°. Novembre a été froid avec 16 jours de gelée. Neuf orages sans importance. En résumé, automne sec, de température moyenne, de pressions élevées, assez froid vers la fin.

RÉSUMÉ DE L'ANNÉE METEOROLOGIQUE

(décembre 1933 à novembre 1934)

Année de pressions plus élevées (754,3) que la moyenne 751,9.

Température moyenne (8°2) inférieure à la normale 9°1. Maximum absolu 35° le 8 juillet et minimum absolu —16°, le 12 décembre 1933. Le thermomètre a dépassé 14 fois 30°. Il y eut 130 jours de gelée dont 49 de suite en décembre 1933 et janvier 1934, et 45 en janvier et février. La dernière gelée eut lieu le 18 mai (—2°) et la première le 2 novembre (—2°).

Humidité 70,4 légèrement supérieure à la normale 67>1, et pluviosité moindre que la normale (592%3 au lieu de 765%9) avec 151 jours de pluie. La plus forte chute de pluie fut enregistrée le


NOTES METEOROLOGIQUES ET ASTRONOMIQUES LXXV

22 juillet avec 31 %4. Le mois le plus pluvieux fut mars, avec 95 %8 et 18 jours de pluie, et le moins pluvieux février, avec 23%2 et seulement 6 jours de pluie.

La neige a recouvert le sol pendant 12 jours seulement, dont onze en janvier.

Les orages furent peu nombreux (39 jours), et peu violents.

Pas de grêle.

Il passa à la Guette 24.287 kilomètres de vent, au lieu de la moyenne normale 31.677. Les vents dominants furent ceux de l'Ouest, avec 169 jours, du Sud-Ouest (70 jours) et du Nord (42 jours). Celui du Sud souffla 36 jours, du Nord-Ouest 20 jours. Enfin, 27 jours n'accusèrent aucun vent.

Insolation moyenne.

L'année météorologique 1933-1934 fut favorable aux fourrages, aux moissons, a.ix fruits à noyau et surtout à la vigne, dont la récolte fut à la fois quantitative et qualitative. Les pommes de terre et les fruits à pépins furent de qualité inférieure et ne furent pas de bonne conservation.



II

Mémoires



ERNEST PETIT

par M. F. DEBRAND

MEMBRE RÉSIDANT

Le voyageur qui, cheminant en Basse-Bourgogne, s'élève de la vallée de l'Armançon, pour descendre dans celle du Serein, sur le plateau qui les sépare, ne peut réprimer un mouvement d'attention, lorsqu'après avoir suivi sa route, durant quelques dix kilomètres, au travers du massif de la forêt Saint-Jean, il débouche brusquement dans une vaste clairière presque circulaire, véritable île de terre dans un océan boisé. Son attention se mue aussitôt en surprise à la vue d'un corps de bâtiments d'apparence au premier abord hétéroclite, qui se dresse à l'aspect de l'est, mais dans lequel il ne tarde pas à discerner la forme d'une chapelle sans clocher, dominant les toits environnants. Si, cédant à l'éveil de la curiosité, il s'arrête pour solliciter d'une hospitalité toujours accueillante la faveur d'une visite, son étonnement redouble au moment où, après avoir franchi une spacieuse cour de ferme, il pénètre, par une porte basse percée au pied de la chapelle, dans un petit cloître carré, qui la flanque au midi, et où l'oeil le moins averti des choses du passé reconnaît immédiatement la survivance d'une vision plusieurs fois séculaire.

Il faut, en effet, remonter à la fin du xne siècle pour trouver l'origine de l'établissement monastique, connu sous le nom de « Prieuré de Vausse », dont ce cloître, encore intact, est demeuré le vivant témoignage. Il existait alors, grâce à la générosité d'Eudes III, duc de Bourgogne, un monastère, le Grand Prieuré, chef d'Ordre du Val-des-Choux, situé à deux lieues de Lugny, siège d'une Chartreuse du diocèse de Langres. Sous l'égide d'un seigneur lié au duc et désireux de suivre son exemple, Anséric de Montréal, Montréal 1


4 ERNEST PETIT

ce lieu dont il n'est pas un ami de notre province qui n'ait admiré le site remarquable et l'église historique, des religieux du Val-des Choux s'en détachaient au début du xme siècle pour venir fonder, au milieu des immenses forêts dépendant des domaines de leur protecteur, dans un endroit solitaire et sans doute alors inexploré, à l'abri du commerce des hommes, selon la règle de leur Ordre, un couvent placé sous le vocable de Saint-Denis et de Sainte-Marie. Ce vocable ne s'est pas conservé et c'est le nom du lieu choisi qui est demeuré. Ce nom, évidemment dérivé du mot val, s'est écrit, dans les chartes latines, Vaulcia ou Vaulciae. Il a formé parla suite celui de Vaux, Vaulce et, par adoucissement, Vausse. C'est ce dernier qui lui est resté.

L'histoire du prieuré de Vausse, qui fut tout naturellement le sujet d'une des premières études d'Ernest Petit, ne manquerait, si ce sujet était en ce moment le mien, ni d'intérêt, ni de saveur. On y verrait la dévotion dont était entourée Notre-Dame de Vausse, les libéralités qui, particulièrement au temps des Croisades, affluaient à ce centre de foi et de vénération. On y apprendrait que les ducs de Bourgogne, les sires de toutes les châtellenies environnantes, y avaient un droit de sépulture qui ne dut pas, bien que six tombes seulement s'y retrouvent, parmi lesquelles celle du fondateur Anséric, demeurer purement nominal, à en juger par les ossements humains que la pioche ou la charrue, au milieu du siècle dernier, mettaient fréquemment à découvert, attestant que la chapelle était insuffisante pour servir d'abri aux restes des bienfaiteurs empressés à lui donner cette marque bien personnelle de leur prédilection.

On y trouverait aussi que les prieurs et leurs assistants, élus parmi les hommes les plus vertueux et les plus estimables,- exerçaient, dans la région sur laquelle s'étendait leur influence, une manière de justice arbitrale, désignés qu'ils étaient pour trancher les différends que, même entre ecclésiastiques de l'époque, ne laissait pas de faire surgir la revendication de biens temporels. On y assisterait enfin au fléchissement et aux vicissitudes que la Renaissance, le xvme siècle, la Révolution, devaient faire successivement éprouver au monastère de Vausse comme à tant d'autres, la première en apportant en germe le règne du bon plaisir, le second en introduisant, jusque dans les forteresses de l'austérité, la ga-




ËRNEST PETIT 5

lanterie et les moeurs faciles, la troisième enfin en instaurant le régime de la confiscation.

En 1780, le dernier prieur disparaissait sans successeur. Les propriétés du monastère étaient vendues, en 1793, comme biens nationaux. Le prieuré entrait, au début du siècle dernier, dans la famille Petit. Il n'en est plus sorti depuis lors.

Faut-il, Messieurs, croire à l'influence du milieu et à la magie d'un lien providentiel entre le recueillement des choses et celui de la pensée humaine ? Toujours est-il que c'est dans cette antique retraite que, né le 28 mars 1835, à Châtel-Gérard, commune sur le territoire administratif de laquelle est situé Vausse, et dont le nom rappelle la mémoire du héros de la légende qui fut l'émule de Roland, Michel-Ernest Petit devait dépenser l'extraordinaire labeur qui fut l'aliment et l'honneur de sa longue existence. Rien, à vrai dire, ne semblait le prédestiner au travail historique et archéologique. Son père, médecin de profession, trouvant dans le maintien en activité de la faïencerie, que le premier des acquéreurs de Vausse y avait installée, un agréable dérivatif aux sévérités de son art, s'occupant également de ses terres et de ses bois, n'avait certes pas négligé l'instruction de son fils unique. Après lui avoir fait poursuivre de sérieuses études au collège d'Auxerre, puis au lycée Charlemagne à Paris, qu'il avait pris soin de lui faire fréquenter comme élève de la célèbre institution Massin, il l'avait fait entrer à l'École des Mines, ouvrant ainsi devant lui une carrière dont il n'avait point sans doute méprisé, à côté de l'intérêt scientifique, l'intérêt lucratif. Mais l'esprit du jeune étudiant était ailleurs, et en lui couvait la secrète prédisposition qui n'attendait, comme les biographies de tant d'hommes passés à la postérité en fournissent tant d'exemples, que le hasard d'une occasion pour se reconnaître et se dévoiler.

Nul n'ignore l'étincelle qui a enflammé les génies d'un Newton et d'un Galvani, sous les espèces d'une pomme et d'une grenouille. Le ressort qui déclancha la vocation d'Ernest Petit se présenta sous celles, non moins substantielles, de pots de confitures. Il a raconté lui-même comment, étant venu en vacances à Vausse, et surprenant un jour une servante, qui était préposée à cette prévoyante préparation, utiliser, pour couvrir ses pots, de vieux parchemins, auxquels pendaient des morceaux de cire vermoulus,


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s'accrochant encore à des bouts de tissus effilochés, il se prit à tenter de les déchiffrer, puis, poussé par l'attrait de sa découverte, à fureter dans le recoin obscur où ils sommeillaient. Un entassement de vieux titres était là, ou du moins ce qui en restait après Tinconsciente profanation sous les coups de laquelle ils étaient menacés de totalement disparaître.

Dès lors, la voie était tracée pour le jeune chercheur, et c'est ce mot qui allait définir ce qui devait être par la suite le but, porté à un degré inouï d'intensité, de son activité intellectuelle. Peutêtre, ainsi qu'il en a fait, dans l'Introduction au tome IX de son Histoire des Ducs de Bourgogne, un aveu à peine voilé, et comme il en est souvent des vocations occasionnelles ou fortuites, lui manquait-il la base et l'assise d'une formation spécialisée. L'école des Chartes, avec ses disciplines et ses rigueurs, l'eût, assurément mieux servi que l'école des Mines. Elle lui eût épargné des difficultés inévitables, auxquelles, faute d'une initiation et de directives premières, il a laissé entendre qu'il s'était fatalement heurté. Mais son ardeur passionnée pour tout ce qui le conduisait à la résurrection des autres âges, jointe à une volonté inflexible et à une puissance de travail incomparable, suppléa en lui à cette lacune originelle et lui fit acquérir l'adaptation que favorisaient, en dehors de sa forte culture, la vivacité de son imagination et l'allure poétique de son esprit.

« Pourquoi parler de ces irais ombrages, écrivait-il au début de sa Notice sur Vausse, la première de ses études, présentée en 1859 à la Société des Sciences historiques et naturelles de l'Yonne ? Pourquoi parler de ces retraites, de ces solitudes profondes qu'aucun bruit ne vient jamais troubler ? Pourquoi réveiller les échos de ces forêts et chercher à découvrir dans la nuit du moyen âge l'origine de ces vieux murs... ? Pourquoi ? c'est que toujours un charme inconnu nous attire vers les lieux où s'écoula notre première enfance, sous le toit témoin de nos premiers pas, auprès de ces arbres que nous avons vu croître et que nous avons tant de fois insultés dans nos jeux; c'est que toujours les souvenirs du jeune âge portent en eux une suavité de parfum que l'on aime à respirer ; toutes les impressions éprouvées alors deviennent chères et restent gravées profondément dans l'esprit ; on se rappelle même avec plaisir ces terreurs enfantines, ces vains fantômes d'une imagination naissante et inexpérimentée. Que de fois sous les arceaux monastiques j'ai cru voir passer l'ombre sévère de quelque moine pensif et silencieux ou de l'un de ces chevaliers


ERNEST PETIT /

dont les cendres sont déposées là depuis plusieurs siècles. Devenu plus âgé (Ernest Petit avait alors vingt-quatre ans), j'avais à coeur de payer à leurs mânes ce juste tribut de mes.impressions d'autrefois ; je tenais à accomplir ce pieux devoir de l'hospitalité reconnaissante, à enregistrer dans les archives encore fraîches de mon cerveau ces légères pages d'un passé qui s'oublie et à essayer dans ces premiers pas archéologiques une plume mal assurée. »

J'ai tenu, Messieurs, à vous lire ces lignes, parce qu'elles sont, à elles seules, du jeune homme qui, à l'heure où il les trace et, non sans une certaine alarme, se cherche et s'éveille, la meilleure des peintures. On y trouve, jetées au courant d'une pensée toute imprégnée de fraîcheur et d'élan, les images qui l'assiègent, les évocations qui le hantent, l'affection des choses lointaines revivifiées dans la lumière des choses présentes, l'émotion et la piété du souvenir cultivé comme la première fleur de l'âme. Comment s'étonner que cette sensibilité ait appartenu à un historien ? L'histoire et l'archéologie, ces deux soeurs jumelles, sont certes des sciences exactes qui, par essence et par définition, tendent à la recherche et à la reconstitution de la vérité. Mais leur est-il interdit, et leur est-il nuisible, de puiser à la source d'un esprit révêtant de suavité et de poésie l'ancienneté qu'elles transfigurent une flamme animatrice, et d'enchâsser dans l'amour d'un cadre resté tangible le dialogue qu'elles entretiennent avec le passé ?

Vous m'excuserez, Messieurs, de m'attarder encore à la prime jeunesse d'Ernest Petit pour vous citer une anecdote qui souligne d'un trait charmant la grâce et la souplesse dont s'ornaient ses dons naturels. L'École des Mines lui laissait vraisemblablement quelques loisirs, et ce n'est pas jeter une ombre sur sa mémoire que de conjecturer qu'il les occupait en étudiant de l'époque, assez différent de l'étudiant d'aujourd'hui, si j'en juge par l'épisode du petit crocodile vivant, présent exotique de l'explorateur Cotteau demeuré son ami, dont il s'était fait le docile compagnon jusqu'au jour où l'ingestion d'un encrier, rebelle à toute assimilation, mettait fin à la carrière de ce représenlant transplanté de la gent saurienne. Le célèbre café de la Régence, disparu récemment, venait de s'ouvrir en 1855, place du Théâtre-Français. Ernest Petit s'était accoutumé à y passer ses instants de détente et de liberté. Alfred de Musset, y fréquentait aussi, pour jouer aux échecs, son passe-temps favori.


8 ERNEST PETIT

Le jeune étudiant de vingt et un ans — c'était en 1856 — eut l'honneur de devenir son partenaire. Il en eut aussi l'infortune, le grand poète, devenu morose au soir de sa vie, se montrant, lorsqu'il essuyait un revers, l'homme le plus maussade et le plus désagréable du monde, se répandant en incartades que ne parvenait à désarmer que la bonne humeur de son vainqueur, tempérée par le respect dû à un aîné et l'admiration de son génie.

Après des vacances prolongées de son adversaire, Musset eut la bonté de s'enquérir des motifs de son absence. L'attention était touchante. Elle provoqua la réponse en vers de celui auquel elle s'adressait.

La pièce, longtemps oubliée, fut retrouvée par son auteur cinquante ans plus tard, en brouillon, dans de vieux papiers. 11 la fit imprimer en plaquette, avec une note explicative, comme « remembrance de juvénilité », dit-il lui-même.

Voici ce jeu léger d'adolescent, véritable gageure prosodique par l'emploi exclusif des deux rimes sur lesquelles il est construit.

Du coin de mon feu dans un vieux monastère au fond des bois

à

ALFRED DE MUSSET

au café de la Régence, à Paris

Vous me demandez, cher poète, Ce que je fais par ce grand vent, Quand, au dehors, bat la tempête Avec un sourd gémissement, Quand, sur le toit, la girouette Fait entendre son grincement Et que la nature s'apprête A revêtir son habit blanc.

Voulez-vous que je me permette De vous donner mon sentiment, Mais je vous le donne en cachette, Car j'éprouve un charme troublant Lorsque la saison paie sa dette, Même alors que, du firmament,


ERNEST PETIT 9

La neige, et sa fine paillette, Tombe et sur nos vallons s'étend.

Je m'enferme dans ma chambrette Avec un plaisir transcendant, Comme un ancien anachorète Ou comme un ermite d'antan. Je pousse avec soin la targette De l'huis que fait grincer le vent, Après avoir mis la clavette Au volet qui s'en va branlant.

Qui viendrait troubler ma retraite En cet asile intolérant ? S'il fait rage sur la planète, Il ne m'en chaut assurément. Neige et vent sont une amusette, Et du fond de mon oubliette, A l'abri de ces éléments, Je ne crains pas les contre-temps.

Touché d'une grippe indiscrète Auprès d'un feu bien pétillant, Je suis la spirale follette Qui s'envole en l'âtre flambant, Tantôt légère bandelette, Tantôt fantôme éblouissant, Entouré sur chaque facette D'un éclat vif et scintillant.

Quelquefois la flamme coquette, Enlaçant le tison ardent, Le bleuit de sa collerette Encadrée de pourpre et d'argent. Souvent aussi quelque fleurette Ourle la bûche en sautillant Et décrit sur cette palette Des croquis d'un effet charmant.

L'esprit s'envole à l'aveuglette, Mu par ce décor vacillant, Chaque éclair que le feu projette Pour la pensée est changement. La scène est mobile et muette,


10 ERNEST PETIT

Feu follet qu'on voit en rêvant,

Et que le rêveur interprète,

Mais qui s'envole au même instant.

Quelquefois la flamme s'arrête, Et puis reprend son sentiment D'un vigoureux coup de pincette Qui lui rend vie et mouvement, On fait du foyer la toilette, On donne un nouvel aliment Au tison qu'on frappe à la tête, Et qui s'éveille... en gémissant!

Et grâce à la chaleur discrète Qui sort de l'âtre bienfaisant, Grâce au demi jour que projette " Un ciel obscur et déclinant, La vision paraît moins nette, On promène un oeil indolent Sur un livre ou sur la gazette, Sur la gazette... en sommeillant !

De toutes les dominations que peut exercer sur l'esprit humain la passion d'une science ou d'un art, celle de l'histoire est a coup sûr parmi les plus impitoyables. L'exemple d'Ernest Petit en est, après celui de tant de ses prédécesseurs, un éclatant témoignage. A peine a-t-il commencé à subir la fascination de ses premières études qu'on le voit organisant résolument sa vie pour se livrer, pieds et poings liés, au joug de son impérieuse maîtresse. Rompant définitivement avec la carrière professionnelle que la sollicitude paternelle lui avait ménagée, il s'installe à Vausse, dans le calme et l'indépendance propres à la satisfaction de son irrésistible penchant. Semblable à l'abeille qui va butiner sur les fleurs du voisinage les sucs qu'elle transforme dans sa ruche, il se met en quête des sources dans lesquelles il doit puiser et qu'il mettra en oeuvre dans la solitude de sa retraite. Son laboratoire — le mot n'est pas déplacé et ne demande, pour s'appliquer à l'asile laborieux qu'il s'est choisi, qu'un léger effort de transposition — ne sera autre que la chapelle de l'ancien prieuré. Il fait jeter, à mi-ha'uteur, peu en dessous de la naissance des nervures des voûtes, un robuste plancher, et il obtient ainsi une salle spacieuse, de trente mètres


ERNEST PETIT 11

de longueur sur sept de largeur, abondamment éclairée à ses deux extrémités pat les baies du chevet et de la façade, et desservie par un escalier partant du cloître. Bibliothèque et musée à la fois, dont un stock, sans doute invendu, de l'ancienne faïencerie formera le premier noyau, et où viendra se ranger peu à peu, soit dans des vitrines, soit sur des rayonnages courant à hauteur d'homme le long des murs latéraux, un incroyable amoncellement de livres, de manuscrits, d'autographes, de tableaux, -de gravures, de portraits, de dessins, d'estampes, recueillis avec une éclectique ténacité par l'inlassable fureteur. Une longue table, qu'on croirait faite pour un réfectoire, complète ce confortable autant qu'original aménagement.

Nous avons laissé Ernest Petit aux prises avec les parchemins arrachés des mains dévastatrices de la cuisinière de Vausse. Nous l'avons vu en tirer, en 1859, après un premier essai présenté deux ans auparavant sur quelques monuments druidiques à l'est du département de l'Yonne, sa notice inaugurale, retraçant, comme c'était justice, l'histoire de sa propre demeure. C'était déjà un travail important pour un jeune homme non initié à ce genre de recherche et ne pouvant compter que sur lui-même, devant, ainsi qu'il l'a écrit plus tard, cacher discrètement, comme un vice, sa passion naissante à sa famille et à ses amis, pour ne pas mériter « l'interdiction de l'une et les sarcasmes des autres ».

N'ayant plus rien à apprendre ni à révéler sur son prieuré, il étend sa curiosité et sa soif de savoir à ce qui l'entoure. La matière est abondante. Aux environs de Vausse règne toute une floraison de lieux et de sites qui, dans son enfance, ont frappé son imagination et dont il veut pénétrer les origines. La châtellenie de ChâtelGérard, la collégiale et la seigneurie de Montréal, Pisy et ses seigneurs, Guillon, resté tristement célèbre par l'humiliant traité que, le 10 mars 1360, les Anglais imposèrent aux défenseurs de la Bourgogne, l'Isle-sur-Serein et les vestiges de son ancien château, Sarry, la si curieuse petite ville de Noyers qui a su garder des injures du temps sa vieille église et ses vieilles maisons, font tout à tour, et je ne mentionne pas tout, l'objet de ses recherches et de ses publications. Il scrute aussi les familles et les hommes, les institutions et les coutumes de jadis, la Mère Folle de Dijon, par exemple, pour me borner à une citation se rattachant plus directement à


12 ERNEST PETIT

notre cité. Il fouille sans relâche dans l'ombre du passé bourguignon, s'ingéniant à en extraire les richesses, pour beaucoup inédites, qu'il met patiemment à jour.

C'est à cette tranche de la production d'Ernest Petit qu'appartient par l'originalité des vues, la pureté de la forme, la profondeur et l'élévation de la pensée, l'un de ses ouvrages, à mes yeux, les plus saillants, Avallon et VAvallonnais, fort volume de près de cinq cents pages, paru en 1868, réédité et complété en 1890, après épuisement de la première édition, et orrié de cent quatre-vingts planches, illustrations et eaux-fortes dues au talent d'excellents artistes. C'est vraiment l'oeuvre d'un maître qu'on sent être en complète possession de lui-même et parvenu, bien que n'ayant encore que trente-trois ans, à son plein essor.

Avallon ! L'Avallonnais ! Il faut que vous souffriez, Messieurs, que je m'arrête à ces deux noms, que je ne puis jamais prononcer sans que retentisse en moi comme un hymne intérieur. Pourquoi cacher qu'ils me sont chers, comme ils l'étaient à celui qui a su les célébrer et les chanter ? Durant trois mois, la trêve des vacances judiciaires m'amène dans leur voisinage. Moins d'une demi-heure m'en sépare. Ce m'est toujours une pure joie de les revoir.

La route qui me conduit dans la délicieuse capitale de l'Avallonnais, « petite ville et grand renom », selon le vieux dicton, l'une des portes du pittoresque Morvan, y pénètre de plain-pied par le nord. C'est celle de ce qu'on nomme le « bon pays ». S'embranchant sur celle qui vient de l'Auxois et qui n'a pas encore dépouillé, après la vision féodale semuroise, le si particulier caractère de cette riche contrée, elle ne décèle de prime abord, à sa pénétration dans le promontoire avallonnais, rien des enchantements qu'en réserve l'aspect sud. Mais, la ville une fois traversée de part en part, après le regard admiratif jeté sur ces deux joyaux d'archéologie que sont la Tour d'Horloge et la Collégiale Saint-Lazare, quel changement à vue, quelle surprise et quel recueillement, devant cette soudaine cassure du sol, ces pentes abruptes dont n'a pu avoir qu'à grand peine raison la main de l'homme, ce bouillonnement du Cousin roulant à leurs pieds ses eaux bondissantes sur son lit granitique, cet horizon de rochers nus, de collines multicolores, de vallonnements escarpés, au flanc desquels s'accroche de vive force la rudesse de chemins sinueux, tout ce paysage à la physionomie


ERNEST PETIT 13

alpestre, tour à tour riant et sauvage, qui a mérité et s'enorgueillit de porter le nom de « Petite Suisse »!

« Le voyageur qui vient de quitter le « bon pays », c'est Ernest Petit qui parle, se croit tout à coup transporté sous une autre ciel, dans un autre climat. Ici, le sol est tourmenté ; chaque pli du terrain ménage une surprise à l'oeil étonné du touriste... Vu de la montagne des Alleux, Avallon offre un spectacle plus étonnant encore. L'aspect sévère de ses tours et de ses tourelles, les hautes montagnes qui l'entourent, conspirent à plonger le visiteur dans un ravissement profond. C'est un nouveau tableau qui sert de contraste au premier : l'un est le travail de l'homme, l'autre celui de la nature. »

L'histoire d'Avallon — n'était-ce pas le revers des faveurs que lui a prodiguées le créateur — n'est pas moins tourmentée que le site qui lui est échu. Nul, avant Ernest Petit, n'avait songé à l'entreprendre d'un regard d'ensemble. Le pays de l'Avallonnais, illustré, autant que par ses beautés naturelles, par les hommes auxquels il a donné le jour, Anséric de Montréal, Huguenin de Bourgogne, le valeureux Geoffroy de Charny, Claude de Beauvoir, seigneur de Chastellux, le fidèle Ragny, le génial Vauban, le glorieux maréchal d'Avout, attendait encore son historien. Ernest Petit, après avoir décrit les souvenirs indéniables qui subsistent encore dans l'Avallonnais de la période celtique et de l'époque gallo-romaine, sans aspirer d'ailleurs, sur ces temps à peu près insondables, à des précisions inacessibles, aborde son récit avec les terribles péripéties de la guerre de Cent ans, auxquelles succèdent les ravages de l'invasion anglaise, les horreurs de la lutte des Armagnacs et des Bourguignons, les atrocités des incursions des Écorcheurs, les massacres des guerres de religion, sans parler des malheurs de la famine et de la peste noire, illustrés par cet affreux dicton :

En l'an mil trois cent quarante neuf de cent ne demeuroit que neuf.

Ayant montré, pendant le xvne et le xvme siècles, Avallon courbé, mais renaissant, sous l'absolutisme royal, l'historien s'arrête à la Révolution, terme qu'il s'impose volontairement, faute d'un suffisant recul, et « pour ne point faire, écrit-il dans son In-


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troduction, de politique rétrospective à l'usage des passions contemporaines ».

Il n'entre pas, Messieurs, dans mon sujet de vous faire pénétrer plus avant dans cette reconstruction historique où il va sans dire que l'art et l'archéologie trouvent largement leur compte. Mais le dessein que je me suis proposé exige que je vous demande de considérer l'énorme et courageux effort de recherche, d'investigation, de sagacité, de coorclination qu'à ce premier stade de sa carrière a dû déployer le jeune écrivain.

Le mieux est de l'interroger lui-même.

« La plus grande partie des documents que nous publions sur le xive et le xve siècle, lit-on dans l'avant-propos d'Avallon et l'Avallonnais, sont encore inédits. Les curieuses archives d'Avallon, et les registres de ses receveurs, ont été compulsés, mais c'est surtout aux archives de l'ancienne Bourgogne, à Dijon, que nous avons trouvé les éléments de ce travail. Pour la période de la guerre de Cent ans, époque la plus obscure de notre histoire, nous avons étendu le cadre de nos recherches, et dépouillé, non seulement les comptes de la châtellenie d'Avallon, mais encore ceux de l'Auxois, de Noyers, de Montréal, de Vieux-Château, et même de l'Auxerrois... Pour les guerres de religion et de la Ligue, nous avons trouvé dans les riches dépôts de la Bibliothèque impériale, et principalement dans le fonds de Béthune..., plusieurs documents intéressants... Rendons aussi hommage aux oeuvres patientes, aux pénibles recherches de ces hommes studieux et modestes qui défrichent chaque jour un coin obscur des annales du pays : n'oublions pas que c'est par les investigations laborieuses des Sociétés de province, plus encore que par les grandes publications officielles, que l'histoire s'est rajeunie de nos jours. »

A ces indications, si pleines de loyauté et de conscience, données par Ernest Petit sur les matériaux dont il a fait usage, il a joint la nomenclature des travaux connus de lui sur l'Avallonnais. J'ai voulu les dénombrer. J'en ai compté cent trois ; et encore le scru puleux historien confesse-t-il la crainte que ce bulletin bibliographique présente beaucoup de lacunes ! Quelle somme de persévérance, de ténacité, d'obstination, et aussi de subtile pénétration, ne représente pas la mise au point de reconstitutions historiques tirées d'un tel fourmillement de sources !

La fertilité d'Ernest Petit ne se ralentit pas et va en s'intensifiant.


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Je ne puis songer à vous lire la simple liste des travaux qu'il publie sur les objets les plus divers d'histoire et d'archéologie. Elle figurera en appendice à la suite de cette étude. Avallon et l'Avallonnais est écrit en 1867. Durant les années qui vont suivre, les productions de l'historien semblent à la vérité s'espacer. Mais ce n'est là qu'une apparence ; car c'est dans cette période qu'il élabore et qu'il prépare ce qui sera la production culminante de sa vie, l'histoire des Ducs de Bourgogne de la race capétienne.

La genèse de cette oeuvre, qu'un érudit bien placé pour la juger,. M. Charles . Porée, i'éminent ancien archiviste départemental de l'Yonne, dans la notice biographique si vivante qu'il a consacrée à celui qui fut son collègue et son ami, n'hésite pas à qualifier d'immense, se place dans les recherches premières d'Ernest Petit sur les anciennes seigneuries bourguignonnes. Ces recherches l'avaient amené à compulser, aux Archives de la Côte-d'Or, les comptes des domaines des ducs de Bourgogne. Ce furent les archives de la Chambre des comptes de la Duché qui formèrent la matière principale, le caput ordinis, selon son expression, de son grand ouvrage.

C'est sur cette rude besogne qu'Ernest Petit s'est penché, sans répit, comme sans lassitude, durant un quart de siècle. Il me faudrait plus de temps que celui qui m'est mesuré pour donner, même en raccourci, une idée de ce que fut l'ampleur de ce gigantesque travail;

« Malgré de regrettables lacunes dans le dépôt des Archives de la Côte-d'Or, écrit-il dans son Introduction au tome premier de son Histoire des Ducs de Bourgogne, et les dilapidations dont elles ont été l'objet, elles sont encore, avec celles de Lille, les plus considérables de France, après les Archives nationales. Nous avons passé de longues années à étudier les richesses de ce fonds inépuisable, et nous avons copié sur les originaux ou analysé toutes les pièces inédites qui pouvaient avoir de l'intérêt pour la période qui nous occupe... Ce que renferment ces divers fonds de chartes inédites et inconnues est incalculable. »

Et cette réflexion désabusée, que nuance l'ironie d'un scrupule apaisé aussitôt qu'émis :

« En dehors de quelques érudits, qui a étudié ces cartulaires et parcouru les dossiers de ces documents originaux ? »

Qu'il se rassure !


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Cette étude, cette lutte acharnée, devrais-je dire, celui qui la menait corps et âme avait le droit de la tenir pour sienne. Elle était bien à lui et, de fait, pendant le long temps qu'il lui a consacré, c'est un vrai siège qu'il a entrepris contre les bastions de la place qu'il s'était donné à lui-même l'ordre d'emporter à tout prix, retranché qu'il était dans la casemate des Archives de Dijon, où il avait élu une façon de domicile. Il y trouvait comme hôte empressé et cordial, aussi comme guide amical et dévoué, l'homme, Joseph Garnier, qui présidait alors aux destinées de cet incomparable dépôt et dont m'est apparue encore, dans ma jeunesse, la si originale et comme hiératique figure, à laquelle vous voudrez avec moi, Messieurs, rendre, en passant, un sincère hommage. Que de fois sans doute, j'en jurerais, succédant aux ombres des moines et des chevaliers de Vausse, ont dû se profiler aussi devant les yeux mi-clos du chercheur enfoui dans le discret et silencieux asile de nos Archives, les ombres de nos ducs, remplissant de la splendeur de leur faste, du tumulte de leurs passions et de l'agitation de leurs querelles, la majesté du Palais proche !

Mais, si les Archives de notre ville procuraient à Ernest Petit son aliment primordial, il s'en fallait de beaucoup qu'elles fussent les seules à le fournir de ses matériaux. Les Archives des,départements voisins, Haute-Marne, Aube, Yonne, Saône-et-Loire, celles du Nord, les bibliothèques de Dijon et des villes de la région, la Bibliothèque nationale, ont vu, elles aussi, pendant des jours et des mois, l'infatigable défricheur, copiant patiemment, de sa fine écriture, tout ce qui pouvait apporter quelque pierre à son édifice.

J'aurai donné, d'un mot, par l'éloquence brutale d'un chiffre, une mesure de l'ordre de grandeur de cette entreprise, lorsque j'aurai dit que les volumes ou cartons écrits par Ernest Petit pour servir à l'histoire de la Bourgogne et de ses ducs, et par lui renfermés dans la chapelle de Vausse, étaient, au moment où paraissait le tome premier de l'ouvrage, au nombre de cent^cinquante et contenaient le texte ou l'analyse de plus de trente mille chartes inédites.

La publication de ce tome premier date de 1885. Celle des huit autres tomes s'étage, tous les deux ou trois ans, jusqu'en 1905, chacun des neuf volumes se divisant en deux parties : l'une, le récit historique, l'autre la reproduction des documents, pièces justificatives et catalogues ou cartulaires des actes venant à l'appui.


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Il ne saurait m'appartenir de porter sur cette oeuvre un jugement personnel. La responsabilité de ce jugement m'imposerait une longue initiation qui m'est, tout au moins encore, interdite. Certains censeurs — ne s'en trouve-t-il pas toujours ? — ont élevé certaines critiques : fautes de copie dans le cartulaire, que l'auteur avait lui-même, avec sincérité, et dès l'avertissement du tome premier, prévues comme inévitables, longueurs dans le développement narratif, insuffisance des vues générales et d'ensemble. Peut-être at-on négligé, pour relever ces imperfections, la conception que celui auquel on les impute s'était faite lui-même du but de ses travaux et de la place qu'il leur assignait dans la documentation historique de la Bourgogne.

«L'ouvrage dont on donne les premiers volumes, explique-t-il, avec trop de modestie, dans l'avertissement que j'ai déjà cité, est un de ceux que l'on consulte quelquefois, mais qu'on ne lit jamais. On y recherche l'exactitude des faits, non la mise en scène des personnages. Pour ce genre de livres, la forme brillante et l'allure du style ne sauraient compenser l'absence de valeur de fond ; et c'est au bon mouvement imprimé aux études historiques que l'on doit depuis un certain nombre d'années la publication de matériaux neufs, destinés à jeter une nouvelle lumière sur les périodes obscures ou inconnues de notre passé. On n'écrit plus pour raconter seulement, mais pour prouver : ad probandum. C'est par ce judicieux esprit d'observation que l'histoire tend à se rajeunir, et à rectifier des erreurs répercutées d'âge en âge et passées à l'état de vérité. »

Quoi de plus juste, Messieurs I Les livres de la classe à laquelle appartient l'Histoire des Ducs ne sont pas des tentatives de créations romancières ou théâtrales qui, lorsqu'elles surgissent, de quelque mirage éblouissant qu'elles soient parées, ne sont le plus souvent, comme il en est trop d'exemples, qu'une défiguration, parfois déshonorante, de morts qui ne sont plus là pour se défendre contre les pensées et les actes qu'on leur prête. Ces livres sont une exposition et un réservoir de faits et de réalités. Combien en pourrais-je citer que personne n'a jamais lus d'un bout à l'autre et qui, cependant chaque jour, sont consultés et fouillés par des milliers de lecteurs ? Ce qu'a voulu faire, ce qu'a réalisé et à quel prix ! Ernest Petit, est une oeuvre de loyauté et de conscience.


18 ERNEST PETIT

Elle suffit à justifier l'honneur et la noblesse de sa vie studieuse. S'il m'en fallait des témoignages autorisés, ne les trouverais-je pas dans ceux de M. Kleinklausz, affirmant que cette oeuvre constitue « la contribution la plus importante que notre époque ait apportée à l'histoire de la Bourgogne », de Gabriel Hanotaux, la citant, dans la préface de sa Jeanne d'Arc, parmi les monuments mêmes de cette histoire, de FAcadémie des Inscriptions et BellesLettres, attribuant, en 1894, aux quatre premiers tomes la seconde médaille du concours des Antiquités de France, et décernant à l'ouvrage achevé, en 1906, le grand prix Gobert, sa plus haute récompense ?

La publication des neuf tomes de l'Histoire des Ducs était loin d'absorber d'ailleurs l'activité productrice de son auteur. Elle encadrait de nombreuses monographies, dans lesquelles il se complaisait à faire halte, à goûter une distraction momentanée. Fouillant incessamment ici et là, il découvrait, sur les hommes et sur les choses de la Bourgogne, une variété inédite de révélations curieuses et piquantes, dont il savait donner une présentation toujours pleine de saveur et d'attrait.

