LIV. 111, CHAP. XI. 215
CHAPITRE XI. Du souverain qui fait une guerre injuste.
S 183. — Une guerre injuste ne donne aucun droit.
Tout le droit de celui qui fait la guerre vient de la justice de sa cause. L'injuste qui l'attaque ou le menace, qui lui refuse ce qui lui appartient, en un mot qui lui fait injure, le met dans la nécessité de se défendre, ou de se faire justice les armes à la main; il l'autorise à tous les actes d'hostilité nécessaires pour se procurer une satisfaction complète.
§ 181. — Combien est coupable le souverain qui l'entreprend.
Quiconque prend les armes sans sujet légitime, n'a donc absolument aucun droit; toutes les hostilités qu'il commet sont injustes. Il est chargé de tous les maux, de toutes les horreurs de la guerre; le sang versé,la désolation des familles, les rapines, les violences, les ravages, les incendies, sont ses oeuvres et ses crimes; coupable, envers l'ennemi qu'il attaque, qu'il opprime, qu'il massacre sans sujet ; coupable envers son peuple, qu'il entraîne dans l'injustice, qu'il expose sans nécessité, sans raison; envers ceux de ses sujets que la guerre accable ou met en souffrance, qui y perdent la vie, les biens, ou la santé; couEableenfin envers le genre humain entier, dont il troule le repos, et auquel il donne un pernicieux exemple. Quel effrayant tableau de misères et de crimes! Quel compte à rendre au roi des rois, au père commun des hommes ! Puisse cette légère esquisse frapper les yeux des conducteurs des Nations, des princes et de leurs ministres'.Pourquoi n'en attendrions-nous pas quelque fruit? Les grands auraient-ils perdu tout sentiment d'honneur,d'humanité, de devoir, et de religion? Et si notre;faible voix pouvait, dans toute la