XIVe SIÈCLE,
Div. Comed., Inferno, c. XX.
300 CHANSONS DE GESTE.
« Mais Evain en menja, ce fu dolor moult grant; « Par engien del diable en fist mengier Adan. « Caïn murtri Abel es desers d'Abilan, « El décors de la lune tramist Dieus de son sanc ; « Encor en est plus troble, bien est aparissant. » Ensi com ce est voirs et g'i sui bien créans, « Garissiés hui de mort Guion le combatant. »
Les mêmes taches sont, dans l'Inferno de Dante, appelées le buisson, ou les épines de Cain :
Gia tiene 'l confine D'amendue gli emisperi, et tocca Vonda Sotto Sibilia, Caino e le spine;
et, dans le Paradiso, le grand poëte revient sur le même phénomène, dont Béatrice lui donne une explication plus élevée, et, dans tous les cas, moins invraisemblable. « Dites-moi, « demande Dante, à son arrivée dans le cercle de la lune, « quelles sont les lignes nébuleuses, occasion de fables sur la « terre ? »
Ib., Parad.,
c. II.
Midsuramernight's dream; act. III, se. il.
Che son li segni hui Di questo corpo, che laggiuso in terra Fan di Çainfacoleggiare altrui.
Ainsi Shakspeare, dans le Songe d'une nuit d'été, fait représenter également le clair de lune par un homme portant lanterne et fagot d'épines, ce On peut, fait-il dire à un de ses ce personnages, figurer le clair de lune par un homme portant ce buisson et lanterne : »
This m an, with lantern, dog, and bush of thorn, Presented moonshine
C'était donc une légende généralement répandue en Europe, du XIIe au XVIIe siècle, que ces traces du sang d'Abel ou du fagot d'épines de Caïn imprimées dans la lune. En France, nous ne l'avons retrouvée que dans la chanson de Gui de Bourgogne, et voilà pourquoi nous nous y sommes arrêtés.
Cette geste, comprenant plus de 4,300 vers, ne semble pas avoir eu cours dans les contrées voisines; cependant elle est au nombre de celles qui obtinrent en France le plus de faveur. Nous l'avons vue signalée dans le dit des Deux bordeors ribaux; Alberic de Trois-Fontainesparle aussi «d'une