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Titre : Les journées de Napoléon à Bayonne : d'après les contemporains et des documents inédits / par E. Ducéré

Auteur : Ducéré, Édouard (1849-1910). Auteur du texte

Éditeur : impr. de A. Lamaignère (Bayonne)

Date d'édition : 1908

Sujet : France (1804-1814, Empire)

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34030003k

Type : monographie imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : 1 vol. (82 p.) ; in-8

Format : Nombre total de vues : 92

Description : Collection numérique : Fonds régional : Aquitaine

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5600231p

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LB44-1804

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/02/2010

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LES|©URNÉES DE NAPOLÉON /A BAYON NE



ÉPHÉMÉRIDES IMPÉRIALES

LES JOURNEES DE NAPOLEl

1) AI'tlKS

oiiiemporaius et des Documents inédits

Par E. DUCÉRÉ

BAYON N E ÎMPRIMKRIK A. I.AMAIGNKUK, «L'K JACQUES LAKFITTK, 9

I 0O8



LES

Journées de Hapoléon

A BARONNE

14 Avril 1808

ENTRÉE DE NAPOLÉON A BAYONNE

Il y a aujourd'hui cent ans Jour pour jour quo Napoléon fit son entrée dans notre ville de Rayonne. C'est à partir de ce moment et des événements qui suivirent, que l'étoilo de l'empereur s'obscurcit graduellement jusqu'à la catastrophe linale. Aussi lo long séjour qu'il fit dans notre ville est-il de la plus grando importance et du plus haut intérêt pour l'histoire du grand empire et de notre vieille cité. C'est à l'aide d'un travail incessant et de découvertes quelquefois heureuses, qu'il nous a été permis de restituer ces quatre-vingtseize journées inoubliables pendant lesquelles Rayonne frémit d'uue vie intense dont elle se ressent encore aujourd'hui.

Nous avons pensé à mettre en oeuvre les documents si nombreux et si variés qui sont parvenus jusqu'à nous, en retraçant aussi bien que possible les occupalious multiples de cet homme plus grand que


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nature. C'est à l'aide d'une éphéméride donnant chaque jour et à sa date mémo les travaux, les promenades, les distractions du grand capitaine, que nous avons voulu essayer de I aire revivre celte époque impérissable et donner aux Bayonnais qui s'intéressent aux choses du passé un aperçu succinl de ces journées si mouvementées. Le sujet est vaste, car la présence dans noire ville du maître de l'iîurope avait déplacé l'orbite de la terre, et chacun se hàla d'accourir se chauffer aux rayons de ce soleil élincelant.

Mais avant de donner dans ces notes brèves et précises la relation du séjour impérial, nous croyons devoir raconter avec quelque détail l'entrée du grand capitaine dons la ville où il allait accomplir l'acte extraordinaire do la spoliation du trône d'Espagne. Nous pensons que nos lecteurs seront heureux do retrouver ici un faible écho des choses d'un passé encore bien obscur et que nous avons eu tant do peine à reconsliluor.

Une partie du sorvlce d.3 l'empereur était déjà arrivé à B««yonne le U avril 1808, quelques heures avant lui. Ce môme Jour, à deux heures après-midi, M. de Castcllane, préfet des Basses-Pyrénées, reçut la visite du général Lcbruu, de M. d'Augosse et de son parent, M. de Bausset, préfet du palais.

De grands préparatifs avaient élé faits pour le logement de l'empereur. Après


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avoir tout d'abord songé à la maison Dubrocq, située sur la rue place d'Armes, la municipalité abaudonna bientôt cet édifico pour l'hôtel du Gouvernement, aujourd'hui Division Militaire. Puis, comme on était en droit de supposer que beaucoup de choses viendraient à manquer dans les maisons de la ville où devaient loger les principales personnes formant la suite de l'empereur, la municipalité s'empressa d'emprunter aux habitants richos du linge do table, « du linge do nuit », môme do l'argenterie et des flambeaux.

Le 16 mars on était en plein travail et on s'occupait sur. jut, avec une activité 116vreuse, do l'ameublement du palais du Gouvernement, dans lequel devait loger l'empereur. L'emb?llissement et les décorations des divers appartement avaient été confiées à M, Robin neveu, tapissier, « dont le goùl est connu dans le haut genre. »

« On s'occupa de la confection du lit de Sa Majesté, des tapisseries, draperies et accessoires pour l'appartement do l'empereur. On plaça des ornements dans la grande salle, des lapis de pied, des glaces et tout ce que la ville put fournir de beau pour une pareille circonstance.

« On meublo les salles pour le prlnco major-général qui est auprès de Sa Majesté, pour le grand maréchal du Palais, pour le secrétaire particulier. On établit une cuisine ave, tous les ustensiles nécessaires.


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Enfin, on fait tout le possible pour qu'il n'y ait rien à désiror. De plus, afin de pouvoir loger la suite nombreuse de Sa Majesté, le maire fit encov prier les personnes notables de Bayonne de vouloir bien prêter des lits, des meubles et tous autres objets qui pourraient être nécessaires. » On construisit môme des fours et on garnit le bûcher.

En môme temps un magnifique arc de triomphe fut dressé sur la place du Réduit. Les dessins en furent exécutés par JeanJoseph Saint-Martin, Ingénieur géographe, et il portait une multitude d'inscriptions dont il serait trop long do donner le détail.

Enfin tout était prêt pour la réception de Napoléon. Les grenadiers et les chasseurs à pied de la garde étaient arrivés en poste à Saiut-Esprit et passèrent, eu grande tenue, le pont de bois qui séparait cet ancien faubourg de la ville de Rayonne. La garnison entière avait pris les armes pour recevoir dignement cette élite de l'armée. « Les bourgeois encombraient losrues, les places, les fenêtres et les toils et criaient comme de bons Français qu'ils étatent : « Vivo la vieille garde I »

Enfin Napoléon arriva à Rayonne le H avril, à neuf heures et demie du soir. Un drapeau devait être hissé pour prévenir la Citadelle de son arrivée, où une batterie de six pièces de canon avait été préparée pour exécuter les salves, mais l'obscurité do la nuit ne permit pas de se servir de ce


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signal. Il y avait uno autre batterie de deux canons aux Allécs-Roufllers, une de quatre canons au Réduit, et une do trois canons derrière le Chàtcau-Vieux. La longue rue Maubec, la place Saint-Esprit, les deux ponts, les quais, la ville entière étaient Jonchés do verdure et resplendissaient de la plus brillante illumination ; les cloches, malgré les prescriptions catholiques du Jeudi Saint, sonnèrent à toute volée, le canon tonnait sur les remparts, à la Citadelle, dans le port et sur les vaisseaux, et au milieu de ce fracas, de cette foule, de cet éclat, de bruyantes acclamations dominaient un moment tous les bruits.

C'était un magnifique spectacle que celte marche de nuit à travers une population presque en délire d'admiration et de curiosité. Voyez ces deux rivières où semblent st réfléchir et so rélléler tous les feux, ces navires rapprochés dont les mâtures se dressent sur lo massif noir des AlléesMarines, toutes ces maisons richement éclairées qui laissent paraître à leurs mille fenêtres des grappes vivantes de spectateurs, ces armes éllncelanles, ces longues files d'hommes et de chevaux ; puis écoutez les faufares, les cloches, le canon, ces cris de joie, et si vous parvenez k évoquer fidèlement celle physionomie de la ville, ce tableau si riche d'expression et do couleurs, vous aurez peint à grands traits cette soirée historique du 14 avril, dont on doit


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se souvenir au moins avec une sorte de patriotisme local.

Lorsque le cortège impérial fut parvenu à Ondres. la gendarmerie des Landes qui, avec la garde d'honneur à cheval lui avait servi d'escorte, se renforça do plusieurs brigades, tandis qu'un fort escadron de cuirassiers, venu de Rayonue, fermait la marche. En haut de la côte de SainlEllenne et malgré sa volonté, disent les souvenirs du lomps, le peuple eunivré se rua sur la berline de l'empereur, détacha les chevaux pour la traîner à bras, et Napoléon fit ainsi son enlrée triomphale. Il arriva à l'arc de triomphe élevé par la commune de Saint-Esprit, qui était la dernière des Landes. Il y fut reçu par le maire et par la municipalité, qui le supplièrent d'agréer une garde d'honneur parfaitement organisée, et qui fut admise à l'accompagner jusqu'au milieu du pont. Le cortège, précédé par la gardo d'honneur de Saint-Esprit, traversa lentement la ville magnifiquement illuminée et pavoisée dans les longues rues par un grand nombre do pavillons do toutes couleurs flottant sur des guirlandes de laurier où étaient suspendues des couronnes arllslement tressées. « Toute la population, ou à la suite du cortège, ou aux fenêtres, donnait les démonstrations de l'allégresse la plus vive. Les clameurs ont redoublé lorsque le cortège est parvenu Jusqu'à la grande placo dont les malsons, apparie-


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naut pour la plupart à des particuliers de la nation juive, étaient parfaitement Illuminées et produisaient un très bel effet. Arrivé au milieu du pont, le préfet des Landes, qui avait jusque-là accompagné l'empereur à franc élrier, prit congé de lui et se vit remplacé par le préfet des fiasses-Pyrénées, général de Caslellane,* qui le reçut à la tôle de la gardo d'honneur à cheval do Rayonne. »

Napoléon arriva ainsi à la porto du Réduit, où il fut reçu par la municipalité et les autorités bayonnaises. Là, il descendit de voiture pour monter à cheval ; il était co jour-là revêtu do son costume habituel de colonel des chasseurs de la garde. Sur la place, il jeta un regard autour do lui. Le speclaclo était grandiose : la gendarmerie d'élite et les chevau-légers polonais escortaient l'empereur, autour de qui se pressait un nombreux état-mfcjor, car 11 avait avec lui le maréchal Rerthler, prince de Neufchàlel, le général Duroc, grand maréchal du palais, les généraux Bertrand, Lobruu et Ordener, les ministres Maret et Champaguy ; il était accompagné de Roustan, dont le costume oriental fit sou effet ordinaire. Les deux compagnies de la garde d'honneur à cheval el à pied de Bayonue et une troislèmo compagnlo de garde d'honneur basque formaient la haie. Ici, dit un contemporain, M. Detchegaray, maire de Bayonue, ancien chevalier de Saint-Louis, présenta à l'empereur


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les clés de la ville, et lui adressa un tout petit discours pas mal tourné.

Ainsi que nous l'avons dit, l'arc de triomphe était entouré des fantassins do la garde d'honneur en habits rouges et de cavaliers en frac marron. Les uniformes éclatants sautèrent aux yeux do l'empereur, qui n'aimait pas, comme on le sait, les Anglais.

— Qu'est celà,demanda-t-il au maire.

— C'est votre garde d'honneur, sire.

— Et c'est vous, M. le Maire, qui commandez ces rouges à pied?

— Oui ! sire, et ces puces à cheval.

Le bon mol n'était pas préparé, il fit sourire Napoléon. Le mairo, confus, en rougit Jusqu'au blanc des yeux.

Après la harangue du maire, qu'il eut le bon esprit de faire courte, l'empereur monta à cheval, et suivi do toute son escorte de maréchaux et d'aides de camp, précédé et suivi par la gendarmerlo d'élite, les chevau-légers et les cuirassiers, il passa au grand trot sur le pont Mayou, dont les planches sonores résonnèrent sous les durs sabots des chovaux. En arrivant à l'entrée de la rue, il eut le temps de jeter un coup d'oeil sur les lignés profondes des grenadiers de la garde à pied qui, massés en colonno do balalllou, couvraient la placo de la Liberté de leurs bonnets à poil et de leurs baïonnettes élincelantes. Un souvenir du temps nous assure que la première compagnie qui faisait face au pont


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duquel débouchait l'empereur, avait plus de quarante hommes décorés de la Légion d'honneur.

Quelques jours avant l'arrivée do Napoléon, un de ses fourriers, envoyé en avant, fit remarquer que l'empereur ayant l'habitude de courir à toute bride dans les rues des villes qu'il traversait, les pavés pointus qui décoraient à cette époque les rues do Bayonne pourraient procurer une chute dangereuse et produire un malheur irréparable. Un pied de sable avait élé aussitôt étendu sur lo pavé des rues qu'il devait parcourir.

Napoléon traversa rapidement les rues du Pont-Mayou et de l'Argenterie, passa sans s'arrêter devant la cathédrale, sur le parvis de laquelle se tenait le clergé, descendit la rue do l'Evôché et arriva devant le palais du Gouvernement, où tout avait été préparé pour le recevoir. On no nota d'autre Incident que la chute d'un chevauléger polonais qui s'abattit avec sa monture à l'angle brusque quo fait la rue Argenterie en débo'uchaut sur la place Notre-Dame. A onze heures Napoléon était déjà couché qu'une magnifique illumination éclairait la ville de toutes parts.

L'évèque avait à sa fenêtre une aigle couronnée sous laquelle on lisait ces mois:

A sa puissante coix nos autels se relèvent.

