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Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir

Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)

Date d'édition : 1902-12-02

Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 126844

Description : 02 décembre 1902

Description : 1902/12/02 (Numéro 9531).

Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale

Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse

Description : Collection numérique : BIPFPIG15

Description : Collection numérique : BIPFPIG33

Description : Collection numérique : BIPFPIG35

Description : Collection numérique : BIPFPIG37

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5608969

Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/05/2008

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Dernière Eciitiort

LE DROIT AU NOM Cette affaire Quévremont contre Guérin qui, jugée au civil, devient subitement tragique et passe à la cour d'assises, cette revendication à main armée du nom que porte son père par un fils naturel outré des rigueurs de la loi et des exigences de ce père qui, sur le tard, intervient dans sa vie le code dans une main et dans l'autre un contrat de mariage assurant à une nouvelle famille l'intégrité du nom, cette affaire, dis-je, aurait fait grand bruit à une époque moins chargée que ne l'est celle-ci de tragédies judiciaires et de comédies financières et policières qui accaparent toute l'attention. Elle tombe du coup au second rang des événements parisiens et forcément la chronique du jour ne lui attribue qu'une importance relative.

Elle touche cependant à une question d'ordre passionnel et fournirais un beau thème à l'observateur de la vie contemporaine en quête de sujets délicates et troublants.

Rappelez-vous l'extraordinaire tapage que souleva dans Pâtis la tentative du jeune Blanchard de la Bretèche qui es- saya, faubourg Saint-KonoTé, d'incendier l'appartement du prince Camille de Polignac, son père naturel. Il se défendit d'avoir voulu mettre le feu. Son seul désir, prétendait-il, était d'attirer par un coup de tête l'attention sur la situation malheureuse de sa mère et de mettre un terme à des difficultés d existence devenues intolérables.

En réalité, c'était à la vengeance qu'il songeait. Il était arrivé aux contins de la misère lorsqu il exécuta son sauvage projet conçu de longue date. Au risque de causer la mort de cinquante personnes, il alla badigeonneur d'essence minérale le* murs de l'appartement où se irouvait son père tt alliiina 1 incendie. Puis, ri- canaut, la tête perdue, il ne posta en face de la maison, guettant d'un œil hagard les résultats da sa tentative.

Si le jury 1 avait, considéré comme un incendiaire, la peine encourue était la mort.ou au minimum cinq ans de travaux forcé. Mais on ne vit dans le criminel que le fiis naturel révolté, fou de colère, irresponsable. Il fut prouvé par l'instruction que. le jour de 1 attentat, il n'avait pas mangé de vingt-quatre heures. On- l'acquitta. Vainement le vieux prince vint affirmer que dans sa convic- tion intime cet entant ne lui était de rien. A l'audience, un fait se produisit qui plaida contre lui de la façon la pius absolue c'était la ressemblance étonnante qui existait entre le vieillard et le jeune homme. Des lettres vessées au débat établissaient d'ailleurs la paternité niée. Pour le jury, comme pour le public, il n'y avait pas de doute.

Et après, comme avant le verdict, le jeune homme ne voulut, pas porter d'au- tre nom que celui de Polignac. il écrivit a ce propos dans un journal « J'ai porté toute ma-vie ce nom comme une proiestation. je le maintien aujourd'hui comme un droit social. Mais le jour où l'article 340 sera abrogé t,e'est l'article qui interdit la recherche de la paternité), je demanderai à M. le garde des Sceaux la permission de m'appeler Tartempion. Le mot plut il était de situation.

Paris s'était passionné pour cette affaire et ce fut au milieu d'un tonnerre d'applaudissements que fut prononcé l'acquittement de l'accusé.

L'héritage du nom patronymique, le fils révolté montrait qu n en iaisait peu de cas. Il renfonçait au préjugé ancestral et la société actuelle ne parait guère a«ir autrement en l'espèce. Il y a plus d'un siècle que la Ré, vo»ution, répudiant certains droits d'hérédité et n'accordant de valeur à l'homme qu'en regard de ses œuvres, de son caractère, de ses qualités, a détruit l'imporlauce de ce hasard qui s'appelle la naissance. A un point de vue plus spécial, celui-là même qui m'occupe ici on peut se demander s'il y a encore beaucoup de bourgeois qui ose-

K° 52. Feuilleton du PETIT PARiSI6N. LES

Briseurs de Chaînes GRAND ROMAN INEDIT

PREMIÈRE PARTIE

LE CHEMIN DU CRIME XV (suite)

Le Chemin du Crime

Diane avait les lévres sèches. Une fièvre ardente la dévorait.

