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Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1900-10-11

Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 123753

Description : 11 octobre 1900

Description : 1900/10/11 (Numéro 6073).

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5583201

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 21/04/2008

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LES ëfiis DAIS L'ARMÉ( Pour avoir quelque idée des ravagés opérés dans le sens commun de nombre de gens par quelques années de milita- risme clérical, il faut lire les réflexions que les plus récentes mesures du général André inspirent à la presse réactionnaire. Soit en ce qui concerne SaintCyr, soit en ce qui concerne le tableau d'avancement, le général a tenu à prononcer comme il l'entendrait, sans être lié par les «propositions » impératives de ceux qu'il a sous ses ordres. Jusqu'ici, on avait cru qu'à quelque parti qu'il appartînt, tout cerveau resté dans un état de santé moyen était de force à comprendre ces deux vérités, qui ne semblent pas de nature à échapper à M. '"de La Palisse à savoir qu'un chef d'armée n'a pas à subir l'autorité de ses subordonnés au point de vue des nominations qu'il signe, et qu'un ministre doit être le maître des choix dont il répond devant le Parlement et le pays.

Il faut bien le dire, on était arrivé, ce point de vue, dans ces dix ou vingt dernières années, àtun état dé choses incomba dans le restbdu monde, comme dans l'histoire des autres régimes français. La première conception qu'éveille l'idée d'une armée, c'est celle d'un corps fortement organisé, soumis à une hiérarchie puissante et voué à la loi d'une obéissance tout à fait anormale pour l'humanité, mais nécessaire pour les opérations de guerre; le tout afin de plier les mouvements de centaines de milliers d'hommes à l'unité de vues et d'action sans laquelle il est impossible de remporter, ou même de préparer, des victoires. Eh bien! on avait changé tout cela. Les prétentions des états-majors avaient trouvé des complaisants infatigables, notamment, pour notre armée de terre, ce bon M. de Freycinet, dont le cœur aimant a tant 'besoin d'affections et de portefeuille qu'il n'a jamais, su rien refuser à personne. A la marine, M. de. Freycinet avait eu des élèves ou des. précurseurs. On avait vu se succéder à la tête-de nos deux armées des militaires et des civils qui ne semblaient avoir qu'une pensée celle de demander pardon aux chefs placés sous leurs ordres de la liberté grande qu'ils avaient prise de se trouver nominalement à leur tête,. Les visiteurs de l'Exposition curieux de voir un échantillon de cette sorte d'hommes en trouveront encore un qui ne dépare pas la collection. Après avoir visité le Petit-Palais, ils n'ont qu'à sortir par la porte ornée de verres de couleur au-dessus de laquelle plane la gracieuse figure appelée « Notre-Dame de chez Maxim ». Ils traverseront la place de la Concorde et entreront, rue Royale, dans la première maison à droite. Là, au premier au-dessus de l'entresol, ils trouveront un ministre dont les amiraux n'ont pas encore lassé la docilité, quoiqu'ils le rudoyent, dit-on, comme s'ils le prenaient pour leur brosseur confusion que les antécédents distingués de ce personnage, comme député et comme administrateur, ne justifient en aucune façon. A la suite ge ces défaillances successives, il s'est établi dans nos deux armées une situation où, en fait, le chef théorique était de plus en plus paralysé. Soit qu'il s'agît de décisions sur les choses ou sur les personnes, des autorités rivales et ayant parfois l'avantage d'être permanentes chef d'état-màjor, généralissime, comités, inspecteurs,etc., sans compter les tout-puissants bureaux décidaient à peu près de tout. Surtout en ce qui concerné le personnel, le ministre ne faisait plus guère que contresigner les présentations des commissons, dont les mobiles échappaient à la [ois à sa surveillance et au contrôle de l'opinion publique. Je laisse à penser ce qu'il adviendrait de la défense nationale si l'on ne mettait ordre à ce pêle-mêle. C'est ce que fait, peut-être trop timidement encore, le général André. Songez qu'avec les règles admises naguère dans nos deux armées, le ministre n'avait pas le droit de nommer un lieutenant si ses subordonnés ne le proposaient pas à son choix Et c'est là le régime que regrettent les prétendus amis de l'armée ? Il a tout au moins deux légers défauts l'un théorique, l'autre pratique.

