308 LE DHOIT DES GENS.
un ennemi traître, empoisonneur ou assassin {voyez livrelll, § 155). Son caractère, qu'il a si indignement souillé, ne peut le soustraire à la peine. Le droit des gens protègerait-il un criminel dont la sûreté de tous les princes et le salut du genre humain demandent le supplice? On doit peu s'attendre, il est vrai, qu'un ministre public se porte à de si horribles excès. Ce sont ordinairement des gens d'honneur que l'on décore de ce caractère, et quand il s'en trouverait, dans le nombre, de ceux qui ne font scrupule de rien, les difficultés, la grandeur du péril sont capables de les arrêter. Cependant ces attentats ne sont pas sans exemple dans l'histoire. J. de BAUBEYRAC («) rapporte celui d'un assassinat commis en la personne du seigneur de Sirmium, par un ambassadeur que lui envoya CONSTANTIN DIOGENIÏ, gouverneur de la province voisine )our Basile II, empereur de Constantinople, et il cite 'historien CEDIIENUS. Voici un fait qui se rapporte à a matière. CHAULES III, roi de Naples, ayant envoyé en i38a à son compétiteur Louis, duc d'Anjou, un chevalier nommé MATHIEU SAUVAGECII qualité de héraut, pour le défier à un combat singulier, ce héraut fut soupçonné de porter une demi-lance, dont le fer était imbu d'un poison si subtil, que quiconque y arrêtait fixement la vue, ou en laissait toucher ses habits, tombait mort à l'instant. Leduc d'Anjou, averti, refusa de voir le héraut, et le fit arrêter; on l'interrogeait sur sa propre confession il eut la tète tranchée. Charles se plaignit du supplice de son héraut, comme d'une infraction aux lois et aux usages do la guerre. Louis soutint dans sa réponse qu'il n avait point violé les lois do la guerre à 1 égard du chevalier Sauvage, condamné sur sa propredéclaration {b). Si le crime imputé au chevalier eût été bien avéré, ce héraut était
(a) Dans ses notes sur le trailc* du Juge compétent des tnnbassadenrs, par UIJNKKKSHOF.K, cliap. 21, §• V, nol. 2.
[b) Histoire des rois des Denx-Siciles, par D'EGI.V.