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Titre : Le Magasin pittoresque / publié... sous la direction de M. Édouard Charton

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1918-03-01

Contributeur : Charton, Édouard (1807-1890). Directeur de publication

Contributeur : Desportes, François. Rédacteur

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32810629m

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32810629m/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 37695

Description : 01 mars 1918

Description : 1918/03/01 (A86,N3).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées

Description : Collection numérique : Thématique : administration publique, sciences humaines et sociales

Description : Collection numérique : Thématique : bâtiment, urbanisme, architecture, arts

Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5587490c

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 30/11/2010

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■;; : BERTRAND ET RÂTOT, cL'après OUBRY

1" Mars 1918,



LE ,M£&&Bm- PITTOHESQiJE

Si un peuple doit conserver t jalousement sa. c

langue, qui sur les lèvres-de sa ■nourrice a coin- '

menée à le charnier et qui plus tard a- augmenté^ .,;■..'

sa joie ou endormi sa douleur dans des chants J

^populaires qui, pareils à un bon vin, ont un goût ■ ]

de. terroir, nous croyons qu'il doit conserver '■

aussi son-costume: c'est celui de ses: ancêtres. On

peuidire sans^exagératioiique le costume breton, !

par exemple, est Un des plus originaux. Malheuireusement,,

Malheuireusement,, par on ne sait quelle folie -

de nouveauté, les femmes aiment à remplacer'

leur béguinou leurs cpiffesailées par des chapeaux

de la:ville qui, ne pouvant, tenir sur leur tête, sont

àitout moment sur le point de chavirer et dou.-

dou.- vacillent à gauche et à droite.

'■ Un autre moyen puissant de relier le présent au

passé est la conservation des vieux monuments, ;

et non pas .seulement ceux du moyen âge qui

déjà par leur beauté artistique se défendent en

quelque sorte contre les mains sacrilèges, mais

ceux qu'on; appelle préhistoriques et qui n'ont

pour les sauver que leur masse énorme,, étrange,

qui confond l'imagination (menhirs, cromlechs,

pierres alignées, allées couvertes..., etc.) Que fait- ■■

on pour sauvegarder ces vestiges des croyances

antiques ? Lesmonuments sont classés et protégés

par l'Etat, et ils ne le sont pas toujours avec une

sagacité prudente. Mais enfin ils sont protégés 1.

Que fait-on pour lés costumes ? Rien.

Que fait-on pour nos vieux idiomes, d'unesève

si originale et si poétique ? Des hommes, animés

d'un beau zèle, encouragent des représentations

théâtrales qui se font sur des tréteaux en plein

vent, à la manière des miracles, des, mystères et

des moralités du: moyen âge. Malheureusement

ces manifestations,, faites en faveurde la tradition

et pour entretenir le feu. sacré po.urla consérvàjion

des vieilles coutumes, sont beaucoup trop rares--

et ne peuvent arrêter le flot, débordant dès barbares

, modernistes.

Mais si on laisse'mourir lentement ce qu'on appelle avec dédain des patois, les amateurs, de ; bouleversements protègent de tous leurs efforts .là venue au mondé d'une langue universelle,. ■ monstre enfanté par, des cerveaux purement : mathématiciens. Cette Ianguevappelée Espéranto, ,: a commencé timidement et a essayé de s'affirmer par des congrès.internationaux. Le premier avait ;.'■' ' eu lieu en WQ5> et quelques: centaines.d'adeptes ■ ■'-,;- du nouveau langage avaient répondu à l'appel.diu .; Comité : le résultat était: loin d'être: brillant, mais ' ; depuis les au très.congrès qui ont suivi ontdépassé toutes lés espérances des novateurs, surtout depuis L'année 1906, où fut créée -t'Association.. scientifique internationale,. espérantiste. Nous vpulops

être juste, et, avant de formuler: des critiques sévères, rtiontrer les services que cette langue aurait pu rendre dans l'armée, la marine et laGrbix-Rouge. Certes il eût été bon qu'une société internationale dé': secours aux blessés et malades dès, armées pût se servir d'une langue interna^ tionale destinée à-faciliter les secours à donner 'aux malheureux blessés, malades et prisonniers.. Aussi, l'amiraf Beyltea^Ml dit avec raison : « Qn peut assurer que l'Espéranto et la Groix-Rougë sont faits l'une pour l'autre. » '>

Iiélas '.ils'en faut que dans eette.'guerre l'Espéranto ait répondu,à l'appel des coeurs généreux qui le destinaient au soulageïnènt de toutes les misères. À aucun moment l'Espéranto n'a figure dans nos rapports de guerre et l'Allemagne,; qui l'avait tant protégé en temps de paix, pour éla-, blir ses relations commerciales et les étendre aux, quatre coins dû globe, l'Allemagnèvdis-je,ar reniisé cette langue dans le vieux cabinet myslérieuxde son Barbe bleue,, pour ne là ressortir que... lorsque la paix sera signée. : -

Jusque-là, malheur à ceux de nos prisonniers qui ne comprennent pas assez vite les gutturales syllabes des ordres teutonsdonnés par des geôliers , bpehes ! ..'"'.■■'

L'Espéranto, à la veille de devenir une langue universelle dominant toutes les autres, ne fait-il .pas songer à la tour de Babel ?

Cet idiome nouveau n'était-il pas une des forteresses dans laquelle l'Allemagne voulait se cacher pour maîtriser toute l'humanité et l'asservir? Gr, sans cette guerre où elle a jeté' le masque, sommes-nous certains que nous aurions su nous mettre en garde contre son Espéranto .— filet immense destiné' à drainer toutes- les

bonnes affaires dû monde entier? ,

■■■■'■■ t

Gomment fut créé l'Espéranto, J'avoue qu'une idée originale a présidé'à la conception de ce nouvel idiome. Un savant russe voulut fabriquer une langue internationale : dans ce . but,, objet des efforts persévérants, de tant de ^travailleurs,, on réunit toutes les .racines;: qù'-'on peut appeler internationales, en-faisant.le- relevé du nombre'H'iïomtnes parlant la même langue, et en donnant à ces racines un droit d'asile d'autant plus étendu qu'elles" sont en quejque sorte -plus internationales. Et l'on: trouvé ainsi que les

racines sont en grande partie tirées des langues, ; . romanes; Il est certain que, dans 1 ces conditions " plus que favorables, cette langue: devenait facile.

Jioignèz à cela une: grammaire dès plus: rudimen,

rudimen, et vous pourrez sans- crainte affirmer

; qu'en deux, mois on peut posséder à fond !'Espé~

. rantp. ■ "■; '.■ . :■■; :'■•■

Cependant l'Espéranto: doit pratiquer une

vertu, rare, je l'avoue, mais nécessaire : la mpd'es^-

tie; Jf ne doit pas se. griser de Kapabiti op. d'êtrér


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LE MAGASIN PITTORESQUE

une langue universelle,; capable- de remplacer toutes les autres. M. Zamenhof a traduit déjà plusieurs chefs-d'oeuvre-de littérature étrangère et, le chemin^ une. fois tracé, bien d'autres ont i suivi avec enthousiasme. C

Ah! on alla trop vite en besogne : en osant ,s'at- .' taquer aux chefs-d'oeuvre, on leur enleva toute .. la poésie, qui fait leur charme, ainsi que le' ( rythme-, l'harmonie, la force, la douceur qui sont I le propre des vieilles langues qui ont donné nais- ' sancé aux littératures de l'Europe. Avec une J langue aussi précise, le poète et le prosateur ne ] pourrontjamais donner l'essor à leur imagination, lé rêvé leur sera interdit: et, dans les: formes diverses que peut revêtir la beauté, ils ne seront ' plus aptes à saisir, ce qu'il y a en elle d'éternel et de divin. , . " - ■

En effet, une langue universelle est trop systématique, parce qu'elle est faite d'-un seul coup, trop simple, parce'qu'elle opère sur la nature même; elle n'aura plus de ces oppositions, si fréquentes entre le sens et le mot, provenant de l'altération du sens primitif, elle n'aura plus d'exceptions, mais aussi elle sera riche, abstraite, . une sorte d'algèbre qui cherchera vainement à embrasser dans son ensemble toutes les applications de l'esprit humain.

Que l'Espéranto consente à n'être qu'un jargon artificiel, et qu'il n'ambitionne pas ridiculement la gloire de vouloir être une langue littéraire, souple, harmonieuse, capable de nous traduire les pensées, les images et de nous faire ressentir le sbufflepuissarït qui anime la poésieet la prose de tous les génies immortels!

En outrei si un peuple ne doit pas abandonner la langue de ses aïeux, celle de la patrie, qui a k tant souffert pour demeurer intacte sous les pieds des barbares envahisseurs, croit-on qu'il soit généreux de lui faire même des infidélités, plus ou moins.passagères, et qu'il n'est pas de nôtre devoir de la défendre contre toute invasion linguistique ? Tout se: tient dans la vie d'un peuple, et, s'il abdique devant le flot envahissant des mots étrangers ou fabriqués de toutes pièces, il n'est/ pas loin peut-être de reculer aussi devant des races d'hommes, nombreuses et fortes, dont ravant^garde n'avait aucun caractère menaçant, -,. iétant celle d'une langue dénuée de force étymologique et sans antécédents historiques, d'une pauvre petite langue inoffensive.

' GÉRARD DEVÈZE. - \

■-.'.. " PENSÉE .',' -' .... ;

L'homme n'est ni ange ni bête, mais le, Tnalheur veut que quand il veut fairel'ange il fait la bête. .

Pourvu qu'on sache Ta passion dominante de quelqu'un, on est assure de lui plaire.

(Pascal.)

En route pour Tàrrière

, .' ,- A M. Louis-Fouquet."\ -

Ils sont là, transportés d'Une ardenteallégresse,

Chantant, hurlant, des;vieux mêlés à la jeunesse, .■;- .;,■

Fous comme elle de joie et plus qu'elle bruyants 5.

Leur rude gàîté rit en leurs yeux flamboyants

Et leur rire êlargitencor leur large face,

Quand Ils lancent entre eux quelque faïce bien grasse.