Le premier, c'est d'être absolument inconstitutionnel. La règle fondamentale de toute démocratie, le, principe même non seulement de la République, mais de toute monarchie libérale, c'est la responsabilité de celui qui détient le pouvoir devant le pays. Que devient cette responsabilité si celui qui en est chargé n'est pas libre et s'il n'a d'autre pouvoir que celui d'homologuer les choix de commissions irresponsables, presque anonymes, puisqu'on ne peut jamais savoir de quoi s'y compose la majorité? Si des abus révoltants se glissent dans l'avancement, à qui pourrait-on s'en prendre avec le régime que le général André aie bon sens de détruire? On va jusqu'à lui reprocher de donner à ses successeurs le droit de ne pas tenir compte des tableaux d'avancement dressés par lui, chaque ministre restant libre de refaire le travail. Et comment

en serait-il autrement, au point de vue constitutionnel ? Imaginez-vous le ministre qui possède, à un moment donné, la confiance des Chambres, lié par lès décisions du ministre qu'elles ont renversé parce qu'elles condamnaient sa politique Une telle conception est absurde à tous les points de vue: pour les partisans du régime parlementaire,puisqu'elle met l'autorité de comités obscurs et passagers au-dessus de celle de la représentation nationale pour les, parti- sans du régime dictatorial, puisqu'elle réduit à l'impuissance le dictateur dont on attend le salut. C'est un pur non-sens dans tous les systèmes.

Reste le point de vue pratique. On qualifie d' « arbitraire » le pouvoir que le ministre reprend pour lui. Et quel arbitraire peut être plus insupportable que celui d'inconnus, absolument irresponsables, libres de donner satisfaction, dans des choix dont ils n'auront à rendre aucun compte à personne, à leurs relations de famille d'un côté, à leurs rancunes ,de l'autre,? n'y a qu'un cri en France contre les résultats d'un tel système: les hauts grades devenus héréditaires tous les bons postes réservés ou aux fils d'archevêque ou aux off!- ciers attachés au servicede la personne; l'exclusion, à peu près absolue, des roturiers sortis du rang; des haines obscures et implacables réduisant les meilleurs à quitter l'armée. La prérogative reconquise du ministre est-elle une pa- nacée ? Non il y a eu, il y aura encore, dans tous les systèmes, bien des faveurs non motivées, bien des animosités in- justes. Mais comment ne point voir qu'elles seront forcément moins nombreuseset moins fortes, avec l'organisation nouvelle, pour deux raisons d'abord, parce que le ministre doit rendre compte de ses abus de pouvoir à la tribune, s'il en est requis; puis, parce qu'il 1 est étranger à toutes les passions locales et que,dans la plupart des affaires de détail, il n'a aucune raison d'avoir un parti pris? Enfin; il faut bien croire qu'il mérite plus de confiance que ses subordonnés, puisqu'on l'a chargé de les commander. s ;• Garante Pelletais.

DE MIDI A MINUIT

Les faits d'hier -r- En France et à l'étranger. Le gouvernement d'Alsace-Lorraine vient d'apporter un léger adoucissement à l'obligation du permis préalable de séjour pour les militaires français et les émigrés. En cas d'urgence, pour assister aux ousèques de parents très proches, les personnes visées par cette décision peuvent franchir la frontière, après avoir expliqué par télégramme au gouverneur du Reichsland les motifs de leur voyage. Elles devront.en outre, se présentera la mairie de la commune où elles se rendent.

On annonce d'Ajaccio que M. Mougeot, sous-secrétaire d'Etat des postes et télégraphes, se trouvant indisposé, rentrera en France, si son état le permet, sans attendre l'arrivée des ministres de la guerre et de la marine.