Voici les dernières volontés de Mademoiselle Valeraiid, dit le notaire. Eile lègue tout à sa nièce Henriette Valemnd, épouse divorcée de M. Claude Morland.

Et il lut, indifférent, monotone.

Diane écouta, piesque sans comprendre, :ette lecture qui lui enlevait son supréme esaoir. De ces dix millions, pas un sou ne lui •«viendrait.

Les revenus nccnmnlés grossiraient le capiUil, tant qu'Henriette n'aurait pas été mise en possession.

C'était tranchant comme un coup de couTout lé temps'que dura la lecture, Claude avait gardé un sourire narquois.

Qunnd ce fut fini, il se tourna vers Diane terrifiée

I'u vois, ma chérie, il ne fallait pas y compter beaucoup.

Il salua le notaire, entraîna Diane et sortit.

raient faire un reproche à quelque jeune homme d'être né hors mariage et qui repousseraient un projet d'union de leur fille avec cet enfant naturel, s'il se recommandait à eux par de réelles qualités et surtout par une belle situation de fortune. Les responsabilités se sont atténuées et les enfants ne répondent plus de la faute de leurs ascendants.

Il y a sans doute toujours devant le code deux catégories d'en?ants les enfants selon la loi et les enfants hors la loi. Mais, moralement, ce n'est plus qu'une nuance au lieu d'un abîme qui les sépare et rien n'empêche les enfants de la seconde catégorie d'occuper le même rang honorable que les autres dans la société.

hé nom même n'est plus un obstacle. Il est fort probable qu'Emile de Girardin se serait fait la même place dans le monde sous le nom de Lamothe, qu'il porta tout d'abord. On a raconté qu'à ses débuts dans la vie, ayant perdu | l'emploi de commis qu'il occupait au ministère de la Maison du roi (c'était sous la Restauration) il se présenta au domicile de son père, le général de Girardin, ex-grand-veneur de Napoléon, et lui aurait dit, un pistolet dans chaque main

Monsieur, il me faut un non--) Si vous ne me le donnez pas, je vous brûle la cervelle et je me tue ensuite.' C'est une histoire controuvée. Repoussé par le général il la conscience daquel il avait fait appel et qu'il priait de ne plus le laisser dans l'abandon, il voulut un instant recourir au suicide. Mais, reprenant courage et se reprochant cette faiblesse, il décida qu'il arracherait de haute lutte à la destinée la réputation et la fortune qu'il ambitionnait. Publiquement, il prit le nom d'Emile de Girardin, bien que les lois lui fussent contraires. Mais le général redouta le scandale qu'aurait provoqué une protestation et se garda bien de réclamer. Le journaliste demeura ainsi martre du nom conquis.

Plus tard, lorsqu'il épousa la blonde et belle Delphine Gay, celle que l'on surnommait la dixième Muse, il substitua à son acte de naissance un acte de notoriété rédigé sur la déposition de huit témoins qui vinrent déclarer devant l'officier de l'état civil qu'ils avaient connu Emile de Girardih vers l'an 1822, alors qu'âgé de dix-huit ans, il était attaché au secrétariat de la Maison du roi.

Ces souvenirs de sa jeunesse sevrée des joies familiales ne quittèrent jamais Girardin. Pensant à corriger le sort des enfants naturels et à leur assurer un nom, il demanda en 1881 dans une brochure célèbre, l'Egale de l'homvie, écrite en réponse à un petit volume d'Alexandre Dumas fils, intitulé Les Femmes qui tuent et les Femmes qui votent, que le nom de la mère fût désormais dévolu à l'enfant « Alors, disaitil, que tous sont égaux devant la loi, la logique veut que tous les enfanta soient égaux devant la mère. La logique veut que ce* soit désormais son nom qu'ils porteront. Alors ce sera elle qui, dans sa conscience, sera responsable de leur naissance, de leur santé, de leur éducation, de leur destinée. Alors ce ne sera plus la paternité, ce sera la maternité qui sera l'axe de la société. Alors, le règne du doute fera place au règne de la certitude. »

Mais il y a des maternités inconscientes et coupables, aussi bien que des paternités dévoyées. Et le remède proposé doxal. La revendication du nom ne serait nullement écartée et ainsi que dans l'ordre actuel elle pourrait se produire.