Il n'est pas téméraire de penser qu'au moment où il déployait l'effort que je viens, si imparfaitement, de m'essayer à décrire, Ernest Petit jetait aussi les yeux sur un horizon de plus vaste envergure. En 1888, sortait des presses de l'Imprimerie nationale, dans la collection de Documents inédits sur l'histoire de France, publiés par les soins du ministère de l'Instruction Publique, une étude par lui consacrée aux Itinéraires de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur, ducs de Bourgogne, de 1363 à 1119, d'après les comptes de dépense de leur hôtel, qu'il avait recueillis et mis en ordre. Il avait fait paraître un an auparavant, le tome second de son Histoire des Ducs de la première, race, et cette coïncidence de date laisse supposer, avec la plus grande vraisemblance, qu'ayant en mains des documents chevauchant sur la période capétienne et sur la période valoise, il méditait de donner l'histoire des ducs de la seconde race, en même temps que celle des ducs de la première ou après elle. Ce projet recevait même un commencement d'exécution en 1909, par la publication, quatre ans après celle du tome dernier de la série des ducs capétiens, du tome premier des Ducs de Bourgogne de la maison de Valois, Philippe le Hardi, 1363 à 1380,


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d'après des documents inédits. Cette seconde entreprise rencontrait à la vérité un obstacle auquel ne s'était qu'à un degré infiniment moindre heurté la première. Les douze volumes, dans lesquels de Barante avait, en 1838, publié son Histoire des Ducs Valois, formaient comme un tir de barrage couvrant un terrain conquis, sur lequel il pouvait être imprudent de s'aventurer après lui. Si Ernest Petit avait cependant résolu de s'y engager, c'est assurément que sa probité n'avait pas jugé impossible une exploration nouvelle, retrempée et rajeunie dans la sève d'archives fraîchement et abondamment remuées. Mais il est d'inexorables limites à tout pouvoir humain. Ernest Petit avait alors soixante-quatorze ans. C'était l'âge du repos, auquel il pouvait marquer l'arrêt de son labeur, et se contenter désormais de contempler le profond sillon qu'il avait tracé derrière lui.

Du moins, devait-il respirer longtemps encore les senteurs et le parfum des inestimables souvenirs qui, à tout instant, venaient rajeunir sa vieillesse. Sa chère collection, ses chers cartons, témoins de sa constance et de son opiniâtreté, lui étaient douce et consolante survivance. Dès 1886, n'avait, sous le titre Chartes, Manuscrits, Autographes, Documents historiques sur la Bourgogne, faisant partie d'une collection particulière, dressé un inventaire de ses archives personnelles. Cet inventaire, avec les citations qu'il renferme, forme à lui seul un volume de deux cent cinquante pages. L'introduction à ce livre contient le récit des achats faits par Ernest Petit dans les fonds documentaires privés, où le conduisaient la subtilité et le flair du chasseur qu'il était. 11 avait fureté partout et rien ne l'avait rebuté. 11 avait suivi assidûment les ventes, visité les châteaux, dévalisé les boutiques des bouquinistes, les magasins des libraires, déniché, par centaines, par milliers parfois, jusque dans la poussière et les toiles d'araignées des greniers et des fatras, les manuscrits les plus divers, lettres, titres, actes, parchemins, chartes, cartulaires, dépouillés ensuite un à un et classés dans ses dossiers.

En amassant avec quelle fervente tendresse ! sa collection manuscrite, Ernest Petit s'apparentait directement à la grande lignée de Philibert de la Mare, de Févret de Fontette et du baron de Joursanvault. Afin de remplir les intentions qu'il avait manifestées, sa veuve et ses fils ont voulu que les portefeuilles documentaires qu'il avait constitués sur la Bourgogne fussent dévolus à des éta-


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blissements publics, pour partie au département de l'Yonne et pour partie à la ville de Dijon. C'est pourquoi les Archives de l'Yonne et la bibliothèque publique de notre ville possèdent désormais, de part et d'autre, une collection « Ernest Petit ». : à Auxerre les pièces originales concernant les seigneuries, les localités et les familles de l'Yonne; à Dijon, les pièces originales relatives à la Bourgogne et à la Franche-Comté en général, aux seigneuries, localités et familles afférentes aux départements bourguignons, autres que l'Yonne. Le résidu de l'ancienne collection, composé de cartulâires et chartes transcrits ou résumés de sa main, généalogies et autres notes, a été remis à son ami, l'un de nos éminents confrères, ancien élève de l'école des Chartes, qui l'a pieusement recueilli en attendant le loisir de le mettre en oeuvre.

Comme tout grand fonds scientifique, artistique ou littéraire, et à-1'instar de ceux des cathédrales qui abritent jalousement en lieu sûr leurs plus précieuses richesses, la collection d'Ernest Petit possédait son « trésor ». Dans le discret appartement qu'indépendamment de ses habitations de Vausse et de Sarry, il occupait dans la capitale, rue Jean-du-Bellay, en pleine île Saint-Louis, en ce coeur du vieux Paris sur lequel le chevet de Notre-Dame étend son ombre médiévale, il pouvait faire admirer aux initiés les éditions rares, les reliures somptueuses, les autographes de personnages historiques, les fins portraits gravés des xvie et xvne siècles, qu'il avait su y réunir comme dans l'intimité d'un sanctuaire et qui le classaient parmi les plus avertis et les plus experts bibliophiles de son époque.

11 était inévitable, et il était nécessaire, qu'un érudit de cette marque, qu'un chercheur de cette trempe, participât puissamment au mouvement et à l'essor des groupements historiques et archéologiques au sein desquels il avait sa place marquée. Dès 1859, il entrait dans la Société des Sciences historiques et naturelles del'Yonne, dont la vice-présidence en 1889, puis la présidence en 1894, étaient la juste consécration donnée par ses collègues à son indiscutable autorité. Collaborateur du Bulletin de cette Société, auquel il envoyait la plupart de ses monographies, il était également accueilli dans nombre d'autres recueils : le Bulletin Historique et Philologique du Comité des travaux historiques, dont il était membre non résidant, le Bulletin de la Société des Antiquaires de France,


ERNEST PETIT .. 2l

dont il avait été élu associé national, l'Annuaire de l'Yonne, le Bibliophile français, la Revue Historique.

Dès le 15 avril 1861, il était devenu membre de la Commission des Antiquités de la Côte-d'Or, aujourd'hui réunie à notre Académie, et c'est par quoi nous avons le droit et le devoir de le revendiquer comme l'un des nôtres.

A la notoriété d'homme de science d'Ernest Petit s'alliait la plus parfaite dignité de vie familiale et civique. En juin 1863, il avait épousé Berthe Rat hier, originaire de Sarry, village le plus proche de Châtel-Gérard, appartenant elle-même à l'une des familles les plus connues et les plus considérées du Tonnerrois. Plusieurs membres de cette famille avaient rempli, et devaient remplir encore, des mandats publics, l'aïeul de son beau-père comme agent national du district d'Auxerre et administrateur du département sous la Révolution, deux oncles de sa femme, l'un comme représentant à l'Assemblée constituante de 1848, l'autre comme député de l'Yonne de 1871 à 1887, dont le fils Jean Rathier reprenait le siège jusqu'en 1885, date de sa mort prématurée. Les liens qui unissaient Ernest Petit au sol natal s'en trouvaient ainsi scellés plus étroitement encore. Aussi, dès 1877, les habitants du canton de Noyers-surSerein, dont dépendaient à la fois Vausse et Sarry, lui confiaientils la mission de défendre leurs intérêts au Conseil général de l'Yonne. Ils lui restaient fidèles durant trente années ininterrompues, et ce n'est qu'en 1907 que leur élu résignait volontairement la fonction qu'il jugeait, au regret de tous, être devenue trop lourde pour lui.

Là aussi il avait affirmé sa forte personnalité. Trois ans à peine après son entrée dans cette Assemblée, en 1880, elle le désignait pour siéger au Conseil académique de Dijon. Pendant trente quatre ans, jusqu'en 1914, il apportait à cet organisme universitaire le concours le plus assidu, mettant un point d'honneur à en suivre exactement tous les travaux, et ne cachant pas que, parmi les titres auxquels il pouvait le plus tenir, celui de membre de ce Conseil se plaçait au premier rang. N'est-il dû qu'au pur hasard que sa mémoire y soit aujourd'hui perpétuée par l'un des siens, et que le détenteur actuel du siège qu'il y a occupé soit, en même temps que notre confrère, le continuateur, par son union avec ma fille, d'une tradition familiale ?

La croix de chevalier de la Légion d'Honneur qui, en 1898, avait


22 ERNEST PETIT

été attribuée à Ernest Petit, à l'occasion du cinquantenaire de la Société des Sciences de l'Yonne, aux solennités duquel il avait présidé, était venu lui apporter, dès cette époque, le témoignage de la grande estime en laquelle le tenaient les pouvoirs publics.

Il s'est éteint à Sarry, le 15 juillet 1918, dans sa quatre-vingt quatrième année, ne manquant que de peu l'issue victorieuse de la guerre, dont les heures cruelles pour son patriotisme avaient certes éprouvé, mais n'avaient point ébranlé, l'indéfectible confiance qu'il avait toujours mise dans le destin de son pays. Il repose dans le vieux cimetière qui entoure l'église classée de ce village, dont il avait retracé l'histoire sous la féodalité et qui garde fidèlement le dépôt de sa sépulture.

La ville de Dijon, en donnant, en 1926, le nom d'Ernest Petit à l'une de ses rues, a voulu joindre son hommage posthume à ceux dont ce nom demeure entouré, en même temps que témoigner sa. reconnaissance à l'historien et à l'archéologue qui avait bien mérité de la Bourgogne, en contribuant si vaillamment à mettre en relief le visage de notre province et la grandeur de son passé !


BIBLIOGRAPHIE DES TRAVAUX DE M. ERNEST PETIT

1. — Observations sur quelques monuments druidiques à l'est du

département. — Auxèrre, 1857, 6 p. in-8°.

2. — Vausse. Prieuré de Saint-Denis ou de Notre-Dame de Vaulce,

dans Bulletin Société Sciences Yonne, XIII (1859), p. 48-91. P. 82-88 : Chartes, datées de 1235 à 1298, tirées des Archives de Vausse et du château de Ragny ; p. 88-91 : lettres de Charles IX (1567), tirées des Archives de Vausse.

3. — Châtellenie de Châtel-Gérard. Ibid., p. 361-424.

P. 413-415 : Chartes d'affranchissement de Sarry, Soulangy et Villiers-les-Hauts.

4. — Recherches sur Pisy et ses seigneurs. Ibid., p. 458-484.

P. 483 : Charte d'affranchissement de Pisy.

5. — Collégiale de Montréal, dans Annuaire de l'Yonne, an. 1861,

p. 121-127 (un plan).

6. — Forêts de Châtel-Gérard et de Saint-Jean. Ibid., p. 255-274.

7. — Les Orry de Fulvy, dans Annuaire de V Yonne, an. 1862, p. 32-49

8. — Fers de chevaux et de javelot trouvés à Aisy-sur-Armançon,

dans Bulletin Société Sciences Yonne, an. 1863, p. vu.

9. — Documents inédits sur les sièges de Lézinnes, Pacy et Avallon

en 1433, dans Annuaire de l'Yonne, an. 1863, p. 225-234.

10. — Les Ecorcheurs dans TAvallonnais, dans Bulletin Société Etudes

d'Avallon, an. 1864, p. 124.

Article reproduit dans l'Annuaire de l'Yonne, an. 1865, p. 123138.

11. — Origines des Beauvoir-Chastellux, dans Annuaire de l'Yonne,

an. 1864, p. 217-222.

L'auteur rattache les Chastellux aux sires de Montréal.

12. — La seigneurie de Montréal-en-Auxois, dans Bulletin Société

Sciences Yonne, XIX (1865), p. 68-261, 4 planches, 1 plan. P. 241-261 : Sept pièces justificatives, de 1228 à 1304, parmi lesquelles la charte d'affranchissement de Montréal (1228).

13. — Un ami de Henri IV [François de La Magdelaine, marquis de

Ragny], dans Annuaire de l'Yonne, 1866, p. 3-14.


24 ERNEST PETIT

14. — Guillon, dans Annuaire de V Yonne, 1867, p. 27-42. 15.—Notice sur Y Isle-sur-Serein. — Auxerre, Gallot, 1867, 66 p. in-8°.

16. — Avallon et FAvallonnais. Étude historique. — Auxerre, Gallot,

1867, 516 p., in-8°.

Une 2e édition de cet ouvrage a paru en 1890, sous le format in-4° (468 p.), ornée de 180 dessins ou planches hors-texte.

17. — Les Chevaliers du noble jeu de l'Arquebuse de Noyers, dans

Annuaire.de l'Yonne, 1868, p. 212-215.

18. — Gabriel Peignot, dans Bibliophile français, 1868, 12 p., in-4°.

19. — La Mère Folle de Dijon, dans Bibliophile français, 1868, 6 p.

in-4°.

20. — Les Sires de Noyers, dans Bulletin Société Sciences Yonne

XXVIII (1874), p. 67-381, 8 planches.

Nombreux documents, reproduits ou analysés, tirés des Archives de la Chambre des Comptes des ducs de Bourgogne (p. 292-373).

21. — La Cordelle de lTsle, dans Annuaire de l'Yonne, an. 1875,

p. 199-210.

22. :—A propos de la perte de livres et de manuscrits tonnerrois,

dans Annuaire de V Yonne, an. 1876, p. 27-32.

L'auteur signale de nombreux documents relatifs à la région de l'Yonne, et provenant notamment des abbayes de Saint-Michel de Tonnerre, de. Molesmes et de Quincy, dispersés dans des dépôts étrangers au département.

23. — Chronique de Noyers. Ibid., an. 1876, p. 94-127.

L'original de cette chronique, oeuvre fantaisiste, est conservé à la Bibliothèque nationale, fonds Cangé, et fut offert au duc de Longueville, lors de son entrée à Noyers, le 17 novembre 1561.

24. — Les diligences au xvme siècle, dans Annuaire de V Yonne,

an. 1877, p. 94-97.

25. — Le collège des Doctrinaires de Noyers, dans Annuaire de

l'Yonne, an. 1877, p. 98-109.

26. — Le Colonel Goureau, dans Bulletin Société Sciences Yonne,

XXXIII, 2" partie (1879), p. 85-101.

Claude-Charles Goureau, président de la Société entomologique de France, né à Santigny le 15 avril 1790..

Réimpression de cette notice « par les soins et aux frais de Paul Philipot, maire de Santigny, légataire universel du colonel Goureau ». Dijon, Darantière, 1899 ; 45 p. in-12, 1 portrait.

27. — Procès-verbal contenant ce qui s'est passé, tant à Pont-surYonne

Pont-surYonne la ville de Sens, au voyage de MM. les députés du Parlement de Paris, présentés en la Cour par M. du Coudray Genier, conseiller en icelle et l'un des députés, le 7 février 1652, en présence de Son Altesse royale, dans Annuaire de V Yonne, 1879, p. 125-132.

Document tiré des collections de M. Ernest Petit.


SES TRAVAUX 25

28. — Deffaicte de troupes de M. de Luxembourg, prince de Tingry,

par M. le Mareschal de Bois-Dauphin, le 21e jour d'octobre 1615, dans Annuaire de l'Yonne, p. 157-159. Document tiré des collections de M. Ernest Petit.

29. — Sarry sous la féodalité, dans Annuaire de l'Yonne, an. 1880,

p. 111-118.

30. — Cartulaire du prieuré de Jully-les-Nonnains, dans Bulletin

Société Sciences Yonne, XXXIV (1880), p. 249-302.

Reproduction ou analyse de chartes tirées, pour la plus grande partie, du fonds, de l'abbaye de Molesmes, aux Archives de la Côte-d'Or.

31. — Noyers au xvie siècle, dans Annuaire de l'Yonne, an. 1881,

p. 145-185.

Notes diverses tirées de manuscrits ou d'imprimés.

32. — Rapport au Conseil général de l'Yonne (séance du 1er septembre

septembre en faveur de la reconstitution de l'École normale d'institutrices d'Auxerre, dans Procès-verbaux du Conseil général de l'Yonne, session d'août 1882, p. 446-449.

33. — Correspondance de l'abbé Leboeuf avec Lacurne de SaintePallaye

SaintePallaye dans Annuaire de l'Yonne, an. 1884, p. 244-269.

Quinze lettres inédites de Leboeuf, inconnues des éditeurs de sa

correspondance, Chérest et Quantin, tirées du fonds Bréquigny à la

Bibliothèque nationale (62, carton IX).

34. — Lettres de Lazare-André Bocquillot au président Bouhier

[1717-1726], dans Annuaire de l'Yonne, an. 1885, p. 181-195. Huit lettres du savant chanoine d'Avallon, tirées du fonds français de la Bibliothèque nationale (ms. fr. 24.409 et nouv. acquisit. n° 1212).

35. — Correspondance de l'abbé Leboeuf et du président Bouhier

[1729-1743], dans Bulletin Société Sciences Yonne, XXXIX (1885),p. 151-219 [suivie d'une «Note sur les tombeaux de Quarré-les-Tombes et de Sarry >•], p. 219-222.

Trente-huit lettres inédites, tirées du ms. fr. nouv. acq. n° 1212 de la Bibliothèque nationale.

36. — La Chute de l'ancien régime. Ibid., p. 237-279.

Compte-rendu du livre de Chérest.

37. — Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, avec

des documents inédits et des pièces justificatives. — Dijon, Darantière, 1885, t. I [Robert Ier, 1032-1075 ; Hugues Ier, 1076-1079 ; Eudes I«, 1079-1102 ; Hugues II, 1102...], 510 p. in-8° (Publication de la Société bourguignonne de géographie et d'histoire).

Voy. n°s 43, 49, 54, 63, 77, 82, 84, 87, 91.

38. — Entrée du roi Charles VI à Dijon sous Philippe le Hardi.

Fêtes et réjouissances en Bourgogne, février 1390. Documents


26 ERNEST PETIT

inédits recueillis et mis en ordre par Ernest Petit, de Vausse. — Dijon, Darantière, 1885, 104 p. in-8°.

39. — Chartes, manuscrits, autographes, documents historiques sur

la Bourgogne faisant partie d'une collection particulière. — Dijon, Lamarche, 1886, 244 p. in-8° (Extrait des Mémoires de la Société bourguignonne de géographie et d'histoire, II (1885), p. 309-420 ; III (1886), p. 1-136 ; V (1888), p. 313-334. Analyse des 673 registres ou cartons constituant alors la collection particulière de l'auteur.

40. — Campagne de Philippe le Hardi, 1372 (Poitou, Angoumois,

Aunis, Saintonge, Anjou, Bretagne). Fragments de documents inédits, dans Mémoires de la Société bourguignonne de géographie et d'histoire, II (1885), p. 421-440.

Récit d'après les Itinéraires, etc. (voy. n° 38). Mais, contrairement au titre, aucun document reproduit.

41. — Peinture du xvie siècle au château de Tanlay, dans Bulletin

de la Société des Antiquaires, XXX (1886), p. 208-213.

'Voy. 45.

42. — Croisades bourguignonnes contre les Sarrazins d'Espagne au

xis siècle, dans Revue Historique, XXX (mars-avril 1886), p. 259-272.

43. — Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne. — Dijon,

Darantière, 1887, tome II [Hugues II, 1125-1143 ; Eudes II, 1143-1162 ; régence de Marie de Champagne, 1162-1165 ; Hugues III, 1165...], XXIV-491 p. in-8° (Publication de la Société bourguignonne de géographie et d'histoire). Voy. n»» 37, 49, 54, 63, 77, 82, 84, 87, 91.

44. — Chartes de l'abbaye cistercienne de Saint-Serge de Giblet en

Syrie [1231-1279], dans Mémoires de la Société des Antiquaires XLVIII (1887), p. 20-32.

45. — Travaux exécutés au château de Tanlay par Coligny et d'Andelot

d'Andelot 1568, dans Bulletin de la Société des Antiquaires, XXXI (1887), p. 160-162. Voy. n° 41.

46. — Les séjours de Charles V, dans Bulletin historique et philologique

philologique Comité des Travaux historiques, an. 1887, p. 197-266.

47. — Voyage de l'abbé Leboeuf à Clairvaux en 1730, dans Bulletin

Société Sciences Yonne, XLI (1887), p. 33-64.

Notes autographes de Leboeuf (Biblioth. nation., lat. 18.610).

48. — Itinéraires de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur, ducs de

Bourgogne (1363-1419), d'après les comptes de dépense de leur hôtel, recueillis et mis en ordre par Ernest Petit. — Paris, Impr. nation., 1888, XXXI-719 p. in-4° (Collection de


SES TRAVAUX 27

Documents inédits sur l'histoire de France publiés par les soins du Ministre de l'Instruction publique).

Voy. un « Supplément aux Itinéraires de Philippe le Hardi », au tome 1er des Ducs de Bourgogne de la maison de Valois, p. 437-486.

49. — Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, etc. —

Dijon, Darantière, 1889, tome III [Hugues III, 1183-1192 ; Eudes III, 1192-1218], 524 p. in-8°, 4 pi. (Publication de la Société bourguignonne de géographie et d'histoire). Voy. n°a 37, 43, 54, 63, 77, 82, 84, 87, 91.

50. — Sur une cheminée du xvie siècle du château de Jouancy, dans

Bulletin de la Société des Antiquaires, XXXIV (1890), p. 117.

51. — Le père probable d'Antoine Vérard, dans Archives historiques,

artistiques et littéraires (juillet 1890), 3 p. in-8°. 52 — Le Tonnerrois sous Charles VI et la Bourgogne sous Jean sans Peur. Épisodes inédits de la guerre de Cent ans. dans Bulletin Société Sciences Yonne, XLV (1891), p. 247-315.

53. — Çompte-rendu du Congrès archéologique de France en FrancheComté

FrancheComté en Suisse. Ibid., p. 359-365.

54. — Histoire dès ducs de Bourgogne de la race capétienne, etc. —

Dijon, Darantière, 1891, tome IV [Régence d'Alix de Vergy, 1218-1229; Hugues IV, 1229-1251]; 490 p. in-8°, 10 pi. (Publication de la Société bourguignonne de géographie et d'histoire).

Voy. n<» 37, 43, 49, 63, 77, 82, 84, 87, 91.

55. — Un procès de Pierre Palliot, imprimeur à Dijon [1673], dans

Mémoires de la Société bourguignonne de géographie et d'histoire, VII (1892), p. xix.

56. — Raoul Glaber, dans Revue Historique, XXX (mars-avril 1892),

p. 283-299.

57. — Mort de Louis II de Chalon, comte de Tonnerre (Rectification à Y Art de vérifier les dates), dans Bulletin Société Sciences Yonne,

XLVII (1893), p. 245-246.

58. — Saint-Louis en Bourgogne et principalement dans les contrées

de l'Yonne, dans Bulletin Société Sciences Yonne, XLVII (1893), p. 575-591.

59. — Jouancy près Noyers, dans Annuaire de l'Yonne, an. 1893,

p. 172-184, 2 pi.

60. —Vue de Tonnerre sous Henri IV. Ibid., p. 257-258, 1 pi.

Commentaire d'un dessin d'Israël Silvestre.

61. — Séjours de Charles VI, dans Bulletin historique et philologique

du Comité des Travaux historiques, an. 1893, p. 405-492.

62. — Roger de Gaignières et Pierre Palliot. Lettre à M. Léopold

Delisle. — Paris, Picard, 1894, 12 pi. in-8°.

Tiré à part du volume suivant dont il forme l'« Avertissement ».


28 ERNEST PETIT

63. — Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne etc. —

Paris, Picard, 1894, tomeV [Hugues IV, 1251-1272], XVIII514 p. in-8°, 26 pi. (Publication de la Société bourguignonne de géographie et d'histoire).

Voy. n°s 37, 43, 49, 54, 77, 82, 84, 87,91.

64. — Vue de Chablis après la Ligue, dans Annuaire de l'Yonne,

an. 1894, p. 259-264, 1 planche.

Commentaire d'un dessin de Joachim Duviert.

65. —Noyers sous Henri IV, dans Annuaire de l'Yonne, an. 1895,

n. 81-97, 1 pi.

Dessin de Joachim Duviert.

66. — L'ancien Ancy-le-Franc. Ibid., p. 294-297.

Commentaire d'un dessin de Joachim Duviert.

67. — Les Budé dans l'Auxerrois, dans Bulletin Société Sciences Yonne,

XLIX (1895), p. 437-442.

68. — Séjours de Jean II (1350-1356), dans Bulletin historique et philologique

philologique Comité des Travaux historiques, an. 1896, p. 587613.

69. —- Séjours de Charles VIII (1483-1498). Ibid., p. 629-692.

70. — Quatre lettres de l'abbé Leboeuf, dans Bulletin Société Sciences

Yonne, L (1896), p. 499-502.

71. — La Collection de Bourgogne à la Bibliothèque nationale, dans

Mémoires de F Académie de Dijon, LXXXI (1895-96), p. 325430 ; et à part 110 p. in-8°.

72. — Le comte de Tonnerre Antoine de Crussol, duc d'Uzès, dans

Bulletin Société Sciences Yonne, LI (1897), p. 147-150, 1 pi. Dessin aux deux crayons du xvie siècle.

73. — Le Menhir de Châtel-Gérard (la Dame Blanche). Tumulus

divers, dans Bulletin Société Sciences Yonne, LI (1897), 2e partie, p. 79-88, 1 planche.

74. — Anciennes coutumes et usages singuliers en Bourgogne, dans

Bulletin Société Sciences Yonne, suppl. au tome LI (1897), p. 137-154.

Sujet repris par l'auteur dans l'appendice II du tome Ier des Ducs de Bourgogne de la maison de Valois, p. 409-435.

75. — Les arbres de justice. Ibid., p. 155-164,

76. — Chartes originales provenant de la commanderie des Templiers

de Saint-Marc, à Nuits-sur-Armaneon, et du prieuré de Jully-les-Nonnains, dans Bulletin historique et philologique du Comité des Travaux historiques, an. 1897, pi 759-783.

77. — Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne etc. —

Paris, Picard, 1898, tome VI [Robert II, 1272-1306], 558 p.


SES TRAVAUX 29

in-8°, 32 pi. (Publication de la Société bourguignonne de géographie et d'histoire).

Voy. n°» 37, 43, 49, 54, 63, ,82, 84, 87, 91.

78. —■ Les Bourguignons de l'Yonne à la cour de Philippe de Valois

dans Bulletin Société Sciences Yonne, LU (1898), p. 275-357,

79. — Souvenirs d'un président au Grand Conseil sous Louis XIV,

Joly de Blaisy (1649-1725), dans Mémoires Société bourguignonne de géographie et d'histoire, XV (1899), p. 351-453 ; et à part 117 p. in-8°.

80. — Le tumulus de Villevallier (Yonne), dans Bulletin de la Société

des Antiquaires, XLIV (1900), p. 125.

81. — Comptes de Volnay en 1316 pour la duchesse douairière de

. Bourgogne, Agnès de France, fille de Saint-Louis, dans Bulletin historique et philologique du Comité des Travaux historiques, an. 1901, p. 389-395.

82. — Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne etc. —■

Dijon, Darantière, 1901, tome VII [Hugues V, 1306-1315 ; Eudes IV, 1315-1345], VIII-541 p. in-8°, 24 pi. (Publication de h Société bourguignonne de géographie et d'histoire). Voy. n»« 37, 43', 49, 54, 63, 77, 84, 87, 91.

83. — Affranchissement de Poilly-sar-Serein par le maréchal de

Noyers en 1341, dans Bulletin Société Sciences Yonne, LVI. (1902), p. 5-13.

84. — Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne etc. —

Dijon, .Darantière, 1903, tome VIII [Eudes IV, 1344-1349], VIII-51I p. in-8°, 15 pi. (Publication de la Société bourguignonne de géographie et d'histoire). Voy. no» 37; 43> 4g; 54> 63; 77j 82, 87, 91.

85. — Le poète Jean Régnier, bailli d'Auxerre (1393-1469), dans

Bulletin Société Sciences Yonne, LVII (1903), p. 293-314.

86. — Le temple de Mercure sur le Montmartre d'Avallon, dans

Bulletin Société Sciences Yonne, LVIII (1904), p. 319-328.

87. — Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne, etc. —

Paris, Picard, 1905, tome IX et dernier [Philippe de Rouvre, 1349-1361 ; la Bourgogne sous le roi Jean II, 1361-1363], XII-527 p., 24 pi. (Publication de la Société bourguignonne de géographie et d'histoire).

Voy. n»' 37, 43, 49, 54, 63, 77, 82, 84, 91.

88. — Archives de l'hôpital de Tonnerre. Le Cartulaire, l'Obituaire,

dans Bulletin historique et philologique du Comité des Travaux historiques, XXIV (an. 1906), p. 10-32.

89. — Du coin de mon feu à Alfred de Musset (novembre 1856). —

Plaquette, 8 p. (1906).


30 ERNEST PETIT

Vers adressés à Musset, dont l'auteur fut le partenaire, aux échecs, au Café de la Régence.

90. — Charles VIII en Bourgogne (Côte-d'Or, Yonne), dans Bulletin

Société Sciences Yonne, LXII (1908), p. 219-236.

91. '■— Ducs de Bourgogne de la maison de Valois, d'après des documents

documents Philippe le Hardi, lre partie, 1363-1380, t. I, XI-530 p. — Paris, Alphonse Picard, 1909, in-8°.

P. 427-486 : Supplément aux Itinéraires de Philippe le HardiVoy. no» 37, 43, 49, 54, 63, 77, 82, 84, 87.

92. — Lettres de rois et reines adressées aux seigneurs et dames de

Ragny dans l'Avallonnais [1584-1617], dans Bulletin Société Etudes Avallon, XXXV (1910), p. 159-170.

Suivies d'extraits d'un registre de dépenses faites à Ragnv sous Henri IV.

93. — Statue de Sainte-Catherine à l'hôpital de Tonnerre, dans Bulletin

Bulletin Sciences Yonne, LXIV (1910), p. 5-7, 1 pi. Statue en bois du début du xiv siècle.

94. — Portraits de Girard de Vienne et de ses enfants (xvie s.), dans

Mémoire Société Antiquaires, LXXI (1911), p. 183-192, 1 pi.

95. — Commanderie d'Arbonne près Môlay, dans Bulletin Société

Sciences Yonne, LXVI (1912), p. 333-345.

96. — Inventaire et testament de Jeanne de Chalon, comtesse de

Tonnerre (1360). Ibid., p. 653-675.

97. — Généalogies féodales. Les Sires de Villehardouin, dans Mémoires

Société Académique de l'Aube, LXXVI (1912), p. 11-79,1 pi.

98. — L'emplacement de « Bandritum », dans Bulletin Société Sciences

Yonne, LXVII (1913), p. 279-286.

Identification de cette localité avec, les Baudières.

99. — Auteurs bourguignons du xvie siècle ignorés ou peu connus,

dans Bulletin historique et philologique du Comité des Travaux historiques, an. 1916.

100. — Gui de Bar, dit le « Beau de Bar », prévôt de Paris, bailli

d'Auxois, d'Auxerre el de Sens, dans Mémoires de la Société bourguignonne de géographie et d'histoire, XXXIX (1914), p. 343-369.


LE CHANOINE J. THOMAS

par M. REMY

ASSOCIÉ

Jules Thomas est né, .le 3 août 1843, dans le petit village de Seigny, près d'Alise ; ses parents étaient de modestes cultivateurs. Il fréquenta l'école primaire pendant trois ans jusqu'en 1852 et l'instituteur, Charles-Léopold Thevenot, aurait voulu le conserver plus longtemps, mais son père avait besoin de lui pour garder leur petit troupeau. En 1854, Jules Thomas était encore berger quand le curé de Grignon, M. Beaufort, qui avait remarqué sa vive intelligence, son désir d'apprendre et sa prodigieuse mémoire, demanda à ses parents l'autorisation de le préparer au petit séminaire. M. Thomas père y consentit et M. Beaufort, ancien précepteur des fils Sonnois, dont l'un fut archevêque et les deux autres généraux, M. Beaufort, latiniste, helléniste, hébraïsant, rompu à l'étude de la littérature et de l'histoire, instruisit si bien le jeune Jules Thomas, qu'en deux ans, il le mit en état d'entrer au petit séminaire de Plombières, dans la classe de troisième. Là, le jeune Thomas fut et demeura toujours le premier et émerveilla — c'est le terme employé par un de ses anciens maîtres — ses professeurs et ses condisciples. Présenté en 1860 à Mgr Rivet, en tournée d'inspection, on rapporte qu'il lui récita, sans une faute, un chant entier d'Homère, il allait même continuer quand Mgr Rivet demanda grâce et lui fit traduire dix vers pris au hasard. Il le fit brillamment, en donnant de mémoire une version française en vers qu'il avait lue chez M. Beaufort. Admis au grand séminaire, en 1862, il n'y fit que quatre années d'études et fut envoyé comme professeur de cinquième à Plombières. Ordonné prêtre en 1867, il fut, jusqu'en 1870, précepteur à Paris où il prit ses grades universitaires et en Belgique,


32 LE CHANOINE J. THOMAS

à Bruxelles. Il revint à Dijon aux premiers jours de la guerre, fut affecté à Semur, comme vicaire, et aumônier de la garnison, et accompagna les troupes françaises à l'assaut de la redoute du mont Dragée, dans des conditions d'héroïsme dont on conserve encore le souvenir, et que nous sommes heureux de saluer au passage. Nommé, en 1872, desservant de Quemigny-sur-Seine, Jules Thomas passa, en 1873, sa licence en théologie et, en 1879, son doctorat, répondant aux objections de ses examinateurs, à leur grande surprise, par des citations de textes des Pères et des Conciles dans leur langue originale. Il fut envoyé, à la fin de 1879, dans la paroisse importante de Lamarche-sur-Saône, puis, en octobre 1885, on le mit à la tête du doyenné de Saint-Jean-de-Losne. Trois ans après, il était transféré à Notre-Dame de Dijon.

Dans toutes ses paroisses, petites et grandes, Jules Thomas a laissé le souvenir d'un excellent prêtre et d'un administrateur diligent. Il restaura ses églises, fut la providence de ses ouailles qu'il ne cessa jamais de conseiller et de soutenir dans leurs intérêts spirituels et temporels, et ne se retira du ministère qu'en 1924 à l'âge de 81 ans.

Nous laisserons à d'autres, plus compétents que nous en la matière, le soin d'exposer ce que fut M. le chanoine Thomas, comme théologien, comme directeur d'âmes, comme administrateur. Les vieux Dijonnais se souviennent encore de la part qu'il prit à la réfection de l'église Notre-Dame de Dijon. Lors de son arrivée, les réparations extérieures, commencées en 1868, n'étaient pas achevées, les aménagements intérieurs étaient à peine commencés. A son départ, tout était terminé et le superbe édifice médiéval du xine siècle se trouvait reconstitué tel qu'il existait jadis, avec un respect, une prudence et un tact absolus.

Nous ne parlerons pas des divers incidents dé la carrière de M. le chanoine Thomas qui suivit toujours les inspirations de sa conscience, même contre ses intérêts. Vicaire général honoraire, en 1904, il resta fidèle à son évêque, Mgr Le Nordez, lors de la crise diocésaine de 1905. Nommé évêque de Versailles, en 1905, conformément aux dispositions de l'article 5 du Concordat, le gouvernement demanda au Saint-Siège de lui conférer l'institution canonique. Une cabale violente retarda cette formalité : la loi de séparation fut votée sur ces entrefaites et le pape, libre désormais


LE CHANOINE J. THOMAS • 33

de faire à son gré les promotions épiscopales, ne tint pas compte de celles antérieures du gouvernement.

M. Thomas desservi, méconnu, chansonné, montra, dans ces circonstances critiques, une grandeur d'âme, une humilité, une patience véritablement sacerdotales : il continua simplement, sans se plaindre, les fonctions de son ministère, et, si nous avons eu tout à l'heure à saluer son héroïsme à la guerre, nous devons à présent saluer sa résignation chrétienne dans l'adversité.

Nous étudierons seulement l'écrivain et surtout l'historien qui a retracé des détails inédits des annales de Bourgogne et a rappelé, magnifié, fêté son pays dans plus de 40 volumes ou opuscules d'ordre divers.

Jusqu'en 1886, M. Thomas ne publia que des ouvrages religieux. Citons-les sans commentaire : les premiers datent de 1873, ils sont intitulés : Quid sit credere et L'indépendance de la raison, et constituèrent sa thèse de licence en théologie. Vint ensuite, en 1879, son Traité du Sacré-Coeur et des congrégations romaines, qui forma sa thèse de doctorat, brillamment passée en Sorbonne ; cet ouvrage fut qualifié par la critique « la somme historique et théologique de la dévotion au Sacré-Coeur ». Il eut plusieurs éditions. Plus tard parurent : en 1884, la Théorie de la dévotion au Sacré-Coeur, deux fois réimprimée ; en 1896, les Élévations nouvelles sur le sens liturgique des psaumes, qui témoignent, chez M. Thomas, d'une connaissance sérieuse des langues orientales; enfin, en 1920, une Nouvelle Imitation de Jésus-Christ.

