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Notice complète:

Titre : Les Colonies allemandes d'Afrique d'après les rapports consulaires anglais

Éditeur : Comité de l'Afrique française (Paris)

Date d'édition : 1916

Contributeur : Chambre de commerce internationale. Comité de l'Afrique française (Paris). Éditeur scientifique

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32963026v

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : In-8° (22 cm), 123 p. [Don 3700-67]

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Description : Collection numérique : Ministères des Affaires étrangères

Description : Collection numérique : Documents diplomatiques

Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique

Description : Contient une table des matières

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5611192m

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-O3-2130

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 21/10/2009

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LES

LONIES ALLEMANDES

D'APRÈS

LES RAPPORTS CONSULAIRES ANGLAIS

PRIX : 3 FRANCS

PUBLICATION

DU

COMITÉ DE L'AFRIQUE, FRANÇAISE

21, Rue Cassette, 21

PARIS.

1916



LES

COLONIES ALLEMANDES

D'APRÈS

LES RAPPORTS CONSULAIRES ANGLAIS

PUBLICATION

DU

COMITÉ DE L'AFRIQUE FRANÇAISE

21, Rue Cassette, 21 PARIS

1916



LES COLONIES ALLEMANDES

D'AFRIQUE

D'APRÈS LES RAPPORTS CONSULAIRES ANGLAIS

I. — TOGOLAND

RAPPORT

sur la Situation économique

du Togoland allemand en 1913 (1)

(Présenté au Parlement britannique en juillet 1914) PAR

M. le capitaine BRAITHWAITE WALLIS Consul Général

Ce protectorat a une superficie d'environ 33.660 milles carrés (87.516 kilomètres carrés) et une population d'environ 1.500.000 habitants (2). Ce n'est pas un pays très riche, bien que le gouvernement allemand ait fait beaucoup pour développer ses ressources naturelles.

Le Protectorat a un littoral très limité et la capitale, Lome, est le seul port d'entrée. Pour faciliter les communications entre les deux ports

(1) Diplomatic and Consular Reports ; n° 5417, Annual Séries.

(2) Dont 368 Européens en 1913 sur lesquels 320 étaient Allemands (Statesman's Year-Book, 1916).


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de commerce, on a construit un chemin de fer qui va de Lome à Anecho tout près de la frontière du Dahomey. Anecho était jadis le cheflieu de la colonie, mais c'est une localité très malsaine et il y a quelques années, à la suite d'une sérieuse épidémie de fièvre jaune, la capitale a été transférée à Lome. Le Protectorat possède trois lignes de chemins de fer et environ 500 milles (804 kilomètres) d'excellentes routes. Voici quelles ont été les recettes et les dépenses du budget local en 1912 et en 1913 :

1912 1913

liv. st. liv. st.

Recettes 187.904 204.823

Dépenses 165.135 213.329

Pour l'année financière 1912 les recettes réalisées par les trois lignes de chemins de fer se sont élevées à 47.119 livres sterling et les dépenses effectuées à 24.631 livres sterling. Ces lignes sont les suivantes:

Lome-Anecho ..... 44 kilomètres

Lome-Palime...... 119 »

Lome-Agbonu..... 163 »

Total.... 326 »

En 1912 les recettes fournies par l'appontement de Lome-ont été de 16.785 livres sterling, tandis que lès dépenses atteignaient 16.635 livres sterling.

En 1913 les recettes des chemins de fer ont atteint 42.215 livres sterling et celles de l'appontement 17.372 livres sterling. On ne possède pasencore les chiffres, pour la même année, des dépenses dès chemins de fer ni de l'appontement.

Agriculture. — L'administration a fait beaucoup pour encourager l'agriculture au Togo. On a incité et aidé les habitants à étendre leurs cultures et on a distribué des récompenses aux.plus


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méritants. Le collège agricole a continué à faire de bonne besogne. On trouvera dans les rapports précédents' des renseignements sur cette excellente institution.

Voici quelles ont été les dépenses: faites pour l'agriculture en 1913 :

Personnel.......... 3.100 liv. st.

Entretien de trois stations 4.000 » »

Inspection mobile........... 3.000 » »

Dépenses diverses.......... 900 » »

Total....... 11.000 liv. st. Importations et exportations. '— L'année 1913


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a été une année mauvaise au point de vue commercial; tant à l'importation qu'à l'exportation, on a constaté un fléchissement sensible. La désastreuse sécheresse qui a sévi sur le pays cette année-là et qui a partout mis en péril, et en quelques endroits, anéanti les récoltes, en est la cause principale. L'indigène, privé du produit de ses terres, n'avait que peu ou pas d'argent à dépenser, si bien que les maisons de commerce tant d'importation que d'exportation ont eu également à souffrir. La diminution par rapport à l'année précédente a atteint pour le commerce total, le chiffre de 80.897 livres sterling : 1.069.336 livres sterling en 1912 et 988.439 livres sterling en 1913. C'est une moins-value sérieuse pour un pays aussi peu étendu.

Les principaux produits du pays sont le maïs, les arachides, le caoutchouc, le coton, l'huile de palme, les amandes de palme, le riz, le cacao, l'ivoire, le café et les noix de coco. Les fruits les plus commuus sont les mangues, les ananas, les citrons, les poires alligators, les oranges, les bananes, etc.

L'huile et les amandes de palme constituent les produits essentiels; on les trouve dans tout le Protectorat. En 1912, il a été exporté 11.639.320 kilogrammes d'amandes de palme valant 168.978 livres sterling et en 1913, 7.139.968 kilogrammes valant 127.905 livres sterling. Les quantités et valeurs de l'huile de palme exportée ont été de 3.337.372 kilogrammes et 70.642 livres sterling en 1912 et de 1.473. 725 kilogrammes et 25.900 livres sterling en 1913. Ces derniers chiffres accusent une baisse considérable.

On n'a constaté par contre aucune diminution dans l'exportation du maïs qui est un des produits les plus importants du Togo. La valeur des exportations a atteint en effet 11.554 livres sterling en1912 et 14.409 livres sterling en 1913.


On constate demême en 1913 une augmentation dans la valeur du cacao exporté. En 1912, 282.982 kilogrammes de ce produit évalués à 12.151 livres sterling étaient sortis de la colonie : ces chiffres ont atteint en 1913 334.904 kilogrammes et 16.660 livres sterling. En 1910, on avait exporté du Togo les quantités de cacao ciaprès :

1910................ 137.045 kilogrammes.

1911.............. 230.956 —

Bétail. — On avait exporté en 1910, 3.191 têtes •de gros bétail, d'une valeur totale de 8.422 livres sterling : et en 1911, 3.086 têtes valant 6.374 livres sterling. En 1912, l'exportation a été de 7.682 têtes et 25.265 livres sterling pour redescendre, eh 1913 à 6.064 têtes et 21.505 livres sterling.

Coton. — L'administration s'est très activement occupée de cette question et, bien que les résultats obtenus n'aient pas répondu aux espé-- rances, ils n'en doivent pas moins être considérés dans l'ensemble comme satisfaisants. Dans les districts où se rencontrent l'huile et les amandes de palme, les indigènes ne se mettent pas volontiers à la culture du coton, ce qui est au fond assez naturel puisque l'huile et les amandes leur procurent, avec moins de peine, des bénéfices plus avantageux. C'est dans les districts de Lome, d'Anecho et d'Atakpame que. le coton réussit le mieux ; mais il resté beaucoup à faire pour étendre; cette culture et en améliorer le produit. Le nombre des moniteurs indigènes chargés d'enseigner les meilleures méthodes de culture s'est accru. Ils reçoivent eux-mêmes l'instruction pratique d'un personnel de spécialistes européens qui varie entre quatre et six unités. Voici quelles ont été les exportations de coton du Togo de 1910 à 1913 :


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1910......... 470.440 kilogrammes.

1911.......... 517.473

1912......... 550.696

1913......... 503.368

On remarquera qu'il y a eu en 1913 une légère diminution dans les quantités exportées. Toutefois, la qualité était meilleure et le coton a obtenu des prix plus élevés. La valeur des exportations des deux dernières années a atteint les chiffres ci-après :

1912........ 25.744 livres sterling.

1913....... 29.101 —

Principales importations en 1912 et en 1913.

VALEURS EN LIVRES STERLING

1912 1913

143.598 117.176

39.480 49.891

39.357 30.713

35.410 31.477

7.902 14.519

14.371 14.048

Fils et tissus de coton. Articles en fer divers

Poissons

Spiritueux divers

Bois de construction. Tabac en feuilles

Principales exportations en 1912 et en 1913.

VALEURS EN LIVRES STERLING

1912 1913

Amandes de palme: 168.978 127.905

Huile de palme 70.642 25.900

Boeufs 25.265 21.505

Coton 25.744 29.101

Caoutchouc 48.786 18.029

Cacao 12.151 16.660

Maïs 11.554 14.409


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H. — SUD-OUEST ALLEMAND

RAPPORT

sur la Situation économique

du Sud-Ouest africain allemand en 1913 (1)

(Présenté au Parlement britannique en juillet 1914)

Par M. le ConsulE. MULLER

Importations et exportations. — Le mouvement du commerce (importations et exportations) de l'Afrique allemande du Sud-Ouest, du 1er janvier 1908 au 30 juin 1913 est représenté par le tableau ci-après :

Années Importations Exportations Totaux

Livres sterling

1908 1.631.300 383.254 2.014.554

1909 1.706.744 1.085 152 2.791.896

1910 2.180.260 1.705.659 3.885.919

1911 2.227.346 1.404.851 3.632.197

1912 1.597.862 1.919.237 3.517.099

1913(2) 916.981 1.434.108 2.351.089

Les importations en provenance des principaux pays en relations d'affaires avec le SudOuest africain allemand ressortent aux chiffres ci-après :

(1) Diplomatic and Consular Reports ; n° 5352, Annual Series (2) Les six premiers mois seulement.


Pays d'origine 1910 1911 1912

0/0 liv. st. 0/0 liv. st. 0/0

Allemagne ... 77,6 1.831 .885 82.2 1.300.038 81.37

Union sud-africaine

sud-africaine 301.819 13.6 194.953 12.20

Royaume-Uni.. 1.8 29.742 1.3 15. 681 0,28

France.. 0,1 310 0,1 157 »

Etats-Unis 0,2 13.751 0,6 53.841 3,37

Autres pays... 5,5 49.829 2,2 33.190 2,08

On remarquera que la part de l'Allemagne dans les importations totales s'est accrue depuis 1910.La différence entre 1911 et 1912 est légère et sans signification spéciale.

Les troubles industriels survenus dans le Royaume-Uni ont eu pour effet de réduire les importations de charbons anglais de plus de 14.062 livres sterling. Sauf cette exception, les importations du Royaume-Uni ont maintenu leur position. Il est à regretter qu'il n'y ait aucune relation directe par steamer avec le Royaume-Uni. Notre commerce avec le Protectorat est en état d'infériorité, du fait qu'il doit passer par Cape Town, ou par un port du continent. Des relations directes accroîtraient notre chiffre d'affaires et les statistiques donneraient une idée plus exacte de son étendue et de sa nature véritable.

La diminution constatée dans le commerce des: animaux vivants provient d'une diminution des importations en provenance de l'Union sudafricaine L'importation du gros bétail a été interdite afin de mettre le Protectorat à l'abri de la fièvre de la côte orientale. Il n'y a pas eu de demande de moutons pour la boucherie, et le manque de capitaux, tant publics que privés, a restreint l'importation des bêtes à laine, des chèvres angora et des autruches en vue de la reproduction. Les chevaux et les mules pour les services militaires et L'administration, qui venaient


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habituelleinent du Cap, ont été achetés en Argentine. Le steamer qui les amena apporta en même temps à Luederitzbuchtun chargement de luzerne qui, sans cela, aurait été au moins en partie acheté dans l'Union. L'accroissement du nombre des chevaux produits sur placé et les économies dans les dépenses des services militaires et de police, en diminuant la: demande pour les remontes, ont de même altéré le total. Enfin le commerce des porcs a fléchi par suite de la diminution du pouvoir d'achat du pays.

Cette situation a persisté pendant toute l'année 1913, Une commande de 1.400 béliers mérinos, destinés à la reproduction, a été placée en Australie de préférence à l'Afrique du Sud. Cet ordre sera prochainement renouvelé. Les éleveurs sud-africains qui ont de bonnes bêtes à vendre devraient s'en souvenir.

Comme le commerce des animaux vivants entre l'Union sud-africaine et l'Afrique allemande du Sud-Ouest est une affaire très importante pour les deux pays, nous croyons devoir relever les ■chiffres dès importations pour 1911 et 1912 :

Importation des animaux vivants dans l'Afrique allemande du Sud-Ouest.

Importations de Importations totales l'Afrique du Sud

1911 1912 1911 1912

Livrés sterling

Chevaux 19.647 15.315 17.007 5.585

Mules et ânes 2.585 18.409 2.003 442

Gros bétail 13.101 29 13.101 29

Petit bétail.......17.020 1.801 9.616 1.534

Porcs... 9.956 6.925 9.616 6.923

Autruches ... 7.279 2.556 4.427 2.556

Volailles......... 1.703 1.487 1.590 1.336

Autres animaux.. 63 134 7 »


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La diminution totale des importations en provenance de l'Union sud-africaine a atteint 106.867 livres sterling, La diminution de 60.580.livres sterling constatée pour l'ensemble des autres marchandises est bien en rapport avee la diminution générale du mouvement commercial.

L'établissement de relations maritimes directes avec les Etats-Unis a contribué à accroître le commerce avec ce pays. Le charbon, qu'il était impossible de se procurer en Angleterre, a été importe des Etats-Unis, qui ont fourni aussi des quantités importantes de farines, d'huiles minérales et de suifs.

Voici quelle a été la répartition des exportations par pays de destination :

Pays 1910 1911 1912

0/0 Liv. st. 0/0 Liv. st. 0/0

Allemagne 82,6 1.197.683 85,2 1.595.661 83,2

Union sud-africaine 0,6 10.779 0,8 17.555 0,9

Royaume-Uni.. 0,1 4.643 0,3 4.074 0,2

France. » 84 » 15

Etats-Unis 7,1 34.755 2,5 103.870 5,4

Autres pays... 9,6 156.904 11,2 198.058 10,3

Les diamants vont en totalité en Allemagne, mais le cuivre est surtout expédié dans des ports non allemands. Une bonne partie s'en va aux Etats-Unis.

Dans mon précédent rapport, l'année 1912 a été décrite — malgré que les importations aient atteint le total le plus faible constaté depuis 1908, — comme une année mémorable. Dans les années intermédiaires les affaires avaient été très actives, par suite de l'introduction de capitaux importants dans des travaux de chemins de fer et de mines. Cet afflux de" capitaux prit fin avec l'achèvement des voies ferrées; en même temps, l'industrie


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diamantifère subissait un temps d'arrêt ; il en résulta une réaction dans les affairés Mais l'essentiel avait été fait en ce qui concerne l'outillage agricole et industriel du pays, et il. suffit d'examiner les statistiques des six premiers mois de 1913 pour s'apercevoir que la crise est passée. Il' n'est pas probable que l'on revoie jamais le minimum atteint en 1912.

Nous avons rappelé plus haut les chiffres du commerce durant le premier semestre de 1913.

A première vue, il peut paraître étrange queles. exportations d'un pays neuf, qui a grand besoin de. capitaux,puissent être relativement plus considérables que les importations. A l'heure actuelle,; l'industrie du diamant, comme l'indiquent les statistiques, est le facteur dominant, mais le nombre des" personnes qui s'y emploient, ainsi que la quantité d'argent qu'elle fait circuler dans le pays, sont en sommé assez faibles, quand on les compare à la valeur des diamants produits. La part: du lion, dans les profits, est pour le budget local et c'est en réalité ce qui paye l'administration civile du pays. En 1911 il y avait eu un léger déficit; 1912 qui paraissait devoir être une année de transition, au cours de laquelle il faudrait être prudent, s'acheva avec des plus-values fort intéressantes; quant à 1913, elle a fait apparaître des plus-values d'environ 800.000 livres sterling.; La majeure partie des plus-values constatées en; 1912 et en 1913 a été consacrée à la. liquidation des dettes contractées antérieurement. En 1914. s'ouvrira un nouveau cycle de; travaux publics effectués sur les ressources courantes; Quant à la. masse dès dividendes payés par les compagnies de diamants elle,va dans la poche d'actionnaires qui hésitent à placer de nouveaux capitaux dans des entreprises locales.

Ces remarques né sont pas mutiles pour faire comprendre comment il peut se faire qu'un sou-


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dain accroissement dans le montant des richesses extraites dès minesde diamant n'implique pas nécessairement une amélioration correspondante dans la prospérité générale du pays.; Les colons; agriculteurs; et par suite la plupart des; commerçants, furent affectés par une sécheresse prolongée, qui aurait eu des conséquences plus3 fâcheuses encore si les lignes de chemins de fer n'avaient, pas été achevées. Et encore, en dépit dès chemins de fer, ç'aurait été une année désastreuse pour beaucoup, si la Banque foncière, dont nous parlerons plus loin, n'avait pas été fondée. La perspective de recevoir enfin de l'aide pour sortir de la crise financière des années précédentes donna du courage et permit aux commerçants de traverser une période critique, alors que l'argent était en Allemagne, rare et cher et tandis que les colons, au lieu de réduire leurs achats, étaient obligés de recourir de plus en plus au crédit.

L'amélioration constatée dans les statistiques de la première moitié de 1913 est due entièrement à l'industrie minière. La plus-value la plus notable porte sur les machines, qui sont passées de 50.783 livres sterling à 122.504 livres sterling. Comme ces appareils permettent d'accroître la production future, on ne sentira l'effet de cet; accroissement que dans les années suivantes. On peut par ailleurs constater l'effet produit sur la rubrique « articles d'alimentation » par la sécheresse qui, en diminuant la production locale, a, provoqué une importation plus active. Les autres rubriques ne nécessitent aucune observation spéciale.

Nous commenterons ci-après, pour chacune des catégories de la production, les statistiques de l'exportation. Elles ne font au reste que confirmer la. situation telle qu'elle ressort de l'examen des statistiques d'importation à savoir


prospérité de l'industrie minière et crise des entreprises agricoles.

Population. —Les dernières statistiques sont celles du recensement du 1er janvier 1913. Naissances et décès mis à part, les principales modifications dans le nombre et la. répartition de la population ont été causées par la dispersion du personnel employé à la construction des chemins de fer et par la réduction et une répartition nouvelle des troupes de la garnison. D'autre part, l'activité plus grande qui s'est manifestée dans l'industrie des mines avant la fin de 1912 a maintenu dans le pays un certain nombre d'ouvriers et d'employés qui sans cela l'eussent quitté. En 1913, les principaux facteurs qui ont agi sur la population ont été sans doute les naissances et les décès.

Le nombre total des personnes de race européenne était au 1er janvier 1913 de 14.830 (14.816 en 1912), soit une augmentation de 14. La garnison comprenait 1.819 hommes (2.171 en 1912), soit une réduction de 352. La population (troupes exceptées) s'est accrue de 366 unités en passant de 12.645 en 1912, à 13.011 en 1913. Le nombre des femmes s'était augmenté de 250. Celui des (enfants de 280, tandis que le nombre des mâles adultes diminuait de 164.

Les militaires inclus, on comptait 10.147 hommes (10.537 en 1912) et 4.683 femmes (4.279 en 1912). Dans ces chiffres sont compris 1.617 garçons et 1.625 filles de moins de quinze ans. L'accroissement du nombre des femmes est l'indice que l'existence devient de plus en plus facile dans le Protectorat et que les conditions sociales s'améliorent.

Le nombre des naissances a été de 494 en 1912 (489 en 1911); celui des décès de 165 (153 en 1911). L'excédent des naissances ressort ainsi à


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329, tandis que le nombre des émigrants a dépassé de 315 celui des immigrants.

En 1911 le nombre des, sujets britanniques provenant du Royaume Uni a diminué de 38 unités (204 à 169) et celui des autres sujets britanniques de 48 (de 1.678 à 1.630) ; le nombre des sujets allemands s'est accru de 157 (de 12.135 à 12.292).

Les statistiques de la population indigène ne sont qu'approximatives. Elles sont obtenues en •partie par dénombrement et en partie par évaluation sommaire. Au 1er janvier 1913 le nombre des indigènes réellement recensés était de 69.003 (63.683 en 1912). La population totale (estimation) non compris la Caprivizipfel et l'Ovamboland était de 78.810, contre 81.949 lors de la précédente évaluation. La population du Caprivizipfel et de l'Ovamboland réunis peut monter à 150.000 ou 200.000 individus. Il faut ajouter encore à tous ces chiffres, 2.648 indigènes non originaires du Protectorat, dont 2.089 viennent •du Cap. Ce dernier chiffre n'a pour ainsi dire pas subi de modification en 1913.

Industries, Travail. — Le manque de travailleurs indigènes continue à retarder les progrès de l'Afrique allemande du Sud-Ouest. On s'est mis d'accord pour que les mines et les chemins de fer se partagent les travailleurs recrutés dans l'Ovamboland; quant aux Hereros, aux Bergdamaras et aux Hottentots, ils sont de préférence réservés pour les travaux agricoles et les emplois domestiques.

Le 1er janvier 1913 il y avait 27.543 travailleurs adultes de toute race (27.267 en 1912) dans tout le pays. Sur ce total 5.557 étaient Ovambos et 2.462 (3.923 en 1912) étaient indigènes de pays autres que le Protectorat. Sur le total général 24.645 étaient au service d'Européens.


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Le nombre des ouvriers venus du pays Ovambo pour chercher du travail avait été de 9.295 en 1911, de 6.076 en 1912; en 1913, par suite de la sécheresse sévissant dans leur pays, 12.025 individus offrirent leurs services.

Les chiffres ci-dessus suffisent à montrer combien sont variables les sources de main-d'oeuvre. Au milieu de 1913 les diverses industries disposaient à peu près de tous les travailleurs dont elles avaient besoin, mais vers la fin de l'année il y avait pénurie.

Les statistiques établies par la Chambre des mines de Luederitzbucht mettent en évidence ces variations. En janvier 1913, le nombre des Ovambos employés dans les mines de diamant était de 2.007, ce qui représente le minimum de l'année. Le maximum fut atteint en mai avec 4.724 ouvriers. En novembre ce total était redescendu à 2.494. Comme l'administration locale n'a pu s'assurer le concours d'ouvriers d'autres pays, la Chambre des mines s'est, comme à l'ordinaire, retournée vers les manoeuvres du Cap. En janvier on en comptait 1.297, en mai 1.024, en novembre 1.180. Le nombre des manoeuvres du Cap est en raison inverse du nombre des Ovambos. En novembre la Chambre des mines estimait à 2.650 l'insuffisance du nombre des ouvriers à sa disposition.

Le gouvernement et les gros employeurs font tout leur possible pour attirer des Ovambos. Le logement, l'habillement, la nourriture, le transport et les soins médicaux ont été améliorés dans la mesure du possible; c'est de même à l'urgente nécessité de développer les sources de main-d'oeuvre qu'il faut attribuer la décision de construire un chemin de fer jusqu'à la frontière du pays Ovambo. La Chambre des Mines de Luederitzbucht a décidé d'élever le salaire des travailleurs ovambos à 1 liv. st. 5 sh.,

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plus les rations, ce qui représente une augmentation de 5 shillings. Signalons en passant que l'ouvrier du Cap est payé 3 livres sterling par mois, rations, en plus.

Beaucoup de colons se plaignent que tout progrès soit empêché par la rareté de la main-d'oeuvre et son défaut de permanence. Un colon qui sait conduire ses ouvriers et se rendre bien compte de leurs moyens arrive à faire faire son ouvrage. Sur quelques fermes il y a assez de travailleurs pour toute éventualité, tandis que sur d'autres il n'y a que quelques rares ouvriers mécontents qui n'attendent que la première occasion' pour changer de maître. La police a fort à faire pour recueillir ces. « enfants perdus » qu'elle répartit ensuite entre les propriétaires qui recherchent de la main-d'oeuvre. D'autre part il n'est pas rare de voir des indigènes s'échapper des fermes à mauvais renom pour gagner la brousse.

Extension des districts ouest applicable l'Ordonnance Impériale de 1905 sur les mines. — Dans les premières années du protectorat allemand, la chasse aux concessions, paraît avoir été la principale préoccupation. Des droits miniers portant sur de vastes territoires furent vendus par des chefs à divers individus, à des syndicats ou à des compagnies. Ces concessions furent dans certains cas rétrocédées à des tiers et en fin de compte la totalité des droits miniers sur le pays sont tombés entre les. mains des groupes ci-après :

La Deutsche Kolonial Gesellschaft, la South-West Africa Cy, la Kaoko Land und Minen Gesellschaft, l'Otavi Minen und Eisenbahn Gesellschaft, l'Hanseatische Land und Minen Gesellschaft, la Gibeon Schuerf und Handels Gesellschaft, la South-African Territories Cy, enfin le Gouvernement, après la confiscation des terres appartenant aux tribus.