Dans l'affaire nouvelle suscitée par le drame de la rue Richer, le conflit semble lié à des rapports constants entre le père et le fils, troublés par de vulgaires questions d'argent. Mais ici, comme pour les deux cas que je viens d'invaquer, l'origine de la situation dont se plaint le fils naturel est le mariage subséquent contracté par le père cédant à une affection nouvelle.

Le général de Girardin, s'il avait pu rester dans le célibat, n'aurait certaine-

Ils se retrouvèrent rue Saint-Paul sans qu'elle sût comment elle était revenue. Elle resta huit jours sans parler, malgré la gaité forcée de Claude.

Elle rêvait. farouche. redoutable. Elle glissait, sans se retenir, sur le chemin du crime.

Une après-midi, pendant que Claude était au travail, elle courut à l'agence, rue SainteAnne. Cassoulet s'y trouvait. Ils s'enfermèrent.

La conférence ne fut pas longue, mais eUe fut tragique.

En deux mots Diane, le mit au courant de la situation.

Après quoi, les yeux ardents, prête au meurtre, elle demanda

Que faut-il taire

Cassoulet dit, flegmatique

Parbieu, il faut d'abord que Sabine hérite de sa mère c'est le plus simple auprès. on verra, ai, plus tard, Sabine vient à mourir iL son tour, les dix millions seront à son père. par conséquent, ils seront à vous. Elle frissonna malgré tout.

N'y a-t-il donc pas un autre moyen ? Il n'y en a pas. J'attends vos ordres. Où sont-elles, maintenant ?

A la Nouvelle-Algérie, mortes de faim peut-être. Ce serait encore ce qu'il y aurait de mieux pour vous.

Et si eiles ont survécu ?.

Cassoulet eut mi geste terrible. Cela suffisait. Diane se tut

Un silence très long entre les deux misérables.

Puis Diane, à voix basse

Il me faut ces dix millions, tu entend3 ? J'entends. Mais cela peut coûter cher. Tu seras remboursé de tous tes Irais. Puur toi, qu exiges- tu ?

ment pas manqué d'adopter l'enfant qu'il aimait et dont il se plaisait à surveiller l'éducation. Mais Napoléon, qui avait la manie de faire des mariages, voulant assurer l'avenir d'une jeune fille d'excellente famille, enjoignit à son grand veneur de l'épouser. Celui-ci s'exécuta et, pour mieux cacher à sa femme ses péchés de jeunesse, fut amené à les nier. C'est encore la tactique que suivit dans son intérieur le prince de Polignac après qu'il eut contracté son union avec une riche Américaine qui redorait son blason.

De là des luttes inévitables dont souffre l'enfant naturel que les lois modernes n'atteignent, en somme, que parce qu'elles protègent le mariage et la famille légitime. C'esfr, hélas, le jeu des passions humaines et le législateur n'y apporterait qu'un insuffisant remède en inscrivant même dans le code la recherche de la paternité.

JEAN FROLLO

Faits du Jour HIER

*"• T.à Chambre 0 discute la réforme de la contribution des patentes et entendu -une question adressée au ministre du Commerce sur la grève de Marseille.

Une er fait à Chica,ço, dans une exposition. Plus de 8o personnes ont été blessées.

*̃ A Nice, un comptable a tiré caups de revolver snr sa maîtresse et a tourné ensuite son arme contre lui-même.

Une septuagénaire a été trouvée assassinée à Bois-Colombes.

AUJOURD'HUI

*• Réunion du Conseil des ministres à l'Elysée.

*•" Séances à la Chambre et au Sénat. LA GRÈVE DÈIABSEILLI Doléances des Passagers. Le Calme dans les Bassins. A la Bourse du Travail. Une Lettre à M. PeUetan.

La situation est loin de s'être améiiorée à. Marseille., où les principales coin pagaies de navigation ont leurs paquebots désarmés. Les relations postales sont cependant dès aujourd'hui assurées par des navires de l'Etat, et un service régulier a été organisé qui fonctionnera jusqu'à la fin de la grève. Hier à la Chambre des députés, en réponse à une question de M. Emmanuel Arène, M. Trouillot, ministre du Commerce, a déclaré que le gouvernement étudiait le moyen le ptus efficace de remédier à une situation qui le préoccupait à juste titre. IDE NOS CORRESPONDANTS PARTICULIERSI Marseille., 1er décembre.