Le maire avait un énorme transparent à la façade de son hôtel, sur lequel il y avait


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une grande aigle couronnée s'élevanl majestueusement dans les airs, et on lisait au-dessous :

Son col n'atteint pas la hauteur de sa i/loire

Nous allons voir maintenant jour par jour quelles furent les journées de l'empereur depuis son arrivée, le 14 avril 1808, Jusqu'à son départ de Rayonne, lo 19 juillet, c'est-à-dire pendant plus do trois mois.

15 Avril 1808

A sept heures du matin, l'empereur, après avoir rapidement examiné et parcouru le palais de la Division cl manifesté son mécontentement de se voir si mal logé, monta à cheval, et accompagné des généraux Duroc et Lebrun, traversa la ville et se dirigea vers Saint-Pierre d'Irubo, où il visita diverses malsons de plaisance. Mais aucune d'entr'elles n'ayant paru luiconvevenir, il traversa de nouveau Rayonne et se rendit sur la roule de Cambo, où il mit pied à terrer devant le château de Marrac. Ayant demandé quel était le personnage qui l'avait fait construire, il lui fut répondu que c'était la reine Marie-Anne de Neubourg. « — Ahl ah ! dit Napoléon la veuve de Charles II, voilà une étraugo coïncidence. » Puis 11 visita le château qu'il trouva petit et mal distribué. Il donna des ordres au maréchal Duioc, et à dix heures il était rentré dans son palais.

Peu de temps après 11 alla s'embarquer


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-15A heures du malin tout était déjà prêt, ol Napoléon moula à cheval pour se

dans sa brillante péniche qui l'attendait aux Allées-Mai lues, et dont l'équipage était composé par douze capitaines au longcours. Il se dirigea vers le Roucau et aborda sur la côte Sud, d'où il examina attentivement les travaux. Après une promenade de près de deux heures, Napoléon revint à Rayonne et rentra dans son palais.

16 Avril 1808

A dix heures du matin, le général Savary avait une longue conversation avec l'empereur ot parlait aussitôt après pour SainlJean-de-Luz.

A midi, Napoléon montait à cheval ac compagne de son escorte ordinaire, et reprenait au grand trot la route de Marrac. Le bruit s'était déjà répandu quo le propriélaire, M. Marqfoy, avait vendu ce domaine et celui de St-Mlchol à l'empereur.

L'après-mldl 11 se rendit à l'arsenal de la Marine, qu'il visita longuement. Ce fut à la suite ce cotte visite qu'il écrivit à l'amiral Decrès, ministre de la marine, une lettre dans laquelle il lui disait tout le parti qu'il ospéralt tirer du port do Rayonne, qui u'étall jamais bloqué complètement.

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rendre au château de Marrac. Cependant le mobilier n'était pas entièrement placé, et à chaque instant quelque pièce nouvelle arrivait de la ville. Un bain avait été placé dans un petit cabinet à côté de la chambre à coucher. La table du secrétaire, M. de Méneval, était dans l'embrasure d'une fenêtre, et la bibliothèque portative avait été déployée.

A deux heures Napoléon sortit en voiture et fut s'embarquer aux Allées-Marines. 11 visita de nouveau les travaux de la Rarre et fut mécontent eu apprenant du pilote-major quo l'étal de la passo ne permettait pas aUx frégates d'entrer dans le port. Le soir de ce jour il demanda au préfet, général de Caslellaue, de lui former une compagnie basque semblable à celle du priuce Murât.

18 Avril 1808

Dans la matinée arrivait à Rayonne, allant en Espagne, une partie de la division do cavalerie légère du général Lasalle. M. de Champaguy, ministre des relations extérieures, allait loger à Largcnié, à côté de Marrac, et Napoléon, au moment de sortir du château, annonça au préfet de Castellane qu'il trouvait la compagnie basque qu'il lui avait demandée trop chère, et qu'il y renonçait.

A onze heures il montait à cheval et se dirigeait, en traversant la ville et accompagné par le maréchal Ûerlhieret le gêné-


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-17ral vers l'arsenal Maritime. H serait trop long de dire en détail tout co qui se passa au cours de cette visite il fertile en incidents do louis genres. Ajoutons seulement qu'il examina avec le plus grand soin la Mouche capturée sur l'escadre de l'amiral Cochrane. et dont les formes légères et gracieuses le frappèrent vivement. Il donna des ordres pour que plusieurs autres fussent mises eu construction ' fut mécontent des délais que lui demandaient les ingénieurs de la marine. Ce fut alors quo, conseillé par M. Bourgeois qui l'accompagnait, il se rendit dans les chantiers de M. fiaudry, et que celui-ci lui promit un bàliment du même genre dans l'espace de quinze jours.

Rentré à Marrcc, l'empereur rapprocha les délais demandés par M. Raudry et les ingénieurs de la marine et pensa que !a constructeur avait dû se tromper. Il s'empressa do renvoyer le général Dùroc au chantier, et celui-ci ayant posé do nouveau la question de l'empereur, Raudry répondit encore :

— Quinze jours, plutôt moins que plus.

— Mais comment ferez-vous, demanda le grand maréchal, les ingénieurs do la marine exigent plus d'un mois?

— Ah I répondit lo vieux maître, quo voulez-vous, les ingénieurs travaillent pour lo gouuenflJÇÇaL et jo travaille pour


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-1Ô19 1808

A midi, un bruit d'instruments se fit entendre devant la grille du château, et l'empereur ayant demandé ce que c'était, il lui fut répondu que des jeunes gens et des demoiselles de Bayonne désiraient exécuter devant lui la Pamperruque, dauso particulière à la ville, et qui n'était offerte qu'aux souverains Napoléon donna l'ordre de les faire entrer, et six jeunes filles de la plus ravissante beauté et sept jeunes gens, ces derniers l'épée nue à la main et appartenant à la meilleure société bayonnalso, vinrent se placer sur la pelouse du parterre, en face des fenêtres du salon de l'empereur. Celui-ci assista avec plaisir à leurs évolutions et cadences et ordonna de les faire entrer dans le salon où 11 les complimenta sur l'élégance de leurs costumes et la grâce de leurs mouvements. Mais ici se plaça un incident grotesque. Les mères des danseuses, qui avalent voulu profiter de l'occasion pour pénétrer dans le château, menaient grand tapage dans le vos libule. Napoléon demanda au capitaine de Monctar, qui commandait la garde d'honneur à cheval de Bayonne et qui se trouvait dans le salon do service, ce quo signifiait ce vacarme. Celui-ci lui répondit, en nommant la mère d'une des plus jolies danseuses :

— Sire, c'est Madame Eaurle.


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— Vous voulez dire Madame Furie 1 répliqua Napoléon.

Puis 11 fit ouvrir toutes les portes et entra dans ses appartements intérieurs.

Aussitôt après l'empereur monta dans sa péniche et fut visiter un beau corsaire ancré dans le port et qui portait le nom de l'Amiral-Martin. Puis, revenu à St-Esprll où l'attendaient ses chevaux, il poussa jusqu'à Tarnos, et le soir travailla aveo son secrétaire assez avant dans la nuit.

20 Avril 1808

L'empereur passa en revue, sur les glacis, le 14' régiment d'infanterie provisoire, formé de dépôts et de conscrits, et qui se préparait à entrer en Espagne. Lui-même fit manoeuvrer les troupes, et vers midi il put voir, débouchant de la roule d'Espagne, une longue file de voilures faisant leur entrée dans la ville. C'était le cortège du prince des Aslurles, plus tard Ferdinand VII, qui traversa les rues de Bayonne et alla descendre à la maison Dubrocq où se trouvait déjà l'infant Don Carlos.

Peu de temps après Napoléon quitta le commandement des troupes et entra à son tour par la porte d'Espagne. Il fut reçu sous la porte cochère par Ferdinand, et ler deux princes s'embrassèrent. Ils eurent un moment d'entretien dans le salon du premier étage et Napoléon, remontant à cheval, revint sur les glacis, reprendre le commandement des troupes.


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-20Vers heures, une voiture impériale vint chercher les princes espagnols et les conduisit à Marrao, où ils dînèrent avec l'empereur. Ce fut après leur retour que le prince des Asturies, paraissant au balcon de son appartement, s'écria à plusieurs reprises qu'il était trahi, ce qui causa quelque émotion parmi la foule. Mais une nombreuse gendarmerie calma vile celte effervescence, et le prince rentra dans son appartement.

21 Avril 1808

Lo matin l'empereur fll une promenade dans lo paro de Marrao et descendit ensuite sur les bords de la Nive. A midi il sortit à cheval en compagnie du maréchal Berthler et alla visiter l'arsenal d'arllllerie. A cinq heures il était de retour à Marrao, où il eut une longue conférence avec le chanoine Escoïquiz, archidiacre d'AIcaraz, et précepteur du princo des Asturies. Il lui flt part de ses projets relativement à l'Espagne, et lui offrit pour son élèvo le royaume d'Etrurie en échange du trône do Charles-Quint. Il demeura sourd à toutes les raisons que lui donna l'infortuné chanoine, et le récit do celte conversation, qui nous a été conservé par le chanoine lui-même avec une fidélité surprenante, est du plus grand intérêt.

22 Avril 1808

Après sa promenade, matinale dans lo


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parc de Marrao, Napoléon monta à cheval avec un piquet d'escorte et alla passer en revuo lo 14* régiment provisoire d'infante* rie. Après lo défilé, l'empereur, accompagné du général Savary, alla visiter la Chambre-d'Amour.

Lo soir il eut une nouvello conférence avec le chanoine Escoïquiz, qui dit avoir refusé le grand cordon de la Légion d'honneur, qui étalait sur une table son large ruban cramoisi, car il craignait qu'on l'accusât d'avoir été acheté par l'empereur.

Le môme jour le général Duroo, grand maréchal du Palais, qui était installé à Saint-Michel, donna à dîner au général de Caslellane, préfet des Basses-Pyrénées, et au général Marescot, aide de camp de l'empereur, qui devait, peu de temps après, aller ternir sa répulalion militaire en signant la capitulation do Baylen.

23 Avril Î808

Le matin l'empereur visita la maison de Saint-Michel, où s'était installé le grand maréchal du palais. Il donna des ordres pour faire réparor lo colombier ou tourelle qui surplombait la vallé de la Nive, Il alla jeter un coup d'oell au camp de la garde impérialo placé sur l'esplanado, derrière les jardins, et après avoir déjeuné il moDta à cheval et accompagné du général Savary, alla passer en revue lo 4' escadron de cavalerie provisoire. Puis.au grand trot et avec son escorte ordinaire, il alla dé nou-


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veau voir la mer à la Chambre d'Amour. Le soir on fit acheter chez M. Gosse, libraire à Bayonne, un certain nombre do livres pour lo service do l'empereur.

24 Avril 1808

Après sa promonade du matin Napoléon passa en revue, sur l'esplanade de Marrac, l'escadron des chevau-légors polonais do la garde et se montra très mécontent do leur instruction. Aussitôt après il donnait l'ordre de départ des escadrons do marche, du 13' régiment provisoiro et de deux pièces de canon qui devaient entrer en Espagne. Il se rendit ensuite au château do Marrao où l'attondalt M. do Vlllenouve, chambellan de la reine de Hollande, qui venait lui annoncer la naissance de Louis Bonaparte, qui fut plus tard Napoléon III.

L'après-midi, accompagné de son escorte ordinaire de gardes d'honneur et de clicvau-légers polonais, 11 se rendit aux AlléesMarines où il rencontra, remontant lo fleuve, un corsaire bayonnais remorquant une; prise. Il revint bientôt sur ses pas et regagna la route de Biarritz près de Beyris, où il rencontra un détachement d'artillerie et do voilures de munitions qui se rendait en Espagne. Pou après il était do retour au château de Marrac.

25 Avril 1808

La matinée fut légèrement pluvieuse, ce qui n'empêcha pas Napoléon de sortir


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revêtu de sa fameuso redingote griso et suivi d'un eeul officier. Il alla visiter le bivouac d<~ < lievau-légers polonais installé au Bouliifau, Quolques heures plus tard un officier lui annonça l'arrivée du prince de la Paix, Emmanuel Godoï, et l'empereur douna des ordres pour qu'il fut logé hors de la ville afin de n'être pas exposé a rencontrer le prince des Asturies, son mortel ennemi.

Après avoir vu partir pour l'Espagne un oscadron du 10e chasseurs avec lo colonel, l'empereur, accompagné par lo général Savary, alla visiler Biarritz, où il devait revenir si souvent pendant son séjour.

26 Avril 1808

Après avoir déjouné, Napoléon monta à cheval, et accompagné seulement d'un officier et de quelques gardes d'honneur, il entra à Bayonne par la porte d'Espagne et alla visiter la cathédrale. Il s'indigna des mutilations qu'elle avait subi et parcourut l'édifice en ordonnant qu'il fut fait les réparations les plus urgentes.