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Chacun de ces groupements avait ses propres règlements, dont nous n'avons.pas à discuter ici les mérites ou les inconvénients, pour régler ou pour prohiber les opérations de prospection. Le gouvernement finit par reconnaître là nécessité, d'arriver à une plus grande uniformité et il engagea des négociations dans le but de placer l'ensemble du territoire sous le régime de l'ordonnance des mines de 1905. La Deutsche Kolonial Gesellschaft y consentit la première, mais les, autres refusèrent. Afin de les amener à composition, l'Administration s'est fait attribuer, par une ordonnance en date du 10 avril 1913, le droit de frapper d'une taxe annuelle d'un quart de de-, nier (environ 2 centimes 1/2 par hectare) les concessions non soumises à la législation impériale sur les mines. Cette mesure eut l'effet qu'on en attendait et toutes les compagnies, à l'exception de la South-West Africa Cy, s'entendirent avec l'Administration. La Kaoko Land Cy et la South. African Territories Cy ont réservé certains territoires dans lesquels elles avaient découvert des gisements minéraux, mais dans tout le reste du pays l'ordonnance impériale de 1905 sur les mines est actuellement en vigueur. Les redevances à payer aux diverses compagnies ont été déterminées par les accords conclus par chacune d'elles.

Cuivre. — La valeur du cuivre exporté pendant les six premiers mois de 1913 a atteint 156.106 liv. st. (118.228 liv. st. en 1912). L'Otavi Mining and Railway C° est encore le principal exportateur.

Lorsque, en septembre 1912, le prix du cuivre eut atteint 75 liv. st. par tonne, la Compagnie d'Otavi voulut profiter du prix et, tout en accroissant la production, expédia environ 8.000 tonnes de minerai de qualité inférieure qui avaient été.


mis au rebut lorsque les cours étaient bas. Pendant l'année se terminant au 31 mars 1913, la Compagnie a extrait 54.000 tonnes (38.200 tonnes) (1) et expédié 44.200 tonnes (29.600 tonnes) de minerais d'une teneur moyenne par tonne de 13 0/0 (16 0/0) de cuivre, 25 0/0 de plomb et 230 grammes (270 grammes) d'argent. La réduction de ces pourcentages est le résultat de l'expédition des minerais inférieurs à laquelle j'ai fait allusion. Durant la même période 665 tonnes (991) de mattes de cuivre renfermant 48 0/0 de cuivre, 25 0/0 de plomb et 400 grammes d'argent par tonne ont été exportées. La réduction constatée dans le rapport de plomb au cuivre s'explique par le fait qu'une quantité considérable de galène qui était précédemment utilisée pour la fonte a pu être vendue à un bon prix et a été remplacée par des pépites de fer.

Les expéditions se sont accélérées au cours du semestre expiré le 30 septembre 1913: 25.000 tonnes de cuivre, 507 tonnes de mattes de cuivre et 45 tonnes de plomb brut ont été exportées. Les perspectives d'avenir de la Compagnie se sont améliorées au point de vue de la production. On a acquis la preuve que les gisements de minerais s'étendaient en profondeur à la mine de Tsoumeb. On a aussi reconnu que les minerais de cuivre de la vallée de l'Otavi, qui ont fourni environ 2.000 tonnes aux exportations de la Compagnie, appartiennent à la même formation que les gisements du Tsoumeb. La direction du filon suit une ligne de dislocation qui constitue une zone productrice au centre d'une région de roches dolomitiques.

La constitution de ces formations permet à la Compagnie d'espérer que les mines de la vallée de l'Otavi seront encore d'un bon rendement à

(1) Les chiffres entre parenthèses sont les chiffres de la période antérieure correspondante.


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des profondeurs plus grandes, et que des gisements nouveaux pourront être ouverts à l'exploitation dans la zone située entre la vallée de l'Otavi et le Tsoumeb ainsi qu'à l'ouest de ce dernier.

A la mine de Tsoumeb le coût de production a été réduit de 1 liv. st. 3 shillings à 1 livré sterling

sterling tonne. Un appareil élévatoire et une machine électrique à courant alternatif, actionnés par un moteur Diesel ont été ajoutés au matériel de la mine.

On a en Allemagne expérimenté avec succès un nouveau procédé pour le traitement mécanique des roches éruptives contenant du cuivre. Une


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installation permettantde traiter 50 tonnes par jour et comprenant une trieuse du plus récent modèle a été aussitôt commandée.

Le Syndicat d'exploration de l'Otavi et la mine d'Otjozongati, qui en est encore à la période d'installation, ont également exporté en 1913 une petite quantité de minerai de cuivre.

On a repris les travaux d'aménagement à la mine Henderson dans la vallée de Khan, à la mine Ida près d'Housab et à la mine Sinclair dans le district de Maltahoehe. La mine de cuivre de Khan a été ouverte jusqu'à une profondeur de 690 pieds (210 mètres) sur une longueur de 1 200 pieds (366 mètres). Le filon n'a pas plus de 6 pieds (1 m. 83) de largeur et il contient 7 à 8 0/0 de cuivre. Un embranchement relie le chemin de fer de l'Otavi à la mine, laquelle est équipée d'un moteur à huile de pétrole brute, lequel actionne une usine centrale d'électricité d'Une force de 560 chevaux.

Des découvertes qui semblent intéressantes ont été faites dans les montagnes de Bobos dans le district de Tsoumeb ainsi que sur la ferme Okatoumba de l'Ouest, dans le district de Windhoek.

Or. — On n'a fait aucun travail d'aménagement sur les « daims » Kounjas. On a trouvé de l'or en quelques endroits sur le territoire de la South-West Company et des pépites ont été trouvées dans les alluvions des mines d'étain des Neineis.

La découverte de l'or a si souvent fait naître dans l'Afrique allemande du Sud-Ouest des espérances bientôt déçues qu'on est tenté tout d'abord d'être sceptique à cet égard.

Etain. — Durant les six premiers mois de 1913

il a été exporté 101 tonnes de minerai d'étain

concentré d'une valeur de 16.340 liv.'st; L'étain

' a été obtenu' dans, des terrains d'alluvion,


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situés dans le voisinage de ces formations de pegmatite et de quartz qui se rencontrent fréquemment dans l'hinterland de Swakopmund. On a consacré des sommes considérables à étudier ces gisements, mais jusqu'à présent ces essais n'ont servi qu'à démontrer que l'étain s'y rencontre dans des proportions qui ne permettent pas une exploitation fructueuse. On a par suite concen - tré les, efforts sur les dépôts alluvionnaires qui sont assez répandus et qui semblent devoir être pour quelques années d'un profit appréciable.

Marbre. —Durant les six premiers mois de 1913 l'exportation du marbre a atteint une valeur de 502 liv. st. (583 liv. st.). L'Africa-Marmor-Kolonial Gesellschaft qui possède des droits sur de vastes carrières de marbre de bonne qualité près de Karibib s'occupe activement de développer ses opérations ; elle espère trouver au dehors des débouchés intéressants.

Galène et wolfram. — Les mines appartenant à la South African Territories Company n'ont pas encore commencé à exporter, faute de capital; Dans les conditions actuelles on ne peut exploit ter les gisements de fer de la région de la Kaoko Land.

Charbon. — On n'a pu trouver de charbon dans le Protectorat et les chances d'en découvrir semblent s'éloigner.

L'industrie du diamant. — Les tout premiers mois de 1913 auront été dans l'histoire des champs de diamant de Luederitzbucht des mois de prospérité et de satisfaction: Le règlement des difficultés jusqu'alors pendantes et là réforme du système de taxation ont placé l'industrie sur des bases meilleures. Pendant les cinq premiers mois l'affluence des travailleurs Ovambos a permis de - remédier, au moins pour un temps , au mal chro-


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nique que produit l'insuffisance de la main-, d'oeuvre. Pendant la seconde moitié de l'année la menace de restrictions obligatoires à la production a plané sur l'industrie diamantifère et a causé un vif mécontentement chez les compagnies qui sont opposées à toute mesure de ce genre. Au point de vue purement minier, l'année a été excellente comme on peut en juger par les chiffres ci-après qui indiquent le mouvement de la production annuelle depuis la découverte des champs de diamant:

Carats

1908 ....................... 39.378

1909 ....................... 483.268

1910 ...................... 867.296

1911 ...................... 747.152

1912 ....................... 985.882

1913 ...................... 1.570.000

Les chiffres des cinq premières années sont extraits des statistiques d'exportation. Ceux de 1913 représentent les quantités reçues par la Régie des diamants et ne coïncident pas avec les chiffres de l'exportation , lesquels ne sont pas encore publiés.

La production de 1913 a dépassé de plus de 575.000 carats la production de 1912 ; c'est la plus forte augmentation qui ait jamais été cons ¬ tatée d'une année à l'autre.

L'augmentation provient principalement du fait que la mine de Pomona figure dans la liste des producteurs. Cette mine a commencé ses opérations en septembre 1912 et tout aussitôt elle a pris le premier rang tant pour la quantité que pour la qualité des produits. En 1913, elle a extrait 617.038 carats quoique le matériel et le nombre d'ouvriers dont elle dispose soient inférieurs à ce qui est nécessaire à d'autres compagnies pour produire à peine un dixième de ce qu'elle fournit elle-même. La direction a sage -


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ment décidé de ne plus accélérer le mouvement et de s'en tenir à une production de 50,000 carats par mois.

Nous nous occuperons plus loin des procédés d'exploitation et de l'outillage. Qu'il nous suffise pour l'instant de signaler que, sans les améliorations effectuées et sans l'aide que la modification des taxes a apportée à l'industrie du diamant , la production des mines anciennes aurait fléchi au lieu de se tenir à un niveau légèrement supérieur à celui des années précédentes.

Au fur et à mesure que l'outillage s'améliore , les pierres de petites dimensions, ou décolorées ou de forme défectueuse, qui échappaient auparavant, sont toutes retenues ; il en résulte, avec un accroissement des quantités produites, une diminution de la dimension et de la qualité moyennes. Cette tendance s'est manifestée en 1913 , mais les « claims » situées autour et au sud de la baie Elisabeth, sur lesquels les travaux avaient été commencés ou repris en 1912 , ont produit toute ¬ fois des pierres qui ont élevé la qualité moyenne de la production de 1913 à un niveau supérieur à celui des années précédentes. On ne connaît pas encore les chiffres définitifs. Tandis que dans cer ¬ taines compagnies la moyenne était de 8 à 10 pierres au carat, la moyenne de la Pomona à été de 2 pierres 4/5 au carat. On a découvert quelques diamants particulièrement remarquables comme dimensions et comme qualité ; la plus belle pierre, qui a été trouvée juste au delà de la limite de la Pomona , pesait 35 carats.

En 1913, 1.284.727 carats ont été vendus au prix de 2.153.230 liv. st., ce qui représente un prix moyen de 1 liv. 13 st. 6 par carat, alors qu'en 1912 il avait été vendu 902.517 carats d'une valeur totale de 1.303.092 liv. st. soit un prix moyen de 1. liv. 8 st. 8 par carat.

On remarquera que, bien que la production ait


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atteint 1.570.000 carats en 1913, il n'a été vendu que 1.284.727 carats. D'autre part, les prix ont été supérieurs bien qu'un stock important de diamants invendus ait dû être constitué à Berlin. Depuis quelque, temps des voix s'élèvent pour signaler les dangers de la,surproduction. De 1908 , moment de la découverte des mines, jusqu'au début de 1913, les compagnies minières allemandes, ont pu avec une impunité complète négliger ces avertissements. Durant cette période la production allemande s'écoulait facilement, car la capacité du marché mondial des diamants allait sans cesse croissant. En 1913, la production men - suelle s'étant considérablement accrue , le syndicat d'Anvers, qui s'était engagé à acheter les diamants, ne fut plus en mesure de se charger de la totalité de chaque envoi. Que ce fût la conséquence de l'état du marché ou de l'insuffisance des moyens du syndicat, c'est là une question qui divisa le bureau de la Régie en deux parties irréconciliables. Mais, pour bien comprendre la situation actuelle, il est indispensable de connaître l'organisation de cette corporation et l'origine du différend qui est survenu entre ses membres.

La Régie des diamants. — Dans les premiers temps qui suivirent la découverte des gisements de diamant les chercheurs étaient libres de vendre à qui bon leur semblait. Mais ce régime ne dura pas.longtemps. Pour des raisons dont nous n'avons pas à nous occuper ici le gouvernement décréta qu'à partir du 1er mars 1909 tous les diamants recueillis dans l'Afrique allemande du Sud-Ouest seraient remis à la Régie des diamants.

Celle-ci consistait en une société formée dans le but unique de placer la récolte sur le marché et de répartir les bénéfices entre les participants , après déduction des taxes, redevances et commis ¬ sions.' Les principaux actionnaires de cette so-


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ciété étaient les grands banquiers allemands, et la façon dont les diamants étaient vendus était laissée à leur entière discrétion. Les propriétaires de mines n'étaient pas représentés dans la Régie et on disposait de leur propriété sans qu'ils eus - sent voix au chapitre. Cette séparation absolue entre la vente et la production ne pouvait man ¬ quer d'amener de sérieuses complications. Dès l'origine du système, les producteurs manifes - tèrent un très vif mécontentement ; ils s'agitèrent si bien qu'au début de 1912 le Reichstag vota une résolution invitant l'Office impérial des colonies à prendre des mesures en vue d'assurer la représentation des compagnies minières dans les délibérations de la Régie. En mars 1913 , ces désirs du Reichstag reçurent une certaine satisfaction. Les producteurs furent autorisés à acquérir la moitié des actions de la Régie , mais le gouvernement en tant que producteur et les banquiers conservèrent une légère majorité, suffisante pour leur assurer la direction des opérations de la Compagnie.

L'administration de la Régie semble avoir été obsédée par la crainte de voir le syndicat des diamants de Londres acheter les diamants alle ¬ mands et se trouver ainsi en mesure d'éliminer la concurrence et de dicter ses conditions. Pour éviter un tel danger , la production totale était remise au syndicat des diamants d'Anvers à un prix fixé et modifié de temps en temps d'un commun accord entre la Régie et le syndicat.

Sitôt admis dans la Régie , les producteurs qui avaient toujours prétendu que leurs" produits étaient vendus au-dessous des prix du marché firent sentir leur influence. Ils obtinrent qu'on organisât avant le 15 mai 1913 une adjudication pour la vente du premier million de carats à recevoir en Allemagne à compter de l'expiration du contrat passé avec le syndicat d'Anvers ,


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contrat qui expirait ce même mois de mai 1913 Le syndicat de diamants d'Anvers l'emporta avec une offre de, 46 marks par carat, prix de base. L'offre la plus élevée après celle-là avait été celle du syndicat de Londres avec 45 marks par carat. La concurrence paraît avoir produit des résultats heureux, étant donné que le prix moyen payé par le syndicat d'Anvers avait été de 29 marks environ en 1912 et de 25 marks en 1911. En tenant compte de l'amélioration dans la qualité, le prix , à qualité égale, avait augmenté d'environ 15 0/0.

La satisfaction générale causée par ce succès fut presque aussitôt effacée par la découverte que le syndicat d'Anvers avait reçu l'assurance en sous-main que, lorsque la production atteindrait 130.000 carats par mois, on ne lui demanderait pas de prendre livraison de quantités supérieures à ses besoins. En fait, le chiffre des transactions était réduit à 100.000 carats par mois. Les producteurs qui n'avaient pas été partie à cet accord protestèrent énergiquement. Ils firent observer qu'il plaçait le syndicat d'Anvers dans une situation privilégiée ; que si les mêmes facilités avaient été promises aux autres compétiteurs, la concurrence aurait pu être plus ardente, et les offres plus avantageuses. Ils soutenaient en conséquence que le syndicat d'Anvers avait été favorisé à leurs dépens et que son incapacité à exécuter le contrat dans sa teneur intégrale avait porté préjudice aux intérêts de l'industrie allemande, dont les ventes avaient été ainsi limitées, alors que toutes les mines de diamant de l'Afrique du Sud travaillaient à force pour permettre aux Etats-Unis de se constituer des stocks avant la mise en vigueur du nouveau tarif.

Le président de la Régie répondit que tout ce qui avait été fait avait été fait au mieux des intérêts de l'industrie allemande du diamant. Il


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défendit la limitation qu'il avait consentie des quantités dont le syndicat était tenu de prendre livraison en déclarant qu'elle était nécessitée par l'état du marché, lequel rendait indispensable une restriction dans la production.

En conséquence on demanda aux producteurs de limiter volontairement leur production. Ils refusèrent et combattirent la politique de restric ¬ tion. Ils ne produisaient, disaient-ils , qu'une fraction de la production mondiale; sans un accord avec toutes les compagnies du monde entier, toute restriction serait un suicide; faute de cet accord, toute limitation de leur part serait accompagnée d'une surproduction de la partie adverse; que si, enfin, cet accord survenait par la suite, il serait conclu sans doute sur la base de la production antérieure et que, moins ils produiraient maintenant", plus faible serait leur quote-part dans l'avenir.

Vers la fin de l'année le marché s'affaiblit pour diverses raisons : guerre des Balkans, réserve des capitaux, diminution momentanée des achats de l'Amérique. Les négociations purent s'engager sans fièvre entre les principaux intéressés dans l'industrie du diamant en Afrique, à Londres et à Berlin. De tous côtés on sentait la nécessité d'une extrême prudence et peu à peu naquit l'idée d'une conférence en vue d'arriver à une entente générale sur cette question si épineuse de la limitation de la production. Les, divergences de vue existant entre les membres de la Régie étaient si fondamentales qu'il fallait renoncer à voir ce groupement arriver à s'entendre. En conséquence, était-il prudent de laisser la libre disposition de la production mondiale à une corporation fonctionnant dans de pareilles conditions? Le gouvernement allemand, qui a plus d'intérêt que les compagnies elles-mêmes dans l'industrie du diamant, se décida à trancher le noeud gordien. Il prit pour


lui les actions de la Régie qui appartenaient aux banques et , ayant ainsi obtenu la majorité des voix, il déclara le 6 décembre; que la Régie , sous sa forme primitive , avait cessé d'exister et que le gouvernement se chargeait lui-même de ses opérations.

Le 13 décembre une ordonnance fut publiée, aux termes de laquelle, à compter du 1er janvier 1914, le gouvernement déterminerait de temps en temps la quantité de diamants d'origine allemande à vendre par chaque producteur. Pour l'année 1914 tout entière et pour l'ensemble des compagnies le maximum fut fixé à 1.038.000 ca ¬ rats, soit 86.500 carats par mois., et chaque compagnie fut avisée du montant de. sa quote-part.

Il n'était pas possible d'empêcher les compagnies d'extraire des quantités supérieures à cette quote-part : mais, à supposer que l'ordonnance fût strictement appliquée, le retard apporté à la trans ¬ formation des diamants en argent , en réduisant les capitaux disponibles à un:.moment donné pour payer les frais de production. devait agir comme frein à celle-ci. A quoi les producteurs répondirent en protestant contre ce qu'ils appelaient un coup de force et une illégalité et en engageant dès poursuites contre l'administration. Ils arrêtèrent par la suite celles-ci , en attendant le résultat des négociations engagées dans le but d'arriver à un règlement donnant satisfaction à la fois au gouvernement et aux producteurs. On a récemment appris que ces négociations se sont heureusement terminées et que la Régie a été réorganisée. Le gouvernement aura une moitié des actions, et les compagnies l'autre moitié. Le bureau consistera en huit membres, quatre choisis par les compagnies et quatre désignés par le gouvernement.

Le fonctionnement de la Régie sous cette forme nouvelle est assuré par les parties directement


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intéressées au produit de la vente des diamants, et cette communauté d'intérêts est de nature à assurer l'unanimité dans les décisions du nouveau conseil. Pour l'instant les représentants des mines ne semblent pas du tout convaincus qu'il soit nécessaire de réduire la production et sur les: mines on travaille comme à l'ordinaire. Ni le gouvernement ni les actionnaires ne paraissent décidés à se plier à une politique qui tendrait à diminuer les profits que donne cette industrie et les mesures décidées par la Régie seront à l'avenir complétées par l'envoi d'instructions précises aux directeurs des mines. Dans ces conditions il devient possible à la Régie d'entrer en pourparlers avec les représentants de la produc ¬ tion diamantifère dans les autres pays, car elle peut désormais garantir l'exécution des accords qui pourraient être conclus en vue de consolider le marché et de maintenir ou d'améliorer les prix.

Il serait vain, pour quelqu'un qui n'est pas spécialement au courant de toutes les particularités d'une industrie comme celle du diamant, d'essayer de dogmatiser sur la situation du marché ou de prendre parti dans les controverses qui se sont produites à cet égard.

Après avoir ainsi exposé brièvement les diffi ¬ cultés rencontrées par la Régie, il peut être opportun de dresser le tableau de la production diamantaire de l'Union de l'Afrique du Sud pendant les trois dernières années et des ventes de diamant de l'Afrique allemande du Sud-Ouest pendant la même période. Chacun pourra, s'il le désire, tirer les conclusions que l'examen de ces chiffres pourront lui suggérer. Les chiffres relatifs aux diamants d'origine allemande sont empruntés aux rapports de la Régie; ceux de la production


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de l'Afrique australe britannique sont extraits des statistiques officielles :

QUANTITÉS EN CARATS

1911 1912 1913

Union sud-africaine.. 4.891.998 5.071.882 5.163.546 Afrique allemande du

Sud-Ouest ........ 816.296 902 157 1.284.727

5.708.294 5.974.039 6.448.273

VALEURS EN LIVRES STERLING

1911 1912 1913

Union sud-africaine. 8.746.724 10.061.489 11.389.807 Afrique allemande du Sud-Ouest ........... 1.019.444 1.303.092 2.153.230

9.766.168 11.364.581 13.543.037

La comparaison des chiffres de 1913 avec ceux de 1911 montre que l'Union sud-africaine a accru sa production annuelle de 271.548 carats valant 2.643.083 livres sterling. Pendant le même laps de temps les ventes de l'Afrique allemande du Sud-Ouest ont augmenté de 468.431 carats évalués': à 1.133.786 livres sterling. Mais la Régie avait en stock, au 31 décembre 1913, 350.000 carats de diamants invendus, si bien qu'en réalité l'augmentation de la production allemande de 1911-1913 ressort à environ 820.000 carats.

Prospection, outillage. — Aux termes d'un accord conclu en 19l0 entre le gouvernement et la Deutsche Diamant Gesellschaft , tous travaux de prospection dans la région connue sous le nom de Sperr Gebiet devaient être réservés, à compter du 1er avril 1911, à une compagnie au capital de 30.000 livres sterling et dont les actions devaient être souscrites par moitié par chacune des deux parties. La part du gouvernement a été inscrite


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au budget complémentaire de 1913. La compagnie porte l'appellation de Halbscheid Gesellschaft et il est entendu qu'elle se bornera à la prospection afin de ne pas compliquer le problème du marché des diamants. Elle fera de sérieux efforts pour arriver à découvrir l'origine des diamants que l'on rencontre sur les diverses mines.

Il n'a pas été fait en 1913 de découverte tant soit peu importante dans cet ordre d'idées et la question de l'origine des diamants n'a pas fait de grands progrès. L'opinion courante est qu'ils proviennent d'un filon qui plonge sous la mer au voisinage de Pomona. Les plus gros diamants se rencontrent à Pomona ou dans ses environs. La direction principale du courant qui longe la côte orientale est du Sud au Nord et il est vraisemblable qu'elle était la même alors que les champs de diamant étaient encore submergés. La bande diamantifère, qui est assez étroite, suit la même direction et la dimension moyenne des diamants diminue à mesure qu'on s'avance vers le Nord. Au Sud de Pomona il existe une courte bande de terrain diamantifère, où les pierres décroissent en dimensions quand on marche vers le Sud; on en attribue l'origine à l'existence d'un courant en retour moins puissant que le cou ¬ rant principal. On invoque à l'appui de cette théorie le fait qu'on a trouvé des diamants sur l'île de la Possession et que sur la terre ferme on rencontre encore fréquemment certaines pierres de la nature de celles que l'on trouve en même temps que les diamants. Il, peut être encore intéressant de signaler qu'on a trouvé des diamants qui ont été incontestablement transportés par l'eau.

Il est pour l'instant impossible de prévoir avec quelque certitude les chances de durée de l'exploitation des champs de diamant. Quelques ingénieurs sont portés à penser qu'il y en a encore

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pour douze à quinze ans. On se rendra aisément compte de la difficulté que présente une évaluation précise en songeant à la superficie des régions diamantifères. Une seule compagnie a des droits sur 90.000 acres (36.000 hectares) environ. Or, une grande partie de ce territoire consiste en sable et rochers dénudés, et il faut déjà bien du temps rien que pour évaluer le périmètre des graviers diamantifères, car ceux-ci peuvent fort bien être dispersés sur la surface seulement des roches ou sur une profondeur de 30 pieds (1m50) ou sur une profondeur variant entre ces deux extrêmes.

La répartition des diamants sous la mer ne s'est pas faite uniformément ; elle a subi des influences diverses ; c'est ce qui ressort de l'étude des dépôts les plus profonds, dans lesquels on peut distinguer diverses couches, les unes diamantifères, les autres non.

Dans des temps plus proches de nous le vent et le climat ont fait sentir leur influence et celleci persiste. Les couches superficielles ont été altérées par l'action de la température et le vent, en transportant les matériaux meubles, a concentré le gravier dans certains endroits , en d'autres il a. recouvert les dépôts de sable. Il a même déplacé lentement les diamants de surface et, avec le temps, certains coins, où ce mouvement rencontrait des obstacles, se sont ainsi enrichis.