Les Avagons en sont pleins. Ils vont, yiennent ; partout

On les voit circuler de l'un à Fautre bout,

Âgaçanten passant de jeunes demoiselles,

Qui sont à leurs propos volontiers peu rebelles.

Ils Content, en héros, leurs multiples exploits,

Ayant toujours-été placés aux bons endroits.

Verdun, Champagne, Sommera qui veut les entendre,

Sans jamais; se lasser, ils en ont à, revendre :

Le Boche les connaît et, quand le régiment

Bourdonne, il s'enfouit dans ses trous prestement,

Malgré les coups de pied«aux reins, malgré la schlague.

En somme, braves gens-prenant tout à la blague.

Parfois, en dignes fils de notre ancien grognard,

Ils ronchonnent après le singe ou le pinard,

Trouvent la guerre longue et que d'eux on abuse ;

On pourrait abréger sans doute, car tout s'use :

Le fourbi sur le dos, la patience aussi.

Quand même, on les « aura» tôt ou tard, Dieu merci î

Car, à la longue, tout s'effrite sous la ineule,

Alors on les verra faire une sale gueule.

On les écoute avec un sourire indulgent. .

Il ne faut pas, en temps de guerre, être exigeant

Et sur un mot salé faire trop la grimace.i

Le train cependant ronfle et file et le temps passe.

On a, par-ci par-là, dix minutes d'arrêt.

On saute sur l'asphalte ; on court vers le buffet

Pour s'y refaire un peu de salive, à la course i

Des quêteuses, tenant à la main une bourse

Et coiffant une croix rouge ou verte, vers eux

S'avancent et d'un air candide et doucereux,

Au nom d'une grande oeuvre installée à la gare,

Leur offrent à fumer un excellent cigare: :

IJn cigare, au passage, àprendre est toujours bon :

Ils prennent le cigare et parfois le menton,

Quand la quêteuse est jeune, avenante et jolie. *VEt. puis le train repart et la même, folie

Les conduit, d'une halte à l'autre, par la main :

C'est ainsi qu'ils se sont essaimes en chemin.

On les attend. Là, c'estla femme ; ici, le père.

Ils l'ont vu leur faisant un signe à la portière :

C'est lui ! C'est eux ! Leurs coeur.s s'échangent d'un regard:;

Le vieux cheval hennit lui-même en son brancard.

^- Combien ?

— Huit jours. - ... .' ■—C'est court ! Hue, cocotte; I : !

On babille. Et, pour huit jours, ori est heureux d'être en famille. -■-.'.- . ■ .. • /Août i9ffi.

■ ■ ' : ^ËD. MARTiN-VIDEAU.

iaeteité des ports TOéi^aÉs

pendant la guerre

Un dés faits les plus caractéristiques qui ont eu pour cause la guerre mondiale, actuelle, est bien certainement l'accroissement très sérieux du trafic des grands ports marchands nord-américâins. A première réflexion on pourrait natu-


LE MAGASIN PITTORESQUE

m

rellement se figurer qu'en raison des difficultés de toutes sortes créées par la guerre sous-marine - et la limitationysévère des exportations et des importations en général, les statistiques et bulle^ tins devraient plutôt accuser une diminution sensible dans le mouvement commercial', des ■ grands débouchés de l'univers, et cependant pour beaucoup d'entre eux il n'en est rien,, et ceci notamment en Angleterre et en Amérique. Je suis certain que, malgré tous les aléas de l'heure présente, le magnifique Prince's Landing Stage dé Liverpool est loin d'être désert, et qu'au contraire, tout comme les immenses quais de Londres, il est plutôt encombré nuit et jour par les milliers, de voyageurs et de tonnes de marchandises venus des divers coins du monde en dépit de tous les « U » de la création... germanique.

La môme activité vraiment frénétique règne, cela va. sans dire, dans les grands ports des Etals-Unis. Parmi ceux dont le mouvement a pris en particulier une extension remarquable on peut citer sur l'Atlantique : New-York, Pliiladel- ' plïie, Baltimore, Boston, etc.. et sur la côte admirable du Pacifique ceux de San Francisco et Seattle par exemple. '■-.-.'

De tous ces importants débouchés sur les deux Océans, il est évident que celui qui vient en tout premier lieu est New-York; New-York harbour est, en effet, le premier port des États-Unis; son importance est telle, qu'on le désigne couramment en Amérique en y ajoutant ce mot harbour (port) pour le distinguer de la ville elle-même : NewYork city, Y Empire city, comme on l'a surnommée, centre des affaires et métropole gigantesque: New-York est actuellement, paraît-il, la plus . grande ville du monde, sa- population ayant, depuis quelques mois, légèrement dépassé celle de Londres. Son immense port prend, lui aussi, toujours plus d'extension d'année en année : de nouveaux piers ou quais, perpendiculaires au fleuve, y sont fréquemment établis vers le nord, le long de Norlh River en particulier où des agrandissements nombreux seront encore certainement effectués dans l'avenir. Nos fiers et puissants alliés, dont l'esprit d'initiative et d'orga,nisation est reconnu dans le monde entier, ne se laissent arrêter par aucune difficulté. Et comme d'autre part,, grâce à leur situation financière excellente dans tous les do maines, ils ne se voient jamais contraints de,reculer devant les plus grosses dépenses pour construire ou organiser (le complet achèvement du Ganalde Panama en :.."" étant un bel exemple), ils peuvent, et c'est ce qu'ils font d'ailleurs, outiller tous leurs ports importants de: la façon la plus moderne et les doter.de tous les appareils propres à assurer, avec lé maximum de rapidité, les opérations d'embarquement ou de débarquement: des voies ferrées innombrables courent le long des quais ou piers

et sont savammentrafccôrdées aux grands réseaux. A New-York notamment, les marchaûdises diverses, arrivant par mer de toutes les régions du globe,'sont acheminées sûrement et même assez rapidement, avec la plus grande méthode, vers les différents états de l'Union. Lès nouvelles gares du Grand Central Terminal et du PemisylvàniaRaiïroad, pourneciter que ces deux, parmi plusieurs, autres, voient arriversous leurs vastes halls intérieurs, et cela chaque jour, des rames infinies de wagons de toutes formes venant de tous-les points de l'Union. Il règne dans les grandes, gares américaines, en général nuit, et - et jour, un mouvement indescriptible. ,

Et dans tous les autres principaux ports nord^- américains sur l'Atlantique ou le Pacifique, organisation à.peu près similaire au point de vue voies ferrées, et outillage maritime aussi perfectionné. Les puissants navires pétroliers de 5000 tonnes et plus rencontrent à Philadelphie et à Baltimore les mêmes facilités qu'à New-York ou que dans les ports de la Californie, pour rembarquement rapide dans leurs réservoirs de la cargaison liquide.

Et les robustes cargos transporteurs de blé ou d'autres céréales. Et les innombrables vapeurs anglais, américains, français,etc.. à qui incombe la dure mais noble tâche de notre ravitaillement en aciers, tôles diverses, obus et autres projectiles et en tant d'autres produits que la riche et généreuse Amérique est heureuse- de pouvoir nous envoyer.

Lorsque le dernier coup de canon aura été tiré et que par conséquent; il n'y aura plus aucun inconvénient à ce que nous soyons initiés avec stricte exactitude sur l'effort de chacun dans la lutte homérique que nous aurons victorieusement soutenue, nous comprendrons mieux encore et,^ nous saurons apprécier à sa valeur vraie le rôle; de tout premier ordre qu'auront joué, aux points de vue militaire et économique, nos deux puissants alliés : l'Angleterre et les Etats-Unis. Nous osonspàrfois nousplaindre en ce qui concernecertainesrestrictions et privations; aveugles quenous. sommés! quelle serait alors leur étendue, si les, , flottes alliées n'étaient pas restées, malgré tout, maîtresses des mers et si l'Amérique et la GrandeBretagne' ne nous avaient pas traités en amis, mais simplement en acheteurs ou, échangistes commerciaux. Avec l'appui de deux forces économiques semblables —- appui qui nous aidera' aussi après la victoire à reprendre notre place au point de vue commercial — nous ne sommes vraiment pas qualifiés pour murmurer sur les petits sacrifices qui nous sont demandés aujourd'hui. D'ailleurs, nos alliés ne cessent de faire tous leurs efforts pour parer aux difficultés nées de la guerre. La loyale Angleterre, très sévèrement éprouvée; par la mine et la torpille, a su réaliser; ' un véritable 1 tour de force pour maintenir et.


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même sensiblement augmenter le chiffre de son tonnage global, malgré les attaques répétées et • parfois si cruelles des sous-marins ennemis.

A l'heure actuelle de la participation américaine à la-lutte des peuples pour la civilisation, on constate avec une vive satisfae- ' tion les merveilleux résultats ' déjà atteints par notre belle alliée, au point de vue de l'essor de sa marine marchande notamment. Avant 1914, la flotte commerciale des États-Unis n'était pas, d'une très forte puissance, au point de vue unités et tonnage. Les innombrables sleamboats ou vapeurs fluviaux étaient de beaucoup, les plus , célèbres, ainsi que "ceux destinés à la navigation sur les grands lacs, véritables mers intérieures ; mais les; cargos aptes à assurer les.' voyages ,en haute mer étaient, eux, beaucoup moins nombreux. Les États-Unis,, depuis longtemps déjà, avaient su porter — contrairement à ce que nous faisions malheureusement chez nous en France — toute leur attention sur la question vitale de la navigation fluviale et par. canaux, en améliorant d'une façon intelligente toutes ces veines et artères intérieures- si nécessaires à la saine vie économique d'une nation. Aussi, reconnaissant l'utilité incontestable d'une flotte marchande destinée au long cours, nos amis ont su magnifiquement se mettre au travail et aujourd'hui plus de sept cents chantiers de construction nouveaux sont venus s'ajouter à ceux déjà existants et les coques d'acier se multiplient avec une rapidité qui tient du prodige. Les cargo-boats; battant pavillon étoile se font de plus en plus nombreux et le voyageur qui arrive à Grealer New-York venant d'Europe, en ce début de l'année 1918, doit certainement remarquer, .— pendant que le transatlantique glisse, lentement devant la majestueuse Sky-Line de Manhattan, en remontant North River, — plus d'un énorme steamer de charge, à l'allure imposante et sévère sous sa couleur grise de guerre, à la poupe duquel flotte libre et fièrè la symbolique Star spangled banner, l'invin'cible drapeau de la République des États-Unis.