Les élections anglaises se poursuivent, et le nombre des voix obtenues par les candidats de l'opposition augmente. L'écart'entre les deux fractions n'est plus que de 45,000 environ, bien que les ministériels aient, jusqu'ici, obtenu 336 sièges contre 184. Les libéraux ne perdent plus que 4 sièges. M. Chamberlain fait démentir qu'il ait déclaré vendu aux Boers tout siège perdu par le gouvernement; il a seulement voulu dire gagzié par les Boers. La calomnie est un peu moins infâme. L'insolence n'est guère moindre. Un des libéraux, que M. Chamberlain, croyait avoir anéanti en publiant sa correspondance avec les Afrikanders, est réélu.

Une réponse vient d'être faite par le ministère russe aux doléances des négociants français sur le régime qui leur est fait en Russie. Les solutions intervenues donnent, en. grande partie, satisfaction à ces justes réclamations.

Le nombre des Bulgares expulsés de Roumanie dépasse à présent 3,000. Le ministre de Sofia a envoyé une note concernant ces expulsions qui toutes, suivant lui, ne seraient pas justifiées.

Au Canada, la lutte électorale est fort vive. Chose curieuse, le parti anglais conservateur accuse M. Wilfrid Laurier, présidezrt du conseil, Canadien français, d'être trop Anglais. M. Laurier a, en eiiet, donné iL M. Chamberlain des gages de docilité que la plupart des Canadiens français trouvaient excessifs. Si les Anglais sont de cet avis, la cause est entendue.

De Chine, dépêches toujours contrad1ctoires ou tendancieuses. C'est au Japon qu'on semble avoir la plus grande clairvoyance au sujet de ces intrigues de la cour chinoise. Mais, sur les auaires mêmes qui intéressent les alliés, les télégrammes ne concordent pas. Les Américains acceptent en principe les propositions de M. Delcassé. Ils ne font de réserve que sur l'importation des armesmodernes. Au Transvaal, les Anglais ont réoccupé les trois villes du sud de l'Orange où Dewet avait été renouveler ses approvisionnements. On signale à présent Dewet au nord de l'Orange, à Vredefoort. Cette fois, on croit bien le tenir Le général Buller quitte Lijdenburg, où il s'ennuyait et avait froid. Il revient vers le sud. Les généraux anglais se promènent beaucoup. Mais l'ennemi réapparaît toujours où il n'est pas attendu. Les Boers ont encore certainement plus de 20,000 hommes sous les armes.

Ce n'est pas cent mille signatures qui sont venues d'Allemagne et de Hollande pour attester l'hommage des citoyens de ces pays au président Krüger c'est un million cent mille

C'est dans LE MATIN que paraîtra, tout prochainement, le roman si impatiemment attendu que PIERRE SALES vient d'écrire sur la Jeunesse française

GES HABITS ROUGES

FILS spÊ0yil^^ MQMBË

I RÉPONSE DE M. DUCOS, RÉSIDENT SUPÉRIEUR AU CAMBODGE

Les quarante piastres de lukaothor L' « affaire » des jeux Serments de roi t– Tripots ambulants Petits noms d'oiseaux Norôdom

à la chaîne.

[Nous avons publié, il y a quelques jours, il titre documentaire, le mémoire du prince lukanthor; sorte de réquisitoire accusateur contre l'administration française au Cambodge. Il nous ,a paru intéressant et équitable à la fois d'aller demander une réponse à la haute personnalité qui, la plus visée dans ce factum, était en même temps la mieux placée pour le discuter avec autorité, c'est-à-dire à M. Ducos, résident supérieur au Cambodge, chef suprême du protectorat français dans ce pays.

M. Ducos, ancien lieutenant-gouverneur de Cochinchine, ancien procureur général au Tonkin, officier de la Légion d'honneur, est l'un de nos grands fonctionnaires coloniaux les plus distingués. Il est en ce moment en congé en France, il a bien voulu faire au représentant du Matin l'honneur de lui confier ses déclarations.] Le résident supérieur au Cambodge s'exprime ainsi

J'estime que c'est, bien entendu, mon droit et mon devoir de fonctionnaire de la République française de réfuter les critiques, dévoiler les mensonges, et dé- noncer les calomnies qui forment, d'un bout à l'autre, le mémoire du prince Iukanthor.