Cette sorte de redistribution des diamants par le vent est mise en évidence par la mince couche de gravier diamantifère que l'on trouve par endroits à la surface des dunes transversales à la direction des bourrasques dominantes du Sud - Ouest. Ces causes, qui font qu'il est si difficile d'évaluer la durée probable d'exploitation et la richesse des mines de diamant, offrent aux exploitants des problèmes dont chacun comporte une solution différente. Impossible d'établir de règle


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uniforme en pareille matière. Certaines mines sont situées de telle façon qu'il n'est pas possible d'amener économiquement le gravier jusqu'à une usine centrale et d'autre part il se peut que la quantité de gravier diamantifère soit trop faible pour justifier l'installation d'une machinerie coûteuse. Une fabrique de machines établie dans la colonie a combiné pour ces sortes de gisements un appareil à main construit sur les principes du système Schiechel et qui donne toute satisfaction. Les risques de perte par le lavage ont été réduites au minimum.

Les Vereinigte Diamant Minen possèdent des « claims » au nord de la baie et au pied d'une chaîne de dunes de sable. Le gravier est contenu dans des couches de conglomérat tendre, recouvertes de masses épaisses de sable! En certains endroits le sable a été enlevé au moyen d'un excavateur à godets qui est actuellement employé à charger le gravier sur des trucks qui sont hissés jusqu'à une machine à laver. C'est la première installation aussi importante qui ait été montée dans la colonie et elle est tout à fait unique en son genre. La Compagnie Kolmanskop a installé un excavateur analogue, mais encore plus perfectionné, pour creuser les lits de gravier ■qui en certains endroits sont à plus de 6 mètres de profondeur. Dans des conditions atmosphériques propices, cet excavateur devrait pouvoir traiter avec profit même les graviers de faible teneur. Le lavage est effectué par trois machines Schiechel, pourvues, des derniers perfectionnements. L'emplacement de chaque machine a été déterminé d'après la configuration du sol de la concession.

La Koloniale Bergbau Gesellschaft possède un gros bloc de « claims » dans une large vallée basse dont toutes les parties sont d'accès facile.


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Elle.vient d'achever une vaste usine centrale pouvant traiter 3.000 charges par jour. Elle se' propose de ramasser tout le gravier de la vallée jusqu'à la roche, y compris celui qui aura déjà été lavé, et de le traiter dans cette usine centrale. Quand le dépôt sera assez profond, un excavateur électrique pouvant extraire quatre charges d'un coup sera employé pour charger des trucks d'égalecontenance, lesquels seront conduits par une locomotive électrique jusqu'à une station où ils videront automatiquement leur contenu dans des bannes se mouvant le long d'une crémaillère aérienne. Cette crémaillère communique avec le faîte d'une broyeuse-diviseuse à quatre étages. Trois de ces étages sont occupés par des machines à diviser ; les sortes de gravier les plus grossières vont à celles du haut, les plus fines à celles du bas.

Le gravier très fin est envoyé directement au bas de l'édifice sans passer par les broyeuses. La qualité qui vient ensuite va au broyeur le plus bas, la qualité moyenne au broyeur de l'étage inférieur, tandis que le conglomérat le plus grossier est brisé par le broyeur le plus élevé d'où il passe successivement aux étages inférieurs et ainsi de suite. Au bas de l'édifice le gravier, réduit à la dimension convenable, passe sur une toile sans fin qui le conduit aux cuves.

La capacité de celles-ci sera suffisante pour alimenter l'appareil de lavage durant une journée et demie dans le cas où un accident surviendrait aux broyeurs-diviseurs. De ces cuves, le gravier sera amené à la machine à laver où, après élimination du sable par des tambours à tamis et des spitz kasten, il sera calibré et se déposera au fond de grands réservoirs. Le gravier ainsi nettoyé sera traité par des « danseuses » du Harz et des pulsateurs du système Schiechel. Le gravier ainsi « concentré », après avoir été soumis à un pro-


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cédé magnétique pour l'élimination du minerai de fer, sera enfin transporté à la salle de triage où les diamants seront recueillis à la main.

On espère, par cet outillage perfectionné, réduire le prix de revient et remplacer la maind'oeuvre ouvrière qui peut être plus utilement utilisée ailleurs. Très peu de personnes auront à approcher des diamants et le coulage qui est produit par le vol et que l'on dit considérable sera pratiquement supprimé.

Une installation analogue, de puissance plus faible de moitié et un peu différente par quelque» détails, sera bientôt achevée sur les mines du gouvernement, lesquelles sont par contrat exploitées par la Koloniale Bergbau Gesellschaft.

Les pluies — celles-ci assez rares — et les brouillards, beaucoup plus fréquents, ainsi que les rosées, qui sont abondantes, gênent considérablement le travail sur les mines de diamant. Le sol salé s'agglutine en mottes serrées qui obstruent les tamis qui séparent la terre des graviers. On perd beaucoup de temps à attendre qu'il sèche ; 1913 a été une année particulièrement mauvaise sous ce rapport. D'ordinaire l'humidité ne pénètre qu'à 15 ou 20 pouces tout au plus (38 à 50 centimètres), mais en 1913 elle a pénétré jusqu'à plus de 3 mètres. Les machines de la Koloniale Bergbau Gesellschaft ont été construites pour traiter le gravier même humide et elles marquent, de ce chef, une vraie révolution dans les méthodes locales.

Par suite du coût de transport, il n'a pas pu être question de combinaisons ambitieuses hors du voisinage des chemins de fer. La Deutsche Diamant Gesellschaft, dont les « claims » principaux sont situés au Sud de la baie du Prince de Galles, a eu à surmonter de grandes difficultés. Les marchandises ont dû être transportées par mer et débarquées à grands frais dans un port


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très médiocre. En 1913 on a construit un chemin de fer de Kolmanskouppe à Bogenfels sur une longueur de 66 milles (106 kilomètres). Il traverse sur presque tout son parcours des régions diamantifères et il facilitera l'exploitation tant des « claims » de la Deutsche Diamant Gesellschaft que de bien d'autres à proximité desquels il passe. Il traverse également la Pomona et ce sera pour cette mine un avantage appréciable le jour, qui ne peut manquer d'arriver, où elle aura besoin d'augmenter sa main-d'oeuvre et son outillage pour faire face aux progrès de sa production.

Les locomotives de cette ligne seront mues par l'électricité , celle-ci étant fournie par un moteur au benzol installé sur la machine ellemême.

L'usine électrique de Luederitzbucht a augmenté ses installations en 1913 et a doublé la. force qu'elle débite. Elle a passé des contrats avec les Vereinigte Diamanten Minen , la Kolmanskop et la Koloniale Bergbau Gesellschaft pour la fourniture de tout courant dont elles ont besoin sur leurs exploitations. La compagnie assure en outre l'éclairage de Luederitzbucht et de Kolmanskouppe, ainsi que le fonctionnement de la station de télégraphie sans fil de Luederitzbucht et de diverses entreprises industrielles telles que l'usine d'élévation d'eau de la baie Elisabeth.

L'année 1914 montrera l'influence que l'amélioration de l'outillage peut exercer sur la production. Lorsque celui-ci était moins puissant, on ne pouvait choisir pour l'exploitation que les - gisements les plus riches et il fallait, avant de ■réussir à extraire la totalité des diamants, sou - mettre les graviers à des lavages répétés. Il était difficile d'apprécier à quel moment on pouvait considérer comme achevée l'exploitation de tel ou tel territoire. Aujourd'hui que l'on peut trai-


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ter le médiocre comme le bon et que l'extraction des diamants peut s'effectuer en ne laissant qu'un résidu insignifiant, on pourra relever le nombre des hectares traités à fond chaque année et établir ainsi des évaluations d'avenir sur des bases plus certaines. En 1913 en tous cas on a traité à fond une superficie considérable tout en ajoutant bien des régions, jusqu'alors considérées comme inutilisables, à la liste des ressources à exploiter plus tard.

Dans cette catégorie nous devons comprendre les gisements, ou prétendus tels, du Nord, dans le voisinage des baies Spencer et Conception. La Koloniale Bergbau Gesellschaft a acquis dans cette région des droits sur des espaces très étendus et l'affaire ne semble pas mauvaise. Néanmoins la dimension moyenne des diamants, la quantité et la richesse du gravier ne peuvent être comparés à ce que donnent les mines du Sud.

Entreprises agricoles. — Au premier avril 1913 on comptait 1.331 fermes (1.245 en 1912) appartenant àdes particuliers, avec une superficie totale de 13.393.606 hectares; sur ce total 1.138 domaines (1.060) étaient en exploitation et 193 (185) étaient abandonnés. Le nombre des hommes adultes occupés à l'agriculture était de 1.587 (1.629), soit une diminution de 42 sur les

chiffres de l'année précédente.

Les conditions climatériques ont été, en 1913, nettement défavorables à l'industrie agricole. La

saison des pluies, de décembre 1912 à avril 1913, a manqué complètement et la sécheresse a persisté jusqu'à la fin de l'année.

Banque foncière. — La fondation d'une Banque

foncière au capital de 500.000 livres sterling a été

l'événement le plus important de l'année. Aucun

prêt n'a été consenti en 1913, mais l'organisation

de la banque a été achevée et en février 1914 le


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service des avances aux colons commencera à fonctionner. Dans les circonstances ordinaires, 1913 aurait été une année critique, peut-être une année désastreuse, à la fois pour le commerçant et pour le colon, mais la perspective de cet afflux prochain de capitaux a engagé créanciers et débiteurs à patienter jusqu'au moment où la Banque foncière pourrait leur prêter son appui.

Aux termes de ses statuts la Banque foncière peut prêter en première hypothèque seulement. Toutefois afin de permettre aux acheteurs de godes domaniales d'emprunter, on a donné au gouverneur la faculté d'autoriser la substitution de la Banque à l'administration locale en qualité de premier créancier hypothécaire. En effet, aux termes des contrats de vente des terres domaniales, l'administration locale se réserve un privilège pour le restant dû du prix d'achat et même s'attribue la faculté, dans le cas où le capital et les intérêts ne seraient pas acquittés à l'échéance, de reprendre possession du terrain. Ce droit de reprise, dont désormais la banque bénéficiera, rendait dans le passé les banques et les particuliers très prudents en matière de prêt sur seconde hypothèque.

Le but de la banque est de fournir au colon, à taux raisonnable, des capitaux dont le principal ne puisse pas être réclamé tant que les intérêts et les frais nécessaires sont régulièrement payés et ce, par un contrat qui prévoit des facilités pour le remboursement du principal. Le taux de l'intérêt a été fixé à 6 0/0 et le remboursement du capital s'effectue par des versements annuels égaux à 1 1/2 0/0 de la somme totale prêtée. Ce sont des conditions avantageuses, quand on les compare aux usages locaux qui prévoient un taux de 8 0/0 et davantage, avec possibilité de réclamer, sur avis à courte échéance, le remboursement du capital.


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D'après ses règlements la Banque ne peut faire d'avances que jusqu'à concurrence de la moitié de la valeur de l'immeuble, mais quelques colons sont déjà endettés pour des sommes supérieures. A moins de mesures spéciales ils ne pourront trouver aucune aide auprès de la Banque. En réalité, ils sont tellement nombreux que si l'on tient vraiment à assurer la prospérité du pays il faudra s'arranger pour les faire rentrer dans la sphère d'opération de la Banque. On se propose de résoudre la difficulté de la manière suivante : les créanciers hypothécaires actuels seront invités à se réunir en conférence avec les représentants de la Banque et avec leurs débiteurs et on leur demandera de consentir à ce que les avances faites par la Banque passent en première hypothèque.

D'autre part, il peut arriver qu'un, créancier hypothécaire de deuxième ou troisième rang se trouve dans la nécessité de faire l'acquisition de l'immeuble pour sauvegarder sa créance à l'égard du débiteur insolvable. Dans ce cas la Banque pourra autoriser le nouveau propriétaire à prendre purement et simplement la place du premier débiteur en ce qui concerne le prêt fait par la Banque et ce, dans les mêmes conditions quant à l'intérêt et quant au remboursement. On espère qu'aucune difficulté n'empêchera , dans la pratique, de suivre cette procédure qui ne peut que consolider la condition des créanciers actuels.

Si le colon se trouve ainsi en mesure de liquider tout ou partie de la dette contractée envers le commerçant, ce sera pour lui un allégement de ses charges tandis que le commerçant y trouvera une augmentation de son propre crédit. Les deux parties en respireront plus librement et la situation économique générale ne pourra que ga ¬ gner à la séparation des fonctions de commer ¬ çant et de banquier, jusqu'à ce jour confondues.


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La Banque fournira encore des capitaux pour permettre aux colons d'accroître la productivité de leurs propriétés. Dans ce cas les avances seront faites par versements successifs dont le montant dépendra des progrès partiels réalisés par les travaux d'aménagement. La Banque trouvera sa garantie dans l'accroissement de valeur qui en résultera pour l'immeuble. Le colon pourra ainsi s'outiller de façon à obtenir les résultats les plus favorables et l'on espère que la production agri ¬ cole pourra entrer bientôt dans une période d'expansion rapide et continue.

Il pourra arriver, qu'ayant ainsi emprunté jusqu'au maximum des sommes pour lesquelles il était en mesure de fournir des gages réels , le co ¬ lon ait encore besoin, de temps en temps, de cer ¬ tains capitaux faute desquels il se trouverait dans une situation difficile. Il peut avoir des paiements à effectuer à une époque où il ne peut réaliser avantageusement le produit de ses récoltes et la possession à ce moment d'un peu d'argent liquide peut lui être d'un grand secours. Pour faire face à ses besoins la Banque foncière poussera à la création de sociétés coopératives ayant pour objet la vente des produits agricoles, l'achat en gros de certaines marchandises ainsi que l'ouverture aux participants de crédits garantis par la collectivité et égaux au montant des capitaux souscrits par l'emprunteur.

Conseil consultatif agricole. — Les premiers pourparlers pour la constitution d'un comité agricole consultatif ont été poursuivis en 1913. A la fin de l'année les délégués des divers districts ont été choisis et ils comptaient se réunir en mars 1914. Entre temps les collaborateurs techniques du gouvernement ont préparé activement des projets de règlements sur diverses questions telles que l'usage de l'eau , les maladies du bétail ,


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la clôture des propriétés, de sorte qu'à sa première réunion le conseil aura à étudier, en plus des affaires que doit traiter d'ordinaire une so ¬ ciété d'agriculture, un lot assez considérable d'affaires de première importance. Les collaborateurs techniques de l'administration assisteront à ces délibérations qui peuvent avoir de grandes conséquences pour la politique agricole du pays.

Importation d'animaux reproducteurs. — Pendant l'année 1913, il a été introduit dans le Protectorat des animaux reproducteurs de choix, d'espèces diverses. Des taureaux et des chevaux d'Allemagne , des béliers karakul de Russie, des béliers mérinos d'Allemagne et d'Autriche, des chèvres angora et des autruches de l'Union de l'Afrique du Sud.

D'Allemagne, de Russie et d'Australie, l'administration locale a importé des reproducteurs non seulement pour son compte mais encore pour le compte de divers colons. Ces derniers n'ont eu à payer que le prix d'achat, l'administration se chargeant des frais de transport.

Récoltes. — En 1913, les récoltes ont manqué complètement, exception faite des récoltes en terrain irrigué. Ces dernières ont produit des fruits et un peu de tabac. Les petits colons de la région d'Osona s'occupent activement de tabac, avec l'aide d'un spécialiste, agent de l'administration, en résidence à Okahandja. La qualité du tabac s'améliore et la production augmente, mais il y a encore fort à faire sous ce rapport. Les pluies de la fin de 1913 ont été les bienvenues et tout permet de compter sur une saison meilleure en 1914.

Industrie pastorale. — Pendant la majeure partie de l'année le veldt a présenté un aspect lamentable par suite de la sécheresse. Les effets de celle-ci apparaîtront sans doute le 13 avril 1914,


lors du recensement annuel du bétail. Il est néanmoins surprenant de constater de quelle résistance à la sécheresse, les animaux de toute espèce ont pu faire preuve. Gomme à l'ordinaire , certains districts ont moins souffert que d'autres, mais dans l'ensemble 1913 a marqué le point culminant d'une longue période de sécheresse qui a affecté toute la colonie. Vers la fin de l'année les pluies ont été abondantes, ce qui a permis d'envisager l'avenir d'une tout autre façon.

Marchés de bestiaux. —Une maison de Windhoek, qui fait de grosses affaires de viandes, publie les chiffres ci-après qui indiquent les fluctuations des cours du boeuf et du mouton depuis 1908 :

PRIX EN DENIERS DE 0 FR. 10 PAR LIVRE ANGLAISE DE 0 K. 458

Boeuf Moutons

1908 ................... 7 1/2 6

1909 ................... 4 3/4 4 1/2

1910 .................... 4 1/1 4 1/4

1911 .................... 5 4 1/2

1912 .................. 4 3/4 4 1/4

1913 .................... 3 3/4 3 1/2

Le nombre des animaux s'est accru plus rapidement que la population. Les prix étaient à la fin de l'année quelque peu plus élevés qu'au début de l'année. La sécheresse a exercé une certaine action sur la tendance à la hausse; en même temps le marché ressentait l'heureuse influence produite par des fournitures de viande faites aux steamers qui touchent les ports de la colonie ainsi qu'à la station de pêche de Walfish Bay. Durant les six premiers mois de l'année la valeur de la viande écoulée de ce chef a atteint 3.630 liv. st. (contre 177 en 1912). L'entrée des moutons et des chèvres ayant été à nouveau au ¬ torisée dans l'Union sud-africaine , ce pays a pris


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en 1913 tout près de 30.000 têtes de petit bétail pour la boucherie. Ces ventes ont eu une action favorable sur le marché et ont donné quelque activité aux districts méridionaux du Protectorat.

Les statistiques des animaux domestiques que nous donnons ci-après sont empruntées aux relevés officiels faits à la date du 1er avril 1913.

Boeufs. — Le nombre des boeufs et vaches était de 205.643 (171.784) en accroissement de 33.859 (27.399). Ce sont là des progrès satisfaisants. Il y a eu très peu de maladies sur le bétail ; la tuberculose notamment s'est fait remarquer par son absence totale.

Le lammziekte aurait pu être dans le désert de Kalahari un terrible fléau par suite de la sécheresse. L'anthrax et la sponziekte ont fait quelques victimes, mais ces deux affections diminueront à mesure que les éleveurs sauront mieux les combattre. Il y a eu une légère épidémie de pneumonie près d'Etoscha Pan dans un troupeau qui était descendu du pays Ovambo. Le troupeau tout entier a été abattu et le mal n'a pas reparu. Afin d'améliorer les races locales, l'administration a importé d'Allemagne en 1913 un certain nombre de taureaux et de vaches, à la fois pour son propre compte et pour le compte des particuliers. Les vaches ont été très demandées, mais comme il n'y a guère dans le Protectorat de colons ayant des vaches à vendre et comme d'autre part l'importation du bétail de l'Afrique Australe est prohibée, rares sont les bêtes qui ont changé de propriétaire. Lès nouveaux colons ont de grandes difficultés à se procurer assez de vaches pour commencer une entreprise d'élevage.

Moutons. — Les moutons à laines sont au nombre de 53.691 (46.901), soit une augmentation de 6.790 seulement (14.692). La sécheresse


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paraît avoir été, avec la gale, la cause de cette stagnation relative..

Un seul colon a perdu 4.000 moutons sur les 5.000 qu'il possédait. On conseille de constituer des troupeaux de moutons à laine de race pure plutôt que de faire des croisements de brebis afrikander avec béliers de race pure. Vers la fin de l'année 1. 400 moutons de très belle race sont arrivés d'Australie, où ils avaient été achetés pour le compte de divers colons. Ceux-ci n'avaient eu à payer que le prix d'achat dans le pays d'origine, soit 2 liv. st. 2 shillings par tête, le gouvernement ayant pris à sa charge les frais de transport qui se montaient à environ 4 liv. st. 10 shillings par tête. Jusqu'à présent, la tentative paraît être un succès, si bien qu'on a décidé d'en importer un nouveau lot. Les exportations de laine ont atteint pour les six premiers mois de l'année, une valeur de 2.308 liv. st. (3.301 liv st.).

Les moutons persans sont au nombre de 17.171 (12.588). Le nombre des moutons Karakul de race pure est de 776 (341). Cet accroissement de 435 unités (alors que pour l'année se terminant le 31 mars 1912 on avait constaté une diminution de 86) peut être considéré comme satisfaisant. Le nombre des Karakuls croisés est monté à 10.418 (3.753). Depuis que le recensement a été effectué, on. a importé' des reproducteurs de race pure. L'expérience acquise promet pour l'avenir un développement plus rapide du troupeau de Karakuls. C'est, dit-on , l'animal le plus robuste pour le pays, et d'autre part les échantillons de peaux provenant d'animaux issus de croisements qui ont été envoyées en Europe ont donné lieu à des appréciations qui laissent croire qu'il y aura là pour le pays une industrie lucrative. Enfin comme mouton à viande il est considéré comme supérieur à l'Afrikander.

Les moutons Afrikander sont au nombre de


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472.585 (435.069), soit une augmentation de 37.1316 (33.829). Le taux d'accroissement de ces dernières années ne se maintiendra sans doute pas en 1913. La sécheresse et la gale en sont la cause avec l'ouverture de la frontière de l'Union de l'Afrique australe au petit bétail. Cette mesure a permis d'exporter une bonne partie du surplus de la production ; de même la suspension du droit de sortie qui était précédemment perçu dans le protectorat sur les brebis a facilité la vente hors du pays des brebis trop âgées pour la reproduction.

Chèvres. — Les mêmes causes ont agi pour retarder l'accroissement du nombre des chèvres de race Afrikander. On en comptait 485.401 (448.279) au dernier recensement, soit une augmentation de 37.122 (63.293). Les chèvres Angora paraissent se plaire dans la colonie; elles sont au nombre de 13.340 (10.044) pour les animaux de race pure ■et de 18.163 (10.387) pour les animaux issus de croisements.

Il a été exporté durant les six premiers mois de 1913 pour 431 liv. st. (163) de laine mohair.

Les exportations de cuirs et de peaux de toute taille accusent encore l'influence de la sécheresse. Elles sont en effet passées de 2.840 à 9.603 liv. st. pour les six premiers mois de l'année.

Chevaux. — Les statistiques signalent l'existence de 15.916 (13.340) chevaux, soit une augmentation de 2.576 (657). Cette augmentation doit être considérée comme satisfaisante, car elle provient surtout des progrès de l'élevage. La qualité des chevaux va sans cesse en s'améliorant. Dans les principaux centres d'élevage, des associations d'éleveurs de chevaux ont été constituées. Les étalons sont soumis chaque année à une inspection et seuls sont employés pour la monte


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ceux qui ont été agréés par le Comité. De temps eh temps on importe des reproducteurs pur sang.

Mulets et ânes. — On en compte 13.618 (11.894). Quelques baudets espagnols ont été importés pour encourager l'élevage du mulet, très négligé jusqu'à présent. On conseille aux colons d'utiliser leurs juments de qualité inférieure pour la production du mulet, car un jeune mulet né d'une mère médiocre atteint un prix plus élevé qu'un poulain et en outre il ne peut transmettre ses défauts. L'Afrique allemande du Sud-Ouest est un excellent pays pour l'élevage des ânes. Ces courageux petits animaux sont très utiles pour les transports dans les régions sèches.

Porcs. — L'élevage des porcs n'a guère progressé. Cette industrie a été en 1913 entravée par les mauvaises récoltes, par l'insuffisance des pâturages et par la diminution des ressources en. lait. Les statistiques en comptent 7.772 (7.195), soit une augmentation de 577 (566). Avec le retour des saisons favorables cette industrie pourra retrouver une activité nouvelle.

Chameaux. — Le nombre des chameaux est descendu à 709 (789). Les pertes ont donc été supérieures aux ressources que peut fournir le parc militaire à chameaux. L'élevage du chameau n'est pas pratiqué par les particuliers.

Autruches. —On en compte 1.507 (1.277) soit un accroissement de 230 (635); quelques oiseaux reproducteurs de grande race ont été amenés de la province du Cap. L'amélioration constatée dans la qualité compense largement le léger ralentissement relevé dans l'augmentation annuelle du troupeau. Lés autruches nées dans le pays de parents de bonne race commencent à trouver acquéreurs à de bons prix. A la fin de l'année l'administration locale a fait savoir que cinquante


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oiseaux provenant de l'autrucherie officielle de Otjituezu seraient mis en vente. Les dépenses qu'entraîne l'entretien d'une autrucherie sont si élevées pour l'instant que seul l'élevage d'autruches de la plus belle espèce permet d'y faire face. La valeur des plumes exportées pendant les six premiers mois de 1913 a atteint 2.004 livres sterling (1.886 liv. st.).

Phoques. — Le prix des peaux de phoques a été si bas en 1913 que les chasseurs ont fait de très petits bénéfices. Une conférence entre des représentants de l'Union sud-africaine et le gouvernement du Protectorat s'est réunie à Luederitzbucht en vue de réglementer la chasse aux phoques. Le nouveau règlement sera sans doute mis en vigueur avant le début de la prochaine saison de chasse.

