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Titre : La France mutilée : bulletin ["puis" organe] de l'Union fédérale des associations françaises de blessés, mutilés, réformés, anciens combattants de la grande guerre et de leurs veuves, orphelins et ascendants

Auteur : Union fédérale des associations françaises de blessés, mutilés, anciens combattants de la Grande guerre, et de leurs veuves, orphelins et ascendants (Paris). Auteur du texte

Éditeur : [s.n.] (Orléans)

Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1926-01-01

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32778016m

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32778016m/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 01 janvier 1926

Description : 1926/01/01 (N1)-1926/01/31.

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k56036399

Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-25331

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/01/2011

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A l'Association Française

pour la Société des Nations

Une journée de labeur profitable ! Voilà ce que fut le dimanche 13 décembre pour les nombreux délégués à la Vlll* Assemblée générale de leur association dans le grand amphithéâtre de l'Institut Océanographique, au sommet de la colline Samte-Geneviève.

C'est à peine si les deux séances furent séparées par un déjeuner amical pris en hâte par les Congressistes au restaurant Universitaire de la rue Pierre-Curie.

Deux traits ont donné au Congrès de travail tenu le matin une physionomie caractéristique : le recueillement des assistants fidèles au souvenir des disparus de l'année, le sérieux de l'oeuvre d'organisation accomplie pour faire face à l'heureux développement de l'Association française.

Le président Appell, récemment acclamé à la Sorbonne comme le « Recteur de la paix », était seul qualifié pour rendre à la mémoire de . Léon bourgeois un hommage digne de lui : le regret unanime de son absence n'a été atténué que par l'espoir du rétablissement complet de sa santé. Cependant le signataire de ces lignes, Président de séance, a évoqué devant l'Assemblée les mérites élevés de celui qui fut le fondateur de l'Association française et le « grand-père » de la Société des Nations. Par sa doctrine de la solidarité, Léon Bourgeois a plus profondément marqué son empreinte sur la législation sociale de la République française qu'aucun autre homme d'Etat durant ces trente dernières années. C'est aussi, grâce à sa ténacité souple et pénétrante, que des aspirations séculaires ont trouvé leur couronnement. 11 ne participa pas seulement à l'élaboration du Pacte de la Société des Nations dont il dirigea les premiers pas chancelants. 11 fut le précurseur et le fondateur véritable de la Cour de Justice internationale qui siège à la Haye depuis 1921. Chose rare, Léon Bourgeois eut sans cesse la préoccupation d'associer à ses efforts des hommes jeunes. Lom de sous-estimer la génération des Anciens Combattants, il appela de tout son coeur le jour où elle pourrait collaborer à son oeuvre, en attendant de la diriger en maintenant à la France une place digne de ses sacrifices dans le monde nouveau.

Après avoir adressé un salut à Viviani, à Hébrard de Villeneuve et à Stéphane Dervillé qui honorèrent l'Association et le pays, les délégués écoutèrent le réconfortant compte-rendu moral de l'exercice écoulé, puis procédèrent à la revision des statuts de l'Association.

Lors de sa fondation en 1918, le mouvement pour la Société des Nations n'avait d'appui qu'auprès de personnalités habitant Paris. 11 n'avait pas d'expression écrite. Or, en quelques années, 92 groupes se sont .formés dans les départements. Sur l'initiative de l'Union Fédérale, de nombreuses collectivités locales ou nationales ont donné leur adhésion. Ces affiliations représentent environ 850.000 anciens combattants. La très grande majorité des participants au Congrès annuel se compose depuis 1924, des chefs ou représentants de ces groupes ou collectivités. Enfin un Bulletin mensuel Pour la Société des Nations paraît depuis un an, grâce au Comité d'Action qui coordonne les efforts de l'Association française, du Groupement Universitaire et de l'Union Fédérale.

Les ajustements rendus indispensables par la croissance de l'Association ont donc trait à l'admission des collectivités, au montant des cotisation' (fixées à 2 fr. 5 fr. et 15 fr. pour les individus) et à leur répartition entre le» groupes et le Siège central. On a de même institué le vote par mandat dans les Assemblées générales et élargi le Conseil d'Administration. Sur tous les points, la volonté d'entente se manifesta par les décisions de plusieurs milliers de voix unanimes. L'Assemblée clôtura ses travaux en élisant, suivant le nouveau mode adopté, le tiers des membres du Conseil soumis au renouvellement. Parmi les nouveaux élus, figurent une veuve de guerre, Mme Cassou, deux présidents d'Associations d'anciens combattants récemment affiliées, H. Chatenet et Barbasch, le dévoué président du groupe de Caen, Roger Sillard, deux actives propagandistes, Mmes Malaterre-Sellier, et La Mazière, enfin M. Lapie, nouveau recteur de l'Académie de Paris, et Roger Picard, professeur à Lille.