Ce fut seulement durant son séjour à Saint-Jean-de-Losne, vers 1886, que M. Thomas devint l'historien de la Bourgogne et, plus spécialement, de sa vie religieuse. Il a souvent raconté à ses amis comment cette vocation se dessina d'une façon absolument fortuite. Les annales de Saint-Jean-de-Losne sont glorieuses : il y avait encore dans cette ville quelques descendants des héros de 1636, qui possédaient des documentsp récieux relatifs à la «Belle Défense » et au siège soutenu contre les Impériaux. La commune, la paroisse gardaient également de nombreux renseignements écrits sur ce fait mémorable ; M. Thomas conçut le projet de réunir toutes ces pièces et de prier un auteur connu de les condenser et de les publier. Il consulta ses paroissiens et tous tombèrent d'accord pour confier ce travail à M. Chaboeuf. L'historien renommé du


34 .LE CHANOINE J. THOMAS

vieux Dijon était alors très occupé par d'autres études. Il ajourna ses visiteurs à une date lointaine, si bien que ceux-ci, un peu découragés, prièrent leur jeune doyen d'écrire lui-même l'histoire nouvelle de la Belle Défense. Jules Thomas accepta, se mit immédiatement au travail et publia cet intéressant Mémorial en 1886. Depuis lors, et pendant plus de 40 ans, il fit paraître, chaque année, plusieurs volumes ou opuscules d'histoire locale, qui furent si bien accueillis que beaucoup d'entre eux sont actuellement épuisés et introuvables.

Tous les ouvrages de M. le chanoine Thomas sont homogènes : études historiques importantes, simples épisodes, monographies, biographies, discours, traités de dogme ou d'apologétique, tous ces écrits sont uniformément conçus et exposés d'une façon identique, suivant un plan rigoureux, inflexible, avec un souci constant de vérité et de logique, un esprit d'analyse poussé quelquefois à l'extrême. Les plus petits détails sont contrôlés et rappelés, rien n'est admis sans preuve intégrante, et tout ce qui apparente l'histoire au roman, les hypothèses, les légendes sont rigoureusement proscrites.

La documentation des oeuvres de M. Thomas, signalée dans les « index bibliographiques », dans les références, les notes et les préfaces, est immense ; il a rectifié impitoyablement une foule d'erreurs historiques séculaires et ses travaux sont de ceux qui doivent inspirer le plus de confiance. Il situe et localise toujours, dans l'histoire générale, les événements qu'il étudie et fait preuve, à cet égard, d'une érudition véritablement prodigieuse.

Le style de M. Thomas correspond à sa méthode et à son esprit analytique. Très correct et très simple, il est d'une netteté et d'une précision mathématique. Il ne sacrifie jamais le fond à la forme : les phrases sont courtes et incisives. Il dédaigne l'harmonie des sons et des mots. Il dit ce qu'il veut dire, rien de plus. Il en résulte peut-être un peu de sécheresse, de monotonie, mais, en revanche, quelle portée, quelle précision, quelle sûreté !

Signalons toutefois, pour être complet, qu'on a reproché à M. Thomas d'avoir, à plusieurs reprises, marqué par son style son ascendance paysanne. Je n'ai trouvé, dans tous ses ouvrages, que deux passages justifiant cette critique, c'est, lorsqu'il appelle M. Viart de Chalvasson, le châtelain de sa paroisse, dont il étudiait les


LE CHANOINE J. THOMAS 35

ancêtres : «Monsieur Edouard» et quand, après avoir invoqué le témoignage de M. Jean-Rénigne Baudot, il le qualifie familièrement « le bon Jean-Bénigne », mais ces fautes de goût son isolées, perdues dans un ensemble correct et parfait et n'enlèvent à celui-ci aucune des qualités que nous venons de constater.

Les oeuvres de M. Thomas se classent naturellement en sept catégories différentes que nous examinerons successivement :

1° Études de villes et de villages autres que Dijon.

2° Travaux sur Dijon et sur l'église Notre-Dame.

3° Traités d'histoire générale.

4° Recherches sur Bossuet et sa famille.

5° Biographies.

6° Discours et conférences.

7° Ouvrages divers.

I. Études de villes et pays autres que Dijon. — Historien de la Bourgogne, M. le chanoine Thomas écrivit surtout sur Dijon et sur sa dernière paroisse : Notre-Dame. Ses ouvrages, ayant trait au reste de la province, sont assez rares. On peut cependant citer celui dont nous avons déjà parlé, La Belle défense de Saini-Jeande-Losne (Dijon. Jobard, 1886), continué par Le livre d'or de la belle Défense (Dijon, Jobard, 1892) ; et le volume par lequel il termina, en 1925, sa longue et féconde carrière, l'histoire de son pays natal, la Monographie de Seigny (Dijon, Rebourseau, 1926). Le récit du siège de Saint-Jean-de-Losne et son livre d'or constituent des oeuvres supérieures à toutes celles déjà publiées sur le même sujet. Ces deux volumes sont pleins de détails inédits : les causes de l'investissement, les acteurs de ce drame héroïque : Galas, Saint-Point, de Machaut de la Marche ; les manoeuvres, la tactique, les combats, l'admirable conduite des habitants, tout est indiqué, comme le disait le chanoine Lereuil, avec la justesse et la précision d'un officier d'état-major. Dans le Livre d'or, M. Thomas reprend le catalogue des habitants de la ville ayant assisté au siège de 1636 : il complète d'une foule de détails inédits le travail de l'échevin Nicolas Fleury. La vie intense pendant le siège y est retracée avec tant de précision que l'on comprend le succès de ces récits dont l'unique édition est depuis longtemps épuisée.

M. Thomas a complété ces études par des recherches conscien-


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cieuses sur Les vitraux détruits par Galas à l'église de Saint-Jeande-Losne (Dijon, 1899).

La monographie de Seigny (Dijon, Rebourseau, 1926), que le chanoine Thomas écrivit à 83 ans, témoigne qu'il conserva jusqu'à la fin de sa vie, la vigueur de son intelligence, son étonnante érudition et son goût pour les recherches les plus ardues. Dans la première partie de ce volume, il situe Seigny au pays des Mandubiens et, dans un exposé historique et topographique, il rappelle les destinées et les vicissitudes de ce village en le prenant dès le vie siècle avant notre ère. Dans une seconde partie, il l'étûdie et le décrit en détail. On trouve, dans ces récits, des renseignements précieux et inédits sur le château, la condition de ses habitants, sur les fiefs, les usages et l'administration civile et religieuse de ce petit village: Peut-être, peut-on reprocher à la première partie de développer certains points d'histoire générale d'une utilité contestable en la matière, et, à la seconde partie, documentaire et descriptive, de délayer et d'allonger la monographie d'un modeste pays qui, par lui-même, devait à peine fournir la matière d'un court opuscule. Mais ces légers défauts sont couverts par le charme de l'ensemble. On les excuse sans peine chez un auteur décrivant, à 83 ans, le berceau de sa jeunesse où il a laissé et retrouve de précieux souvenirs.

II. Travaux sur Dijon et sur l'église Notre-Dame. — Les ouvrages de M. le chanoine Thomas sur Dijon sont nombreux et présentent tous un grand intérêt historique. Écrits à partir de 1888, alors qu'il était dans la plénitude de son talent, ils traitent d'une façon définitive et épuisent leurs divers sujets.

Parmi les plus importants, il faut citer, au premier rang, La délivrance de Dijon en 1513 (Dijon, Union typographique, 1898), qui fut couronnée par l'Académie de Dijon. C'est le livre où M. le chanoine Thomas apparaît le mieux avec ses qualités, sa personnalité, son talent, car, s'il y relate un événement considérable de la vie de Dijon, cet événement se trouve intimement lié à l'histoire de Notre-Dame de Bon-Espoir, la vierge miraculeuse de l'église où il fut 38 ans doyen. '

Je ne crois pas qu'il soit possible de mieux analyser et de rapporter plus fidèlement les péripéties du siège de Dijon par les Suisses et


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les Impériaux en 1513. M. Thomas a consulté les récits de l'époque (Bouchet, le loyal serviteur, de Fleurange), a compulsé les procèsverbaux de la commune, les-traités, de nombreux documents d'archives suisses ou françaises, puis, grâce aux Reces des Diètes helvétiques de presque tous les cantons, et à d'autres documents inédits, il a établi.exactement les effectifs qui ont pris part à l'invasion de 1513, et a fait un récit d'ensemble basé sur des pièces inattaquables, d'une grande valeur historique.

M. Thomas donne un tableau complet et fidèle de la composition des milices et du rôle des Suisses dans le siège de Dijon. Il décrit, avec une précision impressionnante, ces mercenaires cyniques qui, engagés par les diètes de leurs cantons au service de puissants voisins, montraient des exigences extrêmes et quittaient sans vergogne leurs chefs pour passer à l'ennemi. Parallèlement aux phases de l'investissement de Dijon, M. Thomas explique l'intervention de Notre-Dame de l'Apport — qui devint Notre-Dame de Bon Espoir —, et la procession célèbre à laquelle les assiégés ont unanimement attribué leur « Délivrance ». Il donne sur l'effigie de la Vierge noire des détails absolument nouveaux, qui complètent et modifient parfois ce qu'en a dit M. de Caumont. Il relate, contrôle et rectifie, en outre, l'itinéraire et la composition de la procession historique. Le style, sobre, précis, analytique de M. Thomas convient bien à ce récit de guerre et de piété. Il fait revivre les instants d'angoisse et d'espérance des Dijonnais, leurs préparatifs de défense, leur organisation et leur attitude héroïque, malgré quelques défaillances qu'il signale. Il note, heure par heure, minute par minute, les manoeuvres des deux armées, leur composition exacte, la stratégie de la Trémoille, les dissentiments des Allemands et des Suisses, leur désaccord final, provoqué, entretenu sans cesse avec une diplomatie énergique et discrète par le gouverneur de Dijon, enfin, alors que la ville était sur le point d'être prise, la levée inopinée du siège par les Suisses, malgré l'opposition des Impériaux et à des conditions assez douces, en tout cas inespérées. Il souligne que cet événement mémorable est intervenu aussitôt après la fameuse procession de Notre-Dame de l'Apport qu'on avait organisée in extremis.

M. Thomas conclut de ces récits, avec une impartialité, une logique et une dialectique parfaites, que les assiégés ont été sauvés


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par des circonstances n'ayant en elles-mêmes rien de surnaturel, mais qui se sont produites dans des conditions véritablement providentielles ! La Délivrance de Dijon eut un grand succès à l'étranger, notamment chez les Suisses, qui cependant furent assez durement jugés par M. Thomas. Un membre de cette Académie m'a même indiqué qu'un auteur distingué de Genève, à qui il désirait offrir un volume sur la Bourgogne, lui a demandé La Délivrance. C'est le meilleur éloge qu'on ait pu faire de cet ouvrage !

M. Jules Thomas a publié, encore en 1896, sous forme de discours, une étude très complète sur Les origines de la Communauté de Sainte-Marthe (Dijon, Jobard, 1896). Dans cette brochure, il fait passer sous nos yeux les résidences successives de la congrégation de Sainte-Marthe, fondée le 8 mai 1628, par Mme Morel et MUe Esmonin, organisée et réglementée par Mgr Zamet, évêque de Langres, et autorisée par lettres patentes expédiées en avril 1678. Elle fut installée tour à tour rue du Petit-Potet « derrière la maison des Jésuites », à l'hôpital Saint-Jacques, puis rue Saint-Jean, à côté de l'hôtel d'Esterno, ensuite rue de la Chapelotte à l'hôtel Berbisey, enfin à l'hôtel de la Visitation, rue Porte-Aufermerot, où elle se trouve encore aujourd'hui. Il donne, sur les oeuvres de cet Ordre, sur ses supérieures, notamment sur Mlles Cassotte, Le Clerc et Chefdeville, des renseignements précieux et en partie inédits : c'est un travail intéressant et peu connu.

Les Origines d'une loge maçonnique de Dijon parurent en 1907 (Dijon, Barbier-Mariller, 1907). M. Thomas se proposa, en écrivant ce volume, de montrer comment les « loges » étaient constituées autrefois et de comparer l'esprit qui les animait avec d'autres états d'âme qu'on prétend y rencontrer de nos jours. Il se servit surtout de trois documents originaux : le registre, le livre d'arch.-. et les procès-verbaux de la loge des «Arts réunis sous le vocable de SaintLuc», dont il raconte les origines et le développement. Cette loge avait été détachée d'une autre plus ancienne : «la parfaite Amitié », fondée à l'Orient de Dijon, le 31 mai de l'an de lumière 5772 (1772) : il en expose l'évolution maçonnique, puis, à l'aide de patientes recherches, surajoute aux documents ci-dessus indiqués, une infinité de détails sur les « Arts réunis », ses cérémonies, son rôle général, son formalisme, ses oeuvres et son influence à Dijon. C'est une étude très poussée et complète, dans laquelle M. Thomas s'est efforcé d'être impartial et juste.


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L'oeuvre de M. le chanoine Thomas concernant spécialement l'église et la paroisse de Notre-Dame de Dijon est importante et comprend un certain nombre de volumes ou opuscules qui résolvent définitivement une foule de sujets âprement discutés jadis. M. Thomas n'a pas écrit d'histoire générale de ce célèbre sanctuaire : d'autres, avant sa venue, l'avaient fait avec un soin et une fidélité auxquels il a rendu hommage : il s'est contenté de prendre l'un après l'autre tous les faits qu'il a jugé mal établis ou controversés, et les a examinés, étudiés, contrôlés, pour conclure avec certitude à leur admission ou à leur rejet ; il a précisé ou indiqué ce qui était resté dans le vague, la pénombre et ce dont on n'avait pas encore parlé. Il a travaillé pour l'avenir, en relevant minutieusement et en expliquant les détails de la réfection moderne, son adaptation à l'état ancien et en mettant en lumière l'aménagement du xixe siècle, son sens et sa portée. Dans toutes ses recherches, il s'est constamment montré un historien sceptique, n'admettant que des preuves certaines et affichant un dédain marqué et même exagéré pour toutes les méthodes d'approximation et de probabilité.

On avait longtemps ignoré ce qu'était devenue la statue de Notre-Dame de Bon Espoir pendant la Révolution. En 1892, un Dijonnais reconstitua cette phase inconnue de son histoire par des moyens indirects, légendes, conjectures, documents relatifs à des faits annexes, critique historique. M. Thomas ne se contenta pas de ce travail. Il voulut que les détails de ce récit fussent établis avec une entière certitude ; aussi, en 1901, lorsque les cahiers de M. Jean-Bénigne Baudot furent connus, il publia une brochure : Comment Notre-Dame de Bon Espoir fut conservée pendant la Révolution (Dijon, 1901), principalement basée sur le récit de M. Baudot. Cet opuscule de M. Thomas ne diffère de celui de 1892 que par des détails insignifiants, mais il a le mérite de substituer une certitude historique, peut-être un peu sèche mais définitive, dès probabilités qu'il jugeait trop romancées.

M. Thomas rectifia et compléta encore la narration de Fleurange sur la procession de Notre-Dame de l'Apport lors du siège de 1513, il exposa aussi, à la suite d'un examen minutieux auquel prirent part, le 7 janvier 1898, MM. Charles Suisse, Henri Joliet, Ernest Serrigny, les erreurs de quelques auteurs sur l'ancienneté, les


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caractères principaux, les vêtements, la coiffure primitifs de la statue de la Vierge noire, continuant ainsi à chercher toujours et partout la vérité pour la mettre à la place des légendes, mêmes inspirées par une piété séculaire.

Dans son ouvrage sur VEpigraphie de Noire-Dame, qui comprend le relevé et l'étude des « Inscriptions des cloches-' (Dijon, Nourry. 1904), M. Thomas a encore repris avec ardeur les recherches, les traductions et les paraphrases de toutes les inscriptions qui ont existé ou existent encore dans cette église : il reproduit les premières, signalées pour la plupart par Gâudrillet et J.-B. Baudot; quant aux secondes il en fait une analyse critique approfondie. Ses amis se rappellent de la joie avec laquelle il a mis au jour la Malice bourguignonne qui termine l'inscription de la cloche Marguerite de Jaquemart, et dont le sens avait échappé aux anciens traducteurs. Sur cette énorme cloche sont inscrits un grand nombre de renseignements relatifs à son origine et sa nature. Cette longue légende se termine par ces mots : « Et maintenant si tu veux connaître mon poids, décroche-moi et pèse-moi... ». C'est là une malice, bourguignonne sans doute, mais qui n'est ni très spirituelle, ni très amusante.

M. Thomas réédita, reprit, compléta, continua, en 1899, l'ouvrage bien connu de Gâudrillet, mépartiste de Notre-Dame, publié en 1733 et réimprimé en 1777 et 1820 : Notre-Dame de Bon Espoir et sa confrérie. L'oeuvre de M. Thomas forme un volume de 233 pages, qui est intitulé seulement La confrérie de Notre-Dame de Bon Espoir (Dijon, Jobard, 1899), mais traite le même sujet, avec une méthode identique. Écrit pour les gens du monde et les personnes pieuses, il contient 158 pages d'histoire et 69 pages de prières ou de statuts religieux. C'est un travail de vulgarisation très condensé ; on y trouve un curieux parallélisme entre le siège de Dijon de 1870 et la «Délivrance» de 1513.

On doit encore à M. Thomas des recherches sur les anciens vitraux de Notre-Dame et une description des nouveaux, une étude sur la devise de la Vierge de l'Apport « Tant L vault » en continuation des recherches précédemment publiées sur Philippe et Renier Pot, une analyse interprétative des vestiges du tympan mutilé lors de la Révolution, et, pendant 17 ans, de 1908 à 1924, un Bulletin paroissial où il inséra une foule de détails documentaires. En 1918,


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il édita et rédigea en partie un Livre d'or de la Grande guerre (Dijon, Coquard, 1918). Enfin pendant toute la durée de son séjour à Notre-Dame, il prodigua à tous les trésors de son érudition et beaucoup en ont fait leur profit.

III. Traités d'histoire générale. — Le chanoine Thomas n'a écrit que trois volumes d'histoire générale, sur un sujet proposé par l'Académie des Sciences morales et politiques : Le Concorda! de 1516 (Paris, Picard, 1910). Ce long et savant travail a obtenu le prix du budget : il compte parmi les meilleurs de ceux qui ont étudié les rapports difficiles de l'Église et du pouvoir royal français. Il est divisé en trois parties correspondant à trois volumes distincts. I. Les origines du Concordat ; II. Les documents concordataires ; III. L'histoire du Concordat au xvie siècle. On y retrouve l'historien et le théologien averti que nous connaissons, qui rappelle et explique, avec son impartialité et son indépendance habituelles, sous une forme souvent intéressante, tout ce qui a trait à cet événement mémorable. Dans une étude approfondie de la pragmatique sanction, M. Thomas juge avec une égale sévérité les impositions exagérées exigées par le pape et celles également abusives édictées par le roi. Il donne sur les matières du Concordat de 1516 des indications documentées, précises et précieuses. Il explique que, fait pour remplacer la « Pragmatique » de 1438, « haïe de Rome » et toujours combattue par le pouvoir pontifical depuis qu'elle s'est implantée en France, en 1438, il n'a pas été un traité, mais un acte du pape parlant seul, après accord avec le roi dans des traités antérieurs. Il montre son importance considérable à cette époque où l'Église tenait en France un rôle presque prépondérant. Il fait comprendre comment Léon X fut amené à reconnaître à François Ier le droit de nommer aux évêchés et aux abbayes, comment le roi rétablit au profit du pape l'intégralité des Annates (produit de la première année des bénéfices ecclésiastiques) réduites au cinquième par la Pragmatique, et concéda à Rome une partie des réserves (parts des collations bénéficiales). Il fait enfin passer sous les yeux, dans tous leurs détails, les démarches, les instructions données, les projets rejetés ou suivis, les influences mises en jeu et même certaines manoeuvres plus ou moins critiquables, employées pour obtenir, au profit de l'une ou de l'autre des parties en cause,


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des avantages qui leur étaient obstinément refusés. Les intrigues et les collusions politiques sont malheureusement de tous les temps. Après avoir lu cet ouvrage, on est persuadé que l'indifférence de la République vaut encore mieux pour l'Église que les exigences des rois. Il est difficile de trouver une documentation plus complète que celle de ces trois volumes. Ils ont dû- nécessiter des années de recherches, de longues stations dans des archives et, au surplus, un travail considérable pour leur mise au point et leur rédaction. M. Thomas en publiant cette oeuvre de fond s'est classé, sans conteste, parmi les historiens religieux les plus intéressants et les plus sérieux.

IV. Recherches sur Bossuet et sa famille. — M. le chanoine Thomas a consacré cinq volumes ou opuscules à son illustre compatriote Rossuet. Le premier, et le plus important, est intitulé Les Bossuet en Bourgogne (in-8°, Dijon, Noûrry, 1913), et contient un beau portrait en héliogravure et 29 blasons. On y trouve de nombreux renseignements inédits. L'auteur signale des ancêtres de Rossuet à Seurre, dès la fin du xme siècle, -les suit pas à pas, montre leur destinée, leur ascension sociale à l'aide de documents découverts, soit dans des archives de Seurre, soit chez des habitants de cette petite ville, voisine de Saint-Jean-de-Losne, et qu'il connaissait fort bien. Il relate leur exode à Dijon où le grand-père de l'Évêque de Meaux acheta, en 1577, une charge de conseiller au Parlement, en la chambre des requêtes (qui avait alors les attributions du tribunal de première instance), enfin il retrouve, indique et fait connaître presque toutes les branches issues des aïeux communs du grand prélat.

- Dans ce volume, tous les ascendants et collatéraux cités ont leurs biographies ; leurs titres sont rappelés, en quelques mots, leurs armoiries sont décrites et reproduites avec précision. Nous assistons ainsi à l'ascension graduelle des membres de cette famille rurale, affranchis par Philippe de Vienne, en 1278, devenus bourgeois notables en 1460, nantis d'un blason peu de temps après.(une puis trois roues d'or sur champ d'azur), bienfaiteurs du pays, échevins, mayeurs de Seurre, puis avocats à Dijon et conseillers au Parlement de Rourgogne !

Ce bel ouvrage fut accueilli avec une grande faveur par «les Amis de Bossuet », tant en France qu'à l'étranger.


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La brochure L'ascendance paternelle de Bossuet et l'âme des Bossuet (Dijon, Jobard, 1921), publiée d'abord dans les mémoires de l'Académie de Dijon, reprend dans sa première partie, la généalogie de l'ouvrage précédent. Dans sa seconde partie, qui traite de l'âme des Bossuet, elle montre la grande culture et l'édifiante piété de cette belle famille. M. Thomas analyse, commente et explique avec beaucoup de soin le poème de François Boussuet, imprimé en 1577, mdique les savantes études d'Antoine Boussuet à Valence, sous la direction du grand Cujas, exalte le patriotisme de Jacques Boussuet pendant la Ligue, signale les sentiments élevés de cette superbe ascendance qui fournit à l'Église des prêtres et des religieux distingués et conclut en montrant que Jacques-Bénigne avait une hérédité conforme à son génie chrétien.

Le Livret de famille des Bossuet (Dijon, Jobard, 1921), publié au moment des fêtes de l'installation de la statue de Bossuet, au chevet de l'église Saint-Jean de Dijon, n'est, comme l'indique son auteur, qu'un résumé des recherches parues en 1903. Cependant, on y trouve, en outre, quelques détails nouveaux sur la jeunesse du grand évêque, dans sa ville natale, sur ses frères, sur ses soeurs, et, pour être moins complet que son modèle, cet opuscule n'en est pas moins intéressant.

La brochure sur Les lettres et écrits de Bossuet, de la collection de Mme de Saint-Seine (Dijon, Nourrv, 1905), diffère des ouvrages précédents. Elle contient une étude minutieuse de documents peu connus, émanant de Bossuet et de son entourage immédiat et que M. Thomas examine, analyse, étudie par comparaison aux éditions et aux manuscrits de la Trappe : 1° Quatre lettres autographes déjà copiées et imprimées, mais d'une façon inexacte et incomplète ; 2° un grand nombre de copies d'autres lettres, avec annotations inédites de l'abbé Ledieu ; 3° des extraits de la correspondance de l'Évêque de Meaux avec Mme Cornuau, relevés sur les originaux eux-mêmes par l'abbé Ledieu, avec d'intéressants commentaires.

Toutes ces études sur Bossuet sont venues en leur temps et ont élucidé des points importants de l'histoire du grand prélat.

V. Biographies. — M. le chanoine Thomas inséra, dans ses principaux ouvrages, de nombreuses notices sur des personnalités de Bourgogne, toutefois il publia peu de véritables biographies. On


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relève, dans la nomenclature de ses oeuvres : Le docteur Bernard Clopin (1887), Madame Albert Marey (1912), mais ces opuscules n'ont pas une portée assez générale pour retenir notre attention. Il n'en est pas de même de l'ouvrage important où M. Thomas a mis tout son talent et tout son coeur pour rappeler la vie trës courte d'un prêtre et d'un savant qu'il propose comme un exemple et un modèle ; de M. l'abbé Grignard (Dijon, Union typographique, 1886). M. Grignard, professeur, orateur, écrivain, archéologue, historien, docteur en théologie, licencié ès-lettres était le principal créateur du Bulletin d'histoire et d'archéologie religieuse du diocèse de Dijon. On fondait sur lui de grandes espérances, qu'il avait déjà réalisées en partie, lorsqu'il mourut à 41 ans. Le jeune doyen de Saint-Jean-de-Losne, son ami, lui consacra un fort volume in-8°, magnifia sa vie modeste et analysa, d'une façon complète et parfaite, toutes ses oeuvres avec un charme qui fait paraître courte cette très longue biographie.

Pendant son séjour à Quemigny-sur-Seine, M. Thomas écrivit, d'après les documents que lui fournit M. Viart de Chalvasson, châtelain du pays, et d'autres renseignements qu'il se procura avec sa patience inlassable, une notice généalogique qui fut publiée seulement en 1886, après la mort de M. Viart et avec sa biographie (Dijon, Damongeot et Cle, 1886). Au milieu d'une foule d'excellents détails locaux, cet opuscule contient un récit très détaillé du siège de Mirebeau lors de l'invasion de 1636. Avec sa précision coutumière, M. Thomas expose, analyse et critique les opérations d'investissement, d'attaque, de contre-attaque et de défense des Autrichiens, commandés par Mercy et des Français sous les ordres de Guillaume Viart et de des Essarts, avec l'indication des effectifs engagés et des manoeuvres. C'est une contribution utile et en partie inédite à l'histoire de la guerre de 30 ans en Bourgogne.

VI. Discours et conférences. — M. le chanoine Thomas fit beaucoup de discours. Il parlait facilement, correctement, utilement, mais n'était pas orateur. Sa voix portait mal, son débit était monotone, sans nuance, sans changement d'intonation et sur un registre beaucoup plus élevé dans ses allocutions que dans ses conversations courantes. II ne savait pas mettre en valeur ses discours intéressants et bien écrits qu'on lit et relit toujours avec plaisir.


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Ses amis firent imprimer une. vingtaine de ses compliments de mariage où il a tenté de relever ce genre désuet et banal. On est frappé, en les parcourant, du grand nombre d'idées ingénieuses qu'ils développent et rattachent habilement aux doctrines de l'Église. L'éloge des époux, de leurs familles, de courtes généalogies, quelques digressions d'histoire locale, révèlent l'écrivain averti.

En 1888, M. Thomas, encore doyen de Saint-Jean-de-Losne, fut chargé de prêcher à Lons-le-Saulnier les trois panégyriques du bienheureux de la Salle (Lons-le-Saulnier, Mayet, 1888). Ses trois discours, d'un style académique, remplis de faits intéressants, présentés avec méthode, ont été très appréciés, surtout à la lecture. Le premier traite de la mission du Bienheureux, le second expose ses épreuves, le troisième exalte sa vertu. M. le chanoine Bondon, dans le compte-rendu des cérémonies, en a fait les plus grands éloges.

La parole passe, les écrits restent : on peut dire à présent que les discours du chanoine Thomas égalent ceux des grands orateurs et si leurs auditeurs n'ont pas su les apprécier comme il convient, tous ceux qui les lisent sont unanimes à les admirer.

VII. Ouvrages divers. — Le curé de Notre-Dame de Dijon publia encore plusieurs études intéressantes se rapportant à des questions dont il donna la genèse et la solution.

Nos'saints oubliés (Dijon, Darantière, 1911) contient une critique sévère et mordante de la manière dont on a établi le « propre » du diocèse de Dijon, en 1864. Cette brochure montre les erreurs, les tâtonnements et les incertitudes des uns, l'obstination et la faiblesse des autres, et, comme résultat, l'oubli de dix grands saints qui sont tous nés dans le diocèse, y ont vécu, y possèdent des reliques et y jouissent d'un culte séculaire. C'est une étude très sérieuse, qui. concluait à la révision du •< propre » et a suscité des conférences pour réparer l'oubli de 1864.

L'opuscule Un mot sur les Xaindonge (Dijon, Darantière, 1912), est une réponse à M. Chenedolent qui avait publié, dans la Bévue de Bourgogne de 1912, des renseignements que M. Thomas jugeait erronés sur la famille de Xainctonge, plus spécialement sur Anne de Xainctonge, fondatrice des Ursulines de Dole. Dans un raisonnement net, court, péremptoire, M. Thomas n'a pas de peine à


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rectifier la'date de la naissance d'Anne de Xainctonge et les motifs de sa vocation.

Citons encore deux petites études : Les anciennes Missions générales à Dijon (Dijon, Jobard, 1923) et La Mission générale de Dijon de 1923 (Dijon, Coquart, 1923). Dans la première, M. Thomas rappelle les missions générales données de 1468 jusqu'à nos jours et dont le souvenir a été conservé- par les historiens du vieux Dijon. Dans la seconde, il explique et commente la rflissiofl des Tiédemptoristes de 1923. A cette occasion, M. Thomas, prédicateur froid et méthodique, donne, sur les missions générales et leur côté extérieur, une appréciation des plus justes. «Elles ne ressemblent pas, dit-il, aux prédications ordinaires pour l'ensemble des fidèles. Si le fond est le même, la parole diffère. Elle lance des éclairs qui pénètrent au fond des âmes ou se répand comme un parfum ; tantôt c'est une épée qui tranche, tantôt c'est une onction qui réconforte ». On ne peut mieux dire qu'elles ont plutôt pour but.d'atteindre la sensibilité que la froide raison.

La brochure Une ancienne image du Sacré-Coeur (Dijon, 1881) est l'explication, la description et l'étude de la loupe fameuse de Montarlot, dont le dessin, figurant le Sacré-Coeur, conçu en dehors des représentations du cycle de-Paray, semble remonter à la fin du xvie siècle.

La plaquette Les anciens livres imprimés du diocèse de Langres (Dijon, 1890), écrite en vue d'un remaniement du « propre » de Dijon de 1864, que M. Thomas avait critiqué dans Nos saints oubliés, montre l'utilité que le diocèse de Dijon, qui possède une partie du territoire de ceux de Langres et d'Autun, pourrait retirer du travail de l'abbé Marcel, sur les livres liturgiques de Langres, et des notes de Mlle Pellechet, sur les livres liturgiques d'Autun.

Nous avons terminé l'analyse rapide de la vie et des oeuvres de M. le chanoine Thomas. Nous avons rappelé son intelligence, son esprit critique, sa patience, son talent, sa tolérance et sa haute impartialité. Partout où il eut été, il aurait donné sa mesure. Sa vie fut modeste et simple. Il se consacra à son ministère et ne donna à ses recherches, à ses travaux historiques et à ses écrits que le temps qui lui restait après avoir accompli sa mission de prêtre. On peut le compter parmi les bons historiens bourguignons


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de la fin du xixe siècle et des débuts du xxe siècle. Lauréat de l'Institut, il fut aussi lauréat et membre résident de l'Académie de Dijon, et, le 3 août 1928, le jour anniversaire de ses 85 ans, il mourut dignement, simplement, pieusement, sans avoir eu la mître qui lui était due, sans avoir obtenu de son vivant la notoriété qu'il méritait comme historien, mais regretté, non seulement de ceux qui l'ont approché, connu et apprécié, mais encore de tous ceux qui ont vu s'éteindre en lui un historien éclairé et fidèle de notre chère Bourgogne.


DES EFFECTIFS EN PRÉSENCE A GRANSON ET A MORAT

par M. le vicomte DU JEU

MEMBRE RÉSIDANT

Chacun de nous a pu quelquefois constater par son expérience personnelle combien il est difficile, à première vue, de dénombrer, même approximativement, une troupe de manifestants dans la rue. Presque toujours, l'imagination des spectateurs grossit l'importance d'une foule. Il n'est donc pas surprenant que, dans les temps passés, alors qu'on ne disposait d'aucun moyen sérieux de contrôle, les chroniqueurs aient étrangement amplifié la foice des armées .: sur ce point, il faut s'attendre à des indications paifois extravagantes, d'autant plus qu'avec le recul des années, la légende entre en jeu. L'histoire militaire des peuples, depuis la Bible jusqu'aux temps modernes, est pleine de ces exagérations qui influent, quoiqu'il en ait, sur l'historien, même si celui-ci s'efforce d'être consciencieux et véridique. De là des variations souvent déconcertantes dans leurs dires. — Je voudrais, aujourd'hui, vous en présenter un exemple, concernant des événements d'un spécial intérêt pour nous, Bourguignons, puisque ces événements ont décidé du sort de notre petite patrie — je veux parler des campagnes de Charles le Téméraire contre les Suisses.

Dans le cas particulier, avant d'aborder la question chiffres, une importante observation s'impose. Le duc Charles, le puissant duc d'Occident, en dehors des hommes d'armes à sa solde, traînait à la suite de son armée tout un fastueux cortège. Il existe un ancien ouvrage, réédité en Suisse, in-4°, en 1790, donnant ; l'état de ce qui fut trouvé au camp et dans Granson des dépouilles des Bourguignons, après la bataille ». J'avoue ne pas avoir eu le livre entre


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les mains, mais Peignot, dans ses Amusements philologiques rapporte in extenso ce curieux état et le document vaut qu'on s'y arrête, si on veut avoir une idée de l'incroyable somptuosité du duc de Bourgogne. Peut-être, quelques-uns d'entre vous ne le connaissentils pas ? Je cite, en abrégeant, bien entendu :

400 tentes, appartenant au duc, de la plus grande richesse, garnies en velours et couvertes de soie : toutes portaient ses armoiries brodées en or et enrichies de perles. — 300 magnifiques services d'argent qui étaient tout entiers, et une si grande quantité d'argent monnayé qu'ilf allut le partager à plein chapeau. — 400 livres pesant d'argenterie... sans ce qui en avait été enlevé, pillé et emporté par les soldats... le gros diamant du duc, d'une grosseur si prodigieuse qu'on l'estimait le plus beau qu'il y eut dans la chrétienté, enchâssé d'or et orné de deux grosses perles... le chapelet ou Pater du duc de-Bourgogne où les apôtres étaient représentés en or massif ; l'épée du duc Charles, en laquelle étaient enchâssés sept gros diamants et autant de rubis, avec quinze.perles de la grosseur d'une fève, de la plus belle eau ; cent soixante pièces de drap d'or et de soie. Enfin sa merveilleuse chapelle : reliques richement enchâssées qui ne peuvent se nombrer ; sa chaise dorée et son cachet d'or pesant une livre... deux grosses perles enchâssées en or, de la grosseur d'une noisette chacune, appelées l'une «l'Incomparable» et l'autre «la Ramasse de Flandre», etc.

Ne croirait-on pas lire une page des Mille et une nuits ?

Tout cela nécessitait naturellement un monde de serviteurs. Ajoutez la nuée des valets des seigneurs et des gens de guerre, les innombrables marchands, les femmes et les filles de joyeuse vie qui s'accrochaient à la troupe.

A voir défiler l'armée du Téméraire, a écrit le marquis Costa de Beauregard, on pensait aux armées de Darius et de Xercès. Même foule, mais aussi même désordre.

Bien loin d'être une force, cette cohue ne constituait qu'un dangereux embarras : seulement, cela faisait nombre, et le peuple qui, stupide d'étonnement, voyait cette foule s'écouler en file ininterrompue ne faisait pas la différence entre combattants et non combattants, et laissait galoper son imagination. Évidemment, voilà une source d'erreur qui a pu, qui a dû influencer les appréciations des contemporains. Ceci posé, passons aux chiffres des effectifs.

