AVANT-PROPOS
Ce livre n'est point une oeuvre d'imagination. Il a été écrit sur les notes d'un exilé; ou plutôt je n'ai fait que mettre en ordre, que compléter parfois des impressions trop sommaires.
La Morgue a-t-elle'son écrou comme une prison, et le désespéré, qui vient attendre le convoi du pauvre sur cet horrible oreiller du suicide laisse-t-il sa trace et paye-t-il son obole à la curiosité, à la statistique? je l'ignore. Mais, au défaut de registres, que l'on consulte les souvenirs, l'on aura la preuve que, le 21 mars 1860, on apporta sur les dalles le cadavre d'un homme, jeune encore, retiré de la Seine, qui resta deux jours exposé à cette effroyable inspection des badauds .sinistres, des parents, des amis, inquiets d'un parent ou d'un ami perdu.
Ce corps était celui de M. C..., rentré en France depuis la proclamation de l'amnistie, et qui avait été expulsé à la suite des événements de décembre 1851.
C'est le voyage entrepris depuis le pays natal
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