HENRI MOULIN.

&u Pays eofse

Talannoest un village du cap Corse dont le vin est justement renommer Un des plus riches' propriétaires de vignobles était, à l'époque où'se passa Je drame dont le récit va suivre, Sébastien Folacci. ■ ■. .-

Comme le font d'ordinaire les Corses, Folacci s'était marié fort jeune, à dix-huit ans. Au moment où nous le présentons au lecteur, il frisait la quarantaine, était veuf depuis quatre

ans et vivait avec sa fille qui allait en avoir dixhuit. Il adorait cette enfant et il,n'était certainement pas dans toute l'île plus jolie fille que Taddea Folacci. C'était l'incarnation même de la > beauté méridionale dans toute sa luxuriante splendeur. Aussi les épbuseursne manquaient-ils paset déjà Folacci avait reçu plusieurs demandés qu'il avait soumises à sa filleV entendant bien laisser son unique enfant se marier à soji gré. Sous divers prétextes, Taddea avait écônduit tous les prétendants. Elle en refusa tant et,tant,, que son père eut le soupçon qu'elle devait aimer quelqu'un et qu'elle n'osait le lui dire. Il pressa de questions la jeune fille; qui, après de longues hésitations, finit par avouer qu'elle aimait un jeune compagnon d'enfance, Tomeo Luigi. A ce nom, Folacci bondit et dit à sa fille : ■ . .

— Ecoute, Taddea, j'entends te laisser libre de ton choix, mais à condition que l'homme que tu choisiras soit digne de toi : Tbmeo' est un fainéant, qui n'a pas de patrimoine et qui ne sait faire autre chose que braconner. Ne me parle plus de lui, car jamais, jamais, entends-tu bien,, tu ne l'épouseras.

Taddea connaissait son père, elle le savait bon, mais inébranlable lorsqu'il avait pris une détermination. Elle n'insista pas et dit simplement :

— C'est bien, mon père.

Quelques jours après, un soir que Folacci revenait de Bastia où il avait été pour ses affaires, ' il ne trouva pas sa fille à la maison. Il la chercha . partout en vain, s'enquit auprès des voisins qui ne purent rien lui dire et était au. comble de la fureur et du désespoir lorsqu'un petit pâtre lui remit une lettre de.sa fille contenant ces mots :

— Mon père, je ne puis vivre sans lui. Nous . parlons ensemble. Je vous supplie de donner votre consentement à notre mariage.

La physionomie de Folacci, tandisjju'il lisait ces lignes, était effrayante avoir. - .

— Par la Madonna, jura-t-il,.Ie misérable a enlevé ma fille. Je ferai du sang !

Il prit son fusil et se mit sur l'heure en campagne pour retrouver la trace dès fugitifs. Après deux jours de recherches, pendant lesquels {il avait, pour ainsi dire, marché jour et nuit, il apprit que sa fille et Luigi devaient se trouver à Gàrdo, un petit village dans la montagne, au-dessus de Bastia. IL s'y rendit,; y arriva à la. tombée de la nuit et n'eut pas de peine à découvrir la retraite des deux amoureux, une petite maisonnette à l'orée d'un bois. Nulle lumière ne brillait dans l'intérieur delà maison, et nul ne répondit à son appel quand il frappa à la porte. Les jeunes gens étaient absents, mais ils ne' devaient sans'doute ; pas tarder à rentrer, car c'était l'heure du repas du soir. Folacci se mil aux aguets et attendit.

Il n'attenditj pas longtemps. Des bruits de passe

passe entendre et il vit sa fille et Luigi qui se

i dirigeaient vers la maison .Comme ils allaient en


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atteindre le seuil, Folacci surgit brusquement devant eux, son fusil à la main. ,

— Mon père ! s'écria Taddea, fuis. Mais Luigi n'eut pas. le temps de suivre ce conseil, le fusil de Folacci s'était abaissé, le coup était parti et le malheureux jeune homme, tombait la tête ■ "fra<- cassée, à bout portant.

— Je devfais te tuer aussi,-dit Folacci à sa fille. J'aime mieux te laisser à ta honte età tes remords. Adieu, quoi qu'il arrive, tu.es morte pour moi.

Depuis deux ans le bandit Folacci tient le maquis aux environs de Bastia et toutes les tentatives faites par la gendarmerie pour le capturer ont. été vaines. Plusieurs fois les gendarmes -l'ont aperçu, ont échangé avec lui des coups de feu, et toujours il a disparu dans l'impénétrable maquis. On sait d'ailleurs que Folacci est bien déterminé à ne pas se laisser prendre vivant- et l'autorité, soucieuse d'épargner la vie des gendarmes, voudrait arriver à s'emparer par la-ruse du bandit.

Mais la chose n'est pas aisée. Aux yeux de ses compatriotes, le Corse, qui a commis un meurtre pour venger son honneur, est un être sacré, qu'on doit protéger contre les recherches de la justice. Les Corses qui habitent la région dans laquelle se cache un bandit se font un devoir de lui procurer des vivres et des munitions et de dépister par de fausses indications les recherches des gendarmes, en même temps que • d'avertir le bandit de leur approche. Dans ces conditions, on conçoit que soit malaisée la tâche de la gendarmerie, ayant à rechercher un homme qui a pour complice toute une population et que la capture de Folacci fût pour le parquet une grave préoccupation.

Un matin une jeune femme se présenta au Palais de justice,' à Bastia, et demanda à parler au Procureur dé la République; C'était une pauvre fille déguenillée qui ne payait pas démine, efon fil quelques difficultés pour accédera sa demande. Ses instances furent telles cependant que le - magistrat donna ordre de l'introduire.

— Qui êles-vous ? Que demandez-vous? interrogea-t-il lorsque là femme fut devant lui.

— Qui je suis, je ne vous le dirai pas; ce que jf demande, rien. Je viens vous rendre un service.

-r- Ah '.Etlequel ? demanda le procureur d'ur ton goguenard. .—Je viens vous donner les moyens de prendri Folacci. . " ".''■ ,- , •.

,"_' —VOUS? : -■'■..

■ — Qui, moi. :

-r— Comment cela ?

— Je connais sa retraite,, je sais où il dor . chaque nuit ; je puis y guidervos hommes et il ,1e surprendront pendant son sommeil, i

-—Et.que demandez-vous pour cela ? Une fort prime, n'est-ce pas ?

— Non ! Gardez votre argent. Il me souillerait les mains, C'est la vengeance seule qui me fait agir.

■—s Soit ! que faut-il faire ?

— Ce soir à dix heures, les gendarmes me trouveront sur la routé de Saint^Florent,, à cet endroit élevé d'où l'on aperçoit la mer à droite et

à gauche. Je les guiderai. ' '

— C'est bien. - Le soir à l'heure convenue un lieutenant et dix

hommes rencontraient là jeune fille à l'endroit désigné. -

— Marchons, dit-elle.

— Un instant, dit le lieutenant : qui me garantit que tu n'es pas une complice de Folacci et que tu ne veux pas riousattirer dans un guet-apens?

-^ Je marcherai au milieu de vos hommes : si je fais un geste suspect^., si je pousse un cri d'appel, brûlez-moi la cervelle.

— G'esLdit. En avant, commanda le lieutenant. , • La petite troupe guidée par la jeune femme

s'engagea dans le maquis et y chemina' longtemps? Lé ciel était étoile et la lune brillait dans son plein.

Tous observaient le silence le plus complet et fouillaient de l'oeil les épais buissons,, craignant a chaque moment de voir apparaître le redoutable bandit. Seul, le lieutenant qui marchait à côté de la jeune femme causait à voix basse avec elle, essayant de la faire parler, de savoir qui elle était et de connaître le mobile qui pouvait la déterminer, elle Corse, à livrer son compatriote. Mais la jeune Corse resta impénétrable, disant seule^- ment qu'elle était une femme dont Folacci avait brisé l'a vie et qu'elle voulait se venger de lui.

— II y a quelque histoire d'amour là-dessous, se dit le lieutenant, et il n'insista pas davantage.

— Quelle heure est-il? demanda la jeune femme.

..— Onze heures et demie, répondit le lieutenant, après avoir consulté sa montre.

— Arrêtons-nous un instant, nous ne sommes plus loin etil ne fautpas arriver avant minuit pour. le surprendre au plus fort de son sommeil.

La petite troupe fit halte, puis une demi-heure après reprit sa marche.

-Bientôt on s'engagea ' dans un roide sentier taillé dans le roc à pic et qui formait un étroit .; couloir entre deux montagnes. On n'y pouvait passer qu'un'à uà Le lieutenant tenait la tëtè, s suivi par la'jéune femme, puis par les gendarmes. Au bout d'un quart d'heure de marche on rencontra Une gorge profonde qui coupait perpendiculairement le sentier et que l'on suivit d'après les indications de là'jeune femme. C'était une t sorte d'impasse aboutissant à une muraille de s " granit qui en fermait l'extrémité.

— C'est là, dit la jeune femme.

s. Et du doigt elle montra au ras du sol une excavation qui donnait accès dans une grotte et


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LE MAGASIN PITTORESQUE

"par laquelle on ne pouvait se glisser qu'en rampant, Un à un. Le lieutenant fit la grimace. — Cette grotte a-t-elle deux issues ? demandat-il.

— Non, dit la jeune femme.

-^-Alors il faudra bien que le bandit sorte par celle-rci. Nous-allbnsattendre sonréveil, car jejuge inùtite d'exposer un de mes hommes à se trouver seul faceà face avec lui enpénétrant dans la grotte. Ges bandits ne dorment que d'un oeil et il n'est pas probable qu'on réussirait à s'emparer de lui avant qu'il s'éveille. Ce serait la mort certaine pour celui qui pénétrerait le premier dans la grotte et peutêtre aussipour ceux qui le suivraient. Dissimulonsnous et attendons.