A midi lo général Savary 3e rendit à Beyris pour prendre le prince de la Paix et le conduire à Marrac, où il eut une longue conférence avec l'empereur. On ne put savoir ce qui s'était passé, mais la physionomie radieuse de Godoï, en sortant do celle audience, indiquait que le prince des Asturies ne tarderait pas à être malmené,


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Ce même jour le préfet général do Castellane recevait à sa table lo comte de Fernan-Nunez et plusieurs autres grands personnages.

27 Avril 1808

C'était une journéo depuis longtemps attendue, car l'impératrice devait arriver dans la soirée et on comprendra combien les Bayonnais attendaient ce moment avec impatience lorsqu'on se rappelle les mots prononcés par M. Frédéric Masson, lo grand historien de cetto époque inoubliable : o Napoléon gagne les batailles, et Joséphine gagne les coeurs. »

Comme la nuit était déjà tombée, lo canon de la citadelle annonçait l'arrivée de Sa Majesté l'impératrice ot reine. Précédée d'un peloton do la garde d'honneur à cheval de Bayonne, lo général Lebrun à la porlière de gauche, le général préfet des Basses-Pyrénées à la porl.ôre do droite, escortée et suivie par la gendarmerie d'élite et les chevau-légers polonais, Joséphine traversa, au petit pas de ses chevaux, la rue Maubec, la place Saint-Esprit et le pont. Arrivée à la place du Réduit, elle fut saluéo par lo maire et le Conseil municipal. La physionomie sympathique et gracieuse do l'impératrice produisit une bonne impression sur les Bayonnais, appelés à la voir pour la première fois. Elle n'avait avec ello dans sa berline de voyage que Mme de Montmorency.


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L'impératrice fit de nouveau arrêter sa voiture a l'oxlrémitô du pont Saint-Esprit pour recevoir vingt-cinq domoiselles do Bayonno habillées d'une robo blanche avec dos rubans el une ceinture vorto. Mlle do Holl, un peu émue, lui présenta un magnifique bouquet et lui récita un compliment on vers quo Sa Majesté daigna écouter avec lo plue encourageant sourire.

La voiture se remit en marche au bruit du canon et uos acclamations répétées d'uno foule immense. On traversa ainsi les rues Pont-Mayou, Argenteile et Mayou, bordées de troupes et élincelantos de lumières. A la sortie de la porto d'Espagne un piquet do chovau-légers polonais portant des torches allumées, éclaira la roule de Marrac. La garde impériale était sous les armes, dans le parterre, tandis que sur le perron se tenait Napoléon accompagné du maréchal Berthier, et des généraux Duroc el Bertrand. Les pages tenant des flambeaux éclairaient lo groupe impérial et la façade du château étincelail. La portière do la voilure de l'impéralrico fut ouverlo par un page, ol comme Joséphino mettait un pied sur le marphepied, l'empereur, qui venait do desceudre vivement l'escalier du perron, la prit dans ses bras et l'embrassa affectueusement. Puis, la tenant par la main, ils montèrent ensemble l'escalier ol pénétrèrent dans l'intérieur du château, où le dîner venait d'être servi.


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28 Avril 1808

Après le déjeuner, leurs Majestés impériales sortirent ensemble, et après avoir fait lo tour du jardin situé derrière le château, s'enfoncèrent dans les alléos du parc, Napoléon conduisit Joséphine vers la tonnelle qui bordait lo plateau du côté de la Nive, et l'invita à monter avec lui sur la terrasso qui la dominait, et dont il avait fait assujettir l'escalier. Après avoir longtemps hésité l'impéralrico se décida enfin et put admirer le magnifique panorama que l'on découvrait de ce point élevé.

Dans l'après-midi l'impératrice reçut, avec sa grâce ordinairo, les autorités bayonnalses, et pria le général préfet de Castellane de lui procurer un de ces coureurs basques qui étaient â la mode dans toutes les grandes maisons.

29 Avril 1808

Dans l'aprÔ3-midi, sur des ordres précis de Napoléon, des nuées d'ouvriers s'emparaient du palais du Gouvernement, où devaient descendre les monarques espagnols qui étaient attendus. L'empereur monta à cheval avec le général Savary et alla promoner du côté du lac do la Négresse. L'impératrice promena dans le parc accompagnée de Mme Gazzani.

Le soir il y eutcerclo chez l'impératrice, whist et thé. Joséphine demanda au préfet des Basses-Pyrénées une liste des Dames de Bayonne pour ses recopiions.


- 27 - 30 Avril 1808

Encore uno journéo mémorable, car les rois d'Espagne étaient annoncés. Les troupes de la garnison avaiont pris les armes et formaient la haie dopuls la porto d'Espagne jusqu'au palais du Gouvernement, où les vieux souverains dovaient descendre. Ils n'arriveront qu'à une heure et demie et furent reçus par M. do Castellane. Le cortège était précédé d'un peloton de cuirassiers. Le carrosse royal contenait Charles IV, la reino Mario-Louise et la duchesse d'Alcudia, Allé de Godoï. La voiture était d'une forme antique, et quatre laquais accrochés derrière, étaient couverts de la poussière de la roule. D'ailleurs peu de voilures de suite, mais un grand nombre do fourgons, car ou disait que la reine avait emporté tout ce qu'elle avait pu, y compris les diamants de la couronne.

Au palais de la Division ils trouveront Godoï qui les attendait. Après une algarade au princo des Asturies, le roi monta dans son appartement, où il reçut bientôt la visite de Napoléon, qui arriva accompagné par le général Savary.

Lo soir, les rois d'Espagne, invités par l'empereur, montèrent dans une voiture qu'il leur envoya ot partirent pour Marrao où ils avaient été iuvilés à dîner. Là se passèrent toutes sortes d'incidents trop connus des lecteurs pour que nous les répétions ici.


- 28/•'

28/•' * v*;-v

Napoléon alla visiter :'iint-Esprit, fil une station à l'arsenal maritime ot monta ensuite à la citadelle, où il n'était pas attendu. Il visita soigneusement la. fortification, oeuvre de.Vnubau.

Le roi el la reine d Espaguo moulèrent dans la voituro impériale qui avait été 'aisséo à leur disposition, ayant avec eux lo prince do la Paix el sa fille, la duchesso d'Alcudia. Le général Heille était à choval à la portière de droite. La voituro traversa les Allées-Marines, so dirigea sur la Barro où ello arriva au momont mémo où un corsaire, poursuivi par un brick de la croisière auglaise, se disposait à entrer dans l'Adour. Charles IV fit arrêter la voiture et monta à la tour des signaux comme la batterie do la jetéo Nord ouvrait son feu sur l'anglais. Lo navire anglais vira de bord avec grâce el le corsaire pénétra dans lo fleuve toutes voiles dehors. C'était VAirévido, qui vouait d'échapper ainsi, presque miraculeusement, à son agile adversaire. Bientôt le roi, suivi par lo pilotemajor, regagna sa voilure où la relue l'attendait toujours, et entra peu après au palais du Gouvernement.

Lo soir il y eut un grand dîner chez M. de Champagny, ministre dos relations extérieures, auquel avaient été invités plusieurs grands personnages français ol espagnols.


-292 Mai 1808

Le matin de bonne heure, Napoléon assista au départ du corsaire VAmiralMartin, commandé par lo capltalno Darrlbau, et qu'il avait chargé do dépêches importantes pour les Antilles.

Dans l'après-midi, l'impératrice Joséphine alla visiter lo roi el la reine d'Espagho. Sa voiture était oscoilôo de chevaulégers polonais et de gardes d'honneur à cheval do Bayoune. Elle avait avec elle Mme do Monlmoroncy, A la portière de droite était son grand écuyer lo général Ordenor, un pugo de l'empereur était à celle de gauche. L'impératrice demeura environ une heure avec les vieux souvoraius et revint aussitôt après à Marrac. Lo soir il y eut cercle chez l'impératrice, où so trouva lo marquis d'Alorna, commandant en chef des troupes portugaises.

3 Mai 1808

Vers neuf heures l'empereur sortit à cheval de Marrac accompagné do Berthler et de ses aides do camp et alla passer en revue, sur les glacis, lés troupes qui se trouvaient à Bayonno en ce moment. Tous les jours ces dernières so succédaient et entraient successivement en Espagno. Au moment où allait commencer le défilé, le roi et la reine d'Espagne, accompagnés de leur favori lo prince de la Paix, arrivaient sur le terrain de la revue escortés par lo


-80général

-80général ot lo colonel des carabiniers royaux qui, fidèle au roi Charles IV, "avait suivi en France. Le bon roi portait le grand cordon do la Légion d'honneur. Le défilé eut lieu au son de la maigre musique du 14* régiment provisoire, el Napoléon ayant salué ses illustres hôtes, reprit le chemin de Marrac. Lo soir il y eut un dîner au château de Marrao auquel assistèrent le roi et la reine.

4 Mai 1808

Napoléon donna audience au colonel Excelmans, aide de camp de Murât, qui repartait pour Madrid portant des dépêches pour le grand duc de Berg A dix heures l'empereur traversa Bayonno et alla s'embarquer dans sa péniche. Il examina les bords du fleuve du côté de la rive droite et dit qu'il serait bien facile d'établir en ces lieux un magnifique arsenal maritime. Il poussa jusqu'à l'Ile de Lahonce, dans laquelle 11 débarqua, et revint promplement à Bayonue, où il retrouva sa voiture et ses gens.

L'impératrice se promena quelques Instants dans les jardins do Marrac, et y trouva une petite fille qui, nullement intimidée, répondit à toutes ses questions. La mère de l'enfant, qui était iiogôre au château, accourut bienlôt, mais la bonne Joséphine la ramena aussitôt et ne laissa pas partir la fillette sans un joli p usent.

Le roi et la reine d'Espagne ne sortirent


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pas de leur palais, mais à partir de co jour Godoï, ayant quitté la maison de Beyris, vint demeurer avec les vieux souverains.

5 Mai 1808

Cette journée devait être néfaste pour les destinées du grand Empire, car elle allait donner à Napoléon le prétexto qu'il cherchait pour obtenir l'abdication des. rois d'Espagne et du prince des Asturies.

A uue heure de l'après-midi, Napoléon sortit de Marrao à cheval et prit la route de Biarritz. Il avait avec lui le général Savary et était suivi de son escorte ordinaire de ohevau-légers polonais et de gardes d'honneur à oheval de Bayonne. Arrivé en face de Beyria il fut rencontré par un officier couvert de poussière et courant la poste à franc étrier. C'était M. d'Hanneoourt, oapltalno des chasses, qui lui portait le rapport do Mural sur l'insurrection du dos de Mayo à Madrid.

Napoléon revint sur ses pas, entra dans Bayonne et se rendit au palais du Gouvernement où logeaient les vieux souverains d'Espagne. Il montra à Charles IV la fâcheuse nouvelle du massacre de Madrid,, el celui-oi envoya aussitôt chercher le prince des Asturies. Godoï et lo général Savary purent suivre, par les fentes de la porte mal fermée, toutes les péripéties de cette séance historique à la suite do laquelle Napoléon enleva enfin l'abdication du vieux roi et de son fils. Quelque


-32importante

-32importante soit nous ne la rolaterons pas ici parce qu'elle a été trop souvent racontée. Napoléon reprit bientôt la route de Marrao. A six heures une voiture impériale venait chercher lo roi et la reine, invités à dîner au château.

6 Mai 1808

La nouvelle do l'insurrection de Madrid se répandit bientôt à Bayonne. A neuf heures du matin, une voilure de l'empereur vint à la maison Dubrocq, où étaient logés les infants d'Espayoe, et conduisit le chanoino Escoïquiz à Marrao. Napoléon le reçut dans le jardin où ils promenèrent longtemps, puis il le fit entrer dans son cabinet. Escoïquiz revint à Bayonne vers midi, et un moment après Napoléon sortil à cheval avec Duroo et Savary.

Vers trois heures l'impératrice sortit en voiture avec Mmos do Moulmorenoy et Marel, et alla promener sur les hauteurs de Saint-Pierre.

7 Mai 1808

Napoléon promena dans le parc de Marrac, suivant sa coutume, et accompagné du général Savary descendit jusque sur les bords de la Nive.

A midi, lo prince des Asturies et son frère Don Carlos, sortirent dans leur voiture attelée de mules. Ils avalent avec eux le duo de San Carlos. Ils arrivèrent bientôt à la porte de Mousserolles., Là, leur


-33escorte

-33escorte compliqua d'un fort détachement de gendarmerie d'élite, et la voiture alla jusqu'à la place du village. Au retour Ferdinand descendit devant la maisonde César et demanda un verre d'eau qui lui fut apporté aussitôt. .Les princes regagnèrent leur voilure, ce qui fit pousser un soupir de soulagement à l'officier commandant l'escorte, l'incident fut aussitôt rapporté à l'empereur.

Ce même jour arrivait à Bayonne le frère du roi Charles IV, l'infant Don Antonio, escorté ou plutôt gardé par Faudoas, aidede-camp de Murât.

Presque à la même heure arrivait aussi un détachement de trente hommes de la garde d'honneur de Pau, qui venaient partager avec leurs colloques la garde du château impérial.