Tout d'abord, lukanthor est un véritable imposteur, lorsqu'il se présente et parle au gouvernement français comme « prince héritier » du roi Norodom.. Il n'est rien à la cour de Pnom-Penh rien que l'un quelconque des trente-quatre enfants du roi. Et il est loin même d'en être le préféré. Bien au contraire, il fut toujours, jusqu'à ces derniers temps, le mauvais' fils détesté dans la famille. En voici la preuve dans un fait matériel caractéristique Le roi Norodom, qui touche lui-même la dotation, d ailleurs modeste, que nous lui payons pour ses enfants, et qui la répartit entre eux à son gré, n'attribuait mensuellement à lukanthor que quarante piastres, alors qu'il en donnait à peu près cent à chacun de ses autres enfants. Depuis quelque temps, il était rentré en faveur par suite d'intrigues intimes. La favorite actuelle du roi est, en effet, la belië-mère de Iukanthor, et même sa bellemère à .doublé titre, d'une part comme femme de Norodom son père, d'autre part' parce que lukanthor épousé une fille de cette femme car là-bas on convole ainsi entre membres de la même famille. 'Le prince Iulcanthor, intelligent, intrigant, audacieux, a' paru momentanément à Norodom, qui ne l'aime ni ne l'estime, un .instrument propre à servir ses meMais il n'a, ni en droit, ni en fait, aucun titre à succéder auxoi actuel, ainsi que le Matin l'a déjà dit.. Les trente-six bêtes.

Ii faut, dans le ramassis de faits calomnieusement présentés par le prince dans son mémoire, et sur chacun desquels je m'expliquerai, dégager tout d'abord celui qui, malgré les récriminations accessoires dont il est sournoisement enveloppé à dessein, constitue l'objet principal, lo seul objet de la tentative avortée de lukanthor. C'est la question des jeux.

C'est uniquement sur ce point que porte la campagne louche à laquelle se livre la cour de Pnom-Penh, mal conseillée par des gens intéressés.

Campagne coûteuse, car je sais pertinemment que le roi Norodom a envoyé en France, en dehors de ce qui a pu être confié à Iukanthor, de quatre-vingt, à cent mille piastres, destinées à payer des concours, à acheter des influences.

Or, dans cette alfaire des jeux (c'est bien une « affaire » pour certains), le roi Noro- dom avait usé déjà de tous les subter- fuges, de toutes les habiletés, je puis dire de toutes les indélicatesses.

Pour l'édification publique, faut rapporter en détail les divers inciaents qui ont abouti à la situation actuelle.

Dès mon arrivée au Cambodge comme résident supérieur, en remplacement de M. de Verneville mis à la retraite, ma première préoccupation fut d'arriver à la suppression des jeux.

Pour qui, comme moi, a vécu longtemps en Extrême-Orient, cette mesure s'impose. Les jeux pratiqués en ces pays sont l'exploitation immorale et scandaleuse, des pauvres gens au profit des tenanciers de jeux qui, eux-mêmes, paient sur leurs bénéfices iUicit s des redevances énormes aux hauts mandarins et à la cour. Tout l'argent du peuple cambodgien allait, par le jeu, dans la poche des grands de là-bas. Il en résultait un état général de misère et une dépopulation toujours croissante, car les indigènes ruinés désertaient peu à peu le pays.

A cette époque, c'est-à-dire au commentcement de 1897, la fièvre des jeux et tous les autres abus commis par l'administration cambodgienne avaient conduit la population à un état d'énervement tel que l'on pouvait craindre un bouleversement général, une véritable révolution. Une tolérance prolongée.

M. Doumer vint en 'hâte dans la capitale, à Pnom-Penh. Là, non point par la menace, comme le prétend Iukanthor, mais par les nécessités de la situation qui s'imposèrent à Norodom lui-même, il décida le roi à un ensemble de réformes radicales et essentielles.

M. Doumer m'invita à préparer un-traité, ce fameux traité de 1897 visé par le- prince et qui confiait au proteclorat français tous les rouages administratifs. J'insérai dans ce traité une clause abolissant formellement les jeux, comme cela avait eu lieu au Tonkin et en Cochinchine. Toutefois, après pourparlers,et pour ne pas faire des modifications trop brusques, on atténua cette clause.