Baleines. — La compagnie de pêche à la baleine Sturmvogel a commencé ses opérations en 1913. Comme l'usine à guano n'avait pu être achevée avant la fin de la saison, ce sous-produit de valeur a été perdu. Le nombre des baleines capturées n'a pas été considéré comme satisfaisant.

Brasseries. — Il existe des brasseries florissantes à Windhoek et à Swakopmund et dans ces villes on ne consomme plus de bière d'importation.

Chemins de fer. — A l'exception de quelques lignes appartenant à des compagnies minières il n'y a eu en 1913 aucune construction de voie ferrée. Les recettes du chemin de fer d'Otavi ont augmenté du fait du transport de plus grandes quantités de minerai de cuivre jusqu'au port d'embarquement. La diminution dés tarifs de transport pour les produits locaux a permis aux colons de vendre plus facilement leur bétail, leurs légumes et leur beurre.

4


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Les lignes de Swakopmundi à Tsoumeb et à Grootfontein sont exploitées par la Cie du chemin de fer et des mines d'Otavi. Les sections Karibib - Windhoek-Mariental sont exploitées par l'Etat, tandis que les lignes de Luederitzbucht-Keetmanshoop-Mariental et Seeheim-Kalkfontein le sont par la compagnie de Lenz. Voici quelles ont été les recettes et les dépenses de ces diverses lignes pendant l'année finissant au 31 mars 1913:

Excédents Recettes Dépenses de recettes

Livres sterling

Ligne d'Otavi ................ 241.963 119.433 122 530

Lignes de l'Etat ............ 79.910 67.442 12 468

Lignes de la Ci-de Lenz. 99.668 80.134 19.534

421.841 267.009 1S4.S32

Environ 547 milles (880 kilomètres) de lignes à voie étroite et 771 milles (1.250 kilomètres) de ligne à l'écartement du Cap sont ouvertes au trafic.

Postes et Télégraphes. — Il y avait dans le Protectorat , au 31 mars 1914 , 70 bureaux de poste dont 50 reliés par le télégraphe. Les relations téléphoniques étaient,assurées avec 28 villes et villages comptant au total 954 abonnés (879). On a inauguré à Windhoek une station de télégraphie sans fil qui communiquera avec l'Allemagne par la colonie allemande du Cameroun.

Travaux publics et industrie du bâtiment.— Bien qu'il n'y ait pas eu en 1913 de grands travaux en train, on a bâti beaucoup, tant le gouvernement que les Compagnies minières. A Windhoek on a achevé les bureaux du gouvernement et on a commencé à Luederitzbucht les bâtiments de la gare.

Irrigation , forage et adduction d'eau. — Le


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gouvernement local continue à effectuer des opérations de forage ; il existe en outre dans la colonie 24 foreuses appartenant à des particuliers. Pour encourager ce genre de travaux, l'administration consent aux particuliers l'avance des capitaux nécessaires moyennant un intérêt annuel de 4 0/0 et le remboursement en dix annuités.

Dans la partie allemande du désert de Kalahari, on a ouvert par sondages, dans la vallée de la. rivière Auob, neuf puits artésiens. Comme la même formation géologique s'étend jusqu'en territoire anglais, il est probable que l'on pourrait obtenir chez nous des résultats analogues. On a fait des travaux du même genre à Keetmanshoop.

Les quantités d'eau dont disposait la ville de Windhoek pour les besoins de la localité étaient insuffisantes ; des travaux de forage ont fourni, et largement, le complément nécessaire. L'administration municipale a, en conséquence, décidé de contracter un emprunt de 75.000 livres sterling pour l'établissement d'un réseau souterrain d'égouts. Les travaux ont été confiés à une maison allemande. On a poursuivi les travaux préliminaires pour l'adduction d'eau de la ville de Luederitzbucht. En creusant des puits dans la vallée de la rivière Kuichab, près d'Aus , on a découvert des sources de grand débit, mais il est probable que pour des motifs d'ordre financier on devra attendre quelque temps avant d'établir les conduites d'eau et de construire les réservoirs.

Un crédit de 50.000 livres sterling réservé pour l'étude préliminaire de divers projets d'irrigation va permettre de préparer un rapport très complet sur l'ensemble de la question des ressources en eau.

Navigation. — Rien de nouveau à signaler sous cette rubrique.

Recettes et dépenses du budget. — Les recettes


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du budget local pour l'année finissant le 31 mars 1913 ,se sont élevées a 1.081.400 livres sterling, alors que les prévisions budgétaires les avaient évaluées à. 766,500 livres sterling. L'excédent sera porté au crédit de l'exercice financier se terminant au 31 mars 1915.

On a présenté au Reichstag un budget supplémentaire pour l'année se terminant au 31 mars 1914.

Les recettes produites par l'industrie diamantifère, qui avaient été estimées à 357.150 livres sterling, ont dépassé cette évaluation de 800.000 livres sterling. Lors du vote par le Reichstag d'un crédit de 2.500.000 livres sterling pour le chemin de fer Karibib-Keetmanshoop, il avait été décidé que sur ce total le Protectorat prendrait à sa charge une somme de 1.700.000 livres sterling. La somme restant à payer de ce chef, soit 680.000 livres sterling, a été prise sur cet excédent de 800.000 livres sterling ; le surplus a servi à acheter des actions de la Régie des diamants.

Pour l'année financière se terminant au 31 mars 1915, les prévisions du budget local s'éler vaient en recettes et en dépenses à 2.081.157 liv. sterling. On a compris dans le total des recettes la contribution de l'empire aux dépenses militaires ainsi que l'excédent des recettes de l'exercice 1912-1913. Mais depuis que le projet du budget a été présenté au Landesrat, il a subi des modifications considérables; la situation finannière est assez obscure pour l'instant. Le Reichstag a décidé que le budget local acquitterait dorénavant sur les ressources locales un tiers de la dépense totale effectuée pour l'armée et la police. Précédemment ces dépenses étaient entièrement couvertes par des contributions de l'Empire. Voici quels devraient être, en 1914, les principaux travaux payés sur les ressources locales.


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Livres sterling

Section Otjivarongo-Aimab Poort dû chemin de fer de l'Ovambo (55 milles, soit 88 kilom.). 250.000

Améliorations à la jetée du port de Luéderitzbucht .................................... 9.000

Recherches préliminaires sur les ressources en.eau ...................................... 50.000

Station pour les quarantaines à effectuer sur la frontière orientale ............................. 7.000

Santé publique. — La mortalité a atteint, pour l'année finissant le 31 mars 1913, 11,13 pour 1.000 contre 11 pour 1.000 l'année précédente. Le nombre des décès s'est élevé à 165 (153) répartis de la manière suivante par cause de décès :

1912 1913

Malaria .......................

Fièvre hémoglobinurique

Dysenterie ...............................

Fièvre typhoïde ...............................

Tuberculose

Autres maladies

Accidents ........................... .

Suicides

Exécutions

3 6

» 1

22 19

4 10 3 6

86 96

19 15

16 10

» 2

La mortalité des enfants au-dessous de cinq ans a été faible : 70 (69). On a relevé 494 naissances (489). Les statistiques afférentes à la population indigène ne sont qu'approximatives. Autant qu'on puisse en juger, la mortalité a atteint 21,75 0/00 (23,22). Les naissances déclarées ont été de 2.432 (2.632) et il y a eu 403 décès d'enfants au-dessous de cinq ans (374).


Les renseignements ci-après qui complètent utilement le rapport qu'on vient de lire sont empruntés au Stalesman's YearBook, édition de 1916 :

Ce protectorat embrasse la région comprise entre l'Afrique portugaise occidentale et la colonie du Cap ; il s'étend vers l'Est jusqu'à la sphère britannique, mais il faut en exclure Walfish-Bay qui appartient à la colonie du Cap. Superficie : 322.450 milles carrés (838.370kil. carrés); population : 79.556 habitants appartenant aux races Hottentot et Bushman, Bantou et Damara. Population européenne en 1913 : 14.816 (12.292 Allemands). Forces militaires ( y compris la police) . 2.992 hommes.

En 1913, les 17 écoles officielles comptèrent 775 élèves ■et les écoles de missions 3.000 environ. Toute la partie méridionale et la majeure portion de la partie orientale du pays est stérile et déserte. Les terres côtières sont en possession de la Deutsche kolonial Gesellschaft fur Südwest Afrika qui a donné le nom spécial de Deutsch-Namaland à la partie méridionale et de Deutsch-Damaraland à la partie septentrionale de ses territoires. Le siège de l'administration est à Windhoek. Les ports naturels sont : Sandwich Harbour, qui s'ensable graduellement , et Angra-Pequena , ou Lüderitz Bay. Un nouveau port a été construit à Swakopmund.

Le protectorat communique avec l'Europe par le câble du Cap et Mossamedes , qui touche à Swakopmund.


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III. ANCIEN CAMEROUN

Il n'a pas étépublié , depuis plusieurs années, de rapport consulaire anglais sur l'ancien Cameroun. Dans ces conditions' désireux de ne faire appel pour cet exposé qu'à des documents anglais, nous avons cru devoir nous borner à traduire la page que le Stalesman's Year-Book, l'excellent recueil si universellement estimé, a consacré à ce pays.dans son édition de 1946 (4)

Le Protectorat du Cameroun, situé entre la Nigéria anglaise et le Congo français, s'étend du littoral de l'Atlantique dans la direction du NordEst jusqu'au rivage méridional du lac Tchad. En 1911 une portion considérable de territoire a été annexée du Congo français au Cameroun et ces acquisitions nouvelles ont pris le nom de Nouveau Cameroun. Un accord déterminant la frontière entre la Nigeria et le Cameroun, de Yola à la mer, a été signé à Londres le 11 mars 1913. Superficie : 496.938 kilomètres carrés; population : 2.540.000. Nègres Bantou près du littoral. Nègres soudanais dans l'intérieur. On comptait; en 1913, 1.873 Blancs, dont 1.643 Allemands. Le Protectorat était placé sous l'autorité d'un gouverneur impérial assisté d'un chancelier, de deux secrétaires et d'un conseil local composé de trois négociants notables. Le siège du gouvernement était à Bouëa. Douala (population : 22.000) ; Victoria, Kribi, Rio-del-Rey et Campo sont des places de commerce importantes et Aquatown et Belltown sont les principaux centres indigènes. Forces militaires : 199 Allemands et 1.550 indigènes;

(1) Ce texte ne fait au reste que reproduire, presque mot pour mot, le texte publié dans le volume afférent à 1915. En tout cas, aucun des chiffres de statistique n'a subi demodification.


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forces de police : 40 Allemands et 1.255 hommes de couleur. Quatre écoles officielles, à Douala, Victoria,

Yaoundé et Garoua,ont environ 368 élèves. Quatre sociétés de missions enfretiennentdes écoles fréquentées par 24.170 élèves. En 1913, 72 Européens et 11.229 indigènes ont été condamnés par les tribunaux répressifs.

Dans la région côtière le sol est fertile et de


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nombreuses plantes indigènes poussent à profusion. Les plantations de cacao occupentl0.654 hectares; le,café 10 hectares,;.les caoutchoucs de diverses espèces 7.178 hectares; la kola 54hectares. On compte 345.824 palmiers à huile. A Victoria, on a fait des essais de" culture de girofle, de vanille, de gingembre, de poivre et de beaucoup d'autres produits; commerce actif d'ivoire et d'huile de palme. La colonie est riche en bois durs ; l'ébène est abondant. L'élevage des bovidés est pratiqué avec succès dans l'intérieur. On a trouvé de l'or et du fer.

Recettes budgétaires (en majorité droits de douane) pour 1914 : 1.629.895 livres sterling; dépenses :. 863.000.livres sterling.

Importations par mer en 1911,1.395.513 liv. st., en 1912, 1.629.395 liv. st.; exportations : 1 million 011:542 liv. st. en 1911 et 1.102.803 liv. st. en 1912. Principales exportations : amandes de palme, caoutchouc, huile de palme, ivoire, cacao. Principales importations : tissus, alcools, bois, sel, quincaillerie, denrées coloniales. En 1912, il est entré dans les cinq ports du Protectorat 604 navires marchands jaugeant 1.733.030 tonnes.'

Des routes sont en construction entre les villes delà côte et de la côte vers l'intérieur. La longueur totale des voies ferrées (en 1913) est de 149 milles (240 kilomètres). La ligne de Manengouba est construite jusqu'au kilomètre 160. Les recettes ont atteint en 1912 633.558 marks. Une ligne de Douala à Edéa et à Ouidimengé était en construction et d'autres lignes étaient projetées à proximité de la côte sud-occidentale. Le réseau télégraphique s'étend rapidement.' Le Cameroun est relié par câble avec Bonny, dans la Nigeria du Sud. Un nouveau câble reliant directement la colonie à l'Allemagne a été mis en service en 1913.


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IV. — AFRIQUE ORIENTALE ALLEMAND!V

RAPPORT

pour les années 1912-1913

sur le Commerce et la Situation économique

de l'Afrique Orientale allemande (1)

(Présenté au Parlement Britannique en mai 1915)

Par M. le Vice-Consul NORMAN KING

Observations préliminaires.. — Le commerce de l'Afrique orientale allemande pendant l'année 1912 a accusé des progrès proportionnés à l'amélioration qui, malgré la crise menaçante sur le caoutchouc, avait, été constatée précédemment dans la situation économique du pays. La population blanche s'est accrue de 470 unités, la superficie des terres cultivées par les Européens est passée de 217.060 acres (86.824 hectares) en 1911 à 312.422 acres (124.968 hectares) en 1912 et à 4.07.612 acres (163.044 hectares) en 1913. Le développement de l'agriculture indigène a fait des progrès considérables. Lechemin de fer de Tanga à Moschi a été ouvert au trafic et le chemin de fer central de Dar-es-Salaam au Tanganyika a atteint le 207e kilomètre au delà de Tabora (le terminus Kigoma a été atteint le 2 février 1914).

D'après les statistiques officielles, la valeur du commerce extérieur du Protectorat, transit non compris., a passé de 3,416.470 liv, st. en 1911 à

(1) Diplomatie and Consular Reports : n° 5441, Annuâl Séries.


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4.086.377 Uv. st. en 191.2, soituhe augmentatiotv de 19,6 0/0. Voici les chiffres du commerce extérieur de l'Afrique orientale allemande au cours des dix dernières années :

Années Importations Exportations Totaux

• Livres sterling

19.04 "16.945 447.528. 1.164.47»

1905 882.767 . 497.483 1.380 250

1906 1.237.642 ' 549.736 1.807.378

1907 1.190.318 625.009 1.815.327

1908 1.289.338 543.692 1.833.030

1909 1.697.085 655.974 2.353.059,

1910... 1.932.938 1.040.269 2.973.207

1911 2.294.582 1.121.888 3.416.470

1912 2.515.458 1.870.919 4.086:377

1913... 2.667.925 1.777.552 4.445.477

Il n'existe pas de statistique du commerce intérieur, mais l'accroissement des recettes produites, par la taxe industrielle indique que ce commerce augmente d'année en année.

L'échange est, de plus en plus, remplacé par, des transactions à base monétaire et partout le commerce de détail se, développe, grâce surtout au petit boutiquier indien qui pénètre dans tous les recoins du pays, achète les peaux, les cuirs et tous autres produits locaux aux indigènes,et leur, vend en retour toutes sortes d'articles, mais prin-, cipalement des tissus et des vêtements de coton.,

On compte qu'avec l'extension du réseau ferré lé commerce du Protectorat prendra un grand développement, car il existe encore de vastes. régions très peuplées et fertiles qui attendent, pour être mises en valeur la création de moyens, de transports appropriés.

Toutefois, comme ailleurs, le progrès, général ne va pas sans quelques inconvénients,. Les plan-, leurs qui manquent souvent de cohésion et qui ne savent pas s'entendre pour le bien commun. portent volontiers, eu temps d'adversitéleurs, leurs do-


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léances à l'Administration.Ils se plaignent qu'il y ait trop de fonctionnaires ; ils se: plaignent que le gouvernement les acca ble dérèglements tracassiers et ne mette pas à leur disposition la main-d'oeuvre qu'ils demandent. De leur côté, les fonctionnaires trouvent les circonscriptions administratives trop étendues et:déplorent que la besogne s'accroisse sans cesse. L'Administration serait disposée à aider les colons à trouver des. ouvriers, mais elle se rend compté qu'il faudrait non seulement fournir des travailleurs, mais encore surveiller la façon dont ceux-ci sont traités. Elle sait aussi qu'il n'est pas moins utile d'encourager les indigènes à travailler sur leurs propres terres que de les engager à.travailler pour les Européens.

Les tarifs élevés sur les chemins de fer sont de la part des planteurs et des commerçants l'objet de-sérieuses plaintes qui trouvent un écho sympathique parmi bien des fonctionnaires.

Le trafic maritime est encore le monopole de la Deutsche Ost Àfrikanische Linie.

L'espérance que l'on avait dans certains milieux allemands de voir le Protectorat absorber de nombreux petits - colons a été déçue. La question de la main-d'oeuvre est encore hérissée de difficultés et la récente crise sur le caoutchouc a causé une forte dépression parmi les côlons. Les capitaux n'arrivent que lentement dans le pays.

La redoutable maladie du sommeil, bien que peu menaçante en somme pour les Européens, continue à faire de nombreuses victimes parmi les indigènes et empêche la mise en exploitation de bien des terres. Lamouche tsé-tsé est répandue dans tout le Protectorat et la peste bovine a causé de grandes pertes aux-éleveurs et.aux négociants en peaux pendant l'année 1912-1913

Importations. —: La valeur totale des importations s'est élevée, à 2.515.455 liv. st. en 1912, ce qui représente une augmentation de9,6 0/0 sur


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l'année précédente. Les importations par mer se sont élevées à 2.234.515 liv. st., soit une augmentation de 10,7 0/0, tandis que les importations par terre (principalement par le chemin dé fer de l'Ouganda et par le lac Victcoria-Nyanza) se sont élevées à 280.870 liv. st., en augmentation de 1,5 0/0.

Pour se faire une idée plus exacte de la valeur économique des chiffres ci-dessus, il faut en soustraire la valeur des espèces et du matériel de chemins de fer importés. L'importation des monnaies au été de 27.460 liv. st. en 1912 contre 105.440.liv. st. en 1911 (cette diminution de près de 74 0/0 est sans doute.due à une circonstance fortuite, car le nombre des monnaies de faible valeur en circulation s'accroît sans cesse). Quant au matériel pour la construction de chemins de fer, illigure dans les statistiques pour 517.200 liv. st. (fer brut et. rails : 26.7.000 liv. st. ; fer sans spécification : 136.450 liv. st. ; matériel roulant : 113.750 liv. st.). Après déduction de la valeur des espèces et du matériel de chemin de fer importés, le total des importations se trouve ramené à 1.970.800 liv. st. en 1912, contre 1.738.100 en 1911; soit une augmentation de 232.700 liv..st. En réalité, la valeur des importations totales est un peu plus élevée, car on a compris, sous la rubrique « Matériel pour la construction de chemins.de fer », quelques marchandises qui n'étaient pas destinées à cet usage.

La valeur des importations effectuées par le chemin de fer de l'Ouganda et par les ports du lac Victoria-Nyanza est passée de 253.496 liv. st. en 1911 à 263.446 liv. st. en 1912. Cette valeur avait été, en 1910, de 256.607liv. st., légèrement inférieure à la valeur relevée en 1911. Cette situation est : attribuée au fait que, depuis 1910, certaines marchandises destinées aux districts d'Oujiji et de Tabora ont été importées par Dar-es-Salaam et


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le chemin de fer central et non plus par Mouansa Il est probable que le commerce par les ports du lac et le chemin de fer de l'Ouganda subira l'effet de la construction de l'embranchement du chemin de fer.qui doit être construit de Tabor à à Rouanda. Cela dépendra surtout des tarifs de transport qu'établiront les Allemands. ■

La valeur du commerce effectué par le Tan-ganyika (importations et exportations réunies) est tombée de 5.824 à 2.449 livres sterling. Cette moins-value n'est qu'apparente et provient de ce que les marchandises en transit ne figurent plus dans les statistiques.

Le commerce extérieur par le lac Nyassa a accusé en 1912 une légère augmentation, c'est du reste un trafic insignifiant.

L'accroissement des importations totales a porté sur presque toutes les catégories de marchandises, tant sur. celles destinées à la consommation européenne et indigène que sur celles qui intéressent le développement économique du pays. Il convient de mentionner que la valeur des tissus, importés principalement pour les indigènes, a constitué à peu près la moitié de la valeur totale des importations, espèces monnayées et matériel pour la construction du, chemin de fer déduits.

Exportations. — En 1912, la valeur totale des exportations a été dé 1.570.915 liv. st., dont 1.253.985 liv. st. pour le commerce maritime et 316.930 liv. st. pour le commerce par les lacs. Ces chiffres représentent une augmentation de 449.030 liv. st. soit 40 0/0 sur ceux de 1911; le commerce maritime s'est accru de 46,4 0/0 et le commerce par voie de terre de 19,2 0/0. Il n'y a pas eu d'exportation de monnaies en 1912. Il est intéressant de comparer la valeur respective des exportations de produits provenant de l'exploitation indigène avec celle des produits provenant


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des plantations européennes. En 1912, la valeur de l'exportation des produits en provenance exclusive des exploitations européennes (caoutchouc et sisal) a été de 729.650 liv. st. ; la valeur de ceux qui proviennent pour partie des exploitations indigènes et pour partie des exploitations européennes (café, coton, coprah) a été de 278.800 liv. st. ; quant à; la valeur des produits qui sont presque entièrement indigènes (tabac, riz, arachides, ■sésame, sucre, mélasses épaisses), elle a atteint 102.500 liv. st.. Les exportations de dépouilles d'animaux (peaux, cuirs et samli), dont le total est de 216.250 liv. st., sont, en majeure partie de production indigène, de même que le caoutchouc sauvage, la cire et la gomme copal, qui représentent au total 107.000 liv. st.

Transit. — Le poids des marchandises en transit a atteint 287 tonnes d'une valeur de 57.000 liv. st. ; la presque totalité porte sur le trafic avec le Congo belge. Les importations dans ce pays, consistant en cotonnades, articles d'alimentation, perles, cuivre, fil de fer, de cuivre, quincaillerie, représentent 129 tonnes d'une valeur de 13.632 liv. st. dont 20 tonnes importées par Dar-es-Salaam et Oujiji et 109 tonnes importées par le chemin de fer de l'Ouganda et Mouansa ou -Boukoba d'où elles gagnent le territoire belge par Kissenji, Oujiji et Bismarkburg. Les exportations du Congo ont atteint 158 tonnes, valant 43.149 liv. st. Sur ce total .12 tonnes ont emprunté la voie de Mouanza ou Boukoba et le chemin de fer de l'Ouganda, 134 tonnes ont pris, le chemin Bismarckburg, Oujiji et Dar-es-Salaam; 12 tonnes venant d'Oujiji sont sorties par Bagamoyo. Ces exportations consistent principalement en caoutchouc et ivoire. On espère que ce commerce prendra une grande extension avec l'arrivée du chemin de fer central à Kigoma sur le Tanganyika.


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Commerce avec VAllemagne. — En 1912, la valeur, en chiffres ronds, du commerce avec l'Allemagne a atteint 2.180.000 liv. st. contre 1.870.000 liv. st. en 1911; c'est un accroissement de 16 0/0, ou de 14,4 -0/0 avec un total de 1.285.000 liv. st. si l'on déduit les espèces monnayées. Les exportations pour l'Allemagne ont passéde 660:000 liv. st., en 1911 à 890.000 en 1912 (augmentation : 35 0/0) . Malheureusement ces chiffres ne donnent pas une idée exacte de ce commerce, car beaucoup de marchandises relevées par la douane comme provenant d'Allemagne n'ont fait que transiter à Hambourg.

C'est ainsi qu'en ce qui concerne par exemple les cotonnades, les statistiques . indiquent une valeur de 175:344 liv. st. pour les cotonnades importées d'Allemagne, alors que très probablement une faible partie de ces marchandises, si tant est qu'il en soit, provient des régions allemandes.. Le rapport officiel sur le commerce en 1911 déclarait en effet que l'industrie textile allemande n'avait encore réussi à prendre aucune part dans le commerce des cotonnades pour indigènes. On se propose de remédier à F avenir, à' cette imperfection des statistiques en recherchant, à l'entrée, l'origine réelle des marchandises importées.

Signalons encore qu'une notable partie des marchandises importées par Mombasa et les ports des lacs ou de l'Inde par Zanzibar sont d'origine allemande et' que, d'autre part, les exportations groupées sous la rubrique « Autres pays d'Afrique » et « Zanzibar » sont pour la presque totalité à destination du marché allemand.