Ainsi s'affirme chaque jour davantage cette union des hommes de pensée et d'action, cette alliance de l'élite et de la masse qui seules permettent les oeuvres saines et durables.

Deux conférences extrêmement remarquables ont succédé l'aprèsmidi aux séances de travail. Sous la présidence de M. Aulard et devant un public nombreux et attentif, M. Mario Roques a traité de Y Organisation internationale du travail, et M. Luchaire de Ylnstitut rttemational de Coopération intellectuelle.

Les accords politiques et juridiques entre Etats, tels que le Pacte de la Société des Nations et les accords récents de Locarno doivent nécessairement être complétés par une organisation rationnelle de la production économique, par des accords sur les conditions du travail humain, sur les déplacements de la main-d'oeuvre et la répartition des matières premières : tel a été le thème développé avec une clarté, un esprit et une vigueur saisissants par le premier orateur.

M. Roques a mis en lumière la variété des sources ayant alimenté le courant d'où est issu en 1919 le Bureau international du travail. Il insista sur les particularités corporatives, professionnelles de sa constitution, sur le mécanisme de son fonctionnement et sur l'oeuvre déjà accomplie avec un budget annuel total de 7 millions de francs (part de la France : 600.000 fr.), qui est voté et contrôlé par la Société des Nations.

Les idées dominantes qui se dégagent de pet exposé concernent d'une part Y interdépendance économique des nations. C'est l'argument de la « Concurrence internationale » qui a le plus longtemps retardé des progrès sociaux reconnus indispensables par tous. Seule l'introduction simultanée de certaines réformes dans tous les Etats industriels peut rassurer les chefs d'entreprises.

Réciproquement une saine organisation internationale de la production est favorable à la paix sociale intérieure de chaque Nation, élève le niveau moral des salariés et leur confère un sens plus grand de leurs responsabilités.

La Conférence de M. Luchaire, consacrée à l'amélioration des conditions du travail intellectuel et scientifique dans le monde moderne, a été le complément naturel de la précédente. Ni le Pacte de la S.D.N., ni les textes constitutifs de l'Organisation internationale du travail n'avaient envisagé cet aspect de la restauration du prestige des idées, dans la société internationale. La Commission de Coopération intellectuelle créée à Genève n'avait été à l'origine que misérablement dotée. Les illustres savants qui la composèrent, Bergson et Mme Curie notamment, eurent le mérite de proclamer la nécessité de défendre la Science dans la personne des intellectuels, écrasés et diminués au lendemain de la guerre dans tous les pays par les intérêts matériels et d'établir une coordination des activités tournées dans chaque Nation vers les choses de l'esprit. Nos ministres successifs de l'Instruction Publique furent bien inspirés en offrant à la Société des Nations d'établir à Paris, un Institut international de Coopération intellectuelle, doté par la France et logé au Palais-Royal. Les résistances auxquelles cette initiative se heurta prouvent que l'idée était heureuse, puisqu'elle était jugée par certains à Genève comme trop favorable à « l'impérialisme » de l'esprit français à l'heure même où au Sénat quelques craintes furent émises sur son « internationalisme ».

L'Institut nouvellement créé se propose d'agir avec modestie et prudence et de prouver son utilité par des services réels, plus que par des manifestations ou entreprises bruyantes. Pour mieux remplir sa tâche, il a réparti son activité en plusieurs divisions correspondant aux divers domaines de la recherche. Mais la devise de ses dirigeants est belle et fière. Ils veulent « marcher toujours en touchant du pied le sol ferme de la terre, mais le front haut et le regard dirigé vers les étoiles ».

Cette devise correspond certainement aux aspirations de la génération du feu, dans l'élaboration de la paix internationale, comme elle les guide dans la défense de la sécurité et de la civilisation françaises.

RENÉ CASSIN, Président honoraire de l'Union Fédérale.

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