Le service postal a été définitivement assuré avec la Corse, l'Algérie et la Tunisie, à l'aide des transports le Féliœ-Touache et la Ville-d'Oran, qui ont emporté des troupes à Philippeville et à Bizei te, et de la ligne de Port-Vendres.

Quant à la Corse, le transit est assuré par le paquebot l'Insulaire, qui fait un service entre Nice, Ajaccio et Bastia, et par le contretorpilleur le Lévrier, qui fera un service entre vice et Calvi.

ne reste plus, à l'heure actuelle, aucun sac de dépêches en souffrance à Marseille. Passagers en détresse

Une délégation de voyageurs retenus à Marseille par suite de la grève des inscrits maritime a été reçu ce matin par M. Mastier, préfet des Bouches-du-Rhône. M. Crespin, adjoint au maire d'Alger, an nom de ses compagnons d'infortune, a exposé les conséquences que peut avoir, à tous les points de vue, le séjour forcé et inattendu qui leur est imposé à Marseille, alors que, pour certains d'entre eux, des affaires les appellent impérieusement de l'autre côté de la Méditerranée.

M. Crespin a appelé l'attention du préfet sur la situation des personnes indigentes dont la détresse se fait déjà douloureusement sentir il a sollieité des crédits pour leur venir en aide et demande au gouvernement d'accorder à tous les passagers la même faveur déjà consentie aux familles des militaires.

Le préfet a répondu qu'il s'efforcerait de faire assurer les départs par Port-Vendres

Deux cent mille francs. dit-il sans hésiter.

Soit. Tu ramèneras Sabirie à son père.Quant à l'autre. je te laisse libre. Bien. Demain je ferme l'agence. Il y a un départ d'émigrants, le dernier, dans huit jours, à Barcelone. Dans huit jours je serai parti.

Elle lui tendit la main et elle eut un adieu siuistre

Bon voyage!

Elle ne le revit pas. Seulement, huit jours après, elle reçut ce mot

Il Je pars avec mes deux hommes. J'ai confiance. Adieu. n

Dès Jors, Diane redevint douce et gaie, méconnaissable. Elle paraissait avoir pris son parti de sa misère. Elle riait et chantait. Et Claude, rentrant harassé, ie visage noir, disait

Hein ? Quand je te le répétais que nous serions heureux

Elle se mit à sa besogne quotidienne de ménagère. Même, elle fit mine de chercher de l'ouvrage pour occuper les heures disponibles. Elle montrait à Claude ses petites mains qui rougissaient et se durcissaient. EUe en était fière. Claude les embrassait avec tendresse, des larmes aux yeux, ne se doutant guère, le pauvre homme, que ces mains seraient, bientôt peut-être, plus rouges encore rouges du sang de l'enfant rouges du sang de la femme qu'il avait tant aimée. Déjà, à des milliers de lieues, les émigrants partis les premiers, dormaient pour la plu- part sous les hautes fougères et les noirs tacas qui ombragent le cimetière de la Nouvelle-Algérie. D'autres avaient voulu s'enfuir de cet enter où les avait jetés l'abominable invention d un misérable et leurs oâsemenU

et qu'il ferait appel à la sollicitude du gouvernement en faveur des nécessiteux. La délégation s'est ensuite rendue auprès du maire de Marseille.

D'un autre côté, les membres de la corrlmission exécutive de la grève sont venus réclamer, au commissariat de l'inscription maritime, le paiement de la solde des marins grévistes.

M. Penissat, commissaire, leur a répondu que devant les plaintes formulées par les armateurs, et devant la violation du contrat qui liait ces derniers aux inscrits, il ne lui était pas possible de trancher ce conlit. Dans la soirée, l'amiral Bienaimé, préfet maritime de Toulon, accompagné de l'amiral Besson et de M. Penissat, a visité les emplacements destinés aux croiseurs de l'Etat, chargés d'assurer uesormais le service postal.

Dans les Bassins

La matinée a été des plus calmes dans les bassins.

Deux cents gendarmes provenant des brigades de l'Ariège et de la Haute-Gumnne sont venus renforcer les troupes chargées d'assurer l'ordre.

On travaillait ce matin à bord de la Villede-Barcelone et de l'Australien.

Après l'arrivée de la Ville-de-Madrid, attendue demain matin, le désarmement de la compagnie générale Transatlantique sera La compagnie Fvaissinté n'a plus à la. mer que le paquebot Insulaire, actuellement à .lice..