8 Mai 1808

L'empereur déjeuna avec Joséphine, et à 11 heures l'impératrice sortit en voilure à quatre ohevaux, ayant avec elle Mme Marét. Elle alla visiter le roi et la reine d'Espagne, et réussit à les entraîner à faire avec elle une promenade- en voiture. Un second véhicule contenait le prince de la Paix et sa fille, la duchesse de Alendia. On so rendit ainsi à la Barre de l'Adour et l'on revint par Anglet. On rentrait à Bayonne vers quatre heures.

Napoléon passa en revue un bataillon

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du 14» régiment provisoire d'infanterie. Il fit plusieurs promotions parmi do vieux officiers tirés do la réforme.

Le soir, l'empereur el l'impératrice jouèrent au trictrac. Les infants d'Espagne assistaient à la soirée.

9 Mai 1808

Le malin, à huit heures, Napoléon alla visiter le camp de la gardo impériale, puis accompagné du général Duroc et de doux gardes d'honneur, Il descendu sur les bords de la Nivo. Au retour il passa devant la maison do 'fosse, où élait placée la gendarmerie d'élilo qui l'avait accompagné, et ayant aperçu le général Savary 11 entra dans l'enclos pour s'entretenir avec lui.

Dans l'après-midi le prince des Asturies et son frère l'infant Don Carlos, accompagnés du duc de San Carlos, sortirent de leur hôtel pour aller faire une promenade à pied. Comme lis arrivaient à l'extrémité de la rue, ils furont arrêtés par un gendarme déguisé qui les obligea à rentrer chez eux. Une plainte fut aussitôt portée contre le gendarme, el il fut démontré que ce Jeune soldat, qui venait d'arriver récemment d'un département, avait seulement déployé Irop do zôlo. Ferdinand VII intercéda en sa faveur auprès de l'empereur, et Sa Majesté impérlalo consentil à lui faire rendre la liberté après lui avoir fait donner, par son chef, une bonne admonestation.


-35A

-35A arrivait à Bayonne la reine d'Elrurle, fille de Marie-Louise, et son fils l'infant Don Francisco, accompagné par le prince de Monaco, aide de camp de Mural. C'était les deux derniers membres de la famille royale d'Espagne.

La soirée fut la dernière que le prince des Asturies et les infants passèrent au château de Marrac.

10 Mai 1808

A huit heures du matin, l'empereur, accompagné de Berlhler, de Duroc et de quelques officiers, arriva à pied par le jardin du château, sur l'esplanade qui s'étendail en avant du camp de la garde impériale. Il y trouva, rangés en bataille, l'escadron des chevau-légers polonais, auquel 11 commanda différents mouvements. Mais mécontent de l'Instruction militaire de ces brillants cavaliers, il les remit sous la direction du général Durosnel, recommandant à celui-ci de commencer par l'école du soldai.

A cinq heures, les trois infants d'Espagne arrivèrent à Marrao, où ils étaient invités à dtnor pour la dernière fols. Le soir même Napoléon écrivait à son frère Joseph pour lui offrir lo royaume d'Espagne. Il lui disait de remettre la régence de Naples à qui il voudrait, el de se mettre aussitôt en route pour Bayonne, où il était impatiemment attendu.


- 36 - // Mai 1808

A six heures du matin, Ferdinand VU, les infants et une suilo nombreuse quittaient Bayonne pour so reudre à Valençay, qui avait été lo Heu choisi par Napoléon pour leur exil. Les voitures étaient escortées par un escadron do gendarmerie.

A onze heures l'empereur alla do nouveau visiter l'Arsonal MarUimq, où H donna plusieurs ordres relatifs à diverses constructions navales qu'il voulait voir mettre sur chantier.

Le ministre Maret, qui habitait l'hôtel do Brethous, aujourd'hui Chambre do Commerce, donna un dîner auquel assistaient les dames de l'impératrice, Mines do Montmorency-Mattignon et Gazzani, les députés polonais ot lo général préfet de Caslellauo.

Le soir lo château de Marrac recevait pour la dernière fols les vieux souverains d'Espagno, car lo roi Charles IV, la relno Marie-Louise, la reine d'Etrurie et l'infant don Francisco, avaient été invités à dtner par l'empereur.

Contre l'habitude de Napoléon, le dtner dura plus d'une heure, car 11 s'amusait a faire causer lo bon Charles IV. A neuf heures, les souverains d'Espagne prirent congé ot regagnèrent le p tais du Gouvernement.

A minuit, le tocsin soun.. en ville, et tout le monde fut sur pied pour éteindre


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un Incendie qui venait de se déclarer. L'empereur, qui n'était pas *\ ïoro couché, voulait monter à cheval pour se rendre sur les lieux, car ou craignait un enlèvement de Leurs Majestés Catholiques.

Mais il n'y avait pas là l'ombro d'une conspiration, et lo feu fut bientôt éteint. C'était le vieux couvent des Dames de la Fol, situé dans la rue Sabaterie, qui avait brûlé, mais sans qu'il y eut aucun accidont do porsonnes. La garde impériale regagna ses tentes et Napoléon son cabinet de travail.

12 Mai 1808

A huit heuros du matin, Napoléon monta à cheval, et accompagné des généraux Duroc et Lebrun, se rendit aux AlléesMarines, pour assister à l'appareillage de la Mouche n* 1.

Lo matin à six heuros lo roi Charles IV, la reine Mario-Louise, l'infant Don Francisco ot l'inséparable Godoï, moulaient en voiture pour se rendre à Fontainebleau, où ils devaiont demeurer en attendant que lo château de Complègne eut été mis en état. Ils n'avalent aveo eux qu'un petit nombre de serviteurs, et quoique l'heure fut matinale, la population de Bayonne était tout entière aux portes et aux fenêtres pour saluer une dernière fols.ces souverain * détrônés. A la limite du département, le général de Castellane leur souhaita un bon voyage de la part de


-38l'empereur,

-38l'empereur, le cortège royal continua sa routo aveo une escorte de gendarmerie L'après-midi, l'empereur et l'impôratrico descendirent sur les bords de la Nive. Le soir il y eut cercle ordinairo dans le salon de Joséphine.

13 Mat 1808

A huit heures, l'empereur à cheval, accompagné du général Duroc et do deux pages, do chevau-légers polonais et de gardes d'honneur, se dirigea sur Cambo. Il traversa rapidement Ustaritz et fut charmé do la situation merveilleuse do cetlo admirable station balnéaire. Il fit choix d'un emplacement qui lui parut convenir à l'établissement d'un hospice pour le prompt rétablissement de ses soldats blessés. Il se raffratohit dans la meilleure a»;V-\v:?n du Heu ot rentrait à Marrac dans IViHès .r.ki!.

Le se -.i \\ y eut cercle ordinaire chez l'Impératrice, G; Sa Majesté Joua au trictrac avec le préfet de Basses-Pyrénées et lo comte do Fernan Nunez.

/•/ Mai 1808

Le matin à huit heures, Napoléon alla passer en revue, sur les glacis, une balte' rie d'artillerie à cheval qui se disposait à partir pour l'Espagne. Puis, accompagné du général Duroc, il traversa la ville et alla dans les chantiers de construction Baudry, voir la Mouche qu'il avait com-


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mandée à cet habile maître. Il se rendit ensuite au Boucau, ot conduit par M. Bourgeois, piloto-major, il voulut aller visiter l'ancien lit de l'Adour, dont une partie était encore visible. Il donna des ordres pour qu'il fut établi un mât d'approche, et descendant ensulto sur la Jetée du Nord il examina les pièces do 24 qui l'armaient ot voulut qu'il y fut ajouté un mortier à la Gomer. Il était do retour à Marrac à six heuros.

Pendant son absence l'impératrice, accompagnée de Mme Maret et de son ôcuyer lo général Ordener, était allé s'embarquer sur les bords de la Nivo dans la bollo péniche de Napoléon. Le robuste équipage qui la montait n'eut pas do peine à refouler son courant. L'impératrice, enchantée do la beauté du paysage qui se déroulait devant ses youx, se fit descendre à terre près des premières nasses el examina do co point le Ht de la rivière considérablement rétréci. Puis, ayant regagné son embarcation, elle entra à Marrac presque en même temps que l'empereur.

15 Mai 1808

Cette question de Mouches préoccupait fortement l'empereur; à neuf heures du matin, accompagné des généraux Duroc et Bertrand, Il montait à cheval et se rendait à l'Arsenal Maritime. Il examina Jes quantités énormes de bols de construction qui pourrissait sur place, puis il


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revint à Marrao et no sortit plus de la journée.

Le même jour il donnait ordre à M. de Tascher, son officier d'ordonnance, de partir aussitôt de Bayonne pour Toulon pour y examiner l'état do la flotte.

10 Mai 1808

Le matin, l'empereur et l'Impératrice assistèrent à la messe dans la ohapelle do Marrao, où lo service divin fut fait par l'abbé de Pradt, évoque do Poitiers et aumônier do Napoléon.

Dans l'aprôs-mldl II monta à cheval et fit une nouvelle visite à l'Arsenal Maritime, où 11 assista à l'appareillage de la Mouche n<> 6. Celle-ci, placéo sous lo commandement du lieutenant de vaisseau Ducrest de Villeneuve, devenu plus tard amiral, fil heureusement celte extraordinaire traversée de Bayonne à Batavia, dont la curieuse relation a été publiée/

Le même jour Napoléon écrivit à l'amiral Decrès, ministre de la marine, uno longue lettre sur les Mouches et sur l'excellent parti qu'on en pourrait tirer pour le service de la poste et des dépèches pour les colonies.

17 Mai 1808

Après son déjeuner, Napoléon sortit de Marrao en voiture avec l'impératrice, le général Duroo et Madame de Montmôrenoy. Il alla s'embarquer à la cale du


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Moulin dans la péniche impériale et remonta le cours de l'Adour. Les promeneurs débarquèrent à la pointe de l'Ile de Koll, et un déjeuner champêtre y fut servi. L'empereur se promena dans l'Ile accompagné du fermier qui, ancien soldat, lui donna des explications sur toutes les questions qu'il lut posa. Des fruits produits dans l'Uo lui fureut offerts en présent, puis l'embarcation impériale reprit le chemin do Bayonne.

Lo soir 11 y eut cercle ordinaire ohez l'impératrice, et lo général do Castollane joua au trictrac avec la rolno d'Etrurlo, tandis que Joséphine faisait son éternelle partie do whist.

18 Mai 1808

Après uno promenade matinale dans le paro do Mainte, Napoléon monta à cheval et accompagné du maréchal Berlhler et du général Duroc, Il sortit vers dix heures pour so rendre à Salnt-Jean-do-Luz. Dès la veille, il avait fait prévenir qu'il ne voulait aucune sorte de réception officielle, car il se, proposait d'y revenir avec l'impératrice.

Arrivé dans ta jolie ville basque, l'empereur ulia visiter lu Socoa et fut frappé de l'étendue do la rade, dont il remarqua le peu do défense contre les attaques des Anglais. Puis il monta sur le Bordagain et examina la mer avec sa lunette de poche. Ce fut en ce moment qu'il aperçut


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deux navires de la croisière anglaise poursuivant, en tirant leur canon de chasse, un lougre corsaire du port do Saint-Jean-deLuz. Co dernier se dirigeait, toutes voiles dehors, vers l'embouchure de PAdour, où il entra avec la rapidité d'une flèche, taudis que lo gros calibre de la batterie du Nord faisait entendro sa puissante détonation. Napoléon visita rapidement Clboure et reprit le chemin do Bayonne après un moment d'arrêt pour faire reposer l'escorte au relais de Bldart. Il était rentré à Marrac à six heures du soir.

19 Mai 1808

Le malin à huit heures, Napoléon passa en revue, sur l'esplanade de Marrao, les bataillons do la gardo Impériale. Après lo déjeuner il sortit à choval et alla visiter le Châleau-Neuf d'abord el le ChâteauVieux ensuite. Do là II se rendit au Réduit et trouva cet amas de constructions antiques propres à être abattues. Le ChâteauVieux n'obtint pas non plus grâce à ses yeux, car H te visita en détail, et l'ayant trouvé inutile, il so proposa de le donner à la ville de Bayonuo pour qu'il fut rasé, ce qu'il fit quelques jours après dans un décret Impérial daté de Bayonne en 1808.

Puis remontant à cheval, il alla, en longeant les Allées-Marines jusqu'à la Barre, où il s'arrêta environ dix minutes, ot revint aussitôt nu château do Marrao.


- 4320 Mai 1808

Le matin, à son lovor, Napoléon reçut MM. de Musqulz, de Frias et de Médina Coeli.

Après son déjeuner, l'emporour sorlit de Marrao à choval accompagné do Duroc, grand maréchal du Palais, do son premier écuyer, de quelques pages et plquours. Il arriva sur les glacis où so trouvaient rangées les deux brigades de transport et des équipages impériaux qui venaient d'arriver d'Espagne, où ils étalent allés Jusqu'à Bùrgos. Napoléon so croyant obligé, au début dos affaires d'Espagne, do pousser Jusqu'à cette dernière ville.