Commercé'avec Zanzibar.— La valeur de ce commerce — qui est surtout un commerce d'entrepôt — est tombée de 331.000 liv. st. en 1911 à 271.000 liv. st. en 1912 (chiffres ronds). Cette moins-vatue de 18 0/0' doit être attribuée à l'effet des quarantaines établies sur les provenances de


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Zanzibar par suite de la présence du choléra dans cette île. Lès importations sont en diminution sur presque tous les articles, sauf les cotonnades qui .accusent un relèvement de 10.000 liv. st. : ce relèvement serait dû à ce que de grandes quantités de cotonnades auraient été retournées à des négociants de Dar-es-Salaam par des commerçants indiens hors d'état de payer. La valeur des exportations par Zanzibar est tombée de 104.000 liv. st. en 1911 à 82.500 liv. st. en 1912. Le coprah a baissé de 22.500 liv. st. par suite des quarantaines. Les principaux articles exportés sont le coprah, le simsim, l'ivoire, le sorgho, le copal, le café, le maïs et des sacs pour l'emballage des girofles.

Commerce avec l'lnde. — La valeur du commerce direct avec l'Inde est passée de 360.000 à 440.0.00 liv.-st. Les importations sont seules à considérer, caries exportations se réduisent à une valeur de 440 liv. st. Eu 1912, les principales marchandises importées ont été les cotonnades (155,000 liv. st.) et le riz (139.389 liv. st.). Les statistiques ne permettent pas de déterminer exactement dans quelle mesure les cotonnades importées de l'Inde sont de fabrication indienne. Les importations de riz ont gagné 10.000 liv. st. en valeur, mais ont décru de 2.000 tonnes en poids et, si l'on tient compte de la diminution constatée dans l'importation du riz de l'Inde importé par la voie .de Zanzibar, on. constate que la diminution totale atteint 4.208 tonnes. Les autres importations de l'Inde ont été :

Farine ......... 25.000 livres sterling

Samli 10.000 —

Bois de Teck:....... 5.000 —

Epices ... 4.300 —

Commerce avec les autres pays d'Afrique. — Les statistiques, groupées sous cette rubrique con5

con5


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cernent presque uniquement le commerce «a chemin de fer de l'Ouganda et Mombasa, car les chiffres du commerce avec le Congo belge, qui ne consiste qu'en transit, n'y figurent pas. Les importations ont atteint 220.000 liv. st. et les exportations 300.000 liv. st. environ. Ces dernières sont en majeure partie destinées à l'Amérique (cuirs et peaux), à l'Allemagne (café, coton, arachides et simsim) et à la France (arachides et peaux). Les importations viennent en réalité d'Allemagne, d'Angleterre, des Pays-Bas, d'Amérique et d'Italie.

Commerce avec les autres pays. RoyaumeUni. —, Le commerce avec les pays autres que l'Allemagne, l'Inde, l'Afrique et Zanzibar est passé de 400.000 liv. st. en 1911 à 670.000 liv. st. en 1912 (importations 376.500; exportations 294.000 liv. st.).

La valeur du commerce direct avec le RoyaumeUni a été de 290.000 liv. st. (importations 125.000 liv. st.; exportations 165.000 liv. st.). Voici quelle a été la valeur des principaux articles importés et exportés.

Importations directes du Royaume-Uni en 1912,

Livres sterlingCotonnades

sterlingCotonnades

Fer galvanisé 14.683

Alcools 6.150

Tabacs manufacturés ; 4.029

Quincaillerie ; 2.828

Produits chimiques et pharmaceutiques.. 2.308

Chaussures : 2.293

Farine et provisions ; 1.373

Savon .. 1.356

Lait, beurre et fromage 1.227

Articles divers en métal 1.200

Verreries 1.130


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Exportations directes pour le Royaume-Uni en 1912.

Livres sterling

Caoutchouc 144.950

Café :... 7.387

Peaux 6.563

Ivoire 5.432

Copal 1.334

Coton 647

Cire 278

Pratiquement la totalité des exportations de sisal (17.079 tonnes) a été prise par l'Allemagne (16.224 tonnes) et l'Amérique (595 tonnes). En 1911, il avait été exporté dans le Royaume-Uni pour 4.649 livres sterling de sisal. . Parmi les « autres pays », on peut citer les Pays-Bas, d'où ont été importées des cotonnades', du tabac, des fers (d'origine anglaise et allemande) ; la Norvège qui a fourni des bois ; la France, du vin et des huiles d'olive; l'Italie, du vin, des cotonnades et des parapluies ; la Russie et l'Amérique, qui ont fourni du pétrole.

Concurrence japonaise. — Des sous-vêtements confectionnés ont été importés pour la première fois du Japon (Kobé) et se sont bien vendus. Des perles japonaises importées par l'Inde ont été de même bien accueillies. Une importante série de modèles de vêtements de coton (châles, Bhurra et Subaya) ont été expédiés dans l'Afrique orientale allemande par une maison japonaise et il n'est pas impossible qu'ils entrent en concurrence avec les articles déjà sur le marché. Les relations avec le Japon sont relativement faciles, car le Lloyd austro-hongrois assure un service direct entre Kobé et Aden.

Répartition du commerce, (a) Ports de la côte.

— Les principaux ports du littoral sont la capitale Dar-es-Salaam et Tanga. La valeur du commercé


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de Dar-es Salaam a été de 1.615.000 livres sterling en 1912 contre 1.360.000 livres sterling l'année précédente. Les importations ont atteint 1.345.000 livres sterling et les exportations 265.000 livres sterling. Les exportations ont obtenu une plus-value de 45,2 0/0, mais il convient d'observer que dans-les statistiques de Dar-es-Salaam sont compris les chiffres relatif à l'île de Mafia et au district de Roufiji. ..

Les opérations de déchargement des marchandises sont effectuées par MM. Hansing et au prix de 5 marks la tonne. Pour l'embarquement il n'existe pas de taxe fixe et les opérations étaient faites en partie par des" particuliers possédant des chalands. Un droit de quai de 40 hellers par tonne ou mètre cube a été établi le 1er janvier 1913, A partir du 1er avril 1914, la perception de ce droit sera confiée à MM. Hansing et Cie, et Ce droit sera plus élevé pour les maisons ne recourant pas à cette entreprise pour le chargement ou le déchargement des marchandises. MM. Hansing et Cie disposeront ainsi d'un véritable monopole de fait pour toutes les opérations de batelage du port.

Il existe à Dar-es-Salaam des grues électriques pour le transfert direct des" marchandises des chalands dans les magasins de la douane. En vue de l'accroissement de trafic que l'on croit devoir résulter de l'achèvement du chemin de fer du Tanganyika, on a projeté pour 1914 une extension considérable des hangars de la douane et de la longueur des quais.

Les chiffres reproduits ci-dessus ne comprennent pas le transit de et pour le Congo (50.000 livres sterling environ) ni le commerce d'entrepôt (75.000 livres sterling). En 1912, le commerce du port de Tanga s'est accru de façon très satisfaisante et les exportations ont, pour la première fois, dépassé les importations. Ces-dernières ont atteint 600.000 livres sterling


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contre 660.000 en 1911 et les exportations 666.341 livres sterling contre 427.489. Le fait que les exportations par Tanga représentent plus du double des exportations par Dar-es-Salaam est dû à l'existence, dans l'hinterland du port, de la majorité des plantations européennes. Le déchargement des marchandises est effectué par les agents de la Deutsch Ost Afrikanische Linie au prix de 7 marks la tonne.

Le commerce des autres ports de la côte a atteint les chiffres ci-après :

Lindi .::.:; 193.000 livres sterling

Mikindani ; 80.000 —

Pangani .::... 110.000 —

Bàgamoyo 55:000 — -

Le commerce des trois premiers de ces ports accuse des progrès satisfaisants. Bagamoyo a rapidement décliné dans ces dernières années, au fur et à mesure du remplacement des caravanes par le chemin de fer central. Le commerce de Sadani et de Kiloua n'est pas important. Il existe encore des ports à Salalé sur le fleuve Roufiji, d'où l'on exporte du coton et des écorces de palétuvier, et à Kilindini, dans l'île de Mafia, d'où l'on exporte du coprah. Il y a sur cette île trois plantations européennes.

b) Ports de l'intérieur. — Le commerce des ports du lac Victoria-Nyanza se développe de façon satisfaisante. On s'est plaint en 1912 que ni les steamers sur le lac ni le chemin de fer de l'Ouganda n'aient été à même de satisfaire aux exigence du trafic.

Les importations par Mouanza sont tombées de 152.000 livres sterling en 1911 à 121.500 livres sterling en 1912. D'autre part, le commerce d'exportation a passé de 140.500 à 147.000 livres sterling. La moins-value sur les importations n'est pas l'indice d'une diminution


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dans l'importance de Mouansa ou de la- région avoisinante. Elle provient de ce qu'en 1911 on, a finalement renoncé, en faveur de la route Dar-es-r Salaam et chemin de fer central, à l'importation par Mouanza des marchandises à destination de Tabora. Ce trafic s'élevait à 115.000 livres sterling, si bien qu'en définitive les statistiques accusent un progrès marqué dans le commerce du district de Mouanza. Les exportations qui ont atteint 5.200 livres sterling se décomposent ainsi :

Coton. — 364 tonnes

Dont pour la production indigène. '225 —

Graines de coton 424 —

Sisal 22 —

Or 16!750 livres sterling

Arachides'. 3.340 tonnes

Simsim 108 —

Samli.... 242 —

Peaux de boeufs. 563 —

Peaux de chèvres et de moutons. 275 —

Sur ce commerce 140.000 livres sterling constituent la part dès maisons européennes ; 105.000 livres sterling, celle des maisons indiennes; 20.000 livres sterling celle des missions, des particuliers et des indigènes.

Les exportations de Shirati sont montées de 16.100 livres sterling en. 1911 à 25.150 livres sterling en 1912. Les importations ont atteint 11.950 livres sterling et le commerce total, 37.000 livres sterling. Le trafic,échappe à l'influence du chemin de fer central. Les exportations ont consisté en arachides, peaux, simsim, samli et en coton.

Le commerce de Boukoba est passé de 193.000 livres sterling en 1911 à 271.000 livres sterling en 1912 (importations 129.000 liv. st.-; exportations 141.000 liv. st.). Cette plus-value considérable doit être attribuée à une plus grande activité des


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indigènes et à l'ouverture des pays Rouanda et Ouroundi qui, avec leur population dense et leurs grands troupeaux de boeufs, promettent au commerce un-riche avenir. La totalité du trafic de ces districts s'effectue pratiquement par, Boukoba. Les inconvénients du commerce par caravanes provoquent

provoquent plaintes nombreuses et parfois des pertes sérieuses. Il faut des mois pour que les charges parviennent à destination, quand elles ne se perdent pas en route ! Le chemin de fer projeté sera le meilleur remède à tous ces maux et il atteindra sans doute quelque peu le trafic de Boukoba, car une certaine portion du commerce des pays Ouroundi et Rouanda empruntera la route Ousoumboura-Kigoma-Dar-es-Salaam. Les principales marchandises importées pour Boukoba


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étaient les cotonnades ; les principales exportations : les peaux, le café, les arachides, le caoutchouc, la cire et.l'ivoire.

Le commerce avec le Congo s'effectue par Oujiji, Kissendji, Ousoumboura et Bismarckburg. II. se borne au transit des produits locaux, des cotonnades et des articles d'alimentation. Avec l'arrivée du chemin de fer central à Kigoma sur le Tanganyika, ce port deviendra l'entrepôt du commerce du Congo oriental, de la Rhodésia du Nord-Est et de la rive allemande du Tanganyika. On construit le port et la douane et l'on espère avoir à la fin de 1914 un grand steamer en service et un autre en construction. Pour l'instant le trafic entre les ports ci-dessus s'effectue par le petit vapeur Hedvig-von-Wissmann qui assure les relations postales avec Albertville.

Le commerce du district du lac Nyassa est encore insignifiant : il demeurera sans doute tel jusqu'à ce que la région soit reliée par voie ferrée à une grande voie commerciale. Les deux routesactuelles sont très incommodes pour le commerce. Sur la route Kilossa-Langenburg on ne trouve pas de porteurs : quant à l'itinéraire par le Nyassa]and anglais il est peu sûr et trop long, car l'on ne peut utiliser le Shiré que pendant la saison despluies. Il est également malaisé de trouver des porteurs à Blantyre.

Moschi (dans le district du Kilimandjaro) ne figurera plus à l'avenir comme port d'entrée dans les statistiques officielles allemandes. Le commerce de ce district passe presque entièrement par Tanga. Le trafic par Taveta(Voi) et Mombasa a pratiquement cessé, car les planteurs installés au voisinage delà frontière anglaise, qui expédieraient volontiers leurs produits par la voie beaucoup plus économique du chemin de fer de l'Ouganda, se trouvent dans l'obligation, faute de douane à la frontière même,d'envoyer au préalable .


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leurs marchandises à la douane de New-Moschi. Il en résulte pour eux des frais qui contrebalancent l'économie qu'ils feraient en empruntant la ligne anglaise ; le commerce est ainsi contraint de prendre la voie Moschi-Tanga.

Débouchés offerts au commerce anglais;■— Les observations présentées sur ce point dans le dernier rapport consulaire sur l'Afrique orientale allemande (n° 5171) n'ont rien perdu de leur valeur. La population européenne ne s'accroît que lentementetelle est en majorité composée d'Allemands. On peutdonc s'attendre à ce que l'importation des produits destinés à la consommation européenne ne s'accroisse que lentement et à ce que ces produits soient, pour répondre au goût de la clientèle, surtout allemands. Mais le commerce d'articles destinés aux indigènes est susceptible d'une extension énorme et il n'y a pas de motifs pour que, dans ce domaine, l'importation des marchandises anglaises ne s'accroisse considérablement.

Disons à ce propos qu'il est inutile de dépenser de l'argent pour envoyer au vice-consulat à Dares-Salaàm, en vue de leur distribution, des catalogues en anglais avec mesures et prix anglais. Les catalogues doivent être imprimés en allemand, avec poids et mesures du système métrique. On peut se procurer une liste des principales maisons de commerce, ainsi que des principales maisons indiennes (britanniques), au service des renseignements commerciaux du Board of Tradè (73, Basinghall street, E. C, Londres) et consulter à la même adresse le tarif douanier local. Le meilleur moyen de développer des affaires dans le pays serait d'y envoyer un voyageur de commerce connaissant la langue allemande pour étudier les conditions du commerce local et d'établir en même temps un agent sûr à Dar-es-Salaam et . à Tanga. Il n'y a encore aucun négociant anglais


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dans les villes de la côte et cette lacune paraît étrange quand on considère le nombre des maisons allemandes établies à Zanzibar et dans l'Afrique orientale anglaise. Plusieurs maisons allemandes decepays tiennent des produits anglais.

Une maison qui ouvrirait ici une succursale aurait à faire face à une concurrence très sérieuse et elle devrait au début se contenter de petits bénéfices. Il n'est pas facile de trouver de locaux convenables, les loyers sont élevés et les employés de bureau se payent cher. Une autre difficulté résulte du fait que la plupart des commerçants indiens par l'intermédiaire desquels se font les affaires, dépendent financièrement des grosses maisons déjà existantes. Toutefois il peut être intéressant de.signaler que deux maisons austrohongroises ont ouvert récemment des agences à Dar-es-Salaam.

Cotonnades. — Les chiffres qui figurent dans les statistiques annexées à ce rapport ne donnent pas une idée exacte de la part qui revient aux différentes nations dans ce commerce. Les importations d'Allemagne y sont évaluées à 175.350 livres sterling, mais il est probable qu'une petite portion seulement de ces marchandises sont allemandes d'origine. Les chiffres signifient seulement que des cotonnades d'une valeur équivalente ont été embarquées dans des ports allemands. La part attribuée au Royaume-Uni a passé de 25.201 livres sterling en 1910, à 42.473. livres sterling en 1911 et à 71.112 livres sterling en 1912 (ce qui représente pour cette dernière année un accroissement; de plus de 68 0/0), mais ces chiffres ne tiennent pas compte de toutes les marchandises d'origine anglaise importées par l'Allemagne, par les autres pays d'Afrique, etc. Les autres pays d'origine sont l'Amérique, les Pays-Bas. et .l'Inde. Ces dernières années l'Italie est apparue sur le marché avec des americani ;


son commerce a été favorisé par l'établissement, dans la Somalie italienne (côte du Benadir) d'un tarif douanier autonome.qui a assuré des débouchés à ses produits et qui a permis aux americani bon marché des fabriques de Lombardie de chasser de ce marché les produits américains. L'Autriche-Hongrie et la Belgique font également dés efforts pour conquérir une partie du marché des cotonnades, mais jusqu'à présentie second de ces pays n'a guère eu de succès; les cotonnades austro-hongroises semblent mieux réussir.

En envisageant les chances d'avenir de ces articles, il ne faut pas oublier que les tissus de coton de fabrication européenne ou indienne ne sont encore portés que par les indigènes de la côte, et par ceux qui habitent dans les régions traversées par les chemins de fer ou le long des routes suivies par les caravanes. La masse de la population les ignore encore, mais elle les adopte au fur et à mesure qu'elle entre en contact avec la civilisation. On peut envisager comme certain qu'avec le développement de la faculté d'achat des indigènes et avec l'ouverture par les chemins de fer des régions très peuplées du nord-ouest, il se produira une grosse augmentation dans les importations de cotonnades.

Tôle ondulée. — Cet article joue un rôle important comme élément de toiture dans tout le Protectorat. Le gros de l'importation est de fabrication, anglaise, la part de l'industrie allemande étant relativement faible II y a tout lieu de penser que la .demande ne fera que s'accroître.

Whisky. — L'importation des alcools de tous genres est passée de 18.000 livres sterling en 1911 à 21.000 livres sterling en 1912. La part de l'Allemagne (ce sont principalement des marchandises transbordées à Hambourg) a décru de 900 livres sterling, tandis que la part de l'Angleterre s'accroissait de 2.350 livres sterling et celle de la Hol-,


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ande de 600 livres sterling environ. D'Angleterre on importe surtout du whisky; d'Allemagne et de France viennent des cognacs ; d'Allemagne, de Hollande et de Suède, des liqueurs. On boit rarement — si même l'on en boit jamais — le whisky et soda à table, mais après les repas, et comme rafraîchissement, cette boisson continue à occuper la première place et il n'y a pas de signe d'une diminution dans-la vogue des marques écossaises. On ne voit que rarement des whiskies irlandais ou américains et il semble bien que malgré tous les appels au patriotisme, le whisky allemand ne fasse que peu de progrès. L'opinion que le whisky et soda est, sous les tropiques, une boisson plus hygiénique que la bière, paraît gagner du terrain.

Machines. — Les principales machines importées pour l'agriculture sont des machines à décortiquer le sisal, des machines à purifier le caoutchouc, des égreneuses et des presses à coton, des pompes, des charrues et des machines pour préparer le riz. Elles viennent, en majeure partie, d'Allemagne. L'importation des machines agricoles a décru de 8.050 livres sterling en 1912; c'est, semble-t il, les conséquences du fait qu'on n'a pas créé de plantations nouvelles dans le district du Nord. (La part de Tanga a diminué de 7.100 livres sterling.) Il n'y a pas de motifs pour que le Royaume-Uni ne prenne pas une part plus grande à ce trafic, particulièrement lorsque les plantations seront plus développées. Pour l'instant la plupart des cultures, le sisal et le caoutchouc exceptés, peuvent être considérées comme étant dans la période expérimentale, encore le caoutchouc souffre-t-il d'une crise commerciale : quant au sisal, afin d'éviter la surproduction, on n'en étend la culture qu'avec prudence. La culture du coton pourra offrir dans l'avenir certains débouchés pour des charrues à moteur. II en


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existe trois en service dans le Protectorat, ainsi qu'une douzaine de charrues à vapeur.

Les importations groupées sous le titre « Machines pour l'industrie » comprennentdesmachines utilisées dans la construction et la charpente, dans les trois manufactures de glace de la colonie, dans la brasserie de Dar-es-Salaam, dans des scieries mécaniques, carrosserie, épuration de caoutchouc, des machines à coudre, du matériel d'imprimerie, etc. Les importations étaient, en

1911, en décroissance de 1.655 livres sterling et elles ont progressé de 7.200 livres sterling en

1912. La plupart de ces machines viennent d'Allemagne.

Quincaillerie et outils. — Outils, quincaillerie, bêches, matchetes, fil de fer, chaînes, vis, fer émaillé, etc. La moins-value constatée dans les statistiques provient d'une réduction dans les achats d'outils divers nécessaires à la construction du chemin de fer. Quelques articles sont toutefois en progrès marqué. Le Royaume-Uni fournit du fil de fer galvanisé, des serrures, des couteaux, etc. De l'Inde, viennent des boîtes d'étain bon marché. Le reste vient surtout d'Allemagne.

Chaussures. — Les importations sont tombées de 73 tonnes et de 22.652 livres sterling en 1911 à 44 tonnes et 14.479 livres sterling en 1912. Le rapport officiel qualifie cette moins-value d'accidentelle. On importe des articles pour Européens et notamment des souliers légers en toile, de forts brodequins de voyage, etc. La plupart viennent d'Allemagne. Comme les Européens sont encore peu nombreux et que beaucoup apportent leurs chaussures d'Europe ou les font faire sur place par des cordonniers de couleur, il n'y a pas grand avenir pour ces articles, mais la demande d'articles pour indigènes va sans cesse en augmentants II s'agit, bien entendu, d'articles


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très bon marché; le prix moyen par paire est à Dar-es-Salaam de 6 shill. 8. L'Usage en est plus répandu dans l'intérieur que sur la côte. La plupart viennent du Royaume-Uni. Articles en cuivrei. — Principalement des fils de cuivre des numéros 6, 7, 8, 18, 20 et 30 de la série de Birmingham. Plusieurs tribus indigènes s'en servent comme ornement personnel. L'article, dont l'importation a diminué d'environ 3.100 livres sterling en 1912, vient presque exclusivement d'Allemagne. L'Inde fournit divers ustensiles de cuivre, des plats, des bibelots, etc.

Bicyclettes. — Les bicyclettes sont employées dans tout le Protectorat et particulièrement dans les régions où on ne peut entretenir de chevaux ou de mules. Il n'y a pour ainsi dire pas d'automobiles dans le pays, car la plupart des routes ne se prêtent pas à leur circulation, sauf toutefois le court tronçon qui va de Mombo à Wilhelmsthal et qui, malgré de très fortes rampes, est une excellente piste pour autos. Il y circulé un car chaque jour. La majorité des bicyclettes, comme au reste des autres véhicules légers qui ne sont pas fabriqués sur place, viennent d'Allemagne.

Ciment. — Les importations de ciment ont fortement progressé dans ces dernières années et ces progrès continueront sans doute avec la construction de l'embranchement de voie ferrée de Tabora à Rouanda. Presque tout vient d'Allemagne et la part de l'Angleterre est insignifiante.

Conserves. ——Il y a une grosse ; demande, et une demande croissante, pour les conserves. Elles sont indispensables pour les voyages, mais elles sont aussi très utilisées sur la côte où il n'est pas facile de se procurer des fruits et des légumes frais. La part de l'Angleterre, qui fournit surtout des confitures, s'est élevée à 1.054 livres sterling, en augmentation de 113 livres sterling. D'Allemagne il ne vient pas moins de 20'variétés de


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conserves de légumes et de 14 variétés de fruits en boîtes. La part de l'Allemagne, y compris les fruits en conserve d'origine américaine ayant été transbordés en Allemagne, a été de 13.136 livres sterling. Les conserves de viande viennent surtout d'Allemagne.

Tabac. — L'importation, du tabac s'est accrue fortement dans ces dernières années. Les importations du Royaume-Uni sont passées de 10 tonnes et 1.599 livres sterling en 1911, à 34 tonnes et 4.029 livres sterling en 1912. Les importations en provenance de l'Allemagne sont portées pour 16.207 livres sterling; mais, comme les articles dits allemands consistent en tabacs, fabriqués pour la consommation européenne, il est probable que les statistiques ci-dessus comprennent des quantités importantes de marchandises transbordées en Allemagne.

Elles comprennent sans doute des cigares fabriqués en Hollande. Les importations pour indigènes sont importantes, car les indigènes sont d'enragés fumeurs de cigarettes. Ils fument en général des cigarettes préparées avec des tabacs forts par les commerçants indiens ou indigènes, et ils les paient 2 hellers les 5 (100 béliers = une roupie) ; mais on a mis aussi sur le marché de grandes quantités de paquets de cigarettes ordinaires au même prix.

Questions de frontières. — Il n'y a eu au cours de l'année dont nous nous occupons aucune mis- sion de règlement de frontières, mais des négociations avec le Portugal ont été menées à bonne fin au sujet des îles situées dans la partie de la rivière de Rovouma qui forme la frontière entre le Protectorat et l'Est Africain Portugais. Les îles de la moitié supérieure du cours du fleuve ont été attribuées à l'Allemagne et celles de la moitié inférieure au Portugal. On a fixé également la ques-


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lion des droits de pêche, de dérivation d'eau et d'extraction du sel.

Dans les districts de Langenbourg et de Mouansa quelques, portions de la ligne frontière entre le Protectorat et les possessions britanniques. voisines ont été marquées avec plus de précision.

Attitude paisible, des indigènes. — L'attitude de la population indigène a été paisible et il n|a fallu recourir à des mesures de police que dans quelques cas isolés. L'expédition conduite dans le pays Rouanda contre le prétendant Ndougoutzé a été heureusement terminée. Il n'y a pas eu d'attaques de caravanes de voyageurs par les indigènes.