Le Lou-CcUori, venant d'Alger, est rentré cet après-midi à la Joliette et l'équipage a débarqué immédiatement. Mais cette arrivée emprunte quelque intérêt à la cargaison parmi laquelle »e trouvent une caisse de primeurs 400 barils d'oranges et de pommes de terre nouvelles 9,000 caissons de mandarines et 800 caisses d'oranges.

Dès ce soir, part pour les Halles centrales, par train spécial, en grande vitesse, la majeure partie de cette cargaison.

La Provence, des Transports maritimes, est arrivée cet après-midi de Buenos-Ayrea avec 330 émigrants qui sont repartis à cinq heures pour Génos, sur l' Artois, affrété dans cetië dernière ville et battant pavillon italien. On sait que l'lr/ois figurait naguère sur le tableau de la tlolte des Transports maritimes. Le bruit court que cette compagnie aurait décidé de donner désormais le port de Gènes comme tête de ligne il ses services. Les remorqueurs (le la Compagnie Hamton continuent leur service, mais, par prudence, ils stationnent dans les bassins t'ermes des docks, où les grévistes n'ont pas accès.

Le Vesper, de Dunkerqup, avait été, corlrme je vous l'ai indiqué avant-hier, déserté par son équipage. Ce dernier a consenti à revenir à bord ce soir et,; dès demain matin, les opérations de ce steamer reprendront leur cours normal.

Sauf dans les docks où le travail continue jusqu'à la semaine prochaine, l'activité est toujours des plus restreintes à la Joliette. A joindre à, la longue liste des navires arrivés et aussitôt désarmés la Stwoie, rentrée d'Oran

L'Egypte, de la Péninsulaire, a pris la poste pour l'Algérie; le coutre,torpilleur la Pique est parti cet après-midi avec une certaine partie des dépêches en suspens pour Alger.

Le Galilée, arrivé de Toulon, va continuer également le service postal.

La Compagnie des Transports maritiilhes a fait savoir à l'autorité militaire quelle se réunirait pour examiner la qiiestom des transports de recrues, dont elle avait. pris précédemment charge.

On annonce comme probable, pour demain, le départ du Chodoc emportant la relève du Tonkin, avec un équipage formé des marins de l'État.

A la Préfecture

A l'issue d'une réunion tenue ce matin à la Bourse du travail, MM. Vando et Rivelli, accompagnés des membres de la commission exécutive de la grève, se sont rendus à la préfecture et ont remis au représentant du gouvernement un ordre du jour voté par l'assemblée générale des grévistes affirmant que, contrairement à certaines allégations, aucune menace n'a jamais été proférée par les grévistes contre leurs camarades. Un seul membre de la commission exécutive monte à bord des paquebots et demande à l'équipage s'il veut continuer à travailler mais aucun violence même en paroles n'a pu être jusqu'ici reprochée aux Inscrits.

Cette déclaration faite, M. Rivelli et ses compagnons allaient se retirer, lorsque M. Mastier les retint, et leur tint ce langage Puisque je vous ai près de moi, voulez-vous me permettre de vous demander ce que vous pensez d'un rapprochement possible avec les armateurs.

Nous sommes à votre entière dispnsition, a répondu M. Rivelli. ponr une conférence avec eux., à cette condition toutefois, que nous y prendront part iL nombre égàl de part et d'autre.

Je n'ai malheureusement pas l'adhésion des

blanchissaient les plages voisines de la colonie, partout où les avaient poussés la faim et les épouvantes de l'abandon. « Ceux qui restaient a dit un témoin oculaire de cette extraordinaire aventure, venaient le soir se courber au bord de l'Océan et contemplaient muets de douleur, l'infranchissable espace qui les séparait maintenant de leurs amis, de leurs familles, de la France. si follement quittée et qu'ils ne devaient plus revoir. Le cimetière est le seul vestige qui reste de la Nouvelle-Algérie. Des petites croix noires, plantées ça et là, au ras de l'eau* sur une étroite bande de sable que surplombe l'étagement sans fin des forêts séculaires voilà tout ce qu'aperçoivent aujourd'hui de cette colonie chimérique les goélettes qui passent dans le canal Saint-Georges, à moins que cependant, les six chiens étiques que nous y avons laissés ne viennent encore comme à notre départ hurler du rivage au navire qui s'éloigne et lui adresser leur appel déchirant. (1) »

Cassoulet ne s'était pas trompé et il était bien renseigné sur les départs d'émigrants desquels, du reste, tous les journaux s'occupaient. Un bateau, la Jeune-France, destiné h emporter J'expédition, armait ù Barcelone et Cœurderoy, toujours en Angleterre, où ses allures restaient libres, était accouru pour présider en personne à l'organisation du convoi.