Les Suisses ont la réputation bien établie d'être gens rassis,


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auxquels on ne reproche pas, en général, de pécher par excès de fantaisie. Cependant, parlez-leur de Granson et de Morat, ils vous répondront couramment qu'à Granson, le duc Charles amenait une formidable armée de 100 à 120.000 hommes, qu'à Morat il avait trois fois plus de monde, et qu'eux, les Suisses, ne pouvaient opposer à ces masses que des forces infiniment moindres. Volontiers, disaient-ils, une poignée d'hommes. Cela, ne leur en déplaise, c'est la légende !

Walter Scott était un romancier et ne se piquait certes pas d'une exactitude scrupuleuse. Pourtant, dans son roman Anne de Geierstein, il a crû devoir ramener à 60.000 hommes le chiffre des armées bourguignonnes, auxquelles les Suisses auraient opposé, dit-il, des forces trois fois moindres, soit 20.000 hommes environ. Il y a déjà de la marge !

Si nous passons aux historiens sérieux, ces chiffres vont être encore considérablement modifiés. Guizot, pour les Bourguignons, concède de 30 à 40.000 hommes à Granson, 25 à 30.000 à Morat. Barante donne, lui aussi, 40.000 hommes au Téméraire contre 20.000 Suisses à Granson, tandis qu'à Morat, selon lui, les Suisses avaient pu amener 34.000 hommes, et le duc « quoiqu'on ait pu dire, pas davantage, peut-être même un moindre nombre >\ Comment se créer une opinion réfléchie au milieu de telles contradictions ? Et puis, pour nous achever, voici l'historien allemand Delbrùck qui s'est tout particulièrement attaché à ces questions d'effectifs en s'efforçant de les dégonfler. Celui-ci a écrit textuellement :

Charles avait, clans la première bataille, à peu près 14.000 hommes, dans la seconde, quelques milliers d'hommes de plus. Les Suisses qui prétendent avoir combattu contre un ennemi infiniment supérieur en nombre avaient, en réalité, dans les deux batailles, une supériorité numérique sensible.

Je pourrais continuer ce petit jeu longtemps si je ne craignais de fatiguer votre attention. Même en nous en tenant aux quelques auteurs que je viens de nommer, avouez que c'est un peu effarant et qu'il semble vraiment impossible, avec de tels éléments, de fixer un chiffre ayant quelque chance d'approcher de la réalité.

Cela serait impossible en effet si nous n'avions, pour départager les avis des uns et des autres, le témoignage d'un homme admirablement placé pour connaître la vérité, Philippe de Comines, et


A GRANSON ET A MORAT 5l

je suis très surpris que, tel quel, son témoignage n'ait pas fait foi auprès des historiens que j'ai cités. «C'était, a dit Montaigne, un homme de bon lieu et élevé aux grandes affaires. Sa bonne foi reluit dans sa narration ». Avant de s'attacher à Louis XI, Comines avait servi le duc Charles auquel il ne marchande pas son admiration et qu'il juge très impartialement, sans la moindre trace d'animosité. Il semble donc qu'on peut s'en rapporter à ses dires, et cela d'autant plus que sa situation auprès du roi de France le mettait, comme nous allons le voir, à même d'être aussi exactement renseigné que possible sur le sujet qui nous occupe.

Ouvrons le savoureux chroniqueur. Pour ce qui est de Granson, il n'a pas de grandes précisions, et, comme il ne rapporte que ce qu'il sait bien, il ne nous donne pas non plus de chiffres précis :

Le duc avait assez grande armée, dit-il, son artillerie était très grande et bonne (on sait qu'il avait plus de cinq cents grosses pièces) et avait toutes ses meilleures bagues (ses pierreries) et beaucoup de sa vaisselle, et largement autres parements... Les Suisses s'étaient assemblés non point en grand nombre, comme j'ai ouï parler à plusieurs d'entre eux, et de leurs alliés, avaient peu avec eux.

C'est plutôt vague ! Il ressort pourtant de la suite de la narration que les Suisses devaient avoir l'infériorité du nombre, et aussi que, de part et d'autre, les forces opposées lors de l'affaire de Granson étaient sensiblement moindres que celles qui furent en présence à Morat. Or, pour ce qui est de cette bataille de Morat, Comines se déclare particulièrement bien informé.

Le duc ramassait gens de tous côtés et, en trois semaines, s'en trouva un grand nombre qui, le jour de Granson, s'étaient écartés. De cette grande assemblée et nouvelle armée qu'il avait faite, j'en parle sur le rapport de Mgr le prince de Tarente qui le conta au roi en ma présence. Et me dit le dit prince de Tarente qu'il n'avait jamais vu si belle armée ; et qu'il avait compté et fait compter l'armée en passant sur un pont ; et il y avait bien trouvé 23.000 hommes de solde, sans le reste qui suivait l'armée.

Et le sage chroniqueur ajoute :

A moi, me semble ce nombre très grand, combien que beaucoup de gens parlent de milliers et font les armées plus grosses qu'elles ne sont et en parlent légèrement. Quant aux alliés, comme il me


52 DES EFFECTIFS EN PRESENCE

fut dit par ceux qui y étaient, pouvaient bien être 31.000 hommes de pied, bien choisis et bien armés, c'est à savoir 11.000 piqués, 10.000 hallebardes, 10.000 coulevrines, et 4.000 hommes à cheval.

Voilà donc des témoins oculaires qui, le jour de Morat, chiffrent les forces du Téméraire à 23.000 hommes au maximum, et celles des Suisses à 35.000.'Ces derniers avaient incontestablement cette fois l'avantage du nombre. Il me semble qu'il n'y a aucune raison de ne pas adopter l'énumération si précise de notre chroniqueur. Et, je le répète, il ressort clairement du contexte qu'à Granson; contrairement aux dires de Guizot et de Barante, les forces des deux partis en présence étaient notablement moindres qu'elles ne furent à Morat : 16 ou 18.000 Bourguignons, peut-être, contre un nombre un peu inférieur de Suisses. Ces derniers chiffres semblent très vraisemblables, bien qu'on ne puisse les appuyer sur aucun texte tout à fait formel.

Sur les résultats des deux batailles, Comines nous apporte encore d'utiles précisions. Bataille de Granson... c'est plutôt bagarre qu'il faudrait dire ! On sait le brusque repli de l'avant-garde du. duc se précipitant en déroute, et l'irrésistible vent de panique qui éparpilla, en quelques instants, la belle armée bourguignonne, surtout composée d'étrangers, soit dit en passant. Les Suisses prétendent avoir tué au moins 7.000 hommes, mais Comines ramène les faits à de plus modestes proportions :

Tout se mit à la fuite, et gagnèrent les Allemands son camp et son artillerie et toutes les tentes et pavillons de lui et de ses gens (dont il y avait un grand nombre) et d'autres biens infinis ; car rien ne se sauva que les personnes. Et furent perdues toutes les grandes bagues du dit duc, mais de gens, pour cette fois, ne perdit que sept hommes d'armes : tout le demeurant fuit et lui aussi... Le roi Louis XI (en apprenant ces nouvelles) eut très grande joie, et il ne lui déplaisait que du petit nombre de gens qui avaient été perdus.

Même note dans Olivier de la Marche : celui-ci dit simplement de Granson que ce fut «grosse escarmouche », et il nomme les quelques « gentils personnages » qui perdirent la vie dans l'aventure, au nombre desquels fut Louis de Chalon, fils du prince d'Orange. En sus de ces hommes d'armes qui firent sans doute vaillamment leur devoir en s'efforçant d'enrayer la déroute, il est possible que l'affaire ait été fatale à quelques-uns des non-combattants, mais


A GRANSON ET A MORAT 53

assurément il y en eut fort peu de tués : les Suisses, n'ayant pas de cavalerie, ne pouvaient poursuivre les fuyards : ils avaient du reste de quoi s'occuper, nous l'avons vu, avec le pillage du camp, et ceci fait comprendre l'insignifiance des pertes en vies humaines dans cette affaire, « la première maie aventure et fortune que le duc de Bourgogne ait jamais eue en toute sa vie ».

En revanche, à Morat, il est certain que les pertes furent sévères du côté des Bourguignons. Écoutons encore Comines :

Le seigneur du Contay (notez que ce gentilhomme appartenait au duc de Bourgogne) qui arriva vers le roi tost après la bataille confessa au roi, moi présent, qu'en la dite bataille étaient morts 8.000 hommes du parti du duc, prenant gages de lui, et d'autres menus gens assez. Et crois, à ce que j'en ai pu entendre, qu'il y avait bien 18.000 personnes en tout.

Ces « menus gens », ces dix mille pauvres diables dont les cadavres jonchèrent le terrain, ce sont les non-combattants, cette foule encombrante qui vivait de l'armée. Les Suisses en firent un effroyable carnage, car, à Morat, nous savons qu'ils avaient la cavalerie dont ils avaient regretté le concours à Granson et les vainqueurs exaspérés ne faisaient pas de quartier. Plus de la moitié, dit-on, de ceux qui restèrent sur le carreau furent tués de sang froid après la bataille. « Cruel comme à Morat » fut longtemps un dicton populaire. En écoutant le rapport du sire du Contay, le roi Louis XI dut se frotter les mains et adresser de ferventes actions de grâce à Notre-Dame d'Embrun, « sa bonne, maîtresse ».

Voilà, ce me semble, les faits exposés dans leurs justes proportions. Si l'on s'étonne du peu d'importance des armées en présence comparativement à nos armées modernes, c'est qu'alors il eût été parfaitement impossible de mettre en campagne, et surtout de nourrir, des masses comme celles qui nous sont devenues familières. Le curieux document dont je vous ai déjà parlé mentionne bien, jl est vrai, dans l'énumération des richesses abandonnées par les Bourguignons à Granson « 2.000 barils et tonneaux de harengs, et quantité d'autres poissons secs, avec chair salée ; oies, poules ; quantité de sucre, raisins, figues et amandes », mais ceci ne devait, je pense, que constituer une réserve de vivres et, pour l'ordinaire, les troupes vivaient sur le pays : c'était la règle du jeu ! Somme toute, des armées telles que furent celles de de Granson et surtout celles


54 DES EFFECTIFS EN PRÉSENCE A GRANSON ET A MORAT

de Morat, étaient pour l'époque de très grosses armées. Songez qu'à Nancy, cette cruelle journée qui consacra la ruine du Téméraire et lui coûta la vie, le duc René de Lorraine, au dire d'Olivier de la Marche,

amena les Suisses bien 12.000 combattants, et le duc de Bourgogne leur alla au devant, et prends sur ma conscience qu'il n'avait pas 2.000 combattants.

Ceci prouve, une fois de plus, que les batailles les plus fécondes en résultats ne sont pas toujours — surtout ne furent pas toujours — celles où les plus gros effectifs étaient engagés.

Reconnaissons du moins que, en ces temps-là, selon le joli mot du mémorialiste Hamilton, « de grands hommes commandaient de petites armées et ces armées faisaient de grandes choses ».


UNE CURIEUSE FIGURE D'ARTISTE

GIRAULTDE PRANGEY (1804-1892)

par M. le Comte de SIMONY

ASSOCIÉ 1

Beaucoup de détails manqueront à cette monographie de Girault de Prangey. Je n'ai rien su de sa jeunesse et de son adolescence, de ses études et de sa formation. Regrettable lacune. Et dois-je vous avouer que je n'ai su mettre en tête de cette modeste étude aucun titre qui me plût •

Un paradou sur le plateau de Langres ?

Vous m'auriez taxé d'exagération et j'aurais eu grand peine à justifier un titre aussi évocateur.

Un original au siècle dernier ?

Mais qu'est au juste un original ? Comment le définir exactement ?

Laissez-moi donc, sans plus de façons, vous présenter JosephPhilibert Girault de Prangey, fils de Claude-Joseph III Girault et de Barbe de Piétrequin de Prangey, né à Langres, le 21 octobre 1804, décédé à la villa de Courcelles, le 7 décembre 1892 et dernier du nom.

Girault et Piétrequin, vieilles et honorables familles du Langrois, mais originaires de Bourgogne, aux nombreuses, solides et brillantes alliances.

La face sud-est du plateau de Langres est bordée par des rochers abrupts. A leur base jaillissent de nombreuses sources qui descendent

1. Élu depuis membre résidant.


56 UNE CURIEUSE FIGURE D'ARTISTË

en cascades et forment dans les vallons des ruisseaux aux noms charmants, la Coulange, le Badin, la Vingeanne.

A mi-hauteur, les villages se sont serrés, bâtis sur la roche et, jadis, tous étaient défendus par de menues forteresses, rasées en partie ou transformées en habitations de plaisance.

Un vignoble important escaladait les pentes des coteaux ensoleillés. Véritables vignes de crû : l'Aubigny et le Rivières étaient bien connus des évêques de Langres, de leurs chanoines, des seigneurs et bourgeois du voisinage. Dans quelques caves du pays, de vieilles bouteilles de pinot pur, poudreuses à souhait, portent des millésimes impressionnants ; du vignoble ancien, il ne reste rien ou presque.

Le château de Prangey sur la Haute-Vingeanne a conservé ses douves, ses tours avancées et un certain aspect féodal. Ruiné par les troupes de Galas, en 1636, ce château, jadis fief de Guillaume de Saulx Tavannes, un des plus beaux et des plus forts de la région, fut acquis par les Piétrequin en 1695 et restauré en son état actuel au xvme siècle.

Les Piétrequin de Prangey, les Girault ensuite, le possédaient et en avaient pris le nom.

Rarement les contemporains de M. Girault parlaient de lui sans le traiter d'original. Je n'entreprendrai pas de définir exactement ce terme, encore moins de savoir si M. Girault remplissait toutes les conditions requises. Vous en conclurez vous-mêmes. ' Une éminente personnalité du pays langrois, que son grand âge a fait presque contemporaine de M. Girault, m'écrit :

M. Girault de Prangey habitait la villa et ne venait pas souvent à Langres, surtout à la fin de sa vie, cependant je l'ai connu. Il était bourru, très mordant et n'était pas d'un commerce agréable, aussi ne voyait-il presque personne.

C'était un très habile dessinateur, très instruit et plein de talents, ses lithographies sont aussi remarquables.

Passionné pour les fleurs, comme tout le monde sait, c'était aussi un grand amateur de beaux oiseaux exotiques. Une nuit, le tuyau d'un poêle d'une des volières s'étant déplacé une centaine d'oiseaux ont été asphyxiés par la fumée et M. Girault m'avait apporté les plus rares, ils sont dans ma collection.

Quand il venait à Langres, il allait généralement faire un tour au cercle, où on ne désirait pas ses visites ; on redoutait ses coups de boutoir.

C'était en somme un original très bien doué, mais peu sociable.


GIRAULT DE PRANGEY 57

Voilà pour son caractère et ses rapports avec ses amis et ses proches.

De son enfance, de sa jeunesse, je n'ai pu retrouver rien d'intéressant, si ce n'est qu'il enfermait tante Rosalie (Rosalie de Rose, sans doute) dans cet endroit où l'on se rend seul, et la pauvre n'en pouvait sortir que passant la rançon sous la porte.

Il a, sans aucun doute, fait des études artistiques et techniques très poussées, mais où, je l'ignore.

En 1832, Girault de Prangey s'intéresse aux antiquités du département de la Haute-Marne, de la ville de Langres en particulier, il en fait le dénombrement, des démarches pour les sauver de la destruction, constituer un musée dans l'ancienne église Saint-Didier.

En 1834 est fondée la Société archéologique de Langres, qui ne fut constituée que le 7 novembre 1841 et autorisée le 10 février 1842.

En 1838, le Conseil municipal avait autorisé le dépôt des objets d'antiquité dans l'église Saint-Didier, qui est ensuite transformée et aménagée pour sa nouvelle destination.

La Société archéologique de Langres est très active, elle publie un bulletin fort luxueux. M. Girault en est un des animateurs, comme il a été le fondateur de la Société et du musée. Il publie des articles et surtout fournit de magnifiques dessins : de la porte romaine, de celle des moulins, des remparts, des églises, de l'église de Vignory en reconstitution, etc.

Ajoutons qu'il est aussi l'un des mécènes des nouvelles collections, avec des morceaux d'antiquités égyptiennes ou arabes et ses moulages des palais d'Espagne.

Vers 1835, au retour d'un voyage en Espagne, il ébaucha une des oeuvres qui devait tenir la plus grande part dans sa vie et dans ses préoccupations.

Sous les rochers du plateau, à l'origine du Badin, sur la face est et sud d'un cirque, dominant la ferme et la source de la Douix, avec un panorama qui s'étend jusqu'aux Vosges au centre, vers les Alpes à droite, il choisit un terrain, mauvais pâturage, médiocre friche, appartenant à la commune de Courcelles, Val d'Esnoms.

Contre une maison qu'il y possédait et convenait à la municipalité, il échangea la dite friche, en devint légitime propriétaire.

C'est là, qu'exposé au plein soleil, à l'abri des vents du nord et des orages de l'ouest, dans une véritable anfractuosité des rochers


58 UNE CURIEUSE FIGURE D'ARTISTE

du plateau de Langres, il rêvait sans doute d'établir ses pénates dans un jardin paradisiaque.

En 1832, notre Langrois, muni de crayons, de palette, de couleurs et sans doute aussi de loupe et de décimètre, part pour l'Espagne. Il séjourne deux ans à Séville et à Grenade, préparant, par le menu, ses ouvrages sur l'architecture des Arabes et des Mores. Je n'ai retrouvé aucune note manuscrite de voyage, mais voici quelques-uns de ses croquis pris sur place et datés.

Il relève, avec quelle minutie, avec quelle exactitude de crayon, de couleur et de perspective, les menus détails de cette ornementtion, si compliquée, si embrouillée, si variée. Il mesure les colonnes, les plans, les voûtes, prend force notes, relève les coloris, ajoute quelques dessins d'ensemble ; campe de pittoresques personnages, exécute d'importants moulages, actuellement au musée de Langres.

II se préoccupe aussi de la traduction des versets du Coran, dont l'écriture magnifique orne les murs de l'Alhambra ou du Généralife.

Il évoque l'histoire des Arabes, à leur origine, celle des conquérants de l'Espagne, leur installation dans la péninsule, leur vie guerrière et luxueuse, la décadence de la puissance arabe, le triomphe de la Croix sur le • Croissant, les transformations infligées aux palais moresques par les nouveaux occupants.

Ses ouvrages sont là, au complet, dans ces croquis et dans sa mémoire. Rentré en France, il se mettra au travail de suite et son grand album : monuments arabes et moresques, de Cordoue, Séville et Grenade paraît en trois parties en. 1836, 1837 et 1839, chez Hauser, marchand d'estampes, 11, boulevard des Italiens ; chez Brockhaus et Avénarius, 60, rue de Richelieu, au prix de 115 francs sur papier blanc et de 140 francs sur papier Chine.

Cet ouvrage, bien connu des amateurs d'architecture arabe ou des bibliophiles, est vraiment remarquable, par le soin de son édition, la qualité des planches, l'érudition de l'auteur.

En 1841, il fait paraître, chez les mêmes éditeurs, avec dessins et planches un Essai sur l'architecture des Arabes et des Mores en Espagne, en Sicile et en Barbarie. Cet ouvrage, au texte abondant, est un véritable précis de l'histoire des Arabes autour de la Méditerranée et une importante collaboration à l'étude technique de leur architecture.


GIRAULT DE PRANGEY 59

Entre temps, il publiait un Choix d'ornements moresques de l'Alhambra en cinq livraisons.

Tel est le fruit de son séjour en Espagne. Ces différents travaux s'accomplissent sans doute à Paris ou à Langres et peut-être dans sa récente installation sous le plateau de Langres. En effet, voici un croquis de la villa en 1836. Les plantations d'arbres, d'arbustes, de fruitiers datent de cette époque. L'aménagement du terrain se poursuit ; sur ces pentes raides, il faut des escaliers, des sentiers, il faut canaliser les sources, les mener aux endroits utiles, vers le futur potager, les jeux d'eau et les bassins de l'avenir, organiser les terre-pleins, réserver les points de vue.

Déjà, tout l'avenir est dans sa tête sans doute. Mais, soudain, il part ; il va poursuivre son premier rêve d'art, pendant que les plantations prendront racines et corps. Il part, mais cette fois, il emporte avec lui la prodigieuse et si récente invention de Daguerre.

En 1841, épris de la grande merveille, il fixa, sur le cuivre d'abord, les aspects encore nus de la villa, puis Langres, Chaumont, Troyes, Paris. Pionnier de l'invention nouvelle, il semble avoir deviné aussitôt l'importance future de la photographie dans notre vie contemporaine.

En 1842, il passe par Marseille, Rome ; le voici en Egypte, en quel équipage surprenant ' une sorte de malle, souple, lui sert de aboratoire et de chambre noire ; elle contient ses fioles, car il faut confectionner les plaques soi-même. Il est muni de plaques de cuivre de différents formats, de chambres noires, d'objectifs, de boîtes à rainures pour insérer les daguerréotypes. La malle suit le voyageur sur les bateaux, à l'arrière des voitures, à dos de cheval, de chameau.

En cet équipage, il pousse jusqu'à Assouan, à l'*le de Philae. Cependant, je n'ai trouvé, à côté d'une grand nombre de plaques des monuments du Caire, minarets, mosquées, ruines, aucun souvenir des Pyramides. Toujours armé de ses plaques, grandes ou petites, il parcourt tout l'Orient de la Méditerranée, la Grèce, F AsieMineure, la Palestine, la Syrie, les Cèdres du Liban et surtout Baalbeck qui l'attire tout particulièrement après Jérusalem et les ruines qui l'environnent.

Certains clichés représentent des personnes seules ou au pied des monuments.


60 UNE CURIEUSE FIGURE D'ARTISTE

Il rentre en France en 1844, rapportant de son voyage des croquis, des peintures et quelque mille daguerréotypes, de divers formats.

Songez aux difficultés d'un pareil voyage, en 1842, car il ne visite pas que les villes, il s'intéresse surtout aux ruines dans d'humbles bourgades. Une boîte porte cette suscription : 41 plaques, Rome, Athènes, Syra, Magnésie, Aphrodisias, Troie.

Le voici en France, il retrouve sa villa ; les travaux ont été poursuivis sur ses plans et ses indications ; les plantations ont réussi ; elles garnissent ce sol jadis ruiné par le pâturage, laissant à vide les immenses perspectives, le potager, le pré, les vergers.

Il songe alors aux serres et aux volières. De longues serres courent au long des murs de soutènement, puis des volières d'eâu, la faisanderie, enfin les grandes serres superposées aux autres. Celles-ci sont accollées au rocher, les fers contournent la roche, les cheminées se cachent dans les anfractuosités, les orchidées, les fougères montent à l'assaut des parois inégales. Ailleurs ce sont des oiseaux précieux qui voltigent librement à travers les plantes.

Dans la volière d'eau, les canards multicolores barbottent à plaisir.

Dans la faisanderie, une paire de faisans a été payée 2.000 francs et c'est le scandale des bons bourgeois de Langres.

Au potager, les couches sont chauffées par des conduites en cuivre.

L'eau coule partout, en cascade et en jet d'eau sous la maison, en bassins dans les potagers et les communs. Dans le parc, une fontaine pétrifiante étage ses rayons superposés, l'eau claire s'écoule goutte à goutte sous les vertes frondaisons.

Mais, voici l'été ; ce ne sont que corbeilles fleuries, plantes rares, papyrus et bananiers autour de la pièce d'eau, rosiers odorants dans les corbeilles multicolores.

Les fruitiers, bien abrités, se garnissent de fleurs et de fruits. Les orchidées embaument les serres entre les fougères et les palmiers. Les fruits exotiques, ananas, bananes, raisins, oranges ou cédrats, tentent le visiteur sous l'oeil vigilant de l'auteur de ces merveilles.

Partout des terrassiers, des forgerons, des maçons construisent des chalets, des serres, des communs, des logements pour le personnel, mais tout cela dans le plus pur style turc, avec des bulbes


GIRAULT DE PRANGEY 61

partout, des ornements de bois, des minarets. Étrange vision, dans ce désert si proche et sous les neiges de l'hiver.

De nombreux jardiniers veillent jour et nuit, mais le tuyau de chauffage d'une volière tombe, pendant la nuit, et voici les oiseaux rares asphyxiés.

Telle était la villa Girault en 1850, dans toute sa splendeur'en 1868, comme en font foi une quantité de vues stéréoscopiques signées et datées. Pendant des années encore la féerie se prolonge. C'est alors que, dans ma jeunesse, je vis la villa et son propriétaire.

L'accès du plateau de Langres, par Esnoms ou Prangey, n'était pas aussi facile qu'aujourd'hui. On y venait cependant de temps à autre et c'était le voyage de noce des proches villageois.

J'ai gardé le souvenir assez vivace des fleurs, des corbeilles, des plantes rares qui avoisinaient la maison et les jeux d'eau ; la volière des canards m'avait émerveillé.

On accédait à la maison par d'étroits sentiers conduisant aux divers étages, partout des escaliers, des pentes et des conduites d'eau.

Le maître de maison, notre lointain parent, était petit de taille, peu accueillant. Il nous conduisait, sans joie, à ses serres, veillant jalousement à l'intégrité de ses plantes et n'offrant guère un fruit à ses hôtes. Sa mise était fort négligée, des poches de sa veste de chasse sortaient les pipes et les sécateurs.

On sentait la hâte qu'il avait de vous congédier et l'on quittait à regret ce séjour enchanteur où, par les beaux jours d'été, il eut été si doux de flâner dans les jardins, dans le parc ou dans les serres et les volières.

Girault de Prangey a donc poursuivi son rêve pendant quarante ans au moins ; il est mort fort âgé, mais de tout cela rien n'est resté, parce que trop artificiel. Ses héritiers n'ont pu conserver ni volières, ni serres. L'entretien des allées et des pentes était difficile. La guerre avait accumulé la ruine quand j'en devins l'acquéreur en 1920. Je m'efforçai de sauver la demeure, si peu accessible, mais il eût fallu supprimer ce malheureux bulbe et les ornements de bois des chalets et des fenêtres. Il ne restait rien des pauvres serres, les fruitiers étaient à l'abandon, les vaches broutaient les pivoines et les bordures des corbeilles sans fleurs.

M. Girault est mort dans sa villa, par un jour neigeux de décembre ; on le descendit à grand peine à sa paroisse de Courcelles.


62 ' UNE CURIEUSE FIGURE D'ARTISTE

Son ami, le curé, montait jadis à la villa pour mettre en ordre les souvenirs de voyage. Et les boîtes de daguerréotypes portent toutes les mentions : Exact en 1865, exact en 1880.

Ses ouvrages sur PAlhambra et l'architecture arabe, ses dessins, ses moulages, et le curieux et unique monument de ses daguerréotypes, grands et petits, sont un monument plus durable que les constructions si artificielles de sa villa, de ses serres et même de son parc, fantaisie d'un artiste poursuivant son rêve avec ténacité, sans tenir compte des obstacles dressés par les éléments contraires.

Et le nom des Girault de Prangey et, je le crois, aussi celui des Piétrequin finit avec lui qui ne contracta point mariage.

Le château de Prangey avait été vendu.

Négligeant les pyramides robustes et simples, Girault de Prangey s'attarda aux architectures fragiles et compliquées, les minarets légers, les entrelacs de plâtre, les murs de faïence que seule préserve la sécheresse du climat oriental.

Il abandonna le crayon incisif pour la fugitive et prompte image photographique, si difficile à fixer.

Les toitures de sapin et de zinc de la villa se sont effondrées, les vitrages ne reflètent plus, jusqu'au fond des vallées, la splendeur des couchants. Le lierre et le gui coriaces ont étouffé les pâles orchidées, tremblantes sous la neige. Les roses sont devenues des ronces. Libérées de toutes entraves, les sources ont repris leurs murmures cascadants.

Sa tombe elle-même au cimetière de Langres, mal fondée, menace ruine.

Sans souci de ses frères, méprisant l'avenir, Joseph-Philibert Girault de Prangey, solitaire et rêveur, a construit pour lui seul, un jouet fragile qui a disparu avec lui 1.

1. A l'appui de sa causerie. M. de Simony a produit un choix magnifique de daguerréotypes représentant, pour la plupart, des vues d'Italie et d'AsieMineure.


LA LIGUE ET LE RÈGNE D'HENRI IV EN BOURGOGNE

ÉTUDES ET DOCUMENTS 1

par M. Henri DROUOT

MEMBRE RÉSIDANT

IX

LES GENS DE LA MONNAIE DE DIJON

EN 1594

Comme suite à nos notes antérieures sur les ressources et l'intérêt documentaires du fonds des « Papiers de justice » de la mairie de Dijon 2, nous publions ci-dessous deux pièces qui montreront, croyons-nous, comment ce fonds peut, à l'occasion, parer aux lacunes ou insuffisances de certains autres, et éclairer par exemple l'histoire de telles institutions encore, très peu connues et pauvres d'archives.

Il s'agit ici de la Monnaie de Dijon. Un dossier d'avril 1594 contient entre autres documents une liste des gens de cette Monnaie à la date et une « opposition » rédigée, au nom des privilèges locaux revendiqués par eux, par un « ouvrier » monnayeur frappé d'une amende pour défaut au service de garde de la milice urbaine.

Ces deux pièces figurent, à leur date, dans la liasse B" 36053 (cote provisoire) aux Archives de la Côte-d'Or 3.

1. Les numéros antérieurs de cette série ont paru dans les Mémoires de l'Académie, années 1922, 1923, 1924, 1927-1931, 1932.

2. Notes parues dans les Mémoires, année 1932. p. 1-17.

3. Nous n'annoterons pas en détail ces documents. Une bonne partie des noms livrés par le premier se rencontrent également soit dans les chroniques contemporaines, notamment dans le Journal de Gab. Breunot (éd. J. Garnier : voy. la table des noms à la fin du t. III), soit dans les pièces citées par P- BORDEAUX, Les ateliers monétaires de Dijon, de Semur-en-Auxois et de Sainl-Jeande-Lome pendant là Ligue (dans l'Annuaire de la Soe. de Numismatique, 1894) et par J, BAILHACHE, Saint-Jean-de-Losne et Semur ateliers royalistes pendant la Ligue (dans le Courrier numismatique, déc. 19321.


64

LES GENS DE LA MONNAIE DE DIJON

I

« CE SONT LES NOMS ET SURNOMS DES OFFICIERS, OUVRIERS ET MONNOIERS DE LA MONNOYE DU ROY A DIJON »

Officiers Me Guillaume Bouhardet, général M° Jehan Le Prévost, garde Me Ustache Le Sec, garde Me Claude Crestiennot, contregarde Me Guillaume Odinelle, essaieur Jehan Denarames, tailleur Me Guillaume de Mallerois, me particulier

Ouvriers

Mamet Begin de Dijon François de Pize, Dijon Estienne Billocard, Dijon Jehan Quanquoin de Plombière Anthoine Monnyot de Dijon Jehan Mardamez, Plombière Odot Deleneau de Dijon Régné Mardamez de Fontaine Odin Deleneau de Dijon Odin Quanquoin, Dijon François Bellenet de Dez Henry Mardamez de Fontaine Anthoine Quartelache de Talant Nicolas Deleneau, Plombière Jehan Girardot, Dijon Emon Loizon, Dijon Claude Loizon, Dijon Batiste Geneguin, Chenosve

Monnoiers

Symon Quanquoin 1 l'esné, Dijon Henry Quanquoin, Dijon, Hugues Bellenet de Dez Pierre Quanquoin, Dijon Pierre Monyot, Dijon Pierre Begin, Dijon George Quanquoin, Plombière Lazare Mardamez le jeune, Fontaine Jehan Quanquoin, Dijon Laurent Deleneau, Dijon Henry Quanquoin puiené Dijon, Guillaume Mugnier de Dijon Philibert Quartelache, Talant Symon Quanquoin puiené, Dijon 'Thierry Billocard, Dijon Jehan de Mange, Dijon

Coppie prinse au vray des noms et surnoms' des officiers, mes ouvriers et monnoiers de lad. monnoye. -Faict le vingt huictiesme apvril 1594.

A. Monnyot.

II

LES PRIVILÈGES DES GENS DE LA MONNAIE ET LE SERVICE DE LA GARDE

Anthoine Monyot, ;ne ouvrier en la monnoye à Dijon et des plus antiens de lad. monnoye, opposant à l'exécution sur luy /aide pour trante solz pour n'avoir esté à la garde de la porte, dit par devant

1. On trouve ordinairement Cancouhin (famille di.jonnaise connue).


LES GENS DE LA MONNAIE DE DIJON 65

vous, messieurs les viconte maieur et eschevins de la ville et commune de Dijon, suivant l'appointement par vous donné, qu'il est bien recepvable à. son opposition d'aultant que suevant les previllèges octroyez à ceux de lad. Monnoye esmologuez par arrest et exécution d'iceux donnez avec vous mesd. sieurs viconte maieur et eschevins, Hz sont exemps à cause de lad. monnoye d'aller à lad. porte et au guet sinon et en tant que les nobles et aultres previlïegiez de la ville y voisent et en temps d'eminant péril, parquoy, à correction, il n'est raisonnable qu'il soit contrainct d'y aller et moings d'estre condamné en trante solz d'amende pour ung seul deffault que l'on prétend avoir esté faict par icelluy Monyot lequel, comme il est tout notoire, est du cors de lad. monnoye et des plus antiens faisant service active en icelle de jour à aultre et sans discontinuation, et quant oires qu'il y auroit éminant péril et que les aultres previlïegiez de lad. ville yroient à lad. porte, sy faudroit il en advertir desià ceux de lad. Monnoye pour faire ung département entre eux pour y obéir et délaisser, en ce faisant, le debvoir qu'Hz doibveiït et sont contrains de faire en icelle monnoye, où l'on les a abstrains de travailler incessament. Partant requiert estre renvoyé de ceste poursuitte et trassé de la disaine de Jean Morel, et le tout sans préjudice de l'instance qu'ilz ont pendant au conseil d'Estât où Hz se sont pourveuz contre lesd. srs de la ville à rencontre du dernier arrest donné entre lesd. partyes et sans apreuver vostre jugement en cestedicte. A ces fins joint la coppie en rolle desd. de la Monnoye et l'exploit d'exécution sur luy faict en vertu d'ung mémoire du sr échevin Pignallet.

A. Monnyot. [Sans date]; l

1. Probablement : 28 avril 1594. — Joints : Deux exploits d'un sergent (signés Estienne Collet) qui disent que ce sergent s'est présenté chez Antoine Monyot (21 avril et 27 avril 1594) : 1° pour toucher les 30 sols d'amende (Monyot a déclaré taire opposition), 2° pour l'assigner au 29 en Chambre de ville pour débattre son opposition — Autre pièce jointe : Extrait du registre de délibérations de la Chambre de ville (Arch. de Dijon, B 231), 29 avril 1594 ; - Partyes onyes » sur l'opposition faite par Ant. Monyot de payer les 30 sols pour absence à la garde, la chambre « ordonne que ledit opposant donnera ses causes et moyens d'icelle ladite opposition et joindra toutes pièces justifficatives d'icelle deans deux jours ez mains du secrétaire pour en prendre communication par ledict demandeur [le procureur syndic], pour, luy ouy, sur icelle former tel jugement que de raison ». — Plusieurs affaires d'absence à la garde concernant des gens de la Monnaie se rencontrent dans les archives dijonnaises de la fin du xvi 0 s. On mentionnera spécialement l'affaire Mammetz Bégin, long procès qui dura de 1585 à 1588 Elle aboutit à un arrêt du parlement confirmant le privilège d'exemption et fut invoqué en 1587 par les monnovers de Paris à l'appui de leur propre demande d'exception du guet (Arch. de'D'ion, M 122, f. 128; H 72 ; B 225, f. 163, 166 :—Dél. du bureau mun. de Paris, t. IX. p. 37 : — etc.).


66 LES GENS DE LA MONNAIE DE DIJON

Ces pièces suffisent à montrer que le futur historien des « monnoyers » de Dijon aurait ses raisons de souhaiter, comme beaucoup d'autres, qu'un inventaire détaillé du fonds B' 1 360 fût un jour publié 1.