Au même moment, et alors que les gendarmes étaient encore assez éloignés de fouverture delà grotte, un homme en sortit vivement en rampant et se dressa sur ses pieds, son fusil à la main. C'était Folacci.

Les gendarmes le mirent en joue,;

— Rends-toi, dit le lieutenant.

— Jamais, répondit le bandit.

Et de deux coups de feu il étendit à terre deux hommes. Les gendarmes répondirent par une décharge générale et le bandit tomba.

Alors la jeune femme s'approcha de lui. Il n'était pas mort et put la reconnaître. v

— Toi, Taddea, sois maudite !

— Oui, moi. Tu as tué l'homme que j'aimais, je me suis vengée. Tu m'as abandonnée, je suis devenue une fille de rien. La vie m'est odieuse, mais je n'ai pas voulu mourir sans vengeance. Et. maintenant j'ai tué mon père, je me punis.

Et, tirant un stylet de son sein, elle s'en frappa au coeur et tomba foudroyée sur le corps de son père qui expirait en même temps.

Une croix de bois rappelle le souvenir de ce dramatique événement.

MARQUIS DE L'ÉGLISE.

Ofle deviendra Ghamtod ?

Cette guerre, fertile en imprévu et qui a bouleversé tant de choses, a soulevé à propos de Ghambord et de ses possesseurs actuels une question épineuse, peu banale assurément et fort difficileà résoudre. : .'''.'../'"

On-n'ignore pas que: Chambord, devenu sous: le premier Empire l'apanage du maréchal Berthier, qui d'ailleurs n'habita jamais son domaine, fut offert au jeune duc de Bordeaux peu après sa. naissance, par souscription nationale, et acheté à la veuve de Berthier au prix de 1542000 francs. C'est le 5 mars 1821 que fut vendu le château destiné « à l'enfant du miracle », comme les royalistes fervents

de cette époque nommaient le fils du duc de Berry. \

- Celte souscription à laquelle l'armée contribua,, en abandonnant par ordre une journée de sa solde assez maigre, provoqua en son temps de vio- , lentes polémiques et nous valut un pamphlet fameux ou s'exerça librement la verve caustique de Paul-Louis Courier. ~ ,"

Depuis laRestauration, la destinée dé Ghambord fut mélancolique. Au milieu de la solitude dé sou parc clôturé par un mur qui a huit lieues de tour, le château:. sommeille abandonné, Inhabité, tombé par le hasard des héritages aux mains de, princes étrangers qui tinrent à honneur, il faut le dire, de le restaurer avec art et dé veiller sur sa conservation. ~ .

En. effet, par son testament, le comte de Ghan> ' bord, mort en 1883, avait légué l'usufruit de ses biens à sa femme et la nue propriété à ses deux ._;• neveux, princes italiens, le due de Parme et le comte de Bârdi. Des annéespassèrent. La comtesse de Chambord, qui n'aima jamais beaucoup la France, disparut. Ses deux neveux sont mortségàlement en laissant dix-sept héritiers^ et c'est ici .'; que là situation devient tout à fait compliquée et embarrassante.

L'un dès propriétaires de Ghambord, le prince •> Hélie de Bourbon-Parme, est sujet autrichien, marié à une archiduchesse d'Autriche et il sert comme capitaine d'état-major dans l'armée de l'empereur Charles. Deux des autres héritiers, le prince Sixte de Bourbon et son frère Xavier, se. battent pour la cause de l'Entente. Ils sont officiers dans l'armée belge, ont l'ait leur devoir héroïquement et je crois bien'qu'ils ont été décorés avec d'autres braves parle président Poincaré, dans une de ses tournées sur le front.

Aux premières semaines de la guerre, en applir cation des décrets visant les propriétés des sujets; ennemis, Chambord fut mis sous séquestre et les trois couleurs de notre drapeau flottèrent au-dessus delà porte d'entrée. Il fut question un moment d'utiliser le château, d'y créer un hôpital, une - ambulance, mais on abandonna sagement cette idée en calculant les frais énormes que nécessiterait une installation de ce genre dans un monument d'apparat, vaste, éloigné d'une ville et bien peu approprié aux nécessités de la vie moderne.

Pillé au temps delà Révolution,, comme tant d'autres demeures historiques, Chambord n'offre L pas une pièce meublée, et quand- Henri V vint, t quelques années après 1870-, visiter son domaine, '

ce fut chez le régisseur du château logé dans les; s communs, qu'il reçut l'hospitalité. w

," Ge palais immense, aux salles, vides, manque t d'intimité et de confort. Quelques tableaux sans

- grande valeur artistique, la table de marbre sûr i laquelle fut embaumé le maréchal de Saxe, un' t parc d'artillerie en miniature donné comme jouet Î au duc de Bordeaux, des tapisseries fleurde5 lysées que brodèrent patiemment les dames du


LE MAGASIN PITTORESQUE

m

Poitou, de l'Anjou, de la Bretagne, un lit à colonnes, massif et somptueux, offert par un groupe de fidèles et dans lequel; le futur roi de France ne coucha jamais : tels sont à peu près les seuls objets qui garnissent.les salles où le cicé-, • rone promène les visiteurs. " ■■'■'■'.

Le charme de Chambor.di, c'est son merveilleux

tiers ce qu'ils possèdent en vertu d'un contra régulier: Il faut s'incliner^ vous diront-ils, devant la situation actuelle,et accepter la réalité, même

désagréable. '

On l'a déjà écrit plus d'une fois :/le comte de

Chambord', avant de mourir, avait un beau geste;

à faire et le retour à la France de ; ce domaine,

décor de pierres ciselées, sa forêt de toûrel-, lés,, de cheminées,; de clochetons sveltes, casqués: d'ardoise, jaillissant en silhouettes hardies et dominés par la «Lantern黕 celte tourelle ajourée,; ce campanile gracieux, point culminant et centre de l'édifice. C'est l'art raffinéi élégant et délicat de la Renaissance s'épanouissant en mille détails, dans lés escaliers qui s'enroulent sans Se rencontrer, dans les fenêtres aux sculptures . différentes,dans les,plafonds décorés de le salamandre de FranGliâteau

FranGliâteau de Gfmmbor.d:, bâti par François 1".

çois Ier, d'emblèmes. héraldiques, de chiffrés, rôyauxqui ont fourni aux artistes d'autrefois une variété infinie d'ornements joliment combinés.

Chambord forme un magnifique ensemble archi- . tectural. Il fut bâti tout d'une pièce et l'on y retrouve, ce qui est assez rare dans nos châteaux historiques, une parfaite unité dé style.

On a pu regretter, non sans raison, de voir tomber entre des mains étrangères un pareilspécimen d'art français, un monument mêlé de toutes pièces à notre histoire, où Louis XIV tint, sa cour et se fit donner des représentations du Bourgeois Gentil fiormne, ôù,le maréchal de Saxe mourut à la suite d'un duel mystérieux, où François Ier grava sur une vitre son fameux dicton d'amoureux désabusé :

,. Souvent femmevVai'ie. ._■•'"'. •--

: Bien folestquj s'y fie.

Comment, au lendemain decette guerre qui n'est pas éternelle, se réglera ;la,questionde Çham:bord? Il est assez: difficile: dé l'a trancher^ dès aujourd'hui très: nettement, . ' '->'-.

Les-juristes, respectueux de la loi, vous expliqueront qu'il est injuste de reprendre a' des héri>ffertà

héri>ffertà par ses fidèles, semblait une clause ndiquée dé son testament. Il n'a pas cru bon d'agir ainsi et c'est tant pis pour sa mémoire.

Mais cette guerre nous a. donné de rudesleçons et le besoin de dévenir les maîtres çliez: nous apparaît comme une nécessité. 11 me semble, qu'en vertu d'une loi nouvelle, très juste, logique: et facile à promulguer, on pourrait exiger désormais que tout monument d'art, ayant un caractère hisr torique, appartienne à l'État ou,aux citoyens français. ' '.-. ..'..,. '•-;. ••■

Nous n'avons pas l'habitude, e,iï'nôtre pays, dé la reprise à main.armée,, '.et tous les intérêts sont respectables.'. C'est une question d'indemnité à débattre". On dédommagerait les possesseurs actuels du chàtéàû; on leur verserait/la somme, raisonnable bien entendu, qu'ils demanderont et cet arrangement sauvegarderait les droits de chacun. '•/,-.-.- v... . -■■

Il importe que ce joyau de là Renaissance: française qu'est Ghambord, un instant dïs*trait dé notre patrimoine artistique,: redevienne un bien national et sôit jalousement conservé par nous à l'avenir.

7; ;;-■' < ; ; '. LÙGIEN TROTTGNON, :

;;,;i*EîfsÉES'';-,;,.:

; Nés doutés, sont des traîtres:qui -nous font perdre lé bien que nous pourrions; faire, en nous..détournant de l'essayer.,- : '■■- : ., -,.;..-

.:',:,,\. • (Shakspeare.}:

On ferait beaucoup de: choses si on en: croyai t moin s .d'impossibles. ; ....;_ ..- -,' « -.■'- _.

Il n'y a rien au monde qui.se fasse tant;admirer* qu'un homme qui sait être malheureux avec courage.

-/v;■-' '. ;($énèque.): /


iâ'

LE MAGASIN PITTOÎtESQUË

lia eherté fe saeife

en 1792 et er 1916

Dans le Journal du 1er avril 1916, on trouve , l'entrefilet suivant, concernant la hausse du sucré : - ' ■,,,:.'

« Le Sucre augmente toujours de prix ; le dernier tableau des cours édité par la Préfecture de police enregistre une'hausse de cinq centimes par kilogramme sur- la cote précédente : 1 fr. 35 au lieu de 1 fr. 30. '.'.---.

'";.« On sait quelles mesures furent prises par le ministre du Commerce dans le but de mettre un terme à l'a .-spéculation sUcrière ; à la suite d'une ,mise en demeure très nette, un contrôle sévère avait été établi sur les opérations de vente! en gros, et toutes les livraisons qui s'effectuaient sous la responsabilité du syndicat des sucres de la Bourse du Commerce. Gèlte situation n'avait pas été sans :ame,ner quelques récriminations, et le temps n'a pas apporté l'apaisement.