Escorté par la gendarmerie d'élite et par la compagnie des guides du grand quartier général aux brillants uniformes, ils étaient arrivés à petites journées ot devaient, après quelques jours do repos, repartir pour Paris. Là se trouvait la brigade des chevaux de solle de l'empereur, les voitures do course, calèches d'officiers, calèches de bureau, calèches pour la chambre, pour les domestiques et pour la boucho, fourgons pour les vivres, l'argenterie, etc. Puis venait lo personnel, maîtres d'hôtel, valets do chambre, cuisiniers, vulot8 de pied, palofrenlers, bourreliers et maréchaux. Après uub rnpldo inspection, il vit défiler le cortège qui so rendit à Saint-Esprit, et lui-même rentra aussitôt à Marrac.


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21 Mai 1808

Lo malin Napoléon monta à cheval et fut promener Jusqu'à Biarritz, accompagné de sou escorte ordinaire.

Le préfet des Basses-Pyrénées fournil à l'impéralrico le coureur basque qu'elle lui avait demandé el qui la suivit lorsqu'elle quitta Bayonne.

Dans l'après midi arrivaient à Bayonne les tète do colonne des régiments portugais que, par ordre de l'empereur, le général Junot envoyait en Franco pour servir parmi les troupes françaises.

22 Mal 1808

A neuf heures du matin, Napoléon et Joséphine sortirent do Marrao dans une voituro attelée de qualre chevaux. L'escorte, plus nombreuse que d'habitude, était composée de chevau-légers polonais et de gardes d'honneur à cheval de Bayonne. Lo préfet, général do Castcllane, galoppalt à la portière de l'empereur.

Le cortège impérial prit la route de St-Jean-doLuz, où leur arrivée fut saluée avec des cris d'enthousiasme. Le canon tonnait et les cloches sonnaient à toute volée. Un très bel arc de triomphe avait été dressé et portait de nombreuses inscriptions. Pondant que Napoléon, accompagné de Berthlcr, de Duroc et des inspecteurs généraux des Ponts et Chaussées Prony et Sganzln, se dirigeait vers


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le port, l'impératrice descendait à Qrarirfebaithia, y recevait les autorités qui y avaient fait dresser un bel ambigu. Des jeunes filles lui présentèrent des gerbes de fleurs et des bouquets. Puis elle alla visiter la maison dite de Louis XIV et l'église de Saint-Jean-de-Luz. Vers trois heures de l'après-midi, les souverains remontaient en voilure et rentraient à Marrac à cinq heures environ.

23 Mai 1808

Ce même jour M. d'Oms, officier de la garde d'honneur à choval de Bayonue, et neveu du général de Caslellane, préfet des Basses-Pyrénées, fut nommé sous-lieutenant de hussards.

Le soir, au cercle do l'impératrice, M. do Caslellane joua au trictrac avec Sa Majesté impériale. Napoléon ne sortit pas de son. cabinet.

U Mai 1S08

Le matin, Napoléon donna audience à M. de Lacuée, administrateur en chef de la succession de Portugal, et qui partait pour Lisbonne rejoindre le général Junot.

A huit heures, l'empereur monta à cheval, et accompagné du général Bertrand, alla do nouveau visiter l'Arsenal Maritime et les chantiers de construction. Puis il eut une longuo conférence avec le commissaire ordonnateur cl les ingénieurs. Il était de retour à Marrac à euze heures.


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L'après-midi, l'empereur monta en voilure avec l'impératrice, ot alla visiter de nouveau le Château-Vieux. Puis Ils se rendirent à la Barre, et les souverains étalent de rotour à six heures au château impérial.

25 Mai 1808

Le malin, de bonne heure, Napoléon lit sa promenade habituelle dans le parc de Marrac, puis il rentra au château et ne sortit plus de la journée, car il travailla plus do quinze heures dans son cabinet. Ce fut ce jour qu'il donna l'ordro d'armer la frégale la Comètet qui se trouvait dans le porl de Passage, pour lui faire tenler l'enlrée de la Barre. Ce navire était uue frégate de 44, et de tous les malins, il élall dit que son tonnage s'opposerait au projet de l'empereur.

26 Mai 1S0S

Le malin, partait do Bayonne pour Madrid, lo général Lebrun, aldo do camp de l'empereur, qu'il venait de charger d'une imporlanto mission.

Après son déjeuner, Napoléon sortit à cheval avec le général Duroc, et alla s'embarquer dans sa péniche qui l'attendait â la cale du Moulin. La belle embarcation descendu rapidement le cours de l'Adour et arriva bientôt au Boucau, où l'empereur trouva le pilote major Bourgeois. 11 gravit la colline sur laquelle on était à même


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de dresser le mât d'approche qu'il avait ordonné. Puis il revinl sur la jelée du Nord, eut une conférence avec les inspecteurs des Ponts et Chaussées Prouy et Sganzin, et reprit dans sa péniche le chemin de Bayonne. Il dîna avec l'Impératrice et quitta son cercle de bonne hcuro pour aller se livrer au travail.

21 Mai 1808

Arrivéo à Bayonne du régiment des lanciers polonais, fort de 900 hommes, et allant en Espagne sous lo commandement du colonel Konopka.

Ce même jout Napoléon eut une longue conversallon avec lo préfet des BassesPyrénées relativement à la longueur de la chaîne de montagnes cl des chemins entre Bayonne et Perpignan. En même temps le général Savary faisait manoeuvrer, sur les glacis, un régiment provisoire d'infanterie et le régiment des lanciers polonais.

Le soir, M. do Caslellane reçut uue lettre du général Duroc, grand maréchal du palais, lui donnant l'ordre de se disposer à donner à dîner tous les jours à trenle membres de la Junte d'Espagne qui allait arriver à Bayonne sur l'ordre de Napoléon.

28 Mai 1808

Le mattu, l'empereur passa en rovuo lo régiment des lanciers polonais, dont la belle tenue et l'iuslrucllon militaire firent


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l'objot de sa haute approbation. Un moment après, il recevait au château do Marrac une délégation du Conseil municipal do Bordeaux, conduite par le maire.

L'après-midi, Napoléon et Joséphine, montant on voiture, allèrent promener jusqu'aux promlères malsons d'Ustaritz. Pendant ce temps lo préfet de Caslellane s'occupait do falro aménagor l'ancien palais épiscopal pour servir de salle do séances â la Junte d'Espagno, dont les membres étaient attendus.

29 Mai 1808

Le matin, Napoléon eut une longue conférence avec le marquis de Sassenay, qu'il avait fait vonlr à Bayonne pour le charger d'une importante mission auprès de M. de Liniers, vico-roi do la Plata. Un moment après H reçut l'amiral Mazzaredo et lui fit remettre aussitôt après son portrait enrichi de diamants.

L'après-midi, Napoléon se rendit à l'Arsenal Maritime et visita le brick le Consolateur, qui devait emporter le marquis de Sassenay. C'était un joli navire de 90 tonneaux, portant 8 caronades et 40 hommes, L'empereur s'entretint longtemps avec le lieutenant de vaisseau Dauiiac, do Bayonne, qui le commandait. Au moment où il descendait à terre, le brick dérapait et allait jeter l'ancre à l'anse de Blancpignon, car il devait prendre la mer le lendemain. .

Le soir, le préfet de Caslellane commen-


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ça a donner à dtncr aux trente Espagnols de la Junte. Des ordres somblables avaient été donnés au prince do Neufchâlel, qui élalt établi â Saint-Forcet, h M. de Champagny, qui élalt établi A Lanjenlé, et â M. Maret, qui habitait la maison Cabarrus.

30 Mai 180S

L'après-midi, Napoléon so rendit ù cheval à la Barre, où il arriva au moment mémo où le brick lo Consolateur qui emportai l lo marquis de Sassenay, franchissait la passe. Au loin blanchissaient les voiles de la croisière anglaise, a laquello lo léger navire oui lo bonhour d'échapper.

Le mémo jour arrivait â Bayonno lo prince de Hoheuzollern, allant rejoindro à Madrid le grand duc de Berg.

31 Mai 1808

Lo matin, partit de Bayonne pour l'Espa* gne lo 6* bataillon de marcho, 2 pièces de canon et le régiment des lanciers polonais dont le dépôt fut placé dans un village des environs de Bayonne.

A midi, l'empereur et l'impératrice sortirent en voiture, ayant avec eux "me Maret. Lo général Ordener était n lu portière do droite, et le général Duroc et Mme Gazzaui suivaient dans une autre voiture. Le tout avec l'oscorle ordinaire.

Lo corlôge impérial traversa Bayonue, monla la côte do Salut-Pierre et se ren4

ren4


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dit â Mouguerro, d'où l'empereur admira la bolle vue qu'on découvre do ce point élevé.

On redescendit sur lo bord de l'Adour par un chemin h peine tracé, et on arriva ainsi en face d'un groupe do pêcheurs so livrant à la pêche du saumon. L'empereur mit pied â terre et acheta aux pêcheurs un coup de filet. Par une coïncidence curieuse, plusieurs beaux poissons furent pris, mais Napoléon les abandonna aux pêcheurs et reprit bientôt, avec son cortège, la roulo de Marrac. L'hislolro fut bientôt connue de tout Bayonne, et le lendemain la ville se disputait à haut prix les saumons de l'empereur.

1" Juin 1808

Cette journée devait marquer dans les fastes militaires do Bayonne. Le matin de bonne heure, l'empereur devait passer en revue les 1", 2* et 3' régiments d'infanterie portugais, et deux régiments de cavalerie avec un escadron de chasseurs à cheval. Les hommes étaient petits, basanés, mais très robustes ; à la gaucho était déployé le bataillon des fusiliers de la garde impériale.

Bientôt parut Napoléon accompagné du maréchal Berlhier, du général Duroc et d'un brillant état-major. Il mil pied à terre devant les régiments portugais et fut reçu par le général Pamplona, qui les commandait. Après le défile, les nouveaux alliés


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se rendirent sur l'esplanade du château de Marrac, où un banquet leur fut offort par la garde Impériale. Los tables avaient été ornées de guirlandes do feuillages et do flours. Après lo repas, les Portugais se mirent â exécuter leurs danses nationales avec colle grâce et cotte agllllé commune â tous les peuples do la Péninsule, Napoléon et l'impératrice assistèrent un moment à ces jeux, puis se retirèrent. Lo général Pamplona dîna â Marrac. . Le mémo jour partait pour l'Espagne lo 8* bataillon do marche et lo 1" régiment do la Vlslule.

? Juin 1808

A une heure, l'Impératrice monta en volturo avec son escorte ordlnalro do chevau-légers polonais et do gardes d'honneur â cheval do Bayonne. Elle élalt accompagnée do Mme Marot, dame du palais, et du général Ordoner, son premier écuyer. Au point où commençaient les sables d'Auglol, on trouva des cacolels ; l'un d'eux était destiné à l'impéralrlco, el c'était lo mémo qui, l'annôo précédente, avait servi à la relno Ilortenso. L'Impératrice y monta avec Mme Maret et no tarda pas â arriver â la Chambro-d'Amour, où elle se fit raconter la légende des deux amants surpris par la mer dans l'intérieur même do la grotlo. Après quelques moments do repos et une promenado sur la plage. Joséphine reprit


-52sou

-52sou et ne tarda pas â rentrer à Marrac.

Ce même jour entrait â Bayonne le brick de guerre YOveste, et M. do Castollano, préfet des Bassos-Pyrénéos, recovalt lo duo d'Osuna â sa table.

3 Juin 1808

Le malin à huit heures l'empereur fil, dans le pare, sa promenade habituelle, et revint par le camp de la garde impériale, où il assista au maniement d'armes exécuté par les fusllllers. Il déjeuna avec l'impératrice et, à midi, montant â choyai et accompagné par lo général Duroc, il traversa, au pas, la villo de Bayonne. Après avoir suivi le pont de Saint-Esprit, il s'arrêta un moment à l'Arsenal Maritime et prit aussitôt la route du Boucau. Mais il ne fit que s'y arrêter, et précédé de doux gardes d'honneur, il arriva promplement à Taruos. Il reprit bientôt lo chemin do Marrac, où il rentrait à cinq heures du soir.

A Juin 1808

A sept heures du malin, Napoléon sortit à cheval accompagné du prince de Neufchâtel, du général Duroc et d'un brillant état-major. Il so dirigea vers les glacis, où se trouvait déployé lo 3e régiment de la Vislule, qui se disposait â entrer en Espar gne, où il allait se couvrir de gloire. Napoléon descendit de cheval, fit ouvrir les


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rangs et examina soigneusement les hommes et les officiers. Il so livra mémo â l'égard do ces derniers â quelques critiques que l'histoire nous a conservées.

Après le défilé Napoléon alla faire uno oxcurslon sur la routo do Bldart, ot lo soir, au cerclo do l'impératrice, il se mêla au jeu et tint un moment la banque au viugt ot un.

Lo mémo jour, M. do Castellano recovalt à sa tablo M. do Cevallos ot plusiours grands d'Espagno.