Depuis trois mois, Barcelone était emplie du bruit de son nom.

On voyait circuler partout ses otflciers en uniforme, ses engagés, ses miliciens, auxquels il n'allouait point de solde, mais qu'il (1) Souvenirs personnels et documents réunis par le docteur Baudouin, qui lit partie de l'ex-

armateurs, fait observer le préfet, mais je constate avec plaisir vos bonnes dispositions mais sur quel terrain pensez-vous qu'une entente puisse aboutir accepteriez-vous ,le contrat de

Oui, nous l'acceptons dans son application intégrale, mais nous ne ferons aucune avance; nous acceptons seulement une entrevue dont les compagnies prendraient l'initiative de nous fixer le jour, l'heure et le lieu.

J'en prends bonne note, conclut M. Mastier et m'emploierai de mon mieux pour amener un rapprochement.

A la sortie de la préfecture, les membres de la commission, suivis par plus de 3,000 grévistes, se sont rendus à l'inscription maritime, ou leurs délégués ont eu une entrevue avec M. Pénissat, entrevue qui na amené aucun résultat.

Entre temps, la commission de la grève a reçu l'adhésion complète des équipages des remorqueurs, qui se solidarisent avec les inscrits, mais qui, eux, agitent la question de salaires. Les hommes demandent 150 fr. au lieu de 130 francs, et les mousses 75 fr. au lieu de 60 francs. Ces augmentations sont repoussées par les entreprises de remorquage.

Extension possible

Marseille, décembre.

Le secrétaire général du syndicat des inscrits maritimes a envoyé à M. Pelletan, mi;bistre de la Marine, une lettre qui se termine ainsi

Je fais savoir à M. le ministre que déjà de toute part des télégrammes nous sont parvenus demandant que la grève générale soit décrétée par la fédération avec comme desiderata, le vote du nouveau projet de caisse de prévoyance, la loi qni fut votée le 23 mars 1902 et l'augmentation des invalides. Le bureau fédéral n'oubliant aucun de ses devoirs envers les inscrits maritimes est prêt il exécuter leurs ordres.

Mais, considérant qu'il ne peut douter de l'esprit démocratique de M. le ministre, il espère en lui, tout en lui indiquant que dans le conflit actuel les marins de Marseille ne veulent pas d'arbitrage, estimant avec raison que leurs revendications sont des plus modestes, mais aussi des plus légitimea,

Cette lettre a été complétée par un télégramme avisant le ministre que si dans cinq jours le conflit n'est pas terminé, la fédération fera appel à tous les syndicats pour la grève générale.

Le texte auquel il est fait allusion cidessus et qui a été adopté par la Chambre en mars dernier modifie les lois de 1896 et (te 1897 sur la condition des inscrits.

Aux termes de ce dispositif, la durée de\ l'assujettissement des inscrits s'étend de à 45 ans.

Elle se divise en 'deux périodes une de sept ans, dite obligatoire, et une autre dite de réserve, pendant laquelle les inscrits ne peuvent être levés qu'en vertu d'un décret de mobilisation.

La période dite obligatoire comprend le service effectif, soit 36 mois et au maximum 48, les positions de congé illimité et de dispense, et trois ans de disponibilité.

L'article 30 énumère une longue série de cas de dispense.

Les réservistes sont répartis entre quatre catégories moins de 30 ans, de 30 a 35, de t 35 à 40, de 40 à 45. Les deux dernières ne servent à la mer qu'en cas d'insuffisance des premières.

Rappelons qu'en vertu de la loi du 24 décembre 1896, l'assujettissement durait de 18 à 50 ans. Il serait réduit de 7 ans.

Le texte voté en mars à la Chambre rnn<vtitue donc une amélioration notable de la lé- gislation antérieure. Il a été adopté saris dé- bat et à mains levées, après que la Chambre eut prononcé l'urgence sur la demande du gouvernement et de la commission. EXPLOSION DANS UNE USINE Une explosion formidable se faisait entendre, hier matin, et provoquait une vive panique dans tout le quartier de la PlaineSaint-Denis. Hâtons-nous de dire que l'accident a été fort heureusement moins grave qu'on avait lieu de le croire tout d'abord. Il s'était produit au numéro 204 de l'avenue de Paris, dans l'usine de tréfilerie Mouton, où un conduit souterrain, venant du gazogène, venait de faire explosion, ii une profondeur de 1 m- 50 environ.