1. Dans les pièces du temps de la Ligne, nous signalerons encore, en passant, ie curieux dossier d'une affaire qui met aux prises, en janvier 1595, le «mounoyer » Pierre Bégin et l'orfèvre Jean Odinelle, fils de l'essayeur ( B " 360 M, à la date). Sur le même Pierre Bégin : B " 360 52 (affaire de janv. 1589). Sur Odin Deleneau et les Deleneau : B " 360 54, déc. 1595. Sur Eustache Lesec : nombreuses mentions dans les liasses 51, 52, 53, 54 et un dossier sur sa candidature de garde des monnaies (nov. 1592) dans la liasse 53 (cf. aussi Arch. Dijon, B 230, f, 165 v°. Etc. — Notons que les Odinelle, les Bégin et plusieurs autres monnoyers comptèrent parmi les réformés de Dijon (Arch. de Dijon, B 174 bis, f. 111, 15 oct. 1568 ; E. BELLE, La Ré/orme à Dijon, table ; Journal de Breunot, II, 463 ; P. PERRENET, La comm. prol. de Dijon au début du xvn° s., dans les Ann. de B., 1930, p. 283 : etc.) et que le fait inciterait à chercher dans les liasses du fond,s B " 360 concernant la période 1560-1585 les traces de l'histoire religieuse de ces techniciens.


DOM FABIEN DUTTER.

par M. le commandant H. CHARRIER

SECRÉTAIRE GÉNÉRAL MEMBRE RÉSIDANT

I

NAISSANCE - ÉTUDES - HÉSITATIONS

Stotzheim est un de ces coquets villages de la plaine de BasseAlsace, que domine le mont Saint-Odile et sur lesqjels, aux soirs d'été, les Vosges projettent leur ombre bleue. La rivière d'Andlau, en route vers le Rhin, y fait tourner des moulins et, avec l'odeur des sapins du Hoh-Wald, le vent lui apporte le parfum léger des vignobles de Barr 1.

C'est là que naquit, le 11 octobre 1872, Joseph-Charles Dutter, de François-Joseph, artisan, et de Joséphine Thomann, receveuse des Postes. Si les parents avaient une condition modeste, « ils étaient de ceux que l'esprit de foi pénètre tout entier, qui savent apprécier le don que Dieu leur fait quand il leur confie les frêles créatures qui doivent être plus tard des habitants du Ciel, et qui ne négligent rien pour leur en montrer la route » 2.

Le jeune Charles 3 reçut donc cette éducation ferme et affec1.

affec1. aurait été construit sur l'emplacement du camp de César, avant la rencontre de celui-ci avec Arioviste; et ses lointaines origines resplendissent d'une vie conventuelle intense, que se plut à favoriser l'empereur Charles le Gros lui-même. De 1314 à 1789, il fut, à l'exception de ses deux châteaux, possession domaniale de l'évêché de Strasbourg. Les Armagnacs le mirent à sac en 1444, et Mansfeld en 1622.

2. Discours du Révérendissime Père Dom Ollitrault de Keryvallan, à l'occasion de la bénédiction abbatiale de Dom Fabien Dutter.

3. De ses huit frères et soeurs, subsiste seul, M. Antoine Dutter, ingénieur aux chemins de fer d'Alsace-Lorraine. Une de ses soeurs entra chez les Clarisses de Lavaur (Tarn), où elle est décédée.


68 DOM, FABIEN DUTTER

tueuse en même temps qui, trempant le caractère et façonnant le coeur d'un enfant, lui livre le secret d'une vie équilibrée et féconde.

En 1879, assistant à la première messe de son compatriote, le Révérend Père Edmond Obrecht, religieux à la Grande-Trappe, l'idée d'une vocation semblable effleura son esprit ; et il est permis de penser que c'est le souvenir de cette cérémonie, où il portait une guirlande, qui fut plus tard un des éléments de sa décision de vie cistercienne.

Cependant, à la maison comme à l'école, Charles Dutter se révélait sérieux et travailleur : et ses parents, pour favoriser les dispositions qu'il manifestait pour l'étude, le confièrent à une tante, religieuse de la Providence à Allarmont, petite localité du département des Vosges, dans la vallée de la Plaine. C'est d'elle qu'il apprit le français et, bientôt, le curé de la paroisse l'initia au latin.

Entré en quatrième au Petit Séminaire de Chatel-sur-Moselle, il acheva ses humanités à celui d'Autrey, se plaçant, par sa vive intelligence, au premier rang de condisciples qui lui gardèrent toujours une profonde affection.

Ce fut ensuite le Grand Séminaire de Saint-Dié, où il resta de 1891 à 1894. A la fin de sa première année, il devait recevoir la tonsure, ce qui ne put avoir lieu, ses papiers n'étant pas arrivés au moment opportun de l'évêché de Strasbourg. Ce contre-temps affligea beaucoup le jeune clerc, dont la sensibilité était et demeura très grande, en dépit d'une sorte de masque extérieur un peu dur qui n'était, au fond, que réserve et pudeur de soi.

Mais, la pensée de sa vocation le tourmentait de plus en plus, et une inquiétude régnait en lui qui, deux ans après, lui faisait quitter le Grand Séminaire. Dans l'attente d'un appel clair de la Providence, il accepta un poste de précepteur, d'abord dans la famille de M. de la Chapelle, à Clamerey (Côte-d'Or), puis dans celle de M. Ducreret, à Villefranche (Allier).

Au début de 1896, les circonstances le conduisirent un jour au monastère des Cisterciens de Notre-Dame de Saint-Lieu ScptFons, près de Dompierre-sur-Besbre. Le Ciel venait de lui indiquer sa voie. En effet, le Révérend Père Hôtelier lui ayant proposé de faire une retraite, il éprouva le besoin pressant d'accepter, et quand prit fin cette courte période de recueillement, sa décision était prise.



Dom FABIEN DUTTER


DOM FABIEN DUTTER 69

II

NOVICIAT - CITEAUX - PROFESSION PRÊTRISE

Le 30 mars, il entrait en Communauté. Le 15 avril, le règlement de plusieurs affaires le ramenait dans sa famille. Puis, le 31 octobre suivant, il revenait comme postulant et, le 21 novembre, il recevait l'habit de novice, avec le nom de frère Fabien 1, des mains du Révérendissime Père Dom Sébastien Wyart, ancien capitaine de zouaves pontificaux, qui avait été, quatre ans auparavant, le principal artisan de la fusion des trois congrégations de Trappistes, et qui, depuis le S décembre 1892, présidait, comme abbé général, aux destinées de l'Ordre nouveau des Cisterciens réformés ou de la Stricte Observance.

« Durant deux années, Frère Fabien, tout à son devoir, sérieusement, humblement et docilement, fut l'homme de la règle, sans ostentation comme sans faiblesse, ne se faisant remarquer que par sa piété et sa régularité. En dépit d'une santé assez précaire, il ne manqua pas un seul office, soit de jour soit de nuit, et s'il accepta avec simplicité les soins et adoucissements que ses supérieurs lui procuraient, il ne les rechercha jamais» 2.

Son âme, pleinement soumise aux directions qui lui étaient données, se pénétra de la recherche de Dieu, de zèle pour son oeuvre, d'obéissance et d'amour des humiliations, principe et fondement de toute vie religieuse qui veut être logique et digne de sa foi.

Il s'attacha dès lors aussi, comme les fils bien nés aux horizons qui les ont vus naître, à cette vénérable abbaye de Sept-Fons, fille de Fontenay, petite-fille de Clairvàux, baptisée par saint Bernard, rayonnante de la réforme d'Eustache de Beaufort et de la gloire des martyrs des pontons révolutionnaires, sorte d'île de beauté spirituelle que défend aux yeux des profanes son haut mur continu flanqué de tours et la ceinture d'eau de la Loire, de la Besbre et du canal latéral à la Loire.

1. Il eut, pour socius, en cette circonstance, le frère Sébastien Vittrant, filleul de Dom Sébastien Wyart, aujourd'hui religieux à Orval.

2. Témoignage de son Père Maître, le Révérend Père Raphaël Mulliez, sousprieur.

10


70 DOM FABIEN DUTTER

Le pieux novice, ayant trouvé le havre de paix après lequel il avait si longtemps aspiré, rêvait de ne le point quitter.

La Providence en avait décidé autrement.

L'Ordre cistercien était reconstitué, mais une importante question restait à résoudre. Le Chapitre général de Rome, en 1892, avait désigné comme abbaye titulaire du Révérendissime Père général, l'abbaye des Trois-Fontaines, aux portes de la Ville éternelle. Le Saint-Siège, n'ayant pas ratifié ce choix, Dom Sébastien avait alors songé à acheter au gouvernement italien l'abbaye de Sainte-Croix de Jérusalem. Les pourparlers engagés à cet effet n'aboutirent pas. C'est alors que Mgr Oury, évêque de Dijon, revenant sur une offre qu'il avait déjà faite en 1895, proposa le rachat de Cîteaux, l'ancien chef d'Ordre, situé en terre bourguignonne, dont les frères de Saint-Joseph, ses occupants depuis 1846, voulaient se débarrasser. Léon XIII avait donné à cette idée son entière approbation ; mais des difficultés paraissant insurmontables s'étaient révélées, quand une noble femme, madame la baronne de Rochetaillée, brusqua heureusement la décision en achetant la propriété pour en donner l'usage aux légitimes descendants des Robert, des Albéric et des Etienne.

Le 22 août 1898, la vente était passée et le 1er octobre suivant, Dom Jean-Baptiste Chautard, abbé de Chambarand, délégué de l'Ordre aux tractations qui venaient d'aboutir, arrivait à la tête de quelques religieux de Sept-Fons, aux lieux bénis qui, de 1098 à 1791, avaient vu se succéder d'innombrables et vertueuses légions de moines blancs.

Il y avait là le Père Stanislas Besse, le Père Bernard Rigaud (qui devait être la première « fleur du cloître » cueillie par NotreDame de Cîteaux), le Frère Bernardin, convers, et un novice de choeur, qui n'était autre que le Frère Fabien Dutter.

La probation de ce dernier n'était pas achevée, mais il avait déjà témoigné de tant de qualités foncières que Dom Sébastien Wyart n'avait pas hésité à s'en séparer pour l'incorporer à l'essaim de fondation qui allait lui permettre, neuf mois plus tard, de donner sa démission d'abbé de Sept-Fons pour couronner sa haute charge du titre ressucité d'abbé de Cîteaux.

A peine arrivé, Frère Fabien fut investi de l'important office de cellérier. À ce titre, il eut à diriger les travaux de l'exploitation


DOM FABIEN DUTTER 71

du domaine, comprenant alors 375 hectaresx. Il y réussit si complètement que, le 12 septembre 1899, «le Chapitre général fut émerveillé de ce qu'avait pu réaliser en quelques mois l'activité intelligente d'une jeune religieux de 26 ans » 2.

Des difficultés d'un autre ordre étaient à vaincre. Les Pères et les Soeurs, de Saint-Joseph ne considéraient pas comme valide la vente faite par le R.P. Coeur, leur supérieur général, propriétaire légal, à la baronne- de Rochetaillée, et ils refusaient d'évacuer les lieux.

C'est alors qu'intervint « la merveilleuse psychologie » 3 de Frère Fabien. Sa diplomatie fut couronnée de succès et il obtint enfin, par persuasion, que les récalcitrants consentent à se retirer.

'• Son activité prodigieuse, son dévouement inlassable, sa sagacité surprenante, son esprit d'initiative, son sens pratique, son tact, sa discrétion, toujours en harmonie avec l'obéissance filiale, firent de lui mon bras droit, au point que, sans son concours, obligé de régir quelque temps Chambarand, puis, à la fois Chambarand et Sept-Fons dont je devenais l'abbé, il m'aurait été impossible de mener à bien la résurrection de Cîteaux » 4.

Installée, la petite communauté dut, pour vivre sur son travail et soulager les autres Maisons des contributions qu'elles s'étaient jusque là imposées, mettre les terres en pleine valeur.

Là encore, les qualités exceptionnelles de Frère Fabien se donnèrent libre carrière, et des méthodes rationnelles présidèrent à l'exploitation agricole, aboutissant à un fructueux rendement.

Mais, à ce régime, sa santé s'était affaiblie. Un repos fut jugé absolument nécessaire, et Frère Fabien fut. confié aux bons soins de son homonyme, le Père Fabien, aumônier des religieuses cisterciennes du faubourg Saint-Clément à Mâcon 5. L'oncle 6 et le neveu — c'est ainsi qu'ils se nommaient plaisamment — réalisèrent une cordiale entente. Cependant, les talents musicaux de

1. Aliénés depuis pour la plus grosse part, afin de supprimer la maind'oeuvre séculière.

2. Dom Robert Lescand.

3. Dom Jean-Baptiste Chautard.

4. Dom Jean-Baptiste Chautard.

5. Communauté transportée ensuite à Taubaté (Brésil) ; actuellement à Chambarand (Isère).

6 Père Fabien avait été, durant la période des expulsions, en 1880, précepteur dans la famille de Fréminville, aux environs de Moulins.


72 DOM FABIEN DUTTER

Frère Fabien, joints à sa connaissance du plain-chant., nuisirent un peu à son régime de détente ; les soeurs lui demandèrent des leçons et, plus d'une fois, il consacra une partie de ses nuits à préparer les classes qu'il leur donnait le jour. Quand, ses forces à peu près -revenues, il regagna Cîteaux, la Communauté avait été renforcée. Il y trouva le vaillant Père Edouard, l'industrieux Père Eugène... et l'aimable et bon Dom Robert Lescand, que le Chapitre général de 1898 avait désigné comme supérieur.

Ce dernier << se réjouissait grandement de pouvoir compter sur la collaboration d'un cellérier aussi bien doué »x, quand, quelques j ours après la clôture du Chapitre, le Révérendissime Père Dom Sébastien Wyart décida que Père Fabien, qui venait d'émettre ses voeux simples, irait à Rome suivre les cours de l'Université Grégorienne.

Son départ pour la Ville Éternelle eut lieu au mois d'octobre 1899.

A la fin de ses vacances d'étudiant de 1902, le 25 octobre, il fit, à Cîteaux, sa profession solennelle et, le lendemain, il recevait à Sept-Fons, des mains de Monseigneur Dubourg, évêque de Moulins, l'ordre du sous-diaconat.

Le diaconat lui fut conféré à Rome, où, le samedi-saint 1903, il atteignait au sommet sacerdotal de la prêtrise.

Ces cinq années d'études, qui « développèrent chez lui le sens juridique et l'esprit méthodique à un degré peu commun » 2, furent couronnées par le doctorat en théologie avec la mention maxima cum laude s.

L'annonce du succès de sa thèse fut la dernière joie terrestre du Révérendissime Père Dom Sébastien Wiart, auquel il l'apporta sur son lit de mort. Le vénéré agonisant l'embrassa affectueusement et lui dit : « Vous rentrez en France, mais vous reviendrez ici ».

III

SECRÉTAIRE DE L'ABBÉ GÉNÉRAL ET DÉFINITEUR

En juillet 1904, Père Fabien regagna Cîteaux, où Dom Robert Lescand, qui gouvernait l'abbaye comme abbé auxiliaire depuis 1899, comptait bien, cette fois-ci, le conserver.

1. Dom Robert Lescand.

2. Dom Jean-Baptiste Chautard.

3. Un de ses professeurs avait été le cardinal Billot, qui le tenait en particulière estime.


DOM FABIEN DUTTER 73

L'heure n'en avait pas sonné.

Le Chapitre général de cette année-là avait nommé le Très Révérend Père Dom Edmond Obrecht, abbé de Notre-Dame de Gethsemani, au Kentucky, administrateur de la Communauté de Mariannhil (Natal). Celui-ci déclara qu'il n'accepterait cette tâche difficile qu'à la condition que Père Fabien lui serait adjoint comme secrétaire. Satisfaction lui fut donnée.

Père Fabien resta trois ans dans le Sud-Africain, où il aida puissamment Dom Edmond Obrecht dans sa délicate mission, et d'où son esprit d'observation et sa riche mémoire rapportèrent, dans tous les domaines, de précieux souvenirs l.

Dom Edmond et son compagnon rentrèrent en France pour le Chapitre général de 1907.

La joie fut grande à Cîteaux de revoir Père Fabien, après une si longue absence. Dom Robert, en particulier, se faisait une fête de le garder et de « bénéficier de son expérience considérablement accrue » 2.

Une fois encore, ces espoirs furent déçus. Monseigneur Marre, évêque titulaire de Constance, qui présidait alors, avec une si parfaite maîtrise, aux destinées de l'Ordre, venait d'être contraint de se priver des services de son secrétaire, le Révérend Père Dom Symphorieri Bernigaud, que le délabrement de sa santé contraignait à la retraite. Le généralissime, connaissant les rares talents du Père Fabien, se l'attacha au même titre.

A partir de 1908, le nouveau secrétaire fut donc mêlé, de la façon la plus intime et la plus complète, à la vie de l'Institut cistercien. Durant quatorze années, il accompagnera Monseigneur Marre, faisant avec lui la visite des monastères de France et de l'étranger, jusqu'aux États-Unis et au pays de Maria Chapdelaine, l'assistant de sa connaissance approfondie de la Règle, de son érudition variée et sûre, des ressources d'un sens diplomatique pour ainsi dire instinctif, et satisfaisant avec aisance, dans toutes les langues parlées au milieu de l'Ordre, aux exigences d'une écrasante correspondance.

Deux ans encore, il remplira, auprès du Révérendissime Père

1. En partie résumés dans son discours de réception à l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon, en qualité de membre non résidant, le 30 avril 1926.

2. Dom Robert Lescand,


74 DOM FABIEN DUTTER

Dom Ollitrault de Keryvallan, successeur de Monseigneur Marre, ces fonctions de premier plan, auxquelles il joignait, depuis 1913, celles de défmiteur (de langue française), c'est-à-dire de membre du Conseil permanent de l'Ordre cistercien.

Au cours de cette longue et féconde période, le Révérend Père Fabien se révéla officier d'état-major accompli, s'identifiant avec les deux généraux qu'il servit successivement, « au point de devenir, pour chacun d'eux, comme un autre lui-même » *.

C'est le témoignage de Dom Ollitrault de Keryvallan, disant : « Nous nous contentons, lui et moi, de penser un peu haut l'un pour l'autre » 2.

IV

ABBÉ AUXILIAIRE DE ClTEAUX

Cependant, «tant de dévouement, de sagesse, de discrétion appelaient plus de confiance encore et de responsabilité » 3.

Dieu venait de rappeler brusquement à lui le Procureur général, Dom Norbert Sauvage, dont la sainte mémoire demeurera en bénédiction dans les annales de l'Ordre.

Le Chapitre général de 1923, ayant dû pourvoir à son remplacement, avait jeté son dévolu sur Dom Robert Lescand, abbé de Saint-Aubin, auxiliaire de Cîteaux. Le choix méritait la plus entière approbation. Grâce, en effet, à la sagesse et à l'autorité de son gouvernement, Dom Robert avait réussi à former, en 1898, dans les circonstances difficiles que nous avons rapidement exposées, une Communauté homogène, vivante et unie — et ses anciens religieux, comme ses nombreux obligés et amis, conservent Je doux souvenir de son exquise bonté, de sa distinction et de sa souriante modestie.

Pour lui succéder à Cîteaux, Dom Jean-Baptiste de Keryvallan songea immédiatement au Révérend Père Fabien qui, durant deux années, assuma, comme simple religieux, les délicates fonctions de supérieur.

1. La très Révérende Mère Lutgarde Hémery, abbesse de La Coudre-Laval.

2. Discours, lors de la bénédiction abbatiale de Dom Fabien.

3. Mgr. Landrieux, évêque de Dijon, à l'occasion de la bénédiction abbatiale de Dom Fabien.


DOM FABIEN DUTTER 75

Dès l'abord, la main se révéla maîtresse. Aussi, quand, au Cha" pitre général suivant, Dom Ollitrault de Keryvallan proposa à la vénérable assemblée de solliciter pour le Révérend Père Fabien auprès du Saint-Père la dignité abbatiale, fut-ce une acclamation unanime qui lui répondit, et, « dans l'enthousiasme général, les plus petits se levèrent sur le bout de leurs pieds pour ne pas rester trop en dessous du voisin » ■ 1.

Présumant avec une confiante hardiesse une décision conforme au désir exprimé, on fixa la cérémonie au Chapitre général plénier" de 1925 : ainsi l'Ordre tout entier, en la personne de ses dirigeants, serait présent à la fête.

La bénédiction abbatiale fut donnée, le 14 septembre 1925, sous un soleil radieux, par sa Grandeur Monseigneur Landrieux, évêque de Dijon, en présence de Mgr Marre, archevêque de Mélitène, abbé général démissionnaire, du Révérendissime Père Dom JeanBaptiste Ollitrault de Keryvallan, abbé de Cîteaux, abbé général, des Très RR. PP. abbés, prieurs titulaires et supérieurs des monastères de France, de Belgique, de Hollande, d'Italie, d'Espagne, d'Allemagne, d'Angleterre, d'Irlande, de Yougo-Slavie, d'Autriche, des États-Unis, du Canada et du Japon, de nombreuses personnalités ecclésiastiques et laïques, parmi lesquelles se trouvaient Mgr René Moissenet, Mgr Saint-Clair, MM. les chanoines Burtey, supérieur du Grand Séminaire de Dijon, et Rigaud, frère du Père Bernard, la « fleur du cloître » si prématurément cueillie par le bon Dieu lors de l'installation du nouveau Cîteaux, les supérieurs des couvents et établissements de Dijon, un grand nombre de prêtres du diocèse, M. Joseph Dutter, le vénérable père de Dom Fabien, M. Antoine Dutter, ingénieur aux chemins de fer d'Alsace-Lorraine, son frère, MM. Gelb, Schultz et Dutter, ses parents, M. l'abbé Spitz, curé de Slotzheim, sa paroisse natale, le colonel Picard, président de la F.N.C. de la Côte-d'Or, le médecin-major de première classe Schnaebelé, les comtes d'Andlau, de Longueville, Berthier, Liger-Belair, le bâtonnier Toussaint, les maires des environs...

L'absence la plus douloureusement ressentie fut celle du T.R.P. Dom Edmond Obrecht, abbé de Notre-Dame de Gethsemani, au Kentucky, compatriote de Dom Fabien et son père spirituel. Le

1. Dom Ollitrault, discours déjà cité.


76 DOM FABIEN DUTTER

vénérable prélat, en France depuis quelques jours, avait été arrêté en cours de route par une grave maladie, et ce voile jeté par le bon Dieu sur un tableau qui, par ailleurs, eut été sans ombre, fut lourd au coeur aimant et reconnaissant du héros de la journée.

Les deux parrains de l'élu étaient les Très RR. PP. Dom JeanBaptiste Chautard, abbé de Sept Fons, et Dom Robert Lescand, Procureur général.

Aux murs de l'église étaient suspendues, ombragées de verdure et de drapeaux, les armoiries de Cîteaux (d'azur semé de fleurs de lis d'or, à un écusson de Bourgogne ancien en abyme), de Mgr. Marre (portant au parti dextre les armes de Cîteaux, mais différenciées à senestre), du Révérendissime Père général et des autres abbés de l'Ordre, hiérarchiquement disposées. Celles du nouvel abbé, « d'azur semé de fleurs de lis d'or, au coeur de gueules bandé d'argent avec croix de Lorraine et étoile d'or », complétées par la devise Ut unum sint, charte de charité concise, se détachaient sur un feuillage de laurier.

A 8 heures précises, Monseigneur de Dijon, en cappa magna, précédé de M. l'abbé Bordet, maître de cérémonies, en cotta, faisait son entrée sur le parvis, tandis que les deux cloches du monastère sonnaient éperduement, écho de l'allégresse générale et des âmes innombrables engendrées au ciel, en ces lieux bénis, par sept siècles de sainteté.

La cérémonie débuta par la lecture du bref pontifical conférant à Dom Fabien Dutter la dignité abbatiale, avec le titre d'abbé du Verger \

Puis, la' messe pontificale, célébrée par Mgr Landrieux, accompagné de MM. les vicaires généraux Geoffroy, prêtre assistant, Marigny et Bullier, diacres d'honneur, avec, pour diacre et sousdiacre, MM. les chanoines Chanlon, ancien supérieur de Domois, et Bâtard, chancelier de l'Évêché, déroula la splendeur émouvante de ses diverses parties, chantée par le choeur des Pères capitulants et de la communauté de Cîteaux, coupée des prières spéciales et de

1. L'abbaye du Verger (Bongaert, Pomerium), à 5 km. de Stotzlieim, fut fondée en 1125. De la filiation de Morimoud, elle abrita l'imprimeur officiel de l'Ordre, Dom Nicolas Salicetus (Weidenbusch). Elle fut détruite en 1525, pendant la guerre des paysans. Un pèlerinage à saint Bernard, comportant une messe et un sermon en plein air, depuis longtemps interrompu, a repris en 1925,


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la remise des attributs abbatiaux 1, qui respirent un si haut et si éloquent symbolisme.

Aux fraternelles agapes qui suivirent, dans le grand cloître, le Très Révérend Père Dom Fabien Dutter, parlant le premier, épancha la gratitude de son coeur à l'endroit de tous ceux qui avaient été les artisans des joies de cette journée. M. le curé de Stotzheim associa à la fête la paroisse natale de l'abbé du Verger, et se fit, en termes émus, l'interprète des regrets et de la pensée affectueuse du très vénéré Dom Edmond Obrecht, que la maladie retenait au loin 2. Le Très Révérend Père Dom Jean-Baptiste Chautard évoqua spirituellement les années de noviciat, à SeptFons, du héros de la journée. En une de ces chaudes et vibrantes improvisations dont il avait le secret, le Révérendissime Père Dom Ollitrault de Keryvallan adressa à l'évêque de Dijon le plus délicat des hommages et caractérisa les différentes étapes de la vie de Dom Fabien. Enfin, Mgr. Landrieux prononça un des plus remarquables discours qui soient sortis du coeur et de la plume du très distingué prélat que l'Académie française se serait singulièrement honorée en l'accueillant dans son sein 3.

A partir de ce moment-là, Dom Fabien Dutter n'eut plus qu'une pensée : continuer la sage administration, inspirée par un esprit de foi intense, de.. son prédécesseur, Dom Robert Lescand ; et il y réussit pleinement.

La tâche d'un abbé est lourde et multiple. Dom Fabien l'envisagea dans toutes les responsabilités qu'elle comporte, au regard de sa conscience et des prescriptions de la Règle.

Il eut d'abord le souci de la perfection de la Communauté dont les destinées spirituelles venaient de lui être confiées, veillant avec un soin jaloux sur la régularité de la vie conventuelle qu'il ouvrait chaque matin, au Chapitre, par un commentaire de la Règle de de saint Benoit marqué du sceau d'une lumineuse compréhension

1. La crosse, en ébène et argent, remarquable oeuvre d'art de la maison Armand-Calliat, de Lyon, était un cadeau de Mgr Marre ; l'anneau d'améthyste, un cadeau de Dom Ollitrault de Kérivallan.

2. Parlant de la renommée de l'abbé de Gethsemani, il cita ce joli mot d'une simple femme de Stotzheim : « Quand le Père abbé Obrecht fera son entrée dans le ciel, tous les élus diront : « C'est une vieille connaissance de la terre ! »

3. Dom Fabien Dutter fut nommé, ce jour-là, chanoine d'honneur de la cathédrale de Dijon. Peu de temps après, Mgr Ruch le nomma, de son côté, chanoine d'honneur de la cathédrale de Strasbourg.


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de sa lettre et de son esprit. 1. Il s'appliquait à obtenir la correction en toutes choses, estimant qu'un religieux doit à sa vocation, tant pour l'honorer que pour la goûter pleinement, de tendre à une exécution aussi parfaite que possible des actes et des attitudes de son emploi particulier ou de sa fonction du moment.

Le chant, cette oeuvre capitale du Cistercien, opus Dei, qui fait de lui l'intercesseur permanent de la terre auprès du ciel, et dont la majesté, dans le silence des nuits, le dispute en beauté et en puissance aux ineffables harmonies du choeur des anges, était l'objet de ses constantes préoccupations. Il dirigeait les répétitions avec la compétence que lui conféraient une oreille délicate et une science technique très sûre — et, à l'église, sa voix guidait l'ensemble, tandis que ses mains, jointes sous la coule, donnaient discrètement le rythme et la cadence.

Prudent dans la conduite des étudiants, il ne tolérait point que leurs classes nuisissent aux obligations spécifiques du profès ou du novice ; mais, sous cette sage réserve, il ne négligeait rien pour leur instruction de futurs prêtres, professant lui-même philosophie et théologie et, pour ménager certaines santés un peu délicates, s'astreignant à des méthodes verbales d'enseignement, dont sa patience naturelle se serait fort mal accommodée si elles n'avaient été dictées par une profonde affection pour celui qui en était l'objet et par le surnaturel désir de le conduire coûte que coûte au sacerdoce.

Sa direction personnelle des âmes a paru peut-être parfois un peu rude. Ce n'était qu'en apparence ; et il nous est parmis d'affirmer qu'il faisait violence à une nature au fond extrêmement condescendante, dont il se défiait pour se mettre au niveau de ce qu'il croyait être la sévérité nécessaire. C'était un tendre qui se composait un visage d'insensibilité, et dont le tourment perpétuel résidait dans le sentiment qu'il n'était pas compris et que ses véritables intentions ne perçaient pas au travers d'un masque de froideur ou de rigidité dont il était lui-même le prisonnier malheureux.

Sa piété s'enveloppait des mêmes pudeurs, et, hormis à l'autel où ses élans intérieurs ne se pouvaient dissimuler, il abritait volontiers ses dévotions sous le manteau de la solitude ; mais

1. Dom Fabien a laissé, manuscrite, une remarquable Concordance des textes de cette Règle.


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alors, il se dégageait de toutes les contingences terrestres et quand, dans l'intimité de son cabinet, le chapelet aux doigts, il confiait à la Sainte Vierge ses ennuis, ses difficultés, sa communauté, sa personne, sa figure s'illuminait de ferveur confiante et de naïf abandon comme celle d'un enfant que la détresse jette aux bras de sa mère.

Que d'appels pressants et angoissés il lança ainsi, avec son pauvre coeur meurtri, quand les épreuves (et il en connut de terribles) fondirent sur lui comme ces coups de tonnerre qui, dans un ciel subitement assombri, frappent d'un trait de feu les chênes de la forêt.

Sans doute, en ces moments, les fibres humaines vibraient-elles douloureusement ; mais, la réaction dans le plan supérieur était immédiate, et l'esprit de foi inclinait, sans un m armure, et la tête et la volonté de Dom Fabien.

Son esprit de charité était remarquable. Il ne se permettait jamais la moindre critique contre quiconque et, quand il ne pouvait défendre, il se renfermait dans un mutisme décourageant rapidement son interlocuteur.

Les préoccupations de l'abbé auxiliaire de Cîteaux s'étendaient à tous les domaines auxquels il estimait que son action devait être liée.

Le monastère, dont il avait la charge par procuration, outre ses obligations de chef - d'Ordre, est l'héritier d'un grand passé. Dom Fabien vit là aussi des devoirs à remplir.

La tourmente révolutionnaire avait détruit ou dispersé les trésors intellectuels et artistiques de l'archimonastère et, par la suite, les différents propriétaires avaient achevé d'enlever aux bâtiments restants leur caractère d'unité et de cachet cistercien. Dom Fabien Dutter dut se résigner à ce lamentable état de choses. Du moins y para-t-il, dans toute la mesure où cela lui était permis, avec ce sens averti du beau et de la tradition qui était un des aspects de son esprit éclectique. Les « lieux réguliers ■> servant de cadre à la vie conventuelle reçurent les améliorations ou l'ornementation qu'il était possible de réaliser.

Nous signalerons en particulier :

— la substitution à la statue de l'abbé Rey, fondateur de la Colonie pénitentiaire \ au centre de la pelouse qui, à l'ouest, fait

1. Laquelle avait occupé Cîteaux de 1840 à 1886.


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face au grand cloître, d'un magnifique calvaire, composé d'un piédestal, d'une croix en ciment armé et d'un Christ de Bouchardon d'une surprenante expression. L'ensemble, de dix mètres de hauteur, se détache très heureusement sur le fond vert des sapins. Le monument fut béni, le 8 décembre 1926, à trois heures de l'aprèsmidi, l'instant sacré du Golgotha.

— au cimetière, outre le remplacement des vieilles croix de bois par des croix métalliques, la construction des monuments aux abbés généraux défunts \ Ces tombeaux, en granit de Bretagne, d'une note de simple majesté, sont agrémentés des armes en bronze de chacun des trois personnages, tandis qu'une épigraphie concise, composée par l'élégant latiniste qu'était Dom Fabien, rappelle leurs actes principaux et leurs vertus dominantes.

—■ l'embellissement de l'église, de la salle dû Chapitre, de la sacristie : livres de choeur, statues, ornements en laine polychrome...

— l'enrichissement de la bilbiothèque, principalement en ouvrages cisterciens.

— la décoration discrète, par des meubles, gravures et peintures artistiques, des salles du Chapitre général, et des appartements des dignitaires de l'Ordre...

Dom Fabien Dutter estimait, par ailleurs, bien qu'il lui répugnât, dans un sentiment de sincère humilité, de se mettre personnellement en avant, qu'il devait à l'antique et illustre Maison qui, jadis, au témoignage d'Henri IV, « servait d'ornement au royaume de France », de la représenter en certaines circonstances.

C'est pour ce haut motif qu'avec l'assentiment de Dom Ollitrault de Keryvallan, il accepta de faire partie, comme membre non résidant, de l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon. Ses mobiles sont, du reste, admirablement mis en lumière par la lettre de remerciements qu'il adressait au président de l'Académie et dont voici la teneur :

«Monsieur le Président, Profondément ému de l'honneur qui m'est fait, je vous prie d'agréer et de faire agréer à la noble Compagnie, dont vous êtes le digne Président, mes remerciements très vifs.

« Il est évident que le choix fait va, par dessus ma pauvre personne, à la tradition cistercienne huit fois sééulaire. Raison de

1. Dom Sébastien Wyart, Mgr. Marre, Dom Jean-Baptiste Ollitrault de Keryvallan. « In memoriam » seulement, pour Dom Sébastien Wyart et Dom Ollitrault de Keryvallan enterrés à Rome.


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plus, pour le Cîteaux actuel qui vient à peine de renaître, de maintenir bien haut l'idéal que lui ont légué ses Pères. Votre démarche lui est la meilleure preuve qu'il peut compter sur le sympathique concours de tous ceux, et ils restent nombreux, Dieu merci, qui, dans notre chère Bourgogne, attendent de la vie autre chose que le lucre et la jouissance... »

A l'occasion de sa réception, le 30 avril 1926, encadré de Mgr Landrieux et de Mgr. Moissenet, il parla de la fondation et de l'oeuvre du monastère de Mariannhill, au Natal, à l'administration duquel il avait été si intimement lié, durant trois années, aux côtés de Dom Edmond Obrecht. Le président de la Compagnie, M. Edouard Estaunié, de l'Académie française, répondit à Dom Fabien en saluant en lui l'ambassadeur du plus grand Ordre monastique de la Bourgogne et en insistant sur ce fait que la gloire de I'archi-abba3"e, à laquelle nul ne saurait rester insensible, est. essentiellement faite du souyenir des grandes âmes qui l'ont habitée. A la suite de cette séance, M. Ernest Champeaux, l'éminent professeur de l'Université de Strasbourg, nous écrivait : C'est avec un immense plaisir que. l'historien que je suis constate que la merveilleuse activité cistercienne, dont toutes nos campagnes portent encore ta marque, reste aussi jeune et aussi féconde, en dépit du temps.

L'année suivante, se tint, à Dijon, le congrès de l'Association bourguignonne des Sociétés Savantes. L'objet principal en fut « Saint Bernard et le temps de saint Bernard », pour lequel une section spéciale avait été créée.

Cette section était divisée elle-même en quatre sous-sections, qui furent respectivement présidées :

— Histoire, par M. Camille Jullian, de l'Académie française ;

— Art et Littérature, par M. Joseph Bedier, de l'Académie française ;

— Philosophie et Sciences économiques, par M. Pirenne, de l'Institut ;

— Biographie et action religieuse, par Dom Fabien Dutter, abbé auxiliaire de Cîteaux.

Les personnalités les plus représentatives de la pensée française et étrangère, parmi lesquelles figurait le délégué du Ministre de l'Instruction publique, célébrèrent à l'envi, durant trois jours, les divers aspects du génie de l'illustre abbé de Clairveaux, y compris et surtout celui de sa prodigieuse vie surnaturelle.


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Le Révérendissime Père Dom Jean-Baptiste Ollitrault de Kery: vallan, abbé général, honora de sa présence toutes les séances, ainsi que le Très Révérend Père Dom Maur Phelan, abbé du MontMelleray, en Irlande, accompagné du Révérend Père Ailbe J. Luddy, de son monastère, auteur de la première traduction en langue anglaise des oeuvKes de saint Bernard et de sa première vie vraiment complète, écrite, en la même langue, par une plume catholique et religieuse *.

Le congrès avait été ouvert par une messe abbatiale, célébrée, à la cathédrale Saint-Bénigne, par le Très Révérend Père Dom Fabien Dutter, et au cours de laquelle, le Très Révérend Père Dom Anselme Le Bail, abbé de Notre-Dame de Scourmont, avait donné le sermon.