5 Juin IS08

A midi, Napoléon sortit à choval do Marrac, accompagné du général Duroc et d'un seul officier. Arrivé à la calo du Moulin, il y trouva sa péniche qui l'attendait, et dans laquelle il monta. Pou d'instants après il mettait pied â terre près de la tour des signaux, où il trouva lo pilote-major, M. Bourgeois. Il causa assez longtemps avec ce dernier, et lui désignant plusiours points blancs qu'on distinguait à l'horizon, il lui demanda si ce n'était pas la croisière anglaise. Sur sa réponse affirmative, il manifesta le désir de faire une promenade on mer, mais M. Bourgeois s'y opposa formellement, lui déclarant que le temps n'était pas sûr, et qu'il soufflait une brise de terre qui rendrait le retour périlleux. L'empereur parut contrarié, mais il ne répondit rien. Peu d'inslants après il reprenait avec sa péniche la routo de Bayonne.


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Lo malin était parti pour Pampeluue le régiment polonais et un régiment do marche de 600 hommos. Le même jour le préfet général de Castollane recevait â sa table M. d'Azanza ot quinze espagnols de la Junte.

6 Juin 1808

Napoléon sortit, selon son habitude, et fit sa promenade matlnalo dans lo parc, accompagné du général Duroc. Il s'arrôla un moment au camp de la garde Impérialo, et vit manoeuvrer l'oscadron des chevaulégers polonais. Il parut satisfait du résultat, et félicita ensuite lo général Durosnel, qu'il avait chargé de leur instruction.

Après le déjeuner 11 monta à cheval, et accompagné de Duroc et d'une petite escorte, il entra à Bayonne et mit pied â terre dans la cour d'entrée du palais du gouvernement, où il avait déjà logé, ainsi que les vieux souverains d'Espagno. Depuis plusieurs jours les ouvriers s'étalent emparés de l'édifice et lo mettaient en état de recevoir un hôte nouveau. Napoléon parcourut les appartements et en fit une visite longue et minutieuse, puis remontant à cheval, il reprit rapidement la route du château de Marrac, d'où l'impératrice n'était pas sortie.

7 Juin 1808

Après sa promenade du malin, Napoléon sortit vers midi dans une voilure attelée de quatre chevaux. Il était accompagné


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par le général Duroc, grand maréchal du palais, et plusieurs officiers d'ordounauco galopaient aux porliôres ou derrière la voiluro. L'escorto elle-mémo élalt plus nombreuse quo d'habitude. Il traversa Bayonue dont toutes les rues et les places étalent bordées de troupes en grande tenue et formant la haie. A Saint-Etienne, la voilure impériale prit la routo do Toulouse, et à quelquo dislance do Tarnos elle rencontra une berlino de voyage qui s'avançait rapidement. La vue de la livrée impériale fit arrêter celle voiture, ot lo roi Josoph, qui arrivait de Xapdes, en étant descendu, monta dans la calfeehe de l'empereur. Bientôt le cortège reprenait sa marche, traversait Bayonne et s'arrêtait devant le château do Marrac.

Le roi Joseph fut reçu sur le perron par l'impératrice Joséphine, entourée ies dames du palais. L'empereur dtna < vec lo roi de Naples, l'Impératrice et le rince Berthier. Le soir il y eut réception tans le salon do Joséphine, où furent a^nis plusieurs personnages de l'ancienne ( ur royale d'Espagne. A dix heures le . M Joseph, suivi d'uno brillante escorte portant des torches, quittait Marrac et de- * cendall au palais de la Division, qui lui* avait été destiné.

8 Juin 180S

Les autorités bayonnaises furent admises à présenter leurs hommages au roi


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Josoph et lo préfet des Basses-Pyrénées lui adressait un discours que l'histoire nous a conservé. L'impression produite par lo nouveau roi Catholique sur les grands d'Espagne avait été dos meilleures, et cos hauts personnages se félicitaient déjà tout haut de l'avoir pour roi.

Dans l'après-midi, Napoléon se rendit à cheval à la Barro, ot commo la mer était très calme, il monta dans la chaloupe du pilote-major ot voulut, do ses propres mains, sonder la profondeur de la passe, car il attendait la frégato la Comète, qui était à Passages, et qu'il voulait faire entrer dans lo port de Bayonne, où il la destinait à servir de machine à mater,

9 Juin 1808

Après avoir déjeuné avec l'impératrice, Napoléon sortit â cheval en compagnie du général Duroc et avec son escorte, il prit la route des Pontots, fit plusieurs temps d'arrêt, et passant par les dunes du Pressoir, gagna Blancpignon. Il arrivait à la Barre au moment où M. Bourgeois allait s'embarquer pour sonder la passe. Il s'em» barqua avec lui, et assista encore à cette opération, qui avait pour lui un si grand intérêt. Napoléon fit remarquer que l'entrée était assez profonde pour permettre le passage d'une frégate. M. Bourgeois lui répondit qu'il serait en effet facile à une frégate de petit tonnage d'entrer, dans le fleuve après avoir déchargé son artillerie,


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mais qu'il no voyait pas comment elle pourrait falro pour on sortir. L'emporeur répondit qu'il aviserait, mais qu'il no quitterait certainement pas Bayonne sans avoir tenlô l'expôrienco. Puis revenu à terre, il remonta à cheval el rouira à Marrac à cinq heures du soir.

10 Juin 1808

L'empereur sortit à Midi du château de Marrac avec lo général Duroc et son escorte ordinaire. Il traversa rapidement Bayonne, Saint-Esprit, et no (arda pas à arriver au Boucau, où M. Bourgeois, pilote-major, prôvonu d'avance, l'attendait. L'empereur se rendit à la batterio de la jetée du Nord, où l'on fit diverses expériences d'artillerie. Puis il remonta à cheval en djsant que la prochaine fois qu'il reviendrait, il voulait que les canonniers oussent à s'exercer devant lui sur un but mobile.

Le soir, Napoléon donnait l'ordro au général Clarke do faire partir en poste, pour Bayonno, deux bataillons de la garde de Paris.

11 J*ain 1808

Ce jour, dans la matinée, Napoléon donna audience à un Espagnol de haute taille, richement vêtu à l'orientale, et portant le nom d'Ali-Bey-el-Abassl. Il avait été chargé d'une mission dans les pays d'Orient et au Maroc, par le prince de la Paix. L'empe-


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reur lo mit en rolal.on avec M. do Baussel, préfet du palais.

Dans l'après-midi Napoléon monta à cheval, ot accompagné du général Duroo, se dirigea vers Biarrilz, où il arriva à trois heures après-midi. Uno tente élégante avait été dressée sur la plage, et Napoléon prit un bain de mer 'tandis que de nombreux marins biarrots se tenaient prêts à tout événement. Mais la mer était calme et semblait souriro au puissant empereur. Au loin, on apercevait les voiles blanches de la croisière anglaise. H était revenu à Marrac à six heures du soir.

Ce même jour fut lancée, par lo roi Joseph, sa proclamation au peuple espagnol. Le soir il y eut cercle ordinaire chez l'impéralrico, et on y joua gros jeu au vingt-et-un.

12 Juin 1808

A sept heures du malin, Napoléon sortit de Marrac dans une voiture attelée de quatre chevaux et accompagné du maréchal Berlhier et de son escorto. On prit la route d'Espagne, et après avoir traversé Saint-Jean dc-Luz, on arriva bientôt â la Croix des Bouquets,, où l'empereur fit faire une courte halte. Lo cortège ayant repris sa marche, s'arrêta.un moment à Béhobie, où Napoléon examina le pont de bois jeté sur la Bidassoa, et qui avait déjà été traversé par un si grand nombre de ses soldats.


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Vers midi, i'ompereur arriva à Hondaye ot descendit dans la mcilleuro auborge du Hou, où un bon déjounor avait été commandé. Des rafraîchissements furonl servis à l'escorte, et on reprenait bientôt la roule do Bayonne. L'empereur s'arrêta un moment devant le château d'Urlubio, dont le nom réveillait en lui des souvenirs de jeunesse. Il avait fait ses premières armes sous lo colonel d'Urlubio, commandant le réglmont d'artillerie à La Eôro. Il rentrait à Marrac à cinq heures du soir et dtua av»* l'impératrice et le roi Joseph.

Ce m* ne jour le général de Caslellane recevait à sa table les dames du Palais et le grand maréchal Duroc.

13 Juin 1808

A sept heures du matin, Napoléon sortait à cheval de Marrac, suivi des généraux Duroc et Bertrand. Il traversa Bayonno ot prit au grand trot la roule du Boucau, où il ne s'arrêta quo quelques instants. Il gagna bientôt le bord de la mer et suivit la marge des lames qui venaient quelquefois argenter les sabots de son cheval. Il élalt accompagné de M, Bourgeois, auquel il posa force questions, suivant sa constante habitude.

On arriva à Capbreton vers dix heures, et l'empereur fut reçu par le maire. Il examina attentivement ce petit port et le point où était autrefois l'embouchure de l'Adour. Napoléon donna des ordres pour


- 60qu'une

60qu'une de côte qui se trouvait là fut plus puissant meut armée. Puis reprenant la routo du Boucau, où il ne fit qu'une courto halle, il était rentré à Marrac vers trois hourès de l'après-midi.

U Juin 1808

Celte Journée fut encoro une do ces solennités militaires comme on en vit tant dans noire ville pendant la glorieuse période de l'épopée, Lo temps était magnifique, et sur les glacis les curieux puront admirer les troupes en grand uniforme et aux tenues les plus variées. U y avait là un bataillon d'infanterie polonaise, un régiment provisoire d'infanterie de ligne, un des régiments de cavalerie légère de la division du général Lasalle, un régiment de cavalerie portugaise, les grenadiers, les chasseurs à pied et les fusllllers de la garde impériale, et deux batteries d'artillerie qui se disposaient à entrer en Espagne.

Napoléon parut avec son étincelant étatmajor, précédé et suivi d'une/ escorte aux uniformes éclatants. Il passa lentement sur lo front des troupes et fit diverses promotions, il s'arrêta plus particulièrement devant les Polonais et les Portugais, et commanda plusieurs manoeuvres et le maniement d'armes. Puis les troupes défilèrent devant l'emporeur, qui revint au château de Marrac, tandis qu'elles regagnaient leurs cantonnements.


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*5 Juin 1808

L'empereur fit sa promenade accoutumée dans le parc, et no sortit pas du château de la journée.

Ce môme jour eut liou la première assemblée de la Junlo d'Espagne, dont les membres étalent arrivés à Bayonne par ordre do Napoléon, et venaient de toutes les parties do l'Espagne. Elle fut tenue sous la présldeuco de M. d'Azanza, dans la grande salle do l'ancien palais épiscopal, que M. de Caslellane, préfet des Basses-Pyrénées, avaii fait aménager à cet ofîot.

Le soir lo roi Joseph se rendit au château de Marrac, où il y eut cercle ordinaire dans le salon de l'Impératrice.

16 Juin 1808

L'ompereur monta à cheval avec le général Duroc, ol accompagné par son escorto ordinaire, prit la roule des Allées-Marines en traversant les Allées-Paulmy. En un temps de galop il eut bientôt poussé jusqu'à la Barre, laissant bien loin derrière lui les cavaliers qui le suivaient et qui n'étalent pas aussi bien montés que lui ot son fidèle Duroc. Il examina longtemps la mer qui, très grosso, déferlait avec fureur sur le rivage. La croisière anglaise s'était mise à l'abri en prenant la haute mer, et, au bout d'une heure, l'empereur reprenait le chemin de Bayonne. U rentrait à Marrac


-62pour

-62pour avec l'Impératrice, ot ayant reçu plusiours courriers d'Espagne et de Paris, Il no sortit plu3 do la journée.

il Juin 1808

La journée s annonçait belle ot chaude, aussi à neuf heures l'empereur sortit a cheval accompagné de son escorte ordinaire et des généraux Bertrand ot Duroc. Il se dirigea sur Biarritz, où 11 voulait encore prendre un bain de mer, car il s'élait bien trouvé du premier. A midi, il était do retour à Marrac, et ne sortit plus de la journée.

18 Juin 1808

Journée pluvlouse. Après uuo courlo promenade dans lo parc, l'empereur rentra dans son cabinet et travailla avec ses ministres Maret et Champagny.

Lo sotr 11 y eut cercle ordinaire et jeu dans le salon de l'Impératrice,

19 Juin 1808

Journée pluvlouse. L'empereur ne sortit pas du château do Marrac. Ce jour lo général de Caslellane, prélet des Basses-Pyrénées, reçut de Napoléon une gratification de 20,000 fr.

20 Juin 1808

Après sa promenade habituelle dans le parc do Marrac, l'empereur sorlil à cheval avec lo général Duroo et fui à Biarritz


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prendre un bain de mer. Il était do retour à Bayonne vers ouzo heures et demie et ne sortit plus de la journée. Le soir il donna l'ordre de former, dans notre ville, deux bataillons provisoires à six compagnies de 160 hommes* chacune, destinées à l'armée de Portugal.