'II fut convenu que les jeux seraient encore tolérés provisoirement jusqu'au lor janvier 1899, date d'expiration du contrat passé avec un, fermier chinois nommé Loc-Vaihin, mais que la ferme ne serait pas renouvelée, que -le fermier resterait le même, et que le prix de fermage ne serait pas augmenté le protectorat français déclinant d'ailleurs toute ingérence dans cette affaire et toutes responsabilités possibles. Cependant, il me revint ensuite que, de temps en temps, oubliant notre accord formel, le roi Norodom exigeait du fer-

I mier Loc-Vaihin des augmentations de la redevance de 40,000 dollars primitivement fixée; le fermier, qui ytrouvait néanmoins son eomp'e, payait secrètement.

L'expiration normale du fermage arriva enfin. Sur les nouvelles supplications de Norodom, qui fit agir des intluences pressantes, M. Doumer avait décidé que, par une nouvelle tolérance, la fermetés jeux serait encore prorogée pendant un dernier délai supplémentaire de six mois,^ à dater du 1er janvier 1899.

Mais alors le fermier Loc-Vaihin vint .lui-même me déclarer que, malgré lés augmentations de redevance qu'il avait ilj licitement consenties, Norodom allait lui enlever la ferme pour la donner à un autre Chinois, Liou-Kiou, qui lui offrait 140,000 dollars et 400 taëls d'or.

C'était la violation flagrante des conditions imposées par l'administration française, qui avait interdit tout changement de fermier et toute augmentation de prix.

Je me décidai à demander au roi des explications formelles. Comme je connaissais sa duplicité et que je voulais, en cette afl'aire, avoir à invoquer au besoin un témoignage irrécusable, je choisis pour interprète dans le débat le résident même de Pnom-Penh, le docteur Hahn, qui précisément était en relations particulièrement amicales avec Norodom, et qui parle admirablement la langue cambodgienne. Dans notre entrevue, je reprochai au roi ses manquements à la parole donnée. Je le menaçai de supprimr immédiatement les jeux. Le roi se répandit en doléances, me reprocha de vouloir le priver d'une redevance élevée, de lui infliger une perte énorme, de le réduire à la misère. Je demeurai inflexible.

Alors Norodom, qui je m'en souviens comme si la scène était 'd'hier était couché, les deux pieds noués par la goutte, se leva tout à coup, et, me prenant les deux mains, d'une voix émue me dit Je ne veux pas qué nous nolis 'séparions en mauvaise intelligence. Je me soumet. Acceptez la prorogation, et jp vous promets, je vous jure que je ne changerai ni le feraner ni le prix de la ferme. Jeux forains.

Or, quelques mois après, j'apprenais que Nprodom, oubliant une fois de plus la parole donnée, confiait les jeux à un autre Chinois qui lui payait une redevance supérieure.

Bien plus, afin de développer davantage la funeste passion chez les Cambodgiens, et, par là, d'augmenter les produits, le nouveau fermier avait institué de véritables tripots ambulants.

Des tenanciers de jeux s'en allaient, en roulottes, dans les'villages les plus éloignés du pays Là, des baladins attiraient par des divertissements les indigènes. Puis, à l'issue du spectacle, les jeux commençaient, en plein air, et duraient toute la nuit. C'était intolérable. Le roi avait bafoué en ma personne le représentant de l'autorité française. Je ne pouvais laisser sans sanction un tel afiront à notre autorité. Et voilà pourquoi et à la suite de quel scandale j'ai, avant mon départ en congé, décidé la suppression absolue des jeux, mesure qui a été ensuite approuvée par M. Doumer, ainsi qu'en témoigne la signification qu'en a faite de nouveau au roi M. Luce, mon successeur intérimaire. Le brave docteur Hahn, témoin et interprète dans le débat que je viens de rapporter, et cependant un ami du roi, ne put s'empêcher de médire, d'un ton attristé, en apprenant les faits: « Vraiment, je ne croyais pas que Norodom fût aussi fourbe. »

C'est, d'ailleurs, cette fourberie constante qui rend difficile au Cambodge l'administration française; et oblige les résidents à rappeler sans cesse au roi'et à la cour, par des actes de sévérité, cette autorité dont le prince Iukanthor parle avec amertume, mais avec des allégations tout aussi inexactes que saversion de l'affaire des jeux.