Il s'était clôturé par un pèlerinage à Fontaines-les-Dijon, Cîteaux et Fontenay.

Cîteaux, en ces solennelles et magnifiques assises, bénéficia, pour la plus grande gloire de Dieu et pour l'édification des profanes, du surcroît de notoriété que lui avait valu son abbé auxiliaire.

En 1930, l'Ordre inscrivait à son palmarès le Centenaire du doctorat de saint Bernard 2.

Toutes les maisons rivalisèrent de zèle et de piété. Mais il appartenait à l'archi-monastère de Cîteaux, chef de l'Ordre, d'apporter la gerbe la plus riche et de commémorer, avec un éclat particulier, le glorieux anniversaire, aux lieux mêmes où saint Bernard novice avait trempé son âme.

Les fêtes jubilaires avaient été quelque .peu retardées, de manière à les faire coïncider avec la réunion du Chapitre général plénier, et à leur donner ainsi un caractère d'hommage collectif et solennel.

Organisées par les soins attentifs du Très Révérend Père Dom Fabien Dutter, elles comportèrent, les 9, 10 et 11 septembre, un triduum, dont les cérémonies se déroulèrent dans une atmosphère de ferveur et de beauté liturgique incomparable, avec la partiel

1. La seule section de S. Bernard enregistra 49 communications, dont celles des Très Révérends Pères Dom Edmond Obrecht, abbé de Gethsémani, Dom Alexis Presse, abbé de Tamié, Dom Anselme Le Bail, abbé de Cliimay, et des R.R. PP. Joseph Canivez, de Chimay, et Othon, d'Acey.

2. Voir notre ouvrage Saint Bernard, docteur de l'Eglise. Fé"tes du. premier Centenaire à Cîteaux et dans l'Ordre des Cisterciens S. 0. .


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pation de son Eminence le cardinal Maurin, primat des Gaules, archevêque de Lyon, de leurs Excellences Mgr. Ruch, évêque de Strasbourg, et Gonon, évêque de Moulins \ du Révérendissime Père Dom Herman-Jh. Smets, abbé général, des Très Révérends Pères Capitulants — et en présence d'une foule de notabilités ecclésiastiques et laïques.

Cependant, Dom Fabien, esprit pratique et réalisateur, se révélait surtout homme de gouvernement intérieur. Il voulait que, selon l'esprit des premiers Pères, ses religieux vivent de leur travail de moines agriculteurs. Pour cela, il développa le cheptel, la basse-cour et le jardin, s'attacha à sélectionner les animaux, à mettre sur pied une fromagerie modèle et à améliorer les méthodes de culture, de manière à obtenir le maximum de rendement.

En même temps, pour remédier au nombre insuffisant de frères convers, ménager les forces de ses religieux et permettre aux choristes de sauvegarder les obligations primordiales de Yopus Dei, l'abbé auxiliaire de Cîteaux développait l'outillage pour réduire la main-d'oeuvre au minimum : à la ferme, où il installait la traite électrique, la distribution rapide du fourrage et l'enlèvement automatique des fumiers ; au potager, qu'il faisait travailler à la Somua et qu'il dotait de pompes et d'arrosoirs, mécaniques ; à la buanderie, pourvue de la machine à laver à vapeur reconnue, après études, la plus pratique ; dans les ateliers de fer et de bois, où tours, perceuses et enclumes s'activaient à l'appel d'un simple contact électrique...

V

PROCUREUR GÉNÉRAL - L'ACCIDENT - LA MORT LES OBSÈQUES

D'autres projets allaient prendre corps, quand le Chapitre général de 1932, s'inclinant devant le légitime désir de Dom Robert Lescand d'abandonner, en raison du déclin de ses forces, ses fonctions de Procureur général, jugea avec raison que Dom Fabien Dutter, qui, depuis 1913, occupait l'emploi de définiteur, et qui possédait, outre une connaissance approfondie de l'Ordre, une

1. Éloigné de son diocèse par d'impérieuses obligations, Mgr Petit de Julieville, évêque de Dijon, avait dû se résigner à n'être présent que de coeur et de prières.


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vaste science canonique, le don des langues, une expérience solide, était tout indiqué pour tenir le poste qui devenait vacant.

Ce ne fut pas sans un profond serrement de coeur que Dom Fabien accueillit l'annonce de la haute et délicate charge qui lui était confiée et la nécessité qu'elle entraînait pour lui d'abandonner l'administration de son cher Cîteaux. Mais, soldat discipliné et religieux obéissant, il ne formula aucune objection et, au début de novembre, il se mettait en route pour Rome, avec le Révérendissime Pcre général Dom Herman-Joseph Smets 1.

Immédiatement, il se donna entièrement à son nouveau rôle, avec ce sens du travail ordonné, de l'étude objective des questions, de précision de l'expression, de discrétion et de souplesse dans les démarches, qui était dans sa manière.

Pour son édification et pour l'enrichissement de sa documentation spirituelle, il assista, toutes les fois qu'il le pût, aux grandes manifestations de l'année jubilaire ; et, à diverses reprises, alors que_, d'ordinaire, il se bornait, dans sa correspondance, au strict nécessaire ou à quelques formules pieuses de politesse et de charité, ses lettres de cette époque traduisent l'enthousiasme provoqué en lui par la splendeur des cérémonies et la piété recueillie des pèlerins.

Quand juillet arriva, le Révérendissime Père Dom Smets, contraint de demeurer encore quelque temps à la curie généralice, dépêcha en France Dom Fabien pour le suppléer dans la visite régulière de quelques monastères, assister comme notaire à l'élection canonique de l'abbé de Briquebec 2, et se rendre ensuite aux fêtes du premier centenaire du monastère, de Mont-Melleraye, en Irlande.

Mais ce programme ne devait pas se réaliser jusqu'au bout. Dieu, en ses insondables desseins, se réservait une prochaine intervention dont, par une mystérieuse prévenance de sa bonté, il donna le pressentiment à l'intéressé.

Celui-ci, en effet, apparut à tous ceux qui l'approchèrent alors,

1. Son successeur à Cîteaux fut le R.P. Godefroid Bélorgey, originaire ae Pouilly-en-Auxois, prieur de Chimay, ancien officier de l'armée active, qui se révéla tout de suite dux idoneus in militia Christi, et qui, un an après, était nommé abbé auxiliaire et béni, le 14 septembre 1933, avec le titre bourguignon de La Bussière.

2, En remplacement de Dom Louis Kervingant, victime, au mois de juin, d'un accident d'automobile.



SEPT-FONS


CITEAUX



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singulièrement préoccupé des choses de son àme et comme hanté, dans son esprit, par l'idée d'une catastrophe où il terminerait sa carrière terrestre. -

Ainsi, le Maître de l'éternité détachait son serviteur des misérables contingences du temps.

Le lundi 7 août, Dom Raphaël Gouraud était élu abbé de NotreDame de Grâce de Bricquebec. Désireux d'apporter l'hommage de sa dignité aux pieds de l'Ordinaire du lieu, il avait pris la route de Coutances, en compagnie de Dom Fabien Dutter et de Dom Berchmans, abbé émérite de Port-du-Salut.

L'auto, dont, il tenait le volant, roulait à vive allure entre La Haye-du-Puits et Lessay quand elle entra en collision avec une auto-camion, débouchant subitement de la route d'Angoville et se dirigeant sur La Haye. Le choc fut terrible, Dom Fabien fut tué sur le coup, tandis que Dom Raphaël était atteint à la poitrine et Dom Berchmans aux cuisses. La circulation intense sur la route de Cherbourg-Coutances amena sur le champ des automobilistes qui s'empressèrent auprès des victimes, et, peu après: M. le curé d'Angoville et M. le doyen de La Haye-du-Puits, qui put faire une onction générale à Dom Fabien ; MM. les docteurs Ovide et Tassigny, qui demandèrent une ambulance à Saint-Lo ; le Révérend Père Etienne, prieur de Bricquebec. Informé de la catastrophe par M. le curé d'Angoville, Monseigneur les rejoignait sans délai. Quel douloureux spectacle s'offrit à ses yeux !. Dom Raphaël respirait avec peine ; Dom Berchmans, appuyé sur le talus, ne pouvait faire un mouvement ; et, soulevé le voile qui recouvrait son visage, Dom Fabien apparaissait tuméfié et scalpé. Au nouvel élu, Monseigneur, profondément ému, dit sa cordiale sympathie ; il entendit Dom Berchmans lui exprimer le regret de n'être pas à la place de Dom Fabien, dont il déplorait, pour l'Ordre tout entier, l'irréparable perte. Résignés à leur sort, les deux Révérends Pères Abbés, par leur foi profonde, édifiaient les témoins de cette scène tragique. L'ambulance n'arrivant pas — on allait apprendre qu'elle aussi avait été tamponnée au carrefour de la rue Octave-Feuillet et de la rue de la Marne à Saint-Lo et son chauffeur gravement atteint à la tête ! — des camionnettes reconduisirent à Bricquebec, avec l'autorisation préfectorale, le corps de Dom Fabien, et amenèrent à Coutances, à la clinique des religieuses Augustines, les deux blessés.

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Le docteur Guillard, après un minutieux examen de Dom Raphaël, reconnut inutile une intervention chirurgicale. Le sternum était brisé, lès poumons perforés, et la vie n'était plus qu'une question d'heures. M. le chanoine Grandin demeura au chevet du moribond, lui prodigua tous les secours que son amitié et son ministère pouvaient lui assurer : l'aide corporelle, les sacrements de l'ExtrêmeOnction et de l'Eucharistie. A 9 heures, le mardi, peu de temps après avoir reçu une nouvelle visite de Monseigneur et offert sa vie pour sa Communauté, il entrait dans le coma et mourait à 11 h. 15 !. '

La nouvelle de l'épouvantable catastrophe dans laquelle l'Ordre cistercien avait perdu son Procureur général provoqua, dans toutes les Maisons et chez les très nombreux amis de Dom Fabien, la plus profonde et la plus douloureuse émotion ; et télégrammes et lettres affluèrent de toutes parts à l'adresse du Révérendissime Père général, le premier et le plus intimement atteint, exprimant les sentiments de condoléances les plus émues, évoquant du disparu « la bonté et la délicatesse », « l'esprit si ouvert et le coeur si accueillant », tressant une impressionnante couronne de regrets et de larmes.

Ce coup terrible fut aussi particulièrement ressenti par le frère et par la famille de Dom Fabien et par le Très Révérend Père Dom Edmond Obrecht, si étroitement lié au cher disparu, auquel parvinrent des lettres de condoléances des plus hautes personnalités des États-Unis : cardinal Doogerty, archevêque de Philadelphie, plusieurs évêques, etc.

A l'Académie de Dijon, la consternation fut grande, et c'est devant un auditoire nombreux et recueilli que, le 8 novembre, le président, M. Oursel, prononça l'éloge funèbre du membre très respecté et très aimé qui, pour la docte Compagnie, représentait les splendeurs de l'ancien Cîteaux et les vertus du nouveau.

Sa Paternité, Dom Hermann-Joseph Smets, dans une pensée dont la délicatesse fut au coeur de la Communauté de Cîteaux et de tous ceux qu'unissent au cher disparu les liens du sang ou de l'amitié, voulut bien décider que l'inhumation du Très Révérend

1. Dom Berchmans décédait à son tour quelques mois plus tard, après de terribles soulïrances et dans des sentiments admirables de résignation à la volonté divine.


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Père Procureur général se ferait dans le cimetière de l'archi-abbaye, dont il était profès et qu'il avait gouvernée durant neuf années.

Le corps fut donc transporté en Bourgogne, où les obsèques eurent lieu le jeudi 17 août, à 9 heures. .

Dans le presbytère, avaient pris place : au trône, Mgr Petit de Julleville, assisté de MM. les vicaires généraux Burtey et Bullier et de M. le chanoine Bordet, cérémoniaire ; à ses côtés : Mgr Rodié, évêque d'Ajaccio, et Mgr. Brunhes, évêque de Montpellier.

Aux stalles hautes du choeur, se tenaient les Très R.R. P.P. Dom Jean-Marie Clerc, abbé de la Grande-Trappe ; Dom Jean-Baptiste Chautard, abbé de Sept-Fons ; Dom Pierre Wacker, abbé du Mont-» des-Olives ; Dom Alexis Presse, abbé de Tamié ; Dom Alexandre Pontier, abbé des Dombes ; Dom Louis Brun, abbé de Consolation, en -Chine- 1 ; les RR. PP. Dom Godefroy Belorgey, supérieur de Cîteaux ; Dom Nivard Rick, définiteur ; Dom Augustin et Dom Hippolyte, aumôniers des religieuses cisterciennes de la GrâceDieu et d'Igny ; MM. les chanoines Chânlon, Bichot, Deberre, Belorgey, Grapin, Jacquin, Kir, Chevalier, Royer ; MM. les curés doyens Gaudot, Narbonne, Richard, Chevignard, Frelet ; M. le curé doyen de Charmes (Vosges) ; le R. P. Dutouquet, représentant le supérieur des Jésuites ; le R. P. Duplex, supérieur des missionnaires de saint Bernard ; le représentant du prieur des Dominicains ; M. l'abbé Chaume, vice-président de l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon ; M. l'abbé Lesage, délégué de l'école Saint-François de Sales ; les directeurs du Grand Séminaire; MM. les abbés Bourdot et Collette, etc..

Au jubé, s'était groupée la Communauté de Cîteaux.

Outre la famille, représentée par M. Antoine Dutter, ingénieur aux chemins de fer d'Alsace-Lorraine, frère de Dom Fabien, et par MM. Gelb et Schultz, ses cousins, environ cinq cents ecclésiastiques ou laïques garnissaient la choeur et F arrière-choeur, ainsi que la chapelle latérale de gauche 2.

Dans l'impossibilité de faire une énumération convenable, nous nous bornerons à citer : MM. les curés des environs, M. l'abbé Bibus, curé de Stotzheim; le T. C. Frère André, directeur de l'école

1 Dom Bernard Delauze, abbé d'Aiguebelle, malade, avait témoigné de ses très vifs regrets de ne pouvoir venir.

2. Une centaine de lettres d'excuses étaient parvenues à Cîteaux.


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Saint-Joseph ; le général Demetz, le colonel Picard, le commandant Gueneau, M. Dubois, ancien maire de Beaune, président de la Société d'archéologie de cette ville, plusieurs membres de l'Académie de Dijon, MM. de Saint-Seine, de Luppé, Dufouleur, Camille Rodier, de nombreux maires de la région...

Dans la chapelle réservée aux dames et qui se révéla insuffisante, on remarquait : Mme Antoine Dutter, Mme la générale Duplessis, Mme Bony, Mme la supérieure des religieuses de SainteMarthe...

Le Révérendissime Père Dom Hermann-Joseph Smets, abbé .général, auquel des circonstances impérieuses avaient interdit de se rendre, la semaine précédente, à l'inhumation de Dom Raphaël Gouraud, à Bricquebec, célébra la messe avec la ferveur émue du chef qui pleure, en même temps qu'un très aimé compagnon d'armes, le plus dévoué et le plus distingué des lieutenants.

Les graves harmonies et les pressantes implorations du Requiem, la simplicité de l'appareil funéraire : un modeste drap, une mitre, une étole, six chandeliers de bois ; la majesté des cérémonies, chantèrent au coeur des assistants la gloire d'un moine blanc, cueilli, au mois de son triomphe terrestre, par la Vierge Marie, reine et mère de Cîteaux, caput et mater Cistercii.

Après les trois absoutes d'une si magnifique facture, Suscipe, Mémento, Libéra, données : la première par Monseigneur de Mont pellier, la seconde par Monseigneur d'Ajaccio, la troisième par Monseigneur de Dijon, le long cortège quitta l'église et traversa le cloître au son des cloches et au rythme sévère des psaumes pénitentiaux.

Le corps, porté par six Frères convers, fut déposé au cimetière, près de la fosse ouverte en cette terre bénie où, durant près de huit siècles, ont germé tant de saints.

Dans le ciel, un avion, doré par le soleil, tressait d'aériennes couronnes.

Les voix s'élevèrent, autour de la crosse de l'officiant, pour l'appel confiant aux bienheureuses cohortes : Subveniie sancti ; auquel succéda, dans un prosternement général, le cri, trois fois répété sur une note d'angoisse, de l'âme qui se reprend en face de sa faiblesse : Domine, miserere super peccalorem !

A la suite de leur Général, les abbés jetèrent, avec une pelle, en


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traçant le signe de la croix, un peu de terre sur le cercueil ; la Communauté s'inclina, durant le Pater, les versets et les collectes, et regagna l'église en psalmodiant à nouveau les sept hymnes de repentir de David.

VI

UN DERNIER MOT

Qu'il nous soit permis, en terminant, de citer trois témoignages qui nous paraissent résumer admirablement les vertus et les qualités de Dom Fabien.

Le premier émane d'un jeune religieux d'Aiguebelle. // m'est resté de lui, nous écrivait-il, l'impression d'une valeur intellectuelle plus réelle et profonde qu'apparente. Chez lui rien d'extérieur, un aspect calme et froid qui ne se démentait pas, même alors qu'avec infiniment d'esprit il se livrait à la plaisanterie la plus fine, qui déchaînait chez ses auditeurs un rire de bon aloi. J'ai eu deux fois le plaisir de l'entendre au Chapitre parler de la sainte Règle. Je suis encore bien ignorant en ces matières, mais j'ai goûté, néanmoins, la lumineuse clarté avec laquelle il commentait l'oeuvre de saint Benoit. Il la connaissait à fond, l'avait scrutée dans tous ses détails et, quand il en parlait, il semblait que les plus secrètes pensées du grand patriarche apparaissaient au grand jour, comme si lui-même, après un sommeil de quinze siècles, fut venu nous les exposer. Avant mon arrivée, il avait, paralt-il, prêché une remarquable retraite, puisant à la source inépuisable qu'est cette Règle de saint Benoît, considérée comme le parlait manuel ascétique du moine cistercien.

Mais si la science de Dom Fabien se montrait, quoique toujours discrètement, en maintes circonstances, il y avait en lui des vertus cachées que sa modestie dissimulait avec un soin jalouxDerrière un aspect un peu distant, grave et distingué, à l'abri d'une physionomie où le regard un peu fixe, assez intimidant, éclairait un visage aux traits accusés et singulièrement réguliers, rappelant par leur galbe puissant les médailles des grands aristocrates de la Rome républicaine, battait un coeur d'une exquise délicatesse, d'une charité si jeune et si douce qu'elle allait jusqu'à la tendresse.

J'ai été assez heureux pour en connaître indirectement ou directement l'action bienfaisante.


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J'ai ouï dire qu'il réservait à certaines âmes un peu troublées de jeunes religieux, un si bienveillant accueil, que, bientôt, toute timidité se dissipait pour faire place à la plus entière confiance. C'est ainsi qu'il parvint à affermir des vocations, à résoudre des difficultés en apparence insurmontables, à rendre la paix à de pauvres coeurs tourmentés par de pénibles inquiétudes. Ses attentions, quasi maternelles, pleines de charmantes délicatesses, lui gagnaient de fidèles affections.

J'ai pu, moi-même, mesurer l'étendue de sa charité et l'exquise bonté de son coeur en une circonstance inoubliable.

Notre Révérendissime Père abbé général et lui même avaient amené à Aiguebelle, pour tenter un dernier effort de guérison, un Frère convers, le Frère Hubert x, auquel ils s'intéressaient vivement, et qui était miné par une tuberculose sans merci. Ce Frère était un homme supérieur ; il avait été naguère le bras droit de Monseigneur Marre, il. avait admirablement fait la guerre et, après la tourmente, il avait relevé le monastère d'Igny. L'épuisement provenant de la vie des tranchées et le travail surhumain auquel il s'était livré depuis, en avaient fait une proie facile pour la terrible maladie, et il venait à Aiguebelle lentement mourir. J'avais été chargé de lui donner quelques soins et je rencontrais à son chevet Dom Fabien qui, durant des heures, s'entretenait avec lui des choses du ciel.

C'est là, dans cette chambre où la mort rôdait déjà, que j'appris à connaître l'exquise charité et toutes les délicatesses charmantes du coeur de ce grand religieux. C'est dans cette chambre que je liai, avec celui qui lentement y agonisait, une de ces affections scellées par la mort et qui ne peuvent pas mourir.

C'est dans cette chambre que Dom Fabien sentit s'éveiller pour moi cette bienveillance qu'il ne cessa de me témoigner.

Peu de temps avant sa mort, me parlant du Frère Hubert, il me disait : « C'était un saint, ne sentez-vous pas qu'il prie pour nous ? »

Et maintenant, arraché lui aussi à la vie par une catastrophe meurtrière, il dort son dernier sommeil, laissant derrièrelui tout un passé de labeur fécond et de bien accompli. « Pertransivit bene faciendo ! »

1. Auquel nous comptons, un jour, consacrer quelques ligues.


DOM FABIEN DUTTER 91

La seconde appréciation nous a été donnée par le Révérend Père Colin, de l'Ordre du Saint-Rédempteur x :

Les quelques jours délicieux passés dans l'intimité de Dom Fabien, à l'occasion des retraites prêchées à ses moines, m'ont suffi pour découvrir en lui une belle âme de moine : esprit large et très cultivé artiste, théologien, érudit, avec une pointe de malice qui ne nuisait en rien à sa simplicité monacale : d'une sensibilité, d'une bonté et d'une fidélité de coeur, que les dehors d'une certaine austérité et froideur apparente auraient pu cacher à qui ne le connaissait pas intimement. Il est de ceux —■ très rares — qui gagent à être connus, Sa vertu ne portait pas enseigne ! Sa mort subite et tragique — qu'il semblait prévoir — a été une perte sensible pour lOrdre et un deuil cruel pour ses amis.

Le Révérendissime Père Dom Herman-Joseph Smets, abbé général, dira le dernier mot :

Sa pieuse éducation, ses fortes études et les charges importantes et variées que lui confièrent successivement ses abbés généraux, avaient enrichi l'intelligence, l'énergie et le coeur du vénéré-disparu d'une rare expérience, d'une activité prodigieuse et d'une séduisante affabilité, qu'il n'a cessé de mettre en valeur pour la sauvegarde des intérêts les plus sacrés de l'Ordre, et qui lui avaient acquis l'estime et l'affection de tous ceux qui l'approchaient. Aussi nous a-t-il été ravi en plein exercice de ses délicates missions, comme le bon soldai qui tombe sur le champ d'honneur, les armes à la main.

Dans cette courte notice biographique, nous avons tenté de traduire, aussi fidèlement qu'il nous était possible, la physionomie de cet excellent ouvrier de l'oeuvre cistercienne,'reposant désormais, dans le silence de ceux qui attendent le réveil définitif, aux côtés de Mgr Marre, archevêque de Mélitène, abbé général de Cîteaux, dont il fut, pendant seize années, le secrétaire particulier.

Les yeux ouverts sur les splendeurs éternelles, il continuera à animer de son souvenir et à féconder de son intercession l'oeuvre de son esprit et de son coeur.

1. Actuellement recteur de la maison des Rédemptoristes de Gannat.


EN MARGE DE LA VIE DU P. LACORDAIRE

LA FAMILLE DUGIED

par M. l'abbé L. LABOUREAU

ASSOCIÉ

La famille Dugied est une famille bien bourguignonne. Elle paraît avoir son berceau à Genlis. Elle y est pour le moins dès le début du xviie siècle. Son histoire est toute simple, comme celle de beaucoup de familles françaises. Si le nom est resté plus connu, la famille le doit à son alliance avec la famille Lacordaire. En effet, la mère de notre célèbre Dominicain est née Anne-Marie Dugied (1775-1836) et elle est originaire de Dijon.

Quelle est donc cette famille Dugied ? Nous allons voir que la famille Dugied de Pluvault-Longeault est bien celle qui s'est alliée à la famille Lacordaire. Les Dugied de Longeault sont donc les ascendants du Père Lacordaire du côté de sa mère.

En second lieu, on trouve, à la veille de la Révolution, dans une branche de cette même famille, tout un groupe de prêtres apparentés et en relations avec Volfius (1734-1822), l'évêque constitutionnel de la Côte-d'Or. Ces détails sont sans doute pleins d'intérêt pour l'histoire de la Révolution au doyenné de Genlis, il sera plus intéressant encore de savoir si le Père Lacordaire a connu ces prêtres ou s'il en a parlé : ils sont de sa famille.

Donc deux parties : une première sur la famille Dugied elle-même, pour établir, de ce côté, les ascendants du Père Lacordaire ; une seconde sur les prêtres au temps de la Révolution dans la famille Dugied et familles apparentées. En conclusion, nous nous demanderons ce qu'il faut penser de la venue du Père Lacordaire au pays d'origine des Dugied.


Le chanoine HUGUES DUGIED



LA FAMILLE DUGIED 93

Des recherches s'imposaient sur la famille Dugied alliée à la famille Lacordaire. La question nous intéressait d'autant plus que quelques anciens de Pluvault-Longeault gardaient, d'après une tradition du pays, le souvenir de la venue du Père Lacordaire dans cette paroisse. Ils appuyaient leurs dires sur une raison de parenté : « Mme Lacordaire, née Anne-Marie Dugied, serait, non par elle-même, mais par sa famille, originaire de Longeault ». Nous trouvons même affirmation à Genlis. La famille elle-même l'assure. C'est chez elle un souvenir, une tradition qui reste. Jusqu'ici les historiens de Lacordaire ne se sont occupés que de la famille de son père et l'ont suivie à Bussière (Haute-Marne) et à Recey-sur-Ource. Il est vrai que la famille Lacordaire offrait plus d'intérêt en raison du .nom. La famille Dugied n'a fait encore l'objet d'aucune recherche. La raison en est qu'on ne savait pas d'où elle venait. Jusqu'à ces temps derniers, elle était inconnue du Père Noble lui-même. Essayons de la faire connaître.

LES DUGIED, ASCENDANTS DU P. LACORDAIRE

Les Dugied étaient établis à Genlis dès le début du xvne siècle. En 1609, * « un Dugied épouse, en 3mes noces, Huguette Gardey ». Nous ne savons rien de lui. Son fils, Jean Dugied, « laboureur à Janly » (1618), nous est mieux connu ; il épouse, en premières noces, Berthe Bailly, qui décéda le 6 avril 1630, « étant morte subitement après avoir enfanté » un quatrième enfant. La même année, il contracte un second mariage avec Marguerite Mouille'. Rien là qui doive nous étonner. Jean Dugied restait veuf avec trois enfants. Chargé de famille comme il l'était, il se remaria après trois ou quatre mois de veuvage, ce qui se faisait couramment à cette époque, en pareil cas.

Jean Dugied, est, de plus, en 1630, « greffier », puis « substitut en la justice de Janly », c'est sous ces titres qu'il figure dans les

1. D'après un dernier renseignement reçu de M. F. Marion, conservateur adjoint au Musée de Dijon, descendant de la famille. Nous lui exprimons tous nos remerciements. Nous avons eu la satisfaction de constater que les recherches faites ainsi, de part et d'autre, sur la famille Dugied, sont en tous points concordantes — De même avec le R. P. Guihaire. Gonfirmatur précieux.


94. LA FAMILLE DUGIED ,

actes de naissance de ses enfants. Chose à remarquer, c'est une famille qui, de père en fils, fut constamment dans la justice locale : procureur d'office, substitut, juge ordinaire, notaire royal, plus tard, avocat au parlement. Ces fonctions, en petits pays, ne suffisaient pas toujours à occuper et à « faire vivre son homme ». Les Dugied étaient aussi laboureurs, « laboureurs-marchands » comme on disait en ce temps-là. C'était déjà une situation au-dessus des autres qui n'étaient que « manouvriers » et qui ne possédaient rien ou peu. Ces laboureurs-marchands n'étaient pas de bien importants propriétaires, mais le devenaient avec le temps. Ils ramassaient déjà. L'agriculture connut une vraie prospérité toute une partie du xvme siècle. Ce sont ces familles qui, à la Révolution, achèteront des biens nationaux et qui laissent, à leur mort, à chacun de leurs enfants, 20 à 25 journaux de terre. La famille Dugied était une famille considérée et déjà aisée pour son temps.

A cette époque-là, nous sommes dans les familles nombreuses. Du mariage de ce Jean Dugied avec Marguerite Mouillet, il y eut neuf enfants. Parmi, ceux-ci, cinq viennent s'établir à PluvaultLongeault et à Beire-le-Fort. Entre autres : .Antoine Dugied, que nous trouvons, en 1681, substitut du procureur d'office à Pluvault. Il avait épousé Anne Berthaud, veuve de Claude Morvau lui aussi « lieutenant en la justice de Longchamp ». Antoine Dugied meurt le 6 octobre 1692 à Longeault.

Son frère, Adrien Dugied, né à Genlis, le 20 août 1646, vint aussi se fixer à Longeault, auprès de son frère Antoine. Il est d'abord « greffier à la justice de Pluvault », puis notaire royal au même lieu où il meurt, le 11 janvier 1720, à 75 ans.

Le troisième, Emilland Dugied, né aussi à Genlis, en septembre 1641, va s'établir comme laboureur au pays voisin, à Beire-le-Fort. C'est là qu'il meurt, le 13 décembre 1699, à «environ 60 ans». Tous trois étaient déjà fixés dans ces divers pays avant 1678. Ils y sont donc venus dans la seconde moitié du xvne siècle.

Deux seulement vont retenir notre attention : Adrien Dugied, le notaire royal de Pluvault et Emilland Dugied, le laboureur de Beire-le-Fort ; deux noms à retenir, l'un et l'autre vont constituer chacun une branche importante de la famille Dugied. Voilà pour l'origine première de la famille. Elle débute à Genlis avec le père de ce Jean Dugied d'abord * lieutenant de la justice de Janly » au


LA FAMILLE DUGIED 95

début du xvne siècle. C'est le premier jalon posé par la famille et Genlis est le pays des ancêtres.

Cinq des enfants, nous l'avons dit, sont venus s'établir à Pluvault-Longeault et à Beire-le-Fort. C'est le second jalon posé par la famille. Ce sont aussi de nouvelles souches.

Adrien Dugied (1646-1720), le notaire royal de Pluvault, a épousé Marguerite Mercier, de laquelle il eut de nombreux enfants ; pour le moins sept. Parmi eux, un second Jean Dugied, comme son grandpère ; il est né le 20 mai 1678 et, selon toute vraisemblance à Longeault. Sa mère Marguerite Mercier est du pays. Nous trouvons Jean Dugied en 1702 « élève à Dijon » (la famille s'élève, celui-là fait des études) ; puis « clerc à Dijon » (entendons, clerc de notaire), enfin vers le même temps, « praticien à Longeau ». Il y a son frère François (1688-1724) qui vient après lui et qui succédera à leur père Adrien Dugied comme « notaire à Longeau ». Ce fut le dernier notaire de Pluvault. D'ailleurs il n'exercera pas longtemps. Son père meurt le 11 janvier 1720, à 75 ans, et lui à 36 ans, le 2 décembre 1724. Il laissa quatre enfants. De ces enfants sortit néanmoins une très nombreuse descendance à Pluvault-Longeault. La famille subsiste encore.

Voilà donc les Dugied bien installés, après Genlis, à PluvaultLongeault. Nous aurons à revenir à Jean Dugied « le praticien à Longeau » et à François Dugied, son frère « le notaire royal à Longeau ».

* * *

Si au début du xvme siècle, vers 1703, nous nous transportons à Auxonne, nous allons y trouver une nouvelle famille Dugied, et tous ces Dugied sont encore.notaires, ou magistrats. C'est, comme vous le savez, l'ascendance directe des Dugied-Lacordaire. Le père d'Anne-Marie Dugied, femme Lacordaire, est un François Dugied qui vint d'Auxonne s'installer à Dijon. Nous allons suivre la descendance de cette famille auxonnaise. Ne serait-elle pas un troisième jalon posé par la famille Dugied de Genlis et de Pluvault ? Toute la question est là. Nous allons être fixés sur ce point.

Le chef de la famille d'Auxonne s'appelle aussi Jean Dugied


96 LAfFAMILLE DUGIED

(1678-1732). Il est venu se fixer dans cette ville en 1703. Il est « procureur et notaire royal au bailliage d'Auxonne ». Il se marie le 27 novembre 1703 à Notre-Dame d'Auxonne, avec Jeanne Verdelet, dont le père était aussi notaire royal et procureur. au même bailliage. Jean Dugied mourut relativement jeune, vers 1732, âgé d'environ 54 ans. Il eut plusieurs enfants. Pierre-Hugues Dugied lui succède. Il a été nommé au même office le 25 septembre 1732 avec dispense de la chancellerie : « il a 23 ans, 7 mois moins quelques jours » au lieu de 25 ans l'âge réglementaire.

Pierre-Hugues Dugied (1709-1777) est né à Auxonne le 3 mars 1709. Il prit donc la suite de son père comme procureur et notaire à Auxonne. Il ajouta de nouvelles fonctions à ces dernières. En 1774, il est aussi « avocat au Parlement, demeurant à Auxonne, juge ordinaire en la justice de Soirans-Foufîrans et Pluvet >;. Il épousa Geneviève Rétif, une famille d'avocats demeui'ant à Noyers. Ils eurent une nombreuse famille, huit enfants. Nous en voyons deux seuls survivre : François qui succéda à son père et Henriette qui ne se mariera pas.

Nous avons là un de ces nombreux exemples de l'effrayante mortalité des petits enfants et m»me des mères, constatée si souvent au xvne et au xvine siècle (pour ne parler que de ces deux siècles). Les familles nombreuses sont fréquemment issues de deux mariages. La mère meurt à la peine laissant 5 ou 6 enfants. Un nouveau mariage vient compléter d'autant la famille. Les exemples sont nombreux. Sur ces 12 ou 13 enfants, il en nîeurt souvent près de la moit'é, il reste 5, 6, 7 enfants. Chez les gens aisés, il en" est bien qui meurent en nourrice. C'est que l'hygiène manquait totalement dans les foyers pauvres qui acceptaient ces petits enfants. Les familles nombreuses et éprouvées que nous pourrions citer ne manquent pas dans nos régions. Nous nous sommes donné la peine de les relever au passage. Pour celle de Pierre-Hugues Dugied qui nous occupe, au moment du règlement des affaires de fanrlle où figurera Mme Lacordaire, des huit enfants, il ne restera que deux représentants pour toute la famille : François et Henriette Dugied. Cette dernière est la tante de Mme Lacordaire et Pierre-Hugues Dugied, son grand-père.

Avec François Dugied (1738-1781), nous sommes un peu plus en pays connu. Il est le petit-fils de ce Jean Dugied, le chef de la


LA FAMILLE DUGIED 97

famille auxbnnaise et aussi le père de Mme Lacordaire. Il est né à Auxonne le 11 janvier 1738; et quand maître François Dugied se marie, le 22 avril 1766, à la cathédrale Saint Etienne de Dijon, avec Marguerite Malechard, il avait quitté Auxonne et habitait Dijon où il était avocat au Parlement. Sa soeur Henriette (17391829) était sans doute venue se fixer auprès de lui avant son mariage. Par la suite, elle resta à Dijon. Son domicile nous est connu, elle habitait rue des Carmélites. Elle avait de plus une résidence d'été à Plombières-les-Dijon. C'est une propriété qu'elle avait achetée elle-même. C'est là qu'elle meurt, le 11 mars 1829, à 90 ans. Il y avait longtemps que son frère François était mort. Il décéda subitement le 10 octobre 1781, à Bellenot, près de Pouilly-en-Auxois, âgé d'environ 43 ans. De son mariage avec Marguerite Malechard il eut de nombreux enfants dont quatre ont survécu et qu'il nous faut connaître parce qu'il en sera question : c'est Geneviève Dugied, l'aînée (15 juillet 1768) qui restera à Plombières avec sa tante Henriette dont elle sera l'héritière ; Pierre-Hugues Dugied (5 juillet 1771) qui se retira à Paris et est mort de bonne heure, laissant un fils ; AnnesMarie Dugied (29 mai 1775) qui fut la mère du Père Lacordaire ; enfin Pierre-Henry Dugied i"4 novembre 1778) qui fut préfet de Digne. Il se retira ensuite à Dijon.et à Strasbourg,

Voilà dans ses grandes lignes, la famille Dugied d'Auxonne et de Dijon. Elle comprend trois générations : Jean Dugied, PierreHugues Dugied et François Dugied, le père de Mme Lacordaire.

La question qui, dès lors, nous intéresse, est de savoir quels rapports de parenté, il peut y avoir entre la branche de PluvaultLongeault dont Adrien Dugied, le notaire est le chef, et la branche d'Auxonne dont Jean Dugied est, de son côté, la tête. Il n'y a aucun doute possible. Il y a des rapports et des rapports d'étroite parenté. Les faits sont là pour les établir.