La malin était parll pour Pampclune, sous le commandement du colonel Pire, aide de camp du maréchal Berlhler, le 9« escadron de marche, un régiment de la Vislule et 2 pièces do canon.

M. de Champagny recevait à sa table M. de Castellauo ot l'évèque de Poitiers, aumônier de l'empereur.

21 Juin 1808

Napoléon tut légèrement indisposé, ce qu'on attribua à un bain de mer, et ne sorlit pas de la journée.

22 Juin 1808

A huit heures du malin, Napoléon sorlit en voituro, necompaguô du général Duroc ot do son escorte ordinaire. Il se rendit à St-Jean-do-Luzoù, suivant ses instructions, la chaloupe d'une Irlncadoure avait été préparée et munie d'un équipage d'élite. U alla faire une courte promenade en mer, mais comme le lomps dovenalt monaçant et que la mer grossissait à vue d'oell, on fut obligé de rentrer précipitamment, et l'empereur mit pied à lerro au Socoa.

A trois heures de l'après-midi il était de


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retour à Marrac avec une pluie battante, et son esoorto, Irompéo jusqu'aux os, reçut un panier de bon vin pour so remettre. Le soir II y oui cercle ordinaire dans les salons de l'Impératrice, el Napoléon se relira de bonne heure pour se mettre au travail.

23 Juin 1808

La journéo fut si pluvieuse, qu'après une courte et rapide promenade mnlinnle, Napoléon no sorlit pas du châleuu.

Lo même jour arrivait à Bayonne, se rendant en Espagne, lo 15' régiment d'Infanterie do liguo el le 4' balai lion do la garde do Parts.

U Juin ISOS

La journée fut mauvaise pour l'empereur, qui fut légèrement indisposé ol qui no quitta pas ses appartements. Lo prince Borthler alla passer eu rovue, sur les glacis, le 1er et lo 2° bataillon d'un régiment polonais qui allait partir pour l'Espagne

25 Juin 1808

A dix heures l'empereur, à cheval, accompagné des généraux Duroc et Bertrand, allait sur les glacis, passer en revue le 4* régiment d'Infanterie légère, le 15» de ligne et le 4° bataillon de la garde de Paris. Ce corps devait faire paille do l'escorte qui allait accompaguer en Espa?no le roi Joseph. L'aspect de ces vieux régiments presque entièrement composés d'au*


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clons soldats, reposait un peu la vue des régi mon t8 provisoires et des officiers sortis de la réforme Aussi Napoléon passa-MI sa revue à rangs ouverts et causa familièrement avec plusieurs officiers et soldats qu'il reconnaissait cà el là. A onze heures et demie le défilé eut lieu ot l'empereur rentra à Marrac, où il déjeuna avec l'Impératrice Il no sortit plut» de la journée.

26 Juin 1808

Napoléon alla visiter, à cheval el accompagné du général Duroc, la charmante propriété de Lauga, située sur les bords de la Nive et appartenant à M. Fourcade. Après l'avoir minutieusement examinée, .11 la loua sur-le-ohamp pour sa soeur Caroline Mural, grande-duchesso do Borg, qui élalt attendue à Bayonne. Le mobilier fut trouvé suffisant par l'empereur, el il n'y eut rien à y ajouter.

21 Juin 1S08

Le matin de bonne houro partait pour l'Espagne le 15* régiment d'infantcrlo de ligne. Peu après l'emperour sortait do Marrac à cheval, et accompagné du général Duroc se rendait a la Bnrro. Cetlo journée, qui était magnifique, avait été choisie par Napoléon pour l'entrée dans l'Adour de la frégate la Comète, à laquelle II voulait assister. Poussée par un bon vent et couverto de voiles, la frégate attaqua vnll-


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lamment la passe, et après quelques coups de talon sur la quille, ollo entra rapidement dans le fleuve où elle mouilla presque aussitôt, aux cris de : Vive l'Empereur ! de l'équipage et d'une foule innombrable accourue de toutes parts.

Dans l'aprôs-mtdl, la princesse Caroline Bonaparte, grande-duchesse de Derg, arriva à Bayonne avec une suite peu nombreuse, et alla desccndro dans la maison de Lauga, qui avait été préparée à sou intention.

28 Juin 1808

Le matin après sa promenade habituelle dans le paro de Marrao, Napoléon sortit à cheval avec le général Duroc ot accompar gué de son escorte. Arrivé au Boucau, H aperçut un navire français vigoureusement chassé par la croislèro anglaise, mats qui parvint à entrer dans PAdour. C'était le corsaire l'Amiral Martin, capitatno Darrlbau, qu'il avait chargé d'uno mission pour les Antilles, ot qui avait accompli son voyage avec une invraisemblable rapidité. En même temps l'emperour avait une longue conférence avec un contre-matlre hollandais qu'il avait fait venir des Pays-Bas, sur les moyens à employer pour faire entrer et sortir de l'Adoùr dos navires de guerre do grand tonnage. Lo soir il écrivit à l'amiral Deerès, ministre de la marine, une longue et curleu8o lettre sur lo port de Bayonne, précieuse pour l'htstolro de notre ville.


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29 Juin 1808

Le préfet des Basses-Pyrénées, général de Caslellane, fut présenter ses hommages à la princesse Caroline Murât, dans sa maison de Lauga, mais il no put être reçu, car la grande-duchesse, légèrement indisposée, avait besoin de repos.

Ce jour-là Napoléon ne sortit pas de Marrac, mais dans l'après-midi, accompagné d'un seul officier, il descendit sur le bord de la Nlvo et alla voir sa soeur la princesse Caroline.

30 Juin 1808

Cette Journée fut fertile eu événements. Le malin do bonne heure les bataillons de la garde do Paris parurent pour l'Espagne. Vers neuf heures l'empereur mentait dans sa péniche qui, entraînée par son vigoureux équipage, descendit rapidement le fil de l'Adour, Il s'arrêta un moment à la tour des Signaux où il trouva lo pilote-major, et après avoir examiné l'état do la mer, qui était calme, il lut dit qu'il voulait faire une promenade en mer.

Malgré l'avis do M. Bourgeois, qui craignait la croisière anglaise dont on apercevait les voiles, l'empereur s'embarqua et le pilote-major prit la barre du gouvernail, On franchit ainsi une certaine distance, mais quelques bâtiments légers de ta croislôro s'étalent rapprochés, et l'un d'etltr'eux commençait déjà à tirer son


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canon de chasse. Lo pilote-major trépignait d'impatience et d'inquiétude, lorsque Napoléon donna enfin l'ordro do rentrer. La légère embarcation sembla voler sur les flots, tandis que les canons de la batterie de côte faisaient entendre leurs puissantes détonations. La péniche entra enfin dans l'Adour el le navire anglais vira de bord avec grâce. Peu d'instants après Napoléon était rentré à Marrac.

Le général do Caslellane fut admis à présenter sos hommages à la graude-duchesso de Berg, et co même Jour voyait finir les séances de la Junte d'Espagne.

1» Juillet 1808

Napoléon ne sortit pas do la journée. A midi, l'Impératrice sortit en voilure accompagnée do Mmo Maret et du général Ordener, son premier écuyer. Elle traversa lentement la ville do Bayonne, partout accueillie aux cris de : Vivo l'Impératrice I et saluaul avec celto grâce el celte bienveillance qui lui gagnaient tous les coeurs. Elle franchit la porle Marine ot alla promener aux allées, où elle descendit de voilure et fit quelques pas a pied, suivie de Mme Maret. Vers trois heures elle reprouait lo chemin de Marrac, s'arrêta un Instant devant les Glacis où manoeuvraient des troupes, el rentra à. MârVac.

Le soir il y eut cercle ordinaire dans le salon impérial, auquel était présent le roi Joseph et plusieurs grands d'Espagne.


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-692 1808

A dix heures Napoléon sortit en voiture avec l'tmpéralrlco et lo général Duroc et fui s'embarquer dans sa belle péniche, qui l'altondait à Saint-Léon. La maréo remontait avec force, mais lo vigoureux équlpago refoula aisément lo courant, tandis que les ponts et los quais élalcut couverts de toute la population bayonuatsé, qui faisait retentir l'air do sos cris de joie. Arrivéo à la pointe du Réduit, ta pénlolie tourna court ot fut aussitôt omporlôo comme une iloebo par le courant. On passa bientôt l'ilo de Lahonce, le port d'Urt et Hourgave, où l'empereur voulut descendre, ainsi que l'Impératrice Après uno assez longue halte on reprit le chemin do Bayonne avec lo renversement do la maréo. Une voilure attendait Leurs Majestés à ta calo du Moulin, et on no tarda pas à rentrer à Marrac.

3 Juillet 1808

Napoléon fit sa promenade habituelle dans le parc A onzo heures il sortit à cheval avec le général Duroo ot prit la roule do Biarritz, sur laquello 11 fut bientôt rejoint par la voiture do l'impérnlrtco, qui avait avec olle Mme Maret. On arriva ainsi à la Chambre d'Amour, sur ta plage de laquelle l'empereur se promena un moment on tenant Joséphine par ta main. Ce fut on ce moment qu'arriva cet


-70incident

-70incident a été déjà raconté de cent façons différentes. Napoléon poussa brusquement l'impératrice dans la vague qui déferlait doucement, et lui fit prondre un bain do pieds involontaire, ce qui eut le don de le faire rire aux éclats. Dion tôt on reprenait la voituro et on rentrait au cha-! teau, où il y eut cercle ordinaire dans le salon impérial.

Lo même Jour arrivait d'Espagne le prince Murât, assez malade pour avoir été porté en litière de Madrid à lîayonne par si compagnie de chasseurs basques. Il alla descendre dans la maison de Lauga> sur

10 bord de la Nlvo, où était déjà la grandeduchesse de Herg, venuo à Dayonno dans l'espoir de recueillir un trône.

4-Juillet 1808

, A sept heures du matin, l'emperour sortit de Marrao par la porto du parc, accompagné du général Duroc, d'ofilciors d'ordonnance et de son escorte ordinaire

11 prit la route d'Espagne» tourna à la Négresse et traversa le village de Biarritz. Il monta sur le plateau de l'Alalaye et examina pendant quelques instants la mer et la croisière anglaise, que l'on apercevait à l'horizon. Puis il revint rapidement à Marrac, où il était rentré vers onze heures.

Dans l'après-midi, l'impératrice sortit en voilure attelée de quatre chevaux, ayant aveo elle le général Ordener et Mme Maret.


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Elle entra a Rayonne par la porte d'Espagne, et fit passer sa voiluro dans toutes les petites rues du Bourgneuf. A quatre heures elle rentrait à Marrac saluéo par les cris enthousiastes de la population.

5, Juillet 1808

Le matin, après sa promenade habituelle dans lo parc, Napoléon sortit en voiture avec Joséphine. Ils étaient accompagnés du général Duroc ot de Mme de Montmorency Matignon. Lo service d'escorte était fait par la garde d'honneur à cheval do Bayouuo et la gendarmerio d'élite. Arrivé a Blancpignon, Napoléon voulut quo la voiture suivit la crèle supérieure des dunes qui côtoyaient l'Adour, et il ne fallut pas moins quo les efforts des qualro vigoureux chovaux pour moner à bien co caprice impérial. Napoléon mit pied à terre à la tour des signaux et y demeura un instant en conférenco avec lo pilotomajor, tandis quo l'impératrice se promenait sur lo bord de la mer.

Le soir il y out un dîner de gala au château do Marrac. A la tablo impériale étalent le nouveau roi d'Espagne, Berthier, Maret» Champaghy, le vénérable archevêque de Burgos et plusieurs grands d'Espague faisant partie de la Junte rassemblée a Bayonno. L'empereur s'entretint avec plusieurs personnes et notamment avec l'archevêque de Burgos.


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6 Juillet 1808

Lo préfet do Castnliane reçut à sa table l'archevêque de Burgos, les évèques do Poitiers et de Bayonno ot le duo de Frias.

A huit heures du malin Napoléon, accompagné du général Duroc, était allé s'embarquor aux Allées-Marines dans sa belle péniche blanche décorée a la proue de son aigle d'or aux ailes éployées. On arriva bientôt a la tour des Signaux, du sommol de laquelle Napoléon examina longuement la mer. Après une station assez prolongée, l'empereur remonta dans sa péniche et reprit bientôt lo chemin de Marrac. Lo soir il y eut cerclo do l'impératrice, auquel so trouvaient lo roi Joseph et plusiours des grands dignitaires do sa nouvelle cour.

7 Juillet 1808

Le matin, à son lever, on présenta à Napoléon la Constitution d'Espagne, qui avait d'ailleurs déjà obtenu toute son approbation. Le malin de bonne heure étaient partis pour Irun cent hommes do l'escadron des lanoiers do Berg, qui devait former la cavalerie do l'escorte du roi Joseph. Le préfet do Castcllane s'était' rendu à Lauga, sur la Nlve, pour présenter ses hommages au prince Murât, mais celui-ci était trop fatigué pour qu'il put le recevoir.

Vers midi, Napoléon, sortit à cheval et


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alla promener sur la roule de Cambo, où il s'arrêta seulement en vue d'Ustaritz. Peu d'instants après il était rentré au château de Marrac.