Prétendus terroriseurs.

Il accuse tous les résidents, et moi en particulier, de terroriser dé « persécut r » le roi, et de le « bafouer », de le tourner en dérision.

Je sais bien que M. Jean Hess, pour me remercier sans doute de l'accueil 'et. des soins particuliers qu'il reçut de moi à Pnom-Penh, lorsqu'il y arriva malade, a écrit que j'avais dit de Norodom, dès ma première conversation avec lui: «Quand donc serons-nous débarrassés de ce macaque » Celte expression d'un goût douteux n'est pas dans mes habitudes dé langage. Au surplus, on comprend bien que, chef du protectorat à Pnom-Penh, tenu par là à la réserve* à là dignité de mes fonctions, je n'eusse pas risqué une telle confidence, surtout dès l'abord, avec cet inconnu, ce premier venu qu'était pour moi M. Jean Héss."

liais. au contraire, je n'ignorais pas que de, l'autre côté, à la cour, on n'observait pas la même correotiori. Il est dans les usages de Norodom, de Iuhanthor et des personnages de leur entourage de me désigner, lorsqu'ils sont mécontents et ils le sont à peu près toujours par ces appellations pittoresques le grand serpent, le rhinocéros, etc., qui prennent dans leur langue et dans leur bouche une signification injurieuse. Je n'ai pas la mesquinerie de m'en offenser personnellement. J'en souris avec quelque dédain et je n'en ai jamais montré aucune rancune- Je sais que Norodom et les siens n'ont pas pour moi une affection bien profonde, malgré leurs continuelles protestations de respect et de dévouement.

Je leur ai particulièrement déplu, et il est telles choses qu'ils ne m'ont pas pardonnées.

C'est, d'abord, d'avoir, dès mon arrivée, supprimé l'esclavage, d'avoir enlevé à. Norodom, pour en faire des hommes libres, les six mille esclaves qu'il possédait. Je n'ai pris là qu'une mesure de simple humanité et de civilisation dont nul, sans doute, ne me blâmera.

Je me suis même montré, dans la cir-

constance, d'une condescendance extrême pour le roi, car je lui ai fait attribuer, en compensation de la suppression de ses esclaves, les quinze cents dollars par an que produit l'impôt de capitation correspondant à ces individus devenus des citoyens. Quant à cette accusation précise portée par Iukanthor, d'avoir moi-même dit a son père, un soir de fête au palais C'est demain que je vous envoie au bagne »,elle est tout simplement un mensonge. Je n'ai point tenu un tel propos. J'ai dû me montrer quelquefois ferme et sévère envers le roi, jamais avec excès.

Le conseil des ministres.

Le conseil des ministres, qui gouverne en réalité sous la présidence du résident supérieur, est composé d'indigènes intelligents, probes, dévoués à la France, et, par là, à leur propre pays.

Le premier ministre Oum, qui est l'objet de la haine de Norodom,. de lukanthor eut de quelques autres mandarins, est un homme intègre que l'on respecte et.qui nous a toujours rendu les plus grands services.

Norodom le traite en ennemi pour une cause ancienne. C'est que, un jour où mon prédécesseur, M. de Verneville, avait cru devoir prendre une mesure sans doute, trop brutale, et avait fait mettre le roi à la chaîne dans son propre-palais, ce fut 1 Oum qui, "comme premier ministre, fut bien obligé de faire exécuter la décision, sous peine de désobéissance aux ordres de l'autorité française. Et Norodom ne lui a jamais pardonné cet affront, dont il ne fut cependant pas responsable.