Une quantité considérable de terre, de pierres et de matériaux avait été projetée en l'air, avec une violence extrême. Un malheureux ouvrier, Jean Forestières, âgé de trente-neuf ans, demeurant à Sèvres, rue du Vieux-Pont, a été presque entièrement enseveli. Plusieurs de ses camarades, en lui portant secours, ont été assez grièvement contusionnés.

Forestières n'a pu étre complètement dégagé qu'au bout d'une demi-heure de travail. Très grièvement blessé au crâne, il a été, transporté à l'hôpital de Saint-Denis. M. Coste, commissaire de police de Ia

logeait et qu'il nourrissait en attendant le diépart.

L'impudence de Cœurderoy fut en quelque sorte grandiose il venait de fonder une aristocratie de la nouvelle colonie en instituant des magistrats et des ordres nobiliaires de trois classes. Le majorât- de première classe devait avoir une contenance de trois mille hectares au moins, coût cent mille francs pour la seconde classe, mille hectares, coût cinquante mille francs troisième classe, mille hectares, mais dans l'intérieur des terres, coût vingt.cinq mille francs. Ces majorats devaient porter le nom du chef de la famille En même temps qu'il organisait son aristocratie, Cœurderoy faisait embarquer sur la Jeune-France tout un personnel administratif et militaire un juge de paix, un greffier du tribunal, un président du tribunal civil, un aumônier, un directeur général des cultures, un commandant de la milice, un capitaine, tout le cadre d'un bataillon, de nombreux émigrants, les derniers qui devaient s'embarquer vers ce pays des chimères et du mensonge.

Cassoulet était arrivé la veille même du départ avec Philidor et Lubin. Après conférence avec leur ancien patron dont l'étonnante fortune les plongeait dans une stupeur admirative, ils s'étaient embarqués sur la Jeune-France.

Le jour du départ, il y eut un grand banquet donné par l'escroc:

Au dessert, il prit la parole et avec des larmes dans la voix il but au succès de l'entreprise, à l'heureux voyage du navire, à l'immense fortune qu'allaient trouver, là-bas, les colons qui s'exilaient pleins d'espoir. Puis il serra la main des chefs, des administrateurs, des sous-officiers. Je ne puis pas vous embrasser tous » disait-il en pleurant.

Plaine-Saint-Denis, s'est transporté immédiatement sur le théâtre de l'accident dont les causes n'ont pu encore être déterminées. LE

Crime de Bois-Colombes Une vieille Propriétaire assassinée. Egor- gée d'un Coup de Couteau. Appartement cambriolé. Les Coupables sont inconnus.

Après l'assassinat de plus en plus my»' térieux de Mme Mercier, la rentière de Bourgs la-Reine, voici qu'un crime tout aussi épou-! vantable et dont le ou les auteurs sont ég-a-' lement inconnus vient d'être découvert &' Bois-Colombes. La banlieue de Paris a mal-) heureusement toujours été propice au,x a. sassins en ra'son de la difficulté qu'il y a pour, la police, trop peu nombreuse, hélas de sur.. veiller efficacement des territoires trop éten* dus.

Avenue Marie-Laure

Au numéro 3 de l'avenue Marie-Laure se trouve une maison construite en pierres de taille, nouvellement bâtie, comprenant un rézde-chaussée élevé sur caves et comportant trois étages d'appartements eneom inhabités.? La façade est il. deux mètres environ en retrait de la rue elle est protégée par un mur à hau- tell!' d'homme rehaussé d'une grille garnies intérieurement d'un épais grillage en fils des fer. Un étroit jardinet sépare la porte d'en-! trée de la maison de celle qui donne immt>4 diatement .sur l'avenue.

C'est là, au rez-de-chaussée, qu'habitait d«Kf puis une année environ Mme yeuve Dusseau uée Victoire-Sébastienne Jacquemin, âgée ôes soixante-quatorze ans, qui, depuis la mort da sa fille, une dame Bossuot, décodée le 15 aoûfi 1901, vivait dans la solitude la plus absolue» sans domestique à demeure et même sansl femme de ménage. C'est elle qui avait fait construire l'immeuble.