- Le même jour la Junte avait proclamé Joseph Napoléon roi d'Espagne, et la publication en fut faite dans les rues de la ville. Le protocole qui énumérait les titres nombreux des descendants de CharlesQuint ayant mentionné le duché de Bourgogne, attira à Joseph une verte remontrance de la part de son impérial frère, qui ne voulut jamais consentir à le lui laisser porter désormais.

' 8 Juillet 1808

Le malin partirent pour l'Espagne les cinquante hommes restant de l'escadron des ohevau-légers de Berg, qui devait servir à l'escorte du roi Joseph.

Vers huit heures du matin, Napoléon descendit sur les bords de la Nive et alla à Lauga voir sou beau-frère le prinoe Murât. Dans l'après-midi le préfet de Castellane alla aussi visiter Murât et en fut reçu avec bienveillance. Le soir il y eut un grand dtner au château de Marrac, auquel assistèrent le roi Joseph et ses ministres. L'empereur se retira de bonne heure avec son frère, qui le suivit dans son cabinet, où ils demeurèrent longtemps enfermés. Il était près de minuit lorsque le nouveau roi d'Espagne, remontant en voiture, regagnait le palais du Gouvernement.


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-749 1808

A neuf heures du matin l'empereur sortait à cheval, accompagné du prince Berthier et du grand maréchal Duroc. Il entra à Bayonne et se rendit à l'hôtel du Gouvernement, où peu d'Instants après il montait en voiture avec son frère le roi d'Espagne. Plusieurs autres voitures suivaient, portant les ministres et les principaux personnages de la cour. Quant aux membres de la Junte, ils étaient partis la veille pour Irun. On arriva ainsi au relais de poste de Bldart, et pendant qu'on changeait les chevaux Napoléon embrassa son frère, et détachant lui-même une petite croix de la Légion d'honneur qu'il portait à Austerlitz, il la remit au roi Joseph. Puis l'empereur monta à cheval et attendit que le cortège eut défilé devant lut; 11 reprit au galop le chemin do Bayonne et ne larda pas à rentrer à Marrao.

Lo malin était parti de Bayonno pour l'Espagne un bataillon provisoire de six compagnies à 100 hommes. L'après-midi le préfet de Castellano fut visiter le grandduo et la grande-duchesse do Berg. Le soir il y eut cercle ordinaire à Marrac, auquel assistèrent les comtes de Bosencrantz et de Beust, envoyés du Danemark.

10 Mllet 1808

A huit heures du matin Napoléon, accompagné d'un seul- officier d'ordon-


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75nance, de Marrac et descendit sur les bords de la Nive, se dirigeant vers Lattga, où habitait son beau-frère le prince Mural et sa femme Caroline Bonaparte. Ils eurent une assez longue conférence, et lorsqu'elle fut terminée le grand-duc de Berg monta en voiture et quitta Bayonne se dirigeant sur Pau pour aller, de là, essayer de rétablir, aux eaux de; Barôges, sa santé ébranlée par le climat de Madrid. L'empereur rentra aussitôt à Marrac et ne sortit pas de la journée.

11 Juillet 1808

A huit heures du malin, Napoléon sortit de Marrac à oheval, accompagné du général Duroc et do son escorte. Il traversa rapidement Bayonne et entra à l'Arsenal Maritime où il lit une longue visite aux chantiers de construction. Il examina avec attention une mouche nouvellement construite et qui était au moment d'appareiller pour les Antilles. Il était de retour à Marrao à 10 heures et no sortit plus de la journée.

12 Juillet 1808

Le matin parlaient de Bayonne pour l'Espagne, 200 dragons commandés par M. de Tasoher, aide de camp du roi Joseph.

A neuf heures du malin l'empereur et l'impératrice, accompagné du général Duroc et de Mme Maret descendait sur le bord de la Nive où attendait la péniche


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impériale. L'embarcation descendit rapidement les eaux de la rivière, doubla la pointe du Réduit et commença à remonter l'Adour. Un tondelet de toile rayée avatt été étendu sur l'arrière de la péniche. Arrivé au port d'Urt l'emporeur donna l'ordre d'accoster et mit pied à terre, ainsi que Joséphine. Napoléon alla jusqu'au village qui s'étend à quelque dislance de la rive, tandis que l'impératrice l'attendait en se reposant. L'équipage suffisamment rafratohl, la péniche recommença à voler sur les flots. A quatre heures, Leurs Majestés étaient de retour à Marrac et ne sortirent plus de la journée.

13 Juillet 1808

La princesse Caroline Mural alla, ce même jour, prendre un bain de mer à Biarritz, à la suite duquel elle fut légèrement indisposée.

Napoléon ne sortit pas du château, et plusieurs courriers qui avaient porté des dépèches de Paris et de Madrid furent expédiés dans la journée. L'après-midi 11 promena dans le parc de Marrac avec le maréohal Berlhler et rentra au château pour ne plus sortir de la journée.

U Juillet 1808

Le matin, à l'aube, partaient de Bayonne pour l'Espagne lé 44* régiment d'infanterie de ligne et le 13' escadron de marche.

A huit heures Napoléon sortait aveo


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Joséphine du château de Marrac, ayant dans leur voiture Mme de MontmorencyMatignon et lo général Duroc. Une calèoho contenant plusieurs domestiques suivait la voilure Impériale. Lo cortège prit la route do Cambo et ayant rapidement traversé Ustarllz, arriva bientôt dans celte charmante station balnéaire dont la situation pitloresquo avait déjà séduit Napoléon.

Un déjeuner ohampôtre fut servi sur l'herbe de la bolle avonuo d'arbres centenaires qui joint l'établissement do bains, et l'empereur remonta ensuite quelque peu lo cours do la Nive, qui coulo en sautant sur uu lit do rochers. Il passa un moment à regarder un jeuno homme qui péchait des trultoi, et voulut esaayor luimême son adresse. Mais après uu essai infructueux 11 rejoignit l'impératrice, remonta en voiture et regagna lo château de Marrac. Lo soir il y eut cercle ordinaire dans le salon do Joséphine.

15 Juillet 1S08

Après sa promenade du matin dans le parc, Napoléon rentra dans son cabinet do travail où il reçut successivement ses ministres Maret, do Champagny, et le prince de Neufchàlel, mais il ne sortit plus de la journée. Le soir il écrivit à son ministre de la marine, l'amiral Decrès, une curieuse lettre sur les mouches que, par son ordre, on construisait à Bayonne et


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qu'il voulait voir oxécuter dans tous, ses ports de l'Océan, afin d'obtenir uno facile communication avec ses colonies.

16 Juillet ISOS

Napoléon no sortit pas de la matinée, mats à midi il quittait Marrac accompagné du général Duroc, do deux pages et de ses chevau-légers et gardes d'houheur. Sans traverser Bayonno, il gagna les AlléesMarines et s'arrôlu à diverses reprises pour examiner des navires américains qui venaient d'entrer dans lo port. Puis mettant son cheval au galop, il arrivait bientôt à la Barre, où il s'arrêta un moment, mais sans mctlro pied à lerre Tournant à gaucho, 11 suivit la longuo plago de sable jusqu'à la Chambre-d'Amour. Il no fit qu'y passor, et précédé d'un garde d'honneur qui avait toutes les peines du monde à no pas se latsser rattraper par l'excellente monture do l'empereur, il atteignit la routo d'Espagne et était bientôt après rentré à Marrac.

11 Juillet 1808

Lo départ du préfet des Basses-Pyrénées, général de Castellanc, pour Pau. Indiquait que le séjour do l'empereur touchait à sa fin. A huit heures du malin, Napoléon passait uno revue des troupes sur tes glacis, les faisait manoeuvrer lui-même, et après le défilé il rentrait à Marrac et ne sortait plus de la journée. Dans son cabl-


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not il dicta à son secrétaire, M. de Méneval, uno lettre n son bibliothécaire Barbier, relativement à la formation d'une bibliothèque de campagne pour l'empereur.

18 Juillet 1808

Après sa promenade habituelle dans le parc du château, Napoléon sortit à cheval avec lo général Duroc et son escorte, et prenant la routo des Pontols il so dirigea vers la Chambre-d'Amour. Il n'y resla que peu do tomps otgagua bientôt Biarrilz par la petite route qui suivait le haut des falaises. Il était do retour à Marrac vers quatre heures do l'après-midi, où il recevait M. do Canisy, chargé do dépêches par sou frèro lo roi Joseph.

Lo soir M. ol Mmo do Senfft-Pilsac, ministre plénipotentiaire du roi de Saxe, le fldèlo allié do Napoléon, quittaient Bayonne, se dirigeant sur Pau.

19 Juillet 1808

Les événements se précipitaient, on sentait arriver le départ prochain de Leurs Majestés impériales. Le malin partait pour l'Espagne un corps de 3,000 hommes d'infanterie, tandis quo la compagnie basque du prince Mural se mettait en roule pour Barèges.

A neuf heures du malin Napoléon, accompagné du maréchal Beithler et du général Duroc, sortit de Marrac à cheval et alla s'embarquer dans sa péniche qui


-80l'attendait

-80l'attendait la cale du Moulin. Il descendit avec rapidité le fil du courant et arriva bientôt à la tour dos Signaux. Son premier regard fut pour la crolslôro anglaise, quo l'on apercevait à l'horizon. Il s'ontrellut assez longtemps avec M. Bourgeois, puis remontant dans son embarcation, il alla retrouver sa monture au point où il l'avait laissée. Il rentra à Marrac non sans avoir remercié avec afînbilllé son vigoureux équipage qui l'avait si bien servi et qu'il voyait pour la dernière fols. Les braves marins levèrent leurs rames cl poussèrent tous ensemble le cri do : Vivo l'Empereur I Rentré au château de Marrac où tout s'apprêtait pour lo départ, l'empereur no sorlil plus do la journée.

20 Juillet 1808

On s'apprèto pour le départ do Bayonne et Napoléon ne sortit pas, ce jour-là. du château do Marrac.

2t Juillet 1808

A l'entrée de la nuit, l'empereur, l'Impératrice et la cour quittèrent Bayonno laissant dans tous tes coeurs des souvenirs impérissables. Les troupes étalent sous les armes, les habitants, aux fenêtres et dans les rues, poussaient des cris d'enthousiasme. Les voilures impériales traversèrent Bayonno et SalnUEsprlt au petit pas, tandis quo le canon tonnait de toutes parts. Peu de jours Rprès les principales


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autorités bayonnaises recevaient, par l'intermédiaire du grand-maréchal Duroo, dos souvenirs de l'empereur, et la ville ellemême ne fut pas oublléo dans ses bienfaits.

Alors commença ce voyage inoubliable dans lo Midi et lo Sud-Ouest de; la France, dont l'histoire détallléo est encore à faire. Le 22 Napoléon était à Pau, le lendemain à Tarbes, le 24 à Auch, le 25 à Toulouse. Il arrivait le 29 à Montauban, lo 30 il était à Agen, le 31 à La Réole, le 1" août à Bordeaux, lo 4 à Saintes, le 5 à Roohofort, le 7 à Niort, le 8 à Napoléon-Vendée, le 9 à Nantes, lo 10 à Paimboeuf, le 11 à Angers, lo 12 à Tours, lo 13 à Blols, 11 rentrait lo 14 août à Salnl-Cloud, les événements d'Espagne l'ayant obligé d'écourter son voyage.

Rayonne dovait oncore revoir le grand empereur, mais alors c'était le général qui arrivait comme la foudre, et allait porter à l'Espagno des coups dont la Péninsule allait frémir d'un bout à l'autre.

Tel fut lo séjour de l'empereur à Bayonne. Mais beaucoup do faits ot d'anecdotes précieux ont été recueillis ot n'ont pu trouver leur placo dans ces éphémérldes parce que nous no connaissons pas la date exacte du jour où ces faits s'étalent produits. Tout ceci n'est qu'un premier jalon posé et invitera peut-être quelque érudlt de notre


-82ville

-82ville heureux et mieux armé que nous à corriger et à rectifier ce travail dans tout ce qu'il a de défectueux et d'incomplet.

Le 14 avril 1808, Napoléon entrant à Bayonne étant alors à l'apogée de sa gloire, c'est à partir des événements dont notre ville fut le théâtre, que commença la période descendante. Six ans après, le même jour 14 avril 1814, uno sortie désespérée do la garnison ensanglantait les coteaux do Saint-Etienne et était comme le dernier chant de gloire de la vieille forteresse.

Mais en ces six années que d'événements : pour abattre le géant des batailles il n'avait pas fallu moins que l'Europe entière coalisée avec les éléments. Aussi est-ce avec un élan d'enthousiasme que nous terminerons ces lignes en répétant ces deux vers do l'admirable poète :

Combien aux jours de In curée

Êtlcz-vous de corbeaux contre l'aigle expirant ?

FIN

Impr. Latnàignirt, BayottHt





D«eum»nu minquanu (p»û«t, e«hl«rt...) NP 2 4M 20-13