Défense militaire et défense navale. — Le nombre des officiers européens servant dans les troupes du Protectorat a été réduit de neuf unités à la suite de certaines mesures dont la principale a été la suppression de la section de mitrailleuses, suppression qui a entraîné en même temps une réduction d'effectif de 60 soldais indigènes. Les troupes comprennent actuellement 262 officiers européens et 2.472 indigènes; elles sont réparties en 14 compagnies, stationnées sur tout le territoire du Protectorat. Il y a à Dar-es-Salaam, un dépôt de recrutement et une compagnie de signaleurs. L'effectif des forces de police est de 2.140; cet effectif est réparti entre un dépôt à Dar-esSalaam et 20 postes dans l'intérieur. Chaque chef de district dispose d'un nombre variable de brigades. Dans les localités où résident des Européens on a organisé des sociétés de tir qui rendraient de grands services en cas de soulèvement des indigènes.

Administration. — Le gouverneur actuel, le D1'Schneè, a pris possession de ses fonctions le 22 juillet 1912.

Au point de vue administratif le Protectorat est divisé en 24 districts ayant à leur tête des com-


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missaires, sauf dans les pays Rouanda, Ouroundi et Boukoba qui ont des résidents et dans le pays Mahenge et Iringa où l'administration civile est encore entre les mains de l'autorité militaire. Le commissaire de district (Bezirksantmann) occupe un rang intermédiaire entre un commissaire de district et un commissaire de province anglais. Ce dernier titre n'existe pas dans l'Afrique Orientale Allemande, mais étant donné l'accroissement de la tâche imposée aux commissaires de district, l'opinion se répand que les districts sont trop étendus et qu'on sera amené à les subdiviser. Il est probable que dans ce cas on créerait des postes analogues à ceux de commissaires provinciaux.

L'administration ressemble fort à celle d'une colonie anglaise de la Couronne; elle est entièrement assurée par des fonctionnaires du gouvernement impérial. Un Conseil dans lequel les colons européens sont représentés se réunit deux fois par an à Dar-es-Salaam, mais ses attributions sont purement consultatives.

Justice. — Le nombre des procès criminels ou correctionnels dans lequel ont été impliqués des Européens a été de 353. Il y a eu 54 acquittements. Le nombre des poursuites pour actes de violence est passé de 113 à 138 ; il s'agit surtout d'actes de violence commis sur les indigènes par leurs employeurs : il y a eu de ce chef 107 condamnations.

Dans les tribunaux indigènes le nombre des poursuites pour crimes ou délits est passé de 17.443 à 18.868. L'accroissement a été surtout sensible dans la catégorie des condamnations à moins de six mois d'emprisonnement Le nombre des exécutions a été de 20 au lieu de 16 l'année précédente et, dans 368 cas au lieu de 246 en 1911, il a été prononcé des sentences comportant une durée d'emprisonnement supérieure à un an.

Esclavage. — Il a été délivré en 1912,

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4.234 certificats de libération. Ce nombre dépasse de 140 unités celui de l'année précédente. Sur ce total, 2.221 individus ont acheté leur liberté, 1.729 ont été affranchis par leurs propriétaires et 280 ont été déclarés libres par les autorités. Quatre esclaves ont obtenu la liberté du fait de la mort de leur maître ou pour d'autres causes: Trois personnes ont été condamnées pour recel.

- On n'a signalé aux autorités aucun cas sérieux de mauvais traitements infligés par des maîtres à leurs esclaves. L'abolition de l'esclavage en bloc à date fixe, question souvent débattue, est rendue difficile par le nombre des esclaves âgés ou affaiblis, qui sont entretenus par leurs propriétaires et qui, s'ils étaient libérés, tomberaient à la charge de la charité publique. On évalue à 185.000 le nombre des esclaves de case existant dans le Protectorat. Un décret impérial a déclaré libres tous les enfants à naître, à compter du 31 décembre 1905, d'esclaves domestiques; on calcule ainsi que vers 1930 l'esclavage aura cessé d'exister dans l'Afrique orientale allemande. La dépense nécessaire à l'affranchissement immédiat de tous les esclaves a été évaluée à 400.000 livres sterling : en 1920 cette somme ne serait plus que de 275.000 livres sterling. Le: gouvernement estimé que ce serait une dépense inutile, car le sort des esclaves ne serait que bien peu amélioré de ce fait, et la réforme provoquerait un grand mécontentement, sinon une révolte.

On a signalé en 1912 quelques cas d'introduction en contrebande d'esclaves en provenance du Congo belge et de la portion occidentale de l'Ouganda. Quant au commerce des esclaves par mer, il a entièrement cessé.

- Population blanche. — La population blanche est passée de 4.866 à 5.336 individus. C'est un accroissement de 470, alors que l'année précédente l'accroissement avait été de 639.'Cela tient


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à ce que, au début de la guerre des Balkans, 156 Grecs, Turcs, etc., ont quitté le pays pour' rentrer chez eux. Le nombre des adultes est au total de 4.611 dont 1.075 femmes; le nombre des enfants de 725 contre 708 en 1911. La plus forte augmentation — 528 —— a porté comme de juste sur la population allemande.

La population blanche des deux villes principales est la suivante : Dar-es-Salaam, 967 (703 hommes), Tanga, 298 (252 hommes). Au 1er janvier 1913, la population mâle se répartissait ainsi d'après les occupations :

Fonctionnaires 551 (1) soit 15,6 0/0,

Attachés aux troupes du Protectorat : 186 — 3,3 0/0

Prêtres et missionnaires'.- 498 — 14,1 0/0

Planteurs et colons agriculteurs. 882 — 24,9 0/0'

Ingénieurs, etc.." 352 — 9,9 0/0

Mécaniciens et ouvriers 355 — 10 0/0

Négociants et commerçants 523 — 14,80/0

Autres 189 — 5,4 0/0'

3.536 100

On a relevé 164 naissances, 123 décès et 71 mariages. Le nombre des métis enregistrés a été de 114.

Connais. — Le nombre des Goanais est de 636.: Ils sont en partie les produits d'unions entre les Portugais et les Indiens de Goa et en partie les descendants des pionniers établis sur la côte orientale au temps de la domination du Portugal. Les Goanais sont commerçants, petits boutiquiers, employés de bureau et ouvriers de métiers. Il n'y a pas, dans le Protectorat, de Portugais de race pure.

Population de couleur non indigène. — Le nombre dès individus de couleur autre que les

(1) Dans ce chiffre sont compris les fonctionnaires avec grade militaire employés dans l'administration civile. .


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indigènes (dans ce terme indigène on entend également les individus appartenant à des tribus des colonies voisines, comme les Ouaganda, les Manyema, etc.) a été de 14.898 contre 14.933 l'année précédente. Cette diminution n'est, qu'apparente; elle tient à ce que les Shirazi du district de Kiloua ont été, cette année, compris parmi les indigènes, comme il convenait au reste. On estime au contraire que la population non indigène de couleur s'est en réalité accrue de plusieurs milliers. Le nombre des Indiens était d'environ 8.700 (environ 4.700 adultes mâles) et celui des Arabes ou des individus des tribus analogues, de 4.100. Les Indiens sont, pour partie Musulmans, Meman, Thenashiri, Ismaili et Bohora, et pour partie Hindous, Bouddhistes, Sikhs, etc. Il y a aussi quelques Juifs de l'Inde, pour la plupart mécaniciens.

La communauté indienne, qui s'est accrue de quelque 4.000 individus dans les six dernières années, est considérée avec une extrême antipathie par la majorité des Européens, et à en juger par l'attitude des Indiens eux-mêmes, elle ne reçoit pas des autorités un traitement invariablement sympathique. A l'exception des Goanais et des Parsis (on peut dire que ces derniers sont inexistants), les Indiens sont placés au point de vue légal sur le même pied que les indigènes; toutefois ils ne peuvent être condamnés au fouet ni au travail enchaîné. On ne peut prendre tout à fait au sérieux le péril, si souvent dénoncé, qu'ils font courir à la colonie, car le danger de voir ce pays, presque deux fois aussi grand que l'Allemagne, inondé par 9.000 Indiens, est assez faible. En réalité l'Indien est pour la communauté un élément. utile sinon indispensable. C'est un pionnier pour le commerce, c'est un employé de bureau intelligent, un ouvrier habile. Il se charge de travaux que l'indigène-est incapable d'ac-


complir et il les mène à bien dans des conditions de vie et avec une nourriture et des salaires qu'il serait impossible à un Européen d'accepter. Le mépris dont on l'accable, est dû pour partie à la croyance qu'il est la voie par laquelle de grosses sommes d'argent, qui pourraient autrement être dépensées dans le Protectorat, s'écoulent vers l'Inde et pour partie à la jalousie de ceux des Européens qui prétendraient à le remplacer.

Population indigène. — La population indigène doit être de 7 à 8 millions d'individus. Le nombre des habitants des régions du Nord-Ouest encore fermées aux Européens, Rouanda et Ouroundi, est évalué respectivement à 2 millions et à 1 million et demi. Environ 96 0/0 de la population de ce district sont des Ouahoutou, une tribu Bantou, tandis que la caste dominante, les Ouatoussi, pasteurs de la race Hamitique qui sont propriétaires de tout le bétail, ne représente pas plus de 3 0/0 du total. Les Batoua, tribu pygmée, qui représentent sans doute les habitants primitifs, ne représentent que moins de 1 0/0. La densité la plus forte est dans le Rouanda où l'on a compté 72 habitants au kilomètre carré (1) et la plus faible dans le district de Bismarckburg où la densité descend à 0,9 au kilomètre carré. La densité moyenne est d'environ 8 au kilomètre carré, non compris le pays compris entre les grands lacs, La pacification du pays tend à assurer une répartition de la population plus égale que sous l'ancien régime des guerres de tribu à tribu, mais il y a encore des districts où les habitants sont très peu nombreux; par exemple un tiers du vaste district de Tabora est presque entièrement inhabité. Le fléau sans cesse croissant de la mouche tsé-tsé a dépeuplé des régions jadis riches. On peut espérer que les progrès de lacivi(1)

lacivi(1) la densité de la population en France (note du Irad.).


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lisation, en assurant des ressources- en eau, en combattant les progrès de la tsé-tsé, en supprimant la maladie du sommeil et d'autres fléaux encore, étendra assez le champ des régions habitables pour permettre à la population de se développer librement. Les causes principales qui, depuis la cessation des guerres locales, paralysent l'accroissement de la population sont : l'alimentation défectueuse des jeunes enfants et l'absence de soins convenables, les avortements; la syphilis, ainsi que l'emploi des hommes comme porteurs sur des plantations loin de leurs familles. La distribution de soins médicaux, la suppression d'une partie du portage par la construction des chemins de fer, ainsi que la création d'installations permettant aux ouvriers des plantations de se faire suivre de leurs familles, voilà les mesures qui contribueraient le plus à détruire, au moins partiellement, les principaux obstacles que rencontre l'augmentation de la population.

Hygiène publique. — Le nombre des malades traités dans les divers hôpitaux du Protectorat a été, en 1912, de 70.327 (5.261 Européens et 65.066 indigènes), contre 59.920 (4.727 Européens et 55.193 indigènes) en 1911. Il faut ajouter à ces chiffres 3.387 cas de maladie du sommeil traités à part (3.629 en 1911).

La santé des Européens a été considérée comme satisfaisante, l'accroissement du nombre des cas de maladie devant être attribué surtout à l'augmentation de la population par immigration. Il y a eu 164 naissances en 1912.

Il y a eu une recrudescence de paludisme, due principalement à des pluies exceptionnelles, à l'avancement du chemin de fer à travers des régions malsaines et à la mise en valeur de nouvelles plantations. La malaria est même apparue temporairement dans des localités que l'on pouvait croire, à raison de leur altitude, à l'abri du


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mal.- L'administration a en conséquence ordonné d'établir au moins une pièce à l'abri des moustiques dans tous les postes où résident des fonctionnaires.

Pendant l'année 1912, il s'est produit 61 cas de fièvre hémoglobinurique, dont 12 mortels, contre 59 cas l'année précédente; 28 cas de dysenterie ont été traités dans chacune des années 1911 et 1912; dans cette dernière année on a relevé 8 cas de typhus contre 22 en 1911; on a observé enfin 69 cas d'affections nerveuses.

Il n'y a pas eu d'épidémie sérieuse dans la population indigène. La confiance croissante des indigènes dans le service des docteurs européens ressort de l'augmentation du nombre des cas traités. On a poursuivi la vaccination systématique : 747.313 inoculations, contre 632.763 en 4911. Dans cinq districls de l'intérieur on a relevé quelques légères apparitions de variole.

La peste s'est montrée dans le district du Kilimandjaro, mais l'épidémie a été enrayée par la destruction des rats, lesquels semblent avoir la maladie à l'état endémique. La peste est apparue également près de Mouanza dans la région Ostousmao ; on en a signalé encore quelques cas près de Shirati. Le nombre des rats détruits dans les douze ports de la côte et des lacs, et dans les. districts du Kilimandjaro et de Mouanza a été d'environ 100 000.

La campagne contre la maladie du sommeil s'est poursuivie avec succès. Le nombre des cas nouveaux a été de 17 contre 50 en 1911 dans le district du Victoria-Nyanza et le mal est considéré comme enrayé dans cette localité. On a observé également une diminution du nombre des cas dans la région du Tanganyika : 3.803 cas nouveaux contre 3.560 en 1911 ; 50 cas nouveaux de cette forme de la maladie qui est causée par le Trypanosoma rhodesiense ont été traités dans


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le district de Rovouma où les autorités ont en outre à lutter pour empêcher l'introduction du mal par le territoire portugais. La Glossina palpalis ne se rencontre pas dans le Sud du Protectorat.

Pendant l'année il a été traité 10.477 cas (ce nombre comprend des traitements renouvelés) de filariose, contre 3.980 l'année précédente. Malgré les énergiques mesures prises pour combattre la maladie, il est à craindre qu'avec l'ouverture de régions nouvelles elle ne soit propagée par les porteurs et par les ouvriers des plantations. Cela s'est déjà produit, mais toutefois la situation s'améliore dans les centres d'origine de l'infection, à savoir sur la côte et dans les montagnes de l'Ousambara.

On a observé 267 cas nouveaux de lèpre, contre 230 en 1911 ; il a été installé 10 nouveaux abris pour lépreux ; d'autres sont en projet pour assurer l'isolement des malades.

Le nombre des indigènes traités pour paludisme a été de 5.631 et celui des indigènes traités pour fièvre hémoglobinurique de 16 contre 4.341 et 25 l'année précédente ; 140 indigènes ont été soignés pour tuberculose (88 en 1911). Le mal se rencontre dans les régions côtières et on l'a observé également chez les Ouatoussi dans le pays Rouanda ainsi que chez les tribus du NouveauLangenburg. Le règlement de 1913 sur l'immigration prohibe le débarquement des personnes atteintes de cette maladie.

La dysenterie, la fièvre récurrente et le typhus ont été reconnus en 1912 chez les indigènes, mais sans provoquer nulle part d'épidémie.

Enseignement. — Il existe des écoles- officielles pour enfants européens à Dar-es-Salaam, à Oldonjo-Sambou et à. Leganga. Celle d'Arouscha a été fermée, le nombre des enfants la fréquentant étant tombé à trois. A Dar es-Salaam le nombre


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des élèves est passé de 15 en 1911 à 32 en 1912, et à 43 en 1913. L'école d'Oldonjo-Sambou n'a pour élèves que des enfants Roers.

Il existe 99 écoles officielles pour les indigènes dont 10 principales et 89 auxiliaires. A Tabora, le nombre des élèves s'est élevé de 60 à 309, sans compter de nombreux adultes. Dans les écoles principales, on compte 16 instituteurs allemands lesquels sont assistés de 159 instituteurs de couleur. Le nombre total des élèves est de 2.394 pour les écoles principales et de 3.706 pour les écoles auxiliaires.

Les écoles professionnelles de Dar-es-Salaam et deTanga ont été fermées et remplacées par de nouvelles écoles ouvertes dans l'intérieur où l'on pense qu'elles exerceront une heureuse influence en apprenant aux indigènes à devenir des ouvriers habiles.

Le nombre des élèves des trois écoles pour Européens entretenues par les missions n'a pas subi de grandes altérations. En 1912, il était de 40. Le nombre dès écoles indigènes des missions est de 1.832 avec au moins 108.550 élèves.

Missions. — Onze missions protestantes et trois missions catholiques sont représentées dans le Protectorat. Dans la première catégorie nous comprenons la Church Missionary Society et la Universities Mission. Le nombre total des missionnaires, dames comprises, est de 709, dont 194 protestants et 515 catholiques; la majeure partie de ces derniers sont des Allemands. En plus de leur oeuvre proprement religieuse, les missionnaires dépensent à soigner les malades et à instruire les indigènes un zèle et une abnégation qui sont hautement reconnus par le gouvernement. L'extension du champ d'action des missions a toutefois donné lieu, dans plus d'un district, à de regrettables différends entre catholiques et protestants. Les missions s'attachent spécialement


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à. combattre l'islamisme surtout lorsqu'il cherche: à convertir les tribus fétichistes. Dans l'ensemble; l'Islam ne fait que des progrès assez lents dans l'Afrique Orientale Allemande. Le nombre total des musulmans n'y dépasse vraisemblablement pas 300.000. Le district côtier de Dar-es Salaam que l'on considérait comme entièrement sous l'influence de l'Islam ne contient qu'environ 13,6 0/0 de musulmans (21.680 sur 161.500 habitants). Les seuls individus qui cherchent à étendre leur religion dans l'intérieur sont les colporteurs, les askaris, les domestiques, etc. Ni les Arabes de Mascate, ni les musulmans indiens ne montrent le moindre intérêt à la conversion des fétichistes. Il n'y a eu, en 1912, aucune punition ni aucune déportation de prédicateurs pour exhortations dangereuses.

Chemins de fer. — Il y a dans le Protectorat deux lignes de chemin de fer : la ligne de l'Ousambara et le chemin de fer central ou du Tanganyika (voir également le rapport de la même série n° 5171).

La ligne de l'Ousambara a 354 kilomètres de long et va de Tanga à Nouveau-Moschi, au pied du mont Kilimandjaro. La ligne a été commencée en 1893 et la première section (jusqu'à Mombo, à 128 kilomètres de Tanga) a été ouverte au trafic en 1905. Le reste de la ligne a été livré à l'exploitation en février 1912. Le chemin de fer est loué par le gouvernement à la Deutsche Koloniale Eisenbahnbau und Behriebsgesellschaft (Lenz et Cie), qui a construit la section KorogouéMombo, moyennant une redevance de 760.000 marks par an. La compagnie n'a pu jusqu'à présent réaliser que 560.000 marks environ et malgré ses bénéfices de début (sur la construction, etc.) qui couvrent à présent le déficit, elle se trouvera d'ici peu — à moins que la situation ne se modifie — avoir en perspective des pertes


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.considérables. La ligne traverse la région pittoresque de. la vallée de l'Ousambara et des montagnes de Paré et de nombreuses plantations se sont créées à proximité. Les chiffres ci-après indiquent quelle a été son action sur le commerce de Tanga. Exportation de Tanga en 1898 : 21.400 livres sterling; en 1907, 133.000 livres sterling; en 1912, 666.341 livres sterling.

La ligne centrale, qui relie Dar-ês-Salaam au Tanganyika après un parcours de 1.255 kilomètres, a été commencée en 1905. La première section a été achevée jusqu'à Morogoro (209 kil.) au début de 1908 et la même année l'extension de la ligne jusqu'à Tabora, 708 kilomètres de Monogoro, était autorisée. Les travaux ont été conduits avec une telle activité que Tabora a été atteint en février 1912, plus de deux ans avant la date prévue dans le projet. La continuation de la ligne jusqu'au Tanganyika a été autorisée en 1911; le pont sur la rivière Mlagrassi, qui constituait la principale difficulté, a été établi au printemps de 1913 et le rail a atteint le lac à Kigoma, près d'Oujiji, le 2 février 1914.

La ligne centrale, qui deviendra la grande artère commerciale avec des embranchements vers le Nord-Ouest et, si possible, vers Je SudOuest (région du lac Nyassa), jouera un rôle prépondérant dans le développement économique du Protectorat et dans la mise en valeur du district du Tanganyika. Le lac Tanganyika peut être considéré comme la clef du commerce de l'Afrique centrale et les Allemands ont poussé leur chemin de fer avec une énergie telle qu'ils sont les premiers dans la place. On peut se rendre maintenant de Dar-es-Salaam à Kigoma sur le lac, en deux jours et deux nuits, alors que le même voyage par caravane exigeait 60 jours. Lorsque le court tronçon (environ 273 kilomètres) de ligne de Loukouga sur le Tanganyika, à Kabola sur le


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Congo, sera achevé, il sera possible de traverser l'Afrique, de Dar-es-Salaam à Borna, en trois semaines environ par chemin de fer et par bateau à vapeur, à la condition que les correspondances soient assurées à chaque transbordement. Le voyage en sens inverse prendra plus d'un mois, car les vapeurs mettent deux fois plus de temps à remonter le Congo qu'à le descendre. Les communications entre l'Europe et la Rhodesia seront de même grandement facilitées, car, en admettant que le voyage par bateau de Kigoma à l'extrémité sud du Tanganyika exige 12 heures et en supposant encore que la correspondance soit organisée à Dar-es-Salaam et à Kigoma, il sera possible, au départdeLondres,d'atteindre Abercornen 24 jours environ. On suppose que la ligne centrale allemande absorbera une bonne partie du trafic de la partie orientale du Congo belge et de la Rhodesia septentrionale.

On espère aussi qu'elle attirera finalement dans sa sphère d'influence une partie du commerce du Katanga. L'itinéraire serait : par rail d'Elisabethville à Kambové et Roukama, de là, par la rivière Loualaba, à Kabola et enfin de ce dernier point par chemin de fer jusqu'à Albertville sur le Tanganyika. On prétend toutefois que la rivière Loualaba n'est navigable que six mois par an et même qu'alors elle ne peut pas recevoir de bateaux de plus de 100 tonnes. Mais il y a d'autres compétiteurs pour le commerce du Katanga. On espère que le chemin de fer de Benguella atteindra dans peu d'années la frontière belge et, indépendamment de la ligne de Leopoldville à Boukama, dont on parle, il paraît que les Belges améliorent la voie mixte Congo et chemin de fer. Une concurrence beaucoup plus redoutable serait le raccourcissement projeté de la ligne ferrée BeiraElisabethville par Salisbury, Boulouwayo et Broken Hill par un embranchement qui relierait


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Salisbury à Kafoué; ce qui serait réalisable avant que la route Kambové-Boukama-Kabola ne soit achevée, c'est-à-dire, avant que Dar-es-Salaam ne soit reliée au Katanga.

Mais même cette question des communications directes avec d'autres pays et du développement économique du Protectorat mise à part, on espère que la ligne favorisera le commerce entre l'Afrique Orientale Allemande et le Congo belge pour les articles de consommation européenne ou indigène. Indépendamment de l'échange des produits indigènes, les commerçants, en bien des parties du Congo belge, pourront recevoir leurs marchandises plus rapidement de Dar-es-Salaam que de Borna et avec moins de risques, car ils éviteront ainsi les nombreux transbordements qu'elles ont à subir sur la voie du Congo. Les recevront-ils à "moins de frais? Cela dépendra en grande partie des tarifs de transport allemands, lesquels n'ont pas encore été publiés. On dit de même que les maisons allemandes consentent de plus longs crédits que les maisons belges.

Les principaux produits devant former à ce que l'on pense la masse du trafic des districts de l'Afrique Orientale Allemande et qui seront mis en valeur par la nouvelle ligne sont : le riz des terres basses de Gombe-Mlagrassi, le sel des salines de Gottorp,les amandes de palme des districts Routschougi-Oujiji, les peaux, les arachides et les amandes de palme d'Ouroundi, les peaux et les arachides d'Oufipa et d'Ounjika et le coton du district de Roukoua. On compte que deux ans après sa mise en exploitation le chemin de fer aura environ 12.000 tonnes à transporter vers la côte et que ses recettes seront de 21.300 livres sterling ; on compte aussi que ces chiffres doubleront en trois ou quatre ans.

Pour les voyageurs on se propose d'introduire des Pullman-cars de modèle américain. Il en


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faudra de 8 à 10, les plus grands pouvant contenir 20 personnes et les petits 12. Ceux qui ont déjà eu l'occasion de voyager dans des Pullmancars se demanderont peut-être si ces voitures sont bien adaptées aux pays tropicaux.

Les wagons à marchandises seront construits pour porter 10 et 20 tonnes.

En vue du trafic sur le lac Tanganyika, on construit vun steamer de 1:100 tonnes à Kigoma; un second vapeur doit être construit en Allemagne; on songe même à un troisième, mais la dépense n'est pas encore approuvée. Pour l'instant le trafic sur le Tanganyika n'est pas très important et il n'atteint peut être pas 20.000 tonnes par an. Il consiste en caoutchouc, ivoire et peaux d'Ouroundi, en sel de Gottorp, à quoi il faut ajouter quelques marchandises européennes. Il est assuré par le steamer allemand Hedwig-vonWissmann, par un steamer belge, deux grands boutres appartenant à des Allemands et par un certain nombre de petites embarcations appartenant à des commerçants arabes ou indiens.