Evidemment, le prince Iukanthor est logique en considérant comme ennemis ces véritables amis de la France. En revanche, il comble de ses éloges et glorifie de son estime le secrétaire de la cour. Malh ureusement, ce personnage, sur la poitrine duquel on voudrait déshonorer la croix de la Légion d'honneur, a été condamné à trois ans de prison pour abus de confiance et escroquerie. Il y a dix ans de cela, et il n'a pas pu se faire réhabiliter. RAPPORTS DU MINISTRE DE LA GUERRE DÉCRETS DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

Le Journal officiel publie, ce matin, les documents que l'on va lire

LA CROIX DE PARIS

RAPPORT

AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Paris, le 9 octobre 1900.

La Ville de Paris, depuis plus d'un siècle, a montré que ses habitants savaient défendre, avec un égal dévouement, nos frontières et nos libertés.

Ses enfants se sont montrés en 1870-1871 les dignes émules de leurs ancêtres de 1792 et de

Le gouvernement estime qu'il est nécessaire de perpétuer ces souvenirs par un témoignage éclatant de la reconnaissance nationale..

Si vous partagez cette manière de voir, nous vous prions, monsieur-le président, de vouloir bien revêtir de votre signature le décret ci-joint.

Veuillez agréez, monsieur le président, l'hommage de notre respectueux dévouement.

Le ministre de la guerre,

Gal L. ANDRÉ.

Le président du conseil, ministre

de l'intérieur et des cultes,

WALDECK-ROUSSEAU.

Le gai'de des sceaux, ministre

de la juslice,

MONIS.

Le président de la République française, Vu l'avis émis par le conseil de l'ordre de la Légion d'honneur dans sa séance du 4 octobre 1900,

Sur la proposition du président du conseil, ministre de l'intérieur et des cultes, £t des ministres de la justice et de la guerre, t

Décrète

ARTICLE premier. La Ville de Paris est autorisée à faire figurer dans ses armoiries la croix de la Légion d'honneur.

ART. 2. Le président du conseil, ministre de l'intérieur et des cultes, et les ministres de la justice et de la guerre sont chargés de l'exécution du présent décret.

Fait à Paris, le 9 octobre 1900.

Emile LOUBET.

Par le président de la Républiqüe Le ministre de la guerre,

Gal L. ANDRÉ.

Le garde des sceaux, ministre

de la justice,

MONIS.

Le président du conseil,ministre

de l'intérieur et des cultes,

Waldeck-Rousseau.

LA CROIX DE BAZEILLES RAPPORT

AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Paris, le 9 octobre 1900.

Les habitants de la Ville de Bazeilles.ont donné, en 1870, les preuves éclatantes de leur abnégation et de leur esprit de sacrifice à la patrie.

Le gouvernement estime qu'une récompense exceptionnelle perpétuerait le souvenir d'une conduite digne de servir d'exemple aux générations futures. Si vous approuvez cette manière de voir, nous vous prions, monsieur le président, de vouloir bien revêtir de votre signature ledécret ci-joint.

Veuillez agréer, monsieur le président, l'hommage de notre respectueux dévouement.

Le ministres de la guerre,

G»i André.

Le garde des sceaux, ministre

de la justice,

MONIS.

Le président du conseil, ministre

de l'intérieur et des cultes,

Waldeck-Rousseau.

Le président de la République française, Vu l'avis émis par le conseil de l'ordre de la Légion d'honneur dans sa séance du 4 octobre 1900,

Sur la proposition du président du conseil, ministre de l'intérieur et des cultes,

et des ministres dé la justice et de la guerre,

Déérète

ARTICLE PREMIER. La Ville de Bazeilles est autorisée t'aire dans ses armoiries la croix de la Légion d'honneur.

Art. '2.– Le président du conseil, ministre de l'intérieur et des cultes, et les ministres de la justice et delà guerre sont chargés de l'exécution du présent décret. Fait à Paris, le 9 octobre 1900.

Emile Loubet.

Par le président de la République

Le ministre de la guerre,

Gai l, André.

Le garde des sceaux, ministre

de lajustice,

MONIS.

Le président du conseil, ministre

de l'intérieur et des cultes,

Waldeck-Rousseau.

LA CROIX DE LILLE

RAPPORT

AU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE Paris, le 9 octobre 1900.