Tout porte à croire que la famille Dugied d'Auxonne est originaire de nos pays. Ainsi s'explique qu'elle possède tout un domaine sur le territoire de Pluvault-Longeault, Collonges, et autres pays voisins. En voici quelques exemples. En 1840, le 25 octobre, PierreHenri Dugied, l'ancien préfet de Digne, retiré à Strasbourg, et


98 LA FAMILLE DUGIED

frère de Mme Lacordaire, vend à Jean Parisot, père, à Pluvet, une parcelle de terre de 42 ares 65 sur le finage de Pluvet, au lieu dit « en la Marre ». A la même date, il en vend deux autres sur le finage de Collonges. à Pierre Parisot-Matiron de Pluvet, l'une de 25 ares 72 « au Champ Courbe » et l'autre, de 41 ares 40, « au Champ aux Chevaux». Pierre-Henry Dugied avait fait déjà des ventes précédentes. Nous ne savons si ses affaires ont toujours été bonnes. Il fut préfet de Digne en 1818. Il n'y fut pas longtemps. En 1829, marié à Willehmine de Lopzbeck, il était à Dijon directeur des Assurances mutuelles contre la grêle et l'incendie. Le 2 novembre de cette même année, il vendait encore à Antoine Quenot. jeune, de Pluvault, une autre parcelle de terre au lieu dit « la Croix Blanche ». Bien entendu, ces familles et tous ces lieux dits sont bien connus dans ces pays. On pourrait citer encore d'autres exemples.

Toutes ces terres de Pierre-Henry Dugied, nous savons, par actes notariés, d'où elles viennent. Elles lui viennent par héritage de son père François Dugied, avocat à Dijon, et par testament de sa tante Henriette Dugied, propriétaire à Dijon et à Plombières. En effet, deux testaments découverts nous mettent fort bien au courant de la situation.

Le premier testament, du 23 décembre 1818, est d'« Henriette Dugied, célibataire, demeurant à Dijon, rue des Carmélites t. Elle donne à « Pierre-Henry Dugied, son neveu, actuellement préfet, de Digne », la moitié du domaine de Collonges et de Pluvault qu'elle possède avec lui indivis. Ce qui nous intéresse, c'est que « Anne-Marie Dugied, veuve Lacordaire, sa nièce » et le fils d'Hugues Dugied, son neveu aussi, ne reçoivent pas de terre, mais chacun 3.000 francs. Geneviève Dugied, l'autre nièce, qui habite avec la tante, est nommée héritière universelle, ce qui amène cette dernière, demeurant à Plombières — elle aussi célibataire, comme sa tante Henriette — à faire, à son tour, le 18 février 1834, un testament en faveur de sa famille.

Par ce second testament, Geneviève Dugied donne à son frère Pierre-Henry Dugied, ancien préfet, tout le domaine de Collonges (il en possédait déjà la moitié par le premier testament). Sa soeur, Anne-Marie Dugied, veuve Lacordaire, avec ses quatre enfants, n'est pas oubliée. De lourdes charges pesaient sur elle. Son mari, Nicolas Lacordaire, médecin à Recey-sur-Ource, était mort depuis


• LA FAMILLE DUGIED 99

1806. Us eurent quatre enfants : Théodore Lacordaire, né en 1801 et mort en 1870, à Liège, où il fut doyen de la Faculté des Sciences de cette Université. Henri Lacordaire, ne en 1802, à Recey, celui qui deviendra le Père Lacordaire. Léon I^acordaire, né à Recey, en 1803, ingénieur-civil et architecte diocésain. Il fut le créateur, à Dijon, de la place Saint-Bernard. Enfin, Télèphe Lacordaire, né en 1806, il entra dans la carrière militaire. En 1818, ils étaient encore jeunes. Ajoutons Antoine Lacordaire, né d'un premier mariage de Nicolas Lacordaire. Sa veuve demeurait donc avec cinq enfants à élever. Aussi pour parer à cette situation, Mme Lacordaire, par le testament de sa soeur Geneviève Dugied, ne recevra pas de terre, ce qui serait un embarras pour elle, mais un capital de 12.000 francs dont 3.000 francs à chacun des trois enfants : Théodore, Henri et Téléphe. Quant à Léon Lacordaire, le quatrième, qui est filleul de Geneviève Dugied, il reçoit le domaine de Plombières et celui de Treclun près de Pluvault. L'autre neveu de Paris reçoit également 3.000 francs.

Les choses sont claires. La famille Dugied d'Auxonne possédait donc un bien de famille tout autour de Longeault, à Pluvault, à Pluvet, à Collonges, à Treclun. Il n'y a pas de doute que la famille est originaire de ces pays, puisqu'elle est propriétaire d'un domaine qui vient par héritage paternel et par testament. Nous avons dit que si Mme Lacordaire ne possède aucune terre à son nom, elle a reçu un capital en échange de sa part d'héritage.

De plus, les Dugied n'avaient pas que des terres, ils avaient une maison au pays natal, à Longeault même.. Elle a appartenu à ce Jean Dugied, le chef de la famille d'Auxonne. Cette maison est connue, elle porte aujourd'hui le nom de « Vieux Logis ». D'ailleurs Jean Dugied a pris, soin de mettre ses initiales au-dessus de la porte d'entrée de la maison I. D. 1703 (c'est l'année de son mariage). La propriété existait avant lui. Il est possible qu'il ait fait recontruire la maison ; il l'a plutôt agrandie et transformée. A la mort de Jean Dugied, elle passe entre les mains de son fils, PierreHugues Dugied, avocat à Auxonne. Ce dernier eut à soutenir, en 1770, un procès avec son voisin J.-B. Tupin à propos d'un treige qui sépare les deux propriétés. Pierre-Hugues Dugied perdit son procès. Sans doute, pour se débarrasser de celui-ci et d'autres pendants, il vendit la maison le 20 août 1776, au sieur Nicolas


100 LA FAMILLE DUGIED

André, bourgeois à Pluvault. Ainsi fut aliénée la maison de famille des Dugied d'Auxonne. La possession de cette maison familiale pendant plus de 70 ans à Longeault au pays des Dugied semble bien indiquer que la famille vient bien de ce pays. '

Ce qui nous le prouve encore, c'est que nous avons relevé des liens de parenté entre la famille du notaire de Longeault et celle du notaire d'Auxonne.

En voici deux ou trois exemples. Jeanne Verdelet, l'épouse de Jean Dugied d'Auxonne, est marraine, dans la famille, le 21 juillet 1716, à l'église de Premières, de J.-B. Dugied de Longeault. Cet enfant est fils de François Dugied, notaire à Longeault, qui a succédé à Adrien Dugied, son père. Et, plus tard, les petits enfants de ce Jean Dugied d'Auxonne, François et Henriette Dugied, le père et la tante de Mm' Lacordaire, sont tour à tour parrain et marraine chacun d'un « cousin » (le mot y est) et d'une cousine de Longeault, qui, pour cette raison, portèrent les mêmes noms de François et d'Henriette Dugied. La parenté est ici indiquée et, à cette épo'que, ils ont encore la maison familiale. Les gens du pays aussi les demandent. Le 13 octobre 1750, cette même Henriette Dugied est encore marraine à Pluvault de Pierre Mallat, le fils d'un marchand-boucher leur voisin de Longeault. Tant de rapports avec le pays indiquent qu'ils en sont et que, pour les deux familles, celle de Longeault et celle d'Auxonne, il doit y avoir une origine commune.

En effet, les familles Dugied de Longeault et d'Auxonne ont même origine. Quelle est donc leur parenté ? Elle ne peut pas être plus étroite. Jean Dugied le notaire et le chef de la maison d'Auxonne. est le fils aîné d'Adrien Dugied le notaire de PluvaultLongeault.

Jean Dugied d'Auxonne est né le 20 mai 1678, d'après un acte notarié. Nous ne savons si c'est à Longeault ou à Genlis *. Les registres incomplets de l'un et l'autre pays ne nous ont pas permis de retrouver son acte de baptême. Par contre, nous avons celui de son mariage à Auxonne, le 27 novembre 1703. « L'élève de,Dijon »,

1. Vraisemblablement à Pluvault-Longeault.


LA FAMILLE DUGIED 101

« le clerc de Dijon », de 1702 est en 1703 « praticien à Longeau » : «Maître Jean Dugied, praticien à Longeau, fils de maître Adrien Dugied notaire - royal audit Longeau, épouse Jeanne Verdelet d'Auxonne... ». Un an après, naissait le 26 août 1704, non plus à Longeault, mais cette fois à Auxonne, un fils : « Jean-Baptiste, fils de Jean Dugied, procureur et notaire royal au bailliage d'Auxonne et de Jeanne Verdelet son épouse... ». Et c'est la grand' mère « Marguerite Mercier épouse d'Adrien Dugied, notaire audit Longeau... » qui est marraine. Jean Dugied est donc venu de Longeault à Auxonne après son mariage prendre une étude qui passera à ses enfants et petits-enfants. Ce ne fut pas celle de son beau-père, Jean-Baptiste Verdelet, notaire à Auxonne, de 1679-1724, mais celle d'Edme Camuset, notaire de 1673 à 1703.

C'est l'évidence même, la famille Dugied d'Auxonne se rattache très directement à celle de Longeault et la tradition des Anciens n'est donc pas dans l'erreur quand elle affirme que les ancêtres du Père Lacordaire, par sa mère Anne-Marie Dugied, viennent — avant Dijon et Auxonne — de Longeault, leur pays natal où ils y avaient un domaine en terre et une maison de famille. Dès lors, PluvaultLongeault peut donc entrer dans l'histoire du Père Lacordaire au même titre que Bussière, en Haute-Marne ; ils.sont tous deux les pays de leurs ancêtres.

LES PRÊTRES DANS LA FAMILLE DES DUGIED AU TEMPS DE LA RÉVOLUTION

La famille Dugied s'est beaucoup étendue, celle de Longeault et d'Auxonne n'en est qu'une branche. C'est la descendance d'Adrien Dugied, le notaire royal de Longeault et l'ancêtre du Père Lacordaire. Il y avait dans cette famille Dugied de Genlis et de Longeault d'autres enfants, pour le moins huit. Une branche voisine va maintenant nous retenir.

Adrien Dugied (1646-1720), le notaire de Longeault, était né à Genlis en 1646. 11 avait entres autre frères Emilland Dugied (1641-1699) un peu plus âgé et né aussi à Genlis en 1641. Ce dernier avait épousé Jeanne Posné — un nom qui est bien de la région. Il était laboureur à Beire-le-Fort, un pays tout voisin et à peu près à égale

12


102 LA FAMILLE DUGIED

distance de Longeault et de Genlis. Je passe. Son petit-fils, Guillaume Dugied (1695-1764), se marie en 1729 à Genlis, à Claudine Maillard, dont le père Joseph Maillard était « maistre de la poste aux chevaux à Janly ». Guillaume Dugied prit la succession de son beau-père et depuis, la charge se passe de père en fils jusqu'au delà de la Révolution. Voici donc une branche de la famille Dugied qui retourne se fixer au ,pays de ses pères à Genlis. Guillaume Dugied en devient le chef et le chef d'une nouvelle et nombreuse famille qui ira s'étendre, comme la première fois, sur les pays voisins, en particulier, à Collonges, à Premières, où le nom subsiste encore. On désignera toujours cette famille par son chef « Guillaume Dugied, le maître de poste de Genlis ».

Une remarque qui a son intérêt : dans la branche des DugiedLacordaire de Longeault et d'Auxonne, nous ne trouvons dans cette descendance, du moins à notre connaissance, pas un prêtre, jusqu'au Père Lacordaire. Il est vrai que les Dugied ne passaient pas pour être « sages ». Dans la nouvelle branche des Dugied de Genlis, nous allons en rencontrer plusieurs. La Révolution ne leur fera pas du bien à tous.

Guillaume Dugied, le maître de poste, eut cinq fils. L'aîné des enfants, encore un Adrien Dugied 1732-1777) — ce sont toujours les mêmes noms qui se répètent dans les familles — épousa à son tour la fille du maître de poste de Norges-le-Haut, Elisabeth Pélissonnier. Ce sont de mêmes familles. C'est de ce mariage qu'est né Hugues Dugied (1758-1837) le premier prêtre de. la famille, beau portrait d'ecclésiastique, comme le montre notre photographie 1 et belle figure de prêtre que la Révolution ne vint pas ternir. Né à Genlis, le 12 mars 1758, il est prêtre en 1782 et presque de suite nommé secrétaire de Mgr du Chilleau, dernier évêque et comte de Chalon-sur-Saône. Il est chanoine de Tournus. En juin 1791, il est arrêté pour avoir contresigné un écrit de son. évêque. L'arrestation ne semble pas s'être maintenue. Il accompagne en exil son évêque qu'il ne quitte pas ; et quand, après sa démission tardive d'évêque de Chalon, Mgr du Chilleau sera nommé archevêque de

1. Il porte le costume du temps, après la Révolution, celui que portait souvent Lamennais. On connaît le portrait que le P. Lacordaire a fait de son maître : J Qu'on le place dans une assemblée d'ecclésiastiques avecxsa redingote brune, sa culotte courte et ses bas noirs, on le prendra pour le sacristain de l'église ».


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Tours, le chanoine Dugied l'y suivra et sera nommé par Sa Majesté, en 1819, «au canonicat vacant en Regale dans le chapitre métropolitain sur la présentation de M. le grand Aumônier», puis, le 14 octobre de la même année vicaire général. Il restera dans cette même ville de Tours jusqu'à sa mort, le 3 avril 1837, même après le décès de son évêque protecteur.

Le chanoine Dugied fit d'assez fréquentes apparitions à Genlis et à Norges où on le voit prendre part aux grands événements de la famille : baptêmes, mariages, décès. Il en signe les actes. Il était connu à Genlis et certainement plus avantageusement que son cousin, Jean-Baptiste Volfius, Vévêque constitutionnel de la Côte d'Or. Leur parenté mérite d'être signalée. Elle ne l'a pas été jusqu'ici. Ce n'est pas le moins curieux de rencontrer Volfius sur notre route et de le voir allié à la famille Dugied. Lui aussi venait régulièrement à Genlis quand il était encore professeur au Collège des Godrans, il y avait une résidence depuis 1784. Il serait intéressant de savoir, pour nous et pour l'histoire de la Révolution au doyenné de Genlis, quelle part d'influence a eu cet homme sur les prêtres du voisinage et sur leurs décisions, dans une région qu'il devait mieux affectionner que d'autres et où il y avait quasi des liens de parenté. Par sa présence à Genlis, son influence, est certainement incontestable. Bien des curés l'ont suivi et, pour quelques-uns, les partisans ont dépassé leur chef, ce que nous allons voir dans la famille Dugied elle-même et familles alliées.

Volfius était parent du chanoine Hugues Dugied. Il était plus âgé de 20 ans; l'un était du 8 avril 1734 et l'autre, le chanoine, du 12 mars 1758. La mère de l'évêque constitutionnel était Marie Pélissonnier, de Blaisy-Bas. Des recherches suivies nous ont montré que la famille Pélissonnier que nous avons vue à Norges, venait de Blaisy-Bas. Il n'y a même pas longtemps qu'elle est installée à Norges, aux alentours de 1730. Les Pélissonnier de Blaisy sont notaires comme les Dugied de Longeault et les Pélissonnier de Norges sont maîtres de poste comme les Dugied de Genlis, deux familles identiques. Marie Pélissonnier, la mère de Volfius et Elisabeth Pélissonnier, la mère du chanoine H. Dugied, sont cousines issues de germains. Bien que séparées, les deux familles de BlaisyBas et de Norges-le-Haut restaient en rapports. Jean Pélissonnier, le notaire royal de Blaisy, assistait à Norges au mariage de sa petite


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nièce Elisabeth. Il signe l'acte de mariage qui porte d'ailleurs qu'il est « l'oncle à la mode de Bourgogne » de la mariée, indication précieuse pour un chercheur. Telle est la famille. Les deux prêtres, l'évêque Volfius et le chanoine Dugied se sont connus — il est à croire qu'ils ont été en relations — même si, dans la suite, leurs destinées furent différentes : ce qui serait intéressant de retrouver. Volfius venait à Genlis où il avait une modeste propriété. Petite maison du xvme siècle, située derrière le presbytère auquel elle touche, faisant face à Fancienne église et à l'ancien cimetière. Elle est désignée à Genlis sous le nom de « Maison Tardy », il n'y a pas de doute à ce sujet. Nous en savons l'histoire et nous en connaissons l'origine et les propriétaires. Elle fut achetée, par acte passé à Genlis, le 1er octobre 1784, par damoiselle Marie-Thérèse Volfius, pour la nue propriété, et par le sieur J.-B. Volfius son frère, pour l'usufruit par bail à vie qui lui a été passé. Pourquoi Volfius, prêtre au diocèse de Dijon, a-t-il fait choix de Genlis à cette époque au diocèse de Chalon ? Blaisy-Bas n'est guère plus éloigné de Dijon que Genlis. Il semble que ce soit par parenté ou par relation de familles alliées ou connues. En tout cas, Volfius aimait cette résidence de Genlis. Devenu évêque constitutionnel de la Côte-d'Or, il venait s'y consoler des déboires et des désillusions que lui apportait chaque jour la Révolution. C'est même là qu'il se retira après sa démission. Nous en trouvons mention dans les délibérations du Conseil municipal de Genlis. Le 3 fructidor an V (20 août 1797), le Conseil délibère que la fête pour le renouvellement de l'année républicaine commencera par un discours, qui sera prononcé par le citoyen Volfius, ex-évêque de Dijon, dans la ci-devant église de Genlis : « un tir à la cible sera organisé et le prix consistera en un chapeau décoré de la cocarde nationale, ensuite on dansera autour de l'arbre de la Liberté ». On trouve encore cette, mention à la même date : « le citoyen Claude-Alexis Millet, ministre du culte à Genlis et le citoyen Volfius ex-évêque de Dijon, résidant à Genlis, prêtent serment à la République ».

Nous ne pouvons nous étendre sur Volfius, son histoire serait longue. Elle se résume moins facilement que celle de son cousin, le chanoine Dugied. Il a eu bien des torts. Il fut un faible. Il ne mérite pas cependant la réputation de mécréant qu'on lui fait. Il fut révolutionnaire pour avoir cru à la Révolution, comme beau-


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coup d'autres prêtres, dans laquelle ils ne voyaient que la loi substituée « à l'autorité arbitraire, le règne du peuple à celui des grands, l'ancienne discipline de l'église à celle introduite par une longue suite d'abus ». Volfius fut surtout un gallican. Il a eu tort de pactiser avec la Révolution. II avait cru la guider, la diriger et comme la convertir à l'idée chrétienne, il a été débordé par les événements. Il y a déjà assez de griefs contre lui : sa nomination d'évêque intrus, son sacre par Goblet à Paris, ses relations avec l'abbé Grégoire, son attitude schismatique à l'égard de Rome, ses compromissions de toutes sortes avec la Révolution, ses faiblesses jusqu'à livrer ses lettres de prêtrise, ce qui ne fut pas sans remords, sa rétractation qu'il ne fit que tout à fait sur la fin de sa vie. Il s'y mit à deux fois, il la fit quand même et dans les termes voulus par Rome, lien a trop fait pour être jamais reconnu évêque par le Saint-Siège. Malgré tout, il avait gardé sa foi entière. Si après sa rétractation, il ne dit plus sa messe —■ on dirait qu'il ne s'en reconnaît plus digne à la vue de son passé —- il assiste chaque jour à la messe à la cathédrale Saint-Bénigne. C'est là qu'on le trouve. Tout schismatique qu'il fut; il reconnaît au Pape une certaine autorité, comme une primauté d'honneur sur les autres évêques. Aussi Volfius lui fait part de sa nomination d'évêque, pour laquelle, naturellement, il ne reçut.aucune réponse. Et quand l'Eglise constitutionnelle de France voulut, en 1801," tenir son concile à Paris, il fut un des rares évêques constitutionnels à demander qu'on en prévint le pape et à blâmer l'attitude du Concile à l'égard de Rome. Il était resté gallican avant tout. Ce qu'il faut ajouter encore, c'est qu'il a toujours gardé une vie et une conduite tout à fait dignes et qui apparaît au-dessus de tout reproche ; ce qui ne fut pas toujours autour de lui, pour ne citer que Chaussier et Carion — et pas même à Genlis. Il y trouvait là d'autres prêtres, tous plus ou moins apparentés entre eux qui n'ont pas eu, au cours de la Révolution, même dignité de vie.

Volfius devait, plus tard, en 1809, revendre sa maison de campagne à Jacques Dugied de Genlis. Nous retrouvons donc la famille Dugied et nous allons faire connaissance avec d'autres parents. Ce Jacques Dugied était un ex-chartreux de l'abbaye de Champmol de Dijon — les chartreux avaient une maison et un grand domaine à Longchamp et à Premières — et il était cousin


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germain, par son père, du chanoine H. Dugied, dont nous avons précédemment parlé et dont l'attitude fut tout autre que ce dernier pendant la Révolution. Le 23 novembre 1792, « le citoyen Jacques Dugied, ci-devant Chartreux à Dijon, prête le serment civique à Genlis ». Il se retira quelques années à Dijon, occupé à un commerce, et ne reprit jamais sa place parmi le clergé. If est possible qu'il se soit rétracté, nous n'en avons pas vu mention. Il est mort jeune et selon toute vraisemblance (ce point reste à vérifier), dans cette maison de Volfius qu'il avait récemment achetée. Il était né le 26 novembre 1766 à Genlis. .

A nommer encore, par suite d'une alliance scandaleuse avec les Dugied, cet autre cousin germain du chanoine et de l'ex-chartreux, Toussaint Pignant. Né à Premières, en 1760, il est prêtre en 17831784, vicaire à Lamarcbe, puis « à Saint-Gengoult-le-Royal en Maçonnais » ; en 1790, il est curé constitutionnel de Chagny. Il se retira, pendant la Révolution, à Longeault, et se rétracta sincèrement en 1809, mais il ne pouvait penser à retrouver sa place dans le clergé diocésain. Il resta au pays encore quelques années après sa rétractation. Il le quitta sans qu'on puisse savoir ce qu'il est devenu, ni où il est mort.

Nous en ajouterons un autre : Pierre Proteau, cousin germain, par sa mère, de l'ex-chartreux Jacques Dugied. Né à LabergementFoigney, en 1764, il fut ordonné prêtre peu avant la Révolution. Vicaire à Fauverney et ex-curé de Rouvres, il se retira, pendant la tourmente, dans un petit hameau de Genlis, c'est dire que le malheur des temps ne le trouva pas fidèle à ses engagements de prêtre. Il se rétracta lui aussi dans la suite, sans qu'il pût reprendre aucun ministère.

Ce sont bien des cas dans une même famille ; sont-ils dus à l'influence de Volfius ? Ce ne sera pas trop s'avancer de-dire que son exemple d'évêque.et sa présence à Genlis où il était connu de tous ne furent pas étrangers à ces décisions. L'Église constitutionnelle ne brilla pas par l'éclat de ses vertus et Volfius ne pouvait pas être bien fier, même des siens et de ceux qu'il connaissait. Il pouvait se dire que tous n'ont fait que le suivre, même s'ils l'ont dépassé. Il est à remarquer qu'il y eut toujours des prêtres au doyenné de Genlis pendant la Révolution. Volfius n'y fut sans doute pas étranger. Il y eut assez peu de prêtres réfractaires dans ce doyenné, cinq ou


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six qui tous quittèrent leur paroisse, mais par contre bien des prêtres constitutionnels, qui le furent plutôt par expédient que par conviction. Ils furent la majeure partie. Ils n'ont jamais été des militants. Il n'y eut heureusement assez peu de défection, sinon celles que nous venons de signaler et encore ils n'étaient pas tous du doyenné.

Et pour clore cette liste un peu noire, et pour faire honneur au nom de Proteau, comme le chanoine fait honneur au nom de Dugied, en voici un dernier de la même famille, Honoré Proteau. Il est né à Longeault, le 27 septembre 1735. C'est encore un parent. Il est l'oncle à la mode de Bourgogne de Pierre Proteau, l'ex-curé de Rouvres. S'il n'est pas parent des autres, il les a tous connus, car il est du pays ; et Volfius qu'il voit à Genlis et qui deviendra son évêque, et le chanoine Dugied, et l'ex-chartreux Dugied qui sont de Genlis et qu'il a connus enfants, et Pignant, l'ex-curé de Chagny, qu'il retrouve, retiré dans son pays natal. Prêtre en 1760, Honoré Proteau fut vicaire et curé de Genlis de 1761 à 1766. Il était en relation avec toutes ces familles, alliées entre elles et à la sienne. Il ne resta pas à Genlis. La Révolution le trouve curé de Longecourt au même doyenné. Il fait comme beaucoup, en 1791, un serment restrictif qui. est rejeté. Il demande un passe-port pour Lausanne et reste en Suisse. Cependant quand il apprend que la loi met sous séquestre les biens des émigrés et que les scellés sont apposés chez lui, il rentre en France pour satisfaire à la loi et fait valoir qu'ayant quitté le royaume dans la seule vue de voir quelques cantons de Suisse, il est rentré de suite et il demande à ce que main levée des scellés soit faite. Il semble que ce fut fait. Il dut, après, prendre d'autres dispositions. Nous ne le retrouvons qu'en 1803, de retour à la cure de Longecourt. La tourmente avait passé sans que, pour l'honneur de sa famille et du clergé, il ait fléchi. Les Dugied et les Proteau sont familles si unies que les uns ont racheté les autres.

Mais n'est-elle pas curieuse, toute cette descendance de prêtres, cette « cascade » de parenté, cette histoire, on peut dire, d'une même famille où se retrouvent évêque, chanoine, curés, religieux, qui s'ouvre et se clôt sur deux figures de prêtres restés fidèles à l'Église, comme si elles ouvraient et fermaient la parenthèse de la Révolution. On ne pouvait passer sous silence cette branche de la famille Dugied que le Père Lacordaire a pu connaître.


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Il est une chose qui nous intéresserait tous, c'est de savoir la pensée du Père Lacordaire, ce qu'il a pu dire de cette époque, des faits qui concernent la famille, des personnages en causé ; il ne fut pas sans savoir. On en parlait dans la famille ; sa mère fut longtemps avec lui et on sortait de la Révolution. Les faits n'étaient pas oubliés. Oh parlait encore de prêtres constitutionnels et non constitutionnels ; la paix n'était pas encore faite entre eux, elle ne le fut que faute de combattants. Bien plus, il a pu connaître quelques-uns des membres cités, d'autant plus que tous n'étaient pas disparus. Henri Lacordaire est "né en 1802. Volfius est mort à Dijon le 8 février 1822. Henri avait donc 20 ans et il fut jusqu'à cet âge à Dijon. Il a pu même en voir les funérailles. Le chanoine Dugied est décédé à Tours le 3 avril 1837, à 79 ans. Par son passé, il restait la gloire de la famille et portait haut son nom. Si Jacques Dugied l'ex-chartreux trépassa vers 1810-1812, Pierre Proteau, l'ex-curé de Rouvres, ne décéda qu'en 1859, à 95 ans, et Honoré Proteauà Dijon en 1819 à 84 ans et sur la même paroisse que M*" 6 Lacordaire. Certainement le Père Lacordaire n'a pas tout ignoré, d'autant plus qu'il n'était plus enfant quand tous ces personnages disparurent de la scène du monde.

J'ai cherché à savoir et je n'ai pas réussi. Il est vrai que je ne connais pas assez les oeuvres et surtout la correspondance du Père Lacordaire. Je fais appel a plus compétent que moi et leurs réponses seront les bienvenues. J'ai cependant trouvé quelques témoignages intéressants dans la correspondance de famille conservée à la Bibliothèque municipale.

Chacun sait l'opposition que souleva chez ses parents et ses amis la nouvelle si imprévue de la vocation sacerdotale du Père Lacordaire et de son entrée aussitôt à Issy. Tout le monde en est surpris et semble se liguer contre lui ; ses amis dijonnais, son oncle, ses frères, jusqu'à sa mère. Le 31 mars 1824, elle écrit à son fils — il faudrait citer presque toute la lettre, retenons ce passage seulement : « Tu crois contribuer à relever l'autel en lui consacrant les talens que la Providence t'a donné. Mon ami, il y a encore des ministres de la religion bien plus distingué et des orateurs sacrés de grand talens. Mon enfant, il faut sonder les replis de son coeur et voir, si, sous ce voile religieux, ne serait pas caché l'amour propre. Pensestu que la société n'eut pas besoin d'exemple habituel ? Un minis-


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tre des autels le doit par son état et on n'y fait pas attention, hors le cas où-il y manquerait, maisvoir au milieu du monde, un homme et surtout un jeune homme vraiment religieux, c'est une édification continuelle et qui rejaillit sûr la profession qu'il exerce avec tant d'honneur; après un certain nombre d'années, tu arriveras aux places, l'exemple-d'un magistrat vertueux est-il donc sans fruits...» Vous avez remarqué l'incidente au sujet de l'exemple du prêtre : hors le cas où il y manquerait. C'était l'occasion de rappeler les exemples de la Révolution connus de la famille. L'argument portait en la circonstance. On possède six lettres de Mme Lacordaire adressées à cette époque à son fils. Elle revint sans cesse sur sa vocation et son entrée au Séminaire. On n'y trouve pas une seule allusion au passé.

Téléphe qui a appris au collège, par un élève, la détermination de son frère la qualifie d'« aventure » et lui conseille d'en parler à son frère Théodore qui « pourrait bien se fâcher ». Leur mère était une femme vraiment chrétienne, elle se rendit d'ailleurs sans retard aux raisons de son fils. Il peut se faire que, vis-à-vis de ses enfants, même jeunes gens, elle ait voulu garder le silence sur les faits qui concernent la famille, même la famille éloignée. A la suite de ces lettres, nous en trouvons une autre du 4 juin 1824. Elle est d'Henri Dugied, l'ancien préfet de Digne et l'oncle du Père Lacordaire. Il n'a ni la grande foi, ni la réserve de sa soeur, ni non plus les mêmes raisons d'être aussi discret. Il ne craint pas de dire à son neveu ce qu'il pense de sa vocation et de sa. décision. Il lui dira que la vie de prêtre est une vie « contre nature ». Il ne comprend pas qu'on soit prêtre à 24 ans, mais seulement à 50 ans. Vous en voyez les raisons. En le lisant, on s'attend à ce qu'il nous cite des exemples et on croit trouver au bout de sa plume des noms connus. Ce sont ceux de la Révolution et peut-être bien ceux connus de la famille. On est un peu déçu, il se contente de ces simples affirmations sans rien ajouter de plus. Là encore le silence et cependant s'il y a quelqu'un qui pouvait parler librement c'était bien l'oncle Dugied, l'ancien fonctionnaire qui a vu bien des choses. Ce n'est pas sans surprendre.

On dira qu'il s'agit de parents très éloignés et d'une autre branche de la famille, c'est une raison. La Révolution est déjà bien loin, et cependant ne garde-t-on pas, encore actuellement, dans cer-


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taines familles, le souvenir de prêtres qui ont été confesseurs de la foi, ou de curés.de paroisse qui ont trouvé asile chez elles (comme je pourrais en donner un exemple dans ma famille), ou bien même de prêtres qui ne sont pas restés fidèles. On se plaît à parler ouvertement des uns, même aux petits enfants, et on ne parle des autres qu'en petit comité ou sous le manteau de la cheminée. Mais on n'oublie pas. Nous pouvons d'autant mieux faire cette remarque pour la famille Dugied que cette branche latérale rappelle présentement encore, sa parenté ou du moins son origine commune avec le Père Lacordaire. Aussi if nous paraît difficile que le Père Lacordaire n'ait rien entendu dire du passé. Si ce n'est pas au moment de son entrée au Séminaire, ce fut plus tard. Je laisse à ceux qui connaissent mieux les écrits du Père Lacordaire de nous citer les textes où il a pu faire allusion à ces faits de la Révolution. Il ne nommera sans doute personne. Je souhaite seulement que ces pages que nous venons d'écrire sur la famille Dugied permettent d'éclairer ces textes. Notre travail n'aurait pas été inutile.

Vous connaissez maintenant la famille Dugied. Terminons par cette autre question. Le Père Lacordaire est-il revenu au pays de ses pères ? Sa venue à Pluvault-Longeault reste-t-elle certaine ? question toute locale, c'est vrai, mais qui n'est pas sans intérêt pour le public par les personnages qu'elle met en jeu.

Faisons déjà remarquer que la maison paternelle des Dugied à Longeault n'était plus en possession de la famille du vivant du Père Lacordaire. Vers 1820, il approchait 20 ans, et il y avait 40 ans que la maison était passée en d'autres mains. Elle avait été vendue, en 1776, par Pierre-Hugues Dugied, le grand-père de Mme Lacordaire. Elle n'était même plus habitée par un parent. Si donc Lacordaire est venu à Longeault, il n'a pu que voir et visiter l'ancienne maison paternelle, sans y descendre comme parfois on le dit. Voilà un premier point établi.

En second lieu, quels étaient les parents que H. Lacordaire et sa mère pouvaient encore avoir à Pluvault, vers la même époque ? 11 y avait encore des Dugied et des descendants comme eux d'Adrien Dugied, le notaire de Longeault. ("était une parenté des plus éloi-


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gnées. Adrien Dugied (1646-1720), le aotaire n'eut pas moins de sept enfants. L'aîné, Jean Dugied (1678-1732) est celui qui se fixa à Auxonne et qui était le père de Pierre-Hugues Dugied (1709-1777), le vendeur de la maison paternelle. Le fils de ce dernier, François Dugied (1738-1781), avocat à Dijon, était le père de Mme Lacordaire. Adrien Dugied, le notaire, serait donc l'ancêtre du Père Lacordaire au sixième degré. Je ne vous citerai pas de nom. Nous avons établi toute la descendance et nous avons trouvé que ses plus proches parents, de son vivant, ne pouvaient être que des. cousins - du cinquième au sixième degré. Sa famille était restée connue au pays, il y a longtemps qu'elle n'y venait plus. A ce degré de parenté, on ne parle plus de relation de famille. Le Père Lacordaire n'avait donc jamais connu la maison paternelle et il n'avait au pays aucun proche parent. Seule une visite occasionnelle pouvait l'y conduire.

A notre connaissance, aucun document écrit ne parle de sa venue dans cette paroisse. Nous ajouterons même qu'il paraît certain qu'il n'y est pas venu après être entré dans les ordres, ni au cours de ses prédications. Nous ne trouvons à l'église, aucun acte de ministère de sa part, ni mention d'aucune visite. S'il était venu faire quelque baptême, assister à quelque mariage, prendre part à quelque fête et. y adresser la parole, on devrait retrouver sa signature dans les registres paroissiaux et surtout le souvenir en serait resté précis dans la famille et dans la paroisse. On n'aurait pas manqué de rappeler le fait, de le consigner et de préciser les circonstances. On s'en serait fait gloire avec le renom qu'avait le Père Lacordaire. Or, rien de tout cela.

Mais la tradition rapporte que c'est une simple visite qu'il aurait faite en passant au curé de Pluvault qui était alors l'abbé Victor Chocarne. Il fut, en effet, curé de cette paroisse de 1855 à 1860, avant d'être nommé à la cure de Saint-Nicolas de Beaune où il fonda nos Petites Soeurs Dominicaines, garde-malades des Pauvres. L'abbé Victor Chocarne était le frère du Père Bernard Chocarne, l'historien du Père Lacordaire et, avant d'être curé, il avait désiré entrer chez les Dominicains. Le Père Lacordaire s'y opposa toujours, mais ils gardèrent entre eux de grandes relations. L'abbé Chocarne le consulte et va le voir. En 1856, il fait le voyage de Toulouse pour le rencontrer à son collège de Sorèze et nous le trouvons,


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encore en 1860, à Saint-Maximin qui vient de s'ouvrir et à la SainteBaume. C'est à son retour qu'il s'installera à Saint-Nicolas de Beaune. Nous ne trouvons, en ces années, aucune place pour un voyage du Père Lacordaire. Les années 1854 à 1860 sont chargées pour le Père. Il est tout entier à son collège de Sorèze qu'il ne quitte pas, à la fondation de Saint-Maximin et à sa nouvelle charge de Provincial? 1860 est le début de la maladie qui l'emmènera. De plus l'abbé Chocarne a écrit beaucoup, les notes laissées par lui ne font mention d'aucune visite du Père Lacordaire. Encore une espérance qu'il faut laisser de côté jusqu'à plus ample informé.

Et d'où vient ce souvenir persistant du Père Lacordaire à Pluvault. Je crois volontiers à sa venue, et voici comment peut se justifier cette tradition. Ce qui est plus vraisemblable, c'est qu'il est venu, durant sa jeunesse* au pays d'orig ne de sa famille ; ce qui expliquerait que la tradition qui affirme le fait, donne si peu de précision sur ce voyage.