« On assurait il y a quelques mois, qu'à très bref déiaijà vente des sucres allait être faite directement par le ministère du Commerce, sous forme de réquisition bien entendu, et que les consommateurs jugeraient bientôt des avantages qu'allait leur apporter cette mesure. »

Ces lignes m'ont rappelé que, sous la première République, le prix élevé de cette denrée avait été cause, à Paris, de mouvements populaires où un sourd-muet avait été .— oh I bien indirectement — mêlé.

La guerre, l'affreuse guerre détestée dés mères et dès épouses, a toujours pour conséquence le renchérissement dès vivres ; en 1792, la guerre n'était pas encore déclarée par les puissances de l'Europe centrale à la France, rnàisdes rassemblements de troupes allemandes et autrichiennes (elles, toujours elles M ne laissaient aucun doute sur les sinistres projets de nos éternels ennemis. ■_''-.

Donc, lés denrées de première nécessité avaient augmente dé prix à Paris et des femmes, conduites par des agitateurs, intéressés, avaient pillé quelques épiceries pour y trouver lé sucre qu'on. y disait accumule.

Pètiôn, qui succéda le 17 novembre 1791 à Bailly, comme, maire de Paris, fut même accusé d'être un accapareur _d!e sucre : il; dut se défendre de cette stupidè; accusation, par une note qu'il fit insérer dans le? journaux du temps.

« Depuis quinze jours, dit ce communiqué que je copié; dans une feuille du 24 janvier 1,792,.des lionimés qui ne. respirent que ranàrchiéelle bouleversement de l'erdre actuel de choses,, ne ^ cessent de me lancer les traits lespl'us envenimés. Ils ont à leurs gages des journalistes, .à la vérité

très diffamés. Ils publient des lettres,; ils affichent : des placards ; ils se répandent dans tous leslieux publics, et là, il n'est point d'infamies qu'ils n'imaginent contre moi ; ils dénaturent-tous, les faits, et ils, empoisonnent lés actions les; plus ', louables. La confiance que je cherche chaque jioùr à mériter, les fait trembler,, parce qu'ils savent bien qu'avec; la confiance, les magistrats, amis dû peuple, déjoueronttôujqursleurs projets: - et leurs coupables et ridicules efforts. ,

« Ils viennent d'inventer une calomnié;, à laquelle j'avoue que je ne pouvois pâs,croiréi; mais elle m'a été répétée par tant dé personnes dignes de foi, elle est même si publique, qu'il m'a fallu n'en pas douter. Le peuple murmure beaucoup de la ' cher été excessive des sucrés, et de plusieurs autres denrées. Ils ont trouvé très adroit de me transformer sur-le-champ eu gros négociant, en grand spéculateur ; et en conséquence, ils ont l'effronterie de dire,, de répéter tout haut, que j'ai des magasins considérables. Je prie'ceux à qui ils tiendront ce langage imposteur et absurde, de vouloir bien leur demander où sont ces magasins, et d'en citer un seul où j'aie .pour une obole d'intérêt. »

PET-ION.

Le lendemain, c'est-à-dire le 25 janvier 1792, dans le même journal où j'ai relevé la lettré de Petion, Un modeste citoyen donnait aux ménagères ces excellents conseils : "'

AVIS AUX DAMES PARISIENNES, SUR LE SUCRE « C'est donc vous, Mesdames, citoyennes de Paris, qui, pour du sucre, violez les; droits les plus sacrés de la propriété, et qui vous fendez parjures à la Cbnstilution'soùs laquelle vous avez promis de vivre libres ou mourir. Vous vous rendez, sans le savoir, les complices des trames perfides des ennemis de notre liberté. Non, non, ce ne sera pas les citoyennes- parisiennes, les premières conquérantes dé la liberté française, qui, àToccasion de la chèrete du sucre, voudront exciter une insurrection qui délourneroit l'attention des plus hauts intérêts qui s'agitent en ce moment dans l'Assemblée nationale ! : « Vous avez, Mesdames,, des moyens plus efficaces, dignes de ce. courage, de cette fierté et de : là noblesse de 'ces sentiments dont vous avez donné; tant de preuves depuis-l'instant de notre glorieuse Révolution;. Un dé ces moyens que je vous propose a été la première étincelle de la liberté américaine ; le Gouverneinent anglais se croyant le maître dans ses colonies, mit. un; impôt' extravagant sur le thé, boisson favorite dés AngloAméricàins ; ce peuple courageux prit: la ferme résolution-de neplusu-ser de thé ;:les Anglais voulurent ies forcer à en boire ; vous savez, Mes- 1 dames, les suites de cés:deux veto ] votre position / est bien plus favorable que ne rétoit celle,dé ce peuple généreux ; imitez son exemple;; prônez


LE ''MAGASIN; PITTORESQUE

13

publiquement une ferme résolùtiorr- dé ne plus faire usage dé sucre et de café, jusqu'à ce que ces deux denrées de besoins factices soient remises à rancien.prix ; et jevous prédis qu'ayant cinq ou six mois;, le sucre né vous coûtera pas 12 à 15 sous la livre, et; vous serez vengées loyalement d'une poignée ; de scélérats et d'hommes vils qui ont spéèulé lâGhement: sur la friandise dès dàmès parisiennes.

- « Vous avez encore un autre moyen, Mesdames, que la: Constitution vous a. donnér c'est dé faire une pétition à rAssemblée nationale, pour que, vu le prix extravagant des sucres et cafés, elle décrète : que tous les ports de France seront ouverts aux vaisseaux étrangers qui amèneront des sucres et cafés dans le Royaume. L'évidente simplicité de ces idées,me doit dispenser de tout développement, auprès des citoyennes parisiennes, qui, par la justesse et la sagacité de leur raisonnement, prit franchi, en ni oins de deux ans, l'espace de plus d'un siècle ».

Et cette, épîtrè, qui se ressent du style ampoulé de l'époque, et cherche à faire départir les Parisiennes dû plus mignon de leurs péchés, est signée : ; "

Votre affectionné concitoyen, . - DESLOGES, Sourd et Muet, Ces sages paroles, du sourd-muet Dèsloges n'eurent pas plus de succès que là lettre dé Petion, elles pillages continuèrent de plus belle, à ce point que là Municipalité dut lancer, le 27 janvier, une proclamation où elle faisait appel au civisme des Parisiens et surtout à la, Garde nationale aux Gendarmes et même aux Troupes de ligné pour maintenir Tordre^dans la Capitale.

Actuellement, la guei're produit ses mêmes effets néfastes de renchérissement, comme en 92. , Mais quelle tranquillité, quel calme dans Paris ! Nous n'avons pas assisté,, Dieu merci ! à ces scènes de désordre que tops les, voyageurs qui i ont pu traverser les empires; de nos féroces ennemis ont constatées un peu partout, et notamment à Berlin. ';■■:

La comparaison est en faveur et de la .France et dé sa Culture f par un Ç);. ^

,■■" ' "' "<.>■' A-^'ESPRIT (t). - ;;

M ^êMémâê

Le défrichement consiste à mettre .en culture ûri terrain couvert dé; bois ou abandonné depuis longtemps: à la végétation spontanée. Cette opèt ration ; se pratique: générajémeht pendant la' période hivernale, alors que le sol. détrempé se

(1); M. L'Esprit nous a autorisé à reproduire cet article çlelaRevue des Saurds^Muets dejùinieifi.

laisse facilement pénétrer par : les outils, que les attelages sont disponibles et que la main-d'oeuvre est moins chère. ■'■';■:;'

Les sols en' friche sont toujours dé- qualité médiocre y c'est précisément parce qu'on les reconnaît incapables dé rémunérer suffisamment lès: capitaux Consacrés pour les travailler et lès fertiliser, que ces sortes dé; terres né sont; pas soùinisès a là culture. Elles s'améliorent peu à peu d'elles-mêmes par suite de l'accumulation des débris de végétaux qui poussent à leur surface. ...-'

Mais si puexploiteleur production herbacée ou ligneuse pour la convertir en combustible, en litière pu en fourrage, elles deviennent encore plus médiocres qu'au début. Dans ce dernier cas, là mise en culture dévient très coûteuse,et il est ; rare qu'il y ait intérêt à cultiver de pareilles terres;.- . ■ ..;.,..''

On peut cependant tirer un parti assez âvaritàTgeuxdès mauvais sols dans lé cas Où la proximité permet de porter à pied d'oeuvre, à bas prix, les éléments fertilisants qui leur manquent ou bien encore dans le cas oùl'exploitation aurait à gagner à l'extension des 7 terres arables.