Le coût total de la construction du chemin de fer central de Dar-es-Salaam à Kigoma, y compris le port et la douane sur le lac, les steamers, etc., y compris de même une somme de 157.500 livres sterling pour constitution d'un fonds de réserve pour les constructions futures, s'est élevé à 5.850.000 livres sterling. La dépense moyenne a? été de 5.000 livres sterling par kilomètre.

Extension du réseau ferré. — Le total descrédits inscrits au budget colonial allemand de; 1914 et déjà approuvés pour l'extension des chemins de fer dans l'Afrique orientale allemande 1 était de 1.840.000 livres sterling. Sur ce total, 850.000 livres sterling représentent la première tranche d'une subvention à la Deutsche Ost-' Afrikanische Eisenbalin-Gesellschaft pour la construction d'un embranchement de Tabora à


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Rouanda ; 170.000 livres sterling sont prévues pour l'extension et l'amélioration du chemin de fer de l'Ousambara; le surplus, soit 720.000 livres sterling, doit servir à la construction de la ligne centrale, de Tabora jusqu'au lac. On évalue la longueur totale de l'embranchement de Tabora à Rouanda à 481 kilomètres et la dépense totale à 2.357.500 livres sterling, plus une somme de 142.500 livres sterling pour le lever et l'amélioration de la rivière Kagera, ses divers bras et ses tributaires. Les économies qu'on pourra réaliser sur la construction de la ligne principale seront utilisées pour l'embranchement de . Rouanda. Celui-ci sera commencé en 1914 et on espère que les travaux pourront être terminés en trois ou quatre ans. Cet embranchement mettra en valeur les districts du Nord-Ouest, Ouroundi et Rouanda, qui sont jusqu'à présent demeurés fermés aux Européens et l'on espère que cette région bien peuplée, où les moins optimistes estiment qu'il y ■a un troupeau de 300.000 boeufs, sans compter les moutons et les chèvres, donnera à transporter en chemin de fer de grandes .quantités de peaux, d'arachides, de coton, de palmistes, etc.

On a prévu en outre un crédit de 107.500 liv. st. comme première, annuité pour l'extension du chemin de fer du Nord entre Tanga et Moschi sur 81 kilomètres jusqu'à Arouscha. La dépense totale sera de 307.500 livres sterling et l'on compte •que deux ans suffiront pour construire cet embranchement. La ligne ouvrira l'accès à une région qui convient, dit-on, au tempérament européen.

Signalons encore que 100.000 livres sterling seront consacrées à la modification et à l'achèvement de la ligne de Tanga à Nouveau-Moschi et 62.500 livres sterling pour du matériel roulant et pour deux grues à établir à Tanga.

Chemins de fer à voie étroite. — De Tengeni sur le chemin de fer du Nord, un chemin de fer


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de 0 m. 75, appartenant à la Sigi Exporte,- pénètre sur une longueur de 24 kilomètres dans les monts Ousambara jusqu'à Sigi,.d'où on peut atteindre en une heure et demie l'Institut biologique d'Amani.

De Moubo, sur le chemin de fer du Nord, un service quotidien d'automobiles qui transportent les voyageurs et les marchandises permet d'atteindre Wilhelmsthal, station salubre des monts Ousambara.

On a construit à partir de la station Mkoumbara sur le chemin de fer du Nord un rail ou câble aérien qui permet de transporter les bois, principalement du cèdre, de la forêt, de Schoumé.

Un chemin de fer à voie étroite de caractère temporaire d'environ 24 kilomètres de longueur permet d'amener à la côte les produits des plantations de l'hinterland de la localité de Lindi.

Trafic, — Voici pour 1910 les ehiffres du trafic de la ligne centrale ;

Recettes

Liv. st.

Voyageurs transportés Nombre 116.094 23.269

Bagages Tonnes 281 2.376

Animaux transportés ..... Nombre 11.978 3.232

Marchandises Tonnes 24.248 71 ..875

Le nombre des trains a été de 5,299 et le poids du matériel pour la construction transporté en plus des marchandises indiquées ci-dessus a atteint 44.282 tonnes.

Produits des plantations européennes. Caoutchouc. — La superficie consacrée dans l'Afrique orientale allemande à la culture du caoutchouc est passée de 81.705 acres (32.862 hectares) à 112.257 acres (44.902 hectares) au cours de l'année 1912 et la valeur du caoutchouc exporté est passée de 684 tonnes métriques valant 180.500 livres sterling à 1.017 tonnes métriques d'une valeur de


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362.012 livres sterling. IL faut ajouter à ces sûrfaces, qui sont plantées en Manihot glaziovii 1.010 acres, plantées d'autres variétés d'arbres à caoutchouc. A la fini de 1913 il y avait dans le Protectorat tout près de 19 millions d'arbres à caoutchouc dont la moitié environ en production. L'approche de la crise provoquée dans le commerce du caoutchouc par la surproduction du caoutchouc d'Asie était prévue dès 1912;.mais néanmoins elle saisit avec une brusquerie inat tendue les plantations de l'Afrique orientale allemande et elle ne pourra qu'amener un arrêt sérieux dans le développement économique de la colonie. Ce sont les grandes plantations qui, avec leurs gros frais généraux, souffrent le plus, car le caoutchouc leur revient à 2 shellings f.o. b, et à 2 shellings 1 denier (c. i. f.). Les petits planteurs, qui- emploient en général une maind'oeuvre locale à bon marché, peuvent produire à moins de frais et il est possible qu'ils résistent à l'orage, mais pour les grandes plantations l'avenir n'est pas rassurant. Sur des appels pressants l'Administration a fait son possible pour aider les producteurs, mais il n'est pas vraisemblable qu'aucun appui officiel puisse, permettre aux planteurs d'abaisser le coût "de production autant qu'il sera nécessaire si le prix du caoutchouc ne se relève pas. Or, on ne peut guère, semble-t-il, compter sur ce relèvement. Par l'amélioration de la qualité du caoutchouc exporté, par l'établissement d'une qualité type et par l'utilisation de récoltes telles que les haricots, 1e maïs, etc., qui sont d un rendement rapide et qui pourraient compléter la culture du caoutchouc ou peut-être même la remplacer, les planteurs pourraient peut-être se tirer d'embarras, au moins momentanément.

Sisal. —La superficie plantée en sisal est passée de 53.387 acres (21.354 hectares) en 1911 -tih:

7


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61.877 acres (24.750 hectares) en 1912. 11 y a encore de vastes espaces de terres convenant à cette culture; mais, par crainte de surproduction, on cherche plutôt à contrarier son extension. Au pointdevueéconomique, ^développement de cette culture s'est effectué de façon très satisfaisante, car les superficies plantées se sont accrues proportionnellement à l'accroissement de demande delà fibre. En 1912, la plupart des plantations étaient en excellente condition et fournissaient de belles récoltes. La grande majorité des exportations vont en Allemagne.

Coton. — La culture du coton-est encore plus ou moins dans la période de l'expérimentation, mais des progrès sensibles ont été réalisés en ce qui concerne le traitement scientifique du sol et des récoltes. Les planteurs sont, en cela, considérablement aidés par les stations d'expériences officielles. Le nombre des acres plantées en cotonniers est passé de 19.515 acres (7.806 hectares) en 1909-1910, à 35.517 acres (14.206 hectares) en 1910-1911 et à 35.770 acres (14.308 hectares) en 1911-1912. Les récoltes ont beaucoup moins souffert des maladies qu'au cours de l'année précédente. Les seuls districts dans lesquels la culture du coton a pris une certaine importance sont Mohoro, Kiloua, Lindi, Morogoro et Mouansa. Elle a été pratiquement abandonnée dans les districts du Nord et à Ragamoyo. Les efforts tentés pour découvrir et cultiver une variété capable de résister aux parasites et aux maladies auxquelles la plante est exposée n'ont pas jusqu'à présent été heureux; la question se complique du fait que dans certains districts où les variétés égyptiennes ne réussissent pas, les variétés Upland, notamment le Nyassa Upland, semble réussir. Dans le Morogoro, cette dernière, mise en concurrence avec les sortes d'Egypte, a obtenu un succès marqué.


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Dans l'ensemble, le coton est pour le moment encore plus important comme récolte indigène que comme produit de plantation. Aucune statistique n'indique la quantité qui a été exportée de coton, obtenu sur les plantations européennes.

Kapok: — La culture du Kapok continue à progresser. Voici quelles ont été, ces trois dernières années, les superficies plantées :

Superficie Exportations' en hectares en tonnes

1910 694 12

1911 1.418 29

1912 ,... 2.632 S3

Autres textiles. — La culture du Calotropis n'a pas fait de progrès en 1912. 11 n'a été fait d'essais un peu étendus de culture de ramie qu'à Arouscha par les « Allemands de Palestine ». Le sanseveria (sauvage) n'a été exploité, et encore faiblement, que dans les districts de Wilhelmsthalet de Mouansa. '

Soie..— Les tentatives faites par l'African Silk Corporation pour élever les chenilles sauvages d'Anaphe ne sont pas assez avancées pour qu'on puisse émettre une opinion quant à leur chance de réussite. Dans le Morogoro, l'élève des vers à soie indigènes donne dé bons résultats.

Café. — La culture du café fait des progrès satisfaisants, particulièrement dans les districts; de Moschi, de Wilhelmsthal, de Roukoba, d'Arouscha et de Lângenbourg. Grâce à' une meilleure préparation, la qualité du café s'améliore et les planteurs dirigent actuellement'leurs' efforts vers la constitution d'une qualité type, de façon à assurer en Europe un bon prix moyen à la récolte de l'Est africain. Dans les districts inen-i tionnés ci-dessus, la récolte a été bonne. La superficie en culture était :


100

Superficie Exportations en hectares eh tonnes

1910.... ........ 2.442 995

1911 2.904 1.176

1912....... 4.802 1.575

La valeur des exportations est passée de 63.300 liv. st. à 95.150 liv. st. Le prix moyen a été de 1 mark 21 pf. le kilogramme au lieu de 1 mark 8 pf. l'année précédente.

Cacao. — La surface plantée en cacao a été de 300 acres (120 hectares) en 1912, ce qui représente une augmentation de 50 acres- (20 hectares) en 1911. La surface en plein rapport est seulement de 175 acres (70 hectares); il a été exporté 12 tonnes d'une valeur de 699 livres sterling.

Tabac.— On a essayé à nouveau de faire du tabac pour cigarettes, mais il est trop tôt pour en parler. Les expériences poursuivies à la station d'essais de Kibongoto, et par les planteurs des districts de Moschi, de Wilhelmsthal et de Langenbourg ont été en partie satisfaisantes.

Canne a sucre. — La surface consacrée par les Européens à la culture de la- canne n'a pas dépassée 345 acres (138 hectares).

Bananes. — Le bananier est cultivé dans les districts de Moschi et de Wilhelmsthal. Dans le Moschi la demande est constante, car les bananes sont la nourriture principale des indigènes. Dans le Wilhelmsthal on essaye de faire des bananesfigues, mais il n'y a pas de débouchés suffisants. La surface totale des plantations de bananier est seulement de 387 acres (155 hectares). L'exportation a été de 7 tonnes.

Poivre. — Les essais de culture du poivrier ont prouvé qu'elle n'était pas rémunératrice

Grains, — Les céréales d'Europe ne sont pas cultivées en vue de l'exportation. On se plaint des


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dégâts causés aux récoltes par la rouille et par les oiseaux.

Les planteurs européens possèdent 1.165 acres (466 hectares) de rizières et l'on dit que les résultats sont satisfaisants. Les dégâts occasionnés par les oiseaux n'ont pas été, dans la pratique, aussi redoutables qu'on l'avait craint; la variété à grain long qui est cultivée est moins exposée à souffrir de ce chef.

Le maïs est cultivé pour la nourriture des ouvriers de ferme, mais il n'a pas encore atteint le rang de produit d'exportation, en raison du coût élevé du transport. Sa culture est susceptible d'une grande extension : en 1912, il y avait 9.475 acres en culture (3.790 hectares).

Le mil, le sorgho particulièrement, est cultivé, mais seulement pour la nourriture des ouvriers. De grands espaces de terres conviendraient au mil qui a d'excellentes qualités nutritives, mais il n'y a guère de chances, pour quelque temps au moins, de voir ce produit exporté, par suite de l'absence de moyens de transport facile pour la côte, de l'élévation des tarifs de chemin de fer et de fret; par suite aussi des droits d'importation en Allemagne.

Pommes de terre, etc. — Dans les régions élevées, les planteurs européens et les missionnaires cultivent les pommes de terre avec succès, mais les tarifs de transport empêchent l'extension de cette culture. La majeure partie des pommes de terre que l'on vend à Dar-es-Salaam viennent de Nairobi (1).

La culture du manioc, pour la consommation indigène, est très répandue.

Légumineuses. —La culture des légumineuses, notamment des haricots, continue à se développer, surtout dans le Moschi et dans le Wilhelmsthal

(1) C'est-à-dire de l'Afrique orienlale anglaise.


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où: la production a- presque doublé en un anl

Plantes oléagineuses, etc. — Le nombre des cocotiers possédés par les.Européens s'est encore accru; Il était de 607.237 en 1910, (dont 153.076 en rapport), il a été de 699.568 (162.172 en rapport).en 1911 et de 784.458 (178.799 en rapport), en 1912. Quelques planteurs se proposent d'appliquer les méthodes modernes pour le séchage du coprah; l'administration s'en félicite en raison de la valeur éducative que ces méthodes auraient pour les indigènes.

Le nombre des palmiers à huile possédés par les Européens était de 9.610 dont 1.342 sont entrés en production.

On a essayé la culture des « soleils » et 28 hectares y ont été consacrés.

fruits et légumes. — Cultivés seulement pour: la consommation personnelle et les marchés locaux. Dans les régions élevées, de nombreuses : variétés de fruits d'Europe viennent à côté:des, fruits tropicaux. '

Produits indigènes. Le copal- — L'exporta?-; tion du copal a présenté une légère augmentation en 1912, mais il n'est pas probable que cette exportation aille en progressant. On pense, au contraire, qu'elle ira en diminuant parce que les dépôts de copal s'épuisent et aussi parce que les indigènes trouvent des occupations plus rémunétrices. Les exportations sont dirigées vers l'Allemagne, l'Angleterre et l'Amérique.

Cire d'abeilles. —— Les exportations ont augmenté de valeur en 1912, mais elles ont diminué de poids. C'est la conséquence de la destruction d'abeilles qu'entraînent dans beaucoup d'endroits le;s procédés primitifs de récolte employés par les indigènes, et employés avec une activité sans cesse croissante. On essaye bien de leur enseigner des méthodes plus sçientifiques, mais le progrès est lent. On ne prévoit pas, pour les années à


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venir, d'augmentation considérable des exportations, car les indigènes sont de plus en plus attirés sur les plantations et le nombre des hommes occupés à la récolte de la cire diminue en proportion. Le prix moyen de la cire de l'Est africain allemand est passé de 2 marks 24 pf. à 2 marks 39 pf. le kilogramme. Cette augmentation résulte, non d'un relèvement de prix sur les marchés mondiaux, mais d'une amélioration dans la qualité du produit. Exportation dirigée surtout vers l'Allemagne.

Caoutchouc de cueillette. — La demande croissante de main-d'oeuvre pour les plantations européennes et la perspective d'obtenir de plus gros profits en cultivant leurs propres shambas ont provoqué une diminution du nombre des indigènes occupés à la récolte du caoutchouc « sauvage ». L'exportation de 1912, avec 173 tonnes d'une valeur de 55.950 liv. st., a dépassé l'exportation de 191-1 qui avait été exceptionnellement faible (152 tonnes et 52.915 liv. st.), mais elle est toutefois demeurée inférieure à celle de 1910 et des années précédentes. La production a subi, en outre, l'effet de l'interdiction de récolter le caoutchouc de racines et de la limitation à certaines périodes de la faculté de saigner les lianes. Pour les motifs que nous venons d'indiquer et en raison des bas prix qu'obtient le caoutchouc de cueillette, il semble certain que sa production né pourra que décroître.

Céréales. — Le millet constitue la principale nourriture des indigènes, sauf dans les régions où ils ne vivent que de bananes. La récolte de 1912 a dépassé, en bien des localités, la demande et, par suite, la consommation de la sorte de bière que l'on prépare avec ce grain s'est très sensiblement accrue. Comme il a été prouvé que le : millet de l'Est africain a des propriétés nutritives égales à celles de l'orge à deux rangs de


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Russie:(Hordeum distichum), on espère réussir à l'écouler sur le;marché de la métropole. Le. millet pourrait devenir ainsi un important article d'exportation, car il existe d'immenses territoires proprés à cette culture, notamment dans la région traversée par le chemin de fer dû Tanganyika. Pour l'instant, l'exportation du millet est insignifiante ettrès irrégulière; elle s'est élevée dans les dernières années, aux chiffres ci-après :

Valeur Tonnes en livres sterling

1910 2.083 7.436

1911.. 173 1.035

1912 1.206 7.500

En 1912, Zanzibar a pris 1.177 tonnes sur le total de 1.206. On cultive dans le Protectorat diverses variétés de mil autres que le sorgho, mais leur importance est toute locale.

L'importance du maïs, comme culture indigène, ne cesse de s'accroître. Les indigènes préfèrent à toute autre les anciennes variétés, variétés locales qui sont mieux adaptées au climat et qui, résistant mieux aux ravages des insectes, donnent une farine de plus belle qualité. L'exportation, dont une certaine portion provient toutefois des plantations européennes, est passée de 10-'] tonnes d'une valeur de 493 liv. st. en 1911 à 736 tonnes, valant 2.989 liv. st. en 1912.

La culture du riz par les indigènes s'étend considérablement. Les Statistiques d'exportation ne donnent aucune idée de son importance, car elle vise surtout à satisfaire les besoins locaux : ses produits sont, dit-on, de qualité égale, sinon supérieure, à celle des riz de l'Inde dont près de 13.000 tonnes ont été importées en 1912. Il est à remarquer que cette année-làles ouvriers travaillant au chemin de fer, principalement dans les districts de Ouha etd'Oujiji, ont trouvé à se nourrir


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surplace et qu'ils n'ont consommé par suite que très peu de riz étranger. La variété la plus répandue est le riz aquatique ; le riz sec ou riz de montagne a plus de saveur, mais il ne rend pas autant de grain. Le principal centre de production est le district de Mouansa, mais on espère que le chemin; de fer du Tanganyika ouvrira l'accès à de vastes régions productrices. L'exportation est passée dé 599 à 916 tonnes d'une valeur de 10.058 livres sterling.

Légumineuses. — Dans certains districts de l'intérieur, particulièrement dans le Langenburg la culture des pois est très importante. Dans le Rouanda la récolte a été évaluée à 1.400.000 quintaux cwts (70.000 tonnes) et elle est entièrement consommée sur place. Pas d'exportation.

D'autre part, l'exportation des haricots est en progrès constant comme l'indique le tableau ciaprès : :

Valeur Tonnes en livres sterling

1910. .. 28 139

1911 107 630

1912.... 191 2.40S

Le relèvement des prix est attribué à un meilleur triage des haricots et par suite le profit a dû probablement revenir aux producteurs européens. La consommation locale peut être évaluée avec quelque degré de certitude ; pour le Rouanda seul on l'évalue à 1.600.000 cwts (80.000 tonnes) par an, au minimum. En raison de la grande importance économique de ce produit, l'administration fait son possible pour le développer et dans les stations d'expériences on cherche à améliorer les variétés locales et à en acclimater d'autres.

Racines. — Le manioc [Manihot utilissima, Mohogo) est largement cultivé par les indigènes et il est une de leurs cultures préférées, car il vient


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vite et n'exige que peu de soins. Le manioc de Madagascar, qui est comestible à l'état de racine, est très recherché. La récolte de 1912 a ■été bonne, mais il n'existe aucune statistique de la production totale. Il a été exporté 98 tonnes en 1911 (valeur 422 liv. st.) et 134 tonnesen 1912 (valeur 607 liv. st.). Les exportations de 1912 ont été dirigées sur Zanzibar.,

Les patates sont cultivées dans la région côtière et dans les districts du centre, mais c'est une culture sans importance ; toutefois dans la -région des lacs, c'est la nourriture habituelle de la population et pour le seul Rouanda on évalue la consommation annuelle à 2.400.000 cwts (120.000 tonnes). Le taro est cultivé par endroits à côté du bananier ; il en est de même de l'igname. Les indigènes cultivent encore la pomme déterre dans toutes les régions élevées et c'est une culture qui s'étend; exportation : 4 tonnes en 1911 et7 tonnes d'une valeur de 58 livres sterling en 1912.

Bananes. — Les bananes constituent le fond de la nourriture des habitants dans la région comprise entre les grands lacs et le Kilimandjaro, mais aucune exportation n'a. encore été effectuée de bananes produites parles indigènes.

Canne à sucre. — La culture de la canne tend à se développer dans les districts qui s'y prêtent par le sol et le climat, particulièrement dans î'Ouroundi, où 36.000 cannes ont été mises sur le marché. La production du sucre est, en général, insignifiante, Mouansa est le principal district producteur avec 21 tonnes en 1912. Cette même année il a été exporté 26 tonnes de sucre d'une, valeur de 370 livres sterling (brut et préparé). L'exportation du sirop et.de la mélasse est tombée de 214 tonnes, représentant une valeur de 1.679 livres sterling en 1911 à 63 tonnes valant 580 livres sterling en 1912. Cette moins-value


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doit être attribuée en partie a une augmentation de. la consommation intérieure.et en partie à la Concurrence.des mélasses à bas prixde l'Inde. Plantes oléagineuses. — La .diminution cons tatée en 1912 dans l'exportation du coprah est attribuée, eh;pàrtie, au fait que de grandes quantités d noix ont été gardées comme: semences; d'autre part à une demande croissante des noix comme articles d'alimentation, pour partie enfin au fait que de nombreuses plantations ont dépassé la période de production, tandis que les plantations nouvelles n'y sont pasencore entrées. On suppose que cette diminution.ne sera que passai

fère. Aucune statistique ne permet de déterminer! ans les exportations la part respective qui revient au coprah des plantations européennes et au coprah des plantations indigènes. L'adminis-î trationfait des efforts considérables pour améliorer la qualité du coprah et notamment pour combattre les parasités du cocotier, pour faire comprendre aux indigènes l'intérêt qu'il y a à tenir les plantations en bon état," pour distribuer dé bonnes noix de semences, pour améliorer les procédés de préparation. Il n'a pas jusqu'à présent été établi de qualité type. Le prix moyen s'est élevé en 1912 de 34 à 37 pfennigs le kilogramme.; Le commerce avec Zanzibar "a diminué par suite de la gêne que les règlements de quarantaine ont apportée au trafic par boutre. Les exportations à destination de l'Allemagne ont diminue dé 188 tonnes, mais celles pour la France se sont accrues de 452 tonnes par.rapport à 1911. .

Pour 1912 on ne signale pas de progrès dans la* culture du palmier à huile. La présence de la Glossina palpalis dansles districts ou les palmiers sont les plus abondants rend cette richesse corn-: mercialement inutilisable. L'administration s'occupe activement de la culture du : palmier dans les régions exemptes de la maladie du sommeil et


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elle a distribué aux indigènes de grandes quantités de graines pour semences.

La culture des arachides s'est énormément développée par suite de l'amélioration du marché et de l'augmentation des facilités de transport, particulièrement dans l'intérieur et dans le voisinage des lacs. Malgré la consommation intérieure, qui est importante, les exportations ont plus que oublé dans les deux dernières années. Il est vrai que la forte récolte de 1912 a largement contribué à ce résultat. Le prix a varié entre 20 pfennigs en 1911 et 21 pfennigs en 1912 par kilogramme. L'exportation vers l'Allemagne est passé de 575 à 750 tonnes. Les autres pays de destination ont été la France, Suez (pour les huiles d'Egypte) et l'Afrique du Sud (pour la nourriture des ouvriers des mines).

La récolte du sésame a souffert dans certains districts de pluies excessives mais, dans l'ensemble, elle a été satisfaisante. La valeur du sésame, grande déjà pour l'alimentation locale, s'affirme comme article d'exportation. II est cultivé dans les mêmes districts que l'arachide. Le prix moyen est passé de 25 a 28 pfennigs par kilogramme. C'est encore une culture exclusivement indigène.

Dans certains districts les indigènes recueillent l'huile de ricin de la plante sauvage; dans d'autres, comme dans l'Ourondi et Rismarckbourg ils le cultivent. Elle est sur place utilisée comme onguent. Les indigènes cultivent encore quelques autres oléagineux, mais ce sont des cultures peu importantes.

