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Titre : Chansons de geste. [Signé : P. Paris.]
Auteur : Paris, Paulin (1800-1881). Auteur du texte
Éditeur : Firmin-Didot frères, fils et Cie (Paris)
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb31059706q
Type : monographie imprimée
Langue : français
Langue : Français
Format : In-4° , 387 p.
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Description : Avec mode texte
Droits : Consultable en ligne
Droits : Public domain
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5607571d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, YE-3837
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/08/2009
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XIVe SIÈCLE.
V. 4533.
V. 4560.
102 CHANSONS DE GESTE.
à l'anneau que lui avait donné Doraine, et il est jeté dans une île lointaine et inhabitée. Un ermite, échappé d'une autre tempête, y vivait de racines et de fruits sauvages ; il accueillit Philippe et lui offrit un gîte dans son humble cellule. Le roi de Hongrie et de Jérusalem resta dix-huit ans avec lui ; ce qui donne au rimeur la liberté de nous entretenir de son fils Dieudonné, troisième héros de la chanson. Guillaume d'Esturgon (ou Strigon), qui l'avait ramené de la forêt, le faisait élever avec son fils Mancion et sa fille Supplante. Or il s'en fallait de beaucoup que les inclinations de Mancion fussent aussi bonnes que celles de Dieudonné. Celui-ci devenait grand clerc, lisait facilement en tous livres et se plaisait à rendre la jeune Supplante aussi savante que lui. Il jouait aux échecs, aux ce tables », à la paume : il savait armer un chevalier, en attendant qu'on lui permît de le devenir lui-même. Tant de talents allumaient la jalousie de Mancion, qui lui reprochait d'être un ce trouvé », un ce coistron ». Longtemps, pour ne pas chagriner sa chère Supplante, Dieudonné prenait tout en patience, « Que ne sommesnous plus âgés? lui disait la jeune fille, mes parents nous marieraient. On ne sait, il est vrai, d'où vous venez; mais vous avez sur l'épaule un signe de prédestiné :
« La crois de vostre espaule si fait senefier
« Que vous arez encor roiaume à justicier,
« Et que vous serés rois, selon le mien cuidier.
« — Voire! dit Mancion, qui oït son plaidier;
« Mais que la nuit des Rois, au souper comenchier,
« Puist la fève trouver au gastel despechier. »
Ces vers prouvent que l'usage d'élire un roi de la fève était tel au XIVe siècle qu'il s'est conservé jusqu'à nous. Quelques vers plus bas, Mancion fait la nique à sa soeur en lui passant la main sous le menton :
« Quant Mancion l'oi, le cuer ot si félon
« Qu'il vint niquier sa seur par desous le menton.
Une autre fois encore, ils jouaient à qui lancerait une pierre le plus loin. Mancion envoie la sienne à douze pieds; un de ses amis à quatorze ; Dieudonné la lance à dix-sept. Voilà Mancion furieux et qui accable d'injures Dieudonné. A quelques jours de là, il achète un ce bon coutel trenchant », et saisit l'occasion d'un coup disputé dans une partie d'échecs pour