Henri Lacordaire passa toute sa jeunesse à Dijon. Un an ou deux après la mort de son mari (1806), Mme Lacordaire vint se fixer dans sa ville natale avec ses enfants. Henri avait 7 ans, et il restera auprès de sa mère jusqu'à 20 ans. Il ira à dix ans au Lycée, il fera ensuite son droit à la Faculté, il y sera étudiant avec Théophile Foisset, Ladey, Lorain, Boissard. Ce sont ses meilleurs amis. On comprend que Lacordaire, seul ou en compagnie de sa mère, eut la pensée de venir visiter le pays d'origine de la famille ou même voir quelque parent éloigné, d'autant plus que la famille y avait encore des intérêts et possédait tout un domaine à Pluvault, Longeault, Collonges, Pluvet, etc. Le voyage était facile à faire. Longeault se trouve sur la grand'route de Dijon-Besançon, Dijon-Genève, et les diligences s'arrêtaient au pays même. Ce voyage s'explique tout naturellement.

De plus chacun sait que c'est à la Faculté de Dijon que commencèrent à se nouer les bonnes relations de Lacordaire avec Théophile Foisset. Ils faisaient tous deux partie de « la Société d'études » et tous deux y discutaient fort. Foisset avait une soeur aînée Philiberte-Zacharie. Coïncidence curieuse, il se trouva qu'elle épousa en 1804 Denis Ponsot 1, jeune officier, retiré du service qui

1. La famille Ponsot vient de Lamarche-s-Saône. Elle s'établit à Beire-le-Fort en 1733, puis à Longeault en 1756 où elle subsiste encore. Une branche ira se fixer à Pluvet à la Révolution. C'est d'elle que descend la famille de son Excellence, monsieur Henri Ponsot, résident général au Maroc.


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habitait lui aussi Longeault. Le petit Théophile n'avait que 4 ans. Il fut emmené par sa soeur jusqu'aux vacances pour l'aider à s'habituer à son nouveau séjour. Les Foisset habitaient Bligny-sousBeaune, c'est pourquoi, dès ce moment, un attachement plus étroit unit le frère et la soeur. Aussi Théophile Foisset, étudiant ou magistrat venait souvent à Longeault depuis Dijon. Il devint, dans la suite le tuteur des petits enfants de sa soeur. Dans ces conditions, rien ne s'oppose un jour à un voyage en commun des deux amis, Théophile Foisset et Henri Lacordaire ; l'un venant voir sa soeur et l'autre, à l'occasion, le pays de sa famille. Ce voyage de Lacordaire peut donc 'facilement se justifier.

Sans doute ce sont des hypothèses, mais hypothèses qui confirment une tradition du pays. A n'en pas douter, c'est à l'époque de la jeunesse de Lacordaire qu'il faut placer ce voyage à PluvaultLongeault. La correspondance de Théophile Foisset pourrait peutêtre mieux nous renseigner. Souhaitons qu'un jour nous trouvions quelque fait qui puisse donner plus de précision sur ce voyage qui nous paraît pour le moins tout à fait vraisemblable.


FAMILLE DUGIED


LES PRÊTRES dans la Famille Dugied et Familles alliées


FRANÇOIS LANDEL

CURÉ-MAIRE DE BAULME-LA-ROCHE (1789-1791)

par Jean DAGEY

ASSOCIÉ

Le 12 novembre 1789, l'Assemblée nationale constituante décréta la formation des nouvelles municipalités dans toutes les communes de France.

Le nombre des officiers municipaux variait suivant le nombre des habitants (hommes, femmes et enfants) : il devait être de trois, maire compris, pour une population de 500 habitants. C'était le cas pour les deux paroisses de Baulme-la Roche et de Panges, réunies en une seule communauté. L'élection de la municipalité eut lieu, à Baulme, le 7 février 1790, dans la grande salle du Prieuré.*•

La durée des fonctions municipales était de deux années. Le maire, pouvait être réélu pour une nouvelle période de deux ans, puis était inéligible pendant les deux années suivantes.

Le curé Landel fut élu maire. En présence de tous les habitants, les officiers municipaux prêtèrent serment de maintenir de tout leur pouvoir la constitution du royaume et d'être fidèles à la nation, à la loi et au roi.

1. Ce prieuré dépendait de l'abbaye des Bénédictins de Saint-Seine, laquelle jouit, jusqu'à la Révolution, des droits féodaux sur Baulme-la-Roche ; le prieur du dit lieu était l'agent local de l'abbé de Saint-Seine et le gérant des intérêts de la population.

Le prieuré de Saint-Martin, actuellement château de Baulmé-la-Roche, paraît avoir été fondé au xne siècle. Etienne de Fauverney fut le premier prieur (1250) ; il y eut un Gauthier de Cissey (1378) ; le plus célèbre des prieurs fut le physicien Edme Mariotte, né à Dijon (1620-1684).


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Voici le portrait que trace M. Emile Monot, ancien maire de Baulme-la-Roche du curé Lande! : « C'était une belle figure, loyale et sympathique que les électeurs avaient choisie pour présider aux destinées de la vie municipale. . -

Comme tous les prêtres, il avait souffert des abus dont le peuple était victime, et les idées de la Révolution avaient trouvé en lui un terrain tout préparé pour s'y développer. Pendant toute la période révolutionnaire, Landel, par sa parole et par ses écrits va imprimer à la vie municipale, à Baulme, son cachet particulier d'homme d'esprit et d'homme de coeur. Vrai fils de la Révolution, il saura concilier ses devoirs de prêtre et ses devoirs de citoyen. Il a laissé à la mairie de Baulme les registres de la paroisse, écrits de sa main, monu- ■ ment historique de haute valeur, retraçant la vie municipale dans la communauté *.

A son arrivée à la mairie de Baulme, en 1900, M. E. Monot trouva, dans le grenier de la maison commune, les feuillets épars de ces registres, quelque peu détériorés par les rats. Son premier soin fut de les recueillir, de les faire réparer et relier. C'est grâce à M. E. Monot que les précieux écrits du curé Landel ont été sauvés de la destruction. Sur sa proposition, par décret du Président de la République, le nom de Landel fut donné à une rue du village.

La première délibération du corps municipal de Baulme eut lieu le 28 février 1790. En voici le compte-rendu écrit de la main de Landel.

Les officiers municipaux de Beaume-la-Roche et Panges reconnaissant que le premier usage qu'ils devaient faire de leurs pouvoirs et de leur liberté, était d'offrir à l'Assemblée nationale et au roi le témoignage de leur reconnaissance, de leur obéissance, de leur soumission et de leur respect, se sont assemblés dans la salle du Prieuré de Beaume et y ont appelé les habitants des deux paroisses. Là, après lecture faite du discours du roi à l'assemblée nationale, les habitants de la Communauté ont demandé au corps municipal de partager avec lui les profonds sentiments de reconnaissance dont ils étaient pénétrés pour tous les bienfaits qu'ils avaient reçus et pour tous ceux qu'ils recevraient encore de l'Assemblée nationale. Et séance tenante une adresse était rédigée afin de traduire cette reconnaissance populaire envers les représentants de la France nouvelle.

1. Souvenirs d'un Bourguignon, ancien élève de l'École Polytechnique (18571933). Manuscrit de 706 pages (p. 41).

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FRANÇOIS LANDEL

NOS SEIGNEURS,

Les officiers municipaux de la communauté de Beaume-la-Roche et Panges, élus conformément à vos décrets et tous les habitants de ces deux paroisses, réunis à leurs officiers, vous supplions d'aggréer (sic) qu'ils s'acquittent d'un devoir bien cher à leur coeur, en vous présentant l'hommage de leur respectueuse reconnaissance - pour tous les biens que vous avez répandus sur les campagnes et en protestant de leur fidélité inviolable à exécuter et à maintenir vos décrets.

Dégradés de la qualité d'hommes, portant presque seuls le poids, des impôts, accablés encore davantage par la. multitude et la tyrannie des droits féodaux, victimes de toutes les espèces de pouvoirs, la misère et le désespoir semblaient être notre partage. Vous avez brisés (sic) nos fers, Nos seigneurs, vous nous avez élevés à la qualité de citoyens.

Vos décrets vont régénérer nos campagnes ; nos coeurs sont pénétrés de joie et de reconnaissance quand nous pensons à tout le bien que vous nous avez fait, à celui que vous nous préparez encore ; et, quand on nous a lu le discours que notre bon roi a prononcé le 4 du présent mois, nous avons versé des larmes d'attendrissement.

Mais le présent le plus beau, le plus utile que vous ayez fait aux campagnes, c'est l'exemption de la dîme. On veut nous faire croire que nous serons obligés de la racheter. Des hommes, ennemis sans doute, ont répandu ces bruits. Mais nous ne croirons jamais, nos Seigneurs, que vous vouliez reprendre le don que vous avez fait, ou rendre votre bienfait inutile et illusoire, car nous ne devons attendre de votre sagesse que des bienfaits réels et durables.

Continuez, nos Seigneurs, à assurer le bonheur de la France. Nous protestons de payer tous les impôts avec fidélité et même avec joie dès que les riches les partagent avec nous et nous jurons de nouveau, comme nous l'avons déjà fait, de sacrifier nos vies mêmes pour le maintien de vos décrets salutaires. Puissiez-vous bientôt, après vos glorieux et pénibles travaux, puissiez-vous pouvoir jouir, au milieu de l'effusion de notre reconnaissance, de la récompense la plus douce de toutes, celle d'être témoins du bonheur des campagnes dont vous serez les auteurs.

Suivent les signatures, puis cette déclaration :

Et ceux qui ne savent signer regrettent de ne pouvoir tracer les sentiments dont leurs coeurs sont animés.

Droits féodaux 1. — Le 24 octobre 1790, au sujet des droits féo1.

féo1. droits étaient prélevés par le prieur, agent local de l'abbaye de SaintSeine.


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daux, le curé-rriaire Landel expose aux administrateurs de Dijon que ces droits consistent en :

Un cens de six sols huit deniers par chaque frétage de bâtiments ; deux sols par chaque soiture de pré ; un sol par journal de terre ; une poule appelée poule de coutume que chaque ménage payait tous les ans le jour de carnaval ; trois livres par chaque ménagé; cent livres que les habitants payaient depuis l'abolition du four banal pour avoir le droit de manger du pain cuit dans leur four ; ce sont là des.droits onéreux sous le poids desquels les habitants gémissent depuis si longtemps, mais qui tombent avec lé régime féodal qui en était la source 1.

Ces droits qui dérivent de la charte de grâce, faite le 13 mars 1723, ne sont pas des droits au vrai sens du mot, car ils n'ont pas été établis, comme le démontre la lecture de la charte, comme une compensation en échange d'une concession de fonds. Ils n'étaient qu'une servitude personnelle 2.

Droit de jambage.

Pour ce qui est des trois livres par ménage, la tradition du pays, écrit Landel, est que cette somme était en remplacement du droit ridicule et odieux de jambage. Mais en lisant les titres des vénérables, on voit qu'ils se faisaient donner pour chaque mariage un quartier de mouton ou de pourceau suivant la saison. On voit en même temps que les habitants ont toujours opposé un refus constant et opiniâtre à se soumettre à un droit aussi injuste ; car, que ces trois livres soient en remplacement du droit de jambage ou des quartiers de mouton ou de pourceau, ce droit n'en était pas moins une servitude personnelle injuste et odieuse car si quelque chose doit être libre et exempt de l'ombre de la servitude, c'est assurément la société conjugale et ce droit dont on parle l'asservissait et la flétrissait.

Quant aux cent livres que les habitants payaient pour avoir le droit de cuire leur pain, non dans le four banal, mais chez eux, il résulte que malgré la suppression de ce droit, les habitants ont éprouvé encore un préjudice réel parce que les religieux ou prieurs qui se servaient des bois des habitants pour chauffer le four banal, ont obligé ces mêmes habitants à renoncer à la propriété de ces bois, comme on peut le voir dans le traité qui en a été fait le 2 mars 1742 par le notaire Molle l'aîné, et déposé aux Archives de Dijon. Ainsi les vénérables chauffaient le four banal avec le bois des habitants

1. Les 100 livres pour le rachat du four banal faisaient 493 fr. 60 de notre monnaie ; les 6 sols 8 deniers pour les bâtiments équivalaient à 1 fr. 60.

2. La question de l'origine de ces droits est un problème historique fort intéressant.


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qui payaient encore les frais du chauffage. On voit par là que les vénérables ont toujours été fidèles à la maxime de ne pas amoindrir leurs droits, mais de les accroître, et qu'après avoir joui eux et leurs prédécesseurs de certains prétendus droits, le temps suffisait pour dire : je l'ai acquis.

A la vente des biens ecclésiastiques, les habitants de Baulme s'engagèrent solidairement à réunir la somme de 20.000 livres « représentant la juste valeur du prieuré, du moulin et des terres et prés formant l'ensemble des^ biens du Prieur». Ils adressèrent à ce propos une requête à l'Assemblée nationale ; mais cette démarche resta sans effet. Le domaine fut acquis par M. Lucan, de Dijon, pour une somme inférieure à celle qu'offraient les habitants.

Le curé-maire Landel s'efforça de faire appliquer les lois et décrets votés par l'Assemblée nationale. Il prit des mesures de police pour éviter les incendies dus à la négligence et ordonna la fermeture des cabarets durant les offices, les habitants étant tenus d'y assister, sous peine d'amende.

Après la désignation de trois délégués pour représenter Baulme à la fête de la Fédération nationale du 14 juillet, à Paris, Landel monta en chaire et prononça ces paroles :

Il ne faut pas confondre la vertueuse liberté qui respecte toutes les lois avec la licence qui enfante tous les vices et tous les désordres. Je vous engage à conserver dans vos coeurs les sentiments d'une vive reconnaissance envers nos Augustes Représentants et envers notre bon roi qui ne trouve de bonheur que dans celui de son peuple. Je vous exhorte à remonter à la source de tous les biens et à remercier Dieu qui protège l'empire français et couronne tous vos voeux. Le bonheur que vous désirez sur la terre ne sera que le gage de celui qui vous sera donné au ciel.

Après la bénédiction du drapeau, une messe solennelle fut célébrée au cours de laquelle le curé-maire lut le décret de l'Assemblée nationale relatif au serment civique, serment qu'il prononça le premier, sur l'autel, en ces termes :

Je jure devant l'être suprême que je serai toute ma vie inviolablement fidèle à la Nation, à la loi et au Roi, queje défendrai de tout mon pouvoir la constitution du royaume, que je respecterai et ferai respecter autant qu'il sera en moi la pureté, la liberté et les propriétés de tous les citoyens.


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Le sieur curé annonça ensuite que tous les citoyens qui prononceraient le serment à la porte de l'église lèveraient la main en disant : ;< Je le jure •■>, et que ces mots renfermeraient tous les engagements. Cela fut fait en passant sous le drapeau, de midi à midi un quart, alors que les cloches sonnaient à toute volée. Le chant du Te Deum termina cette grandiose manifestation. Le recensement de la population du 4 septembre 1790 donna les résultats suivants : Beaume, 79 feux y compris les ouvriers du haut fourneau et 342 individus ; Panges, 26 feux et 157 individus.

Un emprunt de 58 livres fut fait par la commune à la fabrique pour l'achat d'un drapeau (40 livres) et pour indemnités aux délégués, envoyés à Dijon, dans le but de nommer les députés devant se rendre à Paris, pour la prestation du serment fédératif, le 14 juillet 1790 (18 livres).

Constitution civile du. clergé. —• Conformément au décret de l'Assemblée nationale, du 27 mars 1790, la prestation du serment par le curé-maire eut lieu le 30 janvier 1791. Voici le procès-verbal de la cérémonie.

Ce jourd'hui, trente janvier 1791, le Conseil général de la commune de Beaume-la-Roche ayant été averti le dimanche 23 janvier par François Landel au prône de la messe paroissiale et par Pierre Pasquier, secrétaire-greffier, le 28 janvier, que le dimanche suivant, 30 janvier, le dit Landel prêterait à la messe paroissiale le serment décrété le 27 novembre 1790, les membres du dit Conseil, après avoir entendu la messe célébrée par le dit Landel curé, se sont avancés devant la balustrade qui sépare le coeur (sic) du sanctuaire, où était le dit Landel curé qui, avant que de finir la messe a déclaré en présence du dit Conseil et de ses paroissiens assemblés, que le serment qu'il allait prêter était pour lui l'accomplissement d'un devoir qui lui était prescrit par sa conscience et par l'obéissance qu'il devait à la loi, puisque l'Assemblée nationale avait en vertu du pouvoir qui lui était confié par la nation le droit incontestable de lier par la religion tous les citoyens à la constitution, et que cet engagement était fait pour établir la tranquilité (sic) et le bonheur dans l'empire, et faire de tous les Français une société de frères et d'amis en établissant dans l'État une unité politique qui est le plus ferme soutien d'un empire et la source de sa gloire et de son bonheur.

La constitution civile du clergé, bien loin de porter atteinte à la religion, comme veulent le faire croire les ennemis de la régénération publique, ne détruit que le despotisme, les richesses, le lUxe, l'oisiveté et tous les abus qui déshonoraient et affligeaient l'Église et


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rétablit au contraire la religion dans un état de pureté et de simplicité qui fit la gloire de l'Église dans les beaux siècles où elle brillait non' de l'éclat des richesses qu'elle condamne, mais de l'éclat de ses vertus dans lequel elle doit toujours rester, puisque la religion est sortie ainsi parfaite des mains de son Auteur. La constitution. civile du clergé n'est que la réforme du clergé.

Outre ces motifs qui parlent à la conscience, l'obéissance à la loi prescrit le même devoir puisque lorsque la loi parle et commande, le citoyen doit se taire et obéir ; celui qui ne se soumet pas à son autorité est à la fois rebelle et coupable.

Après avoir ainsi exposé ces principes et manifesté les sentiments" dont il était pénétré, le sieur curé a prêté le serment en ces termes •

Je jure de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui m'est confiée, d'être fidèle à la nation, à la. loi et au roi et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par le roi.

Après quoi le curé a exhorté les paroissiens à ne jamais oublier qu'ils étaient chrétiens et citoyens. Que comme chrétiens ils devaient être inviolablement soumis aux lois et aux vérités de la religion sainte dans laquelle ils devaient vivre et mourir.

Comme citoyens, ils devaient être fidèles à la Nation dont ils étaient les membres et à la loi qui devait les conduire au Roi, chef de la Nation.

Pour lui, curé, il déclarait de nouveau qu'il voulait vivre et mourir dans le sein de l'église catholique, apostolique et romaine, et qu'il remplirait avec zèle les devoirs d'un bon citoyen et d'un sincère ami de la Constitution qui régénérait l'État et l'Église. La messe finie, les membres du Conseil général ont passé à la sacristie pour y signer le présent procès-verbal.

(Suivent les signatures ; deux membres déclarent ne pas savoir signer).

Le 11 juillet 1791, il fut procédé à la conscription volontaire de la garde nationale de Beaume.

Le 14 juillet suivant, lés citoyens armés et non armés, et les officiers municipaux prêtèrent ce serment. :

Nous jurons d'employer les armes remises en nos mains à la défense de la patrie, à maintenir contre tous les ennemis du dedans et du dehors la constitution décrétée par l'Assemblée nationale, et à mourir plutôt que de souffrir l'invasion du territoire français par des troupes étrangères, et de n'obéir qu'aux ordres qui seront donnés en conséquence des décrets de l'Assemblée nationale. Nous jurons en outre, en mémoire de la fédération du 14 juillet 1790, de rester inviolablement unis à tous les Français par les liens indissolubles de la fraternité.


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Publication de la Constitution française. — Le 16 octobre 1791, la publication de l'acte constitutionnel ayant été annoncé la veille et le jour suivant par le carillon des cloches, le dimanche matin, à 6 heures, le tambour battit la générale, les troupes nationales se mirent sous les armes à dix heures et se rendirent à l'église ayant le tambour et le drapeau à leur tête. Le sieur Landel, curé et maire, célébra une messe solennelle. Au cours de l'office, il monta en chaire, ayant l'évangile d'une main et la constitution de l'autre, et prononça ce discours :

Chrétiens et citoyens, voilà deux livres que je vous présente : l'Évangile.et la Constitution.

L'un est l'ouvrage de Dieu, l'autre l'ouvrage des hommes. L'un renferme les oracles de la sagesse divine, l'autre renferme les maximes de la sagesse humaine. L'Évangile nous a délivrés de la tyrannie des passions, de l'esclavage du péché et nous procure la liberté des enfants de Dieu qui consiste dans la pratique de la justice et dans l'obéissance aux lois divines.

La Constitution nous délivre de la tyrannie, du despotisme, de l'esclavage qui nous opprimait, et nous procure la liberté civile qui consiste à vivre sous l'empire des lois. A Dieu ne plaise, mes frères, que je compare la Constitution à l'Évangile, puisque, l'ouvrage des hommes ne doit pas être mis en comparaison avec l'ouvrage de Dieu.

L'Évangile, ce livre sacré et divin, ce code éternel des vérités saintes que nous devons croire et des devoirs que nous devons pratiquer est autant au-dessus de la Constitution que le ciel est au-dessus de la terre. L'Évangile ne peut ni changer, ni être réformé. Le ciel et la terre passeront et les oracles sacrés qu'il renferme ne passeront pas, tandis que la Constitution peut être réformée, même changée. Elle existe aujourd'hui, dans dix ans elle peut être changée puisque la nation a le droit incontestable de changer la constitution au lieu que l'Évangile est aussi invariable que la volonté de Dieu qu'il renferme.

Mais je dois vous faire observer, qu'il y a dans la Constitution des principes d'éternelles vérités, des principes consacrés par la religion, tels sont ceux qui établissent l'égalité, la liberté des personnes, le respect des propriétés.

Tels sont les droits que nous avons reçu (sic) de Dieu même, et que la justice garantit. Mais faites-y bien attention, nos devoirs sont à côté de nos droits, car si tous les hommes naissent, et demeurent libres et égaux en droits, si nos personnes et nos propriétés sont des objets sacrés sur lesquels personne n'a le droit de porter une main criminelle, nous devons respecter les droits, la liberté, les personnes et les propriétés d'autrui. Jouissons de nos droits, mais remplissons nos devoirs, que l'un soit invariable de l'autre,


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Mais souvènons-nous que nous sommes= chrétiens, et que nous devons joindre aux vertus sociales la piété envers Dieu, la tempérance ' à l'égard de nous-mêmes, en un mot vivons avec piété, avec justice, avec tempérance, alors nous serons tout à la fois chrétiens et citoyens.

Le Te Deum fut chanté à l'issue des vêpres. Les officiers municipaux et les troupes ayant le tambour et le drapeau en tête se rendirent, après l'office, sur la place publique où le curé-maire lut à haute voix le texte de la constitution et prononça le serment civique ; il tut également prononcé par les officiers municipaux, les citoyens et les troupes nationales ; une salve générale termina la cérémonie.

Sur le soir on alluma un feu de joie au pied d'un arbre autour duquel on avait entassé beaucoup de bois. Monsieur Rameau, propriétaire à Baulme-la-Roche, fut prié d'allumer le feu, ce qu'il fit avec joye, et tandis que le feu brûlait, le sieur Landel fit partir plusieurs fusées qui excitèrent la joye des spectateurs, et qui semblaient porter au ciel le sentiment de leur joye et de leur reconnaissance. M. Rameau fit ensuite apporter plusieurs bouteilles de vin qui furent partagées entre les spectateurs. M. Rameau bu (sic) et invita les citoyens à boire à la santé de l'Assemblée nationale constituante, à celle de l'assemblée actuelle, à celle du roi, du prince royal et de tous les citoyens bons patriotes. Après la cérémonie chacun se retira chez lui pour se livrer au sommeil et y goûter les douceurs du repos que ne connaissent point les ambitieux, les égcïstes et les contrerévolutionnaires.

Signé : Landel, les officiers municipaux et le secrétaire

Renouvellement des officiers municipaux. —.Le 20 novembre 1791, après, deux ans d'exercice, eut lieu le renouvellement des officiers municipaux. Il fut procédé par la voie du scrutin à la nomination d'un président. Le sieur Landel curé, ayant obtenu la majorité des suffrages fut proclamé président par le président d'âge qui, après l'élection du secrétaire-greffier, invita les citoyens à prononcer avec lui le serment d'être toujours fidèles à la nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout leur pouvoir la constitution décrétée par l'Assemblée nationale constituante et de choisir en leur âme et conscience ceux qui leur paraîtront les plus dignes de la confiance publique et les plus capables de remplir les fonctions civiles et politiques qui leur seront confiées. Le sieur Jean Guijenet, ayant obtenu 25 suffrages sur 29 votants, fut proclamé maire.


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Le curé Landel abandonnait ses fonctions de maire 1 ; il continua de tenir à jour les registres de la paroisse « apportant ainsi à la municipalité, comme le dit M. Emile Monot, l'autorité morale qu'il avait su prendre sur ses administrés. Depuis deux ans, il avait animé d'un souffle puissant, patriotique, la vie municipale et révolutionnaire à Baulme-la-Roche. Ses discours, empreints, des idées les plus nobles et les plus élevées donnent à la figure de cet homme de bien, de ce curé-citoyen, un relief qui le place bien au-dessus de ses concitoyens dont un très grand nombre ne savaient même pas signer leur-nom ».

La flamme qui brillait en tête de la paroisse s'est éteinte; les temps héroïques sont passés et l'animateur de la vie municipale a cessé d'élever, par sa parole ardente, ses concitoyens à la hauteur des événements qui se déroulaient pour la formation d'une France nouvelle.

Prestation du serment exigé des fonctionnaires publics par la loi du 18 août 1792. —■ Le 2i octobre 1792, l'an premier de la République française, le curé Landel prononça ce discours :

FRÈRES ET AMIS,

La liberté, l'égalité que nous allons jurer de défendre sont les droits primitifs et les appanages (sic) essentiels de l'humanité dont on ne peut la dépouiller sans la dénaturer et sans l'avilir puisque tous les hommes étant nés libres et égaux, tous doivent vivre libres et égaux dans l'état de société. Nulle puissance sur la terre ne peut les dépouiller de ces droits primitifs et inaliénables qui sont les fondements inébranlables de l'ordre, de la justice, de la paix et du bonheur. Tant que la liberté et l'égalité ont régné sur la terre les peuples ont été heureux, parce que la société était dans l'ordre de la nature ; mais dès que le despotisme eut enchaîné la liberté des peuples, dès que l'ambition et l'orgueil aidés par l'ignorance ou par la force eurent établi des distinctions injustes parmi les hommes, la société se corrompit et les peuples dépouillés de leur dioit devinrent malheureux.

La Constitution française qui avait reconnu et rétabli la souveraineté du peuple a consacré cette maxime que tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ; mais la Constitution laissait encore, des chaînes à la liberté, elle laissait encore subsister

1. Landel était rééligible ; s'il abandonna ses fonctions, ce fut, vraisemblablement, de son plein gré, parce que la Révolution s'engageait dans une voie qu'il n'approuvait point.


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des distinctions qui blessaient l'égalité. La seconde législature et après elle la Convention nationale reconnaissant queL la souveraineté du peuple ne peut exister sans une liberté entière entre les hommes,- sans une égalité parfaite entre les citoyens, ont décrété que la liberté et l'égalité serait (sic) les bases de la nouvelle constitution qui doit rendre au peuple toute sa dignité et faire tout son bonheur.

La légalité et la liberté étant la première loi de la naturelle seraient que nous allons prononcer est donc conforme :au voeu de la nature et a pour objet la gloire et le bonheur du peuple français.

Pénétré de ces sentiments, je jure d'être fidèle à .la nation et de maintenir de tout mon pouvoir la liberté et l'égalité ou de mourir •à mon poste.

Signé : Landel curé, Guijenet maire, Antoine Mortureux procureur, Pasquier secrétaire.

puis tous jurèrent individuellement d'être fidèles à la nation et de maintenir de tout leur pouvoir la liberté et l'égalité ou de mourir à leur poste.

Un extrait du présent procès-verbal, écrit de la main de Landel, fut envoyé au ministre de l'Intérieur, le 28 octobre 1792.

L'inventaire des meubles et effets en or ou en argent de l'égliseeut lieu le 4 novembre 1792. Sur la réclamation de Landel, vraisemblablement, le Conseil général de la commune et tous les habitants demandèrent au directoire du district qu'une petite croix en argent, du poids de trois quarts de livre, restât dans l'église « étant persuadés que son enlèvement serait de nature à exciter les murmures de la commune ».

Renouvellement de la municipalité. — Conformément à la loi, les citoyens actifs furent convoqués le 2 décembre 1792 pour le renouvellement de la municipalité.

A l'unanimité, le curé Landel fut élu président de l'Assemblée ; cela prouve combien ce prêtre était estimé de ses concitoyens. M. Rameau fut élu maire.

Nomination d'un comité de surveillance. — Elle eut lieu le 12 mai 1793, an II de la République une et indivisible, à l'issue des vêpres. Landel, sentant venir l'orage qui s'accumulait sur la tête des prêtres assermentés ou non, sollicita un certificat de civisme. Il lui fut délivré sous cette forme : '

Le Conseil général de la commune certifie à tous que le citoyen Landel, ministre du culte catholique, a résidé sans interruption


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, dans cette commune depuis le 14 juillet 1789 jusqu'à ce jour, et y a constamment donné des preuves du civisme le plus pur et le plus élevé ; il a en outre prêté devant le Conseil général, le fameux serment ordonné par la loi du 27 novembre 1790 et celui ordonné par la loi du 15 août t1§2. Donné en notre maison commune lé 26 mars 1793, l'an second de la République française (suivent les signatures).

Le curé Landel abdique ses fonctions de prêtre. —■ Landel continua l'exercice de ses fonctions de prêtre jusqu'en 1794, mais, à ce moment, les conditions n'étant plus celles du début de la Révolution* dans l'impossibilité où il se trouvait, vraisemblablement, de rester fidèle à ses opinions religieuses et philosophiques, il crut devoir abandonner les fonctions ecclésiastiques. On lit cette déclaration dans les registres de la commune :

Aujourd'hui, 5e jour de ventôse, l'an 2 de la République française une et indivisible et démocratique, a comparu devant l'assemblée du corps municipal le citoyen Landel François, ministre dj culte catholique, en cette commune et celle de Panges, lequel, déférant à l'opinion publique qui proscrit tout culte incompatible avec le gouvernement républicain, a déclaré qu'il abdique sa qualité de ministre du culte catholique, et a demandé acte de la remise qu'il fait présentement sur le bureau de ses lettres de prêtrise, de vicariat et de celle de la nomination à la ci-devant cure de Baulme-la-Roche et Panges, invitant néanmoins les officiers municipaux à lui accorder l'habitation provisoire du ci-devant presbytère de cette commune.

Sur quoi l'agent national entendu :

Nous soussignés officiers municipaux de la commune de Baulmela-Roche, en vertu des pouvoirs à nous délégués, par l'article premier de la loi du 28 brumaire dernier avons reçu et recevons la déclaration du citoyen Landel qu'il abdique sa qualité de ministre du culte catholique, lui avons donné acte de la remise par lui faite présentement sur notre bureau de ses lettres de prêtrise et autres accessoires, et sous l'approbation de l'autorité supérieure avons autorisé le dit citoyen Landel à rester provisoirement dans le ci-devant presbytère de cette commune ; et a le dit Landel signé avec les membres du corps municipal et nous secrétaire-greffier.

Fait en séance publique les jours et ans susdits.

Départ de Landel. — « Le 6 germinal, le citoyen Landel informait le corps municipal, écrit M. Emile Monot, qu'il allait quitter la commune de Baulme-la-Roche. pour se rendre à Montvaudon, municipalité de Leffond, département de la Haute-Saône, où il se proposait de s'adonner au commerce et à l'agriculture.


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Ainsi disparaissait, emporté par la tempête révolutionnaire, l'ex-curé maire Landel. Il laissait à Baulme-la-Roche le souvenir d'un homme de bien, attaché à ses convictions religieuses comme à ses devoirs de citoyen.

Notes biographiques. —■ François Landel appartenait à une excellente, et nombreuse famille de Champlitte (Haute-Saône), localité située à la limite du département de la Côte-d'Or. Ayant leurs ateliers à Champlitte même, les Landel exerçaient la profession de fabricants de drap et de droguet, industrie qui paraît avoir été assez active dans cette région. Cela peut s'expliquer par la nature du sol : autour de Champlitte se trouvent de vastes espaces incultes propres seulement à l'élevage du mouton.

François Landel était le fils de Nicolas et de Nicole Syrodot, dont le mariage avait été célébré, à Champlitte, le 15 juillet 1738.

Voici l'acte de baptême du jeune François, tel qu'il figure sur les registres paroissiaux de Champlitte :

« L'an 1740, le 17 septembre, a été baptisé François Landel, fils de Nicolas Landel, drapier, et de Nicole Syrodot, sa femme, ses père et mère ; a eu pour parrain François Syrodot et pour marraine Françoise Landel.

Le père a signé.

Signé : Nicolas Landel François Syrodot Grand, curé de Champlitte >>.

Les parrain et marraine étaient un oncle et une tante de l'enfant.

Après son départ de Bàulme-la-Rocbe, François Landel se retira, ainsi qu'il l'avait déclaré, à Lefîond, probablement à Montvaudon, hameau dudit Lefîond. Ce petit village, situé à 8 kilomètres de Champlitte et doté d'une modeste église, est construit sur un coteau d'où l'on domine la vallée du Salon. On peut croire que l'ex-curé y possédait une maison ; son grand-père, Jean-Baptiste, ayant été amodiataire de la seigneurerie de Lefîond, devait y résider de temps à autre pour percevoir et engranger ses revenus, lesquels, selon la coutume en vigueur, étaient payés en nature. Une fois rentré dans


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là vie civile, il est probable que François fit valoir ses biens et vendit ses produits. D'après les registres de l'état civil de Lefîond, l'ex-prêtre mourut dans cette localité, le 4 avril 1827, à deux heures de l'après-midi, Il avait donc près de 87 ans et demi au jour de son décès.

Nous devons ces renseignements biographiques à l'obligeance de M. G. Contet, maire de Lefîond, de M, J. Debelfort, maire de Champlitte, et de notre très distingué confrère, M. Pierre Perrenet, membre de l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon, pour qui les Landel ne sont pas des inconnus. Qu'ils nous permettant de les remercier très sincèrement de l'aide précieuse qu'ils ont bien voulu nous accorder.

Notre savant confrère, M. le professeur Henri' Drouot, nous en a fait la remarque : l'attitude prise par le curé-maire Landel à Baulme rappelle celle de l'abbé Barthélémy, curé de Saint-Seine, qui, avant 1789, eut des démêlés avec les religieux de l'abbaye du dit lieu. Or, il existait à Baulme-la-Roche un prieuré dépendant de l'abbaye de Saint-Seine et le curé Landel connaissait, on peut le croire, les démêlés de son confrère.

La nomination de l'abbé Landel à la cure de Baulme-la-Roche s'explique par le fait que Champlitte était un doyenné du diocèse de Dijon depuis la création de ce dernier, en 1731.



TABLE DES MATIÈRES

Extrait des procès-verbaux des séances ix

•- Annexes aux procès-verbaux :

L'épée du musée de Dijon dite du temps de Charles VII,

communication de M. le lieutenant-colonel ANDRIEU. . xi

Un curieux monolithe des environs de Dijon, communication dé'M. GENTY xv

La vie dijonnaise au xve siècle, communication de

M. VOISIN xxni

L'oeuvre du prince Youssouf Kamal, communication

de M. le lieutenant-colonel ANDRIEU xxxi

Un cryptogramme chrétien du 111e siècle, communication

de M. le lieutenant-colonel ANDRIEU xxxvn

La vie dijonnaise au xve siècle. Une affaire de propos

séditieux, communication de M. VOISIN xxxix

Liste académique au 1er février 1935 XLIII

Liste des. sociétés et instituts scientifiques correspondant

avec l'Académie LIX

Notes météorologiques et astronomiques,. par M. BIDAULT

DE L'IRLE LXXII

Mémoires :

Ernest Petit, par M. F. DEBRAND 3

Le chanoine J. Thomas, par M. RÉMY 31

Des effectifs en présence à Granson et à Morat, par M. le

vicomte DU JEU 48

Une curieuse figure d'artiste : Girault de Prangey (18041892),

(18041892), M. le comte de SIMONY 55

Les gens de la Monnaie de Dijon en 1594, par M. H. DROUOT. . 63

Dom Fabien Dutter, par M. le commandant H. CHARRIER ... 67

Dans l'ascendance du P. Lacordaire. La famille Dugied, par

M. l'abbé LABOUREAU 92

François Landel, curé-maire de Baulme-la-Roche, par

M. Jean DAGEY 116


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