Lorsque le défrichement ne porte que sur de petites surfaces, il suffit dé considérer la qualité du sol et du sous-sol pour se rendre un compte suffisamment exact deTopportunitédeTopéralion. Mais, ces considérations sont insuffisantes s'il,-. s'agit de mettre en culture de grandes étendues: En ce cas, il est indispensable de déterminer; avant tout commencement de travail, l'importance des débours à effectuer, car il ne faut pas perdre de vue que ces frais ne se limitent pas exclusive-, ment dans la préparation mécanique et la fertilisation du sol ; ils s'étendent également sur tout le capital foncier et le capital d'exploitation. C'est qu'en: effet l'accroissement dès surfaces cultivées entraîne une augmentation de récoltes demandant dé nouveaux bâtiments pour les loger, dé nouveaux instruments pour les récolter, les transporter,, de nouveaux attelages, etc. Il faut donc avoir devant soi des capitaux suffisants pour mener à bienrentreprise dû défrichement., , -,. Il ne reste alors qu'à procéder dé la manière la plus rationnelle. L'examen de làvégétatipn sponvtanée, peut donner, dans une certaine mesure, de bonnes; indications sur la nature du sol ou dû spûs-soL La prédominance de l'ajonc et dé là bruyère à balais est bon signé; ces plantes; croissent; sur des; terres profondes et fertiles; Lés petites: bruyères, surtout si elles sont chétives, indiquent au contraire un sol aride qu'il; serait coûteux d'améliorer.;La grande fougère,, dans les terres siliceuses, dénofela présence d'une certaine, quantité de potasse. ,V ""

-,"•' On doit toûjpurs donner là préférence aux terrés silicô-argileuses garnies dé .grandes bruyères;, dé fougères, de forts àjbncs ; ce sont celles dont la conversion coûté le moins. 11; vaut


u

LE MAGASIN PITTORESQUE

mieux ne pas livrer à la culture les terres siljco- 1

argileuses reposant sur un sous-sol imper- s méàble voisin de la surface ; il est préférable de

les consacrer à la plantation d'essences résineuses 1

ou feuillues. . i

Par quelques sondages, on s'assure ensuite ] qu'aucun bloc de .roche ne viendra gêner le ( passage des instruments de travail, puis on trace ] là direction dès chemins d'exploitation. .. • i

Disons, pour terminer, que le défrichement des i bois est soumis à certaines règles qu'on ne doit < pas ignorer. Celui qui veut défricher un bois doit : en faire là déclaration au Préfet, pour autorisation

■ à donner par l'administration forestière. Font toutefois exception à cette règle ■:■;'•

"---."' 1° Les jeunes bois pendant lés vingt premières années après leur semis ou plantation ; 2° lès parcs et jardins clos ou attenant aux habitations ;

• 3° les bois non clos d'une étendue inférieure à dix hectares, lorsqu'ils ne font pas partie d'un autre bois qui compléterait une contenance de dix hectares ou qu'ils ne sont pas situés sur le sommet ou la pente d'une montagne.

■ 'JEAN--D'ARABLES,

Professeur d'Agriculture.

li'flmiie (îe Mly

L'édit de Nantes venait d'être révoqué. Ouvertement, c'étaient des éloges pompeux de la grandeur du roi, qui, non content de faire lebonheur de ses sujets, s'occupait encore si efficàce. ment du salut de leurs âmes ; mais en secret, on se confiait ses craintes. C'en est fait, se disaiton, le temps des plaisirs est passé, bientôt nous serons,tous encapuchonnés, et au lieu d'opéras ' nous aurons la messe et les vêpres pour tout divertissement.

De pareils propos ne pouvaient parvenir aux oreilles du roi, mais Mme de Màintenon ne les ignora pas longtemps. Elle comprit combien il était de #sbn intérêt de distraire tout l'entourage du monarque de si sombres pensées, et que ce n'était que par des fêtes éclatantes, des spectacles pompeux qu'elle pourrait détourner' l'attention et faire renaître la confiance. Mais quel spectacle donner?

Le roi, que depuis plusieurs mois on avait obsédé pour les affaires de la religion, n'avait pas eu le temps de s'occuper à l'avance de ses plai, sirs, et aucun divertissement n'était préparé. Elle se souvint pourtant qu'il lui avait parlé d'un opéra commandé, par lui à Lully et Quinault, et dont il avait même fourni le sujet. Si cet ouvrage avait pu être prêt, c'était un coup de fortune ! Mais comment s'en assurer ? Il fallut bien qu'elle se résolût à le demander elle-même à l'un des auteurs; donc elle se détermina à faire venir

Lully auprès d'elle pour s'avoir où il en était de son ouvrage.

Lully, toujours bien vu du roi, qui l'aimait beaucoup, venait rarement à Versailles, et seule- - ment quand son service l'y appelait ; d'abord, parce que son -théâtre, à Paris, dont il était le directeur et lé seul compositeur, l'occupait'entiè- ; remenl; maisensuite.parcôqu'àParis il avait plus . de liberté pdtfr mener la vie dissipée et fort peu régulière qu'il affectionnait ; et surtout parce qu'il savait déplaire à un grand nombre de personnes de la cour qui ne lui épargnaient pas les railleries.quand elles le rencontraient, ce, qu'il délestait singulièrement,, étant très railleur luimême, et ne souffrant pas facilement, suivant l'usage, qu'on fît à son égard ce qu'il s'était si souvent permis envers les autres. Voici à quel sujet il s'était attiré fous ces brocards :

Depuis longtemps Lully avait reçu des lettres r , de noblesse du roi,, et- se faisait partout appeler et imprimer M. de Lully, lorsque quelqu'un vint à lui dire qu'il était fort heureux pour lui que, contre l'usage, le roi l'eût dispensé de se faire recevoir secrétaire d'Etat, car plusieurs personnes de cette compagnie avaient toujours dit qu'elles s'opposeraient à son admission. Après cette révélation, le musicien ne dormit plus tranquille et n'eut plus de cesse qu'il' ne. fût reçu. Voici le moyen qu'il employa pour obtenir l'assentiment de Louis XIV. En 1681 on dut donner à SaintGermain une représentation du Bourgeois gentilhomme, joué pour la. première fois à Chambord, onze ans. auparavant, et dont Lully avait - fait la musique. Lully était excellent bouffon, et plus d'une fois Molière lui avait dit : « Viens, Lully, viens nous faire rire. » Il résolut de profiter de cet avantage auprès du roi, qui ne lui connaissait pas ce talent.

Son physique grotesque s'y prêtait à merveille ; il était court de taille, un peu gros, et avait un extérieur généralement négligé ; de petits yeux bordés de rouge, qu'on voyait à'peine et qui avaient peine à voir, brillaient cependant d'un feu sombre qui marquait; tout ensemble beaucoup d'esprit et de malignité. Un caractère deplaisan'. terie.était répandu sûr son visage, et certain'air d'inquiétude régnait dans toute sa personne. Enfin sa figure entière respirait là bizarrerie, et •v au premier aspect, on n'aurait pas manqué de lui rire au nez, si la finesse de son regard n?èût montré sur-le-champ qu'il n'était pas homme à avoir le dernier," et qu'il.était bien capable de rire et de faire rire à vos dépens. :', .

Sans en prévenir personne, il résolut de représenter lui-même Te personnage du Muphty et; d'attirer l'attention du roi par ses bouffonneries. Malheureusement pour lui, le roi était de mauvaise humeur ce. jour-là, et rien ne pouvait le . dérider ;, aussi la,représentation étaiWlle.d'un ' froid mortel, les personnages si éminemment


LE MAGA SIN PITT 0RE SQUÉ

comiques de Mr et Mme Jourdain et de leur ser- c vante Nicolle, la ravissante scène des professeurs 1 du Bburgeois-gentilhomnie, rien n'avait pu clias-; t i sèr l'ennui qui régnait dans là sali©./- lorsque conv- , s mença la cérémonie qui termine le quatrième .acte..'_ ' - - - ',.': ■'■- ,- -. '-■''

Lully s'était affublé là tète d'un turban, qui ' avait près de cinq pieds de haut, de telle sorte que sa figuré avait l'air d'être: au milieu dé son ^ventre ; ses petits yeux clignotant encore plus qu'à l'ordinaire, parce que l'éclat des bougies les fatiguaient 'davantage, lui faisaient faire une'si plaisante grimace, qu'à son apparition inattendue '- il y eut un oh !; de surprise,, suivi, d'une violenté envié de rire générale, {qui fut aussitôt comprimée, parce qu'on vit que le roi ne riait pas encore: - - ,

Lully s'aperçut de la difficulté de sa position, et ne fit que redoubler de plaisanteries. Au don; nâr bastonara il accabla dé coups le malheureux acteur qui représentait. M. Jourdain, et qui, n'étant nullement prévenu de cette addition à; son rôle, souffritd'abord assez patiemment les grands coups du livre représentant le Coran qu'on lui administrait sûr le dos et sur la tête ; mais voyant succéder aux coups de livre les gourmades et les èoups de poing, il commença à se fâcher, et dit tout bas au muplîly :-.-..

— Finissez cette plaisanterie, ou je vous assomme.

---Tant mieux, lui répondit de même Lully, qui du coin de l'oeil avait vu le roi commencer à sourire, c'est ce que je demande, battez-moi.le plus fort que vous pourrez.

L'acteur ne se le fit pas dire deux fois, et, profitant de sa colère, il administra un énorme coup de poing au muphty, qui se baissa vivement et le reçut dans son turban. Ce fut alors une course comme celle de Pourcéaugnac, à cette différence près que M. Jourdain, doublement irrité, y met-'' V; tait une ardeur incbnvenable, qu'excitait encore le fou rire de tous les spectateurs, qui ne pou. vaient plus se contenir. Chaque fois qu'il .s'avançait vers le muphty, celui-ci, baissant la tête comme un bélier, le repoussait à Vautre bout du: théâtre avec son interminable coiffure, dont il se^ défendait comme un taureau de; ses; cornes. Le pauvre M. Jourdain crut enfin mieux prendre, son . temps ; il se-précipita tout; d'un coup vers son .adversaire, croyant pouvoir l'étrèindre entre ses ; bras ; mais celui-ci s'était si vivement jeté à, terre, qu'il parvint à mettre le pauvre Jourdain à cheval sur son monstrueux turban, ety pendant qu'il roulait à terre embarrasse dans ce; nouvel obstacle; il se dégagea lestêment,,èt, faisant semblant de tomber^ il se; précipita, dans: l'orchestre et entra jusqu'à mf-cofps dans le clavecin qui y était, et fit encore mille folies en achevant dé: le briser comme s'il ne pouvait parvenir à1 en sortir. Le; roi n'avait pas attendu ce dernier lazzi pour

déposer sa mauvaise, humeur : depuis' cinq minutes il riait comme un roi ne rit pas, et disait,' en s'essuyànt les yeux,,que jamaisilliie s'était: tant amusé; de sa vie.. , ri*-y ,'--

Après la représentation, Lûlly se mit sur son passage, et le roi lui dit lès chosesles ptus> flatteuses,l'assurant qu'il était l'homme; de Franêe le plus divertissantqu'il connût. Le musicien prit alors T air lé plus affh^ê qu'il put ;> " ;'

-—Voilà précisément, lui dit-il, ce qui merend ■"_:'" fort à plaindre ; ■ car j'avais dessein dé devenir secrétaire de Votre Majesté, et MM. les secrétaires né voudront plus me recevoir, à présent queje suis montéLSur un théâtre. '

— Ilsne voudront pas vous recevoir, reprit le roi, ce sera bien de l'honneur pour eux. Allez de• - ma part voir M. le chancelier ;,je vous l'ordonne aujourd'hui, et dé. plus je vous fais 1200 fr. de ^pension.