Très particulière était la situation de cette) septuagénaire, qui passait puur posséder- une certaine fortune mais dont, au fond, la situas tion devait être quelque peu embarrassée. En effet, après avoir été établie marchanda; de lingerie A Paris, 18, place des Vosge^ d'abord, J?67, boulevard Voltaire ensuite, Mme Dusseau s'était retirée à Bois-Colombo eu 1897, c'est-à-dire depuis cinq ans, et avait* habité, en compagnie de sa fille, un u.pparte* ment 59, rue des Bourguignons.

C'est par amour maternel et pour assurer.\ les vieux jours de son enfant qu elle avait eu- l'idée de faire bâtir c^tte maison de avenue' Marie-Laure, où elle devait trouver une mort' si tragique.

Elle avait, voulu, tout en éi;aut chez elle,, pmvoir avoir des locataires dont les termes Jui permettraient de rentrer en peu dd temps dans les dépenses qu'elle avait faites pour l'achat du terrain et l'édification de la maison. Mulheureusnmerit, comme. elle voulait Jouer très cher des appartements qui comprenaient trois chambres ? coucher, salon, salle à manger, cuisine, voire une salle de bains, les locaux restaient vacants. L'appartement situé au-dessus da celui qu'elle occupait était coté 1,800 francs,! \et celui du second étage 1,600 francs. Aat troisième étage, c'était francs, et cependant, tout récemment, un habitant dU! pays qui était venu ie visiter avait obtenni un réduction de i>00 franc*. Mais trouvant; encore que ce loyer dépassait les resso-.jrcea dont il pouvait dispose, 6l s'était abstenu» Entre le deuxième et le trouièin éloge, le vaste écriteau de location était toujours demeuré sans que jamais on eût l'occasion dej 'l'enlever.

Situation embarrassée

Un tel état de chases n'avait pas été sans apporter quelque embarras à la situation fmancière de la malheureuse femme dont les espérances se trouvaient chaque jour plus profondément déçues. Cependant, très ordon·, née, très économe, vivant chichement, Mine; Dusseau avait trouve le moyen de frfire honneur à ses affaires et de payer régulièrement se, créanciers, qui, en l'espèca, se ti-ouvaierrt. être les différents entrepreneurs au concoure desquels elle avait dû faire appel pour coinstruire sa maison.

Avec une régularité mathématique, eh4qut| fois qu'elle revenait de Paris, où e!'e était allée toucher les coupons qu'elle détachait de ses. obligations, elle faisait la part de cha-i cun et se libérait ainsi petit à petit.

Je ne vendrais pas le moindre de mestfr tres pour payer mes entrepreneurs, avait-eU« dit un jour à une de sesvoisines, Mme de; Chaussot, avec laquelle elle était tout partica« lièrement liée je dois encore 10,000 francs environ tout sera payé jusqu'au dernier ceo. time. Si mes appartements se louaient, je leur donnerais davantage.

Dernièrement, Mme Dusseau était allée faire? son petit voyage trimestriel. Elle avait donné un acompte ia tous aes créanciers, sauf à un» seul, M. Mège, plombier, auquel elle devwit'

Enfin, au moment où le capitaine du navire allait commander la première manœuvré, 0 descendit l'échelle. Quelques secondes après, son canot l'en* portait à toutes rames vers Barcelone, pei*< dant que du pont ceux qui s'en allaient vert la mort criaient

Vive la Nouvelle-AIgérif

Et, lentement, le bateau sortit du port. Pendant les dernières heures du jour, tous les passagers restèrent sur-le pont, profitant de la soirée, qui était calme et douce. on était au mois d'avril. Puis la nuit tomba. Le vent fraîchit. Ils rentrèrent. Il ne resta plus sur le pont que les matelots retenus par leur service et quelques passagers enveluppés de mantea.ur, le capuchon rabattn sur la tête. Peu à peu, les ténèbres devinrent mm, fondes.

Dans l'ombre, assis sur des pliants. peau chés l'un vers l'autre, trois hommes parlaient à voix basse.

C'était Ca&soutet, Philidor et Lubin qui se concertaient.

Leur entretien dura longtemps.

Cassoulet mettait ses deux complices au courant des derniers événements et entre eux ils établirent le plan de l'avenir. Au milieu de toutes les aventures vers lesquelles couraient les émigrants, ce devait être un jeu d'enfant que de faire tomber Henriette et Sabine dans un piège où Henriette trouverait la mort. En France, il eût fallu ruser, attendre, ne frapper qu'à coup sûr. Mille dangers eussent menacé lea aventuriers.

Mais, à quatre mille cinq cents lieues de France, dans des Ileî perdues

(A suivre.) Jules Maby*