Le coton. — La culture du coton se répand parmi les indigènes, qui s'y intéressent de plus en plus. Une des conclusions à tirer des nombreuses expériences qui ont été faites sur le cotonnier est que la séparation semble s'accentuer d'année en année entre les terres qui.conviennent


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et les terres qui ne conviennent pas à cette culture; aussi l'administration s'attache-t-elle à borner ses efforts à favoriser la plantation du cotonnier dans les régions où il est prouvé qu'elle peut réussir. La tendance générale est de planter les variétés american uplands de préférence aux variétés égyptiennes. Les premières fournissent un produit quelque peu inférieur comme qualité, mais elles rachètent cet inconvénient par une production plus abondante et elles résistent mieux aux maladies et au mauvais temps. Le nombre des élèves de couleur formés dans les stations d'expériences pour apprendre ensuite aux indigènes les meilleurs procédés de culture s'est encore accru. Ce système a donné des résultats satisfaisants. Dans l'ensemble la récolte de 1912 a été bonne. Il est impossible de distinguer dans les statistiques entre le coton produit par les Européens, car beaucoup de ces derniers sont propriétaires de machines à égrener et achètent le coton aux indigènes, Voici la récolte des trois dernières années :

Valeur

Tonnes en livres sterling

1910 623 37.564

1911 1.080 66.590

1912 : 1.882 105.511

L'augmentation marquée que l'on constate dans les quantités de semences distribuées est une preuve de l'intérêt que les indigènes portent à la culture du coton. Pour la récolte de 1912 il. avait été distribué 258.200 kilogrammes de graines; pour celle de 1913 il en a été distribué 414.000 kilogrammes. 11 n'a pas été nécessaire de faire espérer la garantie promise pour un minimum de prix par le Comité économique colonial; car partout les prix payés pour le coton indigène ont été très suffisants, La valeur moyenne.


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de la récolte aurait diminué, à en juger par les statistiques, mais celles-ci sont trompeuses. La diminution, tout apparente, tient à ce que dans certaines localités on a pris pour base d'évaluation la valeur sur le marché métropolitain et, dans d'autres, le prix payé sur placé par l'acheteur. La majorité des exportations ont été dirigées Sur le marché allemand. Le prix payé-à Hambourg a été en moyenne supérieur de 6 pf. au prix payé, pour les qualités American Middling.

Palmier dattier. — H existe dans le district de Tabora un certain nombre de palmiers dattiers qui appartiennent à des Arabes, mais qui sont loués à dès Indiens. La culture de cet arbre semble mériter plus d'attention qu'on ne lui en a donné jusqu'ici, elle est en effet si rémunératrice que les arbres sont loués en moyenne 30 roupies par an et certains jusqu'à 100 roupies.

Café. —La culture du café par les indigènes s'étend dans le district de Rukoba. Le nombre des plants était de 237.195 en 1910; il a été de 326.947 en 1911 et de 383.330 en 1912. Les exportations de ce même district ont atteint les chiffres ci-après :

Quantités . Valeur

en tonnes en livres sterling

1910.. 411 10.719

1911 479 22.110

1912 672 37.453.

La superficie des terres plantées en caféiers s'est aussi accrue dans le district de Moschi.

Tabac. — Le tabac produit par les indigènes pour leur propre consommation est encore loin de suffire à la demande. Les qualités les plus estimées viennent dans les districts de Pangani, de Ragamoyo, de Morogoro et près de Mpapoua:

Ëpices, etc. —— Les plantations de girofliers de Mafia sont peu étendues mais elles sont, dit-on.


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florissantes. La tentative faite pour introduire cette culture dans le district de Rukoba a échoué.

Le gingembre est planté sur de petits espaces dans quelques districts. Il en est de même pour le poivre. Le poivre rouge, qui pousse à l'état sauvage, est récolté et vendu, mais, en petites quantités. On cultive les noix de bétel dans le district de Pangani. La presque totalité de la récolte qui s'est montée à 26 tonnes a été absorbée par Tanga.

Industrie. — Les produits dé l'industrie européenne locale sont tous destinés à être utilisés dans le Protectorat. Il s'agit surtout de produits ou d'articles nécessaires à la construction des édifices publics et privés de tout genre. Il existe notamment quelques ateliers importants pour la fabrication des meubles. Les ouvriers de métier sont en général des Indiens, caries indigènes ne peuvent, semble-t-il, pas être formés assez vite pour faire face à la demande s ans cesse croissante d'ouvriers habiles.

Les industries indigènes consistent dans la fabrication des paillassons, des cordages, de l'huile, de la mélasse, des poteries, du savon, du sel, sagaies et ornements en fer, fils de cuivre, et de laiton, corbeilles, ouvrages en bois, sandales de cuir, etc. ' Presque tous les métiers que nous venons d'énumérer travaillent pour la consommation locale. Dans le district de Mouansa on fabrique toutefois des bêches de fer dont il est exporté certaines quantités.

Ivoire. — L'exportation de l'ivoire a diminué, à la suite des règlements sur la chasse et la protection des éléphants.'Il n'est sorti que 17 tonnes d'ivoire en 1912 contre 26 tonnes en 1911. Les prix — 20 marks 75 pf. le kilogramme en moyenne — montent. L'Allemagne a acheté 1.233 kilogrammes, le Royaume-Uni 5.000 kilogrammes et Zanzibar 8.549 kilogrammes.


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Bétail.—Les Européens possèdent un nombre important de bêtes à cornes, mais ce n'est pas encore ce que l'on peut vraiment appeler de l'élevage. Dans bien des cas ils restent même sous ce rapport en arrière des indigènes. On espère réussir à fonder pour l'élevage du bétail deux associations afin d'arriver à déterminer, avec le'concours de spécialistes, un type d'animal bien adapté aux conditions locales.

En 1912, les Européens possédaient 43.617têtes de gros bétail et 41.647 moutons et chèvres ; aucun progrès n'a été réalisé pour l'élevage de ceuxci; ils possédaient encore 202 chevaux, 375 mulets et 2.543 ânes.

Le cheptel possédé par les indigènes s'élève aux chiffres ci-après :

Bétail à cornes 3.950.250

Anes 22.091

Mulets 52

Moutons et chèvres 6.398.000

Chevaux 10

Chameaux 38

L'exportation des peaux est passée de 2.529 t. (151.759 liv. st.) en 1911 à 2.944 t.,(203 367 1. st.) en 1912. La majeure partie provient du bétail indigène et, grâce aux efforts des autorités et de quelques grosses maisons de commerce, pour enseigner aux indigènes les meilleurs procédés de préparation, la qualité des peaux s'améliore.

Maladies épizootiques. — L'épidémie de peste bovine que l'on avait prévue en 1911 a éclaté en 1912. Elle a sévi en 1913 dans les districts bordant les rivages méridionaux du Victoria-Nyanza, dans le district du Kilimandjaro et dans les districts de Dodoma et de Kondoa Irangi. Des mesures énergiques ont été prises par le gouvernement pour combattre le mal et pour l'empêcher de passer la rivière Rouaha. Au début de 1914. la situation s'était partout améliorée, mais quelques.


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cas nouveaux se produisaient encore dans le district de Dodoma au Nord de la Rouaha.

Parmi les autres maladies atteignant le bétail on peut citer encore la fièvre catarrhale, la fièvre côtière, l'anthrax et la maladie des chevaux (d'avril à,août). En certains districts la gale atteint souvent les moutons et les chèvres et la mouche tsé-tsé est très répandue. Le gouvernement local a publié d'excellentes cartes indiquant la répartition géographique de la tsé-tsé.

Mines. — Le nombre des nouveaux périmètres de prospection ouverts en 1912 a été de 322. Ce nombre élevé a été dû en partie au bruit de la découverte de l'or dans l'hinterland du Tongo ; la nouvelle était au reste fausse. Six demandes seument ont été converties en permis d'exploitation.

Or.-— La mine la plus importante est celle que la Kironda Gôldminengesellschaft possède à Sekenké. La mine ayant été inondée dans la dernière moitié de 1912, les résultats de cette année ont été médiocres. On a fait beaucoup de prospection dans le district de Mouansa sans qu'on ait paru obtenir de résultats bien encourageants.

Mica. — L'exportation du mica s'est accrue de plus de 50 0/0, mais les prix sont tombés de 3 marks 54 pf. à 3 marks 13 pf. le kilogramme. Presque tout le mica exporté vient du district de Morogoro. Une maison de Hambourg a acheté dans les montagnes d'Oulougourou quelques exploitations abandonnées.

Sel. — La production de la Centralafrikanische-Seeengesellschaft s'est considérablement accrue, avec un total de 1.850 tonnes. Il existe aussi quelques petites salines près de Ragamoyo.

Grenats.— L'exploitation du grenat dans le sud du Protectorat a été complètement suspendue en 1912.

Forêts. — Il y avait à là fin de 1912 dans le Protectorat 1.855.270 acres (742.108 hectares) de

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réserves forestières contenant des bois de grandevaleur : cèdres, acacia noir, podocarpus, palétu viers. Ces réserves, qui représentent ainsi 0,75 0/0 de la superficie totale des forêts de- là coloniet seront sans doute augmentées. Les coupes de bois sont faites soit par l'administration, soit pari des concessionnaires. Les dépenses du service; forestier ont atteint 13.333 liv. st. et: lès recettes. 8.064 livres sterling.

Stations d'expériences officielles. — Voici: quelles sont les institutions officielles de l'Est africain allemand :

1 °.Institut d'Amani (recherches biologiques, agricoles, études scientifiques en général) ; ' \'

2° Station d'expérimentation agricole de Kibongoto dans le Moschi (élevage du bétail, tabac) ;

3° Ferme d'essais pour la culture du coton de Mpanganja (Rufiji); les échantillons envoyés en Europe ont été l'objet d'appréciations flatteuses et les demandes de graines, dépassent de beaucoup la production ;

4° Ferme d'essais pour la culture du coton de Mahioua (Lindi) ;

5° Ferme d'essais pour la culture du coton de Mjombo (Kilossa); cette station expérimente principalement les Variétés Upland ; elle s'occupe aussi du maïs et du millet;

6° Ferme d'essais pour la culture du Mabama (Tabora) ; en plus du coton, on y étudie la culture des fruits indigènes;

7° Station pour la culture des fruits (Morogoro);

8° Service de la protection des plantes à Dar-es-Salaam.

Petite colonisation. — La question de savoir s'il est possible à de petits colons — ç'est-àrdire à des personnes ne disposant pas de capitaux, mais prêtes à travailler de leurs mains sur leurs propres domaines — de s'établir en grand nombre danS le Protectorat peut être considérée comme réglée. 11,est impossible pour les Européens de se passer de main-d'oeuvre indigène. Le climat est;, sans doute salubre dans quelques-uns des districts des régions élevées, mais ces dernières; n'offrent


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pas de grands avantages au petit colon, faute de moyens, de transport et de débouchés suffisants. Que le petit colon isolé arrive comme planteur ou comme éleveur, il est nécessaire qu'il ne demande pas de concession avant d'avoir soigneusement étudié les conditions générales de son établissement et avant d'avoir réuni les capitaux indispensables. 11 a été attribué, en 1912; $9.637 acres (35.854 hectares) de terres domaniales à 109 nouveaux colons, contre 270.925 acres (108.370 hectares) à 200 colons en 1911. Cette diminution est sans aucun doute due à ce que l'on a suspendu toute attribution nouvelle de concession dans les districts de Tanga et de Wilhelmsthal jusqu'au moment où il aura été possible de déterminer de quelles surfaces la population indigène doit disposer pour assurer son expansion éventuelle. La superficie des terres achetées au gouvernement est également en décroissance : 47.357 acres en 1912 (18.942 hectares) contre 96.815 en 1911 (38.726 hectares). Main-d'oeuvre. —-Le rapport administratif pour 1912 a publié à ce sujet quelques statistiques intéressantes. Le nombre des indigènes employés dans les diverses branches de l'administration ou. de l'industrie est le suivant :

Chemins de fer. Construction et réparation 16.055

Chemins de fer. Service 4.007

Travaux du port, à Tanga. 100

Services du gouvernement. 5.000

Employés par des commerçants européens, etc 2.500

Employés par des Européens comme

porteurs 5.O00

Dans les stations et missions 3.000

Service domestique des Européens..... 9. 0Û0

Mines..... 2.966

Plantations : 91.892

Total des indigènes employés par les Européens....................... : 139.520 environ


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Il faut ajouter à ces chiffres environ 6.000 indigènes employés dans les troupes ou les forces de police, 15.000 occupés dans des caravanes par des commerçants de couleur, environ 10.000 au service d'Indiens et d'Arabes (emplois divers) et 1.200 environ dans des pêcheries. Dans 1 ensemble on peut donc considérer qu'il y existe environ 172.000 indigènes salariés.

Les salaires varient considérablement suivant les localités. Les plus élevés sont payés dans les anciens districts de plantations, Pangani, Wilhelmsthal, Tanga et Morogoro, où les ouvriers agricoles- reçoivent de 12 à 15 roupies pour trente journées de. travail. Ceux qui rengagent après l'expiration de leur contrat et ceux qui, sur les plantations de caoutchouc, arrivent à récolter plus que la moyenne, reçoivent même davantage. Les salaires les plus bas sbnt payés dans les régions où la demande de main-d'oeuvre est moins forte et où la monnaie est encore peu connue. Dans le Rouanda le prix d'une journée est de 8 à 10 hellers par jour à l'intérieur, tandis que dans l'Ousambara il peut atteindre 10 à 20 hellers pai jour. Dans les autres districts les prix de la journée sont variables; voici quelques chiffres,:

Salaire mensuel Districts en roupies

Bismarckburg 3 à 4 1/2

Kondoa-Irangi. 4 à 6

Ssongea 5

Moschi 4 à 12

Ces gagés doivent s'entendre sans nourriture. Les manoeuvres employés à la construction du chemin de fer du Tanganyika recevaient de 8 à 10 roupies par mois.

Sur la côte, les gages des.domestiques sont élevés; il est presque impossible de payer un boy au courant du service moins de.15:roupies par


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mois. La demande d'indigènes bons ouvriers.dépasse de beaucoup l'offre. Un grand nombre d'Indiens sont employés en cette qualité et obtiennent des salaires de 60 à 140 roupies par mois etmême, davantage.

La création de six emplois de commissaires du travail {Distrikts-Kommissare) a exercé une heureuse influence sur les conditions générales dela main-d'oeuvre; les planteurs, qui étaient à l'origine assez disposés à voir dans ces fonctionnaires des ennemis, le reconnaissent eux-mêmes aujourd'hui. Ces commissaires ont le pouvoir de punir les ouvriers pour rupture de contrat et pour paresse ; ils ont d'autre part mis un terme à quelques-uns parmi les pires abus dont les ouvriers avaient jadis à souffrir de la part de leurs maîtres.

En considérant cette question de la maind'oeuvre il est nécessaire de distinguer entre les ouvriers engagés sur place et ceux qui sont recrutés dans d'autres localités. Les colons, dont les plantations sont situées dans une région où les exploitations européennes ne sont pas très nombreuses et où les tribus locales sont en mesure de fournir de bons manoeuvres, sont en bien meilleure posture que ceux qui sont obligés, pour les motifs opposés, de faire venir leurs ouvriers de l'intérieur et souvent de loin. Malheureusement, dans l'hinterland.du pays Tanga qui est le district où se trouvent les principales plantations, la main-d'oeuvre n'est pas abondante et les indigènes, qui au reste ne feraient pas, dit-on, de bons manoeuvres, ont assez d'occupation à faire produire les aliments nécessaires aux armées de travailleurs recrutés au dehors. Dans le district de Tanga la densité de la population est de 23,6 au kilomètre carré; dans le Wilhelmsthal, elle est de 6,3, et dans le.Pangani, de 7,1. Dans le district de Dar-es-Salaam, elle est de 15,1 et dans celui


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de Lindi, de 8,3. Dans le Tabora, qui est un: des centres de recrutement le plus volontiers 'utilisé:,: la densité- est plus, faible (4,1 au kilomètre carré) ; m ais lé district est grand et sa population total© de 437.500 habitants est plus de quatre fois supérieure à celle de Tanga, de Pangani ou- de Wilhelmsthal.

Dans quelques-uns des districts où on' emploie des ouvriers du pays même, on a introduit lesystème des « cartes » qui a donné de bons résultats quand des fonctionnaires européens sont en mesure d'en surveiller l'application. Ceux des indigènes qui sont en mesure d'exhiber des; « cartes » prouvant qu'ils sont employés chez un colon sont exemptés du travail pour l'administration, auquel ils seraient sans cela astreints et souvent pour un salaire moins élevé; ce la les engage à accepter plus facilement de travailler sur les plantations. Ce système a été instauré dans le district de Dar-es-Salaam, depuis que le marché^ de travailleurs qui s'y tenait a été supprimé pourdonner satisfaction à l'opinion publique en Allemagne.

. Le recrutement des travailleurs dans l'intérieur est régi par un règlement nouveau publié en 1913,' qui a ,en même temps, édicté un certain nombre; de mesures destinées à améliorer les conditions; d'existence des indigènes. Le nombre des agents-» dé-recrutement a été limité et un district détèrininé a été assigné à chacun d'eux, de façon à faciliteriecontrôlé. On a corrigé aussi certains abuscomme, par exemple, la tromperie systématique des indigènes.

-La durée de la période pour laquelle les travail- :' leurs peuvent être engagés a été portée de centquatre-vingts, à deux cent quarante jours de travail. Le nouveau règlement n'a toutefois pas donné toute satisfaction aux colons,:qui seplaignent que-les recruteurs ne soient plus en' mesure-de 1"


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fournir le nombre d'hommes nécessaire et qu'ils continuent—à les engager pour la période la plus courte, de façon à- s'assurer ainsi le bénéfice des frais de rengagement après expiration du contrat. Ainsi-, la question- de la main-d'oeuvre,: loin d'être résolue, ; est encore hérissée de difficultés Certains désiraient que l'administration se éhar-' geât elle-même du soin de recruter les travailleurs, mais le projet n'est sans doute pas réalisable pour diverses raisons. On peut, toutefois, penser que la situation ne cessera pas dé s'améliorer. Postes, Télégraphes, etc. — Il existe dans le Protectorat 51 bureaux de poste et 34 bureaux de télégraphe. Le nombre des stations téléphoniques est de 20 avec près de 300 abonnés. La longueur des lignes télégraphiques et téléphoniques dépasse 3.000 kilomètres et la longueur des fils 4.200 kilom. Télégraphie sans fil. — Il existe des stations, de télégraphie sans fil à Dar-es-Salaam, à Mouansa et à Boukoba. Le rayon d'action du poste de Mouansa est de 900 kilomètres, celui du poste de Boukoba, de 200 kilomètres. Les appareils de Dar-es-Salaam sont de 50 % plus puissants que ceux de Mouansa et permettent de communiquer avec le cap Guardafui et avec la baie de Delagoa. Avec Mouansa les communications sont d'ordinaire échangées la nuit, car les incertitudes du régime atmosphérique du lac Victoria-Nyanza provoquent dans-la journée certains troubles. On se'propose d'établir des* installations; à- 1 Kigom a et

à Tabora et l'on espère que ce dernier poste pourra communiquer avec les possessions allemandes de l'Ouest et du Sud-Ouest de l'Afrique.

Navigation. — Pratiquement, les relations entre le Protectorat et les ports de l'Europe, de l'Inde ou de l'Afrique, sont encore le monopole

de la Deutsch Osr-Afrikanische Linie. Quatre steamers de cette Compagnie partent chaque Mois


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de Hambourg-pour faire le tour de l'Afrique, deux dans un sens, deux dans l'autre. IL existe, en outre, une ligne annexe qui assure des communications, régulières avec les ports de l'Inde et une ligne côtière. Il y a ainsi quatre départs par mois de ou pour l'Europe. Trois petits vapeurs appartenant à l'administration locale transportent jusqu'à Zanzibar voyageurs et marchandises et assurent la correspondance dans ce port avec les courriers anglais et français. On ne voit guère comme navires portant un pavillon autre que le pavillon allemand que par-ci par-là un vapeur anglais apportant une cargaison de charbon ou de pétrole et quelques voiliers norvégiens chargés de bois. Des boutres maintiennent des relations suivies avec les Comores, Madagascar, l'Inde, Aden, l'Hadramaout, Mascate, etc., et avec les ports africains voisins.

La plupart des marchandises d'origine anglaise importées dans le Protectorat ont été transbordées à Hambourg sur des vapeurs allemands. On peut, il est vrai, les expédier sous pavillon anglais, mais il faut alors les transborder à Monbasa ou à Zanzibar sur des boutres et c'est un procédé qui n'est guère à recommander pour les marchandises tant soit peu délicates.

Il existe un petit vapeur allemand sur le lac Nyassa et un autre sur le Tanganyika. Sur le Victoria-Nyanza sont en service les petits vapeurs de la Njansa Shiffahrtsgesellschaft. Le seul steamer de rivière de tout le Protectorat circule sur la Roufiji ; il existe, en effet, très peu de rivières navigables dans le pays.

Finances publiques. — Les recettes fournies par l'impôt de capitation et par la taxe sur les maisons et sur les huttes se sont élevées, en 1912, à 254 808 livres sterling, en augmentation de 41.140 livres sterling sur l'année précédente. L'impôt sur les patentes a fourni 52.161 livres


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sterling (14.870 liv. st. de:plus qu'en 1911). Les droits de succession ont produit 3.128 livres sterling, soit 610 livres sterling de plus qu'en 1911; le droit d'excisé sur le sel : 6.343 livres sterling (soit 1.733 liv. st. de plus qu'en 1911). La taxe sur les cartes à jouer a produit 250 livrés sterling au lieu de 177. Les redevances payées par la Deutsch Ost-Afrikanische Bank se sont montées à 1.501 livres sterling. Enfin les recettes douanières ont atteint 265.241 livres sterling (droits d'entrée : 213.904 liv. st.; droits de sortie : 51.337 liv. st.) contre 219.247 liv. st. en 1911.

Environ 98 % de l'impôt de capitation et de la taxe sur les huttes ont été acquittés par les indigènes qui figurent en outre pour les deux tiers dans le rendement de l'impôt sur les patentes. D'autre part, les produits frappés de droit de sortie proviennent, pour la plupart, des indigènes et la plus grosse part des droits d'importation atteint des articles destinés à être consommés par ces mêmes indigènes, notamment les,tissus. Les articles destinés à être utilisés sur les plantations entrent en franchise.

Le budget local s'est élevé à 966.050 liv. st. en 1912 et à 1.025.250 liv. st. en 1913; pour 1914, les prévisions s'élèvent à 1.187.150. liv. st.

Chaque année le budget impérial accorde une subvention pour l'entretien des forces militaires du Protectorat. Cette subvention a été successivement abaissée au point de n'être, pour 1914, guère plus de la moitiéde la subvention allouée en 1914. D'autre part, les recettes locales ont plus que triplé dans les dix dernières années. La subvention impériale a été de 180.900 livres sterling en 1912, de 180.200 livres sterling en 1913; pour 1914 elle a été fixée à 165.000 livres sterling.


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Principales marchandises importées dans l'Afrique orientale allemande en 1913.

Quantités Valeurs

en marks Tonnes métriques

Cotonnades... 4.739 15.187.916

Riz...... 15.989 3.714.694

Monnaies-... 68 2.413.799

Ouvrages en métaux divers 3.285 2.519.162

Machines et mécaniques.... 1.291 2.067.900

Matériel de chemin de fer... 28.511 4.676.579

Ciment.................... 15.546 1.080.421

Locomotives et matériel roulant...

roulant... 847.626

Farine.. ........ 3.075 999.221

Tabac. 252 876.724

Machines agricoles 1.463 675.346

Pétrole ..... ..... 3.306 622.531

Principaux produits exportés en 1913.

Quantités Valeurs

— en marks

Tonnes métriques —

Sisal. 20.834 M).711.591

Caoutchouc ...... 1.366 6.568.154

Peaux 3.456 5.490.221

Coton ...... 2.191 2.415.067

Coprah 5.477 2.348.012

Cire d'abeilles 359 1.414.857

Café... . 1.059 931.260

Simsim 1.476 408.144


TABLE DES MATIÈRES

rages

I. Togoland. 3

II. Sud-Ouest allemand 9

Ht. Ancien Cameroun 55

IV. Afrique orientale allemande 58

PARIS. — IMP. LEVE, RUE CASSETTE, 17.




COMITÉ DE L'AFRIQUE FRANÇAISE

Président M. JONNART, député, ancien gouverneur

géneral de l'Algérie Vice-présidents EUGÈNE ETIENNE, députe, ancien

ministre, et ERNEST ROUME, gouverneur général

honoraire des Colonies Trésorier M RENÉ FOURET Secrétaire géné ral M. AUGUSTE TERRIER Sec rétaire M ROBERT DE C AIX

Siége du Comité : 21, rue Cassette, Paris (6e)

Tout Français souscri ipleur d une somme au moins égale a 20 lianes devient adhérent du Comité de l' Afr ique Fran çaise et re çoit le Bulletin mensuel du Comité. Le minimum de cotisation est fixé à 15 lianes pour les fonctionnaires coloniaux, l'armée et l' enseignement.

L'objet des souscriptions recueillies est

D'organiser des missions d'exploration et d' études eco nomiques dans les régions africaines soumises ou a sou mettre a notre influence,

D'aider aux missions organisées par le gouvernement ou par les associations geographiques et coloniales.

De développer l' influence française dans les pays indé pendants d'Afrique.

D' encourager les travaux politiques, économiques et scientifiques relatifs à l'Afrique ;

De poursuivre des études et recherches destinées a préparer ou a appui or les établissements privés de nos natio naux dans ces régions.

De tenu les adhérents régulièrement au couran t des laits concernant l'Afrique, spécialement au point de vue de l'action des nations européennes colonisatrices

Un spécimen gratuit du Bulletin est envoyé franco â toute demande.

IMPRIMERIE LEVE, RUE CASSETTE, 17.