La belle chose qu'une monarchie absolue !...'. 1200 livres de pension pour avoir sauté dans un clavecin A- Si les pensions s'obtenaient au même prix aujourd'hui, toutes les manufactures d'Erard "et de Pleyeli n'y suffiraient pas.,

Dès le lendemain Lully cpuput chez le chancelier Le Tellier, qui le reçût fort mal. Le musicien alla porter ses plaintes à M. de Louvois, qui Venroclia à T.ïillv sa; téméritéi lui 1 disant, OIT'fille

né convenait pas à un homme comme lui; qui n'avait d'autre mérite et. d'autre recommandation que de faire rire. s

— Eh ! tête-bleù ! vous en feriez autant si vous pouviez, repartit'Lully. ■' ;

Le roi, ayant appris toutes ces difficultés, exigea qu'on reçut le Florentin, et alors'tous les . obstacles s'aplanirent devant lui. Le jour de sa réception, il donna un; magnifique repas aux anciens de la compagnie, et le soir les régala de TOpéra,; où" l'on représentait le Triomphé de l'Amour. Us étaient là trente ou quarante qui avaient les meilleures places, et ce n'était pas un spectacle peu curieux dé voir déux.ou trois rangs d'hommes graves en manteaux noirs et en grands .chapeaux aux premiers bancs de l'amphithéâtre, et écoulant avec un sérieux admirable les courantes et lès rigaudons du nouveau secrétaire du roi. Quelques jours après, IVL dé Louvois rencontra Lully à Versailles;.._— Bonjdur, mon.cbnfrère,. lui dit-ilen; passant. Gela s'appela un bon mot de Mv de Louvois ; chacun voulut se l'approprier,, et il n'y eut pas si grand' seigneur qui, apercevant: de loin le; musiciep, ne l'apostrophât d'un : Bonjour, mon confrère.. Cette.plaisanterie fut telle- 1 „ ment répétée,, que dépuis; longtemps il fallait à Versailles: que quand il ne pouvait faire aûtre,. -ment..,,'-'"",...' .'." i;-"■'■". -,' '}■;:■■"/:,\ ,;-;■-* .--.■■'■..■.■

; Il était à dîner avec quètques-ùùsdè ses acteurs et de ses musiciens, au cabaret dû Gerceaù'd'or, sur la place du Pàlàis-Royal ; le repas avait été


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LE ;MAGASIN *■ PITTORESQUE

fort gai, et le vin n'avait pas été épargné. Il disait à ses camarades un de ces: bons contes qu'il racontait si plaisamment et qui l'avaient fait autrefois rechercher des plus grands; seigneurs, quand on vint l'avertir que sa femme }é faisait demander au plus vilev parce qu'un carrosse de la cour le venait chercher pour l'amener à l'instant à Versailles. « Oh ! se dit-il, cela m'a bien l'air d'être un tour de Madeleine, qui ri'àime pas que je reste trop longtemps à table quand je dîne hors du logis. Il faut cependant y aller voir, , mais si elle me fait vous quitter pour rien, je réponds que je ne rentre pas de huit jours. » 11 s'achemina en chancelant vers sa demeure, et vit qu'effectivement sa femme ne l'avait pas trompé. Il se hâta de monter en voiture, s'endormit dans la route, et ne s'éveilla qu'au moment d'arrêt du carrosse. Un abbé se présenta alors à la portière et lui d'il, les yeux baissés : « Monsieur de Lully, je, suis chargé de vous conduire auprès d'une dame qui désire vous entretenir en particulier. » Notre musicien se crut alors en bonne fortune ; il jeta un coup d'oeil de dépit sur sa toilette plus que négligée, son rabat chiffonné et ses vêtements en désordre, puis il tâcha de découvrira quel hasard il pouvait devoir un semblable bonheur.

Après bien des détours dans une partie du palais qui lui était tout à fait inconnue, il fut ■ enfin introduit dans une pièce meublée avec simplicité., mais d'une manière sévère ; partout, des tableaux de saints garnissaient la tapisserie. Il se. perdait en conjectures, quand une porte s'ouvrit; une dame, d'un extérieur imposant, s'avança vers le musicien, qui, grâce à sa mauvaise vue, ne la reconnut nullement et alla tout aussitôt se jeter à ses pieds. Mme de- Maintenon fut un peu surprise d'abord de cette manière de se présenter, mais elle pensa qu'un aussi grand pêcheur, qu'un homme qui passait sa vie avec des excommuniés, devait cet hommage à une vertu comme la sienne. ''''.■■

Aussi ne laissa-t-ellè pas échapper cette occasion dé faire'un sermon "...

— Monsieur de Lully, lui . dit-elle, on prétend que vous menez une mauvaise conduite.

A cette voix, Lully releva la tête ; il reconnut . alors à qui il avait affaire, et il vil bien qu'il avait fait une sottise, mais il repartit promptement :

Moi; du tout. Madame, je mène le théâtre de l'Opéra et voilà tout.

-— Je sais, dit Mme de Maintenon, que votre position vous met en rapport avec nombre de personnes d'une condition peu sortable, mais le roi n'en est pas moins, fort mécontent de vous, et vous aurez beaucoup à faire pour rentrer dans ses-bonnes grâces.

Le musicien était anéanti ; il cherchait par quel méfait il avait pu s'attirer ce malheur ; d'un mot, le roi qui lui avait tout donné pouvait tout lui retirer, et ce coup imprévu parut l'accabler;.

Mme de Maintenon l'ayant amené au point où elle voulait :

— Maintenant, continua-t-elle, je puis vous donner un moyen de rentrer en faveur. Dans huit jours il faut ici qu'on ait un opéra nouveau, don-, nez-nous celui dont le roi vous a chargé} et je ne doute pas qu'à cette occasion vous: ne trouviez lé moyen de rentrer en grâce.

—. Dans huit jours, mon Armide !- s'écria le musicien, oh ! Madame, c'est impossible, il me reste tout un acte à faire, et Quinault n'en finit pas pour les changements queje lui demande.

—- Vous le ferez plus vite que les autres et tout peut être prêt : ou bien donnez-nous seulement , ce qu'il y a de fait, reprit Mme de Maintenon impatientée.

— Moi, mutiler un chef-d'oeuvre, le donner pièce, à pièce ! s'écria le musicien désolé. Oh ! non, Madame, Sa Majesté se fâchera tant qu'elle . voudra, mais avant un mois, je ne puis espérer de donner, mon Armide.:. C'est que vous ne savez pas, Madame, que je n'ai jamais rien fait de plus beau, qu'il y aura là-dedans...'

— Eh bien ! donc, Monsieur, n'en parlons plus ; aussi bien je sais que Lalande s'occupe d'une pièce en musique, et le petit Marais me fait

tourmenter depuis longtemps pour faire entendre de sa musique au roi : l'un des deux saura bien être prêt:

— Qu'est-ce à dire, Madame? on exécuterait , devant Sa Majesté d'autres opéras queles miens? Non, non, il n'en sera pas ainsi; vous aurez un opéra dans huit jours; ce ne sera pas Armide, par exemple... .'.,;■'.

— Eh ! peu importe, Armide ou un autre, cela m'est indifférent. .

— Eh bien ! donc, dans huit jours, vous aurez un nouvel opéra-ballet, musique de Lully, paroles de Quinault. Voudriez-vous m'en fournir le sujet ?.-■-.

— Monsieur, reprit Mme de Maintenon avec hauteur, vous devriez , savoir que je ne me mêle point de ces sortes de choses.

—- Pardon, Madame, répondit le musicien en câlinant, c'estle roi qui afourni le sujet &'Armide, vous auriez pu proposer celui-ci. Armide sera l'opéra du roi, celui-ci serait l'opéra de la...

Il s'arrêta, craignant d'en avoir trop dit, mais la marquise n'avait pas l'air fâché ; elle lui dit, au contraire, avec bonté :

■■— J'y consens. Votre ouvrage sera votre, réconciliation : nommez-le le Temple de la Paix.

— Madame, dans huit jours la première représentation. ;

Il se retira en saluant profondément, et se-fit . tout de suite conduire à Paris chez Quinault. (A suivre.) ADOLPHE ADAM.


Ça et Lia

Un grand exemple de désintéressement.

- Les-tanïts font la joie anglaise, ils ont tout le, succès dé la saison. Les Anglais les couvrent de fleurs. A epx tous les triomphes,, tous les hommages. Us sont les amis sûrs des Tommies, leurs bons camarades, leurs compagnons d'élite, etc. Et devant cette invention formidable la question du gain fait par son inventeur ne se pose même pas, tant elle se présente brillamment résolue...

~ Sait-on ce que les tanks ont rapporté à leur inventeur, sir W. Tritton, qui leur consacra, deux années et demie de labeur comme ingénieur consultant,du gpuvernetneiit britannique? .'.;-

Quarante livres sterling, à peûprèsmille francs, rien dé plus !"

Pour cette somme, sir W. Tritton a palrioti-' quefflent signé l'abandon de ses brevets et bénéfices. ;':-.' ..■■ : "' ' - !, '

Voilà ce que l'on appelle .vraiment travailler pour la gloire, mais pas pour le roi.... de Prusse !;•'■.■-■' - : ■

CALENDRIER DE LA GXJERRE

i<5 décembre. — Réussite d'un coup, de main sur les tranchées allemandes de ' Juviacourt. Echec d'une attaque enùemie.dans la région du bois Le Ghaume (rive droite delà Meuse).

En Italie, la bataille continue avec acharnement entre là Piave et la Bren ta. Les Austro-allemands ayant lancé des masses d'infanterie se voient repoussés au col Caprile, et au col Be.rettà. Les Italiens brisent une seconde offensive au col Caprile,

Deux bataillons alpins se sont sacrifiés pour harrer la route aux envahisseurs.'.

il décembre.'— Assez grande activité d'artillerie entre-Aisne et Oise, sur la rive droite de la Meuse et , en Macédoine. , .

