Vol. XXXI Octobre-Décembre 1929 N° 4
GONGORA
En tous pays les grandes dates de l'évolution littéraire sont marquées par- des luttes au cours desquelles s'épundent abondamment l'éloquence et la satire. De ces luttes, l'Espagne en a connu un assez grand nombre, de la Renaissance au Romantisme : aucune ne paraît avoir eu l'importance de la querelle surgïe au xvn 0 siècle entre le novateur Gôngora et les partisans des traditions poétiques. C'est à la suite de la divulgation du Polifemo et des Soledades que s'élève la grande polémique littéraire, non plus seulement individuelle, mais véritable bataille rangée des soldats de la plume. Combattants et armes offrent une diversité inconnue au temps du « pélrarquisme»; on brandit contre l'adversaire les traditions, les textes anciens, ou bien la parodie et le sarcasme; il y a les panégyristes, les doctes, les railleurs; et la subtilité de chacun, sinon sa clairvoyance, est aiguisée par la passion.
De nos jours, Gôngora et son école ont été le sujet de nombreuses et importantes études : nos contemporains montrent dans leurs travaux beaucoup plus d'impartialité et de sang-froid que n'était capable d'en montrer l'Espagne du Siècle d'Or : forts- des méthodes scientifiques modernes, ils l'ont la lumière sur la vie du poète, sur son caractère, sa culturelles sources de ses écrits. Us ajoutent, en somme, ou bien opposent aux arguments de la passion qui se sont heurtés jadis ceux de la sereine raison.
La question semble donc devoir être épuisée. Pourtant, nous ne sommes pas encore satisfaits, et bien des interrogations qui
Hall, hiipan. a°