Parmi les décrets de la Convention nationale déclarant que certaines communes de la République ontbien mérité de la patrie, il s'en trouve qui ont été rendus pour récompenser spécialement l'attitude patriotique et courageuse des habitants de cités qui avaient .'eu à .repousser" l'attaque de l'ennemi ou à soutenir un siège.

Tels sont le décret du 12 octobre concernant la Ville de Lille et celui du 19 vendémiaire an IV, concernant la Ville de Valenciennes.

Depuis lors, pour honorer le dévouement des cités qui se sont distinguées dans des circonstances analogues, telles que Belfort, Saint-Quentin, Châteaudun, Dijon, le- gouvernement a autorisé ces cités à faire figuter dans leurs armoiries la croix de la Légion d'honneur.

Il paraît équitable de décider que le même droit sera conféré mx Villes de Lille et de Valenciennes.

Cette décision serait d'ailleurs conforme à un précédent d'une analogie frappante. Lors de l'institution de la Légion d'honneur, les militaires qui avaient reçu des armes d'honneur à titre de récompense nationale furent de droit admis dans l'ordre de la Légion d'honneur.

Si vous approuvez cette manière de voir, nous vous prions, monsieur le président, de vouloir bien revêtir de votre signature les décrets ci-joints.

Veuillez agréer, monsieur le président, les assurances de notre respectueux dérvouement.

Le ministre de la guerre,

.̃ G^i L. ANDRÉ. Le garde des sceaux, ministre de la justice,

MONIS.

Le président du conseil, ministre

de. l'intérieur et.des cultes,

Waldeck-Rousseau.

Le président de la République française, Vu le décret, en date du 12 octobre 1792, par lequel la Convention nationale a déclaré que les habitants de Lille ont bien mérité de la patrie:; Vu l'avis émis par le conseil de l'ordre de la Légion d'honneur, dans sa séance du 4 octobre 1900;

Sur la proposition du président du conseil, ministre de l'intérieur et des cultes, et des ministres de* la justice et de la guerre,

Décréte

ARTICLE PREMIER. La Ville de Lille est autorisée à faire figurer dans ses armoiries la croix de la Légion d'honneur.

ART. 2. Le président du conseil, ministre de l'intérieur et des cultes, et les ministres de la justice et de la guerre sont chargés de l'exécution du présent décret. Fait à Pans, le 9 octobre 1900.

EMILE LOUBET.

Par le président de la République

Le ministre de la guerre,

Gat L. ANDRÉ.

Le garde des sceaux, ministre

de la justice,

MONIS,

Le président du conseil, ministre

de l'intériçur et des cultes,

WaldeckR-ousseau.

LA CROIX DE VALENCIENNES Le président de la République française, Vu le décret en date du -19 vendémiaire an IV, par lequel la Convention nationale a déclar que la commune de Valenciennes a bien mérité de la patrie

Vu l'avis émis par le conseil de l'ordre de la Légion d'honneur dans sa séance du 4 octobre 1900

Sur la proposition du président du conseil, ministre de l'intérieur et des cultes, et des ministres de la justice et de la guerre;

Décrète

Article premier. La Ville de \alencienneS ést autorisée à faire figurer' dans Ses armoiries la croix de la Légion d'honneur. ART. 2. Le président du conseil, ministre de l'intérieur et des cultes, et les ministres de la justice et de la guerre sont chargés dé l'exécution du présent décret. Fait à Paris, le`9 9 octobre 1900.

EMILE LOUBET. Par le président de la Républiqüe

Le ministre de la guerre,

G5' L, André.

Le garde des sceaux, ministre

de la justice,

Monis.

Le président du conseil, ministre

de l'intérieur et des.cultes, ̃

Waldeck-Rousseau.

Les édits impériaux Rigueurs annoncées Pas de contrôle Les Français à Lou-Kao-Tchéou.

C'est Li-Hung-Chang qui vient d'annoncer aux Allemands *la décapitation imminente, l'emprisonnement et l*exil de plusieurs princes et hauts personnages. Ces nouvelles auraient une valeur si la cour était à Pékin et donnait aux alliés la preuve de leur sincérité.. Que croire d'un gouvernement qui s'est