18 décembre., t— Activité d'artillerie sur la presque totalité, du front, plus violente au bois des Gaurières et dans lés Vosges (région de Thur).

Réussite d'un coup de main au sud de Saint-Quentin.. Echecs de petites attaques allemandes à l'ouest de Villers-Guislan, au nord delà Vacquerie, au sud d'Àrmentières. ""■'''.. *

Sur le front italien, combat d'infanterie à l'est de la Brenta. Les Italiens brisent un assaut de l'ennemi • dans;le bas du val de la Brenta.

19; décembre. — Attaques 1 et tentatives allemandes , . repous'sées au sud de Juvincôurt et vers le canal d'Yprss à Comines. , '.. ■ -

; Sur la rive droite de la Meuse (Caùriëres et Bezonvaux), lutte d'artilleMe d'une vive intensité.

Sur le; front italien, les Austro-Allemands, ayant .concentré leurs efforts contre le saillant du mont Solarolo, se sont heurtés par deux fois à une vigoureuse résistance; des Italiens qui les ont décimés. 20 décembre,;— Attaques et coups de main allemands .= repouèsés, à Paschéndaele, au Four de Paris (Argôhne) -'. età ftegnéville ^oêyre); ; .-,..',

Duel d'artillerie au sud dé .luvincourt et en Argpnne.; ;.,'-\. .,-"'.- - ,-,."■

Canonnade à l'Hartmannswillerkopf et au Schoenholz. . ■;■■:/:•';; ] ,..-■ '.,'• . . .-'■"

Sur le front italien, les Austro-Allemands, ayant

attaqué à nouveau sur une large étendue dans la zone montagneuse^ ne remportent que de légers avantages et subissent de graves pertes.'

21 décembre: — Echec en Lorraine (Reilloh) d'une forte attaque allemande. ,. :

En Haute-Alsace nous repoussons un important coup de main sur nos positions du Gluckerveld.

Sur lé front italien les Austro-Allemands subissent deux graves; échecs,sur le front Tasson-col dell'Orso. et au mont Solarolo,

Sur la vieille Piave, activité locale de combat. Toutes les tentatives ennemies pour passer le fleuve ont été déjouées. •,

, 22 décembre. — Sur le front britannique, au nordest de Messines, échec d'une tentative allemande. En Alsace,nosfeux brisent uneattaque ennemie.

Les. Italiens, sur le mont Àsoione, enlèvent aux AustrO'-Allemands une grande partie des gains qu'ils avaient pu faire lé 18 et brisent une contre-rattaque autrichienne.

23 décembre. —: Sur le front britannique, échec de coups de maip ennemisversla routeBapaume à Cambrai, Monchy-le-Preux et sud-est d'Armentières. . , Action s d'artillerie' sur une grande partie du front, v . de Saint-Quentin en Haute-Alsace. r G'o mbats par tiels à no tre- avantage, à Be zon vaux et à Mpronvillers.

Sur le fi>ont italien les Autrichiens sont repoussés vers ©steria di Lèprey au mont-Solarolo et sur le plateau d'Asiago. : ; ••.,,;:'' \ 2'4 décembre: ^- Rive droite de la Meuse : duel d'artillerie;. '..'•''■ :;-. ;"-.',. v Echec d'un coup de main allemand au bois des Càurières.

Sur le front italien, petites rencontres d'importance locale au nord de Pédèscala, surla rive gauche, de, l'Assa, à l'ouest d'Osteria di Leprè. Echec d'une tentative autrichienne ad mont Solarolo et, au val Galemo. ■■••' :'. .-;" '■'.:-'"-;. '■ ---v^''

Le général Guillaumàt remplace: â Saîonique le ' général Sàrrail,


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LE MAGASIN PITTORESQUE

^■-décembre. — Sur le front britannique, un détachement ennemi est repoussé sur la route de Menin.

Sur la rive droite de laMeuse,, échec de deux coups de main adverses (Gaurières et Bezonvaux). ' '"

26 décembre. — Echec d'un coup de main ennemi sûr nos positions du bois des Càurières.

Combats partiels à notre avantage sur plusieurs points du front.

Sur le front italien, la bataille continue acharnée sûr le plateau d'Asiago. Les contre-attaques de nos alliés ont arrêté l'ennemi et ramené le combat sur les positions évacuées par eux précédemment.

Lesaviateurs anglais bombardent les aérodromes de Flandre et de Maiiheim sur lé Rhin.

27 décembre. — Nous ; repoussons deux violentes attaques au bois des Caurièreç. ■-,....

Région de Saint-Quentin et Haute-Alsace, nos patrouilles pénètrent dans les tranchées allemandes et font des prisonniers.

Sur te front italien, la lutte a repris dès l'aube sur le plateau d'Asiago. L'ennemi concentre ses efforts entre le col llosso et le val Frenzela; il est contenu de face et ne peut dépasserle village de Sasso.

Sur la gauche de la Brenta, tentative d'attaque enrayée. -

L'amiral Jellicoé, qui était le chef effectif de la marine anglaise, est promu àla'pairie et.remplacé par l'amiral Rosslvn Wemmis.

28 décembre. '■— Sur la rive droite de la Meuse, lutte d'artillerie au nord dp bois de's Gaurières.

Nos batteries dispersent des troupes ennemies qui se rassemblaient au nord-ouest de Bezonvaux en leur infligeant des pertes..

29 décembre. — Sur le front britannique, dans la, région des Gaurières, sur le front portugais grande acli-vité d'artillerie.

En Lorraine, dans le secteur de Velio, échec d'un ' coup de main allemand.

Sur le front italien, une compagnie italienne exécute un heureux coup demain sur le plateau d'Asiago.

Petits combats partiels entre Lésine et Çanove, dans le val Giudicaria et levai Lagarina. Canonnade de la Brenta à la côte. .

30 décembre, r-7 Sur le front belge, canonnade de représailles sur lés organisations ennemies.

Activité dé l'artillerie britannique. Recrudescence d'activité de l'artillerie ennemie (Ypres, Polygone, Passchendaele, Langemark).

Lutte d'artillerie moyenne sur la plus grande partie du front. ••

3.1 décembre. — Sur le front britannique, échec allemand sur la voie ferrée d'Ypres à Stàden, ainsi qu'au nord de Passchendaele.

Insuccès de coups de main ennemis sur nos petits postes au sud de Saint-Quentin (Bezonvaux .et Vauquois). Sur le front italien, actions d'artillerie. Un-conflit a surgi à Brest-Litowsk entre les délégués maximalistes et les plénipotentiaires dés empiras; centraux au sujet de l'évacuation de la Pologne, Àé/$$. Lithuanie, de la Courtaude parles troupes austro-allemandes. ' ' ' f -"-^ ■'

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l' 1 janvier. —Sur le front britannique, l'ennemi près Cambrai attaque sur trois kilomètres /dans la région de la crête Welsh et s'empare dedeux saillantsque lui reprennent les Anglais dans une lutte'énergique.

Sur le front belge, reconnaissance allemande repôussée.

. Au nord-ouest de Reims actions d'artillerie. Au Chemin des Dames et vers Bezonvaux,, rencontrés de patrouilles.

Sur le front de Macédoine, action d'artillerie.

Sur lé,front italien, les troupes françaises remportent un brillant succès. Elles enlèvent le mont Tomba aux Autrichiens et s'emparent de 48"officiers, 1400 hommes et 7 canons.

2 janvier. — Sûr le front britannique, échec d'une nouvelle attaque allemande contre la crête de Welsh sur une largeur de 1200 inëtres au sud dé la Scarpe.

Activité des deux artilleries.

Echec d'un coup de main sur nos postes au sud-est de Beaumont. ' ' ■

En Palestine, les Anglais ont avancé leur ligne yers Jérusalem, faisant 759 prisonniers dont 39 officiers. ,

Sur le front italien, l'ennemi est obligé d'abandonner, avec de graves perles, la tête de pont de Zenson sur la Piave et à passer sur là rive gauche du deuve. Nos alliés ont repris possession de toutela boucle.

3 janvier. —. Sur le iront belge, un détachement ennemi protégé par de. violents barrages étant parvenu à prendre pied dansun despostesde la région de Merckem, en est aussitôt délogé par une'vigoureuse contre-attaque. x - -

Canonnade en plusieurs points du front.

Succès d'un coup de main dans la région de Cour- ... tecon d'où nous ramenons des prisonniers.

Les Maximalisf es .russes ont envoyé une sommation à la Roumanie dont ils dénoncent l'accord avec ftalé-.^ dine et les Cosaques.'

Par contre, ils ont décidé de reconnaître, sous certaines conditions, l'indépendance finlandaise. .

4 janvier. — Sur le front britannique, échec de coups de main allemands au sud-est de la Basses et région d'Oppy.

Vives actions d'artillerie sur le front de l'Aisne dans le secteur Maisons de Champagne, et sur là rive droite de la Meuse. ' ■

Complet échec do deux coups de main ennemis au. sud de l'Oise et au Cornillet. . '

Au nord-est de la Pompelle, un raid heureux nous donne des prisonniers.

Sur le front portugais, échec d'une tentative ennemie sur la première ligne.

5 janvier. — Sur le front anglais de Cambrai, combat local. Nos alliés ont légèrement, avancé au sud de Lens. -' . - ^

Dans la .région de Juvincôurt, échec de divers coups de main allemands sur nos petits pestes.

En Champagne, et rive droite de la Meuse, la lutte d'artillerie a été violente. -

Eîf Haute-Alsace, en face d'Aspachi lés Allemands, r^idàul^une tentative d'attaque, ont subi un gros échec .^et-dési^r-tessensibles..

En \tt^li^ nous avons fait dés prisonniers sur le V> Mlntéûâeal

-\ Y. V-/£*./

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Saint-Germam-lès-Gorbeil. — Imp. F. LEROY.\ .?>■,„,-f*AV/ '« Gérant : G. DEVÈZE.

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Texte détérioré — reliure défectueuse

NF Z 43-120-11